Sur le développement de la technique sérielle
p. 38-43
Texte intégral
1Séries dodécaphoniques caractéristiques 1. Arnold Schoenberg : a) Sérénade opus 24, quatrième mouvement
2Cette série se compose des 11 intervalles suivants :
3 secondes mineures (ré-mi♭, si-do, do-do♯)
3 secondes majeures (mi-ré, sol♯-fa♯, fa-sol)
2 tierces mineures (fa♯-la, sol-si♭)
2 tierces majeures (mi♭-si, la-fa)
1 quarte juste (do♯-sol♯)
3À la base de la série, il y a donc un principe de sélection précis des intervalles utilisés. Ce principe, dont dépend l’individualité de la série, doit être présent dans chacune des séries.
4La prégnance thématique que Schoenberg associe à chaque série est ici évidente.
5Une telle prégnance ne présente pas encore cette structuration des intervalles fixés (du point de vue mélodique et harmonique), qui exclut l’utilisation d’intervalles « relatifs ».
6Les instruments exposent à deux reprises la série dans sa forme originale (mesures 1-5). La voix suit, qui répète encore treize fois la série (mesures 6-69).
7b) Variations pour orchestre opus 31
8Cette série est extrêmement importante et détermine tout le développement de la technique sérielle. Elle est à la base de la première œuvre dodécaphonique pour orchestre de Schoenberg.
9Celui-ci construit le thème de ces variations à partir des quatre formes fondamentales de la technique sérielle : original, rétrogradation de l’inversion, rétrogradation et inversion de la série.
10La série comprend une permutation des intervalles du B-A-C-H (mi-fa♯-mi♭-fa) :
11Elle contient donc un élément thématico-formel indépendant et préexistant à la série ! Les quatre formes fondamentales du thème sont variées selon des procédés caractéristiques de Schoenberg.
122. Anton Webern : Symphonie de chambre opus 21
13Cette série se compose de deux parties reliées par un intervalle de triton (1-6 et 7-12). Sa seconde moitié (7-12) correspond à la rétrogradation de la première moitié :
1-6 | 7-12 |
3-/2-/2-/3+/2- | 2-/3+/2-/2-/3- |
14Cette manière de construire une série est caractéristique de Webern.
15Les quatre formes fondamentales se réduisent ici à deux, le rétrograde de l’original étant une transposition de l’original, et le rétrograde de l’inversion, une transposition de l’inversion.
16La structuration constitutive de cette série acquiert une force particulière en vertu de la simultanéité et de la succession des projections.
173. Pierre Boulez : Structures, Premier livre (pour deux pianos)
18Ici, les sept premières mesures contiennent non seulement la série dodécaphonique, mais aussi les douze valeurs de durée.
19Le premier piano présente la série originale, le second, simultanément, son inversion.
20La série des douze valeurs de durée correspond à la progression arithmétique, croissante, de 1 à 12, où 1 = triple croche (donc 1-12 = triple croche-noire pointée).
21En toute logique, la technique sérielle ne pouvait se limiter au rapport entre les sons (intervalles et hauteur précise), mais devait s’étendre à leur durée (rythme).
22Valeurs de durée (1 = )
234. Karlheinz Stockhausen : Klavierstück I1
24Cette série se fonde sur l’échelle chromatique naturelle : do-ré♭-ré-mi♭-mifa// sol♭-sol-la♭-la-si♭-si, divisée en deux quartes :
et | ||
do-fa | sol♭-si | |
do-ré♭-ré-mi♭ -mi-fa | sol♭-sol-la♭-la-si♭-si |
25Dans les deux sections, un nombre déterminé de permutations (36 pour chacune) est effectué parmi les notes qui les constituent (do-ré♭ -ré-mi♭ -mi-fa et sol♭ -sol-la♭ -la-si♭ -si) : l’agencement intervallique choisi résulte toujours d’une série divisée en deux sections.
265. Luigi Nono : Il canto sospeso
27Cette série utilise l’ensemble des onze intervalles, de la seconde mineure à la septième majeure. Les quatre formes fondamentales de la série ne sont ici plus nécessaires, puisque le choix des hauteurs est organisé différemment, y compris en ce qui concerne les durées, les dynamiques et les registres, la série fondamentale étant cependant fixée dans ses intervalles2.
28Date : 1956.
29Sources : « Zur Entwicklung der Serientechnik », in Gravesaner Blätter, 1956, n° II/4, p. 14-18 (en allemand) ; tapuscrit (ALN), traduction italienne de Luca Lombardi, corrigée par Nono, pour un recueil jamais édité de ses principaux articles (1975-1976) ; SeC, p. 9-14.
Notes de bas de page
1 [La première publication donne le titre original, Klavierstücke (Nr. 2), qui regroupait les Klavierstücke I-IV.]
2 [Nono est ici intervenu pour corriger la traduction italienne, obscure, mais sans résoudre les difficultés du texte allemand: il se limite à illustrer comment le choix de l’Allintervallreihe, en tant que série de base de toute la composition, a été fait en tenant compte d’une coordination qui règle simultanément les différents paramètres (hauteurs, durées, intensités et polarisations des registres).]
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Écrits
Ce livre est cité par
- Michel, Pierre. (1996) Luigi Dallapiccola. DOI: 10.4000/books.contrechamps.1425
- Milli, Pietro. (2021) L’idéal qui donne sa lumière au silence : Antonio Gramsci et la culture musicale italienne de l’après-guerre. Transposition. DOI: 10.4000/transposition.6629
Écrits
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