Tradition et nouveauté dans la transmission de l’art de bâtir en pierres sèches
Résumé
Jusqu’au milieu du xxe siècle et malgré ses spécificités, la pierre sèche est comprise dans l’architecture dite « populaire » ou « vernaculaire ». La transmission de l’art est orale et empirique. Les savoir-faire transmis font partie des connaissances générales du paysan, mais aussi du maître maçon ou du tâcheron bâtisseur et de spécialistes comme les puisatiers et les miniers. De nos jours, la transmission empirique par des aînés côtoie celle enseignée en théorie et en pratique par des experts. La première communique la gestuelle, la variabilité, la profondeur historique et les contextes territoriaux et sociaux de l’activité. La deuxième met l’accent sur les matériaux et les règles de bâtir sans éliminer les autres aspects, et notamment la gestuelle. Ce courant représente la pierre sèche vue et vécue comme un métier en soi, placé entre l’artisanat et l’art et dégage ses implications environnementales, stylistiques et émotionnelles.
Entrées d’index
Mots-clés : pierre sèche, empirisme, théorisation, professionnalisation, identité territoriale, identité culturelle, approche diachronique
Texte intégral
Contexte de la technique et contenu de l’étude
1La pierre sèche fait partie des « maçonneries à sec », que l’on peut diviser en trois genres de pratiques se distinguant par le rapport de l’opérateur à la pierre et au geste technique :
- les maçonneries à pierres sèches, qui assemblent les pierres par des contacts ponctuels entre elles sans les retailler et sans se soucier de l’espace que cette pose pourrait générer entre les joints des blocs ;
- les maçonneries à joints vifs, qui interviennent systématiquement sur chaque pierre par une action de taille afin de les faire correspondre par des surfaces jointives en laissant le moins d’espace possible entre elles ;
- les appareillages mégalithiques (dits parfois cyclopéens) et les enrochements à sec, qui utilisent des blocs de pierres non transportables par l’homme et nécessitent des machines ou systèmes de levage perfectionnés. La mise en place des ouvrages mégalithiques et des enrochements peut se décliner selon les pratiques précédentes, l’une ou l’autre, ou les deux combinées.
2Nous nous en tiendrons ici aux maçonneries à pierres sèches, sujet principal de notre propos. Ce procédé de bâtir met donc en œuvre des pierres brutes ou à peine travaillées, transportables et agencées manuellement, assemblées sans aucun mortier ou liant. Les ouvrages ainsi construits s’équilibrent et se stabilisent par l’agencement et l’ajustement des éléments assemblés. Souvent, cet art1 est qualifié d’intemporel et d’universel à cause de la nature de l’appareil qui, lié à la gravité, répond à des impératifs partout univoques, mais aussi à cause de son existence à toutes époques et en tous lieux. En effet, la mise en œuvre d’un matériau naturel disponible par la simple cueillette (pierres qui affleurent) ou par l’épierrement (pierres qui apparaissent après travail du sol) et utilisé avec le seul geste individuel d’assemblage constitue une action d’appareillage transversale et réalisable de tout temps et dans tous les contextes humains.
3Liée au sol, à l’espace, au paysage et à leurs caractéristiques, « la » pierre sèche est une pratique qui se réalise selon deux axes techniques2 :
- le terrassement et la réorganisation du sol et de l’espace conformément aux besoins de leur/s usage/s ;
- la mise en place des ouvrages en pierres sèches proprement dits, afin de structurer et de pérenniser cette réorganisation.
4De fait, lors de cette pratique, il ne faut pas oublier que les ouvrages en pierres sèches ne sont que des moyens d’aménagement et qu’ils ne peuvent être abstraits des contextes pédologiques, géographiques et fonctionnels (agronomiques et autres) dont ils sont issus. Tant dans leurs caractéristiques que dans la possibilité même de leur construction, les ouvrages ne sont en fait, traditionnellement3, que la conséquence des contextes ainsi que l’adaptation à ces mêmes contextes dans un but d’aménagement de l’espace. La capacité à articuler et faire correspondre les deux axes techniques évoqués détermine la maîtrise du praticien4 à réaliser la totalité du processus. Fréquemment, l’observateur « non initié » dissocie les deux chaînes opératoires, considérant d’une part l’appareillage des pierres comme une activité de « haute technicité » et assimilant d’autre part le terrassement à un dur labeur physique de manœuvre. C’est pourtant bien dans la mise en œuvre, de concert, de ces deux activités, lors d’une même action/conception de l’espace avec et par ses propres matières et potentialités, que se révèle le génie de la technique de la pierre sèche. La prise de conscience de cette articulation est la seule façon d’aborder cette technique sans la dénaturer et sans l’abstraire de ses dimensions historiques, humaines et écologiques. Les enjeux de la transmission moderne de cette pratique ancestrale en dépendent.
5En effet, les connaissances et les compétences nécessaires à l’exercice de l’art de la pierre sèche sont traditionnellement acquises par transmission orale et gestuelle avec observation et pratique sur site. Cela entraîne une réelle prise en compte du lieu et de sa « culture5 » et induit une approche empirique de la technique adaptée aux ressources et aux particularités de chaque terrain. Cependant, ce processus d’apprentissage s’est étoffé et diversifié au cours du temps. Il est doublé aujourd’hui d’une filière d’enseignement issue de démarches et de recherches d’ingénieurs qui conceptualisent les appareillages en tant qu’objets en eux-mêmes6, abstraits du lieu. Le processus traditionnel s’appuie sur des savoirs et des connaissances transversales liées au lieu, il diffuse des savoirs et des perceptions élaborés par et déposés dans les mémoires individuelles et collectives, les habitudes de vie, les cultures locales. La filière « savante » travaille dans un cadre de formalisation de procédés techniques et d’établissement de règles précises pour la construction.
6Les deux types de démarche coexistent et structurent aujourd’hui l’offre de transmission. Souvent, ils se retrouvent dans des mises en œuvre de l’art, comme le montre la reprise actuelle de terrasses oléicoles anciennes dans une campagne de Provence (fig. 1) : l’étagement suit les sinuosités du versant mais le chemin nouveau, droit, amène à l’édification d’angles de murs orthogonaux, constitués d’assises en gros blocs taillés et chaînés. Les couronnements des murs s’harmonisent avec la régularité des angles malgré un corps de mur au cœur irrégulier, en pierres brutes de petit module.
7Ici se conjuguent techniques traditionnelles s’adaptant d’emblée aux données de terrain et techniques théorisées appliquant des schémas prémédités. Ailleurs, selon les lieux et/ou les moments, l’un de ces types de démarche peut dominer sans totalement occulter l’autre. Malgré une apparente opposition fondée sur des postures d’idéologie technique (« statut » du bâtisseur et de l’œuvre), les deux approches peuvent être qualifiées de professionnelles et profiter mutuellement de leurs acquis.
8Nous analyserons par la suite ces deux voies de la transmission des techniques de la pierre sèche et de leur gestuelle, sans perdre de vue la nécessaire convergence de chaque action dans la perspective de l’aménagement général des lieux. Pour ce faire, nous commencerons par aborder la transmission des seules techniques d’appareillage, puis nous développerons l’activité dans sa globalité en y articulant le rapport au sol, à l’usage et à l’aménagement, ceci afin de révéler l’aspect toujours singulier des solutions apportées par la pierre sèche à chaque contexte particulier. Au préalable, un exposé rapide des caractéristiques et des enjeux socio-économiques et environnementaux de la technique nous aidera à comprendre les processus cognitifs en œuvre pendant la transmission. Une récente publication collective7 sur la définition, les fondements et l’évolution de la construction en pierres sèches constituera la base de cette présentation.
Enjeux de la technique
9Choix d’une société donnée à un moment précis de son histoire, les aménagements en pierres sèches affichent une grande homogénéité dans leurs rôles fonctionnels en même temps qu’une grande diversité dans leurs formes. Ainsi, dans des territoires géographiquement éloignés ou historiquement et sociologiquement différents, l’ordonnancement des espaces par la construction en pierres sèches peut être très similaire dans sa logique, qui apparie la pierre sèche à la valorisation des ressources locales, au travail en coopération et à la naturalité (fig. 2). Cela n’exclut pas les différences d’apparence dues à la visibilité (ostensible ou discrète) et à la densité (forte ou faible) des ouvrages. Ces derniers se combinent avec les éléments physiques et le couvert du sol pour produire les paysages. Selon les cas, l’aspect dominant perçu d’un territoire est plutôt minéral ou plutôt végétal.
10Traditionnellement, la technique est liée aux espaces ruraux et aux terroirs agro-sylvopastoraux voués, de préférence, à un habitat saisonnier ou occasionnel. Elle aménage ces espaces de façon globale, « habillant8 » terres basses, hauteurs, forêts et littoraux. Elle est connue sur les cinq continents et montre des réalisations remarquables en Europe, en Asie, en Mésoamérique et, probablement, ailleurs9. Certains ouvrages remontent à l’Âge du Bronze et à l’Antiquité. Tous participent à la mise en place d’ensembles monumentaux témoins d’un mégalithisme ancien10 ou contemporain11, mais se déclinant aussi sous forme de vastes ensembles d’ouvrages plus ordinaires, tels les territoires en terrasses, les réseaux de collecte et de distribution des eaux, les réseaux routiers, les édifices de stockage, de service, d’artisanat, de protection, d’habitat. Ces ensembles ordinaires sont autant d’aménagements paysans du quotidien connus de longue date.
11Nombre d’entre eux gardent encore leur utilité et sont entretenus. Structurants, ces ouvrages retiennent les terres, régulent la circulation des eaux, des vents, de la lumière et de la chaleur, répartissent les activités de production et de cueillette, marquent les limites et rappellent la nécessaire existence de réseaux d’entraide et de sociabilité. Par le biais de ses utilités et des interactions qu’elle initie, la pierre sèche devient un élément unifiant pour les groupes humains qui la pratiquent. Ses mises en œuvre diverses en font aussi un élément identifiant, tant pour les usagers que pour les lieux qui l’accueillent. Ce rôle identitaire est principalement endossé par les architectures fermées (notamment les cabanes : fig. 3) et par plusieurs particularismes constructifs dus aux matériaux et/ou aux habitudes. Ainsi, partout, les aménagements en pierres sèches se trouvent étroitement liés à l’histoire agraire et aux variations des peuplements humains12.
12En Europe et en Méditerranée, par exemple, les territoires de la pierre sèche vont de l’Espagne au Proche et Moyen-Orient, et des rivages nord-africains aux îles Britanniques et en Scandinavie. Il est difficile de dire si formes et fonctions s’inventent sur place ou se répandent de proche en proche : les deux schémas généralement se complètent. Il est toutefois difficile de documenter les cas de transfert technique ou d’acculturation dans le domaine de la pierre sèche. De tels cas sont signalés pour l’Afrique du Nord ou pour les campagnes des États-Unis et de l’Australie (apports des migrants et/ou des colons13) mais la marge de distinction entre savoirs et usages locaux et importés reste souvent ténue ou ambigüe. Les dernières proliférations des ouvrages ordinaires s’échelonnent entre le début du xviie siècle et le milieu du xxe siècle. Leurs essors et abandons vont de pair avec des avancements et des régressions de l’occupation agricole associés aux reculs et progressions de la végétation forestière.
13Par conséquent, les réseaux bâtis expriment les modes d’ordonnancement et de faire-valoir des terres suivant des règles élaborées et acceptées par les communautés. Cependant, l’individualisation de la propriété foncière mène à la multiplication et à la stabilité statutaire des aménagements. Or la stabilité du statut des terres empêche l’alternance de leurs fonctions : rotations des cultures, pâtures, boisements admettant ou interdisant certaines activités pour un certain temps, friches diversement accessibles, etc. L’utilisation différenciée des espaces communautaires/communaux par tous les groupes professionnels et sociaux est ainsi compromise. Les enclosures en pays de Galles, Écosse, Irlande, dès le xviie siècle, des structures équivalentes (enregistrement officiel et imposition du foncier) en Italie, Sicile et Sardaigne, au xixe siècle, ou la législation consacrant la propriété privée après la Révolution en France, sont à la base de tels conflits. Dans les domaines britannique et irlandais, les études sur ces questions abondent dès les années 1930. Elles sont rappelées ou reprises régulièrement jusqu’à nos jours14. Pour le domaine français, on peut consulter à ces sujets le travail monumental de Maurice Agulhon sur la France postrévolutionnaire15 ainsi que celui de Philippe Blanchemanche sur les aménagements agraires16. Les questions de l’existence, du statut et de la gestion de ces terres considérées comme des « biens communs » occupent encore de nos jours historiens, juristes, écologues et ethnologues.
14Ainsi, les clôtures départageant cultures/pâtures/propriétés ne trouvent leur pleine efficacité et signification qu’en incitant à « regarder des deux côtés des murs », car la collaboration entre insiders et outsiders est essentielle pour la bonne marche des systèmes17. En somme, ces aménagements ont tout autant divisé les communautés et l’opinion publique qu’ils ont généré des coopérations favorisant la cohésion sociale. De nos jours encore, ils accomplissent ce rôle à travers leurs fonctions environnementales et paysagères et à travers leur patrimonialisation.
Études et transmission de l’art
15Jusqu’au milieu du xxe siècle et malgré les spécificités locales, l’étude de la pierre sèche intègre partout l’étude plus générale de l’architecture du quotidien dite « populaire » ou « vernaculaire ». Par la suite, elle devient un objet d’investigation en soi. Dès les années 1950, historiens et géographes l’intègrent dans les études sur la ruralité pour l’Europe, l’Afrique du Nord, l’Asie ou l’Amérique18. Ce faisant, ils mettent en avant le rôle important de certaines monocultures dites « de rapport » (vigne, olivier, caféier, etc.) pour expliquer le développement spectaculaire de certains ensembles en pierre sèche, ainsi que les conséquences des changements survenus dès le xixe siècle dans les rapports cultures/pâtures. Au nombre des signes de ce changement figurent l’abandon progressif des jachères et le développement des prairies artificielles ainsi qu’un épierrage accru à but pastoral, qui produit des murs (canalisation des bêtes) et des pierriers volumineux marquant durablement coteaux et plateaux. À la même époque, la pratique de la pierre sèche décline à cause de l’exode rural et de la mécanisation des cultures. Agitant le spectre de la technique « oubliée », ce déclin finit par raviver l’intérêt des usagers, des praticiens et des chercheurs et amène à l’intensification et à la diversification des études à partir des années 1970-1980. Cette activité finit par se formaliser avec la création en 1998, en France, de la Société scientifique internationale pour l’étude pluridisciplinaire de la pierre sèche (SPS), qui rassemble tous les types d’acteurs et perpétue les rencontres internationales bisannuelles sur le sujet. Dès le premier congrès, tenu en Italie (Bari) en 1987, les grandes lignes de similarités de l’art dépassant toutes frontières apparaissent clairement19. Peu à peu, cet intérêt se centre sur les moyens de transmission de l’art en tant que remède au risque de sa disparition.
16Depuis toujours, cette transmission s’effectue de façon orale et empirique, par l’immersion dans les territoires à aménager et dans l’action de construction et d’entretien des ouvrages. Elle s’opère en même temps que les activités agricoles, pastorales et forestières auxquelles participent la plupart des membres de la communauté, jeunes et âgés. Se forment ainsi le geste et le regard par l’observation, l’imitation, l’essai guidé ou autodirigé20. L’apprentissage et l’usage de l’art renforcent le sentiment d’appartenance au lieu, via son aménagement et entretien et au groupe humain, via l’expression de la solidarité familiale et sociale. Il s’agit ici du rôle identitaire de l’art, que nous avons évoqué précédemment. Les savoir-faire ainsi transmis sont compris dans le lot des connaissances générales du paysan mais aussi du maître maçon, du tâcheron bâtisseur, du cantonnier et de différents spécialistes tels que les puisatiers et les miniers.
17Des tâcherons spécialisés dans la construction en pierres sèches existent dans toutes les sociétés traditionnelles, mais rares sont ceux pour qui cet art est le métier principal, et plus rares encore ceux qui ont laissé une empreinte individuelle : détail technique spécifique ou signature de bâtisseur éponyme. C’est par exemple le cas de la famille Long, qui a déployé son activité constructive pendant plusieurs générations dans l’arrière-pays toulonnais entre le xixe siècle et le xxe siècle (fig. 4).
18Les témoignages anciens écrits sur ces types d’ouvrages sont encore plus épars. L’organisation de la construction routière pendant l’Ancien Régime et l’essor du réseau ferroviaire au xixe siècle en France, mais aussi l’aménagement des terres de montagne et la prévention des avalanches (murs canalisant et déviant les flux) dans tous les pays de l’arc alpin, utilisent la technique et finissent par occasionner des théorisations écrites qui ont servi pour les études académiques actuelles21.
19De nos jours, la transmission empirique par des aînés et des pairs côtoie celle, doctrinale, dispensée par des professionnels et des experts. Il s’agit là d’un enseignement théorique et pratique qui est en partie livresque (usage de « manuels ») et mène à des cursus diplômants diversement reconnus. Depuis les années 1990, nous assistons à la création d’organismes de formation comme l’école spécialisée de Majorque, aux Baléares, les « compagnies » des « pétradés » des Cyclades, en Grèce, ou un service spécifique de la Fondation pour l’environnement (FAFE) en Suisse. L’organisation de cette formation a un long passé au Royaume-Uni, où les bâtisseurs en pierres sèches sont réunis en une association nationale (Dry Stone Walling Association) organisée en sections régionales. Pour la France, l’organisation du métier est plus récente. Elle s’est affirmée en 2010 avec l’instauration du certificat de qualification à validité nationale (concours annuel) pour les artisans qui le souhaitent. Cette disposition vient à la suite de l’approbation de règles de bâtir avec abaques pour les dimensionnements, le tout édité en un manuel officiel en 200822. La plupart des professionnels français sont regroupés en une fédération nationale, sans que cela exclue l’existence d’autres groupements et de bâtisseurs indépendants.
20Cet enseignement met l’accent sur les matériaux et les règles de bâtir, et valorise l’ouvrage lui-même, sa technicité et son esthétique. Il traite la pierre sèche comme un métier en soi, tout à la fois artisanal et artistique, et contribue à quantifier et certifier l’efficacité des ouvrages dans des conditions prescrites, de préférence, en avance. Cette dimension « hors sol » introduit un approvisionnement extérieur en matériaux et crée ainsi une filière économique qui part de l’extraction des pierres en carrière à leur pose par les bâtisseurs selon des normes préétablies et des réseaux de distribution. Dans cette évolution, l’approche globale du lieu à aménager passe parfois en arrière-plan. Le bâtisseur se pose plus comme un technicien de la pierre et de la statique et résistance des matériaux que comme un visionnaire et un usager de l’espace. Pourtant, réorganiser un lieu exige une compréhension profonde de ses particularités physiques et humaines, et cela ne peut se faire sans un long travail d’études préalables centrées sur les sciences de l’homme, de la vie et de la terre. Ce travail doit précéder et accompagner transmissions et réalisations.
21À ce titre, l’étude de la cabane du charbonnier contemporain en Provence est un exemple convaincant. La reconstitution de clairières de charbonnage arrive à la suite de plusieurs années de prospections, relevés, enquêtes orales et archivistiques, fouilles archéologiques et travaux dirigés de carbonisation expérimentale, et bénéficie de l’aide effective d’anciens artisans23. La restauration de sites agraires et pastoraux suit peu ou prou le même processus.
22Le temps nécessaire manque souvent pour de telles approches. Pourtant, la conscience de l’importance des études préalables devrait toujours guider les projets de restauration et d’aménagement et empêcher les interventions rapides et radicales. Il est à espérer que l’interpénétration des deux démarches « techniques » finira par émerger et par résoudre cette opposition sans véritables fondements. Pour exemple allant dans ce sens, l’enseignement proposé par le ministère de l’Agriculture français, qui décerne le titre d’« agent technique patrimonial », met l’accent sur les savoirs techniques spécifiques applicables au bâti et aux éléments du milieu naturel et vivant des opérations. En s’appropriant les outils proposés par les analyses modernes des appareillages, cet enseignement amène le praticien à comprendre les données issues des appareillages et des coupes des ouvrages anciens dans leurs particularités locales. Ceci permet de les reproduire en observant une correspondance aux lieux dans leurs ressources géologiques, pédologiques, écologiques et culturelles (fig. 5).
23Par bonheur, empirique ou doctrinale, la transmission s’effectue simultanément dans les deux sens : vertical (intergénérationnel) et horizontal (inter-groupes et inter-espaces). Les interactions produites fondent tant la compréhension des réseaux territoriaux et humains que la philosophie des ateliers, chantiers et échanges actuellement en vogue. De même, empirique ou doctrinale, la transmission dépend de façon égale de la communication des perceptions sensorielles et de la maîtrise de la gestuelle. Elle se réalise principalement via l’appropriation du geste par l’apprenant et se travaille au niveau de sa sensibilité personnelle. Le sujet reste seul au cœur du geste. Le transmetteur se limite à suivre, verbaliser puis valider la réalisation de cette intériorité en jugeant de la justesse du résultat. Des deux côtés, les sens encadrent, anticipent, dirigent et confirment l’efficacité du geste. Plus qu’un enseignant, le transmetteur est l’accompagnant d’une « découverte de soi » qui va de pair, généralement, avec la « découverte du lieu » : c’est là que nous pouvons parler d’autochtonie de l’art.
Assembler, bloquer, appareiller
24Pour l’appareillage des pierres, le constructeur « joue » avec leurs surfaces – leurs contacts et leurs appuis – jusqu’à obtenir le blocage de ces matériaux. La maîtrise du geste se fonde sur l’adaptation à la matière24. Le travail de « pose » crée des « liens » entre tous les éléments du mur ou de l’ouvrage. La cohésion de ces éléments peut être comparée à la cohésion de la toile du tisserand : le fil (de la transmission des forces) renforce la trame (des points de contact des pierres) (fig. 6 et fig. 7). Cette métaphore plaide pour la dimension intemporelle de la technique, dimension à laquelle la modernité n’a pas grand-chose ni à apporter, ni à changer. Le fait que, de plus en plus, mécaniciens et ingénieurs représentent graphiquement ces trames et les modélisent, se résume souvent à des règles indicatives, difficiles à appliquer telles quelles hors du cas étudié. Les actions de pose sont donc peu nombreuses et restent simples : placer, assiser, bloquer, croiser pour répartir les charges, calculer les pendages des pierres et des corps bâtis, etc. Enfin, il faut soigner les parements, faces et couronnements, ce soin esthétique se combinant aussi, selon les cas, avec une fonction mécanique portée par les inclinaisons et les ancrages des blocs. Ces quelques règles permettent une infinie diversité de réalisations, due à la diversité des matériaux eux-mêmes (en structures minérales, formes, capacités d’assemblage) mais aussi à la variabilité des mises en œuvre d’un même matériau. Cette variabilité est due aux différences entre les groupes humains, les terroirs et leurs besoins, due aussi aux compétences et à la sensibilité des bâtisseurs ainsi qu’aux enjeux de leurs créations.
25L’activité est purement gestuelle, manuelle. Cependant, nous observons que la modernité transgresse les relations directes homme-matière et homme-milieu au niveau :
- du praticien qui utilise des machines et des interfaces entre la pierre et la main (disqueuses, tractopelles, etc.) et qui définit son métier par la seule activité d’appareillage, excluant le rapport au sol et la dimension terrassière de l’activité ;
- du lieu et de la ressource, par la délocalisation des approvisionnements et la normalisation de la qualité des pierres ;
- de l’échelle dans le travail qui change, car elle se lie à l’utilisation d’engins de levage et de terrassement ;
- du caractère des ouvrages, via un mélange des « styles » où la pierre sèche devient un décor, un revêtement qui n’est plus dicté par les ressources micro-locales mais imaginé ou commandité de l’extérieur.
26Malgré la réalité de ces évolutions, les artisans et usagers qui expliquent l’art lors du film tourné récemment (2017-2018) pour être présenté à l’UNESCO25 parlent de travail éminemment manuel, des « six faces » des pierres en quête de « liens », de « sensations » tactiles, visuelles, acoustiques d’appariement interne aux ouvrages et externe avec le lieu, de « beauté ». Actives au niveau de la personne, ces perceptions rallient la modernité ambiante aux prescriptions de bonnes pratiques héritées.
« Tradition » et « nouveauté » : face à face mais de concert
27Aujourd’hui, la construction en pierres sèches se situe au carrefour des savoir-faire traditionnels, transmis empiriquement par des aînés et des pairs dans le respect des contextes « autochtones » et des techniques formellement structurées, enseignées en théorie et pratique à partir d’études d’ingénierie dans le cadre d’une filière économiquement organisée et globalisée. Assimilée à une passation et à une intériorisation des savoir-faire, la transmission traditionnelle révèle la gestuelle, la variabilité, la profondeur historique et les contextes territoriaux et sociaux de l’art de bâtir à sec. Tendant à la théorisation et procédant par exercices testant savoirs et compétences, la transmission nouvelle et actuelle suit ou encourage le suivi de règles issues d’études académiques. Toutefois, bien que semblant s’opposer, ces deux démarches partagent finalement les mises en écrit des connaissances sur les contextes des ouvrages, sur les règles et calculs régissant la construction, sur les retombées pour l’environnement, la biodiversité et le paysage, sur les perspectives artistiques, sur l’enrichissement du patrimoine matériel et immatériel. Enfin, par-dessus tout, si de nos jours tout change, l’homme n’a pas encore interféré sur le rapport gravitaire entre les pierres et, donc, dans l’acte de les appareiller sans liant. L’expérience empirique demeure valable. Pour les uns et pour les autres, le calage et le blocage des pierres à bâtir sur toutes les dimensions des ouvrages sont des actions essentielles. Cet assemblage, empreint de diversité, est à la base de constructions paysagères auxquelles praticiens, usagers des lieux et aménageurs prêtent une attention particulière et en font un indice de « qualité de vie ».
28Des divergences existent. En amont, la pratique de la pierre sèche induit invariablement une mise en ordre des éléments géo et hydro-morphologiques et une réorganisation des matériaux issus du sol. Dans le processus traditionnel, le praticien planifie et exécute ces travaux : il est donc terrassier autant que bâtisseur. Dans le processus moderne, ces deux étapes du travail sont le plus souvent dissociées et le terrassement entièrement mécanisé. Autre différence importante : nous nous trouvons actuellement face à une inversion de la perception de la technique. En effet, autrefois conçus comme des réalisations utilitaires du quotidien, les ouvrages en pierres sèches sont de plus en plus ressentis comme des œuvres techniquement et esthétiquement admirables. Leur rôle dans les domaines de l’écologie, de l’histoire locale, des relations humaines est explicité et valorisé. Dorénavant, devenue artisanat à part entière et flirtant ouvertement avec l’art tout court – le land art en est un courant éminent – la pratique intègre l’identité des territoires ruraux et contribue à son émergence et aux enjeux de développement qui lui sont affiliés. Cet élargissement de regard amène aussi à différencier la perception du bâtisseur lui-même, de l’artisan-artiste, qui, selon ses ancrages sociaux et professionnels et selon ses ambitions, adopte la posture de la singularité (acteur nominal d’œuvres spécifiques) ou la posture de la communauté (collectif partageant et appliquant des connaissances et modes d’action partagées). Cette différenciation26 est observable pour d’autres « métiers artistiques », tel par exemple celui des musiciens, où la virtuosité côtoie constamment la pratique ordinaire. Cette dernière se rapproche, actuellement et dans certains contextes, des postures des artisans du bâtiment qui, selon le corps auquel ils appartiennent, placent leur travail entre art et métier27 (fig. 8 et fig. 9).
29Les conséquences de ces évolutions sont multiples. Ces réorientations reclassent la technique de la pierre sèche dans le monde actuel et en font un outil d’action pour les bons principes de l’habiter et pour l’environnement. Adaptée ainsi aux milieux urbains, la pratique participe à des aménagements nouveaux : réseaux routiers, parcs et jardins, théâtres de plein air, hangars et autres locaux professionnels. Cela ne diminue en rien la part de la pierre sèche dans les représentations identitaires rurales, son statut d’indicateur de qualité pour la terre, pour ses produits et pour l’art de vivre qui s’y déploie. Ainsi, la demande multinationale de certification des savoir-faire de la pierre sèche en tant que patrimoine culturel immatériel de l’humanité se place dans le faisceau des tendances exposées précédemment : l’universalité, la diversité inhérente, l’ancrage aux lieux et la flexibilité de la pratique et des praticiens. Pour toutes ces raisons, le va-et-vient passé-présent et les rôles des groupements d’aménageurs, bâtisseurs, chercheurs et usagers sont de valeur équivalente et restent essentiels pour l’avenir. L’enjeu final et primordial est le bon accord entre acteurs et la convergence de leurs agissements afin d’atteindre le moment de grâce où tradition résonne avec nouveauté et particularité locale avec concept global.
Bibliographie
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Notes de bas de page
1 « Art » dans le sens d’un ensemble de savoirs et de compétences, dans le sens de la téchné grecque : intelligence cognitive, intuitive et inventive autour du fait technique.
2 Cette idée est plus amplement développée dans Cagin 2019.
3 Il faut entendre ici « traditionnel » comme sans apport notable de matériaux extérieurs, contrairement à ce qui arrive aujourd’hui avec les moyens de transport disponibles et la mécanisation généralisée.
4 Ce praticien est généralement nommé à partir du radical qui signifie « mur » : muraihaire et parfois murayeur ou (em)paredaïre dans les langues occitanes, waller ou dyker dans les langues anglo-saxonnes, etc. Le matériau, la pierre, sert aussi pour désigner l’artisan : dit petras dans les îles grecques ou lavier en Bourgogne. Reconnu comme artisan d’art (JORF du 31/01/2016), le bâtisseur en pierres sèches se dit en France murailler (dérivé de la forme vernaculaire provençale) ou murailleur (forme francisée).
5 À entendre dans ses deux sens.
6 Telles les thèses d’A.-S. Colas, 2009 ou de B. Villemus, 2004.
7 Cagin 2017.
8 Ce terme est usuel dans les baux à ferme et les contrats de construction du xviie au xixe siècle.
9 Des ensembles monumentaux, récemment classés aux sites du patrimoine mondial par l’UNESCO (juin 2018), se trouvent au Kenya, à Oman et en Arabie Saoudite.
10 Comprenant, généralement, des constructions publiques militaires et civiles (murailles, palais) et des constructions cultuelles et sépulcrales (temples, allées/enceintes, tombeaux).
11 Nous pensons aux compositions artistiques mais aussi aux simples enrochements pour les soutènements et les clôtures tels qu’ils se multiplient actuellement.
12 Nous avons développé ces thèmes dans Acovitsióti-Hameau 2002, 2006 et 2010a.
13 Tels les cas signalés pour l’Australie par R. Marshall (2010).
14 Webley 2007, Jones 2010, Coombey 2010, Aitkens 2010.
15 Agulhon 1970.
16 Blanchemanche 1990.
17 Acovitsióti-Hameau 2010b, Varotto et Lodatti 2010.
18 Il existe plusieurs recensements de ces études (Blanchemanche 1990, Papalardo 2002, Harfouche 2007, etc.). Généralement, tous les chercheurs se réfèrent aux travaux pionniers de J. Despois sur l’Europe et l’Afrique du Nord (1956 et 1961), de Niederer sur le Valais suisse (années 1950), de Donkin, Mitchell et plusieurs autres sur l’Amérique (années 1970-1980). Les travaux significatifs sur le golfe Persique (Yémen) et sur l’Asie du Sud-Est datent des mêmes décennies. Mentionnons encore le travail de J.-F. Blanc sur l’Ardèche (1984) et l’impulsion donnée à ces études par l’association CERAV et son fondateur C. Lassure depuis la fin des années 1970 jusqu’à aujourd’hui, mais dans un cadre plus large traitant d’architecture vernaculaire.
19 Ambrosi 1990.
20 Heinich 2010.
21 Bagnéris et Jean 2017.
22 CAPEB 2008.
23 Acovitsióti-Hameau 2000 et 2007.
24 À la différence de la maçonnerie à joints vifs qui adapte la matière à la pose en la reprenant par l’action de taille, ici c’est le geste du praticien qui s’adapte à la matière pour en réaliser la pose.
25 Dans le cadre de la demande d’inscription de « l’art de la construction en pierres sèches, savoir-faire et techniques » au patrimoine culturel immatériel de l’humanité, soutenue par Chypre, la Croatie, l’Espagne, la France, la Grèce, l’Italie, la Slovénie et la Suisse, demande agréée par l’UNESCO en novembre 2018.
26 Heinich 2005.
27 Perrenoud 2008.
Auteurs
Anthropologue culturelle, administratrice de la Société scientifique internationale pour l’étude pluridisciplinaire de la pierre sèche et de l’Association de sauvegarde, d’étude et de recherche pour le patrimoine naturel et culturel du Centre-Var
Murailleur terrassier, membre de la Société scientifique internationale pour l’étude pluridisciplinaire de la pierre sèche et du Centre d’études et de recherches sur l’architecture vernaculaire, fondateur de l’association Une pierre sur l’autre
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Signes et communication dans les civilisations de la parole
Olivier Buchsenschutz, Christian Jeunesse, Claude Mordant et al. (dir.)
2016