Déclaration de Luigi Nono sur L’événement Biermann1
p. 418-419
Texte intégral
1Si Biermann2, qui veut vivre dans un pays socialiste, a des critiques à faire, qu’il les fasse dans son pays, d’autant plus que la RDA est un État socialiste fort et sûr, et un auteur-compositeur-interprète ne peut en aucun cas le mettre en danger. Le critère de la discussion et de la confrontation, pour atteindre la participation constructive de ceux qui sont convaincus de socialisme, me semble une condition et un principe fondamental, d’autant plus que Biermann avait été officiellement envoyé en Allemagne fédérale, alors que l’on savait bien les chansons qu’il y chanterait. L’interdiction, a posteriori, de son retour en RDA me semble un fait incompréhensible, et j’espère que les camarades allemands réfléchissent et développent, y compris dans ce cas, la pratique démocratique caractéristique des communistes. Je suis donc solidaire avec la lettre que les démocrates de RDA ont signée pour la défense de Biermann.
2Date : 1976.
3Source : « Dichiarazione sulla vicenda di Biermann », in L’unità, 21 novembre 1976.
Notes de bas de page
1 [Le texte de Nono est précédé d’une introduction de la rédaction : « À la suite du cas Biermann, le camarade Luigi Nono a envoyé un télégramme à l’écrivain Heiner Müller, un des trente-trois intellectuels de RDA qui ont signé la lettre pour la défense de Biermann, en se déclarant solidaire de leur prise de position, et un autre télégramme analogue au ministre de la Culture de la RDA, Hoffmann ».]
2 [Wolf Biermann, poète et chansonnier. Fils d’un docker communiste mort à Auschwitz, il choisit de vivre en RDA en 1953, mais la littérature de ce « traître de classe » est jugée « obscène » dès 1965. En 1976, il obtient un permis de sortie, sciemment accordé, pour une tournée en RFA, à l’invitation d’IG Metall et de l’Université de Bochum. Le 13 novembre, Biermann donne un concert devant 7000 spectateurs à Cologne. Trois jours plus tard, il est déchu de la nationalité est-allemande, au motif que ce concert était dirigé contre la RDA et contre le socialisme. Biermann polémiquera violemment avec Nono à l’occasion d’un récital donné au Malibran : « Mon ami Nono m’avait déconseillé de venir ici à Venise. Il disait que j’aurais pu être instrumentalisé. Je réponds à Nono : “Tu t’es trompé, cher ami. Le fait même que je sois ici démontre que je ne suis pas instrumentalisé ; la Biennale ne m’a pas instrumentalisé. Je suis un homme libre et j’ai souffert pour devenir et rester libre.” ».]
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