Cinq questions à de jeunes auteurs
p. 204-206
Texte intégral
11. Où situeriez-vous vos œuvres dans l’histoire de la musique contemporaine, notamment par rapport à la veine du mélodrame traditionnel et aux tendances expérimentales les plus récentes ? Dans tous les cas, recherchez-vous un style unitaire ou préférez-vous une orientation éclectique ouverte à différentes sources d’inspiration ?
22. Vos œuvres sont-elles généralement composées à la demande d’un théâtre (ou d’une institution) ou les projets de réalisation pratique viennent-ils après la composition ?
33. Composer un opéra est-il conditionné par des problèmes de traduction pratique, comme les possibilités scénographiques et la vocalité des chanteurs d’aujourd’hui ?
44. Dans la préparation des textes de vos œuvres, avez-vous collaboré avec des écrivains, des poètes et des représentants du monde de la culture, et dans quelle mesure ? Préférez-vous écrire vous-même vos livrets, vous adresser à d’autres, utiliser des sources originales, emprunter à des sujets existants ou recourir à des adaptations de romans ?
55. Seriez-vous intéressé à l’idée d’écrire pour la télévision et croyez-vous aux possibilités lyriques dans ce domaine ?
61. Intolleranza 1960 est ma première œuvre pour le théâtre musical et constitue, en tant que telle, un commencement à mûrir et à développer.
7Je crois donc plus juste d’insister non sur sa situation, mais sur ses perspectives. Et cela en fonction de la conception d’un théâtre musical composé dans la dynamique et dans l’interaction des différents éléments visuels, acoustiques et spatiaux, loin du simple rapport chant, feuilleton télévisé et bandeson, comme dans le mélodrame traditionnel – même si ce rapport peut construire un moment dans la pluralité des éléments compositionnels et théâtraux.
82. La demande d’un festival (la Biennale) a constitué la « provocation » ultime pour Intolleranza 1960, qui mûrissait cependant depuis un certain temps.
93. Malgré les limites spatiales et techniques des théâtres, l’innovation scénographique et scénique est toujours possible, à condition de témoigner de son temps, y compris par l’apport de nouveaux moyens techniques. (Rapport entre conception et invention pratique.) Une autre structure spatiale du théâtre, pour un autre rapport entre public et scène, est nécessaire : architectes, scénographes, metteurs en scène et musiciens l’étudient, l’envisagent ou le réalisent.
10La voix humaine est pour moi l’instrument le plus riche et le plus disponible qui soit.
11On l’oublie dans l’extase univoque du bel canto.
12Notre vie actuelle et notre imagination réclament étude, connaissance et invention pour ce splendide instrument bien plus vaste et autrement signifiant que celui du bel canto : un adieu au temps jadis, pour une nouvelle connaissance humaine et expressive.
134. Après différentes tentatives de collaboration sur l’écriture d’un texte (différents projets non menés à terme), je pense que la méthode avec laquelle Giuliano Scabia1 et moi-même travaillons actuellement à Un diario italiano est idéale et nécessaire aujourd’hui : la rédaction du texte ne précède pas a priori celle de la musique, mais la rédaction définitive du texte et la composition musicale s’interpénètrent et se fixent simultanément.
14Le stade final de la partition, pour le texte comme pour la musique.
15(Cela s’élargit à la scène, élément compositionnel autonome et non simple traduction visuelle a posteriori du texte musical. La composition se développe parallèlement et intègre musique, texte littéraire et scène : poète, musicien et scénographe-metteur en scène collaborent dès le début.) Le thème des contenus naît de la provocation humaine actuelle.
165. Bien sûr, mais avec un type de spectacle inventé fonctionnellement selon les possibilités techniques de la télévision, et non comme transposition vidéo de l’opéra ou du théâtre.
17À ce sujet, la télévision tchécoslovaque m’a invité à réaliser à Prague, en 1965, une nouvelle œuvre, d’une durée comprise entre trente et soixante minutes, avec une totale liberté de choix et de décision.
18Date : 1964.
19Sources : « Cinque domande ai giovani autori », tapuscrit (ALN) ; Sipario, 1964, n° XIX/224, p. 50 ; SeC, p. 174-175 – le questionnaire fut envoyé par Franco Quadri le 28 octobre 1964.
Notes de bas de page
1 [Écrivain, poète, metteur en scène et récitant de ses textes, Giuliano Scabia est né à Padoue en 1935. Il a réalisé nombre d’expériences théâtrales, enseigné la dramaturgie au DAMS de Bologne et collaboré avec Luigi Nono, pour qui il a réuni les textes de Da un diario italiano et de La fabbrica illuminata. Suite à une expérience dans un établissement psychiatrique de Trieste, il publie Marco Cavallo (Turin, Einaudi, 1976).]
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