Numéro un
p. 462-464
Texte intégral
1Laboratorio musica ne veut pas être la revue d’une rédaction opérationnelle, même si celle-ci est éclairée, mais veut devenir un instrument ouvert pour la connaissance, pour les connexions nécessaires, pour le développement qualitatif dans la confrontation, et pour de nouvelles propositions, vérifications et acquisitions méthodologiques de la multiplicité musicale.
2Dans différentes régions du pays, cette multiplicité (de masses ni homogènes, ni généralisées, mais articulées) caractérise depuis longtemps un vaste mouvement concret pour la prise en charge, pour des initiatives et pour la gestion de la musique à différents niveaux, en des moments spécifiques, et pour de nouvelles exigences, au sein des besoins créatifs, imaginatifs, linguistiques et sociaux, si nombreux et si divers, et où il ne peut y avoir d’unité totalisante.
3Un mouvement qui, ne s’enfermant pas dans l’opposition qu’il connaît parfois, se mesure et traverse aussi les institutions, contribuant à les transformer, et pas seulement à les utiliser.
4Certes, une attitude subalterne et schématique persiste, qui tend à limiter la discussion, la création et la diffusion de la musique, et qui alimente des catégories schématiques de discrimination et d’opposition, jusqu’à l’alternative : « Je n’ai pas et tu n’as pas d’éducation musicale », donc : « Je ne peux pas et tu ne peux pas » (musique dogmatiquement comprise comme produit de classe, donc acceptation ou refus dogmatique ou fidéiste) ; certes, l’éducation institutionnelle de la musique, affligeante, tend en grande partie à l’autodéfense académique de la tradition, même secouée par des mutations ; mais alors que les gouvernements DC sont coupables de ne pas vouloir faire discuter des propositions de lois réformatrices pour ce secteur – lois qui sont prêtes depuis des années et qu’il faudrait remettre à jour –, dans les écoles maternelles, élémentaires, dans les nouvelles structures démocratiques (quartiers, bibliothèques et centres civiques), et jusque dans les écoles populaires (dans leur complexité et leur problématique réelle) pour l’intelligence des individus et des groupes isolés ou soutenus par les administrations publiques, volontaires ou non, on pratique depuis longtemps un commencement d’enseignement, une approche de la musique totalement différente de l’approche traditionnelle, et qui contient des exigences et des pratiques d’une nouvelle formation culturelle, dans la continuité spécifique et qualitative de développement du potentiel réel constitué par l’enfant.
5Toutes sortes de limites et d’obstacles tendent souvent à isoler ces initiatives, voisines de cent kilomètres, pour ne pas parler de la nécessaire information sur ce qui se passe dans d’autres pays, comme en Hongrie et en Angleterre, non pour copier, mais pour vérifier et pour élargir.
6C’est une ouverture à combler pour Laboratorio musica, de l’organisation de séminaires, d’échanges des connaissances, de la vérification et du développement, à des congrès provinciaux, régionaux et nationaux, en collaboration avec les institutions musicales et les organismes locaux, et à la contribution et à la création de centres promotionnels, locaux et spécifiques.
7Dans cette pratique, comme dans les nombreuses initiatives pour la diffusion de la musique et de la création, les barrières, artificielles ou non, entre les différents langages et les différents moments musicaux sont dépassées : jazz, rock, folk, tendances créatrices et techniques, jusqu’à l’électronique et à l’ordinateur, ainsi mis en relation, exigent un approfondissement continuel de la connaissance et de l’étude moderne (physique acoustique et méthodes analytiques nouvelles), un approfondissement appliqué sur tout ce que la tradition nous a légué et sur la manière dont nous découvrons à travers cette tradition le présent, en élargissant le terrain d’étude au-delà des frontières de notre pays et de l’Europe, et en dépassant l’eurocentrisme.
8Dans le Sud surtout, les différentes influences constitutives du folklore l’exigent. Et les différentes impulsions qui nous parviennent en ce sens de différentes régions de notre pays indiquent un autre espace ouvert pour Laboratorio musica, et que la revue se doit d’ouvrir.
9Il est sûr que ce mouvement important et que ce processus complexe sont une autre manifestation du développement démocratique – conséquence, en Italie surtout, des luttes des travailleurs, sur le plan économique, social et culturel.
10De nombreuses initiatives pour une nouvelle pratique culturelle et musicale se développent depuis des décennies en Italie. Des initiatives venues d’organisations de la classe ouvrière, de différentes institutions locales, des chansonniers populaires, des Dischi del sole jusqu’à Musica/Realtà de Reggio Emilia, à Musica/Incontro d’Avellino et à Musica del nostro tempo de la province lombarde. Et de nombreuses autres initiatives, d’une autre importance et d’un autre retentissement, n’ont pas encore été remarquées, reconnues ou soutenues.
11Laboratorio musica se situe au croisement de cette multiplicité musicale, et de la vaste spécificité concrète pour élargir la connaissance de ce qui existe et donc contribuer à la transformation de la condition musicale qualitative de masse.
12Date : 1979.
13Source : « Numero uno », in Laboratorio musica, 1979, n° 1, p. 2.
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