Quand la métropole devient « culturelle » : faire-être la culture à Montréal
p. 111-131
Texte intégral
1Au Québec (Canada) comme ailleurs, une « crise » présumée de la culture serait accompagnée d’importantes transformations, notamment du point de vue des industries et politiques culturelles. L’un des changements amorcés au cours des années 1990 est une « municipalisation » des politiques culturelles, faisant des villes les principaux intervenants politiques dans les décisions concernant diverses formes de pratiques et d’affirmations culturelles (De la Durantaye 2002), processus calquant celui amorcé en Europe quelques années plus tôt (Urfalino 2004). En effet, depuis quelques années, la culture occupe une place grandissante en tant qu’objet d’intérêt des décideurs locaux, principalement au niveau municipal. En effet, la « ville créative » est devenue le paradigme dominant en planification urbaine (Krätke 2011), notamment suite aux travaux – contestés par ailleurs – de Richard Florida (2004) et Charles Landry (2000)1. Dans ce contexte, de nombreux efforts ont été faits au cours de la dernière décennie afin de faire du principal centre urbain du Québec, Montréal, une « métropole culturelle » – à la fois du point de vue de ses industries culturelles locales, du « vivre-ensemble » de ses quartiers et de son image de marque. Deux des principales actions faites en ce sens sont l’adoption de la Politique culturelle de la ville de Montréal ainsi que le Plan d’action 2007-2017, visant sa mise en œuvre.
2En 2005, la Ville de Montréal adopte sa première politique culturelle suite à un long processus de consultation auprès des citoyens, des organismes locaux, des industries culturelles et des autorités de toutes sortes (Lussier 2011). De façon explicite, cette politique culturelle a pour mission de « contribuer à confirmer Montréal métropole culturelle d’envergure internationale » en se concentrant sur trois enjeux : la démocratisation culturelle, le « soutien aux arts et à la culture » et la « qualité culturelle du cadre de vie » des citoyens (Ville de Montréal 2005, p. 10). Plusieurs intervenants culturels locaux sont cependant amenés à commenter l’aspect abstrait de la politique culturelle, critiquant notamment le fait que peu de pistes d’intervention concrètes y sont proposées (Brault 2009, Côté 2005). Afin d’y remédier, une nouvelle consultation est organisée pour proposer des stratégies d’intervention permettant d’atteindre les objectifs jugés trop larges de la politique culturelle. L’établissement de ce Plan d’action 2007-2017 est le fruit d’une vaste concertation rassemblant 1300 intervenants du milieu culturel et des affaires local autour du thème « Montréal, métropole culturelle » appelée le Rendez-vous novembre 2007 (Comité de pilotage 2007)2. En novembre 2007, un large forum de consultation sur deux journées permet aux partenaires de la municipalité d’annoncer certaines initiatives, au comité de pilotage d’ajuster le contenu du plan d’action et, enfin, de « mettre tout le monde dans le coup » (Tremblay 2007, p. 3), pour reprendre les mots du maire de Montréal lors de sa conférence d’ouverture à l’événement.
3L’un des principaux partenaires des autorités municipales dans ces deux actions est l’organisme Culture Montréal, légalement fondé en 2002 des suites d’un sommet rassemblant de nombreux intervenants du milieu culturel montréalais. Cet organisme se veut « un lieu de réflexion, de concertation et d’intervention » sociale, culturelle et artistique (culturemontreal.ca, consulté le 20 mars 2012). Il est décrit dans les médias comme « un lieu de convergence » du milieu culturel (Kéttani 2012), ses fondateurs soulignant leur volonté que Culture Montréal soit « le reflet de la vitalité, de la diversité et de la complexité de la culture à Montréal. » (Corriveau 2012, p. H2) Afin d’y arriver, l’organisme prendra rapidement le pari de ne pas chercher « […] à défendre des intérêts propres à ses membres », mais plutôt à promouvoir la culture comme « […] secteur d’activité majeur et comme dimension de sa citoyenneté et de son développement. » (Brault 2009, p. 127) Il ne s’agit donc pas d’un organisme de défense des droits d’une partie de la population, tel qu’une association d’artistes ou de travailleurs culturels pourrait le représenter, mais bien d’un organisme voué au débat entourant la culture à Montréal. C’est d’ailleurs en ce sens que l’insistance de Culture Montréal auprès des candidats à la mairie de la ville en 2005 doit être comprise. En effet, au cours de la campagne électorale municipale, l’organisme coordonne un débat entre les trois candidats potentiels au poste de maire autour des enjeux liés à la culture. Au cours de cet événement, les candidats sont amenés à se prononcer sur une dizaine de propositions, dont « organiser un sommet Montréal, métropole culturelle en 2007 » (Brault 2009, p. 134). Tous prennent l’engagement d’organiser un tel sommet, ce qui sera chose faite en novembre 2007.
4Par le Rendez-vous novembre 2007 et la contribution de Culture Montréal, cette communication propose de se pencher sur les façons par lesquelles la culture y est constituée en « projet ». En effet, si les autorités municipales inscrivent la culture dans le devenir de la ville, son apport est tributaire d’un ensemble d’actions dont le sens produit en serait l’existence. Le fait que la première section du texte de la Politique culturelle s’intitule « Montréal, métropole culturelle : déjà une réalité, toujours un projet » (Ville de Montréal 2005, p. 4)3 n’est peut-être que le fruit du hasard, mais l’utilisation de la méthodologie de projet dans la création de la politique culturelle, sur laquelle je reviendrai, m’apparaît beaucoup moins anecdotique. Luc Boltanski et Ève Chiapello voient dans le projet une réponse à la société capitaliste au sein de laquelle « […] la vie est une succession de projets […]. Ce qui importe, c’est de développer de l’activité, c’est-à-dire ne jamais être à court de projets, à court d’idées, d’avoir toujours quelque chose en vue, en préparation […]. » (Boltanski et Chiapello 1999, p. 166) C’est ce que Robert Panico et François Poulle (2005) qualifient « d’injonction » à projet : dans une société libérale avancée dans laquelle il y a toujours le risque « qu’on gouverne trop » (Foucault 1979, p. 820), le projet devient le mode d’intervention privilégié, représentant une technologie de pouvoir permettant d’agir sur des populations. En effet, proposer la culture comme un projet est inciter des populations à se positionner dans le sillon de celui-ci, à en devenir les héritiers (Stengers 1995), dans un processus d’assujettissement et d’acceptation d’une mise en acte d’un pouvoir productif, qui suggère, incite, encourage et rend possible, pour reprendre la formulation de Michel Foucault (1982). Mais c’est également à titre d’objectif à atteindre, par un travail minutieux sur soi, que la culture est « mise en projet » : sa valorisation comme une fin en soi appelle les acteurs de tous ordres – décideurs, entrepreneurs, citoyens, artistes, dispositifs urbanistiques, etc. – à moduler leurs actions afin que leur état final y soit intégré. Double identité de la culture comme projet, donc : 1) comme moyen et 2) comme lieu de l’aboutissement d’une démarche qui n’implique que soi par ailleurs.
Mise en projet de la culture
5La politique culturelle de la Ville de Montréal se positionne comme l’un des moyens de développer la ville, à la fois artistiquement et économiquement. En effet, dans les marges du document de présentation, sont présentées des citations provenant pour la plupart des mémoires déposés dans le cadre de la consultation publique en ayant précédé l’adoption. L’une de ces citations, provenant d’une allocution de Simon Brault, président de Culture Montréal, positionne la culture comme un moyen d’atteindre un objectif autre : « Je suis convaincu que Montréal sera une métropole culturelle ou ne sera pas une métropole, point. » (Brault 2004, cité dans Ville de Montréal 2005, p. 2) Ceci s’inscrit dans une logique plus large de revalorisation et de développement de la ville qui est à la source même de la création de Culture Montréal :
« À ce moment-là [au cours des années 1990], il était très clair que Montréal n’était plus la métropole économique du Canada depuis longtemps, que Montréal était une ville en déclin […]. Nous ressentions très vivement la nécessité de faire quelque chose pour stimuler le développement de Montréal et nous pensions que la ville pouvait redevenir une vraie métropole grâce à la culture. » (Brault, cité dans Corriveau 2012, p. H2)
6Ces commentaires font écho aux arguments de Florida et Landry sur la ville créative, qui situent la culture au cœur du processus de développement d’une économie locale plus compétitive. En effet, tous deux proposent que la culture et les arts forment une bonne part, sinon la grande majorité, de la créativité utile à la production de richesse au sein des villes (Edensor, Leslie, Millington et Rantisi 2009). La culture fait partie de la solution à un déclin ressenti de la ville, que ce soit par les industries culturelles et la prospérité qu’elles peuvent induire ou par la création d’une identité montréalaise à laquelle elle peut contribuer4.
7La culture est mise de l’avant comme levier de développement local, un outil permettant l’amélioration d’une situation économique et sociale jugée négative. À ce titre, le texte de présentation du Plan d’action 2007-2017 est exemplaire. En effet, bien que cinq orientations différentes y soient proposées, les conclusions laissent présager le rôle de la culture dans la construction de ce qui est qualifié de « marque Montréal » :
« En matière culturelle, la ‘marque Montréal’ est composée d’un certain nombre de ‘produits’. La performance globale de notre création en est un, la qualité, la quantité et la diversité des festivals en sont un, l’aménagement du Quartier international également, notre patrimoine bâti – particulièrement dans le Vieux-Montréal – en est un autre, pour ne prendre que quelques exemples. […] [L]a ‘marque Montréal’ doit s’enrichir de nouveaux ‘produits’, qui sont déjà existants, mais possèdent un fort potentiel de croissance. Pensons au design, à la culture numérique, au Quartier des spectacles. » (Comité de pilotage 2007, p. 16)
8L’utilisation de la culture dans la constitution de l’image de marque d’une localité n’est pas unique. Au contraire, la démarche incarnée dans le Plan d’action s’inscrit dans une tendance déjà largement mise de l’avant par de nombreuses municipalités mettant la culture à contribution pour le développement d’une signature locale (Cohen 2007 ; Peck 2005). Montréal ne fait donc pas exception. Ce qui est surprenant par ailleurs, est la façon dont est décrite la culture montréalaise. Celle-ci y semble jugée dans un état relativement positif. Dans ce contexte, les efforts financiers consentis par les partenaires du Plan d’action se sont concentrés sur un projet en particulier, le Quartier des spectacles. Celui-ci est un projet urbanistique situé au centre-ville de Montréal visant, notamment, la construction et l’amélioration des accès aux salles de spectacles ainsi que l’aménagement de places publiques dédiées à l’organisation d’événements culturels d’ampleur5. Comme en témoigne l’une des membres de l’équipe de Culture Montréal, « […] la principale réalisation qu’on retient c’est le Quartier des spectacles, c’est l’élaboration de la phase un du Quartier des spectacles. […] Oui, on se tape dans le dos parce que le Quartier des spectacles c’est ‘formidable’, c’est une grosse affaire qui a vu le jour. » (Marie-Claude, 15 novembre 2012) Si ce développement urbanistique s’intègre au Plan d’action, c’est à titre d’outil au développement local. C’est en ce sens que les investissements importants qui y sont consentis trouvent leur justification dans tout un ensemble d’arguments économiques : notamment le développement immobilier, la hausse du tourisme, et la hausse des dépenses de consommation culturelle par habitant (Dansereau 2003).
9Si le Quartier des spectacles est l’actualisation la plus spectaculaire du Plan d’action, l’importance de la gestion « par projets » pour Culture Montréal n’est pas à négliger. En effet, l’organisme a créé en 2005 le comité Grands projets et aménagement du territoire qui « […] porte une attention particulière aux transformations du territoire montréalais et se mobilise en faveur du développement durable et de l’intégration des préoccupations culturelles, économiques, sociales ou encore architecturales. » (Kéttani 2012, p. H8) L’ensemble des comités6 auquel participe le comité Grands projets permet de calquer la structure administrative de l’organisme aux modes par lesquels la « culture » est posée dans le paysage public montréalais et de répondre aux questions qu’elle semble y soulever. En effet, par la création de ces comités, l’organisme intervient dans un « espace-problème » (Scott 2004), c’est-à-dire dans un espace discursif historiquement constitué qui participe à déterminer à la fois les questions et enjeux possibles ainsi que les interventions ou réponses qui valent la peine d’être proposées. Ainsi, c’est par de tels « espaces-problèmes » que sont gérés les enjeux qui font l’actualité de la culture à Montréal et, du coup, les interventions culturelles qui peuvent s’en réclamer. L’ensemble des comités témoigne de la façon dont l’organisme intervient dans ces « espaces-problèmes » délimités et policés. À travers ceux-ci, l’organisme peut réagir et moduler sa structure afin d’en assurer la cohésion avec les enjeux et questions d’actualité induisant la forme de la culture à Montréal, du moins en partie : « ils confèrent à l’organisme sa capacité d’évolution et de réaction rapide et lui permettent d’intervenir sur la scène publique en véhiculant des opinions, propositions et recommandations issues d’un réel travail de concertation et d’échange d’expertises. » (Culture Montréal 2008, p. 9) Ces comités permettent ainsi d’intervenir à propos d’enjeux touchant la culture, de proposer des recommandations ou des opinions concernant des projets marquant l’actualité ou encore d’en mettre en place. Par le fait même, ils sont une forme de réactualisation de l’enjeu lui-même, une affirmation des règles du jeu concernant les préoccupations soulevées par la culture et l’ensemble des projets qui en forme les réponses tentatives7. Ce qui implique que, par sa structure en comités, l’organisme participe à l’affirmation des « espaces problèmes » de la culture – un « biais de confirmation » (Coquelle 1994) canalisant du coup les efforts consentis et les discussions autour des projets y donnant forme – en réduisant d’autant les possibilités d’un devenir autre.
10À la rencontre de Culture Montréal et de l’organisation du Rendez-vous novembre 2007 et 2012, la culture est également mise en forme par la technique de la méthodologie de projet. En effet, celle-ci apparaît comme la principale façon d’organiser les débats et les décisions concernant le milieu culturel. Par exemple, la politique culturelle, tout comme le plan d’action qui permet de l’opérationnaliser, est marquée par la méthodologie de projet, partant d’objectifs, d’axes d’intervention, etc. : « [s]i le dynamisme culturel et l’esprit d’innovation comptent pour beaucoup dans la réussite des grandes villes, ils ne suffisent pas : une mission doit être définie, des objectifs de développement culturel fixés et, pour les atteindre, des stratégies doivent être déployées. » (Ville de Montréal 2005, p. 7) La politique culturelle n’est pas qu’informée par la notion de projet, sa rédaction même s’y trouve également justifiée. Dans le même sens, l’organisation d’un événement tel que le Rendez-vous novembre 2007 et 2012 est présentée comme une occasion de faire le point sur l’état de la culture au moment de lancer le Plan d’action. Dans son mot d’introduction lors de la première journée du Rendez-vous novembre 2007, le maire de Montréal souligne d’ailleurs le fait que ce processus de planification et d’évaluation informant le devenir culturel de la ville est l’alibi de l’événement :
« Se donner un plan et le suivre. Quiconque se fixe des objectifs clairs et se donne un plan pour les réaliser a plus de chances de réussir. C’est pourquoi la Ville a adopté, en 2005, des politiques concernant la culture et le patrimoine, ainsi qu’une stratégie de développement économique. C’est aussi pourquoi nous avons décidé de travailler avec nos partenaires gouvernementaux et de la société civile pour mettre au point un plan d’action. Et c’est pourquoi nous nous retrouvons tous ici aujourd’hui pour valider et bonifier ce plan d’action. » (Tremblay, 2007, p. 3)
11Par la méthodologie de projet, les moyens et les étapes marquant la trajectoire de la culture sont explicités. Elle impose ainsi une forme de devenir, elle gère par la planification le « comment » de la culture à Montréal. C’est surtout en tant que détermination de ce qui compte en culture ou ce qui devrait être que Culture Montréal et le Rendez-vous imposent la forme-projet. Ainsi, par exemple, Culture Montréal incarne dans sa fondation même une démarche empruntée à la méthodologie de projet où la vision et le choix des « bons » objectifs sont centraux :
« […] donner une vision à Montréal et [à] développer des projets. […] On sentait que Montréal avait besoin d’un plan. Où concentrer les énergies ? Comment coordonner les subventions qui viennent des trois ordres de gouvernement, municipal, provincial, fédéral ? Cela pose problème lorsque les efforts publics et les subventions pour la culture sont tirés dans toutes les directions. Il fallait faire en sorte que les investissements en culture soient injectés dans des programmes ciblés. » (Lemieux, citée dans Kéttani, 2012, p. H8)
12Cette volonté d’efficacité, de rassembler autour d’un objectif commun, d’une vision et d’actions coordonnées les interventions gouvernementales en culture témoignent de la « […] volonté de mise en commun de pratiques et d’intérêts parfois divergents » qui est l’une des caractéristiques du projet pour Jacques Bonniel (2001). Elle permet de répondre en partie à une dispersion ressentie comme contre-productive des efforts consentis. Mettant de l’avant tout un travail d’évaluation, de problématisation et de détermination des objectifs à atteindre, l’organisme agit en canalisant les possibilités d’action autour d’une quête commune et d’initiatives considérées comme mobilisatrices. La directrice de Culture Montréal résume la préparation du Plan d’action par les différents intervenants municipaux, provinciaux et fédéraux, notamment, comme une action de concertation visant à « organiser les promesses qui étaient contenues dans la politique culturelle [de la ville de Montréal] en actions concrètes sur lesquelles on pouvait se mobiliser de nouveau. » (Anne-Marie, le 5 décembre 2012) Culture Montréal prend ainsi la fonction d’énonciateur – que Jean-Pierre Boutinet (2010) décrit comme auteur – de ce que devrait être l’état final de la culture et les façons de le réaliser. Malgré le fait que la politique culturelle soit présentée comme celle des autorités municipales, la position de l’organisme et sa participation au Comité de pilotage du Plan d’action sont des indices de son insertion au sein des héros participant à la mise en projet de la culture. Pour Boutinet (2010), d’autres positions relatives se déploient également dans le projet, notamment celle de l’acteur assujetti. Dans ce cadre, le projet apparaît comme une technique permettant de mettre en acte une relation de pouvoir par laquelle des positions relatives sont affirmées – sujets et objets du projet, notamment. Par là, le projet réduit le champ des possibles devenirs de la culture, mais aussi le cercle de ceux qui ont droit de citer.
La culture, un projet de vie
13Si la culture est « mise en projet », notamment par son utilisation dans des stratégies de développement et par sa formation au travers de la méthodologie de projet, elle est également située dans les débats entourant le Plan d’action comme un « projet de vie ». En effet, alors que le processus menant à la rédaction de la politique culturelle de la ville de Montréal permet de constater comment la technique du projet informe la culture, certains des objectifs mêmes de cette politique et du Plan d’action qui l’accompagne valorisent la culture comme devenir des citoyens dans leur individualité. Ainsi, la culture apparaît comme l’aboutissement d’un travail sur soi dont le problème principal est « […] comment ‘se gouverner’ en exerçant des actions où on est soi-même l’objectif de ces actions, le domaine où elles s’appliquent, l’instrument auxquels elles ont recours et le sujet qui agit ? » (Foucault 1981, p. 1032) Ainsi, le rôle et la fonction d’un tel Plan d’action et d’une politique culturelle comme celle proposée impliquent entre autres d’intervenir non plus « par » des projets, mais afin d’aider les citoyens à réaliser le projet (culturel) qui leur est propre. Avec le développement par la culture et sa « mise en projet », c’est là l’autre visage de la culture telle qu’elle est constituée par la politique culturelle de Montréal et les différents acteurs ou événements l’instaurant : elle devient un objectif personnel, individuel, qui n’appartient non pas uniquement aux instances décisionnelles, mais également et surtout aux sujets qui composent la ville.
14Que la culture soit inscrite dans un « projet de vie » implique une forme de valorisation positive de celle-ci. Le travail de Culture Montréal dans le développement du Plan d’action visait justement à permettre la juxtaposition de la culture avec celle de « bien-être » et de vie quotidienne. Cette valorisation fait en sorte que le Plan d’action mette en exergue non seulement les grands projets d’aménagement urbain, tels que le Quartier des spectacles, mais qu’il y ait également :
« […] la dimension ‘vie quotidienne’ d’inclus là-dedans. Ce n’est pas indissociable. Oui, il y a l’aspect touristique, l’aspect ‘ on attire des gens’, mais en même temps, je pense que l’intérêt de faire une métropole qui rayonne dans chacun de ses quartiers, c’est vraiment cet aspect-là, utilitaire – même si je n’aime pas le terme – le fait que les gens s’approprient [la culture] et que ça fasse partie du bien-être individuel-collectif […], cette appropriation de la culture comme facteur déterminant du bien-être. » (Marie-Claude, le 15/11/2012)
15Ainsi, dans les travaux de Culture Montréal menant au Rendez-vous novembre 2007 et à l’adoption du Plan d’action, se retrouve le principe selon lequel se soucier de son bien-être implique de se soucier de la culture. Car, si celle-ci est d’abord « […] une valeur en soi, une identité, un besoin vital » (Ville de Montréal 2005, p. 6), comme l’exprime la Politique culturelle adoptée par la ville en 2005, alors elle doit être l’objet d’une quête pour chaque citoyen. Cette quête du bien-être par la culture est également liée à celle de la réalisation de leur propre vie par les citoyens. En effet, pour le président de Culture Montréal, la culture participe de l’ensemble des éléments qui « déterminera en grande partie » la « trajectoire individuelle » et « la ligne de vie » des citoyens (Prud'homme, Dubois-Prud'homme et Lapierre 2011), notamment des jeunes.
16La culture est affirmée comme valeur positive et l’objectif de chacun. Pour arriver à réaliser ce « projet de vie », la politique culturelle affirme la nécessité d’appuyer le citoyen. Des conseils, des aides ou des outils sont alors proposés pour soutenir et favoriser la réalisation personnelle de la culture à Montréal. En cela, le « cadre de vie » semble important. En effet, la politique culturelle et le Plan d’action qui l’accompagne en soulignent tous deux le rôle central dans la valorisation et la réalisation de la culture comme « projet de vie » :
« Pour que les stratégies de développement culturel et les actions qui en découlent produisent les résultats attendus, il faut s’assurer que la culture ait un attrait et une valeur aux yeux des citoyens. Partout dans l’environnement physique des Montréalais, la culture doit être présente, exprimée, reconnue, valorisée. Cette valorisation passe donc par une amélioration de la qualité culturelle du cadre de vie des citoyens. » (Ville de Montréal, 2005, p. 56)
17Pour y arriver, la stratégie adoptée dans le Plan d’action est d’intervenir sur l’environnement urbain. Une volée de mesures s’y retrouve afin de favoriser l’art public ou de mettre en valeur le patrimoine bâti, par exemple. En effet, si l’intervention sur l’environnement urbain permet « [d]’enrichir la qualité culturelle du cadre de vie » (Comité de pilotage 2007), c’est parce qu’une conception bien spécifique du cadre de vie informe non seulement la politique, mais également le Plan d’action et les débats au cours du Rendez-vous novembre 2007. Celle-ci est le fait d’un rapport commandé en 2002 – et livré en 2003 – par la ville de Montréal à un groupe-conseil présidé par Raymond Bachand8 visant une première ébauche de la politique culturelle. Ce rapport propose une définition de ce qu’est le cadre de vie, qui sera d’ailleurs reprise dans la Politique culturelle finale :
« Le cadre de vie renvoie à ces espaces quotidiens où se déploie la vie humaine, ces espaces que sont les maisons, les aménagements domestiques, les aménagements urbains, les paysages de proximité et les objets usuels qui peuplent la quotidienneté. En plus de son caractère spatial, territorial et biologique, la notion de cadre de vie s’adjoint ainsi d’autres attributs qui font cette fois appel à la mémoire, à l’identité et à l’appréciation esthétique. Ces dimensions constituent de ce fait la composante culturelle du cadre de vie d’une collectivité. » (Bachand et al. 2003, p. 6)
18Cette idée de « cadre de vie » qui circule d’un rapport à l’autre n’est pas étrangère à celle d’un sujet libre qui façonne sa vie par un ensemble de choix individuels. Ainsi, réaliser le « projet de vie » que représente la culture demande d’agir sur ce cadre de vie afin « […] d’offrir aux citoyens la liberté et la possibilité d’une rencontre avec les arts basée sur le choix individuel. » (Prud'homme et al. 2011, p. 75) Pour le président de Culture Montréal, ce sujet opère ces choix au sein d’un « écosystème » culturel : « Nous devons voir le développement de la culture comme une véritable écologie qui repose sur l’éducation dans les arts dans les écoles comme à la maison, un accès à des spectacles dans les quartiers, où les prix des billets ne sont pas trop élevés et où l’écosystème culturel est durable. » (Brault, cité dans Prud'homme et al. 2011, p. 76) Agir sur ces éléments de l’écosystème par un jeu sur les potentialités que contient une localité permet alors au citoyen de participer à la culture et d’ainsi réaliser son « projet de vie ».
19Pour appuyer les citoyens dans ce qui devrait être un « projet de vie », la ville tentera d’assurer par l’aménagement du cadre de vie et des espaces, entre autres, la capacité des citoyens à faire ce travail sur soi. Mais c’est surtout dans la nécessité exprimée d’intégrer une dimension quotidienne et de proximité à son action que la ville conçoit sa contribution au travail réflexif que représente ce « projet de vie ». En effet, c’est dans l’espace du routinier, du quotidien, que ce travail sur soi se déroule. Le cadre de vie permet ainsi de territorialiser le « projet de vie » en lui donnant des repères et en en marquant le territoire (Deleuze et Guattari 1980). Mais il est également un travail de proximité par l’utilisation de la « biologie » et « d’autres attributs », nécessitant notamment que le citoyen soit façonné jusqu’au plus profond de l’être. La médiation semble un bon outil dans ce cadre : elle est présentée comme ce qui permet de « […] reconfigurer le rapport des citoyens de toutes conditions avec les arts et la culture […] » par « […] une action constante, ciblée, volontariste et à recommencer sans cesse […] » (Brault 2007, p. 2). Souvent associée à la démocratisation de la culture, elle est à la fois vue comme un travail de rapprochement physique de la culture, notamment par l’aménagement urbain et la valorisation du territoire, mais également comme une action permettant aux citoyens de « […] mieux se reconnaître dans leurs institutions culturelles et de se les approprier […]. » (Ville de Montréal 2005, p. 20) Il s’agit alors d’une action permettant aux citoyens ce travail sur soi nécessaire à la réalisation du « projet de vie » qui lui est imputé9.
20La politique culturelle, le plan d’action et, surtout, les discussions au cours du Rendez-vous novembre 2007 affirment la nécessité que ce travail sur soi soit effectué en tout point de la ville. En effet, ils situent la culture comme un enjeu pour tous et l’ampleur de la participation au rendez-vous est prise à témoin. Dans les différentes interventions, l’emphase mise sur les 1300 participants, sur la composition hétérogène de ce groupe de citoyens, de représentants d’organismes culturels et de différents paliers gouvernementaux ainsi que des leaders de la communauté d’affaires participe à affirmer que ce projet de vie est celui de tous. Comme l’exprime le maire :
« [c’est] une priorité collective. […] La culture et la connaissance représentent, à n’en pas douter, un pilier incontournable et le fondement de notre identité. Montréal, métropole culturelle, au-delà du slogan, doit constituer maintenant une priorité stratégique, pas seulement pour les gouvernements et la Ville, mais aussi pour toute la société civile. » (Tremblay 2007, p. 3)
21Mais il semble surtout qu’un groupe en particulier nécessite un appui pour la réalisation de la culture comme « projet de vie » : les jeunes. Ainsi, les jeunes représentent un groupe qui fait l’objet de presque toutes les interventions liées à l’orientation « Accès à la culture » lors du Rendez-vous novembre 2007. Dans son intervention synthèse des discussions, la représentante de Culture Montréal en fait d’ailleurs le constat : « Plusieurs partenaires ont mentionné l’importance de léguer, d’encourager aussi l’éveil de la jeunesse face à la culture et les arts, que ce soit des arts qui sont connus ou encore des formes, des pratiques artistiques aussi en émergence. On a mentionné aussi le réseau scolaire […]. » (Legagneur 2007, p. 2) Dans la foulée des travaux préparatoires menant au deuxième Rendez-vous, en 2012, Culture Montréal confirme d’ailleurs l’importance de l’enjeu des jeunes par le mandat qu’il donne à une équipe de chercheurs afin d’en faire l’objet d’une étude (Poirier et al. 2012). Dans tous les cas, il s’agit de trouver les moyens d’appuyer ce groupe en particulier dans son « projet de vie ». Conséquente avec la conception dominante des jeunes comme un futur potentiel (Grossberg 2005) les interventions de Culture Montréal, de la ville ainsi que des participants au Rendez-vous novembre 2007 participent à faire de ce groupe une population à risque, qu’il faut soutenir et éduquer pour lui permettre de réaliser sa quête.
Conclusion
22Derrière la transformation de la culture en projet, se dessinent deux enjeux sur lesquels il est pertinent de s’arrêter un instant. Le premier est le lien entre la « mise en projet » de la culture et la précarité vécue des travailleurs culturels. Au cours des discussions ayant lieu au Rendez-vous novembre 2007, de nombreux projets culturels singuliers sont présentés par les participants. En ayant fait une liste de ces propositions, le maire s’y réfère alors comme l’incarnation de la « vivacité » de la culture à Montréal :
« En fait, cette liste de projets notée par le maire au fil des échanges faisait une grande page, recto verso. “Tous les soirs, je vais lire cette liste, parce que je sais que vous allez m’interpeller pour réaliser ces projets”, a affirmé Gérald Tremblay, qui a décidé que ses notes allaient devenir la lecture de chevet de lui et de tout son conseil exécutif. » (Patry 2007, p. W10)
23Cette célébration de l’abondance des « projets » individuels semble s’inscrire dans l’apologie plus large du travail culturel et créatif comme témoin de la vivacité économique, de la mobilité et de la flexibilité des travailleurs (McRobbie 2003). Bien que visant notamment à appuyer les travailleurs culturels, le Plan d’action et la mise en projet de la culture semblent également valoriser le travail de type « multitâches » et la « déspécialisation » qui en découle (McRobbie 2002b). En effet, l’émotion qu’apporte la multiplicité des projets inscrits sur la « grande page recto verso » du maire témoigne de la valorisation des projets comme le contraire de la stagnation – le projet est mouvement, changement – de la valeur positive accordée au travail créatif et à l’entrepreneuriat culturel. Alors que le projet se présente sous ce jour optimiste, les questions liées à la précarité d’emploi, au risque assumé individuellement par les porteurs de ces projets et à l’autodiscipline imposée par la liberté qu’ils sous-tendent sont laissées en suspens (McRobbie 2003). Or, ce qui semble apparaitre est l’imposition, ou du moins le constat, de l’instabilité en lieu et place de trajectoires de carrières institutionnelles plus stables10.
24Le deuxième enjeu qui se dessine à l’aune de la transformation de la culture en « projet » par le travail d’animation de Culture Montréal est sa parenté avec l’homogénéisation des « projets de vie ». Ce travail sur soi qu’implique la culture vient attribuer à chaque sujet individuel, peu importe sa classe sociale ou ses conditions de vie, la responsabilité de son succès ou de son échec. Bref, cette transformation porte en son sein le danger d’une déresponsabilisation des décideurs face à la participation culturelle. En travaillant sur le « cadre de vie », en donnant à tous un écosystème permettant de réaliser le « projet de vie » qu’est la culture, Culture Montréal, le Plan d’action et les discussions ayant eu cours au Rendez-vous novembre 2007 reportent chez les citoyens la responsabilité de l’échec : manque de motivation, mauvais choix, etc. (Coquelle 1994). Jean-Pierre Boutinet souligne également cette étrange parenté du projet de vie avec le libéralisme et l’attribution concomitante de la responsabilité des difficultés, obstacles ou problèmes aux individus eux-mêmes :
« L’impératif est de mettre les individus en position volontariste d’élaborer des choix, de se reconnaitre auteurs de leur propre orientation de vie. Ce faisant, la valorisation des projets individuels participe largement à la montée des individualismes et de la culture de l’éphémère ou, mieux, en est une fidèle expression […]. » (Jean-Pierre Boutinet 2012, p. 95)
25Ainsi donc, cette transformation semble inscrire celui ou celle qui n’a pas ce projet de vie dans l’ensemble des nouveaux exclus (Panico et Poulle 2005). Ainsi, par un jeu étrange et paradoxal, le processus d’inclusion par projet génère des lignes de fractures sociales renouvelées et plus près encore des sujets individualisés. Un projet de vie qui, du moins potentiellement, isole d’autant plus ceux qui sont exclus de la culture.
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Notes de bas de page
1 Profitant du succès médiatique de ces deux chercheurs, plusieurs conseils municipaux canadiens et organismes culturels locaux ont fait appels à eux afin de promouvoir leur ville comme « créative ». Montréal est du nombre et, dès 2004, Florida et Landry y sont invités afin d’en mousser la signature culturelle. Localement, le plus grand avantage de leurs études ne réside pas tant dans leurs « résultats » au niveau de l’analyse – dans leurs conclusions – que dans leurs « effets » sur le plan du rayonnement. Soulignant le montant versé à l’équipe de Florida pour son étude, une journaliste se demandait si le coût en valait la chandelle : « En fait, le plus grand avantage que tirera Montréal de cette étude n’est pas là [dans ses conclusions]. C’est sur le plan du rayonnement international que l’exercice sera le plus utile. Comme les ouvrages de Florida sont des bestsellers, il donnera sans doute envie à une foule de ses fidèles de la ‘classe créative’ de découvrir la ville. Une carte de visite originale. Moins chère qu’une pub dans le New York Times [...] » (Elkouri, 2005, p. A8).
2 L’ensemble des débats et discussions est organisé selon cinq orientations : améliorer l'accès à la culture, investir dans les arts et la culture, enrichir la qualité culturelle du cadre de vie, favoriser le rayonnement de Montréal au Canada et à l'étranger, ainsi que fournir à Montréal les moyens d’une métropole culturelle (ville.montreal.qc.ca, consulté le 12 décembre 2012).
3 Simon Brault ajoute ailleurs : « L’appellation ‘Montréal, métropole culturelle’ est devenue une façon commode et répandue de désigner un projet collectif qui consiste à faire appel aux arts et à la culture pour repenser la façon de vivre dans la ville, de la construire et de la présenter au monde. » (Brault, 2009, p. 148)
4 Cette réflexion se retrouve d’ailleurs dans les documents produits par le Forum des milieux culturels, regroupement non officiel précédant Culture Montréal et auquel le président de l’organisme, Simon Brault, a participé activement : « Notre réflexion […] nourrit notre conviction que la dimension culturelle, dans un sens plus strict (création, production, diffusion ; expérimentale, institutionnelle, industrielle) est une valeur incontournable pour le développement d’une métropole qui se veut le reflet de l’identité du Québec […]. » (Forum des milieux culturels de la métropole, 1997, p. 1)
5 Pour plus de détails, voir le site web du Partenariat du Quartier des spectacles : www.quartierdesspectacles.com.
6 Les comités de Culture Montréal sont : Comité Ateliers, Comité Politique, Comité Culture et éducation, Comité Grands projets et aménagement du territoire (GPAT), Comité Relève et pratiques émergentes (RPÉ) et Comité Valorisation de la langue française, Quartiers culturels, Comité finances et vérification. (www.culturemontreal.ca ; Culture Montréal, 2012)
7 C’est là l’un des défis de la critique pour David Scott (2004) : prendre un pas de recul face aux questions afin de juger si celles-ci valent toujours la peine d’être posées. En d’autres termes, est-il plus stratégique de répondre au problème ou d’en critiquer l’existence même en tant que problème ?
8 Raymond Bachand est élu en 2005 à l’Assemblée nationale du Québec et nommé Ministre du développement économique, de l’innovation et de l’exportation, ainsi que responsable de la région de Montréal. De 2009 à 2012 il occupe le poste de Ministre des finances du Québec.
9 Malgré ces intentions la mise en place de programmes de médiation, il semble qu’il reste du travail à accomplir à ce propos : « Il y a beaucoup de choses qui ont été faites dans les bibliothèques municipales. […] L’autre point important, c’est la médiation culturelle : la mise en place de programmes de médiation culturelle. […] On a mis un mot [la médiation], on a mis un programme, mais il n’y a pas vraiment de sous là-dedans. » (Julie, 15 novembre 2012)
10 À ce propos, Angela McRobbie souligne que les travailleurs au sein de l’économie créative « […] have to find new ways of ‘working’ the new cultural economy, which increasingly means holding down three or even four ‘projects’ at once. » (McRobbie 2002a, p. 519)
Auteur
Professeur à l’Université du Québec à Montréal, département de communication sociale et publique
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