La participation des jeunes
p. 44-53
Texte intégral
1 Laurent LARDEUX
2Je tiens tout d’abord à remercier les organisateurs de cette journée pour leur invitation, tout particulièrement les membres du Comité d’histoire, Philippe CALLÉ, Denise BARRIOLADE et toutes les personnes qui ont participé à l’organisation de cette journée.
3Je ne devrais peut-être pas le dire, mais lorsque l’on m’a demandé de réaliser une intervention sur les formes d’engagements des jeunes des cinquante dernières années, de rendre compte des différents régimes d’engagements des jeunes des années 1960 jusqu’à aujourd’hui, de leurs évolutions, j’ai eu d’abord un peu peur : nous sommes, en effet, à l’INJEP, plus souvent sollicités sur des questions contemporaines en lien avec des questions d’actualité. C’est encore davantage le cas ces dernières semaines avec ce que l’on appelle, il faut bien lui donner un nom, la période « post-attentat », et les nombreux discours entendus sur les valeurs républicaines des jeunes, des valeurs qui seraient à ré-enchanter par le biais de l’engagement, le volontariat, le service civique.
4Alors, s’il y a des valeurs à ré-enchanter, cela laisse aussi sous-entendre qu’elles auraient été comme perdues, que tous les jeunes seraient aujourd’hui désengagés, amorphes, apathiques, en perte de valeurs citoyennes. Face à un certain nombre d’idées reçues, il m’a semblé d’autant plus important et intéressant d’adopter ce regard rétrospectif sur l’engagement des jeunes même si, je tiens à le souligner, je ne suis pas historien mais sociologue. Je vais essayer de vous montrer non pas seulement comment les jeunes s’engagent, et s’ils s’engagent ou pas, mais plutôt de saisir les évolutions, les représentations et le regard qui est porté sur eux, qu’il s’agisse d’étudiants, de lycéens, de travailleurs, d’apprentis ou de sans-emploi.
5Mais avant toute chose, je souhaiterais vous apporter quelques éléments sur le rapport aux sources avant de communiquer ces éléments de cadrage. Il importe de rappeler que l’histoire de l’engagement des jeunes ne doit pas se confondre, on a trop souvent tendance en tout cas à le penser, avec l’histoire des groupements organisés, même si, il faut bien le dire, la période allant de la fin du XIXème siècle jusqu’au dernier quart du XXème siècle a été par excellence le temps des organisations. De même, il est important de le souligner aussi, « groupement de jeunesse à caractère politique » n’est pas nécessairement synonyme de « groupement lié à un parti politique ou situé dans sa mouvance ». Quelques précautions s’imposent donc : nous sommes ici aux Archives nationales et, de fait, la question des sources et des documents auxquels le chercheur a accès pour adopter son regard rétrospectif sur l’engagement des jeunes peut poser problème. Nous disposons en effet de trois grands types de sources sur l’engagement de la jeunesse : les archives des structures étudiantes et lycéennes, les archives provenant de militants, d’acteurs ou de témoins de grands événements, et enfin, les archives non étudiantes de tous types : institutionnelles, statistiques, administratives ou encore policières, etc. Ces archives relatives à l’engagement de la jeunesse sont donc très dispersées, parfois très incomplètes et elles posent nécessairement aussi la question épistémologique du rapport aux sources, et également l’importance de maintenir une certaine distance avec ces dernières, souvent partisanes ou encore adulto-centrées qui laissent trop souvent de côté une partie de la jeunesse, notamment la jeunesse ouvrière ou populaire dans ses formes d’engagements.
6Petit retour en arrière comme je vous l’avais promis, sur les années 1960-70, après ce petit rappel sur les précautions à avoir. Deux processus sont sans doute à souligner pour saisir le contexte autour duquel ont été menées ces consultations de jeunes.
7En premier lieu, et même si cette population n’est pas majoritaire, il faut rappeler la forte hausse des effectifs étudiants depuis la fin des années 1950 jusqu’au début des années 1970. On le voit avec ces chiffres : pour la seule université, de l’ordre de 215 000 en 1960, les effectifs étudiants atteignent 637 000 en 1970. En une décennie, le nombre d’étudiants en France a presque triplé. Trois raisons principales peuvent l’expliquer : la poursuite du développement de la scolarisation d’abord, l’allongement du cursus universitaire ensuite, et enfin les premiers effets du baby-boom. Au cours des années 1960, le nombre va donc véritablement imposer sa loi. Tout change alors à ce moment-là : la carte universitaire est transformée, les pratiques pédagogiques sont également remises en question. Cette forte croissance va également accélérer la diversification sociologique du milieu étudiant avec une présence plus forte, mais minoritaire malgré tout à la fin de cette période, des étudiants issus du monde ouvrier. À ce sujet, il est aussi important de mentionner la parution en 1964 de l’ouvrage de Pierre BOURDIEU et Jean-Claude PASSERON, Les Héritiers, qui souligne qu’un fils de cadre supérieur a, pendant cette période, quatre-vingt fois plus de chances d’entrer à l’université qu’un fils de salarié agricole et quarante fois plus qu’un fils d’ouvrier. Cette démocratisation est donc très relative.
8En deuxième lieu, l’un des éléments de contexte qui caractérise cette période est l’atomisation des mouvements de jeunesse. On va véritablement voir se multiplier les crises au sein de plusieurs mouvements. En 1965 et 1966, il y a la crise concomitante de l’Union des étudiants communistes, des Équipes unionistes c’est-à-dire les jeunes protestants et de la Jeunesse étudiante chrétienne. Tout cela va avoir des répercussions sur le nombre de militants dans ces différents mouvements. Les effectifs de la JEC passent de 20 000 membres en 1965 à 10 000 seulement dix ans plus tard. Par ailleurs, la mobilisation algérienne et les positionnements politiques qu’elle implique vont également avoir des incidences sur certaines organisations de jeunes et syndicats étudiants. L’UNEF va par exemple rompre avec la culture parlementaire qui la caractérisait jusqu’alors pour s’engager sur le terrain politique et soutenir l’indépendance de l’Algérie. Cet engagement va entraîner une scission en 1961 du principal syndicat étudiant avec la naissance de la Fédération nationale des étudiants de France, la FNEF, soutenue par le Gouvernement au contraire de l’UNEF. La FNEF va donc réunir tous ceux qui refusaient de voir la question coloniale être au cœur de l’action de la principale organisation étudiante. On verra alors l’UNEF affaiblie, concurrencée, entrer en crise, ce qui va se traduire par la baisse du nombre d’adhérents, de 100 000 en 1962 à 40 000 en 1968.
9Cette période qui précède les évènements de mai 68 peut donc être vue au croisement de ces deux facteurs : transformation de la démographie étudiante et éclatement ou atomisation des mouvements de jeunesse qui paradoxalement va peut-être aussi libérer la parole de certains éléments les plus contestataires. Il y a, bien sûr, d’autres facteurs qui entrent en ligne de compte. On peut par exemple rappeler le contexte international : on observe aux États-Unis, au Mexique, en Amérique latine, en Europe, dans plusieurs pays, notamment en Allemagne, Belgique, Suisse, une jeunesse se soulever, se mettre en grève, manifester dans les rues des grandes villes. La simultanéité de ces mouvements apparaît d’abord, bien sûr, comme une remise en cause généralisée de l’ordre mondial issu de la guerre, mais aussi comme un des effets de la mobilisation contre la guerre du Vietnam. La multiplication des marches pacifiques que l’on verra pendant cette période va permettre à de nombreux jeunes de se rencontrer autour d’une cause et au-delà des groupements organisés traditionnels de jeunes.
10Il faut également insister sur la lecture sociologique de l’événement telle qu’a pu la formuler Louis GRUEL46, c’est-à-dire une révolte qui peut être interprétée comme la crise de transmission d’un univers culturel commun, ce qui signifie que les modèles culturels d’une génération sont remis en question par celle qui lui succède. La période des années 1960 va combiner plusieurs processus de fragilisation de ces modèles qui sont, en effet, devenus très fragiles dans un contexte marqué par le bouleversement des modes de vie, une dévaluation également des traditions, une mise en concurrence internationale des normes qui vont réguler les mœurs, une crise de légitimité des injonctions institutionnelles. On voit donc là une jeunesse qui souhaite faire sauter les verrous d’une société qu’elle juge profondément inadaptée à l’évolution économique, à l’évolution sociale et politique des années 1960.
11 Je ne développerai pas plus car il existe une littérature sur les évènements de mai 1968 tout à fait abondante ; j’insisterai plutôt sur la période suivante, les années 1970, où l’on va connaître une période marquée par une très forte montée du chômage, plus particulièrement pour la catégorie des 15-24 ans. A cela s’ajoute la persistance des inégalités d’accès aux études supérieures. L’université des années 1970 donne une image renversée de la société, c’est-à-dire qu’aux 40 % d’ouvriers dans la population active ne correspond finalement qu’une proportion beaucoup plus faible de filles et fils d’ouvriers dans la population étudiante, seulement 6 à 10 %.
12Au niveau des mouvements de jeunesse, on va constater que, là aussi, on est toujours dans ce processus d’atomisation des organisations de jeunesse. S’agissant de l’engagement étudiant, en 1971 l’UNEF est scindée en deux groupes : d’un côté l’UNEF-Unité syndicale dont l’orientation se caractérise par une plus grande distance avec l’organisation politique, et de l’autre côté, la cohésion, la centralisation, l’appareil politique avec l’UNEF-Renouveau. On observe par ailleurs dans les années 1970 un déclin de la participation des jeunes aux instances syndicales, aux instances politiques, un effritement idéologique également, même si, plutôt qu’un apolitisme comme on l’entend parfois, il serait plus juste de parler d’un rejet de la politique au sens classique et restreint du terme. Il existe en ce sens une plus forte opposition au système d’appareil. Ce que l’on observe, c’est donc bien plus un engagement pragmatique qui va de pair avec un important pouvoir revendicatif. Si cette jeunesse ne porte pas le drapeau de la révolte comme celle des années 1960, on observe qu’elle sait encore se faire entendre sur le terrain des luttes sociales. Même si ces mobilisations sont ponctuelles, elles peuvent malgré tout être encore très fortes comme l’illustrent notamment les manifestations écologistes, pacifistes ou antiracistes que l’on observe dans les années 1970 et jusqu’au début des années 1980, de la Marche des Beurs par exemple, en 1983, jusqu’à l’opération de « Touche pas à mon pote » en passant par la lutte contre l’apartheid.
13 On observe donc des mobilisations, des luttes sociales, des regroupements orchestrés par une jeunesse qui à la fin des années 1970 et au début des années 1980 n’est ni dépolitisée, ni démobilisée mais plus réaliste et sans doute également plus concentrée sur des problèmes nouveaux sur lesquels elle pense pouvoir agir. Ce lien avec la crise économique apparaît donc fondamental dans l’appréhension de ces formes d’engagement, lesquelles se raccrochent de plus en plus avec le quotidien fragile et instable rencontré par cette jeunesse. En cela, le terme de « bof génération » parfois utilisé pour caractériser cette jeunesse est impropre à plus d’un titre. Cette expression illustre bien plus -et c’est là où elle peut rejoindre aussi les représentations portées sur la jeunesse actuelle- la permanence d’un jugement d’une ancienne génération sur une autre ainsi qu’un regard nostalgique des évènements de mai 1968 pour nombre de chercheurs ou d’analystes qui ont participé à ces évènements.
14Nous abordons maintenant une période plus contemporaine avec les années 1985-2000. Jacques ION a appelé47 alors l’engagement de la jeunesse « post-it », avec une jeunesse que l’on considère toujours dépolitisée malgré les mobilisations et luttes sociales des jeunes auxquelles ils participent (contre la loi DEVAQUET par exemple) et qui traduisent, là encore, des craintes face à leur avenir. Si bien que l’on évoque de plus en plus les valeurs plus individuelles pour caractériser ces engagements, des valeurs plus privées pour des enjeux plus personnels qu’idéologiques : ce sont là des éléments qui caractérisent aussi ces formes d’engagement plus contemporaines.
15À ce sujet, il est assez intéressant de noter que l’INJEP participe à l’enquête européenne sur les valeurs (EVS), une enquête statistique qui a débuté justement dans les années 1981, ce qui est assez représentatif d’une période où l’on s’intéresse beaucoup plus à la réflexivité du sujet, au retour de l’acteur pour reprendre Alain TOURAINE, à ses choix, ses systèmes de pensées et ses orientations individuelles, personnelles. Pour revenir sur cette enquête, il faut rappeler qu’elle est réalisée tous les neuf ans depuis 1981 dans une trentaine de pays européens. Tous les neuf ans, la même batterie de questions est posée, ce qui permet de voir les évolutions, les changements importants dans la façon de se représenter le monde, ou dans le rapport de l’individu à la société. Dans cette enquête les chercheurs se sont notamment intéressés à l’évolution du rapport des jeunes à la politique. Ces questions, il faut le préciser, n’ont été posées qu’à partir de 1990.
16On observe ainsi qu’entre 1990 et 1999 l’importance et l’intérêt accordés à la politique n’évoluent pas, ils restent faibles chez les 18- 29 ans (28 % se déclarant très ou assez intéressés en 1999), et inférieurs aux autres catégories d’âge. On observe en revanche en 2008 une forte augmentation de l’intérêt pour la politique avec un pourcentage des jeunes qui progresse fortement (41 % des 18-29 ans se déclarant très ou assez intéressés). On constate également que les jeunes de 18-29 ans qui considèrent la politique comme très importante dans la vie et ceux qui se déclarent très intéressés par la politique, a doublé entre les deux dernières enquêtes (6 % en 1999 et 12 % en 2008), ce qui est assez significatif.
17Au niveau maintenant de l’engagement, on parle souvent d’engagement hors partis, hors des cadres institutionnels, notamment dans des actions alternatives : là aussi il y a des éléments intéressants dans l’enquête sur les valeurs. On constate notamment que près d’un jeune sur trois a déjà signé une pétition, près d’un jeune sur deux a également participé à une manifestation, avec des chiffres supérieurs à ceux de la catégorie des trente ans et plus, ce qui témoigne d’un attachement à la manifestation qui s’affirme d’autant plus lorsque l’on est jeune.
18De quelles évolutions de l’engagement ces chiffres témoignent-ils ? Auparavant, encore une fois, l’engagement était davantage idéologique, il s’agissait plus d’un engagement en faveur de grandes causes, d’un engagement militant, d’un engagement beaucoup plus basé sur le long terme. Aujourd’hui on voit que la liberté d’action est beaucoup plus forte, les jeunes n’aiment pas se sentir enfermés dans des structures, ils craignent ce que l’on appelle la récupération politique. On le voit aujourd’hui notamment à travers l’occupation de terrain dans le cadre des ZAD, les Zones à défendre ; il s’agit là aussi d’un engagement très pragmatique, hors des grandes structures partisanes, où l’investissement personnel peut être extrêmement fort. Ce type d’action est tout à fait représentatif du sens que les jeunes peuvent aujourd’hui mettre dans leur engagement. Aux modes de participations politiques, institutionnelles, ils tendent à accorder davantage d’importance aux formes d’actions plus concrètes, plus immédiates, en faveur de causes clairement identifiables.
19Sur la question de la participation associative, on constate que l’adhésion associative reste stable depuis 1990 : 37 % des jeunes sont membres d’au moins une association en 2008, proportion qui reste proche de la moyenne des Français. On voit aussi que ce chiffre est malgré tout légèrement inférieur à celui d’autres pays d’Europe de l’Ouest, c’est important aussi de le souligner : les taux record d’appartenance étant détenus notamment par les pays du Nord de l’Europe et les Pays-Bas, respectivement 77 % et 91 %. Lorsque l’on considère le travail bénévole au sein d’une association, seuls 19 % des jeunes restent concernés : il y a donc une différence entre l’adhésion à une association et le bénévolat, la participation active dans cette association.
20Autre élément important maintenant, quant aux clivages de la jeunesse, ou plutôt des jeunesses : est-ce que tous les jeunes s’engagent de la même manière ? Tous ont-ils la même possibilité de participer, de s’engager ? Quelle différence peut-on également observer en termes d’accessibilité ? À ce sujet on peut identifier des éléments intéressants. On constate notamment que la participation associative est fortement corrélée au niveau d’études, l’investissement dans une association augmente en même temps que s’élève le niveau d’études. Plusieurs chiffres à ce sujet :
- S’agissant de l’appartenance associative d’abord, l’enquête européenne sur les valeurs nous informe qu’en France plus d’un jeune sur deux ayant terminé ses études, au plus tôt à 20 ans, participe au moins à une association (51 % exactement) pour seulement un quart des jeunes achevant leurs études au plus tard à 15 ans. Il s’avère donc qu’il existe des écarts significatifs entre la jeunesse scolarisée et celle qui a quitté l’école beaucoup plus tôt.
- Il en est de même au niveau des actions de protestation. Ces actions de protestation ne sont pas le fait des jeunes les plus en difficulté mais sont davantage pratiquées par les jeunes diplômés ou appartenant aux groupes sociaux favorisés. Quelques chiffres là aussi : 57 % des jeunes diplômés du supérieur ont déjà pris part à une manifestation, contre seulement 30 % des jeunes sans diplôme.
- Même constat au niveau de la participation électorale. Là aussi, dans le cadre politique plus formel, on voit des différences assez fortes entre les jeunes les plus désavantagés d’un point de vue socio-économique qui s’abstiennent là encore davantage que les autres. On le voit notamment en 2012, aux élections présidentielles, avec 83 % des diplômés du supérieur qui ont voté aux deux tours de la présidentielle contre seulement 67 % des non diplômés, soit dix points de moins que la moyenne des Français (77 % de votants). Les non diplômés sont aussi ceux qui sont moins souvent inscrits sur les listes électorales que les diplômés du supérieur, respectivement 85 % et 96 %.
21Il apparaît donc que les fractures sociales, et tout particulièrement celles qui sont induites par le diplôme, provoquent également des fractures politiques. Le diplôme est un facteur discriminant : la jeunesse scolarisée étudiante n’a pas les mêmes réponses politiques que la jeunesse peu diplômée et déjà sur le marché du travail. La première, la jeunesse scolarisée, participe davantage aux élections mais aussi aux protestations dans la rue, la seconde se trouve là plus en retrait de toute forme de participation, vote moins et, lorsqu’elle vote, elle tend davantage que les autres à porter son choix vers des candidats hors système ou d’extrême droite.
Conclusion
22On observe que les différentes évolutions de l’engagement des jeunes dans des cadres élargis de participation, d’engagement, qu’ils soient de type associatifs, alternatifs, institutionnels aussi bien qu’informels, témoignent de cette volonté polymorphe des jeunes de participer de manière plus directe et sans doute également moins contraignante aux affaires de la cité. Plutôt qu’un comportement là aussi d’inertie, d’apathie dans un système de démocratie représentative marquée par des différences accrues entre citoyens et élites politiques, et au-delà également des interprétations régulièrement entendues en terme de crise (crise de régime, crise de partis, des partis traditionnels, crise de la représentation politique), l’enjeu scientifique tout autant que politique est aujourd’hui de mieux comprendre comment les jeunes dans une société démocratique vieillissante, persistent néanmoins à participer à la vie de la cité en dépit d’une désillusion forte à l’égard du système politique traditionnel. Comment aussi vivre sa vie -pour reprendre une formule du sociologue Ulrich BECK- équivaut pour ces jeunes à résoudre sur le plan biographique les contradictions du système. Des contradictions fortes entre d’une part, l’injonction à la responsabilisation (« il faut s’engager dans les affaires de la cité ») et d’autre part, face à cette injonction, une subordination à l’offre politique proposée. L’enjeu est donc justement de saisir ces écarts, ces contradictions qui peuvent exister entre ces deux niveaux et de voir comment les jeunes, à travers leur engagement définissent différemment leur place dans la société.
Notes de bas de page
Auteur
Chargé de recherche à l’INJEP (Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire)
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Villes et quartiers durables : la place des habitants
La participation habitante dans la mise en durabilité urbaine : discours, effets, expérimentations et mises à l'épreuve
Pascal Tozzi (dir.)
2016
Animation et intervention sociale : parcours, formations, enjeux
Actes du colloque RIA 2013
Jean-Luc Richelle (dir.)
2014
Animation, vie associative, des acteurs s'engagent
Ouvertures internationales
Luc Greffier (dir.)
2014
L'animation socioculturelle professionnelle, quels rapports au politique ?
Jean-Luc Richelle, Stéphanie Rubi et Jean-Marc Ziegelmeyer (dir.)
2013
Autour de l'animation sociale et socioculturelle en France et en Espagne / Alrededor de la animación social y socio-cultural en Francia y España
Programme de coopération transfrontalière Aquitaine - Aragon / Programa de cooperación transfronteriza Aquitania - Aragón
Luc Greffier (dir.)
2013
L’animation socioculturelle : quels rapports à la médiation ?
Luc Greffier, Sarah Montero et Pascal Tozzi (dir.)
2018
Les consultations de la jeunesse des années 1960 à nos jours, un outil pour l’action publique ?
Denise Barriolade, Laurent Besse, Philippe Callé et al. (dir.)
2020
Art, Recherche et Animation
Dans l’animation et la recherche : expérimentations artistiques. Quelles interactions pour quelles transformations ?
Cécile Croce et Chantal Crenn (dir.)
2021