Repenser les rapports de l’ASSCP au politique au crible de l’empowerment ?
p. 261-277
Texte intégral
« L’empowerment désigne le processus de transfert de ressources politiques et de pouvoirs de l’État vers la société civile, la modification du rapport entre, d’une part, l’individu comme sujet politique et social et, d’autre part, l’État. De ce fait, il est indissociable d’une analyse de la transformation des liens social et politique en même temps qu’il alimente un débat plus général sur la démocratie et la citoyenneté. »
(Jouve, 2006a)
« Il n’y a pas de sur-profit sans sous-pouvoir »
(Foucault, 2001a)
1Concept pluriel, l’empowerment connaît un « succès » croissant, qui s'il contribue en diluer le sens initial, n'en permet pas moins l'émergence, au travers de ses multiples usages et des contradictions qui les accompagnent, d'une série de problématiques susceptibles de nous aider à penser à nouveaux frais les relations qui lient l’Animation Sociale et Socioculturelle Professionnelle (ASSCP) et le politique.
2Trois grandes séries de questions apparaissent, pour lesquelles le détour par l’empowerment peut s’avérer pertinent : dans quelle mesure l'empowerment s'inscrit-il dans l'évolution globale actuelle des politiques publiques, marquée par l'apparition de nouveaux modes de gouvernementalité (Foucault, 2001d et e, 2004a et b ; Lascoumes, 2007) caractéristiques du passage de l’État social à l’État activateur et l'instauration simultanée de « nouvelles règles du social » (Astier, 2007) ; en quoi l'empowerment nous invite-t-il à porter un regard critique réarmé sur quelques contradictions qui traversent l'exercice des métiers « sociaux », dont l'ASSCP, toujours situés entre puissance d'agir avec et domination sur ; enfin, comment les usages contradictoires de l'empowerment, mais également les conflits théoriques qu'il suscite, renvoient-ils à des choix politiques majeurs dont les travailleurs avec autrui ne pourront s'exempter s'ils souhaitent définir un nouveau type de professionnalité en phase avec les enjeux politiques contemporains ?
Vers une gouvernementalité autobiotique ?
3Comme le souligne B. Jouve (2006), l'empowerment ne peut être pensé indépendamment du processus de transformation radical qui a touché l’ensemble des politiques publiques durant ces dernières décennies. Le passage de l’État social à l’État activateur, du welfare au workfare (Barbier, 2008 ; Franssen, 2003), a entraîné une profonde modification dans les dispositifs d’action publique, en premier lieu le travail social (Castel, 2005). Au-delà de leur hétérogénéité, tous ces dispositifs ont eu comme dénominateur commun la volonté politique de substituer à un système d’aide basé sur des catégories d’assistés anonymes une logique de traitement individualisé des problèmes, fondée sur l’implication et l’autonomisation de l’usager. Logique qui s’accompagne d'un profond bouleversement des subjectivités, tant du coté des usagers que des professionnels, et aboutit à terme à la mise en œuvre d'une « nouvelle fabrique du sujet » (Franssen, 2006). En conséquence, les normes qui prévalent aujourd’hui tendent de plus en plus à privilégier l’activation, la reconnaissance, la proximité, la responsabilisation, la personnalisation et l’accompagnement (Astier, 2007). Le travail social (dont l'ASSCP) ne se définirait donc plus dorénavant comme un travail sur ou pour, mais avec autrui (Astier, 2005, 2009), une stratégie d’intervention co-construite, mobilisant et valorisant fortement les subjectivités et les ressources des participants. Nouveau mode d'intervention dont l’empowerment pourrait constituer le possible paradigme (Ninacs, 2008), à l’instar des initiatives développées par les promoteurs de l’approche centrée sur le Développement du Pouvoir d'Agir des personnes et des collectivités – DPA (Vallerie, 2012).
4Alors que selon le modèle de l’État Social, les droits s’appliquaient de façon globale à des bénéficiaires abstraits définis sur la base de catégorisations sociales « objectives », l’individu est dorénavant appelé à faire preuve d’implication et de responsabilité personnelles comme conditions d’accès aux droits sociaux, et ce d’autant plus que « la conception de l’espace public à laquelle renvoie ce mode d’intervention est entendue comme participation à la vie publique, en tant que condition de l’intégration sur la base d’une autonomie assurée et d’une subjectivité responsable » (Soulet, 2005). Inscrite dans un mouvement plus global marqué par l'importance accordée à l’expression de soi, le refus d’un collectif sacrifiant les singularités, cette évolution nécessite un travail avec autrui qui ne considère plus l’usager comme un interlocuteur anonyme, mais comme une personne à part entière disposant potentiellement des ressources nécessaires qu’il convient de soutenir afin qu’elle construise les solutions adaptées à son problème.
5Mais dans quelle mesure cette injonction à s’autonomiser n’est-elle pas paradoxale ? L’élaboration du projet – figure obligée du processus de responsabilisation de soi – est-il uniquement dépendant de la mobilisation des ressources personnelles de l’usager ou n’est-il pas d’abord en lien avec les causalités structurelles qui définissent les types de capitaux qu’il peut mobiliser, les capabilités (Sen, 2012) dont il dispose ? Privilégier unilatéralement le premier aspect ne risque-t-il pas de ramener l’intégralité des résultats obtenus aux choix opérés par l’individu, rendu seul instigateur de ses succès comme de ses échecs, sans possibilité de recours à une critique sociale qui l’arracherait de ce face à face à lui-même dont il ne peut s’extraire, puisqu’étant totalement comptable de ses actes. Ce renvoi perpétuel à soi développerait alors une nouvelle figure de la domination dans laquelle « notre assujettissement à ce nouveau style de pouvoir (néolibéral) reposerait sur l’intériorisation de cette injonction à l’autonomie et la responsabilisation de soi » (Hache, 2007), sur l’instauration d’une culpabilité morale de l’usager défaillant, souvent renforcée par des sanctions matérielles ou symboliques. En effet, cette « dévolution » rend l’individu toujours responsable (…) de tout ce qui lui arrive parce que, contre toute vraisemblance, ce qui lui arrive est considéré comme résultant de ce qu’il a fait, ou de plus en plus, n’a pas fait. L’acteur est toujours responsable face au présent, par action ou par omission » (Martuccelli, 2004).
6Simultanément, les modes d’accompagnement mis en place pour faciliter cette autonomisation tendent eux aussi à aider l’usager à valoriser son potentiel pour surmonter ses difficultés, dans une relation duelle supposée égalitaire. Il s’agit d’accompagner la personne vers un idéal d’autonomie, de réalisation de soi, reposant sur l’adoption d’une stratégie adaptée et sur la revalorisation de l’estime de soi. Les accompagnateurs postulent que l’usager n’est pas responsable de sa situation, mais des solutions qu’il met en œuvre pour la faire évoluer. Leur intervention s’appuie ce qu’on pourrait nommer une « éthique du proche » (Astier, 2009) qui place la relation intersubjective au cœur du processus d’aide. Il s’agit non plus d’un rapport prestataires-bénéficiaires mais d’une négociation permanente – d’une rencontre mobilisant des compétences de proximité (Astier, 2009) où chaque partie engage au moins autant de son « soi » que de son statut social.
7Mais là encore, n’y aurait-t-il pas injonction paradoxale ? En effet, plus les espaces de négociation se rétrécissent sous l’effet de différentes contraintes et plus les rapports de domination effectifs transparaissent dans la relation établie entre l’accompagnateur et l’usager. Celui-ci n’a alors d’autre choix que de faire semblant de continuer à jouer le jeu mais sans que le postulat d’authenticité posé au départ puisse être tenu. L’usager doit construire sa propre histoire et ses justifications non plus dans une optique d’autoréalisation comme annoncé mais d’adaptation à la demande institutionnelle, tout en gérant le caractère artificiel de la situation, qui le met à chaque instant en position de déroger aux règles de cette « autonomie contrainte » qu’on lui impose.
8Qui plus est, les usagers ne peuvent guère recourir à la critique sociale ou encore moins à la critique du dispositif d'accompagnement lui-même : « Ils ne peuvent pas se rebeller contre les situations qu'ils affrontent car elles sont toujours socialement construites comme le résultat d'échecs successifs dont ils seraient les responsables » (Guiliani, 2008) Dans ce cas, qu’en est-il des objectifs de co-construction avancés au départ ? En cas d’insuccès, l’usager ne se verra-t-il pas reprocher de ne pas avoir (ou pas avoir su) joué le jeu du travail sur soi – et donc d’être responsable de son échec – alors même que ce travail se réduisait dans les faits à une « mise aux normes biographiques » sous couvert de projet personnel ?
9On le voit, cette autonomie du sujet et cette valorisation de soi comme normes dominantes font sous beaucoup d’aspect figures d’injonctions paradoxales qui enferment l’usager dans un processus d’auto-culpabilisation, quand aux difficultés qu’il rencontre se rajoutent le dénigrement de soi : « C’est désormais aux individus de se prendre en charge (…) En fin de compte, l’inégalité se mesure aujourd’hui aux ressources dont dispose chacun pour construire sa vie, pour affirmer son identité et être reconnu par les autres » (Franssen, 2006). Ne s’achemine-t-on par alors vers l’avènement d’une « société biographique » (Astier, Duvoux, 2006), dans un contexte où les épreuves se multiplient parallèlement aux injonctions à être soi-même. Certains y décèlent même la prédominance actuelle, appliquée au travail avec autrui, du modèle néolibéral de « l’entrepreneur de soi » (Dardot et Laval, 2009) mis en demeure « d’optimiser son capital humain » (Feher, 2007) sous peine de faillite personnelle…
10Mais reste qu’une fois le constat posé subsiste entière la question : sur quels points faire porter prioritairement l'analyse de cette nouvelle gouvernementalité qui cristallise de plus en plus les rapports sociaux et les modalités de pouvoir au sein même des individus, au point que l’auto institution de soi s’affirme comme la norme sociale dominante ? Comment creuser le paradoxe de l’injonction à l’autonomie pour en faire la base même d’une nouvelle puissance d’agir, d'une « éthique du souci de soi comme pratique de la liberté » (Foucault, 2001e) ? Du moins si l’on veut bien admettre que cette « gouvernementalité autobiotique » - c'est-à-dire « l’art de gouverner au mieux son propre vivant »222 - ne se réduit pas purement et simplement au credo néolibéral de « l’ordre spontané du marché » (Hayek, 2007), même s'il est grandement hégémonique aujourd'hui, mais constitue un nouveau mode de pensée et d’agir, peut-être même un nouveau « dispositif » (Foucault, 2001c) qui traverserait l’ensemble des discours contemporains constitutifs de notre actualité ?
11C'est pourquoi, arrivé à ce point de notre démonstration, il nous semble indispensable, si nous souhaitons la poursuivre et l'enrichir, de convoquer quelques références et concepts peut-être encore insuffisamment usités sous nos latitudes « souverainistes ». Issu de la sphère anglo-saxonne, l'empowerment est de ceux là et paraît à même de nous fournir quelques pistes intéressantes pour continuer notre chemin...
Généalogie d’un concept : l’empowerment
12L’empowerment peut se définir comme une « technologie gouvernementale (...) placée entre les relations de pouvoir comme jeux stratégiques entre les libertés (…) et les états de domination qui sont ce qu'on appelle d'ordinaire le pouvoir. » (Foucault, 2001e). Mais l'empowerment est simultanément une des « techniques de soi, c'est à dire les procédures (...) qui sont proposées ou prescrites aux individus pour fixer leur identité, la maintenir ou la transformer (...) et cela grâce à des rapports de maîtrise de soi sur soi ou de connaissance de soi par soi » (Foucault, 2001d), et donc particulièrement symptomatique des nouveaux modes de gouvernement que nous avons décrits plus haut et des jeux de pouvoir qui les traversent.
13Historiquement, l’empowerment se réfère à deux figures majeures de l’action éducative et sociale : Paolo Freire pour qui toute action éducative était conditionnée par un travail de conscientisation qui permettait aux opprimés de lutter contre les conditions structurelles qui autorisaient cette oppression : « Il ne peut y avoir de conscientisation (…) hors de l’action transformatrice, en profondeur, des hommes sur la réalité sociale » (Freire, 1974) ; Saul Alinsky et l’Industrial Areas Fondation, qui vit passer dans ses rangs H. Clinton et B. Obama, dont on peut assez fidèlement saisir la démarche au travers de la présentation qu’Alinsky (2012) fait de son principal ouvrage « Être radical »223 : « Ce livre s’adresse à ceux qui veulent changer le monde. Si Machiavel écrivit Le prince pour dire aux riches comment conserver le pouvoir, j’écris Être radical pour dire aux pauvres comment s’en emparer. ». Ajoutons qu’Alinsky tenait en bien piètre estime le travail social traditionnel qu’il qualifiait de « colonialisme social » qui cherchait à éduquer les sauvages de l’intérieur au lieu de les organiser ; et qu’enfin on lui doit d’avoir réfléchi en pionnier la question du pouvoir dans des termes qui seront à la base de l’empowerment : « Pouvoir », qui désigne « la capacité mentale, physique et morale à agir », est devenu un terme maudit, suggérant plus ou moins quelque chose de sinistre, de malsain et de machiavélique » alors que « Le pouvoir est l’essence même, la force dynamique de la vie » (Ibid.).
14Mais le concept d’empowerment se rattache également à certaines expériences politiques, en particulier celle des mouvements radicaux Afro-Américains (Black Panthers Party…) dont l’action était basée sur la défense et la promotion des droits de la communauté, ainsi que sur la lutte contre « le système », à l’origine des discriminations subies par les Noirs. Les mouvements féministes ont également contribué à populariser ce mode d’intervention en contestant la définition « machiste » du pouvoir comme domination – un « pouvoir sur » - pour lui substituer une conception du pouvoir « féministe », définissant ce dernier comme potentiel ou énergie pour agir : « pouvoir de » ou « pouvoir avec ». Les organisations de base féministes s’appuyant sur la démarche d’empowerment ont été particulièrement actives dans la péninsule indienne : cet engagement y « est d’abord conçu comme un processus qui implique une auto-organisation des femmes et leur permet de se mobiliser pour transformer de façon significative les structures de domination, de genre, de classe et de race » (Bacqué, 2011), au travers de la création d’organisations autogérées destinées à développer les stratégies de changement nécessaires pour atteindre ces buts.
15En résumé, la notion d’empowerment « indique le processus par lequel un individu ou un groupe acquiert les moyens de renforcer sa capacité d'action, de s'émanciper. Elle articule ainsi deux dimensions celle du pouvoir, et celle du processus d'apprentissage pour y accéder » (Bacqué, 2005a) Yann Le Bossé a quant à lui dégagé quatre points essentiels dans la démarche d’empowerment qu’il a formalisée sous le terme de « Développement du Pouvoir d’Agir des personnes et des collectivités - DPA » (Vallerie, 2012)
16L’adoption de l’unité d’analyse acteur en contexte qui implique la prise en compte simultanée des conditions structurelles et individuelles du changement. L'augmentation de pouvoir dépend donc de la capacité à agir – en fonction des différents types de contraintes rencontrées - sur la modification du contexte d'action dans un sens plus favorable aux personnes ou aux groupes engagés et conjointement de la capacité de ces derniers à augmenter leur propre potentiel d’action.
17La prise en compte des contextes d'application dans la définition des objectifs et des méthodes. En effet, l'augmentation de pouvoir est toujours une action située, portées par des acteurs concrètement identifiés, et destinée à modifier un état de fait, ici et maintenant. Il s’agit toujours d’adopter (et d’adapter) une stratégie pertinente qui varie en fonction des enjeux identifiés par les acteurs et du rapport de force en situation.
18La définition du changement visé et de ses modalités avec les personnes concernées. Participation sollicitée non seulement en termes d'apport instrumental au projet (il sera mieux défini, mieux adapté et davantage approprié si les gens sont associés…), mais surtout comme facteur primordial de changement du rapport des personnes au monde, de revalorisation de soi par l'expérience d'un agir possible sur la réalité environnante.
19Le développement d'une démarche d'action conscientisante, dans la lignée de Freire, c'est-à-dire visant à une compréhension étendue des sources structurelles et individuelles du changement intervenu ou des blocages qui se sont produits… « La personne ou la collectivité concernée peut ainsi repérer les compétences, les savoirs, le sentiment de confiance en elle-même qu’elle a développés en cette occasion » (Ibid.).
20Cependant, les usages de l’empowerment semblent plus flous que ces premières définitions pourraient le laisser penser. Ainsi, « cette approche interroge cependant rarement la question du pouvoir institutionnel et reste à coté de la représentation politique électorale » (Bacqué, 2005). Au demeurant, Y. Le Bossé revendique explicitement cette mise à l'écart au prétexte que le terme pouvoir est souvent doté d'une signification négative qui l'assimile à domination, et qu'il subordonne de manière unilatérale le changement à l'aspect structurel de la situation au détriment du personnel. Il écarte également la conflictualité inhérente aux luttes de pouvoir car : « Il (le pouvoir d'agir) ne vise pas tant le rapport de force que la conduite d'un projet signifiant » (Le Bossé, 2003). De même, pour certains auteurs, la prise de conscience politique (nécessité de contribuer au changement social) excède les objectifs de l'empowerment. Dans ces conditions, dans quelle mesure l'empowerment ne se réduit-il pas au fait que « la gestion des quartiers pauvres est déléguée pour partie aux associations, ce qui permet d'y assurer le paix sociale » (Bacqué, 2006) faute de s'articuler à une démarche de « construction de contre-pouvoirs, même partiels et très locaux » (Ibid) Les mêmes contradictions se font jour dans un autre domaine fondateur de l’empowerment : ainsi, de démarche radicale, « l’empowerment des femmes est devenu une des notions politiquement correctes dont tous les organismes internationaux, du moins sur le plan des énoncés discursifs, ne peuvent se passer » (Calvès, 2009)
21On le voit, loin d'être univoque, l’empowerment comme technologie de pouvoir prête au contraire à de multiples usages : « D'une part, cette action d'empowerment peut se réduire à ce que l’État veut bien en faire (...) Le néolibéralisme ne demande pas mieux. D'autre part, l'empowerment peut aussi viser une action politique ; une éducation politique au sens large, avec une finalité de transformation sociale » (Deslauriers, 1999). Bref, sur les questions de l’exercice du pouvoir, de la lutte contre les causes structurelles de l’oppression, du rapport aux politiques publiques, de la subjectivation des participants.., l’empowerment peut aussi bien contribuer à un processus d’émancipation des populations en phase avec les enjeux politiques contemporains qu’à l’inverse maintenir les publics dans les rets de la domination néolibérale…
L’empowerment entre domination néolibérale et développement de pouvoir du commun
22Ce type de contradiction apparaît à l'évidence au travers de l'étude que F. Le Goff (2006) a consacré aux stratégies d'empowerment adoptées par différents organismes communautaires d'aide à l'emploi au Québec. Les modalités de participation, l’appropriation par les usagers des projets participatifs, le gain pour les participants en termes de capacités d’action individuelle et sociale, les stratégies d'action adoptées révèlent, au delà de références communes à l'empowerment, deux orientations sensiblement différentes. Dans le premier centre (A), l’organisation se fait sur la base d’un fonctionnement revendiqué comme autogestionnaire, il n’y a pas de parcours imposé dans les ateliers et les animateurs jouent plutôt le rôle d’orientateur afin de redonner confiance aux jeunes dans leurs propre capacités et ainsi de favoriser le transfert de pouvoir entre les encadrants et le public. Dans le second (B), les itinéraires proposés aux jeunes sont beaucoup plus contraints et leur laisse moins d’initiative. Par ailleurs les communications entre encadrants et jeunes se font essentiellement sur un mode descendant et sont limitées aux questions strictement professionnelles.
23Dans le centre A, les jeunes sont invités à participer à des ateliers d’éducation populaire où ils ont la possibilité d’évoquer leurs parcours à partir de leur expérience et d’échanger sur les moyens à mettre en œuvre pour plier aux obstacles rencontrés, d’acquérir des savoirs qui leur étaient interdits auparavant. Ainsi, et grâce également à une fréquentation informelle du centre par les jeunes du quartier où peut se discuter d’autres sujets, y compris politiques, se met en place une « communication solidaire » qui favorise la revalorisation de l’estime de soi. Au sein du centre B, les contacts sont plus formalisés, individuels et exclusivement centrés sur la recherche d’emploi. Ces différences entre les deux centres ne sont pas négligeables en termes d’appropriation du projet, de revalorisation de soi et de capacité d’agir : « Il est perceptible que nombre des moyens transmis aux jeunes, ainsi que certaines des approches d’intervention employées, les ont aidés à devenir autonome et à passer à l’action » (Ibid.). Mais il apparaît néanmoins que dans les deux cas la mobilisation des capacités individuelles au travers d'un travail intense de réélaboration biographique a été unilatéralement privilégié, au détriment d'une action sur les déterminants structurels qui conditionnent la situation des participants : « Ce sur quoi les jeunes sont appelés aujourd'hui à travailler, c'est avant tout sur un rapport à eux-mêmes, davantage que sur les substrats du rapport inégalitaire à d'autres catégories sociales » (Ibid.). Bien que le discours participatif reste d’actualité (surtout dans le centre A), en pratique les jeunes sont surtout invités à s’interroger sur leur propre cadre biographique et non pas sur les actions collectives à mettre en œuvre pour changer leur situation, ou à leur coopération aux prises de décisions concernant les objectifs du centre. Nous sommes donc ici en présence d’un processus d’empowerment individuel et non communautaire où le rapport au centre se pense essentiellement sur une base de prestations et non d’implication dans un projet coopératif et où « l’injonction à se remettre en cause, à travailler sur soi dans le but ultime de trouver du travail finit par ne plus avoir de borne » (Ibid.)
24L’empowerment communautaire n’échappe pas non plus aux contradictions relevées à propos de l’empowerment individuel. Témoins contradictoires, ces expériences se situant toutes deux à Londres. Dans le prolongement d’initiatives déjà développées par les Conservateurs, le gouvernement New Labour (NL) dirigé par T. Blair, a accentué une politique de responsabilisation des communautés, considérées comme instances fondamentales d’une gouvernance locale active, et ce afin que les citoyens puissent réellement s’investir dans la gestion de leur environnement et les décisions concernant leur voisinage. Cette délégation de pouvoir, qui concernait en particulier « les comportements antisociaux », a donné lieu à plusieurs textes de loi qui tous visaient à transférer à l’échelle des communautés la responsabilité du traitement de ces problèmes les touchant directement car « le gouvernement considère donc les communautés locales et les citoyens comme les premiers déterminants des valeurs morales et les premiers agents du contrôle social : il revient à la communauté d’établir ses propres règles » (Home Office, 2003). L’empowerment des communautés devait donc permettre de renforcer leurs pouvoirs et leur implication dans la gestion de la sécurité, en collaboration avec les organes traditionnellement chargés du maintien de l’ordre et de façon plus efficace car plus proche du terrain.
25Mais dans le même temps se développa un discours qui tendait à rendre directement responsable les communautés des comportements de ses membres et donc des problèmes éventuels qui y survenaient : « En retour du plus grand nombre de ressources et de l’aide accrue que nous offrons, la société a, elle aussi, le droit d’exiger que chaque citoyen assume sa part de responsabilité du contrat : se comporter convenablement et prendre les mesures efficaces contre ceux qui refuse de bien se comporter » (Blair, 2004). Ainsi étaient donc couplés empowerment et responsabilisation / culpabilisation, avec comme conséquence directe de cette analyse l'attribution des comportements antisociaux, non à des causes structurelles, ni aux contradictions ou faiblesses des politiques publiques, mais à la défaillance des communautés elles-mêmes quant à leur capacité de faire respecter les normes sociales des « familles honnêtes » (Ibid.). Moyen habile d’imposer les normes dominantes non par la contrainte mais par la participation et l’autosujectivation. L’empowerment devient alors dans ce cas de figure un mode de contrôle social exercé par les principaux intéressés sur eux-mêmes.
26Toutefois, et sur la même aire londonienne, une autre approche de l’empowerment semble prendre assez radicalement à contre-pied la politique mise en place par le NL. Basée essentiellement sur les principes du « Community Organising » théorisé par S. Alinsky, l’action de London Citizens vise à développer les capacités d’auto-organisation des communautés de la capitale britannique afin de faire valoir et de défendre leurs intérêts face aux pouvoirs politiques et économiques.
27London Citizens s’appuie sur des notions essentielles du Community Organising dont la valorisation du conflit, qui s’accompagne d’une critique appuyée de la perte du sens originel de l’empowerment : « The word empowerment tends to hide the extent to which the transfer of power will always involve tension » (Balazard, Genestier, 2009) déclare un des leaders de l’organisation. D’ailleurs, les « organisers » préfèrent utiliser le terme éducation car empowerment semble signifier pour eux « Nous t’apportons le pouvoir de l’extérieur » alors que « Le pouvoir, tu l’as déjà », il suffit de s’organiser pour le faire valoir.
28Cette question de l’expression de la puissance d’agir des communautés est au centre du travail de conscientisation de London Citizens. Les formations visent à tout particulièrement à déconstruire systématiquement le fétichisme du pouvoir souverain et à faire prendre conscience aux participants de leurs propres capacités d’agir et des stratégies possibles pour faire avancer leurs intérêts. Une distinction forte est également effectuée entre « pouvoir unilatéral » et « pouvoir relationnel », qui n’est pas sans rappeler celle opérée par certaines féministes entre « pouvoir sur » et « pouvoir avec ». Un autre principe est la reconnaissance de tous les individus comme des acteurs politiques à part entière, non pas simplement sur la base d’un droit de participer aux décisions, mais en faisant en sorte que chacun prenne conscience des processus d’oppression intériorisés224 afin de « se percevoir comme étant capable et ayant droit d’occuper cet espace décisionnel » (Ibid.). Ce travail permet également l’émergence de leaders qui pourront participer activement au travail d’organisation et devenir eux-mêmes des organisers. Tout cela passe par la construction d’un consensus entre les communautés et entre les individus sans chercher à gommer leurs différences ou à les intégrer dans un projet commun : « En cela les organisers sont en permanence en train de construire un « bien commun » afin de respecter le pluralisme et de permettre l’engagement, côte à côte, de communautés différentes et d’individus aux ressources inégales » (Ibid.).
29Bénéficiant d’une totale indépendance financière vis-à-vis des puissances publiques, et grâce au processus d’empowerment en trois étapes développé en son sein : reconnaissance inconditionnelle comme acteur politique ; capacitation / conscientisation ; action politique démocratique ; London Citizens peut donc engager des campagnes sur différents sujets, locaux ou plus larges, dont le caractère politiquement conflictuel ne fait guère de doute (Balazard, 2009) et qui semblent aboutir à des résultats non négligeable (Ibid.). Ainsi, pour ne pas quitter les bords (opposés !) de la Tamise, nous aurions d’un coté un empowerment néolibéral où « L’individu est incité à devenir entrepreneur de sa vie » (Balazard, Genestier, 2009), symbolisé par la politique du NL ; et de l’autre « Le Community Organising (qui) semble ouvrir une voie intermédiaire qui lie la « citoyenneté » à l’accès au pouvoir dans ses multiples dimensions (politique, religieuse, économique, culturelle) et au niveau individuel (estime de soi) comme collectif (construction de contre-pouvoir et identification du bien commun) » (Ibid.).
30Globalement structurée autour des mêmes enjeux (autonomisation individuelle vs causalité structurelle), ce débat ne s’est d’ailleurs pas limité au champ « pratique », mais a également fortement clivé celui de la recherche britannique autour du travail social. I. Ferguson et M. Lavalette ont développé une position fort critique « vis-à-vis des théories de l’empowerment qui, selon eux, réduisent les relations sociales à leur dimension les plus interpersonnelles » (Lima, 2010). Ils reprochent à ce type d’approche d’avoir « d’avoir servi l’ordre néolibéral (…) en sous-estimant toutes les formes structurelles d’exploitation » (Ibid.). Ils y opposent une analyse marxisante basée sur la centralité du concept d’aliénation pour expliquer la position ambivalente des travailleurs sociaux que l’impuissance des usagers (Ibid.). Cette confrontation théorique s'est aussi fortement manifestée au sein du British Journal of Social Work qui vu s’affronter « deux conceptions de l’intervention sociale à travers le débat entre Harry Ferguson225 qui proposait une politique de « gouvernement de parcours de vie » (life politics) et Paul Michael Garett, partisan d’une action de transformation sociale » (Ibid.). A la suite de Giddens, Beck et Bauman, Fergusson prend acte de l’avènement d’une société du risque où la réflexivité de l’individu joue un rôle essentiel et propose comme mission aux travailleurs sociaux d’aider les individus à construire leur parcours de vie, dont ils acquerraient petit à petit le contrôle au sein d’un environnement particulièrement mouvant, voire liquide. Pour Garett, les propositions de Fergusson évacuent trop rapidement la question du rôle des inégalités structurelles dans les capacités de choix des individus et aboutissent finalement à entériner le modèle néolibéral de « l’entrepreneur de soi-même » totalement responsable de ses choix et de leurs conséquences. De même, il semble prendre ses distances avec certaines expériences comme les « conférences familiales », qui reposent explicitement sur le modèle délibératif habermassien ; ou encore avec des initiatives issues des travaux de Honneth sur la reconnaissance. Sur la base d’une critique bourdieusienne, Garett reproche à ces dispositifs de sous estimer grandement les dynamiques structurelles de pouvoir auxquelles elles ont à faire ou qui les traversent, ainsi que le poids des habitus dans les capacités de chacun à participer aux délibérations.
31On le voit, les exemples évoqués plus haut renvoient à des postures politico-professionnelles fortement clivées et induisent des débats tout à fait stimulants quant aux questions que nous évoquions en ouverture. Mais dans quelle mesure la pertinence heuristique dont ces questions font preuve dans un contexte anglo-saxon peut-elle être transposée à la situation française, et au champ de l’ASSCP en particulier ?
Empowerment et ASSCP en France, quelles problématisations possibles ?
32En effet, comme le souligne Balazard et Genestier (2009) : « Ce qui fonde le fonctionnement sociétal (anglo-saxon, ndlr) ne relève pas d’une conception substantialiste indexant le pouvoir au politique et le politique à la Nation mais est de nature procédural et processuel ». L’État a plus pour rôle de corriger a posteriori les dysfonctionnements d’un lien social conçu comme incrémental et pluriel. En conséquence : « Pourquoi le terme empowerment est-il intraduisible ? Parce que l’imaginaire politique français est universaliste et holistique, et donc à la fois politico – et stato – centré ; autant dire conceptuellement aux antipodes de l’imaginaire pluraliste et civiliste anglo-américain dans lequel il s’enracine » (Ibid.). Bref, ce serait le code génétique des institutions républicaines, en particulier le régime de citoyenneté français, qui serait incompatible avec une telle démarche (Jouve, 2006b).
33Néanmoins, cet imaginaire dichotomique qui oppose terme à terme libéralisme et républicanisme est-il encore efficient pour penser aujourd’hui le réel de la politique sociale en France ? Dans la première partie de cet article, on a analysé en quoi l’évolution des politiques publiques avait profondément remis en cause les principes mêmes du modèle républicain-social – du programme institutionnel dirait Dubet (2002) – qui bien qu'ayant prévalu durant la quasi-totalité du siècle précédent s'avère désormais en grande partie caduque (Castel, 2005 ; Franssen, 2003). Par ailleurs, même si l’empowerment est encore loin d’atteindre sous nos latitudes le niveau de reconnaissance auquel il est parvenu outre-Manche ou outre-Atlantique, peut-on en conclure qu’aucun lien n’est possible entre ses deux sphères géopolitiques et que les politiques publiques n’y sont en aucun cas comparables ? Les politiques de la ville développées en France et ailleurs semble nous inviter à nuancer quelque peu ce point de vue. Au vu de leurs caractéristiques, de leurs contradictions (Estèbe, 2004 ; Bacqué, 2005a ; Donzelot, 2006 ; Tissot, 2007), voire de leurs paradoxes226, on décèle en quoi empowerment et politique de la ville reposent sur des postulats commun : « L’empowerment se nourrit d’une critique de l’État Durkheimien c'est-à-dire de l’objet sociopolitique ayant été depuis la révolution industrielle l’instance intégratrice de substitution » (Jouve, 2006a). De même, au-delà de différences significatives entre empowerment zones ou community development corporations et politique de la ville (Bacqué, 2005b), un certain nombre de traits communs (participation, territorialisation, responsabilisation, dispositifs….) témoignent non d'une simple extension du libéralisme classique en « pays républicain » (Brugère, le Blanc, 2011), mais révèlent en fait une évolution simultanée des politiques publiques, et l’émergence de part et d’autre de l’Atlantique de nouveaux modes de gouvernement qui, sans se confondre, peuvent générer des problématisations croisées (Bacqué, 2005)227.
34Une réflexion pertinente semble alors possible si on aborde l’empowerment non comme une référence ou un modèle mais comme un événement (Foucault, 2001a) politique contemporain, caractéristique de ce qu’on a défini plus avant comme l'émergence d'une gouvernementalité autobiotique, qui nous force à penser autrement les rapports entre ASSCP et politique à partir des problématisations qui s'en dégage : conception et exercice effectif du pouvoir ; praxis « révolutionnante »228 ; relation entre émancipation individuelle et common empowerment, capacitation personnelle et causalité « structurelle » ; position et niveau d’intervention politique de l’animateur professionnel ; autonomie des actions conduites par rapport aux politiques publiques ; enfin critique en acte des dispositifs néolibéraux au travers de l'invention commune de « contre-conduites » (Foucault, 2004a)... Bref, à prendre position, professionnellement, entre ces deux pôles d'attraction : pouvoir du commun et domination néolibérale. Vaste chantier en perspective, mais qui nous semble indispensable si l'ASSCP veut repenser dans le présent son rôle politique et continuer à y jouer un rôle émancipateur ! !
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Notes de bas de page
222 On insistera On insistera avec force sur le fait qu'il ne s'agit nullement de réifier une quelconque définition. Bien au contraire, le concept foucaldien de dispositif implique un « réseau » qui s'établit entre « des « éléments hétérogènes » mouvants et multiformes, des énoncés multiples et souvent opposés, « une sorte de formation » liée « à un moment historique donné » (Foucault, 2001c) et interdit donc tout rabattement univoque.
223 Fort mal traduit dans la première version française sous le titre de « Manuel de l’organisateur social ».
224 On est pas loin en l’occurrence de « La pédagogie des opprimés » de P. Freire
225 A ne pas confondre avec le précédent
226 Dont la moindre n’est pas ce qu’on pourrait appeler « une injonction étatique au libéralisme ». Ce qui au demeurant met à mal les arguments basés unilatéralement sur le « désengagement de l’État » ou sur une opposition fondamentale entre l’État et le marché.
227 Pour compléter nos réflexions sur les contradictions de l'empowerment, mais aussi sur la pertinence d'une approche transversale des nouveaux modes de gouvernement, on ne saurait trop conseiller la lecture de : Boucher M. (2012), Le travail social face aux familles populaires, la « nébuleuse » de la parentalité en question ?, Pensée plurielle, 2012/1 n° 29, p. 75-98.
228 Sur ce concept et ses relations avec notre propos, voir : Ziegelmeyer J-M (2011), Éducation populaire et division du travail. L’instruction du peuple face à la praxis révolutionnante : Educateur’s Crew VS Posse le Peuple ?, in Belloc M., Huerta C., Richelle J-L. (dir.), La Commune a 140 ans, Porchères : La Cause du Poulailler, pp. 183-204.
Auteur
MCF associé, IUT Michel de Montaigne - ISIAT
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