6 Musicologue français d’origine israélienne spécialiste des musiques de Centrafrique, auteur entre autres de Contes et chantefables ngbaka-ma’bo (République centrafricaine), Paris, Selaf, 1970, de Polyphonies et Polyrythmies instrumentales d’Afrique Centrale, 2 vol., Paris, Selaf, 1985, et de l’enregistrement discographique Musiques Banda (1971).
7 Les mots en italique suivis d’un astérisque figurent en français dans le texte original.
8 Massimo Mila (1910-1988), musicologue italien qui enseigna au Conservatoire puis à l’Université de Turin. Auteur entre autres d’un Maderna musicista europeo (1976) et d’une Lecture de la Neuvième symphonie de Beethoven (1977), ouvrages sur lesquels Berio reviendra plus loin.
9 Citation du Convivium, XIII, 23, qui apparaît également dans Laborintus II de Berio.
10 Les appels de notes entre crochets renvoient aux pages 104-109, où le lecteur trouvera les passages supprimés par Luciano Berio.
11 Edoardo Sanguineti (1930-2010), poète italien qui fut parmi les fondateurs du mouvement poétique Gruppo 63. Comme librettiste, il a collaboré avec Berio à plusieurs œuvres : Laborintus II, A-Ronne, Canticum Novissimi Testamenti notamment.
12 Theodor W. Adorno, Sociologie de la musique (1962), chapitre I (traduction française : Genève, Contrechamps, 1994).
13 Référence à l’article de Eisler « Sur la bêtise en musique », dans : Musique et Société, Paris, Maison des sciences de l’homme, 1998, p. 197-215.
14 Allusion, peut-être, au célèbre ouvrage de Georges Duhamel, La Musique consolatrice (1944).
15 Repris dans L’obvie et l’obtus, Essais critiques III, Paris, Le Seuil, 1977. Luciano Berio et Italo Calvino (qui lui avait indiqué ce texte) s’en sont inspirés dans Un re in ascolto.
16 Voir Paul Klee, Cours du Bauhaus, Paris, Hazan, 2004.
17 Référence à Rimbaud : « Il faut absolument être moderne », dans Une saison en enfer (1873).
a « Tout comme mon aversion pour une autre expression très fréquente : “opérateur culturel”. Un terme sociologiquement, anthropologiquement et culturellement aberrant ».
b La version italienne précisait : « celui de la Scala ou du Theatro Communale de Florence » et « celui de la Philharmonie de New York ou de Santa Cecilia à Rome ».
c « Et puis il y Gino Stefani qui essaie de comprendre ce qui se passe quand le cloaque de l’industrie musicale s’empare brutalement de la Symphonie en sol mineur de Mozart ».
d « – On pourrait dire alors que ta définition de la musique, comme une chose qui crée une harmonie entre des comportements pratiques et des processus intellectuels, laisse la place à n’importe quelle approche musicale, du moment qu’elle consent à viser cet effet ?
Je dirais que oui. L’important, me semble-t-il, est de ne pas se servir d’un critère moral pour juger celui qui écoute la musique de telle ou telle manière. C’est uniquement quand on se saisit d’un critère politique, pour essayer de regarder également l’expérience musicale comme expression et émanation des rapports de classes, que l’on est obligé d’appliquer des jugements moraux, et ceux-ci s’élèveront nécessairement contre une société qui favorise l’écoute des mélodies, et un point c’est tout. C’est pour cela aussi qu’à un certain moment de notre histoire les mélodies ont explosé et se sont brisées ».
e « … d’un train qui s’arrête dans à une gare déserte en Lucanie ou d’un avion d’Itavia qui le transporte à Palerme ».
f Ajout de Berio à la traduction française : « … comme le théâtre selon Ernst Bloch ».
g « (la musique est faite aussi d’images et d’associations) ».
h « Si je vote communiste, c’est pour défendre la priorité de ce travail sur les autres, qui devrait en constituer uniquement le complément et l’aide théorique. Comme disait Lénine, la vérité est toujours concrète ».
i « Il me semble évident que la musique joue un rôle fondamental dans cette évolution, et je pense que le travail proprement musical doit consister également à faciliter une nouvelle approche de la musique chez tes « hommes de la rue non spécialistes ».
j « (et, pour autant que je puisse en juger, de toute autre culture) ».
k « – à moins que tu ne fasses référence à la place qu’elle occupe à l’école en Italie. C’est là une question dramatique, qui ne concerne pas tant la musique en particulier, mais l’école italienne en général. Quand on regarde la qualité de la médecine en Italie, on pourrait tout aussi bien dire que celle-ci est la Cendrillon parmi les sciences ».
l « C’est peut-être l’âge, mais à l’opposé de tant de personnes qui voudraient le placer, déjà embaumé, dans une salle d’honneur du musée de la critique italienne, je me sens de plus en plus proche de lui » […]. Je ne suis pas d’accord avec sa tendance à figer des situations musicales sous des étiquettes suggestives mais qui ne correspondent pas à la réalité (“la génération de l’Ottanta ”, “le néomadrigalisme italien” etc.) ; je ne comprends pas comment il peut récuser un ouvrage aussi important que Le Style classique de Rosen (mais l’a-t-il vraiment lu ?) ».
m « … mais même si je ne suis pas d’accord avec lui sur tel ou tel point, cela n’a pas la moindre influence sur l’intérêt que je lui porte. Son histoire et la dimension intellectuelle de ce qu’il a écrit le placent bien au-dessus de ces vicissitudes. Massimo Mila, réfractaire aux mondanités musicales, aime profondément la musique, et cet amour, il l’exprime sans snobisme, mais à l’aide d’un vaste et généreux arsenal culturel qui lui permet, entre autres, de ne pas avoir de grands problèmes, des éclats ou des réactions viscérales avec la musique ou les musiciens de son temps ».
n « Je regarde peu la télévision, en partie parce que je suis souvent en voyage, en partie parce que cela me semble une perte de temps et un peu aussi parce que, ces dernières années, il me semble que la qualité des programmes et de l’information est descendue à un niveau professionnellement très bas. Je me souviens qu’il y a deux ans, après l’enlèvement d’un jeune garçon, un reporter de RAI-Tv a rapproché son microphone de la bouche de la mère de ce garçon pour lui demander : “Voulez-vous dire à nos spectateurs ce que vous avez éprouvé quand on vous appris que votre fils a été enlevé ?”. Et puis il y a tous ces génériques, ces rituels préparatoires qui introduisent au néant, avec des effets visuels dont le but semble être de faire passer le temps, d’anesthésier celui qui écoute et regarde ; et à la fin de toutes les émissions, quelles qu’elles soient, il y a cette interminable liste de noms qui ne signifient rien. C’est comme si sur le programme d’un récital de piano on imprimait aussi le nom de l’accordeur, le nom de la compagnie aérienne avec laquelle a voyagé le pianiste, le nom de son agent, celui de sa femme qui l’a accompagné à l’aéroport et le nom de sa tante qui l’a accueilli à son arrivée, le nom des éditeurs, le nom de celui qui lui apporte l’eau minérale avant qu’il n’entre en scène, et ainsi de suite. Et puis il y a les intermèdes avec les cartes postales, les cygnes et la harpe, qu’une télévision organisée de façon moderne et selon des critères industriels ne devrait pas se permettre. Et puis toujours tout ce monde qui parle et qui, dans les moments graves, se relaie pour dire la même chose. La télévision doit être rapide. J’ai donc l’impression que la télévision italienne est devenue un instrument pompeux, vieilli et, très souvent, techniquement une catastrophe. Ma dernière expérience en date remonte à quelques jours : on a retransmis un concert de la Sagra Umbra avec mon Laborintus II, un travail fondé pour l’essentiel sur la continuité entre le discours instrumental et vocal. Eh bien !, les instruments n’avaient pas été enregistrés : on entendait les voix, on voyait les instrumentistes jouer, et on voyait le chef, Marcello Panni, qui donnait des entrées à un orchestre inaudible. À certains moments, on aurait dit un sketch des Marx Brothers ».
o « Et c’est là le centre de la question, le problème politique, qui englobe celui de l’éducation, une éducation qui devrait être démocratique et réussir à devenir également un instrument de défense pour ceux qui veulent apprendre à choisir et à se protéger des inévitables aspects négatifs de la culture de masse ».
p « De temps à autre, en voiture, j’écoute la radio et je finis immanquablement par ne pas en croire mes oreilles : la bêtise et la brutalité du disc-jockey de service et de la plupart des chanteurs ne cessent de me stupéfier. Dans ce contexte, n’importe quelle chanson américaine, des vieux Simon and Garfunkel ou Billy Joel – normalement bien chantée, bien jouée et avec des paroles réunies uniquement pour rimer – ou encore un concert d’extraits d’opéras sponsorisé par Martini & Rossi et dirigé par Armando La Rosa Parodi deviennent d’ineffables oasis de culture. Je pense que la radio et la télévision devraient avant tout – et pas seulement dans le domaine de la musique – être des oreilles et des yeux qui enregistrent la réalité, qui m’informent sur des événements lointains auxquels je ne peux assister. Je pense que les réseaux de radiotélévision devraient faire un effort maximal dans cette direction et intensifier l’échange de programmes avec le reste de l’Europe, pour rivaliser également avec ces critères de production et défaire cette chaîne d’intérêts promotionnels et de concussions qui sont en grande partie responsables de cette programmation commerciale et populaire à la radio et à la télévision en Italie. Et pour perturber aussi, bien sûr, la gestion politico-mafieuse de l’information qui situe l’ensemble des divers journaux radio ou télévisés parmi les pires en Europe ».
q « (entre intellectuels et classe ouvrière, pourrait-on dire en simplifiant) ».
r « Il me semble juste pour cela de penser que l’acquisition d’un disque peut être un signal très complexe mais aussi très partiel d’une orientation culturelle ».
s La première partie de la réponse, de « C’est là… » à « … seulement », a été ajoutée dans la version anglaise.
t « Italiens » ajouté dans la version anglaise.