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[Sur les Incontri musicali]

p. 46-48


Texte intégral

1Les Incontri musicali, concerts internationaux de musique contemporaine, créés en Italie à l’initiative de trois jeunes musiciens, Bruno Maderna, Luciano Berio (de Milan) et Luigi Nono (de Venise), participent de ces manifestations musicales qui se tiennent régulièrement à l’étranger et qui sont désormais entrées dans l’histoire de la musique contemporaine.

2En Allemagne, à Darmstadt, depuis 1946, les Cours d’été internationaux pour la Nouvelle Musique constituent chaque année un lieu de rencontre pour de jeunes musiciens de tous les pays. Pendant douze jours se succèdent concerts, incluant de nouvelles œuvres, cours-leçons et discussions sur la musique contemporaine dans ses développements les plus récents. Un rapport d’échange direct et actif, pour le développement de chacun, s’établit ainsi entre les participants.

3En outre, nous avons, toujours en Allemagne, les concerts Musik der Zeit de la Radio de Cologne, en France, les Concerts du Domaine musical, dirigés par Pierre Boulez, et en Suède, les concerts de Fylkingen ; tous ces concerts présentent exclusivement des programmes de musique contemporaine, où figurent très souvent des créations de jeunes compositeurs.

4Ces organismes, reliés entre eux par un échange de programmes et de musiciens, sont représentés en Italie par les Incontri musicali. Les Incontri musicali se sont manifestés pour la première fois à l’automne 19561, sous la forme de quatre concerts, à Venise, dans les salles du Conservatoire Benedetto-Marcello, et à Milan, dans les salles du Conservatoire Giuseppe-Verdi. Cette année, nous avons obtenu que les Incontri musicali se concentrent sur la seule ville de Venise. Dans l’avant-programme, que vous trouverez ci-joint2, figurent les dates prévues pour ces manifestations, du 26 mai au 1 er juin, de manière à attirer musiciens et connaisseurs au moment où Venise n’est pas encore envahie par d’autres manifestations culturelles ou touristiques.

5Cette manifestation, comme on peut le constater dans l’avant-programme de base ci-joint, vise à une résonance internationale certaine : pour les œuvres programmées, qui seront presque toutes données en création italienne, et pour les interprètes, de renommée internationale.

6En tant qu’événement musical, cette manifestation constituera un moment de rencontre vivant pour les jeunes musiciens – puissent-ils venir du plus grand nombre de pays possible ! –, et Venise apparaît comme un lieu idéal pour une rencontre de ce type.

7Les Incontri musicali s’établissent de la sorte à Venise, où se déroulera tous les ans, au mois de mai, le « Printemps vénitien – Festival international de musique », à une période où l’activité culturelle vénitienne, y compris sur le plan international, présente une lacune.

8Cette manifestation musicale s’ajoute à celles qui existent déjà à Venise, mais se différencie, de manière nette et précise, non seulement des « Vacances musicales » du conservatoire en août-septembre, consacrées à l’étude et à l’exécution de la musique ancienne italienne ou à des portraits-conversations autour de musiciens récents mais non modernes, mais aussi du Festival musical de la Biennale, dont le programme est connu et se distingue du nôtre.

9L’intérêt et l’importance de cette manifestation ont trouvé un écho immédiat à la Rai. À la suite d’accords avec Labroca, Directeur général des programmes musicaux de la Rai-Rome, et avec le professeur Lupo, Directeur du Troisième programme, deux des concerts programmés en mai 1958 seront retransmis en direct sur le Troisième programme, les autres seront enregistrés et retransmis ultérieurement, comme cycle des Incontri musicali, toujours par le Troisième programme.

10En Italie et à l’étranger, les premières réactions à cette manifestation vénitienne trouvent un large écho : musiciens et critiques d’Autriche, d’Allemagne, de France, de Suisse, de Belgique, de Pologne, de Suède, d’Angleterre et de Yougoslavie ont confirmé leur présence.

11Pour le monde musical italien, cette manifestation répond à une nécessité culturelle qui s’est fait particulièrement ressentir ces derniers temps : sa concrétisation à Venise précisément, ville glorieuse par ses musiques anciennes, sera le témoignage d’un renouveau musical.

12Il est donc extrêmement important que cette manifestation se tienne à Venise, la Rai ayant déjà émis le souhait de la déplacer à Rome. Mais la Société internationale de musique contemporaine, dont le siège est à Rome, et qui nous a assuré d’une aide substantielle, est favorable à sa tenue à Venise. La manifestation de Venise devra être annuelle, comme toutes les autres manifestations européennes du même type, à la condition, bien sûr, que les organismes publics vénitiens apportent leurs aides et leurs contributions.

13Le bilan prévisionnel pour la manifestation de 1958 est à peine supérieur à la somme de 5000 000 Lires, et nous nous sommes assurés des contributions suivantes : Rai, pour la retransmission et l’enregistrement de tous les concerts par le Troisième programme : 3000 000 Lires.

14Société international de musique contemporaine : 500000 Lires. Contributions privées : 500000 Lires.

15Les organismes vénitiens contribueraient donc à hauteur de 1000 000 Lires.

16Le lieu de ces concerts est encore à définir. Si la Bibliothèque Marciana, où le Festival musical de la Biennale a déjà programmé des concerts, s’avère impossible, nous demanderions la salle de l’Aile napoléonienne des Procuratie ou une salle du Palazzo Rezzonico.

17Date : 1957.

18Sources : tapuscrit (ALN), avec des corrections sans doute dues à Luciano Berio ; SeC, p. 16-18.

Notes de bas de page

1 [En réalité, les concerts commencèrent en décembre 1956 et se poursuivirent au début de l’année suivante.]

2 [Le document est perdu, mais d’autres sources (ALN) permettent de reconstruire le projet, non réalisé. Le programme de Venise, revu, fut réalisé à Naples, toujours en collaboration avec la Rai, du 9 au 17 juin 1958.]

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