Correspondance
p. 51-196
Texte intégral
1.
[Paris] 31 - III / 1931
1Cher Monsieur -
2Mon mot à Barrère - annonçant l’envoi de votre partition1 est parti - adresse :
3Mr. George Barrère
4162 West 56 st.
5New York City (U.S.A.)
6Faites donc le nécessaire et écrivez lui2 ainsi que convenu.
7Hommage à Madame Jolivet - Votre sincèrement
8Edgar Varèse
2.
9 - V / 1932
(sur papier bleu pâle)
expéditeur : 7, rue Belloni Paris 15è ; destinataire : A. Jolivet 68 rue Duhesme, Paris 18e
9Cher Ami -
10Je pense que vous avez du [sic] voir Freed3.
11Pomiès4 tient absolument à remettre à la saison prochaine - et je trouve qu’il a raison - Il considère le temps trop court d’ici à début de Juin [sic] pour mettre au point son travail - et ne veut pas présenter une improvisation boiteuse. D’ailleurs j’ai bien pensé qu’avec l’excuse des événements actuels l’époque n’est guère propice à la manifestation que nous envisagions. Très beau prétexte pour se désoler - et ne rien vouloir entreprendre.
12Souhaitons plus de chance pour la saison prochaine.
13J’espère que votre femme est tout à fait rétablie - et qu’un de ces jours ma porte encadrera votre apparition.
14Amicalement à vous 2.
15V[arèse]5.
3.
10 - V / 1933
Carte postale d’Antibes, Côte d’Azur
16Ai retrouvé le charmant Antibes - malheureusement le temps n’est pas fameux. Je me rends compte ici - combien je suis crevé - (mais pas encore tout à fait mort) et ai besoin de reprendre du poil à [sic] la bête. Je pense que 2 bonnes semaines encore de grand air me remettront sur pied.
17Je souhaite vous savoir tous en bonne santé et d’attaque.
18Mon amical souvenir - et vœux de bons Kouss-Kouss Koutages6.
19V.
20Chez M. Fontaine - La Roche du Château - Antibes
4.
[Paris] 6 - VI / 1933
Pneumatique sur papier à en-tête du Café des 2 Magots
destinataire : A. Jolivet, 16 rue Lacretelle, Paris 15e
21Cher Ami -
22J’ai besoin urgent de mes 2 ouvr[ages].
23Excusez-moi de vous les réclamer de façon si abrupte - mais c’est inattendu. On arrangera pour passer une soirée - soit fin de la semaine - soit courant prochaine selon mon œil.
24Que faut-il faire au sujet de Strowsky7 ?
25Hommage chez vous, et bien votre
26V.
5.
22 - VI / 1933
sur papier à en-tête de Permanent Commission for International Exchange Concerts8
expéditeur : 7, rue Belloni, Paris 15’ ; destinataire : A. Jolivet, 16 rue Lacretelle, Paris 15e
27Cher Ami -
28Voulez-vous demain vendredi 5 ? ?9
29On pourrait après casser la croûte ensemble si cela vous botte.
30Bon souvenir à toute la famille.
31Votre V.
6.
[Barcelone] 24 de Agosto de 1933
sur papier à en-tête de la Pension Mayoral
(Rambla del Centro y Plaza Maria, Barcelone)
32Chers Amis -
33Reçu mot -
34Ai fait commission à l’hôtel -
35Poste restante - Vous devez écrire vous même - pour qu’on fasse suivre. Je me suis informé - une personne étrangère n’a aucun droit à agir pour vous. Votre informateur de Tarragona est un con. L’adresse est : Villa Paco - Tierras Cavados - Tarragona - à moins que Jolivet ne l’ait mal écrite. Il n’y a aucune raison de confondre avec Tossa de Mar - qui se trouve dans la province de Gerona. J’ai écrit à Tierras Cavados - plus de 10 lettres à Russolo - et en ai reçu autant de sa part. L’endroit est à 10’ de Tarragona -
36Dommage que vous soyez partis - Hier lère journée fraîche depuis mon arrivée. Je compte partir - à moins d’imprévus - dimanche Excusez mot écrit au galop - J’ai 2 types qui attendent en bas - mais je tenais à répondre de suite.
37Amusez-vous - et méditez sur le processus comment se forment les légendes - Ceci à propos du bon marché de la Vie en Espagne - et tous bobards s’y rattachant.
38À bientôt et cordialement
39Varèse
40Dites à Jolivet de travailler à son truc pour trio.
7.
[Barcelone] 25 - VIII / 1933
écrite à l’encre rouge
41Chers Amis -
42Malgré mes instructions précises d’hier, une lettre arrivée pour Jolivet, allait partir pour Tarragona ce matin - Rassurez-vous - Suis arrivé à temps - et ai changé la destination.
43Il se peut que je doive rester ici jusqu’à Mercredi - Revu le Ministre - Il faut pour démarrer former un Comité A - Or l’homme que nous avons en vue est dans les Pyrénées - Deux dépêches sont parties pour le prier de rentrer - On lui téléphonera encore cet après midi, afin d’arranger meeting.
44Très important - Pas un mot lors de votre séjour à Madrid - et autres endroits d’Espagne - au sujet de la IVè Int[ernationa]le et, ce, sur l’instante prière du ministre à cause de la situation causée - par les transferts - Donc soyez gentils - de vous souvenir de cela - Je compte sur vous -
45Sauf contrordre [sic] - pense être à Madrid-Jeudi.
46Reçu lettre de Sanjuan - me disant avoir trouvé pension convenable - Je pense que j’aime mieux une chambre et dégotter des bouchons pour bouffer - changement-imprévu - j’ai de bonnes adresses - Ne tiens pas à bouffer de la Merde marinée à l’eau de Vaisselle - comme à la Pension Mayoral -
47Amicalement.
48V.
8.
[Barcelone] 26 - VIII / 1933
sur papier à en-tête de la Pension Mayoral
49Cher Ami -
50Je vous confirme lettre d’avant-hier en réponse à celle de Guighy et adressée - chez Mr. Campo10.
51Autre lettre - arrivée de France (à votre adresse) a été réexpédiée - Liste de Correos à Valencia. J’espère que les 2 vous parviendront. Impossible de quitter Barcelone - où j’attends visite très importante d’un homme - qu’on a appelé par dépêche, des Pyrénées. Dès que mon meeting aura eu lieu - je filerai à Madrid -
52Au cas où ma lettre d’hier ne vous soit pas parvenue : Pas un mot à qui que ce soit au sujet de la IVè Int[ternationa]le - et ce à la requête du Ministre - Une indiscrétion serait en ce moment susceptible de tout faire râter.
53Prévenez s.v.pl. Guighy aussi - Merci
54[sur le côté gauche]
55Toujours au cas où ma lettre ne vous serait pas parvenue : Vous devez vous même écrire à la poste centrale de Barcelone - afin qu’on vous fasse suivre correspondance. Personne n’est qualifié de le faire pour vous.
56Je pense que tout va bien marcher - Travaillez à votre navet pour le Trio11
57[sur le côté droit]
58Donc pour me résumer :
59Je les mets pour Madrid dès entrevue avec mon Zèbre - Je pense y être Jeudi - J’ai l’adresse de bons bistrots là bas. Regrette de ne pouvoir partager le poulet Salouppend12 - but business before pleasure. Sur cette forte parole des écritures anglo-américaines - Salut et prospérité
60V.
9.
[Barcelone] 27 de Agosto de 1933
sur papier à en-tête de la Pension Mayoral
61Cher Ami,
62Tenant à vous transmettre des informations positives - et non seulement de vagues impressions - il ne m’a pas été possible d’écrire avant - Il y aura dans un bref futur beaucoup à faire ici - et Barcelone sera à même de nous offrir un favorable champ d’action.
63J’ai eu de longs et fructueux entretiens avec le Conseiller de Culture (ainsi nomme-t-on en Catalogne le ministre de l’Instruction Publique et des Beaux-Arts) - Il a été vivement intéressé par mes idées - mais il faut pour leur réalisation attendre quelques temps car il est procédé actuellement à une totale réorganisation administrative, rendue nécessaire par l’autonomie Catalane - et qui absorbe toute l’attention du gouvernement. Toutefois le Conseiller de Culture est décidé à agir énergiquement en faveur des arts - surtout de la musique - et ce dès que possible. Il réalise l’importance des facteurs spirituels dans la nouvelle Société vers laquelle nous nous acheminons. Des plans que j’ai soumis sont à l’étude, et il est question que je vienne cet hiver pour collaborer à leur réalisation.
64Avez-vous envoyé votre lettre au président du Guatemala ? S’il ne vous est pas possible obtenir [sic] satisfaction de vos amis politiques de Paris, pourquoi ne pas demander à Staline (ou autres) ? Vos succès en U.R.S.S dûment mentionnés - donneraient du poids à votre demande.
65Dès la réception de cette lettre - jusqu’au 12 Sept[embre] voici mon adresse :
Cuidado Sr. Don Pedro Sanjuan
Velazquez 103 - 4° - Madrid.
66Ne croyez pas à la légende de la vie à bon marché à Barcelone. C’est presqu’aussi cher que Paris et la nourriture est loin, mais loin de valoir celle de vos amis Chinois.
67Mon bon souvenir aux camarades (des 2 sexes) et à vous la cordiale amitié de
68Varèse
10.
[Barcelone] 29 de Agosto de 1933 - 15 h
sur papier à en-tête de la Pension Mayoral
69Chers Amis
70Merci pour votre mot du 2813.
71Il est 15 h - Sauf cas de force majeure je pars demain soir - mercredi. Ce soir dernier meeting - Tout est convenu avec le ministre mais la situation politique actuelle - ne permet pas encore - le décret - On travaille à la formation du Comité A.
72C’est à cause de la situation administrativo-politique entre Catalogne et Espagne - que nous sommes tenus à une grande discrétion.
73Ribemont-Dessaignes est chargé de former le Comité Β en France - avec (jusqu’ici) Artaud - Le Corbusier - Le Flem - R. Petit14 - (peut-être Lipshitz sculpture - Léger peinture) enfin du groupe, qui bon lui semblera - Le nombre des membres des comités nationaux - est un problème à résoudre sur place - selon les nécessités.
74Pompéia est un boui-boui du Paralibo - genre Bobino ou gaité Montparnasse d’avant guerre - Purement peuple catalan - et rien à voir avec les gitanes. Ne vous laissez pas bourrer les fesses par des provinciaux - Conseil de tous les copains qui s’y connaissent - sur le bout du doigt comme dirait l’Auric cuc ulaire15
75[sur le côté]
76Sur ce à bientôt et l’expression de mes sentiments distingués
77V.
78Je ne pense pas aller dimanche aux Toros.
79J’irai aux Toreros lorsque la mise à mort existera pour ces derniers.
80Note : [au verso]
81[brouillon rédigé par Guighy d’une lettre de condoléances à Fernand De Nobele lors du décès de sa mère]
11.
[Barcelone] 11 - IX / 1933
82Chers Amis -
83Bien rentré mais mal dormi impossible de fermer l’œil - avec mon bordel Stendahlien - rouge et noir - qui m’a élancé toute la nuit.
84J’espère que par contre - vous avez fait bon voyage - et avez pu en écraser - Vu ce matin mon Homéopathe : à prendre - Hepar Sulfuris - traitement - compresses chaudes - (aussi chaudes que possible) pendant 1/2 heure - toutes les 4h - Il pense que le chocoguerde16 crèvera dans une 40ne d’heures - ce qui fait mercredi matin - C’est gai - Naturellement pas de Tolède - C’est donc partie remise. Ne dites rien à Louise de mon clou - pas la peine de l’inquiéter - J’écris -recroquevillé - à cause de mon bras - On dirait la nageoire d’un requin arthritique - Voilà les nouvelles.
85Ci-joint lettre revenue aujourd’hui - prouvant que le service de la maison Jolivet Guighy Ltd - est fait à l’Espagnole - Le Chef de gare n’est donc pas fautif quoique cocu.
86Je serais curieux de savoir qui a mis la lettre à la Poste - juste pour rigoler. Bonjour aux Luchos et à tous les autres117
87Bon souvenir aux invités de la noce18 - (ceux que je connais).
88Dites à Louise que je serai heureux de la revoir bientôt à Vigo.
89Tous mes vœux - et mon amitié à partager entre vous 2.
90Varèse
91Mardi matin
92Mon truc énorme. Très douloureux - pas dormi de la nuit - La tête tourne - Je vais à l’Hôpital [sic] - leur demander de couper - J’en ai marre - Confirmation - Le Ouataplasme19 = de la Merde - Ça ne vaut rien - N’en dites rien à Louise - de mon clou s’entend - en ce qui concerne le Ouataplasme - vous pouvez le crier sur tous les toits.
93[sur le côté]
94Je pense que les Drs [octeurs] d’ici - comme partout ailleurs - sont des cons - mais leur connaissance ici n’a d’égale que l’exactitude et la précision des renseignements espagnols -
12.
Carte postale - Date précise illisible ; toutefois, Varèse partant de Vigo pour les U.S.A., on peut considérer qu’elle a été écrite en septembre 1933.
Vigo - Panorama desde la Guia
95La Galicie - très belle - La ville - rien.
96Fait bon voyage - Mon bras terrible Brulé par les compresses - et amoché par le sale Ouataplasme - n’est qu’une plaie - 8cm sur 6 - rouge à vif très moche - Suis forcé d’aller chez le médecin cet après midi - Merdre comme dirait Ghighy20 -
97Amitiés aux 2 - et à, dans une 15e d’années21 - Le Pinard est moche -
98V.
13.
15 - IX / 1933
Carte postale - Ria de Vigo
99M’embarque dans 3h - On a enlevé ce matin le dernier drain.
100Heureux de monter à bord - et manger de la cuisine d’homme civilisé - Ce pays est une merveille - Tant qu’ils ne sauront pas bouffer ce sera un patelin de couilles molles - et de raclures de suspensions - Et Dieu sait ce qu’ici - comme dans les environs de St Sulpice - cela peut représenter.
101Amitiés à tous.
102V.
14.
[Vigo] 15 - IX / 1933, 18h
sur papier à en-tête H. Petit-Fornos
103[à l’envers sous l’en-tête]
104Mes hommages à Madame Guighuy22. Dites-lui comme l’Espagne (si c’était nécessaire) aurait contribué à nous faire apprécier ses talents culinaires.
105Chers Amis,
106Vous confirme ma carte23 de tout à l’heure - Sors de chez le Chirurgien - 2 drains dans le bras - autre 1/2 verre de pus (celage) qui sera envoyé aux poisson [sic] - Ça aidera à la pigmentation de leur dos vert. J’ai la peau enlevée - et le bras à vif - grâce à cette invention de trou du cul de Mr Ouataplasme de merde - On m’y reprendra à me servir des escroqueries ! En cuisine comme en médecine - il faut la tradition - Sous prétexte de progrès on arrive en theurapeutique (?) (merde pour l’Hortografff-) à vous faire boire de l’eau - Que Mégret24 se méfie - Et puis Nom de Dieu à propos de vin je commence à devenir bougrement patriote - Bourgogne - Bordeaux (ROUGE) - Le blanc c’est bon pour les néo-classique [sic] - et possesseurs de Maîtrites25 - Alsace - Landes - Gris de Lorraine - Moselle - et Rhin - oui Monsieur, à cause du rapprochement Franco-allemand - pour emmerder les Anglais - Je pisse au cul de l’Anjou - C’est sirupeux et manque de franchise - A sa place je veux bien q[uel]ques bonnes bouteilles de Palatinat - fort moelleux aux fesses - Comme mon bras me fait mal je vais explorer la ville. L’architecte qui l’a construite n’a pas du [sic] inventer l’eau tiède.
107En allant chez le D[octeu]r j’ai eu une engueulade pommée avec un salaud qui avait basculé [sic] mon abatit [sic] gauche. Rassemblement - j’ai fait feu des 4 fers - et ai eu le dessus. Le pauvre con ne parlait que galicien - Comme résultat un apprenti boxeur au nez écrasé est venu me féliciter et me serrer la main - me proposant en copain de me piloter. Il m’a dit que c’était beau pour un étranger de parler si bien l’Espagnol - On voyait que je connaissait [sic] le pays à fond et tous ses dialectes (j’avais même sorti mon répertoire ordurier catalan). Il m’enviait. Lui avait essayé pendant 2 ans d’étudier le français - et s’était même acheté un dictionnaire franco-espagnol - mais ça le faisait souffrir de la tête - (Sic) Ce que vous auriez rigolé - Naturellement ça a fini par 2 tournées - ce qui fait qu’en sortant de chez mon toubib - en refaisant le trajet en sens inverse - plusieurs commerçants sur le seuil de leur porte m’adressaient des signes d’amitié. Voilà comment on se fait des amis d’enfance - en 4h de séjour.
108Je respire l’océan - c’est autre chose que ce cloaque de Merditerranée [sic]. Alors ceci sera ma dernière lettre avant l’exil - Buvez et mangez bien - ce qui est très indispensable et fort agréable -
109Saluez les copains - N’oubliez pas mes commissions - et mes petits gars ne vous engueulez plus - Ça n’en veau [sic] vraiment pas la peine.
110[en haut du verso, à l’envers]
111Écrivez en détail - et bien précis - Sans vexer personne je compte bcp sur l’ordre et l’application de Guighy - et excusez ce mot aussi con - que mon bras qui m’élance et me fait voir 35 chandelles ? - Je ne suis pas Marius et ai horreur des exagérations.
112[sur le côté droit du verso]
113Ce n’est pas un furoncle que j’ai - mais un abcès.
114Mon vétérinaire est sympathique - et n’y va pas de main morte - mais au moins il fait quelque chose.
115[sur le côté gauche du verso]
116Voilà - Demain - On me revidera ma poche (à pus - et peut-être l’autre aussi) - et on me remettra deux drains - mais cela ne vous vaudra point de prose épistolaire -
117Votre ami
118Varèse le Patriote - (en vin et non en vain comme Déroulède26).
15.
New York le 14 - X / 1933
188, Sullivan Street (adresse manuscrite)
119[en en-tête diagonal]
120Sommes arrivés le 28.
121Arrêt prolongé (et inattendu) à Lisbonne - Quelle [sic] beau patelin.
122Chers amis -
123Merci pour carte reçue à Vigo - et pour lettres - reçues ici.
124N[ew]. Y[ork].27 est plat et éventé - La ville jolie - toujours - mais pas plus - car elle est maintenant sans force. La situation très mauvaise - Les plus qualifiés (hommes d’affaires, politiciens, économistes, etc.) avec qui j’ai parlé ne se risquent pas à prophétiser - Personne ne doit et n’ose soupçonner ce que l’avenir réserve - Un ton d’optimisme officiel - se dégage d’éditoriaux - et d’articles de 1ère page - dans certains journaux - Tournez la page : l’Office des Statistiques vous annonce 15.000.000 de chômeurs (c.à.d [c’est-à-dire] dans les trois millions six à sept cents milles [sic] familles à nourrir) - Hier le Sun donnait la misérable situation des sans travail : dans l’Arizona. Ils touchent $ 14 par mois - (au cours de 16 -) somme que touchait un maçon habile - Tarif syndical - par jour (cours 25) aux temps roses de la prospérité. Hier soir des camarades m’ont dit que 100.000 ouvriers métallurgistes, ainsi que 70.000 mineurs étaient en grève - Ce que ne comprend pas tous les petits anicroches d’intérêt purement local -
125La Vie monte - et le pays régorge [sic] de richesse - C’est inimaginable - Quant au côté artistique. ?28 très grand et très gras - C’est lamentable - car le pays est beau - grand - et affectueux - L’Homme est vraiment ce que l’Univers a produit de plus Con - Ce dernier mot me fait penser que ce n’est pas à l’image de Dieu qu’il a été créé2.
126]note sur le côté gauche]
127Je me suis remis au travail - J’ai trouvé le Laboratoire - et ce qu’il me faut pour mes nouveaux instruments - Je pense plus que jamais à faire la navette entre l’Amérique et l’Europe - car dans les 2 on trouve des individus de valeur - quoique aucun pays n’arrive à offrir des milieux internationaux et intelligents comme Paris - (ce qui ne m’empêche pas de compisser la Ville dont j’ai horreur - avec son sale climat et ses mecs en intestin grêle). Salzedo - Barrère et Britt attendent le poulain de Jolivet - Pas trop de notes - que l’œuvre soit concise - serrée et volontaire - Plus vous chargez - plus vous enlevez de possibilités aux sons de se déployer et de se projeter. Ils perdent leur force à tâcher de se dégager - Envoyez dès que prêt - mais ne vous pressez pas pour ça - Pensez que pour la 1ère fois de votre vie (et peut-être pas beaucoup d’autres) vous serez exécuté par 3 grands artistes qui ne lésinent pas sur les répétitions.
128De Nobele - Mégret29 Transmettez-leur mon cordial souvenir. Je souhaite respectivement les savoir moralement remonté - et tout à fait retapé - capables les 2 de tenir tête à une escouade de Beaujolais ou Champagne brut - Au premier demandez de bien vouloir me procurer « l’Esthétique de l’Orgue » de Jean Huré3 - C’est publié chez Senart30 - mais priez-le de me faire profiter de son escompte - 1° parce que je suis dans la purée - 2° parce que je me refuse à engraisser un profiteur - Ensuite - qu’il coupe les pages - qu’il écrive sur la 1ére : Property of Edgar Varèse - (ceci à cause de la Douane d’ici) et qu’il me l’expédie - Demandez-lui de me faire savoir le montant de ma dette - et il sera couvert (pas de plaisanteries obscènes et sulpiciennes) par retour du courrier. Allez voir les Vargas4. Communiquez leur [sic] ma lettre - afin de m’éviter d’écrire les mêmes choses. Je ne vois pas en quoi (ainsi que Claude) vous les auriez froissés. Mais N[om]. de D[ieu]. pourquoi attendez-vous que les camarades vous accusent réception d’un faire part matrimonial ? ! Votre association Guighuiesque31 était un fait accompli - En quoi une cérémonie bourgeoiso-périmée - (nécessaire de par la connerie de l’état social actuel) peut elle pousser des camarades à vous témoigner une sympathie ou une amitié qu’ils vous ont données - de façon bruyante et inopinée ? Expression nuptiale de circonstance. Attention - Que le mariage ne vous emplisse pas de susceptibilité bourgeoise - C’est une des institutions les plus sordides que l’hypocrisie et la religion nous ont valu. Ne prenez donc pas au tragique - une telle vétille - Ici permettez-moi de vous dire que la faute est à vous - Vous n’auriez pas dû accorder d’importance à ce qui n’est qu’une formalité administrative - requise par votre profession alimentaire - Sur ce : Merde pour la famille - et Vive le bon pinard ! Vous parlez si les curés eux-mêmes après 2 bouteilles se foutent de la base de la Société - et de la pierre d’angle de la patrie.
129Le Flem - Suis heureux de savoir son ballet32 au point - et souhaite pour lui le plus retentissant des succès. Mais qu’il n’oublie pas que nous attendons avec impatience les vocalises de son rossignol33. Nous en anticipons autant de jouissance - que celle qu’il procura à la dame donzelle bretonne - Dites à Le Flem et à Madame et Mademoiselle Le Flem combien nous les aimons et combien mon vieux fraternel ami est présent à ma pensée - Dites-lui aussi que je crois qu’il sera content - j’espère - de mes travaux en cours et de mes progrès.
130Ribemont - Artaud. Pas la peine de les presser pour la IVè Int[ernationa]le Trois lettres écrites d’Espagne à Prats34 (au sujet d’Alberti - Sanjuan - Torres Garcia) n’ont pas encore reçu de réponse. Barcelone me parait [sic] suivre les usages du reste de la Péninsule - De toute façon gardez le contact avec toute la bande - y compris Daumal et Lecomte35 - Tenez-moi au courant de tout ce qui se passe à Paris - et dites-moi si Ribemont est en voie de réaliser le projet de sa Revue36 -
131Voyez Broqua37 et dites-lui que je lui écrirai dès que quelque chose de positif s’annoncera à l’horizon. Priez-le toutefois de me faire parvenir (s’il en a) des œuvres de musique de chambre - et des mélodies - pour l’Association Pan Américaine38.
132Ferme Informez-vous - Que peut-on trouver à 1 ou 2h de Paris - Prix - Etat des constructions - Surface de terrain - si boisé - ou pour culture etc.
133Bras Après les drains de Vigo le 1er abcès juste fermé - un autre - mais plus bénin est revenu - Je suis en train de le soigner avec une nouvelle gelée - vaccin - C’est la barbe - Le toubib espère toutefois arrêter la série.
16 - Χ :
134Les camarades me disent que pendant mon absence, les critiques et essayistes me mentionnaient souvent - J’en ai eu la preuve dès mon arrivée - Ci-inclus quelques copies39 dont j’ai les doubles et que vous pourrez foutre aux chiottes (comme dirait Guighy40) après lecture.
135Dites à Artaud que nous sommes avec Thérenin - qui a un magnifique Laboratoire - en plein travail pour mes nouveaux instruments - basés sur des données nouvelles - Dites-lui aussi que j’espère avoir bientôt de ses nouvelles. Je suis officiellement depuis avant-hier invité au Mexique - pour une période de cours extraordinaires (Master Class) au Conservatoire - et aussi pour une série de concerts - Je compte y aller au Printemps après la saison ici - Tenez-moi au courant de se [sic] qui se passe à Paris, et faites part de mon cordial souvenir à tous les camarades.
136Hommages à Madame Guighuy41 et notre amitié à vous 2.
137Varèse
138Potassez votre truc pour Salzedo - mais pas trop de notes - et souvenez-vous que si vous avez une tête - il faut s’en servir et penser avec - Vous n’avez pas le droit de foutre sur le papier des paquets de notes qui ne résistent pas à l’analyse - Souvenez-vous en outre - qu’une œuvre n’est jamais assez dépouillée - mais ne confondez pas (comme certains collègues) austérité avec pauvreté. Montrez les coupures à Claude42 - s.v.pl.
16.
[New York] 28 - X / 1933
139Cher Ami,
140Merci pour votre lettre du 18. Je vous confirme la mienne écrite il y a une 12ne de jours et qui j’espère vous est parvenue43 -
141En ce qui concerne l’Amérique - (comme je vous l’ai écrit) Stella (à qui mes amitiés) a raison - La situation est épouvantable - et les gens désemparés - Enfin je vais tâcher de faire feu de tout bois - en pensant à ma ferme et rêvant à un bout de petit salé froid accompagné d’un bon pot de Beaujolais.
142Barcelone Ainsi que je vous le disais dans ma lettre sus-citée j’ai écrit à Prats - et j’attends sa réponse (ça fait ma 4e missive). J’espère qu’il daignera cette fois donner signe de vie -
143R.D44 Qu’il attende pour rédiger le manifeste et approcher de manière définitive les camarades d’avoir quelque chose de précis et concret de Prats3. La revue est une chose indépendante - n’a rien à voir avec la IV Internationale. Je regrette que vous ayez mélangé les 2 choses - Expliquez de suite à Ribemont - je vous prie - ce malentendu - Mais comme j’avais quitté Paris avec la certitude que dès la rentrée il tâcherai [sic] de s’organiser pour fonder la Revue - j’en avais parlé à Prats - afin de l’y intéresser et voir ce qu’il pouvait faire pour aider au succès du projet de Ribemont - Que Ribemont se mette donc à l’œuvre - sans souci de la IVè Int[ernationa]le qui comme je vous l’explique n’a absolument rien de commun avec la Revue - si ce n’est la communauté de tendances et d’aspirations - Je souhaite donc que vous voyiez R. de suite afin de faire cesser la confusion - Thank you - On nous avait écrit la mort du pauvre Pomiès - et ça m’a fait de la peine - Il était gentil camarade - et rempli de talent. Tachez par Lods45 d’avoir des détails - et transmettez-lui ainsi qu’à Madame Lods - mon cordial souvenir - Artaud Voyez-le et transmettez-lui mon amitié - Je lui écris aussi.
144Je me mets au travail cette semaine - Voilà un mois que je suis arrivé : Courses - démarches - afin de m’orienter alimentairement - Ce sera très dur - mais il faut se démerder - et malgré tout au point de vue matériel, il y a plus de chances pour moi qu’à Paris - (où il n’y en a - toujours pour moi - aucune) - Il n’y a ici que des bourgeois - aussi cons que ceux de Paris - mais plus gentils - Il ne faut pas demander plus - Aucun milieu possible - Quelques intellectuels - dans le pire sens du mot - lamentables et sordidement prétentieux - Mais ça m’est égal - Tout ce que je veux c’est de me démerder matériellement - Je pense que mon turbin personnel va porter et c’est l’essentiel -
145Je suis officiellement invité à Mexico - par le Gouvernement, date à mon choix - Je pense vers Pâques - Informez-vous ainsi que les camarades - pour la ferme - aux environs de Paris - jusqu’à 70 kms - n’importe quelle direction.
146Notre meilleur souvenir à Madame Guighy et amicalement des 2 aux 2.
147Varèse
148Bonjour à tous les camarades R.D.
149Le Flem
150Rue Belloni
151De Nobele
152Mégret
153etc
154etc
155etc
17.
[New York] 27 - XI / 1933
sur papier à en-tête de la Pan-American Association of Composers
156Merci, Cher ami, pour votre lettre du 9 cour[an]t.
157Merci pour le bouquin de Huré46 que vous m’annoncez - ainsi que pour les 3 bouquins de Hamel47 - Dites-moi à quoi se monte ma dette - et je m’empresserai de faire parvenir -
158Mais qu’est-ce qu’il vous a pris d’aller entendre la Symphonie de St Saëns ? C’est un tel étron - qu’il vous suffise de savoir qu’il a toute l’admiration de Désormière48 - Si cela ne vous sert pas à le cataloguer - qu’est-ce qu’il vous faut Les Freed sont installé [sic] à N.Y et vont une fois par semaine à Phila[delphie] - asticoter leur vieille clientèle - Je les vois assez souvent. Ils sont gentils - et font de leur mieux pour se démerder.
159C’est fort honnête à vous de vous occuper de la ferme - J’y pense sérieusement - et souhaite pouvoir un de ces quatre matins posséder les 4 sous nécessaires - J’envisage déjà une grange transformée en laboratoire - avec l’électricité nécessaire -
160Je me bats comme un diable - La muflerie règne ici comme à Paris - mais pour ici, j’ai la méthode - et chaque pouce de terrain mes pieds l’on [sic] foulé. J’ai [sic] sais donc comment évoluer - mener la danse - et manœuvrer l’adversaire. Mais si l’atmosphère est aussi dégueulasse qu’à Paris, il manque ici une vraie élite - Souvenez-vous de certaines soirées avec Artaud et autres - Enfin je ne m’en fais pas - ça n’en vaut pas la peine - Je pense aux futurs bons gueuletons arrosés de bon pinard. Ici on bouffe beaucoup moins bien - La qualité de la viande et des légumes très inférieure. Les prix exactement le double qu’à Paris - c.à.d en francs, mangeant à la maison deux fois ce que ça coutait [sic] Rue Belloni - mais N[om] de D[ieu] quelle différence de climat - Si seulement on pouvait emporter à Paname le ciel et l’air de N.Y. ! Broqua - Reçu un mot de lui - et musique. Je lui ai déjà répondu et accusé réception -
161J’espère que Guighui a bien passé son examen - Sans ça gare - Mr. Strowsky lui donnera la fessée - eh ! eh ! il doit s’y connaître -
162Très bien pour Salzedo et Sanjuan.
163J’ai revu Barzun49 - Il en a marre de l’enseignement50 et aimerait tout pouvoir lâcher et pouvoir travailler pour lui - Moi comme je vous l’ai dit, je ne fais pas de plans immédiats - Je fais et ferai de mon mieux pour me démerder - Si la ferme peut réussir tant mieux - Au pis-aller - le monde est grand - et sûrement un pays m’offrira un jour les possibilités à la réalisation de mon travail - Où, je m’en fous - Naturellement - malgré que j’aie horreur de la Ville - Paris me plairait à cause des milieux - mais je n’ai pas de rentes - et vous savez vous-même - que je n’ai rien à y faire et qu’on ne veut pas de moi - J’ai perdu 5 ans à faire le con - et à respirer ses relents de poubelle - En plus la France est vraiment trop bête - Elle se contente d’être à la remorque de l’Angleterre - comme avant la guerre, l’Autriche était le brillant second de l’Allemagne - De loin sa situation paraît très moche - On se demande comment un pays qui possède toutes ces ressources morales et matérielles accepte d’être menée [sic] par une bande de tels salauds incapables - sans envergure - La France et l’Allemagne - ensemble - seraient les maîtres du monde - Non - il faut demander la permission de l’Angleterre pour « causer » Tas de Coubour - et cet échappé de capote de Robespierre51 continue - à poser de profil - Barbusse52 a fait des conférences - auxquelles j’ai assisté - je crois vous en avoir fait part - Il a annoncé à cor et à cri l’avènement proche du fascisme en France - Ça ne serait pas pire qu’actuellement ! !53 En Allemagne - je ne sais ce que les journaux chez vous racontent - tout semble aller très bien - Des amis qui viennent de sillonner les U.S.[A] en tous sens me disent qu’en dehors des grands centres - dans la province et surtout dans les campagnes, les paysans commencent à considérer sérieusement ce qui se passe en Allemagne et à se demander si Hitler n’a pas raison - Alors les Soviets sont reconnus ! ! Ça fera le profits [sic] des aigrefins - qui des 2 côtés se cramponnent à la queue de la poêle - On est tout miel pour les U.R.S.S. - Pensez les cotons ! Et souvenez-vous qu’il y a q[uel]ques mois on a fait un scandale parce que Rivera54 avait peint Lénine dans une de ses fresques à Radio-City - Il est vrai que comme connerie personne ne peut prétendre à égaler les Rockfeller55 - Quels criminels hypocrites !
164[haut de la 2e feuille, à l’envers]
165Je vais m’occuper pour tâcher de caser vos mélodies56 avec orchestre de chambre - Vous en reparlerai - dès que verrai possibilité.
166[suite]
167Si la saison à Paris s’annonce sinistre - celle d’ici est déjà lamentable - Des Toscanini57 - (nini - est de trop - Tosca suffit) - Walter 58 et autres cons continuent à déverser sur la ville - tout ce que la musique contient de plus ennuyeux - On a l’impression d’être naufragé dans un immense lac de merde - et d’y tirer la coupe - Je pense reprendre mes concerts - je vous l’ai écrit ainsi qu’à Lods - Ce n’est qu’une question de galette - Or cette denrée est fort rare par ces temps - et hors de prix. Mais j’ai bon espoir.
168Hasselmans59 Est très gentil - Il est du Métropolitain, c’est vrai.
169Excusez le décousu apparent de ma lettre - mais je suis en écrivant - la vôtre - et tâche de répondre à vos questions - J’espère donc qu’avec un peu de mémoire vous arriverez à la recréer - et qu’ainsi le contenu de la présente vous paraîtra lumineux -
170Amitiés à tous les camarades - Échangez nouvelles avec les Vargas - afin que je n’écrive pas 2 fois les mêmes conneries -
171Je turbine dur - On verra ce que ça donnera - Pour Migot - Vraiment pas la peine de s’efforcer d’être un génie pour ne récolter de la gloire que des plaquettes - quand une quelconque pouffiasse - peut vous offrir - sans supplément - avec une vérole des familles une constellation de plaques - Sur ce - buvez un bon coup - Je dis buvez, et gare aux jumeaux -
172Bien amicalement des 2 aux 2.
173Votre V.
174Tous mes remerciements à De Nobele - pour sa gentillesse.
175Je vous accuserai réception des bouquins dès qu’ils me parviendront.
18.
28 - XI / 1933
Carte postale - New York City - Chrysler Bldg.
176Vous confirme lettre d’hier -
177Envoyez - recommandé - partition - matériel - réduction piano - de vos mélodies pour voix de femme et orchestre60 de chambre -
178Adressez : Carlos Salzedo
179160 Riverside Drive -
180N.Y. City.
181Ecrivez sur 1ère page - Property International Composers’ Guild - inc. New York City -
182J’espère vous lire bientôt -
183Amicalement aux 2
184V.
185J’espère arriver à faire donner vos mélodies. Vu la situation je ne puis le promettre formellement - On fait ce qu’on peut - tous !
19.
(New York] 13 - XII / 1933
lettre avec portrait de MAC à l’encre rouge
186Cher Ami - Merci pour votre lettre du 24-XI / 9-XII - reçue ce matin. J’y réponds en suivant son contenu.
187Ce que vous me dites de Paris m’est malheureusement trop connu - donc inutile d’y revenir - mais dépêchez-vous de perdre vos illusions en ce qui concerne ce pays - Vous y retrouverez le même état mental qu’à Paris - avec plus d’imbécillité [sic] - et tout autant de muflerie - Vous parlez si les gens à galette (comme en France) jouent de la crise : plus besoin de prétendre qu’on s’intéresse aux arts ; c’est la crise - plus besoin d’acheter des tableaux - de souscrire à des manifestations musicales : c’est la crise - Malgré eux - j’ai repris ma place - et je vais de l’avant - mais c’est un cas exceptionnel - Quant à venir ici - n’y songez pas - Que pourriez-vous faire ? enseigner le français ? Mais il y a des centaines de professeurs de français à N.Y. (de toutes nationalités) qui la sautent. Tâcher de vous faire une place dans le monde musical ? Mais c’est plus dur qu’à Paris - et les méthodes de combat plus crues et plus brutales - Il vous faudrait au moins deux ans pour prendre pied - c.à.d. vous rendre compte de ce qui se passe autour de vous - car ce laps de temps n’implique pas chance de réussir - Et puis un vent de xénophobie - commence à souffler - Les Français surtout sont les moins bien vus - Autre handicap - vous ne parlez pas l’anglais - Votre ami Nabokoff61 [sic] est ici - Je l’ai rencontré sur le même bateau - Il continue la vie mondaine de Paris - Salons - thés - réceptions - soirées - Ne croyez pas que je le rencontre - car je ne me livre pas aux manifestations mondaines - mais des amis de différents côtés m’informent de ses prouesses - Il m’a dit être venu ici - invité pour l’hiver par des amis riches - C’est très bien - Et puis ? Il faut dire que comme atout - lui et sa femme parlent admirablement l’anglais - et que les Russes se trouvent entre eux - Or il y a à N.Y. une nombreuse colonie russe - titrée - conséquemment reçue dans la haute société, qui jouit à prendre des attitudes de valetaille - en se contorsionnant - et se gargarisant d’altesses - monseigneurs - ducs - barons - princes - Tous ces parvenus s’épatant eux-mêmes de jouer aux aristocrates et heureux de casquer pour ça. - Vous voyez que ce n’est guère plus gai ici que la-bas [sic] - Il n’y a qu’une légère variété - mais dans son intensité et dans sa persévérance l’emmerdement est le même -
188Quant à Paris que puis-je faire pour vous ? Les démarches dont vous me parlez ne peuvent être faites que « verbalement » - conséquemment en personne - Vous savez que je ne demande pas mieux que de vous rendre service - mais je sais par expérience que les écrits explicites ne sont pas de saison - et passent vite au panier. D’ailleurs quand on est décidé à tirer son épingle du jeux [sic] - on y arrive - Je ne vous conseille pas de gémir à l’avance - C’est malsain et ça fout la poisse -
189Je pense toujours à mes projets agricoles. Naturellement pas pour tout de suite - Il faut voir le tournant des évènements - et surtout posséder le pèse [sic] nécessaire... sans ça gare à la peau de l’ours.
14 - XII / 33
190Trio - Je l’attends de pied ferme - mais ne vous pressez pas - Mettez-le au point - Ribemont - Peut-être le trouverez-vous au café - Informez-vous dans lequel il tient ses assises et n’oubliez pas qu’il est très occupé - Pour lui c’est quotidiennement la chasse au beef-steack. Rien n’est assuré - Donc récidivez -
191Artaud - Suis depuis longtemps sans nouvelles - Mañana, mañana... n’est pas l’apanage exclusif de l’Espagne - Je ne m’en fais plus - mais je souhaiterais toutefois un peu plus d’empressement à me répondre-Je pensais pouvoir faire quelque chose pour lui - S’il s’en fout c’est son droit - Je ne puis m’engager et être rendu responsable - J’ai plusieurs écrivains qui me proposent de collaborer - Je verrai ça plus tard, car Artaud paraît vouloir me laisser tomber - Tant pis pour lui car tout m’est ouvert ici -
192La pianiste n’avait qu’à se foutre le doigt dans le cul - Le panari [sic] aurait mûri - J’espère qu’il en est de même de vous - et que Guighy est en bonne santé - et gueule plus fort que jamais : allegro furioso - ff con fuoco -
193Malgré la tristesse de l’évènement je considère que la musique ne perd rien avec la mort de Straram62 - tant pis pour les élèves de Büsser63 - mais je regrette la maladie de Ravel64 - qui en dépit du Boléro possède plus de verdeur et de truculence que tous les jeunes gâteux néo-classiques - et les précoces académiciens lésion [sic] d’honneur -
194J’espère que la belle-fille de Broqua - (nos bonnes amitiés à toute la famille) se porte bien maintenant. Dites à Broqua que ses chansons Sud Américaines (Uruguayennes), ainsi que ses pièces de guitare seront données sous peu et diffusées.
195Pour le Trio - envoyez par lettre recommandée. C’est la seule façon - Je viens de recevoir la musique de Solér65 par ce moyen - Ça coûte quelques sous de plus - mais le système est sûr -
196Schmitt Bravo - félicitez-le pour moi. On en a marre des Kurt Weill et autres Sérénades et opérés de 4 merdes66 - sous gono-cocteaux [sic] - Je pense d’ailleurs que certaines sérénades se préparent - qui ne seront pas pour charmer les « oreilles » de ces délicates et précieuses gargouilles à foutre ou suintements similaires - (On fait ce qu’on peut ; la plus belle fille du monde...) Je souhaite que le beau Florent [Schmitt] - qui a laissé ici un excellent souvenir - fasse école - et que nombreux soient ceux qui lui emboîtent le pas - Il est temps qu’on commence le nettoyage - et que les travailleurs honnêtes (sans distinctions de tendances) occupent la place à laquelle leurs efforts leur donnent droit - On devrait en finir avec tous les salonnards qui monopolisent le marché - profitant - après l’avoir lancée - de l’inflation spirituelle d’après guerre - Je pense d’ailleurs que leurs spéculations n’en ont plus pour longtemps. -
197En chantier Espace67 et Equatorial68 - Le 2nd sera fini dans 2 mois - car je dois cavaler et me démerder - J’aimerais avoir mes textes pour y penser - et les ruminer - mais Artaud n’est pas pressé - C’est dommage qu’un homme de son talent se laisse aller ainsi - et n’ait pas plus de ressort - Je finis par croire que l’intelligence (la France en crève) n’est qu’un accessoire - Volonté et imagination - sont à la base de la création - car tout acte discipliné porte en lui l’intelligence -
198Sur ce il est jeudi - 16h. Je dois me raser - dans une demi heure [sic] Lydia de Rivera69 (la soprano cubaine) vient avec son mari prendre le thé - et après j’ai un grand dîner - Merdre70 - il faut s’habiller. Donc assez pour cette fois. J’ai écrit à De Nobele pour le remercier - et lui accuser réception des bouquins - Que lui dois-je ?
199Un autre service s.v.pl. C’est pour Louise71. Serait-il possible de lui trouver « les Mariages du Père Oliphus » d’Alexandre Dumas père ? mais à des prix d’occasion c.à.d. tenant compte de la crise et de ma poète - Elle voudrait en traduire un passage - et ici on ne peut le trouver qu’à la Bibliothèque - qui ne permet pas de le sortir - Répondez s.v.pl. ou mieux envoyez dès que possible. Merci. Mais je vous prie dites-moi ainsi que De Nobele ce que je vous dois - car je ne vous crois pas millionnaires (il est possible que je me trompe) non plus.
200Bon Noël - Happy New Year - Amitiés à De Nobele - Mégret - Gonon72 - Les Vargas - etc - etc - tous et toutes - et les Le Flem N[om] de D[ieu].
201Bien amicalement à vous 2 de nous 2
202Votre Varèse
203[en haut de page, à l’envers]
204Comme documents : Prix nourriture - mangeant à la maison - plus du double que dans notre quartier Belloni - Prix des appartements - astronomiques comparés à Paris - Je viens de m’acheter un smoking - confection - bon matériel - 1 750 fr[an]cs - gilet à part $ 15. Jugez - et la vie va monter. C’est la pagaye - mais inutile de s’en faire.
205[sur le côté gauche]
206N’oubliez pas le Père Oliphus ou Olifus - C’est pressé - Thank you.
207Buvez Onze bouteilles - Crûs du Maçônnais blancs et rouges.
208[le long du portrait de Mac]
209Portrait grandeur nature du Mac4
210C’est mon pingouin - porte bonheur - qui marche tout seul en descendant les côtes. Généralement il est sur ma table - au milieu des bouteilles à encres - montant la garde - il trotte quand les visiteurs sont là - s’ils sont sympathiques.
20.
Noël 1933
Carte de vœux pour l’occasion signée Louise et Varèse.
21.
[New York] 11 - I / 1934
sur papier à en-tête de la Pan-American Association of Composers
211Cher Ami -
212Merci pour lettre du 28 - dernier et dernière - Trouvé [sic] hier en rentrant de chez les Calder73 - Connecticut - où nous avons passé 4 jours dans leur jolie campagne. Artaud Allez doucement - Ne le bousculez pas - Il est très sensible - En plus c’est un remarquable poète conscient de sa valeur - Souvenez-vous qu’il n’est pas en santé normale - Mais avec tout le tact possible - et beaucoup de gentillesse - voyez à ce que j’obtienne satisfaction et à ce que le travail marche. Faites-lui valoir que plus que jamais je suis certain d’obtenir ce que je veux - et qu’il serait dommage de rater près du but - Encore une fois - soyez amical et prévenant avec lui - Il en vaut la peine - Donc pas de cassages (inutiles et bourgeois) d’assiettes - Merci -
213Vos partitions - Bien arrivées - Elles sont chez moi - Malheureusement Barrère et sa Little Symphony n’ont pas de concerts cette saison - Peut être tard dans le printemps - Je vais essayer avec d’autres organisations - et je demanderai alors à Litante74 de les chanter -
214Fried - Je lui écris par ce même courrier - Voyez-le au sujet de ma lettre - Je travaille pour lui et un manager vient me voir la semaine prochaine à son sujet - Je fais écrire en U.R.S.S. par des personnes très qualifiées pour qu’« Amériques »75 figure à un des « programmes culturels ». Il n’y aura je pense aucune difficultés matérielles [sic] pour Fried - s’il demande à conduire l’œuvre - Dites-lui l’effet qu’elle doit forcément produire sous sa direction - (l’ayant vous, entendue, même mal exécutée). Avec ma marchandise il ne faut pas se fier à la lecture, j’en crois l’audition nécessaire même aux personnes expérimentées - Ce ne pas [sic] de la musique de papier - pour l’esthétique du graphique - Il faut que ça marche -
215Comme je vous le dis je crois que Fried aura toute facilité76 - à cet égard. Je lui écrirai par quelle voie je fais agir - et lui ferai savoir qui voir pour que l’exécution d’« Amériques » ait par la presse la répercussion qu’il faut ici. Mais N[om] de D[ieu], qu’il me donne son adresse exacte et permanente en U.R.S.S afin que je ne perde pas le contact avec lui.577
216Dites à Tata Nacho78 que Diego Rivera - maintenant à Mexico - doit s’occuper de régler les détails pour mon voyage - (avec Lupe Marin79 -) et voir qui de droit parmi les officiels au pouvoir -
217En écrivant au Mexique Oskar Fried peut naturellement se recommander de moi - Dites-lui que j’ai reçu une lettre d’Asturias80 - Pour l’instant rien à faire au Guatemala - En pleine réorganisation -
218Espagne - J’attends - La mort de Macia - et Ventura Gassol éloigné du pouvoir sont des facteurs à retarder l’accomplissement du projet - Mais Prats et Miró81 paraissent dans leurs lettres optimistes - Je crois même - me souvenant de ce que Prats m’avait dit cet été - qu’un coup de barre à droite nous serait favorable - pour les capitaux nécessaires à l’action - Pissant ! et très tauromachique ! ! à ce propos - quelle connerie que leurs courses de mes fesses - Et dire qu’il y a des cons qui n’ont même pas l’excuse de l’atavisme ou d’avoir vu le jour dans le pays - et qui s’emballent pour une telle imbecillité [sic] - C’est aussi arythmique et traînaillant qu’un adagio de l’ami de Mr Désormière - l’autre flûtiste, par derrière - Cohen - St Saëns82 - Je souhaite à 7 macaques - matadors - pour la saison venante - de se faire défoncer le fondement à coups de cornes bien rugueuses et de fort diamètre - Je pense que tant qu’il y aura des Corridas - celles-ci représenteront pour le développement des masses en Espagne - un sérieux handicap - Quoique en toute justice il ne faut pas oublier comme facteurs moraux et spirituels l’adorable Serrano et l’ensoleillé Manzanilla83 - j’en bave -
219Tout à fait de l’avis de votre copain en ce qui concerne Berlin : sauf que je ne crois pas les Allemands froids - mais au contraire plus faciles à l’enthousiasme et à l’amitié militante - que les Français - J’adore Berlin84 - et lorsque situation - circonstances - et autres pompes le permettront je me promets d’y faire un long séjour -
220[Texte le long d’un plan manuscrit]
221Voici à peu près, ou [sic] se trouve le bijoutier ou [sic] je vis le soldat, le bossu et le cheval - Il doit être très cher - mais faites vous monter le gri-gri que vous trouverez sûrement ailleurs - Thank you. And thank you also to try to get Al Dumas book85 - Merde - je m’aperçois que je continue en étranger comme dirait Bernouard.
222Suis de votre avis - pour moi Fêtes est la plus chose [sic] de Debussy - ensuite avec certaines parties du St Sébastien - Nuages et l’Après-midi d’un Faune - Je n’aime pas la Mer86 -
223Equatorial - sera donné en Mars - écrit pour Orgue Trompettes Trombones qui gueulent, Percussion - instrument de Theremin - et 2 voix Soprano et Basse - Finirai à mon aise Espace - pour la saison prochaine - Pense en offrir la primeur à Monteux et à l’O.S.P.87 mais gardez cela strictement pour vous - Souhaite que Artaud pousse le travail car je voudrais me mettre à l’œuvre scénique - Je lui ai écrit il y a une 8ne - J’ai des gens haut placés dans le milieu théâtre qui s’intéressent beaucoup à ce que je pourrais faire pour la scène.
224Salzedo et Barrère et Britt attendent sans impatience votre trac Travaillez avec conscience et patience - Je viens de leur entendre jouer le Trio de Riegger88 - Jamais compositeur ne peut être mieux défendu - Ils partent en tournée avec son Trio.
225Amitiés à tous. Huyot89 - De Nobele que je vous prie de remercier pour son amabilité - Maigret90 [sic], etc etc. Dites à Tata Nacho de m’écrire - que ses amis d’ici se souviennent de lui et lui envoient le bonjour - ainsi que moi -
226Saluez ceux que vous rencontrerez au hasard de vos pérégrinations mont-parnassiennes ou autres - y compris les Vargas - Bernouard - Artaud - Ribemont etc, etc -
227Toute notre amitié à vous et Guighui.
228V.
229[en haut, à l’envers[
230Félicitations à Ghighi91 pour son couss-couss ! affectueusement à vs [Sic] deux, Louise92
22.
[New York] 12 - I / 1934
Addenda à ma lettre d’hier.
231Canard enchaîné93 - Reçu 2 numéros - Continuez donc à envoyer - Merci.
232Fried - Je lui enverrai cette semaine ou dans une 10ne de jours les renseignements au sujet d’« Amériques », c.à.d. par quels moyens je fais agir pour que mon œuvre soit inscrite à un « programme culturel ». Il n’y aura aucune difficulté -
233Je m’occupe activement de Fried. Il ne faut pas qu’il perde le contact avec moi - car ces concerts doivent avoir une grande répercussion ici - Dites lui qu’en plus de son ami Wachtell94 - je vais tâcher d’intéresser la Société Bruckner d’ici - qui fait grande propagande pour ce maître et pour Gustav Mahler - Je vois Schönberg95 bientôt - Nous devons dîner ensemble - À lui aussi je demanderai d’appuyer moralement - tout [sic] mes camarades marchant - Que Fried - dès qu’il la saura - me donne son adresse permanente en U.R.S.S. et qu’il n’oublie pas de voir Cools -
234Il est 16h, je cours à un thé d’affaire. Reprendrai ma lettre avec j’espère quelques nouvelles à communiquer -
235Dimanche (suite)
236Plusieurs amis de différents côtés vont agir - directement en U.R.S.S. Ils m’ont dit que si Fried veut faire la chose il le peut - de lui même [sic] - car il est connu et apprécié - et a de l’influence.
237Je ferai encore des démarches officielles - ce qui sera aussi utile à Fried pour sa venue ici - Je sais que le succès d’Amériques en U.R.S.S. sera un bon tremplin pour lui - et ce de source journalistique - Dites donc à Fried de marcher à fond - j’en ferai autant - et me connaissant vous savez que je ne lâche jamais -
238Voilà - C’est dimanche - journée et temps de con - molasse - fade et religieux - Ai été hier entendre Salomé96 au Metropolitan - Orchestre dégueulasse - comme son chef697 - Mise en scène très con - à la Meyerbeer - et public aussi cul - Mais l’œuvre en dépit de la mauvaise exécution sonnait - et bien mieux que celles de jeunes salonnards -
239Dites à Fried que l’on commence à s’intéresser à Mahler et Brucker [sic] - pas beaucoup il est vrai - mais ce peu signifie quelque chose si l’on songe qu’il y a quelques années, critiques et public foutaient le camp lorsque ces noms étaient prononcés - Cela l’intéressera - car il les conduit tous 2 épatamment - Au cordon bleu Guighy 17 mètres de lésion [sic] d’honneur pour son gousse-gousse98 - Merde ce que l’on bouffe mal ici - Mais j’espère gagner du pèze - et alors Vive la Ferme - Continuez à chercher aux environs pour vous tuyauter - Tenez-moi au courant de ce qui se passe - Ça m’a l’air
240[sur le côté droit]
241de vouloir se mettre à barder - Vous voyez Tardieu99 en Mussolini ! !
242Je m’en remets à vous pour faire ma commission à Fried - Merci - Aff[ectueusemen]t à vous 2
243V.
244[en haut du verso, à l’envers]
245Amitiés à tous et à toutes -
246Fins roastbeefs et bath choucroutes -
23.
[New York] 18 - I / 1934
Midi
247Cher Ami -
248Vous confirme mes 2 lettres de ces derniers jours -
249Voici qui vient de paraître aujourd’hui - un camarade me téléphone pour me le signaler100.
250Je travaille dur - Equatorial se comporte bien et s’annonce comme une bonne chose. Reçue littérature de Triton101 - lamentable - pauvres petits gâteux académiques et précoces - De tels individus vous font réaliser la nécessité de la guerre et l’aspect créateur de la destruction - C’est sur le même niveau spirituel que la chambre des députés -
251Voilà - écrivez - Amitiés à tous - La Vie est belle et l’Amérique est vaste.
252N’oubliez pas mes messages à Fried - Ça doit marcher102
253Bonnes amitiés aux 2
254Le bonjour de Mac7103104 à son copain Zoizeau105.
255V.
256[en haut, à l’envers]
257Gardez je vous prie les coupures que j’envoie - Ça peut un jour servir pour références. Montrez-les à Le Flem - Thank you -
258[sur le côté gauche]
259Cordial souvenir à tous : De Nobele - Mégret - etc, etc.
260Reçu ce matin lettre d’Artaud.
261[sur le côté droit]
262Envoyez Canard [enchaîné] S.V.P.
263Reçu lettre de Sanjuan qui me dit qu’il va vous répondre.
24.
[New York] 2 - II/ 1934
17h
264[Note : La date indiquée par Varèse du 2. XI. 1934 inscrite sur cette lettre est sans doute erronée. Le respect de l’ordre chronologique laissait paraître certaines contradictions. En effet, en novembre, Fried est déjà en U.R.S.S. et les événements ont fait que Varèse ne veut plus en entendre parler. L’indication par Jolivet de « présente = réponse de ma lettre du mardi 16 » et la note « Ec. Varèse » dans son agenda au 16 janvier 1934, ont permis de lever ces contradictions en fixant la réponse de Varèse au 2 février.]
265Cher Ami -
266Ci-joint copie de ma lettre à Oskar Fried106 - qui part par le même courrier. Mettez-vous de suite en rapport avec lui et tuyautez-le au sujet de la percussion d’Amériques - que vous connaissez et avez entendu - Je veux dire en ce qui concerne certains instruments : comme tambour à corde - Sirène107 - que vous avez manipulés chez moi - Spécifiez le bouton d’arrêt instantané - Passez lui - ou plutôt faites taper et passez lui copie des notes de programme rédigées par Le Flem108 - pour que Fried s’en serve pour ses programmes en URSS. Retournez-moi original - dont je puis avoir besoin - Merci - Excusez le dérangement que je vous cause mais je n’ai pas de temps - Il me faut filer à la poste afin que mes lettres partent demain matin - et j’ai un rendez-vous au Western Electric109.
267Je travaille - et ça marche - Les concerts de printemps s’annoncent bien - Paris me paraît loin et mort - J’espère qu’Artaud ne m’oublie pas - Equatorial sera fini dans 6 ou 7 semaines (leçons et concerts me prennent b[eaucou]p de temps) - Espace verra le jour la saison prochaine...
268J’attends envoi du Trio pour Salzedo - Si ce n’est cette saison j’arriverai sûrement à caser vos chansons pour la prochaine.8
269Le Père Oliphus110 n’est pas arrivé encore - Merci et amitiés à De Nobele ainsi qu’aux autres camarades - Voyez vous les Le Flem et les Vargas ? Que se passe-t-il à Paris et qu’envisage-t-on ? Bonjour aux Tata Nachos -
270En toute hâte et amitié
271Varèse
272Envoyez journaux français - Littéraire - Candide111 - Nouvelles littéraires112 - Canard113 - Thank you -
273Fried peut obtenir à mon sujet tout ce qu’il veut en U.R.S.S.
274[à droite]
275[en haut de la page Jolivet a annoté cette lettre au crayon :
276x Le Flem malade
277x Fried - Cools
278x Fried et Sylvia
279x Tristan Klingsor8 et le néo-classique
280x Journaux
281x Ionisation
282x Présente = réponse de ma lettre de mardi 16]
25.
[New York] 14 - II / 1934
sur papier à en-tête de la Pan-American Association of Composers
283Voici Cher Ami - copie de ma lettre à Fried - qui part par le même courrier - Voyez-le de suite - et communiquez présente - si ma lettre ne lui était pas parvenue114 :
284« Cher Ami -
285Mr. William C. Bullitt Ambassadeur des U.S.A. en U.R.S.S. part demain pour Moscou, rejoindre son poste - J’ai tout son appui moral -
286Vous n’aurez en demandant, aux bureaux qualifiés, pour que je sois inscrit aux programmes culturels, qu’à prier les directeurs de s’adresser directement à l’Ambassadeur, pour toutes références me concernant - Ils auront satisfaction - D’autre part, ainsi que je vous l’ai écrit, d’autres amis agissent, et je suis prévenu que tout marchera selon vos souhaits.
287Laberge115 le manager revient fin de semaine - Je le verrai de suite - Barrère (ancien flûte solo de chez Damrosch116 - qui a joué sous votre direction et vous admire) occupe une situation importante ici - Ici, Salzedo, Schönberg, d’autres camarades, et mon groupe vous sont acquis - « Dans une huitaine je téléphonerai à Wachtell » - Merci.
288Reçu Trio - je vous trouve en progrès - mais encore un peu trop de notes - Toutefois grande et sensible amélioration. Bravo. Remis hier à Salzedo. A première vue il trouve la partie de harpe trop « écrite au piano » - Envoyez de suite parties Ils veulent l’essayer - Travaillez - en vous souvenant que le cerveau sert à quelque chose -
289Vous verrez par lettre à Fried que tout s’arrangera pour l’U.R.S.S..
290Vient de se fonder « the American Russian Institute »117. Tout ce qu’il y a de bien et de solide - avec Ambassadeurs et tout ce qui compte dans les Arts et les Sciences. Je crois que je serai nommé président de la section musicale - Vous confirmerai si ça colle - P.L.F.118 pourra annoncer dans son canard - Mais attendez -
291Voilà pour l’instant - Débordé de turbin - courses, etc, etc.
292Heureusement qu’il n’y a pas de Cafés - On n’aurait pas le temps d’y aller - et c’est moche de regretter -
293Et Artaud ? Donnez nouvelles -
294En grande hâte - Amicalement à vous 2 - et bon souvenir aux camarades.
295V.
296Que se passe-t-il ?119 Votre ex-paroisse (St Denis)120 a dû donner - On dirait un feu d’artifice qui a reçu l’averse.
297[sur le côté gauche]
298Et les Vargas ? Vous n’en parlez jamais.
299[suit la copie de la lettre de Varèse à Fried, datée du 2 février 1934]
300Cher ami,
301Merci pour votre carte du 20 janvier. Je suis très heureux de votre succès et j’aurais aimé entendre votre exécution de Roméo et Juliette121.
302Le manager, Mr. Bernard Laberge - 2 West 46th St. - est très intéressé à l’idée de votre venue. Il va vous écrire ces jours-ci afin de se mettre directement en rapport avec vous. Le moment venu je verrai Mr. Wachtell, car je ne tiens pas à déranger l’ordre des évènements. J’ai déjeuné avec Schönberg il y a quelques jours. Nous avons parlé de vous, et lui aussi naturellement vous soutiendra comme les autres camarades.
303Il serait bien que vous envoyiez de suite à Laberge tous renseignements vous concernant - curriculum vitae, essais, critiques, sans oublier les articles anglais relatant votre dernier succès Berliozien.
304U.R.S.S. Les amis soviétiques d’ici me disent que vu votre importance en U.R.S.S. aucune difficulté ne vous sera faite si vous voulez conduire une de mes œuvres demandant des exécutants et répétitions extras. Ils pensent qu’un mot de vous suffit pour réduire toute objection. De toute façon et pour plus de sureté Mr. Ousmansky, chef du service de presse aux Affaires Etrangères à Moscou - actuellement ici encore comme membre de la mission Litvinov122 - fera à votre requête le nécessaire pour faire inscrire Amériques aux « programmes culturels ». En plus Mr. William C. Bullitt, Ambassadeur des États Unis en U.R.S.S., qui repart vers le 15 Février rejoindre son poste, appuira [sic] toute demande faite en ma faveur.
305Je prie Jolivet de se mettre en rapport avec vous. Il connaît les Amériques et pourra vous renseigner sur certains instruments de percussion qui ne vous sont pas familiers et vous décrire le type de Sirène que la partition réclame. Voilà, cher Ami. Écrivez-moi. Tenez-moi au courant de vos faits et gestes et surtout donnez une adresse permanente en U.R.S.S où les messages de Laberge et les miens puissent vous joindre de façon rapide et sûre.
306Le bon souvenir de Louise.
307Fidèlement vôtre,
5 – IV / 1934
lettre dactylographiée de Louise Varèse
308Cher Jolivet :
309Il ne faut pas en vouloir à Varèse pour son long silence. Il faut se réjouir car la faute est à Equatorial123. Il a travaillé comme un magicien à faire un miracle ! Il y a maintenant les parties à tirer et les répétitions d’Equatorial et d’Ionisation. Il a eu aussi quelques conférences à Columbia et aux écoles d’avant-guarde [sic] et il a fallu aussi guarder [sic] un peu de temps pour ses élèves.
310Moi, j’aurais du [sic] vous écrire mais même moi, je n’avais pas un instant. Depuis deux mois je ne m’occupe plus du tout de mes traductions124, tellement il y a à faire pour ces concerts. En plus nous sommes forcés de sortir pas mal. Heureusement je vais beaucoup mieux cet hiver - plus d’exzéma [sic]. Je ne sais pas si c’est le climat de New York qui m’a guerri [sic] ou les cocktails ? ?
311Varèse écœuré par cet imbécile de Fried et son chantage. Il va vous écrire à son sujet.
312Quel dommage que nous ne serez pas ici, vous et Ghuigui125, pour ses concerts. Je crois vraiment que Equatorial est un prodige de beauté et de force. Jamais je n’ai vu Varèse travailler comme il a fait dans les derniers quatre mois, sous pression tout le temps et joyeux. Plus jamais des dépressions. Il est convaincu que c’est d’avoir quitter [sic] de fumer. La [sic] Mexique n’a pas l’air de s’arranger encore.
313Une longue lettre de Varèse vous est promis [sic] après le 15126.
314Excusez ce mot précipité et les fautes de français ! !
315Nous vous embrassons tous deux.
316Affectueusement
317Louise
26.
[New York] 24 - IV / 1934
318Chers Amis -
319Merci pour vos différentes missives - et carte du Maroc127 - Excusez silence - mais jamais j’ai été autant bousculé et sous pression - Ça a été depuis de longues années mon plus bel hiver de travail - à tous points de vue. Ci-joint programmes des 2 derniers concerts 128 - Salles combles - Succès triomphal - Quant au Mexique j’attends nouvelles définitives. J’aimerais autant remettre mon voyage, car j’ai beaucoup à faire - Travaux en train - préparation pour nouvelle saison - et je ne vous cache pas que l’U.R.S.S. m’intéresse davantage en tant que pays et potentiel d’action - On réorganise d’accord avec l’Ambassade, l’Institut Russo-Américain129 - et je suis nommé président de la commission musicale. Je dois donc de mon côté m’occuper de la constitution de mon comité et organiser la ligne de conduite.
320J’ai finalement avec Salzedo lu votre Trio. Je vous trouve en progrès - mais malheureusement votre partie de harpe n’est pas réalisée comme vous avez dû la concevoir - Salzedo considère que même aux plus expérimentés l’audition de ses sonorités nouvelles est nécessaire - Ça fait un peu œuvre orchestrale réduite pour trio - Ceci me donne l’idée que cette œuvre pourrait être remise sur le métier pour ensemble instrumental réduit - Son contenu prête à ça - pas de percussion - mais un piano percutant - pas de cordes - mais un cello solo - une flûte et piccolo pour l’aigu - et pas d’autres petits bois - Qu’en pensez-vous ? Dans le grave, des cuivres doux - Tubas et Cors - peut-être une Clarinette contrebasse -
321Je souhaite vous lire bientôt - Mon salut cordial à tous les camarades - et à vous 2 notre bonne amitié
322Varèse
323Je n’ai pas encore eu le temps d’écrire à Fried - (Oskar). Inutile de vous dire que je me refuse à tout marchandage - et que je considère son chantage comme stupide - et maladroit pour lui - Je me refuse à continuer toutes relations avec lui - et vous conseille au point de vue éthique d’en faire autant.
324Certains actes et certaines attitudes justifient les procédés Hitlériens - Dans quelques jours Mr Fried aura de mes nouvelles - Il n’aura rien perdu pour attendre.
27.
N.Y. City - mai 1934
Carte postale - The medical center
325Quoi de neuf ? suis en plein boulot - La saison prochaine s’annonce riche en promesses.
326Espère pouvoir faire donner vos chansons - avec orchestre de chambre - Que se passe-t-il à Paris ?
327Saluez tous les copains et buvez à ma santé.
328Bien amicalement.
329V.
28.
2 juin 1934
sur papier à en-tête : 188, Sullivan Street, New York City
330Chers Amis
331Merci pour votre lettre du 4 mai et p[our].carte de Pierrefonds.
332J’ai eu un hiver de travail intense - jusqu’au 1er Mai je n’ai jamais dormi plus de 5 à 6h par nuit - J’ai encore pas mal à faire - mais la pression est moins forte et je puis régler la cadence.
333URSS - On turbine à l’organisation de l’Institut130 -
334J’ai complètement liquidé le sieur Fried (Oskar) avec qui je ne veux plus rien avoir à faire. Conseillez à Guighy de ne pas tabler sur « petites psycologie [sic] et intuition de femme » car elle se fout le doigt dans l’œil - et ceci est dangereux - car il y a des cas où on ne peut plus l’arrêter - Je vous ai dit le petit chantage dégueulasse prémédité par Fried. Je veux être bon prince et attribuer cela à sa connerie - qui est dangereuse pour les autres et ne lui a pas porté bonheur. Sa façon d’agir - qui ne lui est pas exclusivement personnelle - aide à saisir et peut-être même à justifier certaines mesures hitlériennes. Les managers que j’avais intéressé au sort de Fried et qui avaient commencé à travailler pour lui avec chances de réussite l’ont laissé tomber - À son âge, ce pitre mufle et gaffeur se trouve bien seul et fini - Ce ne sont cependant pas les amitiés ni les dévouements qui lui ont manqués - il s’est aliéné les uns et a lassé les autres - Tant pis pour lui - Dixi.
335Barcelone Viens de recevoir nouvelles - Plus que jamais ils semblent tenir au projet131 - J’ai écrit pour préciser certains points et insister sur ligne de conduite - J’attends réponse -
336Il est ridicule que vous soyez déçu par ce que je vous ai écrit de votre Trio - Vous devez vous sentir en progrès - mais vous êtes trop anxieux d’être joué à tout prix - Travaillez et soyez sévère - On dirait que les lauriers éphémères des enfoirés de 20 ans - sacrés génies pendant quelques saisons - et ensuite boyaux culiers132 boudeurs et défoncés pour le reste de leurs jours - vous empêchent de dormir - Ne vous laissez pas monter le bourrichon - Ne confondez pas gloire et publicité - où [sic] mieux, pissez aux fesses de la 1ère et ne lâchez pas vos pépettes à la 2nde.
337Nous passerons l’été sur une House Boat133 - sur un lac du Connecticut - à 80 miles de N.Y - mais je serai en ville 3 jours par semaine - car j’ai du boulot sur la planche - et dois préparer une série de conférences pour la saison prochaine, ce qui est intéressant et profitable au point de vue alimentaire - Excusez-moi auprès de De Nobele - d’avoir tant tardé à lui faire parvenir le montant de ma dette - complètement oublié. Ma négligence sera réparée ces jours-ci.
338[sur le côté gauche du recto]
339Je dois renvoyer voyage au Mexique - Trop à faire ici.
340Qui voyez-vous ? Que se passe-t-il à Paris ? Vous parlez que la France n’est pas populaire ici - A quand la guerre ?
341[en haut du recto, à l’envers]
342Amitiés à tous les camarades.
343Écrivez toujours à adresse ci-dessus134.
344As à vs [Amitiés à vous]
345Varèse
29.
N.Y. City - 11 juin 1934
Carte postale - Hudson Terminal and tubes
346J’ai reçu ce matin épreuve du disque de Ionisation - très précis - clair - mais (de la percussion seulement) - ça a été un chiendent pour les ingénieurs. L’impression spatiale manque - Toutefois on suit assez les dessins - quoique les timbres et les essences sonores soient standardisés par le microphone - Enfin c’est mieux que rien et c’est un commencement - Le disque sera mis sur le marché en Octobre -
347Reçu lettre d’Artaud qui me dit vous avoir vu135.
348Bons souvenirs à tous et meilleures bouteilles.
349V.
30.
[New York] 19 - VI / 1934
sur papier à en-tête de la Pan-American Association of Composers
350[note : cette lettre comprend des parties numérotées]
351(1)
352Cher Ami - y compris Guighy - (et la Suède et la Norvège -)
353Je transmets votre lettre à Salzedo136 - Pourquoi ne lui écrivez-vous pas directement ? 160 Riverside Drive.
354Fried Je pense que vous avez reçu ma lettre ainsi que carte - où je vous disais ce que je pensais de ce répulsif youtre - et du dégoût que ses méthodes m’inspiraient. Il a de la veine que je sois bon prince - car je pourrais lui créer de sérieux ennuis en URSS - mais ce n’est jamais qu’accidentellement que je marche dans la merde.
355Suis heureux que Tomasi137 dirige un concert de vous - Il est adroit et me semble posséder une solide routine - ce qui n’est pas le cas de certains de ses collègues - dont l’élasticité du trou du cul remplace le talent -
356Content du succès de Migot - qui suit son train-train
357(2)
358tranquillement et qui est chic camarade - Transmettez-lui félicitations et amitiés. Une forte vague de chauvinisme commence à secouer le pays - Ça devient ridicule - mais très alarmant, car ici fascisme signifie dans toute sa splendeur = triomphe du Ku Klux Klan138 - Ce ne sont pas tant les violences phisiques [sic] qui sont à craindre - qu’une standardisation de l’imbécillité [sic] provinciale - puritaine - bassement nationaliste « à la Taittinger »139 et « à la Coty »140 - la quintessence de l’esprit « rotarian »141. Enfin on verra. Heureusement on sent toutefois - dans tous les domaines - des yeux et des oreilles ouverts - et j’aime mieux cela - (même de façon candide) - J’en ai marre de cet esprit sarcastique méfiant et supérieur du parisien « à qui on ne la fait pas » mais qui en fin de compte finit toujours par être le con -
359Encore une fois en toute amitié je vous crie « casse-cou ». Vous êtes trop anxieux d’être joué - Faites attention - Paris est mauvais stimulant - qui se contente de satisfaire la vanité-Je sais que des succès de médiocrités comme celles qui contrôlent le marché vous dégoûtent - et que n’importe quoi paraît assez bon pour figurer honorablement parmi les navets qui encombrent les programmes - Méfiez vous de cette relativité - Souvenez-vous que le rayonnement de Paris est bien
360(3) [sur le côté gauche du recto]
361fini, surtout en musique - comme est finie la superstition de la Ville Lumière - qui est foutue. Travaillez pour vous avec des vues plus universelles. Merde - je deviens moraliste - ça ne me va pas - faites donc ce qui vous plaira - Après tout on ne profite que de sa propre expérience - La mienne est que seule la substance et l’honnêteté du travail comptent - Naturellement il faut « du temps » - « Le temps qu’il faut » : c’est comme pour le vin - Si Milhaud142 écrit vite - son consommateur le dégueule ventre à terre - Il ne fait que lui rendre monnaie de sa « pièce »143. (Jeux de mots œnologiques - Très fin)
362(4) [en haut, à l’envers]
363J’espère que vous avez reçu TREND144.
364Je travaille - et tâche de me démerder pour faire des sous. Je n’ai jamais été en si bonne santé. Je regrette que mes amis vivent à Paris - car (si j’ai de plus en plus horreur de cette ville malsaine) - ils manquent à ma vie ainsi que certains milieux -
365Ou [sic] allez-vous ? En Algérie ?
366Gardez bien ma couverture et dites à Guighy que je la préfère couss-coussante que « psycologue [sic] et intuitive ». Merde pour les intellectuels et le « temps » : Roses pour les Vivants et « l’Espace ».
367A vous 2 amicalement.
368V.
369(5) [en haut du verso, à l’envers]
370Ionisation est enregistré par Columbia145 Sera sur le marché en Octobre - Ils en sont contents - Il paraît qu’il y a b[eaucou]p d’intérêt pour moi en Angleterre - C’est rigolo et surtout inattendu.
371(6) [en bas du recto, à l’envers]
372Amitiés à tous les camarades - Excusez la hâte - Le bateau fout le camp - Je ne relis pas - tant pis - ou tant mieux - ou tant pipi (Vers l’aine)146.
31.
[New York] 9 - VII / 1934
sur papier à en-tête de la Pan-American Association of Composers
373Cher Ami
374Merci pour votre lettre du 19-6.
375De plus en plus je me sens en bonne santé et en bonne forme - et je pense que mon champ d’action est ici - À part les amis - et certains milieux que je regrette - Paris me fait l’effet d’un cauchemar - avec arrière goût de relent d’égout - qui m’inspire de la vraie poésie sur réaliste [sic] - Voilà une école qui est bien crevée hors de Paris - On en parle même plus -
376Fried Vous avez l’air de me reprocher avoir « à un certain moment mis de l’espoir en lui » et « ne rien avoir fait pour vous empêcher de me suivre dans un dévouement actif à son égard » Je n’ai aucune honte à avouer qu’il m’a eu - et ne me sens en rien diminué d’avoir été une poire - Je le connaissais égoïste et « youtre » dans la pire acception du mot - De là à anticiper un chantage calculé - et mis en scène avec dosage chronologique - il y a une grande différence - Il s’est révélé tel qu’il était - j’en fais mon profit - J’agirai à son égard comme je juge devoir le faire - Je vous mets au courant de la situation - Au lieu de râler à la parisienne et de chercher à savoir où sont passées vos billes - prenez conscience de l’imbécillité [sic] de cet individu - et du danger qu’elle peut présenter pour vous -
377Salzedo - Vous devez être en possession de la lettre qu’il vous a écrit [sic] il y a quelques jours - Il m’a téléphoné ce matin - Il part demain pour sa maison de campagne dans le Nord - Son adresse pour l’été :
378C.S.
379CAMDEN
380(Maine)
381U.S.A.
382Je pense que dans le courant de l’hiver prochain Equatorial sera en disque - Je vais le couper pour le faire tenir sur une double face - chaque face (4’20”). Il me faudra l’amputer d’1/3. Pour Ionisation comme vous dites « le mieux qu’on a pu faire a été d’éviter le pire ». Pour le piano, détrompez-vous : À plein bras - le couvercle tout ouvert - sous le micro - Il ne sort pas. Columbia toutefois est satisfaite et anticipe une « sensation »147. Je m’arrange déjà pour que le disque soit refait dans le futur - Mais de ceci - je vous prie - pas un mot à personne - Je compte sur vous 2 -
383Réclamez à Fried la partition - Vous aurez des surprises de ne pas entendre certaines choses en suivant - Ceci - comme je vous le dis plus haut sera réparé à un enregistrement ultérieur - Une fois encore gardez ça pour vous 2 - On doit me croire satisfait - That’s business -
384Mettez-vous à des œuvres d’orchestre. Vous serez toujours à même de les améliorer lorsque de nouveaux moyens sonores verront le jour - et seront d’usage courant - et d’emploi pratique -
385Instruments à ondes Impossible de décrire - Il faut entendre - Mais allez-y pour une œuvre d’orchestre et ne perdez pas votre temps à composer pour violoncelle.
386Bruits pour commentaires et comédies radiophoniques Soyez tranquille - Paris n’a rien à apprendre à Ν.Y. J’étais l’autre jour tout l’après-midi avec l’Ingénieur Chef du National Broadcasting148 - inspecter tous les studios pendant les émissions - On m’avait appelé - On voulait mes conseils - Ici aussi c’est enfantin en dépit d’un formidable développement technique - mais soyez assuré que malgré leurs demandes puissantes, je n’ai pas révélé mes idées - Je me contentais d’expectorer des phrases de louanges et d’émerveillement - les traitant en moi-même de pauvres cons - Mes conceptions me rapporteront lourd - et peut être bientôt dans un ou 2 ans - Un tas
387[sur le côté gauche du verso]
388de types de la haute « phynance » ont respect - considération pour moi - et un peu pour aussi - juste assez pour que mes conceptions les excitent par le danger qu’ils y rencontrent -
389[en haut du recto, à l’envers]
390Nous passons par une vague de chaleur - mais j’aime ça - Louise est sur son bateau -
391Moi ici, à poil - coulant comme un con sous pression - à plein rendement - où chaque coup de piston ferait gicler des jets de jouissance - Que c’est beau ! Que c’est beau ! (bis) mais ça manque d’ail - de par le fait du piston qui élimine la gousse - Sur ce : il est 4h p.m. à l’ombre 96° - Humidité 93149
392[sur le côté gauche du recto]
393Vais sous la douche et de là, faire des expériences dans un laboratoire.
394Considérations distinguées aux amis et à vous, civilités les plus empressées.
395V.
396[sur le côté droit du recto]
397Photo du House Boat150 et de Louise et moi, ancré sur le lac du Connecticut (c’est tout près à 85 Miles).
32.
[New York] 12 - VIII / 1934
sur papier à en-tête de la Pan-American Association of Composers
398Chers Amis -
399Vu hier Stella qui a débarqué chez moi à l’improviste, me portant de vos nouvelles - Il vous aime bien et est enthousiaste du couss-couss de Ghiguy151 - Il m’a dit encore votre désir de venir ici. Je m’en suis occupé9, - et il n’y a malheureusement - pour le moment et immédiat futur - rien à faire - Stella m’a consulté au sujet de Barzun. Le malheureux arrive à peine à se démerder - Il n’habite même pas Ν.Y. mais la banlieue - et n’a pas d’influence -
400[sur le côté gauche, à la verticale]
401Très drôle - Stella vous appelle toujours Lacretelle152 - en parlant de vous -
402[suite, sur le côté droit, à la verticale]
403Ceci naturellement entre nous - car il a de bonnes intentions et est gentil -
404D’après Stella - et les journaux de chez nous - je crois que l’on exagère les dangers de guerre - Ce pessimisme est dû à une certaine classe qui doit faire son possible pour garder la majorité de la nation sous pression - et dans un état d’esprit propice à certaines exploitations le moment venu - De source très autorisé [sic] je sais que l’U.R.S.S. - à une cadence rapide - évolue vers la droite - Souci de l’élégance vestimentaire - souci d’un langage châtié... Merde. Ils ont déjà le néo-classissisme en musique et en sont encore au pire pompiérisme-primaire dans les arts plastiques. Ex-nouveau skyscraper (quel étron -).
405Ici on parle d’un troisième parti - J’en parlerai avec son chef lors de sa venue ici, Le Sénateur la Follette153 - Le Communisme comme on le conçoit en chambre chez nous est bien un accessoire romantique et périmé - et n’a aucune chance de réussite - ni ici - ni ailleurs. C’est pourquoi nos pseudo-révolutionnaires (je parle de France) peuvent s’y cramponner en toute sûreté - Ils peuvent gueuler à tue-tête sûrs de ne jamais avoir à faire face aux responsabilités du pouvoir - Encore une forme d’académisme bien française - qui va de pair avec cet autre - l’A.F154. J’ai lu leur journal l’autre jour - (l’A.F.). C’est lamentable. On a l’impression de concierges qui s’engueulent en voulant jouer aux bourgeois - Ça donne un spectacle de décadence - d’agonie - En toute franchise : je regrette d’avoir quitté mes amis et d’être privé de certains milieux - mais je suis heureux d’avoir laissé Paris. C’est pour moi un endroit maléfique et cauchemardesque - Lorsque j’y reviendrai pour saluer mes amis ce sera la plus grande
406[sur le côté gauche]
407preuve d’amitié que je pourrai leur offrir - car si ce n’était pour eux je n’y retournerais jamais - Je compte au contraire sur l’Allemagne, après l’aventure Hitlérienne - lorsque tout ce [sic] sera tassé - Mais jamais la paix sera possible tant que le monde sera régi par cette ordure qu’est le traité de Versailles.
408[en haut, verticalement]
409Excusez mon mot décousu - Je ne voulais que vous dire bonjour. Je me suis laissé emballer - en dépit de mon index - coupé en me rasant - qui m’empêche d’écrire, me gêne et saigne comme un bœuf. - J’ai écrit au brave De Nobele et lui ai envoyé le montant de mon dû - Je suis honteux de cet oubli - Excusez-moi encore - Salutations à tous les camarades et à vous 2 ma bonne amitié.
410V.
33.
24 - VIII / 1934
sur papier à en-tête : 188, Sullivan Street, New York City
411Lettre illustrée avec une photo de presse découpée dans un journal, représentant 2 mouettes se disputant un poisson et commentée par Varèse : « Photo démontrant qu’il n’est pas nécessaire d’aller en Bretagne pour se disputer une portion de poisson »
412Cher Ami -
413Ce matin me parvient votre lettre du 10 courant. Comme je vous l’ai écrit il y a 10 ou 12 jours - j’ai reçu la visite de Stella - qui m’a donné avec force détails de vos nouvelles et m’a transmis vos messages -
414Il fait aujourd’hui une humidité tropicale d’entre cuisse de négresse au régime cantharidien - c.à.d. que l’on coule et mouillotte - ne pas dire que l’on moule et couillotte -
415Il est 4h 1/2 p.m. heure de Ν.Y. daylight saving - Je quitte mon turbin - Entre acte [sic] - J’en profite pour prendre la plume et tailler une bavette avec vous - Attention, ne pas dire à la Guighy : « prendre la bavette et tailler une plume ». Ce n’est pas comme il faut - et ça ferait rater le bateau à la présente. Je souhaite vous savoir sorti de votre cafard - Noyez ce dernier dans un lac de Beaujolais. La Bretagne vous retapera - Y voyez-vous Le Flem - J’ai écrit à sa fille pour avoir leur adresse d’été - (Comme son père - à la française)155 elle ne m’a pas répondu.
416Très bien votre contact avec Martenot156 - J’en suis heureux pour vous - Si vous saviez comme la bande des petits excités « russo-blancs - français-bien pensants-et-patriotes »157 - néo-classique - paraît - ridicule de loin - Pas une note ne restera de leurs sécrétions - Ils ne chient même pas - Après des efforts surhumains - une goutte de sueur maigre et acide leur sort du trou du cul - C’est tout - Ça pue à peine le, pied de punaise - Plus que jamais je veux un art fort et sain - dépouillé de toute intellectualité morbide et décadente. Purgé de tout parisianisme - Un art qui vous empoigne aux tripes - et vous entraîne dans son tourbillon - Celui-là est Universel - Pas besoin de le comprendre - On le subit158. Point - fini -
417À propos de tripes : Vous avez raison - j’avais grossi - Excès de bière - très mauvaise ici - Je l’ai laissée et mon bide revient en bon français à la « juste mesure ». Le bateau - est un vrai House boat159 - ancré à une 100ne de m[ètres] de la rive - On s’y rend en canot ou canoë -
418De Nobele - Reçu mot de Tournus. Dans un moment de folie des grandeurs se prenant pour de vrais canoistes à moteur - ils ont dû faire leur plein - Leur carte mélange le patriotisme local - auquel il [sic] me reprochent d’être infidèle - et certains propos concernant le Beaujolais - Heureusement qu’ils descendaient la Saône160.
419Souhaite une bonne cure à Guighy161 - Ne vous faites pas trop de bile afin de ne pas avoir à en subir une pour votre compte personnel.
420Cahiers américains - Comme la lune - ainsi que la mère Furth162 - Rassurez-vous, l’Amérique est mieux que cela - Comme je vous l’ai écrit Barzun est très gentil - Il y a fayot et fayot - Vous le savez - La camaraderie est une belle chose - tant qu’elle ne se transforme pas en corps étranger qui vous entre dans l’œil - Ici cela ne représente : RIEN -
421Vous avez fait la critique de l’Orphisme163 - (ainsi que vous me l’avez raconté) lors d’une manifestation plus ou moins poétique - Non - Il faut autre chose - Je le regrette pour Barzun - Il a de bonnes intentions - mais N[om] d[e] D[ieu], il en est encore à cette stupide aventure de l’Abbaye164 - et se réclame pour buts utilitaires de l’amitié d’un tas de ratés officiels et autres Duhamels165 - C’est un peu dégueulasse - Quant à la Furth et autres contributeurs - vous les placerez vous-même - Barzun continue à citer mon nom - je m’en fous - car cela ne peut faire de tort - Sa revue est ici totalement inconnue : un bulletin de réclame personnelle bien pâle et bien anodin -
422Ces temps-ci j’ai lu du Giono - L’aimez-vous ?
423Stella va vous écrire bientôt - Il vous aime bien tous les 2 et conserve un souvenir ému du couss-couss Guighytien166 - Il m’annonce votre déménagement167 ? Pour quand ? Tenez-moi au courant de votre nouvelle adresse - Je pense que vous faites bien de changer - Vous êtes vraiment trop loin de tout champ d’activité et de tout centre vivant et intéressant -
424Sur cette mâle et vigoureuse constatation - ainsi que disait Mr Daudet (Léon)168 - je la boucle pour de bon - Je ne sais si c’est lui - mais remarquez la riche « açonance » [sic] -
425Bonnes amitiés aux 2 - et aux amis
426V.
34.
[New York] 17 - IX / 1934
sur papier à en-tête de la Pan-American Association of Composers avec DESSIN DE MAC à la plume et crayons de couleur
427Cher Ami -
428Je vous remercie pour votre lettre Vichyante169 car il est fort chiant que Guighy ait des ennuis avec son foie - Je ne crois guère à toutes les conneries Villes d’eaux - Je pense que ce ne sont que prétexte à retapes + ou –170 mondaines - autre branche commerciale allant de pair avec la faculté de médecine - Mais je crois à une diète très sévère - ascétiquement emmerdante - à laquelle je suis soumis actuellement - et qui j’ai bien peur va être l’alimentation normale pour le futur - Comme dit Louise il faut choisir entre le ventre et la tête - C’est dommage que je ne puisse me délivrer de certains stupides préjugés - car instinctivement je crois dur comme fer que les tripes sont foutrement plus intéressantes - que la cervelle - même au beurre noir - et offrent de bien plus hautes joies - sans arrières-pensées - mais bien pansées - par devant - Pendant une semaine j’ai été soumis - (au début de ce mois) aux rayons X - et aultres [sic] emberlificotantes chieries - Il m’a fallu prendre à différentes reprises un sinistre liquide - colorant - les veilles d’examination171 [sic] - dégueulasse au possible - Pas de médicaments - rien que régime - Une amie à nous qui avait des calculs biliaires - a refusé d’être opérée et s’en est tiré [sic] par la diète - Donc que Guighy en prenne de la graine - et ne se laisse pas bourrer la caisse par des toubibs marrons - Elle est payée pour en connaître l’honnêteté et les capacités scientifiques - « Après ce nécessaire préambule - (comme dirait le Prof Barzun) - attaquons le sujet : c.à.d. (Comme dirait encore le Pr Barzun)172 procédons par ordre -
429Stella173 M’a dit qu’il comptait vous écrire - Il est fasciste - Mussolinien - anti-Amérique - jusqu’au prochain changement - où il foutra Mussolini dans sa merde etc - etc -
430Pour vous ici - j’ai encore parlé à des amis - universitaires - chances nulles - Seules chances : spécialistes agrégés ou docteurs ayant déjà professé10 - ou scientistes174 [sic] dont les découvertes ont imposé les noms - pour chaires universitaires spéciales -
431U.R.S.S. Ce que je vous en dis - et que je vous prie de garder pour vous - n’est pas seulement « la façon personnelle de sentir » mais bien la constatation de faits - Je suis en rapport suivi avec les Officiels - Il y a 2 semaines, on m’a remis les toutes dernières productions symphoniques - bon appétit - Une minute je change de plume - Comme dirait Stella - celle-ci ne va pas plous175 - Et voilà - Ça va mieux -
432L’Institut176 continue à s’organiser - avec de l’enthousiasme surtout du côté russe - Le Consul général et l’Ambassadeur y tiennent fortement - Seulement les conditions actuelles - financières et politiques - ne facilitent guère la besogne de réalisation - C’est un travail de longue haleine - mais je pense que ça collera bien.
433Quant à Barzun c’est un pauvre bougre - meaning well - ce qui n’est pas suffisant - et confondant pionnier avec pion tout court. Ses cahiers177 deviennent de plus en plus miteux - comme vous vous en apercevez - et son attitude à l’égard de Duhamel et Romains178 ne révèle pas la rigidité de son échine - Toutefois il veut être gentil - et est content s’il peut aider - (mais il ne peut malheureusement rien faire). N’en dites pas de mal - ignorez - là-bas - Ici pas de peine - c’est déjà fait -
434Ça vaut pas plus - Entièrement (et enterrement) de votre avis.
435De Nobele - Mégret Content du souvenir qu’ils ont emporté de Tournus - Leurs irrigations de Beaujolais prouvent que Mégret et [sic] redevenu le vrai de vrai buveur fonctionnel-Je m’en réjouis-Je pense que Mr. F. d. N.180 a reçu mon mot - à son retour à Paris.
436Giono - Relu - Ça ne tient (pas trop) à la longue le coup - Vraiment trop sentimental et d’un optimisme humain un peu guimauve - Il y a de jolies choses - Nouvelle adresse181 Je l’attends - Votre quartier est vraiment moche - et mal achalandé - Puisque vous devez rester dans le 15ème cherchez du côté Rue Mathurin Régnier - rue du Cotentin - Vous devez sûrement trouver actuellement et à bon compte
437Vous envoie le véridique et très ressemblant portrait de Mac182 - sur ma table en face de moi - Il vient ordonner le régime de Guighy -
438Bonjour à tous [sic] le monde - Mes hommages et le bon souvenir de Louise à Madame Guighy - et nos meilleures amitiés à vous 2.
439V.
440[en bas, à gauche] [dessin d’une croix avec annotation]
441« BUVEZ pour MOI - mais du BON - »
442[en bas, à droite] T.S.V.P1. [souligné au crayon rouge]
443Quel est l’éditeur de l’Anthologie des Maîtres Religieux183 ?11184 De Combien de Volumes est composé [sic] la Collection ? Quel est le prix ? Peut on [sic] trouver d’occasion ? Le Flem et De Nobele pourront vous tuyauter - À votre tour soyez aimable de me renseigner - Thanks Que devient Martelli185 ? Donnez-lui mon bonjour lorsque vous le verrez - Naturellement n’oubliez jamais ni P. L.F. ni Fl. Sch186.
444Si vous voyez Artaud - priez-le de m’envoyer de suite - le scénario qu’il a de moi. J’en ai besoin pour quelques jours « URGENT » - pour mise au point. Je renverrai ensuite - Mais pour l’amour de Dieu qu’il envoie - ou vous – recommandé - C’est le seul - Que devient Artaud ? Des nouvelles me feraient plaisir - ma dernière lettre est restée sans réponse - Faites-lui mes amitiés.
445Avez-vous des nouvelles du peu reluisant farceur Fried ? Quel pâle salaud -
35.
24 - IX / 1934
Carte postale - Massachussets - Catskill Mts
446En ballade automobiliste avec les Barrère - et un séjour chez eux - Bon souvenir - Espère que Guighy va bien.
447V.
448Salutations
449George Barrère
36.
[New York] 11 - X / 1934
Sur papier gris à en-tête de « Thomas Bouchard »187
450Cher Ami -
451Reçu votre lettre - Merci - Y répondrai longuement en [sic] quelques jours - Suis débordé de travail - Toute la journée dans des Laboratoires - Epatant - Heures de loisir : composition qui marche bien -
452Ionisation - sera sur le marché fin de ce mois.
453Pouvez-vous m’envoyer de suite s.v.pl. : le livre de Goha le Simple de Albert Adès et Albert Josipovici188 - ?
454Coupez les pages s.v.pl. et écrivez sur 1ère page : Property of Edgar Varèse - Ceci pour la Douane -
455Merci - Suis crevé - Amicalement à vous 2 -
456Bon souvenir aux camarades - En hâte -
457V.
458Excusez griffonage [sic] - Ecris debout sous une lampe électrique - dans la rue -
459[à gauche]
460Essaie de caser vos mélodies avec Orchestre de Chambre -
37.
[New York] 8 - XI / 1934
461Cher Ami -
462Veuillez remercier De Nobele p[our] l’envoi du Eddington189 - et lui demander ce que je lui dois.
463Soyez aimable de demander à Artaud le manuscrit (ou plutôt l’esquisse dactylographiée) qu’il a et dont j’ai besoin pour travailler12. C’est le seul exemplaire - et je lui renverrai avec remarques - Ma lettre à lui écrite depuis plusieurs semaines et adressée rue Rouche190 est restée sans réponse - Je travaille comme un diable - Alternances de bons et moins bons jours - à cause de la santé physique - le moral n’a jamais été aussi parfait.
464Je rentre pour un jour mardi à l’Hopital [sic] pour examen radiographique complet. On ne sait encore s’il ne faudra pas opérer et enlever cette putain de vésicule biliaire - à qui je dois mes malaises - mes dépressions - et qui interfère avec mon travail créateur depuis 20 ans -
465A part ça tout marche - et laisse présager un avenir des plus favorables - comme travaux et réalisations affirmatives -
466Que devenez-vous ? Je souhaite savoir Guighy retapée et d’attaque - Donnez nouvelles - Vu Stella l’autre soir - Vous écrirons ensemble sous peu - ainsi qu’il m’a proposé de le faire - Il vit à New Rochelle - mais vient à N.Y. trois ou quatre fois par semaine - Malheureusement je suis souvent pris - ce qui espace nos rencontres.
467Faites part à Le Flem du prospectus ci-inclus - et si le disque191 se trouve en France - priez-le d’en toucher un mot à Vuillermoz19213193.
468Donc - écrivez - et veuillez vous occuper au plus tôt de voir Artaud - Merci - Merde de papier - (pour machine) qui rend ma plume gâteuse et la fait baver - Greetings à tout le monde et encore merci à de N[obele] - Amicalement à vous 2.
469Varèse
470Suis toujours en rapport avec l’U.R.S.S. et souhaite toujours aller y ballader [sic] ma tripaille -
471La France m’a l’air de sombrer de plus en plus dans le marasme - Un camarade arrivé hier sur le Bremen194 - m’a téléphoné au débarqué - pour me dire que Paris, était « un concombre aigre mariné dans la pisse » -
472À bientôt de plus longues nouvelles - Dès que la date pour mon enterrement sera décidée.
38.
[New York] 15 – XI / 1934
473Merci - Cher Ami - pour votre mot du 2.
474Pas encore reçu Goha195 - Je pense donc que ça ne va pas tarder à arriver - Merci - Content que Guighy aille mieux et que le traitement homéopathique lui réussisse -
475Je saurai Mardi prochain - si oui ou merde MM les Toubibs vont m’ouvrir les tripes et m’extirper ma garce de vésicule biliaire - À part ça tout colle au mieux et je me porte comme père et mère - (Pas les miens).
476Tachez d’accrocher Artaud196 - Je ne puis rien faire sans mon manuscrit original - C’est l’original que vous connaissez - tapé à la machine. Envoyez recommandé s.v.pl.
477Votre combinaison me paraît bonne - sauf qu’au Tuba je préférerais une clarinette C.B197 avec les instruments que je vous avez [sic] choisis - Elle me paraît plus homogène - plus facile à graduer - Attention toutefois au double emploi que piano et harpe peuvent faire - Méfiez-vous de la monotonie - et songez aux contrastes surtout si vous voulez employer les effets de Salzedo - Je vous plains pour vos yeux - Je ne connais que trop cette chierie - Pas besoin de spécialistes - seul remède : des compresses d’eau aussi chaude que possible - 2, 3 fois par jour - Vaselinez les paupières légèrement afin de ne pas les brûler - Pour vos lunettes n’importe quel bon opticien examinera votre vue et vous montera les verres dont vous avez besoin -
478J’espère que la pièce de P.L.F.198 a été bien donnée et qu’elle a remporté tout le succès que je souhaite pour mon vieux copain - Faites-moi savoir si Jeannot199 est à Paris - Je veux lui envoyer quelque chose - J’ai écrit à Le Flem et à elle - Selon la tradition familiale - pas de réponse - ni du père - ni de l’héritière -
479[T. S. V. P.]
480Encore une fois insistez auprès d’Artaud -
481Tenez-moi au courant de ce qui se passe - La situation me paraît bien miteuse - Je ne comprends rien à tous ces changements de ministères - ou malheureusement trop - Au fond je m’en fous - mais j’ai peur de ce que cela peut amener - et de l’averse de merde qui menace mes amis -
482J’attends la lettre promise -
483Amicalement à vous tous.
484V.
485Reçue des Vargas carte de Nice.
486Entendu pour les Mélodies - Nos choix coïncident -
39.
[New York] 9 - XII / 1934
sur petit bristol, au crayon noir
487Cher Ami -
488Que devenez-vous ? Je travaille comme un fou - Tout marche -
489Je vous prie de ne pas oublier ma commission auprès d’Artaud200 - C’est important-
490Donnez nouvelles -
491J’espère arriver à caser vos mélodies - Les 2 que vous préférez - Elles seront bien répétées et bien chantées - Chose qui n’arrive pas souvent à Paris - La situation ne paraît pas folâtre en Europe. Attention à ne pas vous laisser embringuer - Ayez l’œil - et pensez à trouver un beau sujet de Fugue réelle comportant des divertissements de bon augure -
492Amitiés à vous tous -
493En grande hâte.
494V.
495Vous n’avez pas répondu à une de mes questions : Est-ce que Jeannot Le Flem - est oui ou non à Paris ? Faites-moi savoir - Je veux lui envoyer quelque chose. Merci.
40.
[New York] 16 - XII / 1934
496Merci - Cher Ami - pour votre lettre recommandée du 2 cour[an]t - et pour manuscrit201 (à la machine) Excusez les ennuis que cette commission vous a causé [sic] - mais j’ai grand besoin de ma prose et suis heureux que votre persévérance ait réussi -
497Maintenant je procède par ordre selon teneur de votre lettre.
498Paris C’est de divers côtés - par des amis français aussi bien qu’étrangers que j’ai été mis au courant du marasme202 qui y sévit - Ici ce n’est pas folâtre non plus - mais on sent quand même que des demains sont possibles et que la vie n’est pas limitée seulement par la pompe nécrophile et le culte des ancêtres -
499J’ai plusieurs choses en train dont je vous parlerai (prochainement j’espère) dès qu’elles commenceront à se réaliser - Je gratte d’arrache-pied - Le moral n’a jamais été aussi bon - surtout depuis que je suis à une diète très sévère à base de viande et de salade (peu d’huile - mais vinaigre et citrons à volonté) - Ceci me remet sur pied - et retape ma vésicule - pas de drogues - mais nourriture dosée et pesée avec précision - La radio a révélée [sic] - une vésicule très enflée et enflammée - pas de calculs (j’ai donc bien fait de bûcher les mathématiques) - Les Médecins ne veulent pas opérer et assurent me guérir - J’ai vu un des grands pontes d’ici - Ce sera long - je m’en fous - et j’emmerde les cafards passés - qui m’ont fait perdre tant de temps - De Nabele Ce n’est pas une indiscrétion - Je veux tenter avec un camarade les possibilités de faire rapidement du pèze - car ce n’est malheureusement pas la musique qui me paiera ma tôle ou [sic] je puisse recevoir les copains - Mais par contre-coup - elle qui profitera de l’indépendance matérielle et de l’absence de soucis - Merde ce que c’est compliqué -
500[Lundi 17 - Je reprends lettre interrompue]
501Artaud Suis désolé de le savoir dans la débine - surtout sensible et nerveux comme il est - C’est dégueulasse quand on pense aux salopards sans ombre de talent qui sont soutenus - et monopolisent les sinécures -
502Stella va bien - Vous envoie ses amitiés - Aura une exposition en Janvier Le Flem Mon meilleur souvenir à eux tous - Laissez-moi savoir où est Janot203 - Je veux lui envoyer une petite babiole - Merci.
503Le succès de Roussel ne m’étonne pas - Tant mieux pour lui - mais je suis heureux de celui du bon Florent204 en U.R.S.S. Transmettez-lui je vous prie félicitations et cordiales pensées.
504Je suis navré de savoir Le Flem si bousculé à des besognes ingrates et indignes de lui - Il est vrai que tout le monde n’a pas le genre d’un Ferroud205 ou la transcendance d’un Cortot206 ou d’une Boulangère207 - Quel immense fatras - Ils doivent être propres leurs concerts intimes - intimes à sentir le panier à linge sâle [sic] - Mais mon pauvre vieux - faut pas s’en faire - Partout et toujours ça a été la même chose -
505Ici nous attendons le retour des batteurs de mayonnaise - La grande prima donna Tosca(nini)208 le plus exaspérant exemple de la virtuosité primaire et pédante - Souhaitons qu’il crève bientôt209 - ou plutôt qu’on se décide à l’enterrer - car il y a fort longtemps qu’il est mort - mais il ne le sait pas - Ceci s’applique aussi à d’autres virtuoses de notre connaissance - cadavres blafards et ambulants -
506Fried Ça ne m’étonne pas - Dans le fond c’est un lamentable gâteux (de naissance) cachant sa pauvre nature sous le masque de la muflerie - Dangereux comme tous les gens bêtes - car si souvent une certaine intelligence (ou plutôt roublardise) peut s’allier à la vacherie - la bêtise est toujours méchante -
507Protégé de Mme Monteux210 - Pas la peine de la convaincre - Ne faites l’aumône de votre sincérité qu’à bon escient - Souvenez-vous de Dante211 : « Ne t’occupe pas d’eux - regarde et passe ».
508Freed L’ai aperçu une ou deux fois - Il bricole et tâche de se débrouiller - Nous n’évoluons pas dans les mêmes milieux. C’est dommage car il est gentil. Migot J’ai toujours eu de la sympathie pour lui - Il est à déplorer que la majorité de nos collègues n’aient ni sa finesse - ni sa culture - Ils feraient bien en tout cas de modeler leur attitude sur la sienne - Quand vous le reverrez, mon amical bonjour.
509Alberti Dites-leur combien je me souviens avec plaisir de nos soirées madrilènes - Glorieta de Bilbao212 et visites jambonesques et œnoligiques [sic] - Je souhaite que tout se tasse chez eux - comme ailleurs aussi - ici surtout où les jeunes cons fascistes commencent à se sentir pisser. Mais le jet ne monte pas très haut : ils ne sont encore [pas] arrivés à crever un œil à une étoile -
510Vu Salzedo samedi soir - Il ne pense pas pouvoir mettre votre Trio sur pied - pour cette saison il n’en est même pas question - Il m’a dit vous avoir écrit en détail à ce sujet - Continuez votre transcription - Salzedo trouve que c’est une bonne idée - A son point de vue la substance de votre boulot dépasse la limite sonore des instruments choisis - Je pense qu’il y a du vrai - car la harpe et la flûte dans le grave ne portent guère - et n’offrent pas les ressources que vos dynamiques réclament -
511Guighy Content que sa santé s’améliore - Je l’entends rouspéter. J’espère que la solution changement d’école ne se fera pas trop attendre.
512Félicitations pour avoir été refusé par la bande SIMC213.
513Vous écrirai dès que mes trucs sembleront se réaliser -
514Les fêtes de Noël qui paralysent tout ne sont pas faites pour activer les dénouements -
515Je recommence Equatorial - version de concert (et probablement aussi chorégraphique) définitive qui sera donné [sic] en Mars et enregistré je compte - Ensuite reprise d’Espace, et d’un autre boulot en voie de conception - Beaucoup de temps malheureusement gaspillé à gagner la matérielle - et en courses et palabres - Les contacts doivent être gardés et pour ça il faut payer de sa bête.
516Tous nos vœux pour vous - les Vargas - Alberti - Carpentier214 - De Nobele - Maigret215 - etc etc etc -, et notre bonne amitié à vous deux.
517Votre Varèse
518Vos Mélodies Hier soir réunion du Comité du International Exchange Concerts - Si le concert en vue - (décidé en principe) a lieu au printemps elles seront inscrites au programme - Les 2 choisies par vous - Nous aurons dans ce cas un orchestre de 36 - (par 2). Je les ferai donner avec cordes renforcées - Nous avons comme plan 6 répétitions - Elles seront répétées aux petits pois - et bien chantées.
519[note écrite sur papier à en-tête Edgar varèse, mais non datée]
520[au recto]
521Mélodies - 2x4 - Check up and correct material - according to score -
522[au verso]
523Modifications en rouge - (mélodies 2x4) pour orchestre ne possédant qu’l instrument de chaque famille - faites par moi - en vue d’une tournée organisée par un orchestre de chambre ainsi composé - La tournée a été abandonnée - La soliste (soprano) de qui en grande partie cela dépendait, ayant dû pour cause de maladie partir en Californie -
524V.
525Salzedo me dit que le Trio vous a été renvoyé - Confirmez -
41.
[New York] 5 - VI / 1935
526Merci - Cher Ami - pour votre mot du 27-5 - et toutes nos félicitations pour l’arrivée du citoyen P.A.J.21614
527Nous souhaitons savoir Guighy totalement rétablie - d’attaque pour se mesurer avec d’héroïques couss-couss - et pour leur mettre (selon son expression) le pied au cul.
528Content que Ionisation217 vous intéresse - Tachez [sic] de l’entendre sur un bon appareil - un appareil de Bertrand218 si possible - Le résultat d’enregistrement aurait été bien meilleur - au point de vue spatial surtout si les ingénieurs du son avaient suivi mes conseils - Enfin tel qu’il est le disque est très en demande et se vend bien - Il paraît que c’est formidable le nombre d’exemplaires achetés par les « composers and Jazz arrangers and orchestrators » tout en continuant à me piller - ils préparent la voie et le public - C’est donc qu’ils sèment pour moi -
529Je suis heureux de votre association avec Le Flem et Migot219. Je ne connais pas les autres deux - mais suis sur [sic] que votre choix est judicieux - J’espère que votre association sera agissante et arrivera à contrebalancer les effets pernicieux et négatifs des Tritons et autres Sérénades220. De par son nom la Boulangère221 se doit de devenir la Muse Nationale du Four - Jusqu’ici au point de vue artistique - elle et ses complices ont bien réussi - Ce sont les radis crottes-socialistes de la Musique (! ?)222 dont Mr Cortot est le Coty - J’ai b[eau]c[ou]p travaillé cet hiver - esquisses. Je finis de récrire Equatorial - Vous enverrai une copie à l’automne -
530Ai fait des études de Chœur - des Etudes - projets - sur les projections - expansions en spirales etc etc - dont vous verrez résultat dans les œuvres qui vont venir - Travaillé aussi dans des laboratoires - Enfin, j’ai repris pied complètement et rattrapé les 5 années d’absence -
531Avec Freed, Salzedo et d’autres, nous travaillons à un projet de front commun - alliance des compositeurs de gauche. Vous tiendrai au courant - et peut être y aura-t-il possibilité de collaboration avec votre groupe -
532Suis très bousculé, mais ai voulu vous répondre de suite.
533Votre lettre m’a fait plaisir - Bon souvenir à tous et toutes -
534Notre fidèle affection à vous 2 - et les amitiés de Louise et mes compliments respectueux à Madame Guighy223 = dame - régente - empérière224 de la sublime cuisine.
535Votre V.
536[en haut, à l’envers]
537Bonjour à Gaillard225 - aux P.L.F.226 - Migot - etc etc et bons vœux pour le nouveau groupe227 -
538[au dos, au crayon, mot de Louise]
539Contente, chers amis, de l’heureuse arrivée de l’héritier ! Vous avez du [sic] fabriquer quelque chose de bien solide intéressant et beau !
540Je suis tout à fait surprise et touchée par la dédicace228 ! Merci Jolivet.
541Affectueusement,
542Louise
42.
[New York] 19 - VII / 1935
Lettre traversée par une flèche Pré-Colombienne avec les remarques : au bout de la flèche : « Notez son élégance et sa sveltesse » à la pointe de la flèche : « Sommes en pleine vague de chaleur - Louise fond et n’en peut plus - À part cela ça colle - Je vis à poil et me trouve O.K. »
543Cher Ami -
544Il est presque certain que j’aurai 2 concerts - très importants de musique moderne - la saison prochaine - et dans les meilleures conditions - c.à.d. exécutants de 1er ordre - autant de répétitions que je jugerai nécessaires - Comme chefs je demanderai 2 jeunes - à qui on imposera les œuvres et leurs styles - Plus de prima donna - ou secoueurs de panier à crottes - Les concerts diffusés-J’inscris aux programmes 2 de vos chansons229 - Veuillez m’envoyer notice sur vous (courte biographie - liste des œuvres etc) ce qu’il faut pour rédiger les notes de programme -
545Je tiens à faire jouer quelque chose de Migot - Demandez-lui qu’est ce qu’il pourrait m’envoyer d’une durée de 10 à 12 minutes maximum pour 1 Fl - 1 Htb230 - 1 Cl[arinette] - 1 basson - 1 t[rom]pette - 1 cor - 1 tuba - 2 violons - 1 alto-1 V.C231 - 1 C.B232 - percussion - piano et harpe (ad libitum) - s’il en a besoin - Demandez-lui de joindre notice biographique analogue à la vôtre - Naturellement je souhaite du dernier Migot représentatif de ce qu’il fait maintenant -15
546Voilà - Vous êtes une déconcertante vache de me laisser sans nouvelles - et de ne pas me tenir au courant de ce qui se passe d’intéressant en ce moment à Paris - Heureusement que d’autres amis sont moins touchés par la paresse littéraire - et que je suis renseigné par les périodiques français que je trouve à N.Y. -
547Je souhaite vous savoir en bonne santé - et vous présente ainsi qu’à la vertueuse Madame Guighy (vertueuse d’après la détermination prise par elle aux dires de De Nobele) et à votre belle-mère233 l’assurance de ma considération impubère et distinguée -
548V.
549[sous la signature, une râture transformée en rectangle intitulé « tâche stylisée »]
550[un timbre de 0,40F a été joint à cette lettre avec la mention « découvert dans des fouilles
551portefeuillesques ».]
552[mention au crayon rouge] T.S.V.P.
553Au moment de cacheter ma lettre - la votre [sic] du 27 Mai - (à laquelle j’ai répondu le 5-6234 me tombe sous les yeux.
554Vous ai-je dit que Louise était très touchée par votre dédicace235 ! Si non : excuses - Si oui : Re-Merci -
555Au Laboratoire l’autre soir j’ai trouvé en 5 minutes la solution d’un problème que les ingénieurs cherchaient depuis 2 ans sur les perspectives du son - Malgré les oscillographes dans les laboratoires - ou les oreilles microphoniques des chefs d’orchestre : Toscanini - Monteux et autres - la musique piétinera dans la merde pour longtemps - Le seul salut : quelques créateurs possèdent l’oreille intérieure - Beethoven236 en est le prototype - et je crois que sa surdité au monde matériel a été pour lui une bénédiction - et la source d’un nouveau concept sonore -
556Je fais des progrès inouïs - et me sens si sur [sic] - que toute nervosité a disparu - Je ne pense qu’à travailler et à réaliser - et Dieu sait si j’en sali [sic] du papier - sans me préoccuper du résultat matériel d’exécution - Ça viendra - Et puis j’espère dégotter un bon boulot - indépendance absolue - et possibilité de dire merde à qui me plaît - Il est vrai que rarement je me suis privé de ce plaisir - Mais avec une position matérielle solidement établie - vous verrez les petits copains et aubes chefs de fanfare radiner - Pour eux ce sont les seuls arguments persuasifs - Seulement la porte ne s’ouvrira pas souvent - Paris m’a révélé - plus que n’importe quel pays la muflerie - mais d’un aube côté m’a enseigné l’application de la thérapeutique adéquate - et les ribouis237 made in U.S.A. sont de qualité admirable -
557Travaillez - J’espère que votre association ne tardera pas à se manifester de façon constructive - Dites à M.F. Gaillard que je lui garde un souvenir amical et reconnaissant - et que je n’oublie pas qu’il a été le 1er à me présenter à Paris.
558Vous êtes gentil de penser à Octandre238 - mais mes vieux navets ne m’intéressent plus et (ne le prenez pas en mauvaise part) - je m’en fous éperdument de l’hospitalité que Paris daigne ou refuse accorder à ma pacotille - Paris ne m’a jamais admis que comme touriste - J’y reviendrai comme tel - lui laisser mon pourboire - lorsque la situation phynancière [sic] le permettra-Je regrette mon dégoût pour la Ville - Poubelle - car les amis que j’aime le mieux s’y trouvent - malheureusement il faut faire sa vie de chaque jour... et ceci est une histoire que vous tous aussi connaissez par cœur -
559Ou [sic] passez-vous l’été ?
560Excusez mot écrit ventre à terre - Il est 18h - Dois foutre le camp - En profite pour mettre ma lettre à la poste - afin de ne pas rater le bateau -
561[en haut, à l’envers]
562Je vous envoie pour vous le seul exemplaire qui reste d’Octandre corrigé239 - Dites-moi s’il vous est parvenu -
43.
[New York] 8 - VIII / 1935
563Merci - cher Ami - pour votre mot qui me parvient ce matin.
564Je vois que Guighy et l’héritier se portent bien - et je souhaite que ce dernier connaisse une ère meilleure dans un état social nouveau - Ce que j’ai lu des manifestations du 14 juillet est réconfortant si toutefois une organisation suffisante est à même de dominer les événements - Les journaux d’ici se sont longuement étalés sur les 50 millions du bouquet Laval240 - et sur les 10 qu’il compte donner comme dot à sa demoiselle - Pendant qu’il tond le populo il ne doit sûrement pas s’appauvrir - Comme quoi les soi-disant gauches ne perdent pas le sens boutiquier - lorsque la situation s’y prête - Je vous inclus 2 photos prises par un ami sur le Normandie241 : la structure extérieure - (surtout vue de proue) est belle. Le Sun Deck spacieux - admirable - Mais N[om] de Dieu - quelle marchandise que l’intérieur - Du Dufayel242 pédérasto-précieux - doré sur tranches - pour rois nègres en goguette ou autres ministres de la 3ème République gonflés à bloc dans l’exercice de leurs pompeuses fonctions - Après tout « ce résultat de l’art français n’est pas pire que les produits »243 des Officiels néo-classiques de tous âges dans le domaine musical16 - Je suis content que votre Société244 prenne corps et je lui souhaite longue et prospère existence - Je me réjouis de vous savoir dans un milieu d’individus propres - sérieux - pour qui la production de qualité - seule, semble compter - et qui ne se soucient pas des grimaces à la mode et du snobisme qui s’y rattache - Je suis aussi content que vous ayez la collaboration de M.F. Gaillard qui est capable d’enthousiasme et refuse les limites épicières - et les ordres des différentes écoles (primaires) qui régissent Paris. A propos de Paris et de son hospitalité - vous m’avez mal compris - Je vous ai dit que je regrettais qu’elle me soit refusée - car c’est dans ma ville que se trouvent ceux plus près de moi - et dont l’absence me fait grand défaut - Donc rectifiez - et comme nettoyage de roubignolles245 - adoptez-en [un]246 autre que la bave de votre correspondant -
565Je vais dîner en ville avec des amis - et me rincer la gueule au vin d’Alsace. (La Çuite247 au prochain N°)
566[en haut, à l’envers]
567[au verso de la lettre précédente]
13 - VIII /1935
568For the sake of your record248 - ça va plus vite en anglais - : l’Alsace était du Chablis -
569Je reprends le mot interrompu - et réponds par ordre à votre lettre : § par §. Content que Bertrand249 vous plaise - C’est un chic copain - qui malheureusement n’occupe pas la place à laquelle il a droit - et à qui les moyens matériels ne devraient pas manquer pour mener à bien ses expériences.
570Tomasi me paraît (ou m’a paru) être un adroit chef d’orchestre, débrouillard - un de ces chefs qui vous épatent - par les résultats qu’ils obtiennent en 1 répétition - mais qui sont bien gênés - et ne savent quoi faire des répétitions ultérieures - celles ou [sic] l’art du vrai chef d’orchestre se manifeste - Comme compositeur nous n’en parlerons pas : les absents ont toujours tort - et nous ne sommes pas mufles -
571Bernouard250 Je le croyais passé à gauche - Quant à Carco251... je pensais qu’il était classé depuis longtemps - Académie - etc.. C’est curieux comme il y a des choses qui ne franchiront jamais les fortifs : la majorité de l’art français d’aujourd’hui - et toute sa production musicale (les exceptions sont toujours là pour confirmer la règle) ; les 2 - malgré leurs efforts pour plaire n’arrivant même pas à s’élever à la hauteur de l’article de Paris pour exportation - couture - parfums.
572Freed Est à la campagne - C’est un gentil copain - franc - et pas combinard au détriment des autres -
573Bavage sur roupignolles252 : Voyez 1ère page - et croyez que je suis sensible aux manifestations d’amitié - Je suis un type qui ne lâche pas - car je prise fort la loyauté -
574Slonimsky253. Je ne sais encore - Entre nous : il est bien faible - sans espoir de développement - C’est un faux départ - à rester en route - mais gardez ça pour vous - Roublard - mais pas vraiment intelligent -
575Chabrier Non je n’ai pas lu sa correspondance : je n’en connais que quelques exemples - qui m’ont mis en appétit - Oui ce devait être un chic bougre - Artaud Suis au courant de son four254 - Ce que vous me dites ne m’étonne pas - mais corrobore certaines observations - Quant à Désormière, c’est un pauvre petit calicot - jeunesse patriote - même pas action française255 - Son culte de St Saëns doit lui venir de son entraînement à emboucher la flûte - Vacances : N.Y. malgré la chaleur qui tape - et l’humidité gélatineuse - Ma présence était nécessaire ici - Je travaille dur à me démerder matériellement - La pauvre zizique à l’arrière plan - mais N[om]. de D[ieu]. je me rattraperai dès que l’indépen[dan]256ce alimentaire - commencera à montrer l’oreille - Suis en bonne forme - excellente santé - maître de ma force-Je ne crains donc rien car je suis en bon rapport avec moi-même - ce qui est fort important.
576Spirale sonore257 me plaît and fits into the expanding Universe (re-plus facile en anglais). Eddington258.
577Voilà - votre lettre répondue - Aujourd’hui je travaille pour moi - Peut-être irons-nous dans 2 ou 3 semaines passer une 10ne de jours à la montagne - ou sur l’océan - Tout cela est vague et indécis - Mais nous arrangerons q[uel]que chose - car le besoin d’emmagasiner du bon air se fait sentir -
578Reçu carte de De Nobele - Ecrivez -
579Amitiés à tout le monde, et des 2 aux 2 aff[ectueusemen]t.
580Votre V.
581Compliments à Mme Guighy.
582Savez-vous ou [sic] R.C. Martin259 a décidé de faire sa résidence estivale ? Coullioures260 ? Poligne261 ? J’ai reçu un mot de lui me racontant sa visite. Il a b[eau]c[ou]p de sympathie pour vous - Voulez-vous me fixer au sujet de R.C. Martin ? Thanks.
583Naturellement mes amitiés à Bernouard - et mes remerciements au sujet de la diffusion.
584Franchement je crois le disque trop mauvais pour ça -
44.
22 - IX / 1935
Carte postale - St. Johnsbury, VT.
5853 semaines de vacances - dans le Nord près du Canada -
586Rentrons à N.Y. la semaine prochaine reprendre le boulot -
587J’ai bien peur qu’on soit en train d’entrer dans la mélasse -
588Donnez nouvelles -
589Vous écrirai de N.Y.
590Affectueux souvenir.
591V.
592Même Varèse aime cette campagne-ci. Miracle !
593Affectueusement
594Louise
45.
[New York] 22 - X / 1935
595Cher Ami -
596L’International Exchange Concerts dont je suis un des commissaires permanents pour les U.S. organise une série de concerts de musique de chambre - limités for the time being262 - aux cordes : quatuors - quintettes - trios - sonates avec ou sans piano - pièces de piano - mélodies avec piano - quatuor - etc - Peut-être un ou deux pianos pourraient être considérés - Vocalistes263 et instrumentistes 1ère qualité. L’I.E.C. est une société basée sur la réciprocité -
597Je vous prie de vous mettre en rapport avec vos collègues du Comité de votre Société264 - de leur demander s’ils consentent à présenter dans votre série un programme exclusivement composé d’œuvres de musique de chambre de compositeurs d’ici265 - dont nous vous enverrions de suite matériel - parmi lequel vous choisiriez ce qui vous convient - De votre côté vous nous feriez parvenir au plus tôt - avec acceptation de réciprocité pour cette saison - partitions et parties des œuvres par vous choisies pour ensembles sus mentionnés - C’est urgent - Je vous prie donc de faire diligence et me communiquer dès que possible décision. Je pense que Migot - Le Flem - vous - Messiaens [sic] - Gaillard et quelques autres camarades de votre groupe fourniraient un concert intéressant - comme valeur et nouveauté.
598Ci-joint snap shot266 pris il y a 4 semaines (donc d’actualité) pendant notre séjour en Vermont près de la frontière canadienne.
599Excusez - mot écrit ventre à terre - Suis sous pression - en plein boulot - et ne veut pas râter le courrier.
600Merci à De Nobele pour son mot - Vais lui écrire dès qu’aurai un moment de répit - Mes amitiés à lui, à Irène Joachim267 et à tous les camarades.
601Aff[ectueusemen]t à vous 2.
602Varèse
603Affectueux souvenir à P.L.F. et cordial bonjour (comme on dit dans le Midi) aux Collègues de votre groupe -
604Pour vous : Les concerts sus mentionnés sont en dehors de ceux ou [sic] j’espère caser vos mélodies.
46.
[New York] 25 - X / 1935
Carte-lettre
(avec mention de Jolivet : Répondu le 15 novembre)
605Cher Ami,
606Je vous confirme mon mot de Mardi dernier -
607Vous ne m’avez jamais fait parvenir notice biographique - vous concernant - et exposé de tendances - projets - etc etc - que je vous avais demandé il y a plusieurs mois déjà - Si jamais j’arrive à vous caser - cela pourrait être ennuyeux le moment venu de ne pas avoir ces documents à portée de main pour les programmes et advance press notices268. Alors n’oubliez pas - C’est dans votre intérêt - Répondez aussi s[’il].v[ous].p[laît], dès que possible à ma lettre - Espère que tout colle pour vous et que vous êtes tous 2 contents et en bonne santé -
608Bien amicalement et souvenirs aux copains -
609En hâte -
610V.
47.
[New York] 13 - XI / 1935
611Merci - cher Ami - pour votre mot du 5 cour[an]t reçu ce matin -
612Spirale sonore269 Content que Migot soit d’accord - Mais il est de toute urgence que nous recevions au plus tôt confirmation officielle - à savoir : concert de réciprocité garanti pour cette saison - ainsi que matériel - Alors soyez gentil de me tenir au courant le plus vite possible - afin que j’en réfère à mes collègues du comité - et en cas d’affirmative - comme je le souhaite que nous fassions de suite mettre à l’étude et en répétition les œuvres par vous envoyées - N’oubliez pas de faire mettre (pour éviter formalités et frais de Douane) sur 1ères pages de toutes les œuvres : property of International Exchange Concerts - et adressez :
613INTERNATIONAL EXCHANGE CONCERT
614C°/ Edgar Varèse
615188 Sullivan St. N.Y.C.
616Mélodies J’aimerais ne pas me dessaisir de votre matériel - Vos mélodies seront jouées - je vous le promets - mais ne peux et ne veux fixer de date - car je tiens à ce qu’elles soient présentées dans les conditions idéales - et je ne voudrais rater l’occasion lorsqu’elle se présentera - faute de matériel - Faites donc un effort pour vous en recopier un pour les besoins de là-bas. Content de vous savoir déménagé dans le vieux quartier de St Germain270 qui est un de ceux qui me bottent le plus de Paris - et puis cela vous rapproche de De Nobele - et du centre d’action.
617Suis en plein boulot - Bousculé - mais en magnifique forme morale et physique - Costaud et heureux - je fais de bonne besogne - Vous écrirai un de ces jours à ce sujet.
618J’attends donc votre mot - et avec Louise, vous embrassons tous les 2 - Salutations distinguées
619au lardon271 et cordial souvenir aux copains.
620Votre Varèse
621Mon style est détraqué - Balais à pot de chambre - pouvant servir de brosse à dents aux néo-classiques -
48.
20 - XI / 1935
sur papier à en-tête Edgar Varèse, 188 Sullivan Street, New York City
622Cette lettre est très abondamment annotée par Jolivet. Il est indiqué qu’il y a répondu le 13/12/1935.
623[au recto] Pour Radio faire agir Ambassadeur
624Autre exemplaire mélodies Ives
625Éc. le 12/12/1935, analyse Mana
626[au verso] liste de titres d’œuvres avec durées
627sans mention des auteurs
628Cher Ami -
629Reçu ce matin votre mot du 8 - vous confirme mien du 13 -
630Ai communiqué par téléphone avec les collègues - Tous heureux qu’une bonne coopération s’établisse - Attendons envoi de vos œuvres afin de mettre en répétition de suite. Le concert est fixé au Lundi soir 17 Février272.
631Cowell273 vous envoie directement par ce courrier des œuvres de Ives274 - Weiss275 - Cowell - Crawford276 - Riegger277 - Freed vous prie de demander à Eschig278 (à qui il écrit) un exemplaire de sa Sonate pour piano - Mon ami Harrison Kerr279 vous envoie personnellement manuscrit de son quatuor à cordes. Vous choisirez parmi ces œuvres.
632Entre nous je considère que Freed, Ives et Kerr doivent absolument figurer au programme - Je suis d’ailleurs sûr qu’après la lecture des œuvres vous vous rangerez à mon avis - et championnerez280 ces 3 compositeurs - le cas échéant -
633Je vois que mes recommandations - en ce qui concerne la douane - étaient superflues - et que vous n’avez pas oublié ce détail - Faites donc l’envoi à votre façon comme d’habitude -
634Je vais m’informer des personnalités américaines à Paris. Il ne doit pas en rester lourd - Il m’arrive fréquemment de rencontrer des amis de labas [sic] installés ici actuellement et qui il y a q[uel]ques années juraient que rien ne pourrait leur faire quitter Paris... Ils ne prévoyaient pas le $ dirigé281 - Enfin je ferai de mon mieux -
635Pour le reste - mon mot du 13 couvre le champ.
636Je turbine dur - et bois b[eaucou]p d’excellents Moselles et Alsaces [sic] - Je connais le bistrot Lorenzi282 - et vous envie d’en avoir l’usage car vous savez combien j’aime ces lieux - et m’y trouve à l’aise -
637Amitiés à De Nobele - et à sa bande qui m’a l’air fort sympathique - et amitiés aussi à tous les autres copains -
638Aff[ectueusemen]t à vous 2
639Varèse
640Voyez vous quelquefois les Vargas - Carpentier - la bande littéraire des 2 Magots283 ?
641Envoyez de suite s.v.pl. pour chacun des compositeurs dont vous expédiez œuvre : courte notice biographique - et analyse de la composition - Très important -
642Je compte donc sur votre sens organisateur pour cela - Merci
49.
[New York] november 24th / 1935
Sur lettre tapuscrite de Harrison Kerr284, mot au crayon de Varèse
643Cher Ami -
644Vous confirme ma lettre d’avant hier -
645J’attends votre envoi - et souhaite voir l’œuvre de Kerr inscrite au programme
646Merci - Aff[ectueusemen]t à vous 2
647Varèse
50.
4 - 12 / 1935
sur papier à en-tête Edgar Varèse, 188 Sullivan Street New York City
648[en haut, à droite, à l’encre rouge]
649J’aime bien la citation guiguièsque - qui figure en Mana [sic]. Offrez un verre de vin à ce charmant vieux sage du désert285 -
650Cher Ami -
651Merci pour votre mot du 8-11 - et pour celui du 15 m.m286
652Reçu il y a 4 jours :
653Sciortino287 : - Quartiers populistes - Agresties
654Messiaen : - Thème et variations - Fantaisie burlesque
655Lefèbvre288 : - Quatuor - partition - parties -
656Ce matin :
657Migot : - Concert - Livre Danceries - Suite
658Jolivet : - Mana
659Delbos289 : - Primevère
660Lesur290 : - Yeux fermés - Harmonies intimes - Scène Passion - Bagatelle - La mouette -
661Pas de Le Flem - et ceci est emmerdant - car il faut mettre en répétition de suite et L.F.291 figure d’office au programme - Téléphonez-lui de faire diligence car le pianiste est à N.Y. et le Quatuor de Philadelphie292 - ... chez eux - ce qui ne facilite pas les choses au cas où le quintette soit choisi - Mieux passez-vous même [sic] chercher les musiques et envoyez - ou câblez pour faire savoir si nous ne devons pas compter sur elles - car je ne puis garder mes gens en suspens - et le quatuor se refuse à jouer les œuvres qu’il ne possède pas à fond - ce qui est chic et rare par les temps actuels-Je m’en remets à vous : spirochète sonore, œnophile et dynamique -
662J’espère que notre envoi fait par Cowell est parvenu - Kerr a envoyé son quatuor.17
663Tous les américains sur qui on pourrait compter et que je connais - (ainsi que nos amis) sont rentré [sic] - et je ne vois pas à qui je pourrais vous adresser à Paris - Je vais toutefois encore m’informer -
664Tâchez de régler la question Le Flem dès que possible - Je tiens à l’avoir au programme - mais naturellement ne puis être plus papiste que S. S293. Le programme - hors vous et Migot - et P.L.F. - sera décidé dans une 10ne -
665Envoyez les P.L.F. de suite - Merci -
666Aff[ectueusemen]t à vous 2 - amitiés aux copains
667En hâte
668V.
669Envoyez photo du petit bistrot - et photo de la bande au complet en train de se rincer la gueule dans ce sympathique lieu294 -
670[note sur le côté droit]
51.
4 - 12 / 1935
sur papier à en-tête de « The New School for Social Research »,
66 W Twelfth St New York295
671Cher Ami -
672Vous confirme lettre de ce matin -
673Il est 6h venons d’avoir notre meeting - Voici décision -
674Acceptés - Jolivet - Migot qui sera joué par Barrère-Salzedo-Britt - Le Flem - dont on réclame immédiatement la musique - surtout quintette - et Sonate - Le String Art Quartet de Philadelphie296 présentera l’œuvre - avec un des meilleurs pianistes d’ici. Mr Cohen - leur 1er violon et chef assistait au meeting.
675Les membres du Comité297 veulent compléter le concert par un quatuor à cordes - mais désirent une œuvre représentative d’aujourd’hui - Voyez donc ce que vous pouvez trouver - de plus dynamique - de plus osé - Toutes les audaces sont bienvenues par le String Art Quartet - Nous comptons sur vous - qualité d’œuvre - entre nous envoyez ce qu’il y a de plus significatif sans distinction d’amitié ou d’école - Je compte - nous comptons absolument sur vous - ainsi que pour le Le Flem - que nous attendons au plus tôt - afin de commencer à répéter -
676Aff[ectueusemen]t en toute hâte
677V.
678[sur le côté gauche]
679Les camarades présents à qui je viens de traduire ma lettre y souscrivent et comptent sur vous - C’est d’ailleurs à leur requête que je vous transmets décision
52.
5 - 12 / 1935
sur papier à en-tête Edgar Varèse, 188 Sullivan Street, New York City
680Cher Ami -
681Reçu ce matin paquet contenant les Le Flem - et 1 Lesur. Merci.
682Tout va donc pour le mieux.
683Je vous confirme mes 2 lettres d’hier298 -
684Tenez vous en à la 2nde - Il nous faut absolument de suite un quatuor up to date299 pour balancer le programme - Le Comité trouve que celui de Le Febvre (ceci n’a rien à voir du tout que300 talent ou qualité) ne représente pas assez l’époque d’aujourd’hui - Quant au reste ça ne va pas ici - On veut des œuvres fortes vivantes - audacieuses - On en a marre de la mièvrerie française - ou passant pour telle - (Vive la Bourgogne - ses vins - et ses trous ducs - et Merde pour Paris) et l’art évoluant entre la rue de la Paix ses parfumeurs - couturiers - et les salons prétendus intellectuels où trone [sic] Mr Paul Valéry ou ce sinistre Willy301 sublimisé : L. Paul Fargue -
685J’étais très heureux hier - À l’unanimité - votre musique a été proclamée la plus intéressante à tous les points de vue : contenu émotionnel, écriture, sens de densité sonore - Je voyais Guighy se rengorgeant et montant sur ses ergots - Ordonnez-lui de ma part de vous préparer un sublime couss-couss que vous dégusterez en compagnie de De Nobele et Irène Joachim dans l’anticipation de votre 1er succès New Yorkais - Comptez sur moi - votre boulot sera présenté aux petits pois.
686Occupez-vous de suite pour le quatuor.
687À tout hasard je mets un mot à Martelli C/o Revue Musicale302 - lui demandant s’il n’a rien - ou si parmi ses copains... etc etc -
688Enfin prenez la chose en main - décidez - même, si non de votre groupe, trouvez - Je vous l’ai dit : Mana, Concert pour Harpe Fl. Cello (Migot), Quintette (Le Flem) - voici les œuvres choisies. Il faut un solide quatuor pour balancer programme - (à la rigueur - trio - ou autre quintette) mais quelque chose de bien culotté - ou mieux déculotté - Si les organes intimes (façon de parler) en valent le jus (autre façon de parler)
689Alors bonne couss-coussade - Meilleur arrosage du dit - mes amitiés à F.d.N.303 et à la charmante I.J.304 et aux autres copains - natürlich -
690À vous 2 aff[ectueusemen]t
691Varèse
53.
24 - XII / 1935
sur papier à en-tête Edgar Varèse, 188 Sullivan Street, New York City
692Cher Ami -
693Reçu hier vos 2 lettres du 12 et du 14 - Thanks.
694Téléphonez de suite pour vous assurer si De Nobele a reçu mon câble envoyé dès réception de sa lettre - Samedi 14 - ainsi qu’il le désirait -
695Programme J’ai reçu un mot de Migod [sic] que je vous inclus - Expliquez-lui que je tiens à présenter un programme pommé - varié - intéressant dans ce sens - Je veux absolument éviter la monotonie - ce qui n’a rien à voir avec le talent des œuvres - ainsi que je vous l’ai dit - Ayant le quintette de P.L.F. pour terminer je tiens à ouvrir le programme avec une œuvre qui contraste305 - Je crois agissant ainsi me tenir à l’esprit de votre manifeste306 paru dans les tablettes de la Schola - Migod [sic] n’a donc rien à craindre quant à sa situation vis à vis des copains. En plus les œuvres non inscrites au 1er programme - passeront à d’autres - soit à N.Y. soit dans les autres branches que nous avons dans tous les grands centres de l’Union - Pour la réciprocité agissez de même. Mon choix personnel correspond au votre : Kerr - Ives - Riegger - Freed - Weiss307 - Complétez donc le programme comme vous l’entendez - et surtout qu’on ne fasse pas une question de chapelle - qui n’a rien à voir avec nos buts - Je ne connais pas le trio de Quincy Porter308 - Faites donc à ce sujet ce que vous jugerez convenable - Ceci s’applique à toute œuvre que vous jugerez apte à former un bon programme - J’espère que le Kerr vous est parvenu - sa durée est 19 minutes -
696Je pense que mes explications effacent tout possible malentendu - Que les camarades se rendent compte - que nous agissons pas [sic] en juges de leurs œuvres - mais que nous n’en considérons le contenu que relativement à la rédaction d’un programme organique et vivant - Migod [sic] doit savoir par expérience - que deux tableaux sur le même panneaux [sic] - même lorsque créations de génie - se neutralisent - et se détruisent réciproquement - fort souvent - D’ailleurs j’ai une assez grande expérience dans ce domaine - et vous pouvez - me connaissant - être assuré que j’agis dans l’intérêt général Je vous écrirai au sujet de Mana. Suis pressé. Dois aller à la gare comme membre du Comité d’honneur, recevoir le chœur de Lincoln - Nebraska - qui a son concert ici Vendredi - et arrive par train spécial de Washington - après avoir été sérénader [sic] le Président - Ci-joint annonce -
697Suis sur le Comité avec le Général Pershing309 et Lily Pons310 - Quel cocktail ! Demandez à P.L.F. de m’envoyer immédiatement ce qu’il a de publié pour Chœur mixte - Je le ferai chanter.
698En hâte aff[ectueusemen]t à vous 2
699V.
700Amitiés aux copains et aux autres lièvres royalistes.
54.
26 - XII / 1935
sur papier à en-tête Edgar Varèse, 188 Sullivan Street, New York City
701Cher Ami -
702Suite à ma lettre du 24 -
703J’ai téléphoné à Madame Hoffmann-Behrendt311 - la pianiste allemande - réfugiée à cause de la race de son mari - l’architecte. Cette pianiste a été à Berlin la grande interprète de Schönberg - Toch312 - et Hindemith313 - dont elle a b[eaucou]p joué les œuvres ici aussi - Elle vient de donner un récital consacré à l’œuvre pianistique complète de Schönberg.
704Je sais que Mana - et le quintette de P.L.F.314 ne pourront souhaiter plus honnête - profonde et respectueuse présentation - tant musicalement que techniquement - Vous serez tenu au courant - Elle viendra me voir après ces bordels de fêtes - qui puent le cul mal lavé - et les sons de bars douteux et sentimentaux -
705Octandre - Merci - mais non - Je vous l’ai dit, je ne tiens à être joué à Paris - Dans un ou deux ans - lorsque certains centres européens organiseront - comme il le faut - des manifestations qui j’espère se réaliseront - on en reparlera - Il y a d’ailleurs des chances qu’à ce moment surtout je m’en fouterai [sic] davantage encore-Je vous l’ai dit - La seule chose qui me fera un de ces jours refouler le macadam de Paris : venir y saluer mes amis. Pour le reste vous savez mon dégoût pour cette nécropole - et mon horreur de l’esprit ! parisien - Et drôle de contradiction - les camarades que j’aime le plus s’y trouvent - donc je vous prie - ne jouez rien de moi - cela créerait des interférences avec mes plans -
706Je pense qu’au reçu de la présente vous aurez revu Migot315 - et que mes explications lui auront enlevé tous scrupules et craintes présidentiels - Je fais de mon mieux - et on ne peut faire abstraction - des méthodes d’action qui diffèrent selon les climats.
707Sur cette irréfutable constatation je refous le camp à ma table de travail - Il est 4h - à 7h 00 un bon steak [sic] et une bouteille d’Alsace - et à 9h -grand luxe - au pieu - car je suis claqué - et si j’emmerde les corvées inhérentes à la nativité316 - elle [sic] me rendent la pareille en suçant ma vitalité - Sacrée Vierge Marie ! - protectrice de la France et de tous les rois qui ont fait sa grandeur - comme cause Mr Daudet317 et le pelliculeux Maurras318 - Avez vous remarqué à propos de tous les Ras [sic] comme Haile Schasse319 ressemble à Monteux ? avec une barbe miteuse comme symbole impériale.
708Je vous souhaite la prospérité - afin que vous puissiez vous offrir le couscous qui portera bonheur à Mana -
709Sur ce - aff[ectueusemen]t à vous 2 - et au Fernandesque320 souverain de la cité des livres - ainsi qu’à son harem - entrée du quel est pour Mégret une descente à la cave - ce qui en ce cas change les facteurs de pénétration - Ojalà -
710V.
711[sur le côté gauche]
712Je n’écris pas de l’école 321 - mais j’ai tellement de cuivre pétaradant dans la tête - que ma lettre est aussi mal torchée - Excuses et fécondité -
713Je ferai imprimer le motto du Sage du Désert322 - dans les programmes... cette force qui se prolonge...323 eh ! eh ! Voilà un fétiche qui doit connaître les succès féminins et l’extase des petites morts tristanesques324 - du 2è acte - Je souhaite qu’il n’en crève pas au 3è
55.
5 I / 1936
sur papier à en-tête Edgar Varèse, 188 Sullivan Street, New York City
714Cher Ami -
715Les parties du quatuor de Martelli325 me sont parvenues - Donnez lui un coup de téléphone en mon nom pour lui en faire part - Dites que le quatuor désire partitions au plus tôt pour répétitions -
716Comme je suis à court de matériel - sauf Kerr - Ives - Weiss - Riegger et Fried326 - je vous fais - sur recommandation de Salzedo - envoyer Sonate pour piano par Bela Rosza327 - (américain malgré le nom). Voyez donc - et faites pour le mieux - Je vous ai écrit - et pense que ma lettre vous est parvenue au sujet des Postes. Vous êtes sur place - conscient de vos ressources - Conséquemment « it is up to you »328 -
717Voilà. Vos pièces sont en répétition - ainsi que Quintette et le Migod [sic] - Le Martelli complètera le programme -
718Amitiés à vous tous.
719V.
56
6 février 1936 (timbre de la poste)
Carte postale-Barbizon-Plaza
720Reçu vos lettres - Merci - O.K.
721Connaissez-vous Mr. Serge Moreux329 - Place J.B. Clément, Villetaneuse (Seine) - Mettez-vous en rapport avec lui - remerciez-le pour sa lettre - et dites-lui que je vais lui écrire - suis seul en ville - débordé de boulot - Louise pour 3 semaines en Floride à Key West -
722Tout marche pour le concert - Vous enverrai programmes demain -
723Aff[ectueusemen]t à vous 2
724Varèse
57
14 - 02 / 1936
sur papier à en-tête Edgar Varèse, 188 Sullivan Street, New York City
725Cher Ami -
726Dites à Messiaen et aux autres de ne pas se frapper s’ils ne figurent au 1er concert - Il m’a fallu pour présenter la Spirale - et affirmer ses tendances - construire un programme organique - et varié - qui ne sente pas la Chapelle - Vos pièces - celles de Messiaen au même programme faisaient trop de piano et nuisaient à la balance générale -
727On arrangera pour plus tard - afin que tout votre groupe y passe - mais en tenant compte de ne pas avoir l’air de forcer la carte - ce qui nous procurerait le résultat opposé à celui désiré - La psycologie [sic] d’ici est fort différente de celle de Paris.
728En grande hâte bien amicalement à vous tous.
729V.
58.
18 - II / 1936
sur papier à en-tête Edgar Varèse, 188 Sullivan Street, New York City
730Cher Ami -
731Tout a admirablement marché330 - Deux pianistes m’ont demandé vos pièces qu’ils veulent voir de près et étudier - Malheureusement gala au Metropolitan331 - qui a retenu la critique - Ai vu deux ou trois de ces Messieurs - qui ayant mal calculé sont arrivé [sic] au moment de l’intermission332 - Vous tiendrai au courant -
732Ci-joint ma gueule333 - Concert pour lequel j’ai écrit une pièce de circonstance - Flûte seule334 - Public d’Ambassadeurs - millionnaires et autres importantes légumes farineuses de la phynance et haute chochiété [sic] comme dirait le Comte Laval335 -
733Débordé de boulot - mais solide - en bonne forme et fonçant.
734Tenez-moi - pour les copains au courant du concert de Paris336.
735Hier j’ai de vive voix sur la scène annoncé les œuvres - précédant les exécutions de commentaires et d’exposés critiques337 - ce qui a b[eaucou]p plu au public et m’a valu autant de mercis que les œuvres jouées - Voilà le résultat quand on est photographié avec des prima donnas et autres Pipi Lons338 - En hâte - dois filer à un dîner - et une autre réception après - C’est la grande bousculade - mais je l’aime mieux que les croupissements belloniens339 -
736J’ai parlé de Guighy : vieux sage arabe340. Vous parlez si elle aurait roulé ses calots - et bavé dans sa barbe fluviale -
737[en haut, à l’envers]
738Stella341 était au concert - très enthousiaste - m’a demandé votre adresse - car il veut vous écrire - Que devient Carpentier ? Qui voyez-vous des anciens copains - des différentes bandes ? Connaissez-vous Malraux342 ?
739Amitiés à De Nobele - Mégret - Irène343 - et aux autres.
740[sur le côté droit]
741Bravo pour Mana - Vous en parlerai à loisir - car les ai étudiées et fait répéter et j’ai pas mal de choses à vous dire à leur sujet. Mais je veux le faire au poil de cul, d’ailleurs rien ne presse -
742Aff[ectueusemen]t à vous 2 -
743V.
744Louise vient de quitter Key West (Floride) en voiture - Sera ici Samedi -
745[à propos du concert de musique française donné le 17 février, il existe la note suivante écrite au crayon, non datée]
746Voilà - comme programme - notes - je parlerai moi-même avant chaque œuvre -
747Aff[ectueusemen]t
748V.
749C’est dommage que le trio Barrère-Salzedo-Britt - n’a pu présenter le Migot - Ils arrivent en ville semaine prochaine - retour de tournée - et repartent le jour du concert pour une 2 è en Californie - Mais le Ascona Trio344 - présentera l’œuvre admirablement dans la version annoncée - Voilà 3 semaines que les répétitions marchent.
750Mme B.H.345 - n’avait pas les qualités nécessaires pour vous - donc changement -
751V.
59.
20 - II / 1936
sur papier à en-tête Edgar Varèse, 188 Sullivan Street, New York City
752Voici - ce qui a paru346 -
753Comme je vous l’ai écrit les critiques étaient au Metropolitan. Enfin le World Telegram347 est bon - Communiquez aux camarades. Ils sont tous bien servi - et accusez réception - Si d’autres paraissent - ferai parvenir -
754En grande hâte - Aff[ectueusemen]t à vous 2 -
755V.
60.
[New York] 26 - Il / 1936
sur papier format 21 x 11 cm
756Cher Ami -
757Vous confirme envoi de la coupure du World Telegram - Comme je vous l’ai écrit nous avons eu la poisse le soir du concert de tomber sur une date coïncidant avec gala Metropolitan - et concerts à Carnegie Hall et Town Hall - La critique sur les dents n’a pu dégringoler dans le bas de la ville - 2 critiques ont fait leur possible - mais malheureusement sont arrivés à l’intermission348 - et ont du [sic] rebrousser chemin (pour arriver à temps dans le haut de la ville) sans pouvoir attendre la 2è partie - Dites aux camarades - que le concert a porté - Public enthousiaste - qui garde un souvenir fidèle et répand la bonne parole.
758Vos pièces ont été chaleureusement reçues - Je regrette de ne pas avoir le temps de vous écrire en détail une analyse comme il le faut - Même si l’on vous propose de les éditer ne vous hâtez pas - car il y a des modifications de composition - de structure que je voudrais vous suggérer ce qui ne veut pas dire que vous soyez tenu de les adopter - Mais je pense qu’elles seraient bonnes pour la tenue définitive de l’œuvre - Je passe votre cahier à un jeune pianiste élève de Djane Lavoie Herz349 - qui veut les lui faire travailler - Elle en a saisi la substance - Moi j’en aime les idées et l’impulsion - mais je voudrais imposer certaine discipline à Beaujolais, La Princesse et Pégase - et revoir la Chèvre350 - Certaines contractions - certains ramassements - l’emphase de contrastes dynamiques - l’affirmation de quelques montées - seraient bénéficiaires à l’œuvre - c.à.d. plus de volonté - de logique - Ne m’en veuillez pas - ceci est entre nous - et comme je vous l’ai dit vous ferez de mes suggestions ce que vous voudrez - un torchecul - imprévu et ignoré de Mr Rabelais - J’ai trop le respect du travail et de l’honnêteté chez autrui pour ériger en dogme - mes impressions personnelles - Vous me l’avez demandé - et je considère que je vous dois la vérité - pour être plus exact la mienne - À vous - au très vieux sage du couss-couss - aff[ectueusemen]t de nous 2 - et bon souvenir aux camarades
759V.
61.
10 mars 1936
date inscrite au crayon par Jolivet - sur papier à en-tête Edgar Varèse, 188 Sullivan Street, New York City
760Cher Ami -
761Merci p[our].v[otre]. mot du 27 - et critique de Goldbeck351 - à qui mon cordial souvenir -
762Un ami Mr Arnaud352 qui part Samedi prochain veut bien se charger de vous rapporter la musique que vous me demandez18 - J’y joins pour vous et Guighy récente photo exposée en ce moment353 -
763Content que vous trouviez aussi (ainsi que je vous l’écris dans lettre qui a croisé la vôtre) que B[eaujolais], la Ch[èvre] et Pégase nécessitent quelques bons tours de vis. Mais attention surtout à la Princesse354 - C’est la pièce qui ici porte le moins - car on connaît trop les ostinati dans le registre grave - sur lesquels spéculent les musiques pré-colombiennes et celles de certaines parties d’extrême Orient - Les gamelans de Bali sont familiers - et cela permet certaines associations - au détriment de votre pièce - qui est limitée au piano - question de climat - d’ordre pratique - non à dédaigner. Je pense que la saison prochaine - vos pièces remaniées auront chance [sic] de plusieurs exécutions et la critique alors n’aura plus d’excuses de les ignorer - D’ailleurs le World Telegram que vous avez reçu (?)355 a été cordial pour vous.
764[sur le côté gauche]
765[autre note, à gauche]
766Dites à Le Flem - que sa Sonate pour piano et violon, sera sûrement jouée la saison prochaine -
767[en haut, à l’envers et en biais dans un coin]
768Je ne comprends pas pourquoi Migot a dit à Moreux que je me trouvais à la tête d’une boîte d’Edition - Comme j’ai écrit à Moreux - je ne m’occupe - et n’ai souci de m’occuper de cela - pas plus que de m’intéresser à l’industrie chapelière - Donc rectification -
769Freed - Ne l’ai pas vu de tout l’hiver - Je le sais la plupart du temps à Philadelphie -
770Dites à Messiaen que j’ai passé ses 2 pièces à des pianistes et qu’ils sont intéressés.
771C’est formidable ce que le néo-classicisme parisien a indisposé de monde vis à vis [sic] de la musique française - et a créé un préjugé contre elle - Enfin ça se tassera - On ne peut empêcher le talent de sortir -
772[sur le côté gauche, verticalement]
773N’ai pas reçu le paquet de programmes -
774J’ai connu dans le temps Mrs Blumenthal356 - chez qui j’ai dîné - mais il y a au moins une 10ne d’années et je n’ai pas gardé le contact - Elle est d’ailleurs morte. Quant à lui je ne m’en souviens pas - et ne vois pour l’instant dans mon entourage qui puisse l’approcher -
775[sur le côté gauche, horizontalement]
776Tenez-moi au courant de ce qui se passe -
777Bien amicalement à vous tous
778V.
62.
18 - III / 1936
sur papier à en-tête Edgar Varèse, 188 Sullivan Street, New York City
779Cher Ami -
780Merci pour vos 2 lettres des 8 et 9 cour[an]t.
781Vous serez prévenu par Mr Arnaud357 - (qui a aimablement accepté de me rendre ce service -) parti d’ici Samedi dernier - que je lui ai remis une enveloppe pour vous - contenant vos chansons et ma toute dernière photo - Trio - Ce dernier vous a été renvoyé par Salzedo il y a un an au moins - et ce sur votre demande à moi - Alors vous avez dû l’égarer dans le déménagement - ce qui arrive hélas fort souvent. Salzedo est absolument sur [sic] de l’envoi - Programme Spirale358 - Vous avez raison : ça devait être fort moche et lamentablement douceâtre - mais la réciprocité m’était nécessaire - pour ce que je voulais faire pour votre groupe - et comme je vous l’ai dit ça a bien marché ici - et j’en suis heureux pour vous et pour moi - car cela a été le dernier concert dont je m’occupe - Définitivement fini de m’occuper de manifestations - de faire part[ie] de groupements - d’enseigner - Libre et seul - et fort - ce qui n’empêche pas les sympathies et les amitiés - Abstraction complète de cliques et d’étiquettes - et surtout débarrassé de charrier des poids morts. Ne vous excusez donc pas au sujet de votre concert - dont pour raison ci-dessus je me fous éperdument - Kerr et les autres copains seraient heureux d’avoir les programmes (ceux annoncés - ne me sont pas parvenu) et éventuellement les critiques - À propos de critique, et malgré son amabilité je trouve Mr Goldbeck359 terriblement pion protestant - chasse de Bible. Il arriverait à dégouter [sic] de vos pièces les auditeurs les mieux intentionnés - Gardez ça pour vous - je ne veux faire de la peine à personne - mais tâchez de trouver quelqu’un de vivant et d’intelligent - si vous comptez faire traduire notice explicative sur vous - Il y a un germe morbide typiquement parisien - qui n’a raison ni possibilités d’être pour d’autres climats.
782Vu Stella hier - ici à la maison - où nous avions un cocktail party - Il a reçu votre lettre.
783Je sais qu’Harrison Kerr va écrire une critique sur le concert (Spirale). Dès parution vous tiendrai informé. C’est un excellent camarade très dévoué - ce qui déjà est quelque chose - quand on considère la muflerie de certains petits copains de Paris qui n’a d’égale que leur inégalable manque de talent - et autres Serre les fesses de mes deux nades - et tritons360 comme la Lune - Schmitt361 - Oui des amis de retour de Paris - m’ont appris sa nomination - Tant mieux pour lui si ça lui fait plaisir - Comme pour le Homard - ou la Légion d’Honneur - je ne les aime pas - mais me garderait d’en dégouter [sic] les amateurs - À tout chacun l’échine - et l’estomac qui lui conviennent.
784Freed Comme je vous l’ai dit ça fait des mois que je ne l’ai vu - Il fricote dans sa petite bande juive de Philadelphie - Je dois dire que je le crois toujours gentil - mais il doit comme tout le monde ici être sous pression. Mana Oui vous aurez - dès que moi-même en aurai le temps - l’analyse que vous réclamez - Mais j’ai horreur de bousiller le boulot - vous le savez - et puis rien ne presse - puisque aucun éditeur n’est en vue. D’ailleurs comme je vous l’ai dit - ne craignez aucune critique - plus j’avance - plus j’apprends - moins j’ose m’ériger en juge - (il est vrai pour ces Messieurs - qu’ils doivent se contenter de n’importe quelle érection) mais je considérerai certains illogismes de structure - manques de densité, etc - etc - autres choses déjà signalées - et le moyen à mon point de vue d’y remédier - j’ai déjà annoté les pièces - mais ne les ai pas - Elles circulent
785Très touché de la gentillesse de Moreux - Ce doit être un chic camarade - Dites-lui de ne pas s’en faire pour moi - car c’est bien le moindre de mes soucis d’être regretté par la France -
786Je vais parler à des amis communs (qui viennent dîner après demain) de Mr George Blumenthal - mais j’ai bien peur que ce dernier ne se trouve pas actuellement ici. C’est dommage que ce soit sa femme qui ait fermé son parapluie362 -
787Content de vous savoir en bon travail - Amitiés à vous tous - et comme le disent les Espagnols Salud y pesetas -
788Votre
789V.
790Accusez-moi réception de mon envoi (à cause de votre manuscrit) dès que vous l’aurez reçu de Mr Arnaud -
791Vous ai répondu point par point - Amitiés à P.L.F.363 et tous mes vœux pour son Macbeth -
792[Rajout en haut, à droite et à l’envers du recto]
7936h30 p.m.
794Allons dîner chez des amis de la Nouvelle-Orléans - et manger à la créole - en commençant avec des cocktails au Rhum - Il faudra faire ça un de ces jours dans quelques 25 ans364 - lors d’un passage à Paris. Le Rhum aura le temps de prendre de la bouteille.
795Racontez-moi beuveries et ripailles - Vous savez combien cela m’intéresse - et dites-moi quels vins ont en ce moment vos préférences - à vous - Mégret - De Nobele -
63.
4 - IV / 1936
sur papier à en-tête Edgar Varèse, 188 Sullivan Street, New York City
796Cher Ami -
797Merci pour votre lettre du 25-III.
798Trio Salzedo m’a affirmé vous l’avoir renvoyé. Je le sais très précis - même méticuleux - Il est actuellement en tournée - Je vous conseille de lui écrire directement 160 Riverside Drive N.Y.C. A son retour lui parlerai à ce sujet. Ma venue à Paris était donc un vrai canard365 - Dommage on aurait bu une bonne bouteille - malgré votre goutte - Je regrette vous savoir souffrant - mais connaissant vos sentiments antimilitaristes suis rassuré sur votre infirmité qui n’entre pas dans une catégorie à uniforme - qui ne possède pas ma sympathie - Quittez le Bourgogne pour quelques temps - et tenez vous [sic] en au Bordeaux - Méfiez [vous]366 des diètes - régimes qui mènent aux neurasthénies freudiennes-Je souhaite savoir votre fausse maigre nationale retapée - d’attaque - et le petit rétabli complètement -
799Mana Vous tiendrai au courant des pianistes qui s’y intéressent - Naturellement si je faisais un saut en Europe cela arrangerait tout - car en un jour votre œuvre serait mise d’aplomb - Je ne vois cependant pas une traversée en perspective -
800Avec des copains nous allons peut être acheter un terrain en Massachussets - endroit sauvage et merveilleux - sur le large océan - à Cape Cod - Louise va aller avec eux inspecter la semaine prochaine - C’est à 16h de bateau d’ici - Mais cela aussi est aléatoire - et incertain.
801Echange367 Je me fous - (comme vous d’ailleurs) des critiques plus ou moins acariâtres que toute action provoque - et ne suis en rien responsable pour les compositions qui sévissent ici - pas plus que des élucubrations - pissato néoclassiques qui foisonnent à Paris - Je tenais à ce que des œuvres de votre groupe fussent bien présentées à Ν.Y. Vous connaissez la cuisine que certains minus imposent - que nous savons tous intéressés - J’ai réussi - La fin justifie les moyens - et ce n’est pas ma faute si la situation commande des moyens d’action que je désirerais autres - Je sais que le programme américain était loin de constituer un tout organique et vivant - mais certaines associations salonardes établies ont présenté à Paris des œuvres qui ne valaient guère mieux - Je n’ai été que le trait d’union entre 2 groupes - J’ai perdu du temps - dépensé pas mal de galette en taxis - téléphone - déjeuners etc - Mon but a été plus que désintéressé puisque jamais je n’ai songé à la situation pour m’imposer - Ceci comme je vous l’ai écrit a d’ailleurs été mon dernier effort dans ce genre de sport. C’est dommage que je ne sois pas placé pour répondre aux petits merdaillons qui se permettent des remarques sympatiques [sic]. Vous pouvez leur dire que ceux qui ne me parlent pas face à face - parlent à mon cul - Enfin tout ça n’a aucune importance - On a fait ici preuve de meilleure camaraderie - et de généreuse cordialité -
802Content que Budapest s’intéresse à votre quatuor368 - Good luck -
803Spirale369 - C’était à s’y attendre - Cette expérience vous amène aux mêmes conclusions que moi - Les temps sont révolus pour ces sortes de manifestations qui sentent le rut de l’immédiat après guerre -
804Je suis en plein boulot - et turbine bien - Jamais vous n’aurez entendu mon orchestre sonner mieux - et au point de vue composition - (structure construction) je crois avoir fait un formidable pas en avant - donc une nouvelle formule de « développement » si vous voulez que nous l’appelions ainsi pour le besoin de la cause - et la compréhension immédiate - quoique cela n’ait rien à voir avec la réthorique [sic] traditionnelle -
805Dites à De Nobele que cette semaine je lui écris - et envoie chèque - Faites comme moi - débarrassez-vous des poids morts-Je suis devenu - très fort très dur - et sans pitié. En accordant de la gentillesse aux cons - nous gaspillons l’énergie qui doit nourrir nos sentiments à l’égard de nos amis. Comme vous dites : Paf !
806Voilà - assez p[our] aujourd’hui - Aff[ectueusemen]t à vous et au vieux sage du couss-couss -
807En hâte
808V.
809Amitiés à Moreux que je souhaite connaître un jour - à Mégret - De Nobele - Irène Joachim etc etc.
810[sur le côté gauche]
811Comment est votre nouvel appartement ?370 Faites m’en un plan descriptif - Je m’en remets à Guighy.
812Surtout portez-vous bien - comme moi - C’est la seule façon de pouvoir en mettre un coup -
813[à l’envers, en haut du recto]
814Le printemps qui arrive me donne un désir fou de foutre le camp - Antilles - Afrique du Nord - Je voyage sur la carte - et n’ai ainsi aucun emmerdement de visas, de douane, de punaises hôtelières
64.
12 - V / 1936
sur papier à en-tête Edgar Varèse, 188 Sullivan Street, New York City
815Cher Ami -
816Votre manuscrit est retrouvé371.
817Sur mon insistance Salzedo a enquêté - et voici ce qui s’est passé - Salzedo avait chargé une de ses élèves de vous retourner votre trio. Celle-ci occupée à d’autres choses l’avait tout bonnement enfermé - par mesure de précaution - dans un tiroir - où elle l’avait oublié - Salzedo vous prie d’excuser ce contretemps - et vous renvoie par ce même courrier votre bien.
818Pas encore fait de plans pour l’été - Nous irons sûrement à la campagne - mais je ne sais encore si dans le N.E. ou le W372. Nous avons déjà une vague de chaleur.
819Cavale b[eaucou]p - pour des raisons alimentaires - mais vais comme le Pape et bonbonne.
820J’espère que votre voyage vous a retapé tous les 3373 - J’espère que le front populaire374 ne va pas rater le coup - ce serait désastreux comme conséquence - Voilà pour l’instant - Suis pressé mais tenais à vous rassurer au sujet de votre boulot.
821Aff[ectueusement]t à vous 2 - Amitiés aux copains
822V.
65.
26 - V / 1936
sur papier à en-tête Edgar Varèse, 188 Sullivan Street, New York City
823Cher Ami -
824Avez-vous reçu trio que Salzedo vous a renvoyé375 ?
825Je regrette de m’être dessaisi de vos mélodies - Elles auraient été données ici et dans différentes villes de l’Est - avec instruments requis - admirable ensemble - excellente cantatrice - et une huitaine de répétitions pour le programme. C’est vraiment dommage. Enfin je pense que vos pièces de piano376 auront plus de chance la saison prochaine -
826Nous partons la semaine prochaine pour Santa-Fé (Nouveau Mexique). On m’offre une maison pour les vacances - afin que je travaille en paix - et je vais en profiter - Ne me suis jamais si bien porté - ni physiquement ni moralement-Je crois que ça va démarrer -19
827Vous écrirez longuement de la-bas [sic] - plutôt de la-haut [sic] - car nous serons sur un plateau à plus de 7 000 pieds377.
828Je verrai b[eaucou]p les Indiens - qui sont prévenus de ma visite et m’attendent - Ecrivez ici - ça suivra -
829Vous inclus dernière photo378 que le Associated Press vient de prendre pour les journaux - et dont je reçois épreuve pendant que j’écris -
830[sur le côté gauche]
831Alors tenez-moi au courant - de ce que vous faites et de ce qui se passe - Amitiés aux Le Flem - Moreux - Mégret - De Nobele - Irène Joachim - Migot etc - etc -
832À vous 2 aff[ectueusemen]t des 2
833V.
834[sur le côté droit]
66.
6 juin 1936
Carte postale - Chicago-City of towers
835Meilleures amitiés - Vous écrirai bientôt donnant adresse afin d’avoir nouvelles détaillées et précises.
836Bon souvenir à tous.
837V.
67.
17 juin 1936
Carte postale - Acoma, « The Sky City » N. Mex.
avec adresse : 647 College Street Santa-Fé - New Mexico
838Voici adresse pour les vacances -
839Ecrivez - Avez-vous reçu votre musique ? Donnez nouvelles - car ici les journaux de N.Y. mettent 4 jours à arriver - autant que le voyage Paris-N.Y. via Normandie
840Bonnes amitiés à tous
841V.
68.
14 juillet 1936
Carte postale - Gila Monster - Santa-Fé adressée à Mme Guighy Jolivet
842Meilleur souvenir - Voici charmante mascotte379 à ballader dans les endroits mondains de Paris -
843Reçu lettre et critiques de Jolivet. Bravo - sommes heureux de son succès - Heureux pour vous aussi -
844Ici c’est simplement magnifique. Suis de plus en plus pris par ce pays - et par tout l’Ouest -
845Nous partons bientôt chez les Indiens (Apaches et Navajos)380 - Avons déjà visité plusieurs Pueblos - Vous parlez si l’on se fout du néo-classique - ici -
846Aff[ectueusemen]t des 2 aux 2 -
847V.
69.
20 juillet 1936
sur papier à en-tête Edgar Varèse, 188 Sullivan Street, New York City avec adresse d’été : 647 College Street, Santa Fé, (New Mexico) U.S.A.
848Cher Ami -
849Une fois encore (V[oir] carte envoyée à Guighy381) je tiens à vous dire combien je suis heureux de vos débuts orchestraux382 et combien je vous souhaite de continuer à lutter jusqu’à l’affirmation de votre talent.
850Suis heureux aussi que vous ayez placé votre groupe sous l’égide de Berlioz383 - qui hélas n’occupe pas encore en France la place à laquelle son génie lui donne droit - Je n’aime toutefois guère (pour le malentendu auquel il peut prêter) votre titre de Jeune France - pour vous surtout - Il est vrai que des questions de consommation locale peuvent à la rigueur le justifier - Toutefois je n’aime guère les limites qu’imposent certains tarifs.
851Gaillard Vous avez - il a raison - en ce qui concerne ma production - Mais si lui ou certains copains avaient passé par la série d’emmerdements dont 34 et 35 ont bien voulu me gratifier leur production artistique aurait été aussi maigre - ou alors qu’aurait elle [sic] charriée - si nous nous en tenons aux conceptions Buffonesques - comme contenu ! Enfin le pire est passé - et je compte qu’après les élections384 le train plus ou moins normal va reprendre - Pour l’instant je rattrape le temps perdu - et travaille comme je ne l’avais fait depuis longtemps. Indiens Vu déjà plusieurs pueblos - et cérémonies. C’est magnifique. Mais le plus beau est à venir. Vais aller camper dans les plaines - et sur les plateaux - officiellement invité chez les NAVANA - APACHES - HOPIS et ZUNIS385 - J’aurai garde de toucher à leur musique - Magnifique - lorsque partie de leurs rites - elle ne signifie rien hors de ça - Quant à leurs rites - pas un blanc n’en sait - n’en a jamais su - et ne saura rien - La haine du blanc persiste. Ceux qui prétendent le contraire mentent - Je vais les approcher - plus fermé plus silencieux - plus poliment distant qu’eux.
852Désormière Ne comprend [sic] rien - car je ne vous ai jamais dit que je le détestais. Vous après une répétition d’Arcana m’avez répété ce que vous lui aviez entendu dire : « Voilà quelque chose que je ne dirigerai jamais ». Ce dont je me fous. Et puis souvenez vous [sic] de ce que vous m’aviez écrit au sujet de sa partition pour une pièce d’Artaud - Votre opinion a changé et vous avez des raisons pour ça386. Tant mieux.
853Laberge Vos amis seront en de bonnes mains - Il est honnête - bon camarade - et aime la musique - Ils peuvent tabler sur ses conseils -
854Vœux de succès pour le Dictateur œnologique. La bousculade du départ a fait que j’ai négligé de lui envoyer le montant de sa note387 - Cet oubli sera réparé à la rentrée -
855Je suis navré de savoir Guighy souffrante - Surement [sic] que les vacances - le bon air et le repos contribueront à la remettre d’aplomb -
856Louise souffre de l’altitude 2300 m388. Mais comme moi (qui me porte comme un charme) adore ce merveilleux - farouche - désolé et désertique pays - et en subit la magie. Le West (Santa-Fé 3 700 kms de Ν.Y.) est très beau - inimaginable par un Européen - Je pense pousser une pointe en Californie qui n’est qu’à 24h et dire bonjour à des copains - Quant [à]389 un voyage à Paris : Quien sabe390 ? Ça n’est pas le désir de revoir ceux qui sont chers qui manque - mais vu la situation - ce bordel de ville n’a aucune compensation à offrir qui permette d’en envisager le projet - Si un jour l’Europe - m’appelait alors l’excuse serait trouvée pour faire escale - et justifier ce crochet sentimental - En attendant.... donnez nouvelles - Je trouve que la critique vous a été amicale - ce qui - malgré les aigris - vaut mieux que le contraire - car on a peu de temps à perdre - et tout a son importance -
857Nos bonnes amitiés à vous 2
858Varèse
859Amitiés aux copains - et un fraternel salut au bon pinard - qui fait défaut ici - Il est vrai que les serpents à sonnettes - ne manquent pas
860[au recto, sur le côté droit et verticalement]
861Excusez style. J’oublie mon français - J’en saurai toujours assez - pour me faire empiler391 lorsque je reviendrai à Paris avec des Dollars.
862[au verso, sur le côté gauche]
863Nous avons une énorme - splendide maison - avec grand jardin et patio : bon augure pour la splandeur [sic] à revenir -
70.
22 juillet 1936
Carte postale - Pueblo Indian Estufa or Kiva
864Voici qui confirme ce que je vous disais dans ma lettre - Vous raconterai mes visites aux dernières tribus - Suis surtout intéressé - dans les Apaches et Navanas qui sont les nomades et les guerriers et dont la population augmente -
865C’est une offense fédérale que d’offrir même une seule boisson alcoholique [sic] à un indien - 5 piges de tôle !
866Amicalement à vous 2 -
867V.
71.
29 - VIII / 1936
sur papier à en-tête Edgar Varèse, 188 Sullivan Street, New York City
868Cher Ami -
869Reçois aujourd’hui votre lettre du 29-VIII392 - Je savais par une charmante missive de Moreux que vous vous trouviez en Savoie393 - et cela me fait plaisir - Afin de dissiper malentendu - Oui 34 et 35 ont été de sales années394 - et c’est parce que j’étais en bonne forme - spirituellement et physiquement que j’ai tenu le coup - et aussi que j’ai si bien travaillé : Notes - études - auxquelles je suis revenu cet été et que j’ordonne - car qu’est-ce que la composition si non [sic] l’ordonnance de la matière sonore ? En plus j’ai fait de grands travaux de calcul - au sujet de nouvelles données acoustiques - À ce propos je viens de faire une conférence ici - avec un tel succès que je dois la redonner à l’université de New Mexico à la rentrée - et dans différents centres de l’Est Vous joint interview et critique395 - Cette dernière comme tout compte rendu imparfaite - mais vous mentionnant résultat et différents points susceptibles surtout d’intérêt pour les spécialistes - À ma rentrée en Nov[embre]. (1er) je vais reprendre les calculs avec un mathématicien et un physicien - et je lirai le papier à un congrès scientifique -
870Equatorial - Je le révise - et travaille en même temps à un nouveau navet orchestral
871Ionisation Juste avant mon départ il y a eu un meeting des directeurs de Columbia - et un blâme a été voté à l’ingénieur responsable de l’enregistrement-Je crois même qu’il a été foutu à la porte - car il y a maintenant un nouvel ingénieur en chef qui est un élève d’un de mes collaborateurs - (et vient de sortir de l’Université) - donc dévoué à ma cause - Ça va lentement - mais dans la bonne direction - J’en suis content - car j’ai horreur des carrières « feu d’artifice » - Une fusée qui monte - un bâton brûlé qui redescend -
872Vos critiques - Naturellement un gentil copain - bien intentionné - m’a fait parvenir celle de Schmitt396 - vu que je prenais aussi quelquechose pour mon grade. A propos de grade : il y avait les officiers d’académie - Il y a maintenant les adjudants d’Institut. Ce sinistre sous-off de la musique - (comme dit Fargue, une éternelle tache de jaune d’œuf sur son lorgnon) s’est révélé franchement - tant mieux pour nous - tant pis pour lui - Ne vous laissez pas abattre par ça - pas plus que par les suintements de la Capote de Vieille. Un soir - je me balladais [sic] avec un copain écrivain - autour de Washington Square - une de ces ballades [sic] nocturnes où l’on se raccompagne mutuellement - jusqu’à l’aube - Il était furieux contre un critique qui avait déversé sa bave sur moi - À ce moment contre un lampadaire un toutou leva la patte - J’interrompis le camarade : Regardez le cabot - que fait-il ? « - Il pisse parbleu - Bon - mais levez les yeux - Ça n’empêche pas la lumière de briller - » et voilà -
873Travaillez - mais disciplinez vous [sic] - et surtout ne vous souciez pas de plaire - Aux pauvres bombardements de crottes de chèvres - de vessies aigres et anémiques - pondez à coup d’étrons virils - par des nappes de brans397 grasses - plantureuses et jubilatoires - Notre Société crève de constipation intellectuelle - Ne chie pas qui désire - À la soi-disant intelligence - opposez la volonté opiniâtre - Affirmez vous - Chiez à la 1ère personne du singulier -
874Pour en revenir au lamentable Schmitt et à son miteux entourage - ils souffrent d’hémorroïdes cérébrales - Ils ont le rectum à la place de la trachée – Désormière -Milhau [sic] Tant mieux - Vous me savez assez bon camarade - pour voir clair - juger les faits en toute objectivité - et accepter toute collaboration - sans arrière pensée -
875Dites à Guighy que nous souhaitons la savoir retapée au plus vite - Et dites-lui de ne pas oublier de rigoler - car jusqu’ici le rire a été le meilleur massage intérieur -
876Je vais la semaine prochaine visiter mon copain Pitachu - un des membres du conseil des anciens des Indiens Santo Domingo -
877À l’Ouest (c’est le cas) rien d’autre à signaler - Vous quitte pour me remettre au boulot - et après aller acheter de l’encre - car mon fond de bouteille est aussi boueux et foireux que le cerveau de certains esprits critiques -
878À vous 2 notre amical souvenir
879Varèse
72.
[New York] 8 novembre 1936
880Cher Ami -
881Votre lettre du 13-X me parvient ici -
882Jeudi prochain le 12 je donne une conférence à l’Université de N[ew].M[exico]. à Albuquerque398 dans le grand auditorium - le 2 Dec[embre] - je quitte le merveilleux pays des Conquistadors et serai à N.Y. le 5.
883Quant à vous envoyer le matériel de mes conférences ce n’est pas facile - Il se résume en graphiques en compte-rendus [sic] d’expériences - Je parle et modifie mes textes selon les publics - accentuant certains points de vue - plus ou moins scientifiques ou musicaux (quel vilain mot) - Je me base sur un plan - un canevas - car on parle autant avec les yeux - et gare à l’emmerdeur qui lit et débite son texte - Il risque en levant les yeux - (et se rendant compte que tout le monde roupille) - de se prendre pour Mr Réglisse Florent Schmitt399 assistant à la 1ère de son dernier chef d’œuvre -
884Hermans400 Je vais essayer de dégotter une partition de Ionisation - mais très difficile - None available401 - (oublie mon français) car New Music est légèrement dans les choux -
885Cowell402 est en prison - condamné de 5 à 15 ans pour crime de baolgrerie403 - ayant empapaouté un éphèbe de 17 ans - Il purge (c’est le cas de le dire - vu les pertes de légumes inhérentes) sa peine dans le penitentiary [sic] de Californie - où l’on ne fait pas que des films seulement - Vais écrire à un de ses collègues à San Francisco - qui est censé s’occuper de ses affaires - Mais jamais en Hollande on trouvera les instruments nécessaires - surtout les Sirènes américaines - J’en ai 2 qui sont des merveilles !
886Je travaille à tour de bras à la nouvelle partition - qui s’annonce bien - Content que vous ayez eu de bonnes vacances. Ce que vous me dites de Paris et de sa mélasse ne m’étonne pas. C’est d’ailleurs de l’histoire ancienne - et un sujet si épuisé qu’il ne vaut pas la peine d’y revenir -
887J’ai des nouvelles de Barcelone - de Zaragoza - mais pas de Madrid - Quelle tragédie404 ! et comme d’ici je me sens plein d’affection pour ce beau pays, en dépit de mon bonbon à liqueur405 - Enfin les beaux jours reviendront - Oui j’ai appris la mort de Cools - et par vous
888[suite sur le côté gauche]
889celle de Ferroud406 -
890Voilà pour l’instant - Ce que vous me dites de Roussel407 ne m’étonne pas - Il devrait y avoir un Institut Goncourt408 où il est tout désigné de figurer entre MM Daudet409 et Chéreau410 - comme M. Schmitt entre MM. Claude Farrère411 et Duhamel.
891[en haut, à l’envers]
892M° A.R412 et M° F(réglisse) Smitt [sic]413 MEMBRES de Rince-Tutu414
893Jeu de mot Dominical - Le Dimanche sévissant à Santa-Fé aussi - car en ce moment l’Archevêque rôte [sic] aux Vêpres sa dinde du déjeuner.
894À vous 2 et aux copains amicalement
895V.
896[en biais, à l’envers]
897Suis sans nouvelles des Vargas ? Les voyez-vous ? Et Carpentier ? pas le Boxeur - Alejo ! Et Le Flem ?
73.
[New York] 24 - XI / 1936
898Merci - Cher Ami - pour votre lettre du 11 - qui me suit et que reçois aujourd’hui -
899Serai à N[ew]. Y[ork]. le 5 Dec[embre] - Ai bien travaillé - et aurai au printemps une bonne partition prête
900Conférence - Je vois que votre lettre a croisée [sic] la mienne - où je vous expliquais - Ne voyez donc pas une preuve d’anti-Parisianisme ni de j’m’en foutisme (? !) oublie le français Vous ai aussi mis au courant de la situation de l’Editeur de Ionisation415 - Essaierai à N.Y. de trouver une partition. Heureux pour la Spirale - Peut être un jour collaborerons-nous en vue d’une sérieuse manifestation Varèse à Paris - Pour l’instant la situation est trop vague et incertaine pour risquer des projets
901Fried (Oskar) est un pauvre con - Bravo de tâcher de récupérer nos matériels416. Quel salopard -
902Enverrai le matériel du quatuor à Mr Lefèvre417 -
903Etat des musiciens - Triste pour Ravel418 - Quand [sic] à la couture et articles de Paris - m’en fous. En ce qui concerne les 2 autres419 - il y a longtemps qu’ils étaient morts - Il était temps qu’on se décide à notifier Mr Borniol420 -
904Triton - Très bien - J’espère que quelque naïade - lui a collé une bonne chaude pisse - une vraie gigite merdeuse -
905Viens de remporter un grand succès social avec ma nouvelle définition de « la Gloire » : Avoir son nom connu et écorché par quelques milliers de cons - Et Mr Schmitt ? Le Membre421 - est ce [sic] qu’il continue dans les confitures de Bar le Trou Duc422 ?
906Donnez-moi des nouvelles de ce qui se passe - et dites-moi ce que vous entre-voyez - Les nouvelles sont contradictoires - sauf sur le résultat qui semble d’un côté comme de l’autre sinistre -
907À part ça : Rien à signaler à l’Ouest - Si ce n’est que j’aime l’Ouest de plus en plus - et me sens attiré vers le Pacifique - N.Y. est trop près de l’Europe - Et ce pays : Quel Tonnerre de Bordel de Dieu de grandeur et de force ! Espère y avoir ma tôle en adobe423 un de ces jours - Un indien vient de me dire qu’il savait que le temps arrivait pour mes ennemis de disparaître - Je pense qu’il voit juste - et j’en connais un qui fait bien de se cramponner à la rampe - Vous le connaissez aussi -
908Sur ce - Salud y pesetas - Vargas me dit vous avoir vu dans un bistrot où le vin est bon - Buvez en [sic] beaucoup - car ici il est hors de prix - et celui de Californie bon à faire dégueuler une boîte à ordure -
909À vous 2 bien amicalement
910Varèse de Santa Fé
74.
Mot écrit au crayon
911Voici Cher Ami - snap-shots du bush que mon ami Will Shuster424 vient de faire de moi -
912Confirme lettre d’hier -
913Amicalement à vous 2
914V
915Santa Fé
91625 -XI / 1936
75.
19 - XII / 1936
sur papier à en-tête Edgar Varèse, 188 Sullivan Street, New York City
917Cher Ami -
918Rentré depuis 2 semaines -
919Vais vous renvoyer le quatuor de Lefevre [sic]425 - Attends après les fêtes pour voir si possible de le faire par la valise diplomatique - Vous préviendrai - Conférence426 - Malheureusement rien à faire - Deux grandes organisations - paraissent vouloir s’intéresser à mes idées et ont ma promesse de ne pas les vulgariser - ni de les publier avant leur décision - Donc tant pis - Après tout Paris peut continuer à se passer de moi - sans s’en porter plus mal - Quant à vous je vous en ferai part un de ces jours - Rien ne presse -
920Je pense sérieusement à aller m’établir dans l’Ouest - où il y a un énorme futur - et des gens qui ont encore le sens de l’aventure - Ici - c’est moche et plat - Intellectualité stérile, à l’européenne - (N.Y. n’est pas l’Amérique - mais l’avant poste de l’Europe) Resquillage international youpin - Jamais saison n’a été plus désespérément morne et bêtement futile -
921Je viens encore et de façon toute officielle de refuser la légion d’honneur - pour laquelle on m’a fait appeler - de façon absolument inattendue - J’espère que ce sera la dernière fois - et qu’en
922[suite sur le côté gauche]
923haut lieu on réalisera - que je n’en veux pas - Je ne vois aucune différence entre un bourgeois bedonnant qui arbore un bout de ruban rouge à sa boutonnière - et un brave nègre qui se pavane une plume dans le trou du cul - C’est formidable qu’en France (le peuple le plus intelligent - qu’on dit) on en soit encore à de telles conneries.
924[Verso]
925Vous verrez que cet hiver - il y en aura d’autres encore - officiels encombrants - et salopards - qui vont débarrasser le plancher -
926Je turbine - et veux faire du pèze afin de réaliser mes idées - pour moi - Vis complètement en dehors de milieux musicaux - qui ne m’intéressent pas - et ici comme à Paris sont [un] ? siècle en retard sur l’époque - ce qui d’ailleurs a été de tous temps - et en tous pays le même tabac -
927Le South West : (Arizona Colorado Texas New Mexico et partie de la Californie) est vraiment merveilleux -
928Quelqu’un arrive - business -
929Je vous quitte - Nos vœux et amitiés à vous 2
930V.
76.
Jolivet à Varèse :
Carte postale d’Aix-les-Bains, 9 septembre 1937
931Cher Ami,
932À quel chef-d’œuvre n’avez-vous pas dû consacrer votre temps pour qu’on reste aussi longtemps sans nouvelles de vous. Les dernières que j’ai eues, par Vargas, à la mi-juin, m’ont appris que vous étiez retourné chez les Indiens. Veinard !
933Je vous avais envoyé notre souvenir sur une carte aux environs de ce printemps - à une époque où je travaillais comme un nègre à orchestrer mes Trois chants des hommes, pour Barytons et orchestre - qui ont été donnés le 4 juin au concert Jeune France427. Succès mitigé - et surtout de vastes engueulades - particulièrement de M. Sauguet428 qui parle de complexe Beethovénien et autres sornettes.
934J’espère que la prochaine saison américaine s’annonce moins plate que la parisienne - tuée par cette foire de l’Exposition429 - et achevée par l’incertitude européenne.
935Je travaillotte cependant mais sans grande conviction.
936Vous savez que nous sommes toujours heureux d’avoir de vos nouvelles. Je salue ces jours-ci l’anniversaire des derniers jours que nous avons passés ensemble à Madrid - il y a 4 ans !
937Présentez toutes nos affections à Louise et croyez-nous toujours bien amicalement vôtres.
938Jolivet
939J’ai eu la surprise de rencontrer Huidobro430 à Paris, en juillet - il m’a chargé de vous transmettre son souvenir amical.
77.
28 novembre 1944
sur papier à en-tête Edgar Varèse, 188 Sullivan Street, New York City
[Nombreuses annotations de Jolivet au crayon (adresses, n° de téléphone, etc...). Enveloppe d’origine datée du 16 décembre, postée à Paris.]
940Mon cher Ami
941Votre carte parvenue ce matin nous a fait grand plaisir et nous sommes heureux de vous savoir en bonne santé -
942Ici tout va - Je vous écrirai sous peu longuement -
943En attendant : Mon chœur répète en ce moment, en vue d’un concert en Février au bénéfice des organistes de France431 (œuvres de Suzoy432 - Vitoria433 - Schütz434 - M. A. Charpentier - Lully - etc.) Il me faut au plus vite la partition du motet Miserere mei Dens de Lully. Cette œuvre est publiée en un volume unique, Éditions Prunières de la Revue Musicale435 - pour la Collection de l’Oiseau Lyre - Soyez aimable de vous la procurer - et - ensuite remettre (si possible personnellement) à Mr HENRY A. SEYRIG attaché culturel à la Délégation Française de N.Y. Sa secrétaire ici Madame Long lui a remis au moment de son départ une note de ma part le priant de bien vouloir m’expédier le Lulli [sic] par valise diplomatique - car ça presse - L’adresse de Monsieur Seyrig est : Service des Œuvres, Ministère des A.E - Quai d’Orsay - Suivez et surveillez je vous prie - car Seyrig ne doit pas avoir de loisirs, et vous connaissez l’inertie administrative -
944Merci -tenez-moi - ça va sans dire - au courant des dépenses que cette commission occasionne -
945Nous vous embrassons avec Guighy
946Votre
947Edgar Varèse
948[sur le côté gauche]
949Vous inclus prospectus - et programme d’un concert organisé par le journal français « Pour la Victoire » au bénéfice des œuvres françaises436
78.
20 -I / 1945
sur papier à en-tête Edgar Varèse, 188 Sullivan Street, New York City
[Enveloppe indiquant envoi par Valise diplomatique
Réponse de Jolivet indiquée le 7 mars 1945]
950Mon cher Ami
951Merci pour lettre que Monsieur Seyrig a eu l’amabilité de me faire parvenir - et merci aussi pour votre habituelle gentillesse à m’être agréable - Oui le Lulli est trouvable à N.Y. Public, et Columbia Libraries437 et depuis plusieurs mois je possède la partition photostatée [sic] - Mais j’en aurais désiré une imprimée - car le glacis du photostat fatigue et irrite les yeux quand on répète à la lumière artificielle - L’œuvre est en répétition et sera donnée à mon concert d’Avril (remis à cause de Pâques) au bénéfice des organistes de France438 -
952Comme il fallait s’y attendre cette guerre n’a été guère favorable au développement du chœur car dès le début la mobilisation a tapé dans le tas me prenant d’abord à cadence accélérée les hommes - et ensuite hommes et femmes en vrac - J’ai toutefois réussi à garder et à unifier un ensemble, solide, enthousiaste ne rebiffant pas à la besogne - Le retour au normal [sic] fera le reste et l’élèvera aux niveaux quantitatif et qualitatif voulus - Naturellement l’organisation matérielle prend un temps énorme - vraiment trop du mien - à part Louise - très occupée par ses traductions - (Léger paru - Bernanos - Rimbaud sous presse)439 je n’ai personne pour m’aider dans mes fonctions de rond de cuir. Mais je ne lâche pas - Je considère indispensable de continuer, d’intensifier l’existence du chœur et d’en faire un centre de ralliement et d’action - Rien ne sert de pleurnicher de déplorer mufleries commerciales, conneries hollywoodienne [sic] et radiophoniques - C’est : ou la boucler - ou en mettre un coup, affirmer - et ici, ça devient épinard [sic]440 car pour la première fois on réalise que ce n’est plus l’artiste qui s’isole dans sa tour d’ivoire - mais le public qui s’est recroquevillé dans la sienne -
953Une fois le Chœur au point et en main je vais sortir de nouveaux boulots et ce coup-ci hors des conventions orchestrales et autres gélatineux climats à archets - Ensemble de masses chorales - instruments nouveaux auxquels je travaille avec un jeune ingénieur me permettront de m’engager dans la voie solidement tracée par Equatorial -
954Que devient on [sic] chez vous ? qu’entrevoyez-vous ? Ou [sic] en sont amis et camarades ? Parmi ceux - ici - que vous connaissez : je viens de revoir Villa-Lobos441 en mission de son gouvernement - très officiel - très gentil et pittoresque camarade comme toujours - À la maison avec Lourié442 qui s’était joint à nous, nous avons évoqué les gais temps de Paris et le souvenir de ceux avec qui la vie nous avait associés alors.
955Dans notre domaine rien à signaler - Ce n’est que « promotion of personalities » - La musique est une chose qui n’intéresse personne et dont les gents [sic] comme il faut ne parlent pas - Elle est tolérée comme le laxatif nécessaire au bon fonctionnement du virtuose - D’ailleurs en musique - comme en peinture sculpture - théâtre on se croirait à Paris, il y a une quinzaine d’années - Remue ménage - agitation même les snobs se sentent désemparés - dégoûtés, ils ne savent sur quoi, sur qui miser sans passer pour des cons - Malgré tout le pays crève de possibilités - mais comme un centre de ralliement est indispensable ! et comme j’entrevoit [sic] le Chœur dans ce rôle - Enfin santés, esprit sont bons - boulot marche - et l’avenir appartient à ceux qui l’inventent.
956Ecrivez-moi - nouvelles et détails me feraient grand plaisir -
957Louise se joint à moi pour vous embrasser avec Guighy -
958Varèse
959Vient de retrouver les petites photos de l’Escorial443
960Savez que Soler est à Toulouse depuis 4 ou 5 ans déjà si ce n’est plus ?
79.
[New York] 15 - V / 1945
lettre rédigée au verso d’un prospectus annonçant un concert du Chœur444
961Cher Ami -
962Merci pour votre lettre de Mars à laquelle je répondrai en détail sous peu - Le soldat Frank d’Amato445 vous transmettra ce programme du concert de Juin - C’est un jeune gars - brave - loyal et que j’aime bien. J’ai [sic] l’ai connu tout gosse il y a 20 ans - et le vois journellement - Son père glacier patissier [sic] tient boutique à quelques 50 mètres de chez nous et là se rencontrent copains pour siroter l’aromatique « espresso » ou ingurgiter force glaces napolitaines accompagnées de patisseries variées
963Je sais que le jeune d’Amato20 rêve de visiter Paris à sa prochaine permission - Soyez gentil de l’accueillir en petit camarade - de voir à ce qu’il s’amuse et rapporte un bon souvenir de chez vous.
964Merci et aff[ectueusemen]t des 2 aux 2.
965Varèse
80.
Jolivet à Varèse :
Paris le 21 décembre 1945
966Mon cher Ami,
967Je suis un infâme lâcheur. Je me maudis de ne pas encore avoir répondu à votre dernière lettre datée du 17 novembre446. Et surtout de vous remercier de la belle photo447 que vous y aviez jointe. Elle m’a fait d’autant plus plaisir qu’au début de septembre j’avais rencontré cette pipelette de Virgil Thomson448 qui ne m’avait donné de vos nouvelles que par le gros bout de la lorgnette, c’est-à-dire peu de choses et bien déformées.
968Ce mois de septembre a été enrichi par un voyage à Bruxelles, où la Comédie est allée donner le Soulier de satin449. Ville extrêmement vivante où l’on fait d’excellente musique et où la vie est très agréable.
969Puis en octobre j’ai enfin écrit l’article qui a para dans Listen450 de novembre un peu amputé et ai terminé une sonate pour piano451 que j’avais besoin d’écrire pour mettre au point un certain nombre de questions formelles. Ensuite ça... (illisible)... mise au point d’ouvrages pour la saison, et presque tous avec musique. Ajoutez à cela le tribut obligatoire à la grippe, la famille sur le flanc pendant six semaines et les difficultés domestiques, insurmontables.
970Pendant ce temps la saison musicale se ressent des difficultés de la vie matérielle. Les concerts succombent sous les taxes et seule la Radio peut s’intéresser aux œuvres contemporaines. Les difficultés économiques ne permettent pas autant qu’on le souhaiterait les échanges avec l’étranger dont nous aurions besoin plus que jamais. Ce qui est grave aussi c’est la paralysie de l’édition musicale par manque de papier, coupures d’électricité qui gênent les imprimeurs, et manque d’audace des éditeurs qui ne se décident pas à faire la propagande que mériterait l’école française actuelle.
971Le Flem rentre de Suède (où il a pu voir sa fille et connaître ses deux petits enfants) et de Finlande. Il a été fort bien reçu et a fait des conférences sur la musique française. Il a gardé contact avec ses hôtes mais a bien du mal à combler l’attente qu’ils avaient de notre musique éditée.
972De Nobele vient d’avoir un second enfant, une fille452, qu’il baptise demain. Le commerce des livres d’art prospère, et il est maintenant un gros commerçant.
973Mégret s’est marié et est un des bibliographes les plus recherchés.
974Joachim et Gehret se sont séparés453. C’est dommage pour l’un et l’autre, mais Joachim ne s’en rend pas compte. Quelle tête de linotte ! Je ne sais pas où en sont ses amours avec Deso454 lequel est maintenant sous-directeur de l’Opéra, Reynaldo Hahn en étant le directeur et Lehmann l’administrateur. Je n’ai pas vu Albert Wolff455 depuis son retour d’Amérique du Sud. Il a pris la direction de l’Opéra-Comique.
975Avez-vous vu Milhaud ? Il est attendu ici comme professeur de Composition au Conservatoire, et grand musicien officiel. Ibert est retourné à Rome étudier les possibilités de réinstaller la villa Médicis456.
976J’avais appris à Londres que Huidobro était à Paris - ou y avait été - En tous cas il l’avait quitté quand j’y suis rentré en septembre.
977Guighui continue de petits travaux radiophoniques tout en pourvoyant aux mille soucis qui accablent ici les maîtres de maison. Mais elle est toujours courageuse. Elle a tout fait, depuis la Libération, pour aller voir sa mère457 à Alger ; malheureusement sans résultat jusqu’à présent. Cela la peine beaucoup d’autant plus que la santé de ma belle-mère est défaillante.
978Voilà à peu près les nouvelles. N’usez pas de représailles à notre sujet et ne tardez pas à nous écrire. Nous vous souhaitons une bonne année 1946 et nous unissons pour vous embrasser affectueusement.
979Jolivet
980Vu André Souris458, de Bruxelles. Il a donné votre Octandre à un de ses concerts de disques.
81.
Jolivet à Varèse :
Paris le 4 septembre 1946
981Mon cher Ami,
982Avec quelle émotion nous avons entendu votre voix, jeudi dernier ! L’audition était parfaite et on aurait vraiment cru que vous étiez dans la pièce à côté. Je suis heureux que Robert Franc459 ait pu enfin obtenir cette interview et je le remercie de m’en avoir avisé. De mon côté je me suis accroché au téléphone pour la signaler au plus grand nombre d’amis possible. Malheureusement à cette date peu de gens étaient à Paris. Cependant Moreux a pu écouter, ainsi que Baudrier et un garçon, Le Rouzic460, qui fait les émissions sur les Nouvelles musicales ici. Ginette Martenot461 vous a entendu aussi. Vous pensez si elle a été heureuse de ce que vous avez dit au sujet de son instrument. Elle doit vous écrire.
983Leur instrument a été très amélioré et peut rendre de grands services. J’enregistre la semaine prochaine un film que j’ai écrit pour trois Martenots et trois batteurs462. Tous ces gens-là, et moi-même, avons écrit aux services américains de Radio pour les féliciter de cette interview mais pour protester véhémentement contre le saucissonnage qu’ils ont fait d’Ionisation. Je vous avais peut-être dit que l’an passé nous l’avions donné aux Nouvelles musicales avec un petit « chapeau » que j’avais fait sur vous463. Nous profitons de ce qui vient de se passer aux émissions Américaines pour revenir sur la question, protester contre la coupure qui a été faite, et le redonner intégralement. Je fais cela avec la complicité du dit Le Rouzic et cela passera mercredi prochain 11 septembre vers 14 h (heure française) sur la chaîne nationale. Baudrier s’apprête à partir pour une tournée aux USA. Il quitte Paris le 7 Sept[embre] et sera à New-York vers le 18. Il ira vous voir. Il emporte là-bas en enregistrements 6 heures de musique française contemporaine. Il vous donnera de nos nouvelles fraîches.
984Je vous remercie de votre lettre de juillet et de l’envoi de Density 21,5. Je ferai jouer cela par un jeune flûtiste remarquable464 qui est actuellement en saison à Vichy mais qui va sûrement rentrer à la fin septembre.
985Nous espérons que Louise aura passé un bon été à la campagne et que vous aurez continué à travailler activement.
986Je suis en train de travailler pour la Radio à une version radiophonique du Livre de Christophe Colomb de Claudel pour lequel j’écris une cinquantaine de minutes de musique.
987A bientôt vous lire, en attendant le plaisir de vous réentendre sur les ondes. A vous deux de nous deux, nos affectueuses pensées.
988Jolivet
989Dites toutes nos amitiés à Franc et à Milda Polia. Je leur écrirai bientôt.
82.
Jolivet à Varèse :
Paris le 21 octobre 1946
990Mon cher Ami,
991Je profite du départ de mes amis, M. et Mme Sauvy465, qui vont aux USA pour le congrès de l’ONU, pour vous adresser ce mot, avec nos meilleures pensées amicales.
992Il y a bien longtemps qu’on a eu de vos nouvelles. Depuis ma lettre où je vous annonçais que Ionisation serait redonnée intégralement à la Radio, cette diffusion a fait tant de bruit que l’œuvre a été redonnée dans une autre émission. Quel dommage que je n’aie pas d’autres œuvres de vous enregistrées. Je suis sûr qu’elles seraient entrées dans l’oreille des auditeurs. Si vous aviez autre chose d’enregistré, envoyez-le moi par les Sauvy, ainsi que la partition d’Ionisation que j’avais autrefois prêtée à Oskar Fried - et qui ne me l’a jamais rendue.
993Sur le même bateau que Mme Sauvy se sont embarqués les musiciens du quatuor Léon Pascal466, ce que nous avons de mieux en France, actuellement, de cette formation. Ils doivent donner plusieurs concerts à N.Y. et dans les environs - musique classique, bien entendu ! Mais ils souhaiteraient jouer aussi des contemporains, parmi lesquels moi, chez des particuliers, même sans cachet. Voyez je vous prie ce que vous pouvez faire pour eux. Merci d’avance. Dès leur arrivée ils se mettront en rapport avec vous.
994Mille amitiés pour vous et Louise.
995Jolivet
83.
21 - 5 / 1947
sur papier à en-tête Edgar Varèse, 188 Sullivan Street, New York City
996Mon cher Ami
997Ce mot vous sera remis par Sergt Frank467 - qui vous mettra au courant de ce qui se passe - et surtout de ce qui va se passer - Réservez-lui votre bon accueil - Tuyautez-le - et mettez-le en rapport avec ce qui en vaut la peine - Vous êtes placé pour être bon juge - Merci
998Louise et moi vous embrassons avec Guighy.
999Votre aff[ectionné]
1000Varèse
84.
Jolivet à Varèse :
Paris le 24 février 1948
[Cette lettre fait allusion à une lettre de Varèse du 22 janvier 1948 qui ne figure plus dans les Archives de Jolivet.]
1001Mon cher Ami,
1002Je remettais toujours de répondre à votre lettre du 22 janvier espérant pouvoir vous annoncer l’arrivée et du colis de café (annoncé par lettre du 5 II) et de vos disques et partition (annoncés par lettre du 23 de l’American Center). Ni l’un ni l’autre de ces envois ne sont parvenus, et je ne veux pas attendre plus longtemps pour vous écrire.
1003Je vous remercie pour l’analyse de Ionisation468 qui me sera très utile et pour les papiers de Rosenfeld et de List469. Me voilà bien muni pour vous présenter aux élèves du Conservatoire21470.
1004De mon côté, si je ne vous les ai pas encore expédiés, j’ai réuni des papiers qui répondront je l’espère à ce que vous souhaitez. Il faut maintenant que je les fasse taper. Il y en a un (le texte sténographié de la présentation d’un concert de mes œuvres) que j’ai envoyé à Mrs Reis471 avec prière de vous le communiquer dès qu’elle l’aura utilisé. Je n’en avais qu’un exemplaire c’est pourquoi j’ai dû utiliser ce subterfuge. Au reste je n’ai pas de nouvelles de l’envoi que je lui ai fait de papiers, photos, et de la musique qu’elle m’avait commandée - gratis pro Deo ! ! Pouvez-vous lui téléphoner à ce sujet et lui demander qu’elle m’en accuse réception ?
1005La question la plus délicate est celle des disques. Mes œuvres les plus significatives que j’aurais souhaité vous envoyer ne sont pas enregistrées (ou sur disque souple par la Radio - et elle n’en tire pas de copies). Les seuls disques du commerce que j’ai à part des petits ballets472 pour marionnettes sont mes Trois complaintes du soldat473 ! Je vous en ferai parvenir par Robert Franc et Mildah Polia qui vont venir faire un petit séjour prochainement à Paris.
1006Messiaen vous a-t-il répondu ? Je l’ai entrevu, il y a une dizaine de jours à la suite d’une première audition474 de lui, à la Société des concerts, mais n’ai pu lui parler.
1007Et maintenant, surtout, nous souhaitons que vous alliez mieux, et qu’on vous débarrasse bientôt de votre drain475.
1008Nous avons fait vos commissions aux Le Flem. Ils ont eu aussi des ennuis de santé et Jeanne a risqué la paralysie, tandis que leur petit fils476 a failli mourir. Merci pour l’envoi de café - Vous êtes trop gentil de vous soucier de cela. Ne vous inquiétez pas pour mes papiers. Vous les aurez en temps utile. Mais, en ce moment j’essaie de rattraper le retard que m’ont valu mes deux bronchites de cet hiver.
1009J’écris un morceau de concours - très pressé - pour le conservatoire - et je prépare un voyage à Budapest pour le début Avril où je dois diriger un concert Jeune France477.
1010A bientôt vous écrire ?
1011Guigui478 se joint à moi pour vous embrasser tous deux bien affectueusement.
1012Jolivet
1013Je vais essayer de récupérer un enregistrement (sur disque souple) de mon Quatuor à cordes.
85.
Jolivet à Varèse :
Paris le 1er - VI - 1948
1014Cher Ami,
1015Voici qu’avec bien du retard je peux enfin vous accuser réception du colis de succulent café que vous nous aviez envoyé et qui nous est parvenu en parfait état. Depuis nous nous régalons après chaque repas et, sous les espèces du café, nous communions avec vous dans l’amitié. Ce qui est souvent plus facile que de trouver cinq minutes pour écrire une lettre.
1016De mon côté j’ai reçu vos messages d’amitié par Philippe Heugel479 et plus récemment par René Le Roy480 par l’intermédiaire d’un de mes musiciens qui est de ses intimes et qui l’a vu.
1017Nous sommes allés Guighui et moi à Vienne et à Budapest dans la seconde quinzaine d’Avril. J’y ai dirigé plusieurs concerts de musique française contemporaine et fait des conférences sur le même sujet. A ma conférence de Vienne j’ai passé votre disque d’Octandre qui a violemment secoué le public, qui ne s’attendait pas à ouïr quelque chose d’aussi intense et d’aussi violent. J’ai donné aussi la 1ère audition de mon Concerto pour ondes Martenot et orchestre qui a pas mal dérangé les habitudes de ce public très conservateur au fond.
1018Depuis notre retour, le 3 mai, nous avons été débordés et c’est seulement aujourd’hui que je prends sur l’urgent pour mettre mon courrier à jour. Heugel m’a dit que vous alliez mieux et qu’on vous avait ôté votre drain. Je souhaite vivement que ces nouvelles soient exactes.
1019Comment s’annoncent vos conférences ?481
1020Milhaud repart pour les U.S.A. le 25 juin. Il emportera un peu de musique de moi. Il m’a communiqué un poème sur vous.
1021Nous espérons avoir bientôt de vos nouvelles directes.
1022Mille mercis encore pour l’envoi.
1023De nous deux à vous deux nos fidèles amitiés.
1024Jolivet
86.
Varèse à Jolivet :
[New York] 5 - XI / 1948
aérogramme
1025Cher Ami -
1026J’espère que ce mot vous trouvera tous en bonne santé et contents - Mme Polia m’a dit que Guighy482 était devenue une grosse légume radiophonique - Je la vois active, mettant son pied au cul des récalcitrants et je me réjouis de son succès comme des vôtres -
1027Mon ami le compositeur Harrison Kerr sera à Paris dans la prochaine quinzaine de Décembre et ira vous voir ainsi que Le Flem - C’est un vrai copain - Recevez-le comme tel et faîtes je vous prie ce que vous pourrez pour lui rendre Paris agréable et si nécessaire lui donner un coup de main - Comme il ne parle pas français ce sera une occasion pour vous et Guighy d’exercer votre anglais - Kerr est attaché au Ministère de la guerre, son titre officiel est : Chief of Music and Arts Section in the Civil Affairs Division - et (avant sa visite à Paris) se rend en mission officielle en Allemagne - Il arrivera d’ailleurs muni d’un petit mot d’introduction que je lui remets.
1028Je suis bien maintenant - Le chirurgien avait raison, il me fallait un an après l’opération pour me remettre483 - J’ai repris le travail et vais repartir -
1029Je vois ce soir Goldbeck484 et sa femme - Il m’a dit par téléphone les choses les plus gentilles et senties vous concernant et c’est avec plaisir que je vous rapporte ce potin agréable - Voilà -
1030Louise se joint à moi pour vous embrasser bien fort tous les 2 -
1031Votre
1032Varèse
87.
5 - XI / 1948
sur papier à en-tête Edgar Varèse, 188 Sullivan Street, New York City
1033Cher Ami
1034J’espère que mon « Air Mail » (d’aujourd’hui) concernant Harrison Kerr485 vous est bien parvenu -
1035En tout cas voici en duplicata q[uel]ques renseignements supplémentaires. Notre collègue part en mission officielle en tant qu’attaché au ministère de la guerre : Chief of Music and Arts Section, Civil Affairs division - Il passera par Paris à son retour - Je le recommande donc à votre amical accueil et vous prie de faire votre possible pour lui être utile et agréable - Il vous sera d’ailleurs sympathique et je sais que l’accrochage se fera bien entre vous 2.
1036Vous embrassons avec Guighy.
1037Votre
1038Varèse
1039[À cette lettre, est ajouté un mot manuscrit de Harrison Kerr486]
1040Dear Mr. Jolivet,
1041I am staying at theHotel Royal, Ave[nue] Friedland, and would enjoy hearing from you.
1042I speak very little French.
1043Harrison Kerr
88.
Jolivet à Varèse :
Paris le 22 - XI / 1948
1044Mon cher Ami,
1045J’ai été heureux d’apprendre par votre lettre du 5 XI que vous étiez complètement rétabli - et que vous alliez pouvoir vous remettre au travail. J’avais su par Philippe Heugel487 que votre état s’améliorait - et j’ai chargé Modesti488, qui vient de repartir pour New-York de vous apporter toutes nos amitiés. J’attends donc de pied ferme M. Harrison Kerr et ferai mon possible pour lui faciliter son séjour à Paris, et le conseillerai sur les personnalités qu’il pourra rencontrer. Il m’est toujours agréable de rencontrer des gens que vous m’envoyez, comme je suis heureux de vous adresser des amis. Mais cela ne remplace pas le plaisir que j’aurais - que nous aurions de vous revoir. Mais quand irai-je aux U.S.A. ? La troupe de l’Opéra y avait emmené mon ballet489 qu’elle y a joué treize fois (au lieu de huit prévues) mais jusqu’à présent cela ne m’a pas valu de contacts avec le milieu musical américain. Comme vous l’aviez prévu la fameuse commande de la League of Composers a foiré et finalement c’est Milhaud qui a fait jouer mon Hopi Snake Dance490 à une conférence qu’il a faite à Tanglewood cet été. Il doit la redonner en Californie.
1046Depuis six mois je n’ai pas écrit une note de musique passant mon temps à corriger les épreuves de plusieurs œuvres qui vont sortir en librairie. Particulièrement ma Sonate pour piano, mon Quatuor à cordes, des mélodies, des œuvres instrumentales, etc... En plus, mille travaux alimentaires, car la vie est de plus en plus chère ici, et il faut se livrer à mille besognes pour pouvoir subsister avec la famille.
1047J’ai eu la visite d’un professeur de musique sud-africain, M. Gerrit-Bon491, qui connaissait votre musique et avait fait Octandre en Afrique du Sud.
1048Collaer492 continue à vous jouer à Bruxelles. Je suis content que Goldbeck ait repris contact avec vous et que, par ce qu’il a pu vous dire de moi, vous ayez eu la preuve que vous étiez toujours présent ici spirituellement.
1049Nous avons passé les vacances à Carnac, en Bretagne. Le Flem était à la Trinité sur mer et nous nous sommes vus souvent. Il a une nouvelle pièce qui doit passer à l’Opéra-Comique493 - dont j’ai lu la partition - et qui est très réussie musicalement.
1050Hylda a un peu ralenti son activité radiophonique du fait des soucis familiaux.
1051Jolivet me494 demande de compléter la « formule de politesse ». Je ne sais si c’est poli, mais je vous embrasse ainsi que Louise bien affectueusement comme je le ferais dans une rencontre que je souhaite depuis si longtemps.
1052Votre vieille et fidèle amie
1053Guigui-Jolivet
89.
Dec[embre]. 16 - 48
sur papier à en-tête Edgar Varèse, 188 Sullivan Street, New York City
(date indiquée de réponse de Jolivet : 5 février 1949)
1054Chers Amis
1055Merci aux 2 pour lettre du 22-XI parvenue il y a 3 jours, jour où je reçus la visite de Mr Modesti qui m’apportait vos amitiés -
1056Content de vous savoir bien portants (ainsi que la tribu) et d’attaque - J’entends de toutes parts (vox populi vox Dei) que Guighy s’est révélée une organisatrice - une « executive » de 1er ordre et la revois, chaussée de sandales à l’ombre de son chapeau parasol déambulant sur les Ramblas de Barcelone495 - Oui comme vous dites il y a belle lurette - Soler, (qu’est-il devenu ?) les courses de taureaux, Barcelone - Madrid, l’Escorial...
1057Suis d’aplomb maintenant et reprends - Vous envoie ci-joint par l’aimable entreprise de Mr Raymond Creuze496 dernière photo - toute récente497 - J’ai une vive sympathie pour Mr Creuze et je le recommande à votre amical accueil. Harrison Kerr sera à Paris vers le 27-28 cour[an]t et vous fera signe au débotté Je n’étais malheureusement pas à Ν.Y. lorsqu’on a donné votre ballet - mais il a obtenu un beau succès musical - Je dis « musical » car seule la partition a été remarquée - La troupe n’a produit qu’une bien piètre et miteuse impression. Il y a mieux ici -
1058Par contre l’orchestre national dirigé par Münch a été reçu avec enthousiasme. J’étais au concert et ça a vraiment bien marché - Poulenc aussi a obtenu un cordial accueil - Naturellement public spécial : balletomane tapettoïde. Ne connaissant pas Poulenc je peux parler sans préjugé - D’ailleurs sa musique n’a pas changé depuis ses débuts - Du Marie Laurencin498 - œuvres légères, agréables, adroites : mièvres, si l’on veut, mais quand même autrement touchées que celles de ses collègues d’ici - En plus excellent pianiste. Modesti m’a dit qu’il allait vous écrire - Par lui, Kerr, Creuze vous aurez donc des nouvelles toutes chaudes - sans oublier les Goldbeck qui rentrent dans q[uel]ques jours. Le concert d’Yvonne et les conférences de Fred ont été cordialement appréciés - et ils partent en laissant de nombreux nouveaux amis - A 2 de ses conférences ici il a passé le disque de votre quatuor499 et vous a élogieusement présenté - Il a fait du bon boulot pour tous - Louise se joint à moi pour vous embrasser tous les 2.
1059Bon Noël - et Heureuse année -
1060Votre
1061Varèse
1062Il neige - 1ère neige - et elle s’accumule - A propos des neiges d’antant [sic] que sont devenus De Nobele et Maigret500 ?
90.
Varèse à Jolivet :
[New York] 14 - VII / 1949
aérogramme
1063[Partie centrale]
1064Cher Ami
1065Heureux des bonnes nouvelles et de vos succès - Probablement ce mot vous joindra en Bretagne (est-ce celle de Le Flem501) - où je vous souhaite ainsi qu’à Guighy de passer de bonnes et reposantes vacances -
1066Quant aux extraits de presse que vous m’aviez envoyé - impossible de mettre la main dessus - Ils doivent comme la plupart de mes notes se vadrouiller à travers les 48 états - (ou plutôt - avoir fini dans des paniers à papiers locaux) les élèves ayant accaparé tout ce qui leur semblait utile à la préparation de leurs thèses - Vous ne m’aviez pas demandé de renvoyer ces coupures sans cela je les aurais gardées - maintenant trop tard - impossible de les rattraper. Il faut considérer que c’est de la graine tombée en bon terrain - Perte et profits - surtout - à longue échéance ces derniers.
1067L’adresse de Mrs Arthur M. Reiss502 est 39 East 79th St. N.Y. Je ne l’aperçois que rarement et de loin - Malgré mignardises et sourires engageants il est bon de garder les distances. Ecrivez donc directement et réclamez votre dû - C’est bien que l’état de Villa-Lobos503 aille s’améliorant, il a subi comme vous le savez sans doute une sacrée opération. Il nous a dit la veille de son départ combien il était heureux de rentrer « chez lui » en Europe - Paris (où il compte dorénavant passer une
1068[suite sur le côté droit]
1069bonne moitié de l’année) étant avec Londres les villes où il occupe la place d’honneur.
1070Ici, comme de tradition, chaleur et humidité tropicales - mais santé et boulot collent - Peut être irons nous [sic] (mais ce n’est encore qu’un projet) en automne dans le désert (New Mexico - Arizona - et aussi California Death Valley) Voilà où je voudrais pouvoir me fixer22 - C’est vraiment le paysage - le climat - qui me bottent - et quand on revient, ce que N.Y. parait miteux. Les sky-scrapers semblent ces crottes verticales de chiens constipés. Rockfeller center 80 étages superposés - le 80è naturellement le plus cher - pensez à la supériorité du locataire qui peut chier sur la tête des autres - sans danger de réciprocité - C’est une esthétique vraiment surannée - que celle de la hauteur - et qui n’a
1071[suite sur le côté gauche]
1072rien en commun avec les concepts de notre époque - Des manifestations mort nées - Mentalité de faiseurs de boîtes à loyers - Enfin on arrive à vivre - et matériellement bien. Le mieux viendra en temps voulu -
1073Embrassez Guighy - Louise part passer q[uel]ques temps à Pittsburg auprès de sa sœur. Mon beau frère [sic] que nous aimions b[eaucou]p - vient de mourir - Elle se joint à moi pour vous envoyer nos affectueuses amitiés et vider en esprit un pot de bon cidre avec vous 2
1074Votre
1075Varèse
91.
non datée, mais réponse de Jolivet écrite le 3-XI-1949
sur papier à en-tête Edgar Varèse, 188 Sullivan Street, New York City
1076Voici - cher Ami - programme d’un jeune groupe que j’ai guidé dans le choix des œuvres et que j’ai fait répéter504 -
1077Votre suite était trop longue pour être donné [sic] intégralement (il fallait variété et productions américaines) elle le sera plus tard dans une tournée qu’ils envisagent -
1078Comment allez-vous ? quoi de neuf ? Reçu lettre de Ginette Martenot pour me prévenir de sa venue - Pense la voir à N.Y. à sa venue de Boston où elle a filé directement
1079Et Guighy que devient-elle ?
1080Ici ça va - travail et santé collent -
1081Aff[ectueusemen]t
1082Edg. Varèse
1083amitiés aux Le Flem lors de votre prochain coup de téléphone -
92.
10 - XI / 1949
sur papier à en-tête Edgar Varèse, 188 Sullivan Street, New York City
(avec indication par Jolivet de réponse le 12-XI-1949)
1084Cher Ami -
1085Affectueuses félicitations pour votre « Concerto » admirablement présenté par Ginette Martenot et Munch505 - et chaleureusement accueilli. La belle critique ci-inclus de V.T.506 (le seul qui compte parmi les critiques de la presse quotidienne) doit vous faire plaisir -
1086J’ai déjà vu les Martenot507 mais en hâte - Ils viendront dîner avec nous soit cette semaine ou celle qui vient - Nous parlerons naturellement de vous et sûrement ils vous communiqueront d’autres compte-rendus [sic] - mais je tiens à ce que le Thomson paru ce matin vous parvienne de suite.
1087Louise se joint à moi pour vous embrasser tous les 2
1088Votre
1089Edg Varèse
1090[sur le côte droit]
1091Je téléphone à V.T. pour le remercier -
93.
JOLIVET À VARÈSE :
Paris le 12 - XI - 1949
1092Mon cher Ami,
1093Vos deux dernières lettres m’arrivent ce soir et m’apportent un double témoignage de votre attentive amitié.
1094Rien ne pouvait me faire plus de plaisir que d’avoir les premières nouvelles de mon Concerto508 en Amérique par vous-même.
1095L’article de Thomson509 est fort élogieux si je l’ai bien compris - et je me réjouis qu’il ait souligné que je ne suis pas qu’un compositeur « marteniste ». Ceci je le craignais car, en vrai, c’est la première fois que je suis joué en concert symphonique aux U.S.A. et j’aurais été ennuyé que l’on ne m’y considère que comme un « spécialiste en étrangetés ». J’espère que le conseil de V. Thomson sera écouté et qu’on y jouera d’autres œuvres de moi purement symphoniques.
1096Etiez-vous à ce concert ? Si oui j’aimerais avoir votre franche critique à propos de cet ouvrage que j’ai essayé de faire le moins « concerto » possible - en tous cas le plus musical qui soit dans le genre concerto.
1097Je n’ai malheureusement pas l’adresse de Thomson. En attendant que vous me la communiquiez et que je puisse le remercier directement je vous serais obligé de lui exprimer toute ma gratitude - comme vous lui avez déjà téléphoné la vôtre.
1098Je vais écrire aussi à Munch.
1099Mais ce qui comptera surtout pour moi c’est d’avoir votre appréciation exacte car je vous avoue qu’ici je n’ai plus personne à qui me référer, travaillant de plus en plus en dehors des habitudes courantes de mes conifères. Ghuighui510 se joint à moi pour vous adresser ainsi qu’à Louise nos plus affectueux embrassements.
1100Jolivet
1101Merci aussi pour le programme du Trio. Je crois que ces jeunes personnes peuvent obtenir beaucoup de succès avec mes « Pastorales de Noël ». Avec les Mages511 elles en avaient retenu la pièce que je crois être la meilleure du recueil.
94.
15. 12. 1949
lettre collective, sur papier à en-tête Edgar Varèse, 188 Sullivan Street, New York City
1102Cher Jolivet, nous sommes tous réunis (Ginette Martenot, Yvonne Loriod512 et moi) dans le bureau d’Edgar Varèse - et nous pensons tous à vous avec émotion et affection, en écoutant les disques d’« Ionisation »513 et de « Octandre » dont vous m’avez tant parlé !
1103Olivier Messiaen
1104Mille amitiés, mille bonnes pensées, concerts merveilleux.. !
1105Yvonne Loriod
1106Heureuse d’être chez votre Maître qui me charge de vous embrasser vous et Hilda514 sur quatre joues !
1107Soirée où nous vous regrettons
1108G. Martenot
1109Chers amis - à quant [sic] votre arrivée - Tous les cinq515 ?? si contente de connaître vos amis -
1110Et encore merci Jolivet pour ma pièce de piano !516
1111Louise
1112Messiaen - Yvonne Loriod et Ginette Martenot vous apporteront nouvelles fraîches - Ils viennent de passer la soirée ici - et ce mot vous annonce leur arrivée - ils s’embarquent demain sur le Queen Mary517 -
1113Bon Noël et Heureuse Année -
1114Vous embrasse tous les 2
1115Votre
1116Edgar Varèse
95.
Varèse et Münch à Jolivet :
aérogramme carte postale, non datée, cachet de la poste, Boston 27 décembre 1949
1117Cher Ami,
1118Merci de tout cœur pour votre lettre... je viens de dîner avec Varèse et nous pensons à vous -
1119Laissez-moi vous dire combien j’étais fier et heureux d’avoir pu présenter à Boston et à N.Y. votre concerto518.
1120Loin de Paris, j’ai la nostalgie - la nostalgie de ceux comme vous que sur place je n’ai pu voir et connaître comme j’aurais tant aimé le faire519 -
1121Avec mon admiration et affection
1122Charles Munch -
1123Après un bon dîner - de bons vins - Bourgogne - Alsace et du fragrant cognac - on remémore - et naturellement on parle de vous - Je rentre à N.Y. demain. Vous devez avoir actuellement de mes nouvelles par Messiaen520 - Je vous embrasse tous les 2.
1124Votre Edgar Varèse
96.
Varèse à Jolivet :
[New York] 3 - IV / 1950
aérogramme
1125Cher Ami -
1126Tout d’abord mes affectueuses félicitations pour le succès de votre Concerto dont Ginette Martenot521 m’a fait part dans une lettre m’annonçant sa venue en May [sic] - et puis merci pour votre carte du Caire522 arrivée ce midi - Vous avez dû avoir une belle ballade et fait provision de vrai soleil et incandescente lumière -
1127Il est vaguement523 possible que j’aille cet été en Europe - Si le truc arrive à se goupiller je vous préviendrai dare-dare - (mais d’ici là : motus s.v.pl.) et j’aurai donc le plaisir de vous revoir là - car je ne vois guère de probabilité pour que vous veniez ici - Poulenc et autres - sont exécutants (Messiaen aussi) et la musique du 1er est dans la catégorie plaisante qui ne dérange personne - Quant à diriger vous entreriez en compétition avec tous les as du bâton - et ce serait fort épinard [sic]524 - et encore devriez vous [sic] être invité - chose improbable - mieux impossible puisque vous ne représentez pas un atout - « box office proposition » - Si on veut rester propre - être digne du nom - de l’état de compositeur il faut accepter les obligations que ça implique et se résigner à gagner sa vie à côté - C’est pas drôle - mais faut pas se plaindre - Personne ne nous a forcé à suivre une vocation - il n’a jamais été question de choix - Contentez vous [Sic] donc d’écrire de l’honnête musique, des œuvres que vous signez en en prenant la responsabilité - Merde pour le reste : la bande d’enculés et de mentalement déplacés -
1128[suite sur le côté droit]
1129professionnels de la résistance (résistance à quoi - et de post libération) - qui viennent ici déballer la râclûre [sic] des fonds de poubelles - Et cependant il doit y avoir de vrais talents parmi les jeunes connaissez-vous Boulèze (?) [sic] Grimaud (?)525 dont Cage526 m’a parlé ?
1130Je travaille b[eaucou]p - et bien - le dos tourné aux hiers - Ce qui s’annonce - est beau - et je trouve que nous n’avons jamais eu le privilège d’une époque plus lourde d’espoirs et de possibilités. Ce n’est pas des marchands de bretelles ayant déposé leur bilan ou q[uel]ques foireux de la 4è raie publique et naturellement leurs petits copains à grelots londoniens qui doivent troubler notre sommeil -
1131[suite sur le côté gauche]
1132Je gagne ma croûte - et turbine pour moi - Seul mon développement m’intéresse - le reste ne compte pas.
1133J’aime b[eaucou]p v[on]. Webern - quelle propreté et aussi Schönberg que je voyais b[eaucou]p en Californie chez lui et à la maison527. Ça c’est luisant comme un sou neuf (en cuivre) - Quant à Berg il y a trop de rubato de Brahms - et de branlotage Skriabinesque - mais c’est quand même un colosse comparé au reste -
1134Si vous voyez la bande des buveurs - Maigret De Nobele etc - « greetings »528 Louise se joint à moi pour vous embrasser avec Guighy
1135Votre aff[ectionné].
1136Edg. Varèse
1137(Excusez plume dégueulasse)
1138[à l’envers, en haut de la partie centrale]
1139Soyez gentil de téléphoner à Ginette Martenot pour la remercier de son mot - et transmettez lui [sic] mes amitiés ainsi qu’à son frère - Dites lui [sic] que j’attends son coup de fil dès son arrivée -
97.
Varèse à Jolivet :
1er Août 1950
sur papier à en-tête « Stadt Darmstadt - Kranichsteiner Musikinstitut »
1140Cher Ami
1141Ici529 depuis le 28 - VII - y serai jusqu’à la fin du mois à part q[uel]ques déplacements Berlin Munich etc.
1142Vous ai écrit il y a q[uel]ques semaines ma venue - sans réponse de vous - je me demande si ma lettre vous ai [sic] parvenue530 -
1143Adresse : ci-dessus.
1144Aff[ectueusemen]t à Guighy et vous
1145Edg. Varèse
1146On m’a appris à N.Y. que Le Flem est en Bretagne - Avez-vous son adresse ?
98.
Varèse à Jolivet :
[New York] 10 - VI / 1952
aérogramme
1147[partie centrale]
1148Cher Ami.
1149Oui c’est avec plaisir qu’avec Franck531 et Skulsky532 nous avons (Louise et moi écouté) votre concerto533 - Il était possible de suppléer à l’enregistrement défectueux en suivant la partition que Skulsky possède (photostate de celle d’orchestre). J’ai trouvé l’exécution de Lucette Descaves (à qui mon bon souvenir, si elle se souvient de moi, et compliments de circonstances) sensible vivante et enthousiaste - Comme vous le mentionnez la partie instrumentale n’était pas à la hauteur de l’œuvre - mais la partition permettait de mettre les choses au point - Donc bravo !
1150Tureck534 est très emballée par votre œuvre. C’est une excellente pianiste très côtée [sic], surtout à cause des concerts qu’elle donne pour présenter l’œuvre originale de Bach (pas de transcriptions)
1151Content que Ionisation n’ait pas été donné [sic] - Le chef que Goldbeck et Nabokov avaient en vue n’était pas ce qu’il fallait, ainsi que je l’ai écrit à Goldbeck le priant de faire passer l’œuvre à l’as.
1152Nous serons heureux - mais vraiment heureux de vous revoir et Guighy aussi, car vous savez (ainsi que je vous l’ai dit lorsque je vous ai mis dans le train tous les 2 à Madrid) que j’ai quitté Paris pour ne pas y revenir - J’ai horreur des villes mortes et des peuplades momifiées. J’irai toutefois lorsque l’occasion se présentera en Europe et en France - mais éviterai la ville-égout. Tout en vous remerciant pour votre amicale intervention auprès de la Radio, je préfère ne pas être joué à Paris et y être totalement ignoré. Soyez donc gentil de laisser tomber - et double merci pour ça.
1153[suite sur le côté gauche, numéroté 2]
1154Maintenant - et confidentiel - car on ne sait jamais - J’ai reçu la visite du moine de Louisville (Kentucky)535 fanatique de musique et qui commande des œuvres en payant je crois $ 1000 - Il m’a consulté pour les E[tats]. U[nis]. et l’Europe me demandant qui je recommandais pour les différents pays. J’ai nommé vous et Boulez pour la France.
1155L’Orchestre de Louisville est un ensemble d’une 60ne - d’exécutants (bois par 2) - Le bébé du moine - mais dont on commence à parler énormément pour l’intérêt militant que cette organisation montre pour la musique contemporaine - Donc gardez ça pour vous - Juste pour vous mettre au courant - Souhaitons !...
1156[suite sur le côté droit, numéroté 3]
1157Je travaille b[eaucou]p, mais avec patience - je ne crois plus dans les concerts - la sueur des chefs d’orchestres [sic] et les cyclones de pellicules des virtuoses, et ne suis intéressé que dans les enregistrements - et pour ça il faut attendre - Il y a plus de chances en Europe - pour ces activités - mais il faudrait y être - et malheureusement on n’y gagne pas sa croûte - Ça viendra - et ici.
1158Un élève arrive et je la boucle -
1159En hâte avec l’affectueux souvenir à vous 2 de Louise et de
1160Varese
1161[en haut de la partie centrale, à l’envers]
1162Amitiés aux Le Flem aux Goldbeck De Nobele - Maigret etc. etc.
99.
6 - I / 1953
sur papier à en-tête Edgar Varèse,
188 Sullivan Street, New York City
(réponse de Jolivet indiquée le 11-I-1953)
1163Cher Ami
1164Le concert a admirablement marché et votre concerto536 a été chaleureusement accueilli - Nous avons assisté, avec le P. Blanc537, Louise et moi à la répétition hier après-midi et avons aimé votre œuvre -
1165Vous devez une fïère chandelle à Barzin538 qui a dirigé avec une technique précise et sensible - et enthousiaste - et aussi (vous le savez) au jeune Entremont539 qui s’est révélé pianiste de haute classe dans les concerti : le votre et celui de Liszt540 - Critique bonne23 et faisant le point en ce qui concerne la réaction du public. Vous pouvez être satisfait et content - Thomson et Downes541 les 2 pontifes officiel [sic] étaient là - ci-inclus leur prose -
1166Je pense que par Boulez vous avez eu de nos nouvelles - Je l’ai vu assez souvent à la maison pendant son séjour ici
1167Voilà vieux - Vous embrassons avec Guighi -
1168Hastily542
1169Varèse
100.
Varèse à Jolivet :
[New York] 5 mai 1955
aérogramme
(réponse indiquée, le 16 mai 1955)
1170Chers Amis
1171Pierre543 est passé en courant d’air pour faire connaissance et dire adieu à l’Amérique, car il n’aime pas ce bled - C’est un brave petit gars qui nous a été tout ce qu’il y a de sympathique.
1172Vous auriez - (ça s’applique à A. Jolivet Esq) pû [sic] me faire savoir personnellement que finalement Louisville544 vous avait passé commission545 pour un navet -
1173Voilà pour l’instant -
1174Nos affectueuses pensées
1175Varèse
1176Pierre a une jolie petite gueule - les beaux yeux de Guighy
101.
Jolivet à Varèse :
Paris le 16 - V - 1955
1177Mon cher Ami,
1178Votre lettre nous est parvenue presque en même temps que notre fils. La première chose dont celui-ci nous ait parlé c’est de l’accueil que vous lui avez fait Louise et vous et du ravissement où il est de vous connaître et d’avoir entendu Déserts. En somme vous lui avez offert son meilleur souvenir d’Amérique et cela au moment de la quitter ! Merci.
1179Il m’a dit - ce que votre lettre confirme - que vous regrettiez que je ne vous ai pas confirmé pour Louisville546. Je crois pouvoir vous dire qu’il y a un malentendu à ce sujet, car si mes souvenirs ne me trompent pas, voici comment je vous ai parlé de cette affaire dès votre première visite chez nous, en Novembre547.
1180« Louisville m’a fait une commande et je pense que vous y êtes pour beaucoup. J’ai répondu que j’acceptais tout en demandant certaines précisions quant à la tablature et j’attends leur réponse ». Celle-ci ne pouvait être négative. Je ne vous dis pas que la constitution de l’orchestre me réjouisse beaucoup ; ça s’équilibre assez mal. J’essaie de me débrouiller avec ce qu’ils offrent mais ça n’est pas commode. En fait si je ne vous en ai pas reparlé c’est que dès la première fois que nous nous en étions entretenus je considérais l’affaire comme faite.
1181Vos entretiens avec Charbonnier548 sont bien passés à la Radio et ont dû être écoutés. Charbonnier n’est pas peu fier d’avoir mené à bien cette entreprise épineuse dont je lui avais suggéré l’idée. Vous a-t-il tenu au courant des réactions du public ?
1182A part cela, la vie continue. J’ai enregistré pour Columbia mon Concerto de flûte et mon 2e Concerto pour trompette549. Ils doivent paraître aux USA chez Angel Records.
1183Et vous que faites-vous ? Nous espérons bien que quand vous reviendrez l’an prochain vous amènerez Louise.
1184En attendant le plaisir de vous revoir nous vous embrassons tous deux bien affectueusement.
1185Jolivet
1186Je ne crois pas que je ferai la tournée de la Comédie F[rançai]se au Canada et à N-Y.
102.
Jolivet à Varèse :
Paris le 1er - VII - 1955
1187Mon cher Ami,
1188D’une maison de disques qui projetait d’enregistrer mon Concerto pour ondes en septembre prochain, j’ai obtenu que l’autre face du disque vous soit consacrée.
1189Le Directeur artistique tient à avoir Ionisation. Je pense que vous n’y verrez pas d’inconvénient. Mais je crois qu’Ionisation nous laisserait la place de graver en plus Hyperprism550 ou Octandre. (Il est d’accord en principe).
1190Il me faut donc savoir de vous le plus tôt possible :
La durée d’Ionisation
La durée d’Octandre
La durée d’Hyperprism
1191et où on peut se procurer partitions et matériels et avec qui il faut traiter. J’ai personnellement les partitions d’Ionisation et d’Hyperprism (mais pas celle d’Octandre) ? Ce qui, en attendant, me permettrait de donner aux services artistiques toutes précisions sur les tablatures et instruments nécessaires - ainsi que sur le choix du chef. J’attends vos instructions.
1192De nous cinq à vous deux nos fidèles amitiés.
1193Jolivet
103.
Varèse à Jolivet :
[New York] 17 - VII / 1955
sur papier petit format, écrit à l’encre rouge, recto-verso
1194Cher Ami
1195Absent de N.Y. c’est à mon retour que je trouve votre lettre du 1er c[ouran]t. Merci. Je suis très touché par votre amicale proposition, désolé toutefois de ne pouvoir prendre part au projet que vous proposez - J’ai décidé de refuser tout enregistrement si ce n’est moi présent. Je considère indispensable une étroite collaboration avec l’ingénieur du son et le Chef d’orchestre - L’enregistrement est un document qui doit fixer les données de l’œuvre et non projeter une interprétation fantaisiste n’ayant qu’un vague rapport avec son esprit - ce qui malheureusement est trop souvent le cas.
1196Il n’est pas question que nous venions avant 5 ou 6 mois - donc septembre impossible - Si vous voulez bien nous reparlerons de tout ça - ou d’autres possibilités - ici - à la maison, en famille lors de votre venue que la C[omédie].Française]. annonce avec la sienne.
1197Encore merci - A vous deux nos affectueuses pensées à partager avec le prince héritier et ses cadets551
1198Votre
1199Varèse
1200Déserts : Accueil triomphal au Festival de Bennington (Vermont) la rigide, puritaine Nouvelle Angleterre s’éveille - Vous joins article du Harper’s Magazine552. Veuillez je vous prie le communiquer à Charbonnier - et lui demander s’il à pû [sic] joindre le Dr Mardrus553. Merci.
104.
Juin 1957
Carte postale adressée aux Jolivet -
George Washington Bridge-New York
1201Chers Amis -
1202Juste pour vous prévenir que nous serons en Europe fin été.
1203Naturellement Paris est compris dans l’itinéraire
1204Vous préviendrons date départ et où « contactables »554
1205Vous espérons en bonnes santés -
1206Que devient Talma555 ?
1207Des deux aux deux - et aux gosses aff[ectueusemen]t
1208Varèse
105.
[New York] 4 - VIII / 1958
aérogramme adressé à Guighi,
(réponse indiquée par Jolivet, le 2 septembre 1958)
1209Chère Guighi
1210Louise m’a dit que la Saccharine ne vous convenait pas et qu’elle vous avait conseillé d’essayer le Sucranyl - Je promets de vous en envoyer un échantillon afin que vous l’essayiez - Cela paraît réussir à différents amis qui le recommande [sic] - Ce produit se trouve d’ailleurs partout - Vous le trouverez en tout cas dans toutes pharmacies américaines à Paris - Une bonne est près de l’Opéra - American - British Pharmacy - ou un nom de ce genre. Depuis presque un mois sommes de retour et avons été triomphalement reçus par canicule et humidité tropicale -
1211La connerie règne - comme vous devez vous en rendre compte - et ici ça bat tous les records - tout le monde est dégoûté mais la révolte n’est que platonique -
1212Nous avons été tous les 2 heureux de vous retrouver en bonne santé et prospères et de passer q[uel]ques instants avec vous.
1213Est ce [sic] que Talma556 est remis de son succès ?
1214L’affectueux souvenir (à partager) de Louise et
1215Varèse
1216L’emmerdeur de téléphone n’arrête pas - Excusez griffonage - trop de trucs à m’occuper - et pressants -
106.
Jolivet à Varèse :
Carte postale, Aix-en-Provence le 2 septembre 1958
(réponse à lettre précédente n° 105)
1217Chers Amis,
1218Vous espérons réacclimatés à la vie New-Yorkaise - mais pas pour trop longtemps : on compte sur vous ici.
1219Merci du tuyau Sucramyl. On s’en procurera à Paris car l’échantillon n’est pas arrivé24.
1220Ici séjour ensoleillé et un peu de travail entre des promenades provençales agréables. C’est vraiment la région où il fait le meilleur vivre. (Trouvé des vins sensationnels)
1221Bien affectueusement de nous 2 à vous deux
1222André
107.
Varèse à Jolivet :
[New York] Sept 23rd 1958
aérogramme
(réponse indiquée, le 29 septembre 1958)
1223Chers Amis -
1224Bien reçu votre carte - Merci - Vous avez de la chance de vous les rouler au doux soleil cher au Roi René557 -
1225Je pense que vous avez dû trouver l’échantillon du Sucaryl expédié en même temps que le mot vous l’annonçant - (expédié de même par avion) - après avoir dû aller aller [sic] à poste pour les rassurer que ce n’était pas médicament camouflant narcotique [J’espère aussi que ce mot que j’adresse à Paris, n’ayant votre adresse provençale, vous parviendra -
1226Ici le vieux N.Y. tel que laissé558 - transpirant - l’air empoisonné du New Jersey pesant sur nous, puant et infiltrant. Repris boulot
1227Avons gardé le meilleur souvenir de Bruxelles et de Paris - partiel de la Hollande - J’espère sans trop y compter que q[uel]que chose arrivera à se goupiller pour moi afin que nous puissions faire la navette - Louise
1228[suite, sur le côté gauche]
1229voudrait se partager entre Paris et Rome.
1230Heureux du succès de Talma - Nous aimons b[eaucou]p votre petit bonhomme - avons trouvé son actrice (en rouge) excellente559 - un vrai tempérament du coffre - don de projection - Nos bons vœux pour sa nouvelle production - un jour un film mis en scène par lui - (ne connais pas le jargon cinématographique français) Voilà pour l’instant.
1231Affectueusement aux 2 de Louise et
1232Varèse
108.
Jolivet à Varèse :
Paris le 27 mars 1965
1233Cher Ami,
1234Nous recevons l’avis du concert qui va vous être consacré à Carnegie Hall, et, tout à coup, nous éclate aux yeux cette chose à laquelle nous n’aurions jamais songé - surtout après vous avoir revu, toujours aussi dynamique et inchangé, en juillet dernier560 : vous avez quatre-vingt ans !
1235On en profite pour vous dire notre fidèle affection, qu’on se réjouit de cette célébration musicale à Carnegie, qu’on y sera par la pensée, - et que, la surprise passée, on ne voit, dans cette occasion, qu’une chance de vous dire, ainsi qu’à Louise, notre fidèle amitié.
1236Tous les cinq réunis, nous vous embrassons tous les deux.
1237Jolivet
Notes de bas de page
1 Il s’agit de la partition d’un Trio pour flûte, violoncelle et harpe.
2 La partition a été envoyée le 23 avril 1931 par Jolivet à Barrère (Agendas Jolivet).
3 Isadore Freed (1900-1960), compositeur américain né en Russie, venu étudier à Paris avec Ernest Bloch et Vincent d’Indy. En 1933 (voir infra lettre 27 novembre 1933, n° 17), il est retourné aux USA où il a enseigné à Philadelphie notamment (cf. lettres à A. Jolivet et article sur Varèse en Annexe ci-après : « Varèse et la nouvelle musique de l’Amérique », manuscrit olographe, Archives Jolivet).
4 George Pomiès (1902-1933), danseur et chanteur. Il est admis à l’École « Physique et Chimie de Paris » en 1921 puis à l’École dentaire de Garancière. Chante en imitant d’abord les vedettes de l’époque dans des Revues des Écoles dentaires (1924) puis est engagé par Paul Franck comme danseur à l’Olympia. Monte des ballets sur des musiques de Jean Wiéner, Arthur Honegger, Darius Milhaud, Cliquet-Pleyel et des ballets sans musique (Rugby, Tennis, Boxe). Est accueilli par Charles Dullin et Gaston Baty aux Théâtres de l’Atelier et de Montparnasse. Il écrit pour L’Intransigeant, Paris-Soir, Jazz et pour la revue Esprit (décembre 1932) ; il laisse un essai sur ses conceptions philosophiques : « La bonne nouvelle » (1928).
5 V[arèse] : dans la plupart de ses lettres, Varèse a signé : V.
6 L’une des spécialités culinaires de Hilda Guighy (qui deviendra la seconde épouse de Jolivet en septembre 1933) était le couscous, que Varèse avait sans doute goûté lors de repas chez Jolivet
7 Il s’agit probablement de l’universitaire Fortunat Strowski (Carcassonne, 1885-Cervières, Loire, 1952), professeur d’histoire de la littérature française contemporaine. À cette époque, Varèse a déjà fait la connaissance de Guighy. Elle a suivi des cours en Sorbonne et passé des examens avec F. Strowski. Avait-elle besoin d’un appui au moment des examens ? Dans son agenda, à la date du 17 juin 1933, Jolivet a noté : « Varèse joint Strowski ».
8 À propos de l’IEC : Voir Introduction, p. 20.
9 Le dîner a effectivement eu lieu le lendemain, vendredi 23 juin (Agendas Jolivet).
10 Adresse des Jolivet pendant leur séjour en Espagne. Peut-être s’agit-il du compositeur et violoniste espagnol Conrado del Campo (1879-1953) ?
11 Il s’agit du Trio Barrère-Salzedo-Britt.
12 Mot non identifiable.
13 Courrier signalé dans l’agenda de Jolivet.
14 Raymond Petit (1893-1976), compositeur et critique musical qui a écrit de nombreux articles sur la musique moderne pour La Revue musicale et Le Ménestrel (DBM., p. 3174). D’après la correspondance retrouvée dans les Archives Jolivet, un projet de programmation de ses mélodies à l’un des concerts de La Spirale en mai 1937 n’a pas été réalisé.
15 Jeu de mots sur le nom de Georges Auric.
16 Mot non identifiable.
17 Adjectif dérivé de Belloni, nom de la rue où les Varèse ont habité lors de leur séjour à Paris.
18 Jolivet et Guighy se marient le 26 septembre 1933.
19 Nom de pansement prêt à l’emploi.
20 Autre orthographe de Guighy.
21 Tous trois ne se reverront qu’en 1954 à Paris... 21 ans plus tard.
22 Il s’agit de la mère d’Hilda Ghuighy, venue en France pour le mariage de sa fille qui aura lieu le 26 septembre.
23 Voir infra lettre n° 13.
24 Jacques Mégret a longtemps souffert d’une cirrhose...
25 Jeu de mot sur les mots maîtrise et métrite.
26 Paul Déroulède (1846-1914), écrivain et homme politique français, fondateur de la Ligue des patriotes et partisan du général Boulanger, connu pour son patriotisme à caractère nationaliste et même revanchard.
27 N[ew].Y[ork]. : Varèse employait très souvent l’abréviation N.Y. pour New York, qui est respectée dans les lettres suivantes.
28 Très gros point d’interrogation par Varèse.
29 Jean Huré (1877-1930), organiste, compositeur et musicographe français. Il a fondé en 1923 le mensuel L’Orgue et les organistes et a publié la même année L’esthétique de l’orgue (DBM, p. 1881).
30 Maison d’édition fondée par Maurice Senart dès 1908, reprise en 1941 par Salabert (DBM p. 3813).
31 Allusion au mariage de Guighy et Jolivet, voir léttre n° 11.
32 Le ballet est Kercado, ballet en un acte fini d’orchestrer à La Trinité sur mer, le 23 août 1933,
33 Allusion faite au Rossignol de Saint-Malo, voir lettre n° 62.
34 Joan Prats (1891-1970) fait des études de peinture à l’Escola de la Llojta, où il rencontra Joan Miró et devint son ami. À la mort de son père en 1922, il abandonna la peinture pour reprendre la gestion de la chapellerie familiale. Il se passionna alors pour la musique, devint membre actif de Musica de Camera et fit ainsi connaissance de Schoenberg et de Varèse. En 1932, il fonda l’ADLAN (abréviation pour Amies de l’Art Nou), association catalane d’art moderne. Pendant la guerre d’Espagne, il eut un rôle prépondérant dans la sauvegarde de l’art catalan. Il est l’un des initiateurs de la Fondation Joan Miró. La chapellerie familiale installée 54 Rambla de Catalunya à Barcelone fut transformée par Josep Lluis Sert en une célèbre galerie d’art qui porte son nom. Louise Varèse figure parmi les personnalités qui ont participé au livre publié à sa mort : « Friendship and Joan Prats », dans Homenatge a Joan Prats, Fundacio Jona Miró, Centre d’Estudis d’Art Contemporani, 1975.
35 Lecomte, mis pour Roger Gilbert-Lecomte (1907-1943).
36 Il s’agit de la revue Bifur.
37 Alfonso Braqua (1876-1946), compositeur uruguayen venu s’installer à Paris, où il étudia la composition avec Vincent d’Indy à la Schola cantorum (DBM, p. 575). Il fut programmé par Varèse. (Son Nocturne créole a été inscrit au programme de la Société nationale de musique en mars 1931, Archives Jolivet).
38 Il s’agit de la Pan-American Association Of Composers, 113 West 57th Street, New York, créée en 1928 en remplacement de l’ICG (International Composers’ Guild). La section nord-américaine est présidée par Henry Cowell ; Carlos Salzedo en est vice-président, Adolph Weiss, secrétaire ; Wallington Riegger, trésorier et Edgard Varèse, International Pres[ident]. La liste des noms des 36 membres figure sur le côté gauche du papier à lettres.
39 Varèse a terminé cette lettre le 16 octobre (date signalée en 4e page) et a alors envoyé quatre articles parus dans Musical Courier des 23 septembre et 14 octobre, dans le New York Herald Tribune du 8 octobre ainsi que dans The Christian Science Monitor du 16 octobre (Archives Jolivet).
40 C’est de l’humour : ce vocabulaire argotique était plutôt étranger à Guighy ! !
41 Autre orthographe du nom de Madame Guighy, mère d’Hilda.
42 S’agit-il de Claude, la fille de Varèse ?
43 Voir lettre précédente, n° 15.
44 Mis pour Ribemont-Dessaignes.
45 Marcel Lods (1891-1978), architecte français. Sa carrière est liée jusqu’en 1940 à celle d’Eugène Beaudouin, avec qui il mène des recherches innovantes dans les domaines de la préfabrication et de l’industrialisation, des nouveaux matériaux et de l’urbanisme fonctionnaliste à grande échelle. Elle fut aussi liée à celle de l’ingénieur Jean Prouvé, avec qui il travailla à la réalisation des fameuses « maisons métalliques ». En 1934, il participa à la réalisation du film Construire de Jean Benoit-Lévy, dont la musique de Jean Wiéner fut enregistrée par Roger Désormière (Marcel Lods, une architecture de l’action, Thèse de Peter Uyttenhove, présentée à l’EHESS en histoire de l’art, 1999).
46 Voir lettre n° 15.
47 Marie-Pierre Hamel (1786-1879), juge et facteur d’orgues, a publié Le Nouveau manuel complet du facteur d’orgues (DBM, p. 1646).
48 Roger Désormière (1898-1963), chef d’orchestre et compositeur français. Flûtiste de formation, il fut élève de Philippe Gaubert au Conservatoire de Paris (voir Darius Milhaud, Ma vie heureuse, Éditions Belfond, 1987, p. 94). Membre de l’École d’Arcueil, il fonda plus tard l’Association française des musiciens progressistes. C’est lui qui dirigea en 1936 et 1937, les premiers concerts du groupe Jeune France et plus tard les représentations pour la reprise de Pelléas à l’Opéra Comique avec Irène Joachim dans le rôle de Mélisande (voir infra, lettre n° 45) (DBM, p. 997).
49 Henri-Martin Barzun.
50 Jolivet a noté au crayon dans la marge : « et moi itou ».
51 Jeu de mots non décrypté.
52 Henri Barbusse (1873-1935), écrivain. Il apparaît comme l’une des personnalités marquantes du système de pénétration communiste en milieu intellectuel pendant l’entre-deux-guerres (Yves Santamaria, dans DIF, p. 108).
53 Jolivet a noté au crayon dans la marge : « savoir ! peut-être mais pire que ce qu’il devrait y avoir en ayant la guerre ».
54 Diego Rivera (1886-1957), l’un des grands peintres de fresques murales mexicains ; avant 1920, il a passé plusieurs années à Paris, où il a fréquenté Picasso et ses amis cubistes. Varèse l’y a peut-être rencontré.
55 Le Radio City est l’un des immeubles du Rockfeller Center édifié au cœur du Midtown à New York par John D. Rockefeller Junior.
56 Il s’agit de Quatre mélodies sur des poésies anciennes écrites par Jolivet en 1931. Jolivet enverra la partition à Salzedo le 16 décembre suivant (Agendas Jolivet).
57 Arturo Toscanini (1867-1957) est une superstar à New York à cette époque – ses moindres faits et gestes sont rapportés par la presse locale - et parmi les « batteurs de mayonnaise », c’est la tête de turc privilégiée de Varèse. Louise Varèse raconte comment Varèse et Toscanini en sont arrivés aux insultes à propos de la musique moderne et ajoute : « La plus légère allusion à Toscanini faisait l’effet d’une muleta sur un taureau ; Varèse chargeait » (dans Louise Varèse, ALGD, p. 249-250). D’après Louise Varèse, l’altercation aurait eu lieu pendant l’entracte d’un concert de l’International Composers’ Guild en janvier 1926 auquel le chef d’orchestre avait assisté et à partir de là, Toscanini serait devenu une « obsession » pour Varèse.
58 Bruno Walter (1876-1962), chef d’orchestre américain d’origine allemande. Son engagement comme chef assistant de Gustav Malher au Stadttheater de Hambourg lui permit de devenir l’un des spécialistes de la musique du compositeur : il dirigea la création de la Neuvième symphonie et du Chant de la Terre. Il poursuivit sa carrière dans de nombreux opéras européens. Il dirigea son premier concert à New York en 1932 et fut réengagé comme chef associé avec Toscanini les trois saisons suivantes. En 1939, il émigra aux États-Unis, où il devint chef permanent de l’Orchestre philharmonique de New York jusqu’en 1960 (DBM, p. 4494).
59 Louis Hasselmans (1878-1957), violoncelliste et chef d’orchestre ; fît ses débuts de chef aux Concerts Lamoureux puis fut engagé à l’Opéra-Comique, à l’Opéra de Montréal et à Marseille. Il dirigea le répertoire français d’abord au Civic Opera de Chicago, puis de 1921 à 1936, au Metropolitan Opera de New York. Ce que Varèse confirme dans cette lettre. À partir de 1936, il enseigna à l’Université de Louisiane (DBM, p. 997).
60 Voir lettre n° 17.
61 Nicolas Nabokov (1903-1978), compositeur américain d’origine russe, arrivé aux USA en 1933 (DBM, p. 2926).
62 Waither Straram (1876-1933), chef d’orchestre français ; en 1923, il est aux USA, fait partie de l’ICG (International Composers’ Guild) avec Casella, Ruggles, Salzedo et Varèse (dans Louise Varèse, ALGD, p. 204-205). Début 1929, Albert Roussel lui écrivit : « J’aurais souhaité pouvoir vous dire deux mots au sujet de Varèse, qui désirerait vivement vous montrer quelques-unes de ses partitions. Vous connaissez ses tendances avancées qui le rendent indésirable auprès de la plupart de nos chefs d’orchestre. Stokowski, pourtant, l’a plusieurs fois inscrit à ses programmes et ce que j’ai pu lire de ses partitions me semble intéressant et curieux. Peut-être aurez-vous prochainement, avant d’arrêter vos programmes, quelques instants à lui donner pour prendre connaissance de l’une ou l’autre de ses œuvres, Amériques, par exemple. » (dans Albert Roussel, Lettres et écrits, présentés et annotés par Nicole Labelle, Paris, Flammarion, Coll. Harmoniques, 1987, p. 141). Albert Roussel (1869-1937) avait connu Varèse à la Schola cantorum où il lui avait enseigné le contrepoint. La version parisienne d’Amériques lui est dédiée : « Varèse espérait que ce maître incontesté aiderait à son lancement à Paris... » (dans Hilda Jolivet, Varèse, Hachette Littérature, Coll. Musiciens de notre temps, Paris, 1973, p. 78).
63 L’allusion aux élèves d’Henri Büsser (1872-1973) peut s’expliquer par le fait que Straram ne pourra plus, avec son orchestre les Concerts Straram, programmer leurs œuvres.
64 Varèse avait rencontré Maurice Ravel en 1908 à Paris et l’avait revu lors de sa venue à Paris en octobre-novembre 1925 (dans Louise Varèse, ALGD, p. 56-57).
65 S’agit-il de Casabon Soler ami espagnol, venu à Toulouse dont l’adresse à Zaragosa figure dans l’agenda 1933 de Jolivet, ou d’Antonio Soler (1729-1783), compositeur et organiste catalan qui a été programmé et dirigé par Varèse ?
66 Jeu de mots autour de L’Opéra de quat’sous, titre de l’œuvre de Kurt Weill écrite sur un livret de Bertolt Brecht en 1930-31, qui connut un très grand succès public et notamment à Paris en 1933.
67 Il s’agit des premières ébauches de l’œuvre pour chœur mixte, 2 pianos et percussion dont un fragment sera créé en 1947 à New York, sous le titre Étude pour Espace.
68 Equatorial ou Ecuatorial pour basse, 4 trompettes, 4 trombones, piano, orgue, percussion et thereminovox, écrite entre 1932 et 1934, créée le 15 avril 1934 sous la direction de Slonimsky. Varèse, émerveillé par les textes du Popol-Vuh choisis par Asturias (voir note 151) pour figurer dans son ouvrage, Les Légendes du Guatemala, en a retenu une grande supplication comme soutien littéraire à son œuvre, Ecuatorial (dans Fernand Ouellette, op. cit., p. 132).
69 Les recherches concernant Lydia de Rivera ont été infructueuses.
70 Emprunté à Alfred Jarry, dans Ubu roi.
71 Louise est traductrice, spécialiste de la poésie française. Elle a traduit Éloges d’Alexis Léger (dit Saint-John Perse), traduction publiée chez Norton d’abord en 1944 puis reprise ultérieurement dans d’autres éditions (dans Henriette Levillain, Sur deux versants la création chez Saint-John Perse, d’après les versions anglaises de son œuvre poétique, publication de la Fondation Saint-John Perse, Paris, Libraire José Corti, 1987). Elle a aussi traduit Le Spleen de Paris de Baudelaire, La Joie de Bernanos, Le Château d’Argol de Julien Gracq, Plaisirs et Regrets de Proust, Les Illuminations de Rimbaud, et plusieurs romans de Simenon. En 1915-1916, elle a contribué à l’édition de textes des écrivains du mouvement dadaïste américain, amis de M. Duchamp et de F. Picabia, dans de petites revues telles que Roguel, qu’elle a copublié avec Allen (dans Michel Sanouillet, op. cit., p. 27).
72 Personne non identifiée.
73 Varèse avait connu et fréquenté Alexandre Calder (1898-1976) à Paris lors de son dernier séjour. Le sculpteur est l’auteur de deux des objets ayant inspiré Mana, œuvre pour piano de Jolivet, l’Oiseau et la Vache (voir infra lettre n° 23).
74 Judith Litante, soprano, dont le nom figure dans le programme d’un concert du 15 avril 1934 (Archives Jolivet).
75 Amériques, œuvre pour orchestre écrite entre 1918 et 1921, jouée à Paris en 1929.
76 Mots soulignés trois fois par Varèse.
77 Eugène Cools (1877-1936), compositeur français qui, en 1928, prend la direction des Éditions Max Eschig (DBM, p. 830).
78 Tata Nacho, pseudonyme de Ignacio Fernandez, compositeur mexicain, l’un des arrangeurs de la célèbre chanson La Cucaracha avec Eugène Gohin, dit Robert Champfleury. Il vivait à Paris dans les années trente et c’est avec émotion qu’il évoqua cette période avec Jolivet en le retrouvant à Mexico, en août 1964.
79 Lupe Marin, non identifié.
80 Miguel Angel Asturias (1899-1974), écrivain et poète guatémaltèque ; a voyagé en Europe de 1923 à 1933 et a séjourné notamment à Paris, où il a fréquenté les milieux surréalistes. En 1927, il a traduit le Popol-Vuh en français et en 1930, il a publié Les Légendes du Guatemala, dont Paul Valéry a préfacé l’édition française. Il retourne au Guatemala en 1933, où il a une importante activité politique et diplomatique. Il revient en France d’abord comme attaché culturel (1950-1953) puis comme ambassadeur de son pays de 1966 à 1970. Il reçoit le prix Lénine de la paix en 1966 et le prix Nobel en 1967.
81 Juan Miró est en Espagne en 1933, ami très proche de Joan Prats, auquel il dédiera en 1934 un collage, Homenatje a Prats.
82 Varèse a sans doute voulu faire un jeu de mot en modifiant le prénom de Saint-Saëns, Camille en Cohen, simulant une prononciation déformée et traînante de « con » ?
83 Serrano et manzanilla sont les noms d’un jambon et d’un vin espagnols.
84 Rappelons que Varèse a vécu à Berlin, où il a connu Ferruccio Busoni et travaillé avec lui. Il y est resté de 1907 à 1914, avec quelques aller-retour à Paris.
85 « Et merci aussi d’essayer de vous procurer le livre d’Al. Dumas », Le Mariage du père Oliphus (voir lettre n° 19 du 13 décembre 1933).
86 « Fêtes » est le second des Nocturnes, « Nuages », le premier. À noter que Varèse avait rencontré pour la première fois Debussy à Paris en 1907 et qu’il a dirigé la première de la version concert du Martyre de Saint-Sébastien, le 4 janvier 1914, à la tête de la Philharmonie tchèque à Prague (Louise Varèse, ALGD, pp. 38-39 et dans Fernand Ouellette, Edgard Varèse, Éditions Seghers, 1966, p. 45).
87 Pierre Monteux (1875-1964), chef d’orchestre américain d’origine française qui a été, en effet, à la tête de l’Orchestre symphonique de Paris entre 1929 et 1938.
88 Wallingford Riegger (1885-1961), compositeur et pédagogue américain, (DBM, p. 3429), programmé au concert américain de la Spirale, le 6 mars 1936 (voir infra).
89 Albert Huyot (1872-1968), peintre, ami de Jolivet, auteur de « Un musicien vu par un peintre », article sur Jolivet (Archives Jolivet).
90 Maigret mis pour Mégret.
91 Autre orthographe de Guighy.
92 Note manuscrite de Louise Varèse.
93 Journal hebdomadaire humoristique.
94 Hans Wachtell, organisateur de concerts.
95 Arnold Schoenberg est arrivé aux États-Unis en octobre 1933 au moment où Varèse y est lui-même retourné.
96 Opéra de Richard Strauss.
97 Artur Bodanzky (1877-1939), chef d’orchestre autrichien qui a dirigé le répertoire allemand au Metropolitan Opera de New York ; son style s’inscrivait dans la tradition de Mahler, dont il avait été l’assistant à l’Opéra de Vienne (DBM, p. 462).
98 Jeu de mot orthographique sur le mot couscous.
99 André Tardieu (1887-1965), homme politique français, député, plusieurs fois ministre et Président du Conseil, notamment en 1932, lorsque Varèse était à Paris.
100 Dès son retour aux États-Unis, Varèse a fréquemment envoyé des coupures de presse. Parmi toutes celles que Jolivet a conservées, il n’y en a aucune datée du 18 janvier 1934.
101 La Société de musique de chambre Triton (1932-1939) créée par Pierre-Octave Ferroud : voir infra, lettre n° 40.
102 Phrase soulignée de 3 traits de crayons de 3 couleurs différentes : vert, bleu, rouge.
103 Bohuslav Martinu (1890-1959), compositeur tchèque. Il vit à Paris depuis 1923 et y a probablement rencontré Varèse. Il y reste jusqu’en 1940 avant de fuir l’invasion allemande et arrive à New York, en passant par le Portugal. (DEM, p. 2631).
104 Fétiche de Varèse, dessiné et décrit dans ses lettres du 13 décembre 1933 et du 17 novembre 1934.
105 Zoizeau désigne L’Oiseau de Calder (voir supra, lettre n° 21), l’un des six objets donnés par Varèse à Jolivet lors de son départ de Paris en 1933, ayant inspiré les six pièces pour piano de Jolivet réunies sous le titre Mana.
106 La copie de la lettre de Varèse à Fried est présente dans les Archives Jolivet.
107 Cette affirmation semble en contradiction avec ce qu’affirme Fernand Ouellette : « Dans l’exécution d’Amériques, Varèse a dit qu’il a dû employer l’onde Martenot pour remplacer les sirènes introuvables à Paris », dans Edgard Varèse, Éditions Seghers, Paris, 1966, p. 109.
108 Voir en annexe programme du concert du 30 mai 1929 lors duquel fut donnée la première exécution d’Amériques en Europe, sous la direction de Gaston Poulet à la salle Gaveau.
109 Laboratoire où Varèse mène des expériences acoustiques en collaboration avec l’ingénieur Harvey Fletcher.
110 Ouvrage d’Alexandre Dumas demandé par Varèse dans une lettre précédente (n° 19).
111 Candide, hebdomadaire politique et littéraire de droite fondé en 1924 par Arthème Fayard (dans DIF, p. 215).
112 Le titre complet en est : Les Nouvelles littéraires, artistiques et scientifiques, hebdomadaire culturel fondé en 1922 par Maurice Martin du Gard (dans DIF, p. 843).
113 Arthur Justin Léon Leclère, dit Tristan Klingsor (1874-1966), peintre, poète et critique d’art français, ami de Ravel, à qui il inspira Schéhérazade, un cycle de trois mélodies avec orchestre (« Asie », « La Flûte enchantée », « l’Indifférent »).
114 La partie entre guillemets est entourée d’un trait de plume.
115 Bernard Laberge (1891-1951), imprésario américano-canadien qui s’occupait plus spécialement de Ravel et de Bartók. C’est lui qui a organisé la première tournée du compositeur Alexandre Tansman en compagnie de Ravel de novembre 1927 à janvier 1928.
116 Walter Damrosch (1862-1950), chef d’orchestre, compositeur et pédagogue américain d’origine allemande, (DBM, p. 901).
117 Il s’agit d’une nouvelle institution, mais l’intérêt de Varèse pour les relations avec l’U.R.S.S. a toujours été. En 1928, il était membre du Conseil d’administration de l’American Society for Cultural Relations with Russia. À ce titre, il en employait le papier à lettres comme le montre une lettre adressée à Le Flem en 1928 (voir reproduction en annexe). Varèse a siégé dans ce conseil avec Foula La Follette, sœur du sénateur Robert La Follette que Varèse a rencontré en 1934 (voir lettre n° 33). Elle fut historienne et actrice. Tournée vers l’éducation « progressiste », elle accompagna John et Evelyn Dewey pour visiter des écoles et des camps d’été à Moscou et à Léningrad.
118 Mis pour Paul Le Flem, qui écrit alors dans Comeodia.
119 Varèse fait allusion aux événements de février 1934. Les manifestants exigeaient la dissolution de la Chambre des députés et la démission du gouvernement. Pour défendre les abords du Palais-Bourbon, la police a tiré : 17 personnes ont été tuées, et plus d’un millier, blessées. Dans son agenda, Jolivet a noté : au 6 février, « émeutes » ; au 12, « grève générale ». Dans le courant du mois, il a indiqué plusieurs fois : « Ec.[rit] Varèse ». L’a-t-il tenu au courant de ce qui se passait ?
120 Jolivet a été enseignant à Saint-Denis. C’est là qu’il a fait la connaissance de sa femme, Hilda (Guighy).
121 Œuvre de Berlioz (référence au succès berliozien plus loin dans cette même lettre).
122 Du nom de Maksim Maksimovitch Valach, dit Litvinov (1876-1951), diplomate.
123 L’œuvre a été créée le 15 avril 1934, quelques jours après que Louise Varèse a écrit cette lettre.
124 Voir lettre n° 77.
125 Autre orthographe de Guighy.
126 Date du concert où a été créé Equatorial.
127 Jolivet est alors allé à Oujda, chez l’oncle de sa femme Guighy, lors d’un séjour en Afrique du Nord du 26 mars au 8 avril 1934 (Agendas Jolivet).
128 Programmes des concerts des 15 avril au Town Hall (Ionisation et Equatorial) et 22 avril à l’Alvin Theater (Intégrales) 1934. Dans la chronologie de l’œuvre de Varèse, Intégrales suit Octandre ; on y retrouve la percussion absente dans Octandre. L’œuvre est créée le 14 mars 1925 à l’Eolian Hall de New York sous la direction de Leopold Stokowsky.
129 Voir lettre du 14 février 1934, n° 24, note n° 4.
130 Voir lettre n° 24 du 14 février 1934.
131 Il s’agit du projet de IVe Internationale des Arts.
132 Boyau culier, expression de Rabelais, dans Gargantua, désignant le rectum.
133 Houseboat dont la photo est dans les Archives Jolivet.
134 Flèche dessinée, dirigée vers l’adresse en en-tête : 188 Sullivan Street, New York City.
135 Jolivet a noté sur son agenda de l’année 1934 avoir vu Artaud plusieurs fois en mai, juin et juillet et lui avoir écrit dans le courant de l’été.
136 Salzedo a adressé quelques jours après une lettre tapuscrite à Jolivet (Archives Jolivet).
137 Henri Tomasi (1901-1971), compositeur et chef d’orchestre français (DBM, p. 4249). Il ne semble pas que Tomasi ait alors dirigé un concert Jolivet.
138 Ku Klux Klan, société secrète américaine créée dans le Tennessee, après la Guerre de Sécession, destinée à empêcher par l’intimidation les Noirs d’exercer leur droit de vote.
139 Pierre Taittinger (1887-1965), fondateur en 1924 des Jeunesses patriotes, dont la doctrine défend le nationalisme, (cf. Georges Duby, Histoire de la France, Larousse, 1970, p. 532).
140 François Coty (1874-1934), parfumeur millionnaire qui soutient les ligues. Il contrôle le Figaro de 1922 à 1933 ; en 1928, lance un journal à grand tirage, L’Ami du peuple et crée en 1933 la Solidarité française, organisation imitée du parti nazi. Il est le patron de plusieurs publications d’extrême droite, parmi lesquelles la feuille antisémite Je suis partout (cf. Henri Dubief, Le déclin de la IIIe République, collection Points, Éditions du Seuil, 1976 et Georges Duby, Histoire de la France, Larousse, 1970, p. 532).
141 Esprit du Rotary Club.
142 Darius Milhaud (1892-1974).
143 Guillemets mis par Varèse.
144 Revue américaine dont Harrison Kerr fut l’un des éditeurs, contenant l’article de Michael Sperling « Varèse and Contemporary Music », volume II, number 3, mai-juin 1934. (Archives Jolivet).
145 Firme de disques américaine.
146 Sic ! ! !.
147 Dans le sens américain du terme : qui constituera un événement.
148 C’est l’époque où Varèse mène de nombreuses recherches dans le domaine électroacoustique dans différents laboratoires, dont celui de cette chaîne de radio.
149 C’est-à-dire : 35°C et taux d’humidité : 93 %.
150 Voir lettre n° 28.
151 Autre orthographe pour Guighy.
152 Les Jolivet ont habité rue Lacretelle de fin 1933 à 1934.
153 Les deux frères Robert La Follette Jr. (1895-1953) et son frère Philipp La Follette (1897-1965) venaient de former, avec leurs alliés, leur propre parti le « Wisconsin Progressist Party ». Ce qui avait permis au premier d’être réélu sénateur (il avait été en 1925, le plus jeune sénateur républicain) ; au deuxième, de redevenir gouverneur du Wisconsin, ayant ainsi repris l’un et l’autre chacune des deux fonctions de leur père Robert La Follette. Connu pour ses idées progressistes et notamment, pour la lutte qu’il a mené contre le chômage dû à la crise de 1929, Robert La Follette Jr. a joué un rôle majeur auprès de Roosevelt dans la mise en place du New Deal.
154 A.F., mis pour Action Française.
155 Parenthèses mises par Varèse.
156 Maurice Martenot (1898-1980), inventeur français de l’instrument électronique produisant des ondes musicales ou ondes « Martenot » (DBM, p. 2619). Varèse l’a probablement rencontré lors d’un séjour parisien en 1927.
157 Guillemets mis par Varèse.
158 Ce point est entouré d’un cercle ; ce que Varèse confirme par l’expression « Point, fini ».
159 Il est déjà question du Houseboat dans les lettres n° 28 et 31.
160 Allusion au voyage en canoë de Paris au port de Marignane effectué par Fernand De Nobele et Jacques Mégret.
161 Hilda Jolivet a fait une cure à Vichy, entre le 28 août et le 20 septembre 1934 (Agendas Jolivet).
162 Madame Diana H. Furth a écrit un article intitulé « Cubisme et création » dans le numéro des Cahiers américains intitulé Les Arts du Nouvel Age Collectif (n° 6, hiver 1934, Éditions Excelsior, dépositaire 27, quai de la Tournelle, Paris), auquel a aussi contribué le peintre Albert Gleizes (voir infra, lettre n° 34).
163 L’Orphisme a été un style de peinture où les formes et les couleurs ont été utilisées pour leur force expressive, indépendamment de toute représentation ou avec un style de représentation soumis à une construction. Apollinaire a parlé du cubisme orphique dans Les Peintres cubistes, Sur la peinture, VII, pp. 57-58 : « La lumière des œuvres de Picasso contient cet art qu’invente de son côté Robert Delaunay et où s’efforcent aussi Fernand Léger, Francis Picabia et Marcel Duchamp ». Considéré comme un sous-groupe du Simultanéisme, l’orphisme a aussi été une école poétique concevant le lyrisme sous forme de chants simultanés, représentée notamment par Barzun et Divoire.
164 Allusion au groupe de l’Abbaye qui se réunissait à Créteil entre 1906 et 1908. H.-M. Barzun avait fourni les fonds nécessaires à la création de ce « phalanstère de poètes et d’artistes » (dans DIF, p. 29).
165 Georges Duhamel (1884-1966), écrivain lui aussi engagé dans l’expérience de l’Abbaye de Créteil.
166 Adjectif dérivé de Guighy.
167 C’est le moment où Jolivet quitte la rue Lacretelle pour la rue du Four.
168 Léon Daudet (1867-1942), journaliste et écrivain, défenseur de l’Action Française.
169 Jeu de mots sur Vichy, où Guighy vient de faire une cure (lettre précédente du 24 août 1934, n° 32).
170 + ou – : abréviations utilisées par Varèse.
171 Mot américain mis pour : examen.
172 Répétition de la phrase précédente (comme dirait le Prof Barzun), cette fois-ci mise en abrégé.
173 En effet, Stella a écrit à Jolivet le 19 septembre 1934 : « Varèse vous aime beaucoup, une amitié comme la vôtre est unique. Varèse va essayer de faire jouer votre musique à New York » (Archives Jolivet).
174 Mot américain mis pour : scientifiques.
175 Imitation orthographique probable de l’accent de Stella.
176 Institut russo-américain, dont il est question dans les lettres des 14 février et 24 avril 1934 (n° 25 et 26).
177 Il s’agit des Cahiers américains conçus et publiés par H.-M. Barzun.
178 Georges Duhamel et Jules Romains.
179 Moly Sabata, nom qui en patois local veut dire « Moulin Battant », est celui d’un hameau du village de Sablons sur les bords du Rhône. C’est là que s’élève la Maison des Arts qu’a voulu créer le peintre Albert Gleizes, en souvenir de l’Abbaye de Créteil à laquelle il avait participé. Un article de Gleizes est paru dans le numéro 6 des Cahiers américains, l’hiver 1934, intitulé « Le groupe de l’Abbaye. La nouvelle abbaye de Moly-Sabata ».
180 Mis pour Fernand De Nobele.
181 Jolivet va déménager, voir lettre n° 33.
182 Fétiche de Varèse, déjà représenté dans la lettre du 13 décembre 1933 (n° 19).
183 Répertoire des Chanteurs de Saint-Gervais, Anthologie des Maîtres Religieux Primitifs des quinzième, seizième et dix-septième siècles, Édition populaire à l’usage des Maîtrises et des Amateurs par Charles BORDES, Directeur-Fondateur des Chanteurs de Saint-Gervais, trois années contenant chacune un Livre des messes et un Livre des motets, Au bureau d’Édition de la Schola cantorum, Société de musique religieuse, 15, rue Stanislas, Paris (sans date). Le prix de chaque livre est de 10 Francs net.
184 Vincent d’Indy (1851-1931), compositeur et pédagogue français, fondateur de la Schola cantorum (DBM, p. 1900).
185 Henri Martelli (1895-1980), compositeur français (DBM, p. 2618).
186 Abréviations mises respectivement pour Paul Le Flem et Florent Schmitt.
187 Thomas Bouchard, ami photographe de Varèse qu’il appelait « le poète des photographes » (dans Louise Varèse, ALGD, p. 199). Il l’avait rencontré à Paris, en 1929, (dans Fernand Ouellette, Edgard Varèse, Éditions Seghers, Paris, 1966, p. 111). En 1936, Varèse envoie aux Jolivet, un portrait de lui par Bouchard, qui leur est dédicacé et est signé par son auteur (Archives Jolivet).
188 Albert Adès (1893-1921), écrivain français et Albert Josipovici (1892-1932), écrivain égyptien.
189 Sir Artur Stanley Eddington (1882-1944), astrophysicien britannique, intéressé toute sa vie par la théorie de la relativité. Il contribua à sa diffusion par deux de ses ouvrages : L’Espace, le Temps et la Gravitation (1920) et La Théorie mathématique de la relativité (1923).
190 Adresse présumée d’Artaud ; en janvier 1934, l’adresse notée dans l’agenda de Jolivet est 3, quai Voltaire (Deharme).
191 Il s’agit de l’enregistrement d’Ionisation commenté dans les courriers des 11 et 19 juin 1934 (lettres n° 28 et 29) et 9 juillet 1934 (lettre n° 30).
192 Emile Vuillermoz (1878-1960), musicographe et critique musical français (DBM, p. 4452).
193 Vieux Paul mis pour Paul Le Flem.
194 Bremen, l’un des paquebots assurant alors la traversée de l’Atlantique.
195 Goha le simple, roman cité dans lettre n° 36.
196 Il s’agit toujours du manuscrit de L’Astronome déjà réclamé dans les lettres du 17 septembre 1934 (n° 34) et du 8 novembre 1934 (n° 37).
197 CB mis pour clarinette contrebasse.
198 P.L.F. mis pour Paul Le Flem, dont on a donné à Paris, le 3 novembre 1934, Pour les morts, œuvre dédiée à ses deux enfants morts en bas-âge (Agendas Jolivet). Cette œuvre a été créée à New York en novembre 1921 par Vincent d’Indy dirigeant le Damrosch Orchestra.
199 Jeannot est la fille de Paul Le Flem.
200 Il s’agit encore du manuscrit de L’Astronome déjà réclamé dans les lettres n° 34, 37 et 38.
201 Varèse vient de recevoir le manuscrit de L’Astronome que détenait Artaud.
202 Déjà le 8 novembre 1934 (lettre n° 37), Varèse fait allusion au « marasme » que connaît la France. Certes l’instabilité ministérielle est révélatrice du déséquilibre d’alors entre un pouvoir législatif souverain et un pouvoir exécutif faible. Déséquilibre qui entraîne le recours à des procédures d’exception permettant ainsi aux députés et aux sénateurs de démontrer leurs pouvoir. Entre 1934 et 1938, sur cinq présidents du Conseil qui ont requis les pleins pouvoirs, trois les ont obtenus. Vu de l’étranger, ce régime pouvait donner lieu à inquiétudes.
203 Autre orthographe pour Jeannot.
204 Mis pour Florent Schmitt. Yves Hucher rapporte dans sa biographie du compositeur : « En juillet 1934, Florent Schmitt passe une quinzaine de jours à Moscou où a lieu un concert de ses œuvres : Tragédies de Salome, Mirages, Rêves. Sur une carte postale, on lit ces quelques mots : « Soleil ardent. On ruisselle dans cette ville immense où une course est un voyage. Partitions d’abord introuvables. Enfin dûment arrivées. Voici la Place rouge, sans république, sans Vendôme, sans obélisque, un vaste espace bordé par le Kremlin et Saint-Basile. C’est très beau... ». Il ira même jusqu’à Petrograd, mais ne pourra faire un pas dans la ville sans être « intouristé » (dans Florent Schmitt, L’homme et l’artiste, Éditions d’aujourd’hui, Les introuvables, copyright 1983, Paris).
205 Pierre-Octave Ferroud (1900-1936), compositeur français, fondateur en 1932 de la société de musique contemporaine le Triton (DBM, p. 1250).
206 Alfred Cortot (1877-1962) était cousin de Varèse, côté maternel. Les grands-pères d’Alfred (Denis Cortot) et d’Edgard Varèse (Claude Cortot) étaient frères.
207 Mis pour Nadia Boulanger (1887-1979).
208 Varèse a placé « nini » entre parenthèses.
209 Toscanini est mort en 1957...
210 Le protégé de Doris Hodgkins, épouse du chef d’orchestre Pierre Monteux, n’a pu être identifié.
211 Ce vers de Dante, devenu proverbial en Italie, est extrait de la Divine Comédie, Enfer, Chant III. Dans l’édition NRF, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, le vers (n° 51) est traduit par « ne devisions point d’eux : regarde et passe », p. 897.
212 Rue pittoresque de Madrid longée de cafés.
213 Il s’agit de la Société Internationale de Musique Contemporaine.
214 Alejo Carpentier (1904-1980), romancier et musicologue cubain, a longtemps séjourné à Paris. Il a écrit un article sur Varèse : dans Le Cahier, Revue Commerce, p. 31 à 37 (Archives Jolivet).
215 Nouvelle orthographe pour Mégret.
216 P.A.J., mis pour Pierre-Alain Jolivet, fils aîné de Jolivet, né le 15 mai 1935.
217 Ionisation, œuvre de Varèse enregistrée sur disque envoyé à Jolivet. Celui-ci dans une lettre du 17 juin 1935 à Ribemont-Dessaignes écrit : « J’aurais un disque de Varèse à vous faire entendre ». (Bibliothèque Doucet)
218 Probablement René Bertrand, inventeur du dynaphone. L’ingénieur électronicien que Varèse avait rencontré pour la première fois en 1913 et avec qui il entretenait encore le projet de faire des recherches pour inventer des instruments électroniques. Il est à nouveau mentionné dans la lettre du 13 août 1935, ci-après.
219 Allusion à la fondation de la société de musique de chambre La Spirale. Par sa remarque suivante, Varèse indique qu’il ne connaît alors ni Messiaen ni Lesur.
220 La Sérénade, société fondée en 1931 par la violoniste Yvonne de Casa-Fuerte. Le comité directeur de l’association « la Sérénade » incluait les noms de Auric, Markévitch, Milhaud, Nabokov, Poulenc, Rieti, Sauguet (dans Michel Duchesneau, L’avant-garde musicale à Paris de 1871 à 1939, Liège, Mardaga, 1997, p. 123).
221 Surnom donné à Nadia Boulanger.
222 Parenthèse insérée par Varèse.
223 La mère d’Hilda Jolivet est revenue en France pour la naissance de son petit-fils Pierre-Alain. Aux dires de Jolivet, sa belle-mère faisait un « sublime » couscous.
224 Mot pris sans doute comme féminin dérivé d’empereur.
225 Marius-François Gaillard (1900-1973), compositeur et chef d’orchestre français qui a dirigé la première audition d’Intégrales de Varèse à Paris, le 23 avril 1929. Varèse le présente même comme le premier à l’avoir présenté à Paris (voir supra lettre du 19 juillet 1935, n° 42).
226 P.L.F. mis pour Paul Le Flem.
227 Il s’agit de La Spirale.
228 Jolivet a dédié à Louise Varèse Mana, son œuvre pour piano inspirée par les objets que lui avait donnés Varèse avant de repartir pour les États-Unis en 1933.
229 Chansons que Varèse désigne ailleurs par Mélodies.
230 Mis pour hautbois.
231 Mis pour violoncelle.
232 Mis pour contrebasse.
233 Voir lettre précédente n° 41, note 8.
234 Lettre précédente du 5 juin 1935, n° 41.
235 Lettre précédente du 5 juin 1935, n° 41, note 13.
236 Cette idée sur la surdité de Beethoven, Varèse l’a aussi exprimée dans l’un de ses écrits (dans Edgar Varèse, Écrits, Christian Bourgois Éditeur, 1983, p. 88).
237 « ribouis » signifie souliers usagés, godillots. La thérapeutique adéquate est, probablement, celle du coup de pied au cul.
238 Octandre, œuvre de Varèse écrite en 1923 pour flûte, hautbois, clarinette, basson, cor, trompette, trombone et contrebasse, créée à New York le 13 janvier 1924 sous la direction de Robert Schmitz et donnée à Paris en 1931. Jolivet lui proposait de programmer Octandre à un concert de La Spirale (dans Hilda Jolivet, op. cit., p. 60).
239 La partition dédicacée est dans les Archives Jolivet.
240 Pierre Laval (1883-1945), homme politique français. En 1935, il est Président du Conseil et son gouvernement s’engage dans une politique de déflation en décidant d’une baisse autoritaire des prix et des salaires. Il en résulte une crise qui affecte à peu près toutes les classes de la société.
241 Normandie, paquebot assurant la traversée de l’Atlantique, dont le voyage inaugural a eu lieu le 29 mai 1935.
242 Dufayel, du nom des Grands magasins Dufayel ou encore appelés Palais de la Nouveauté, dont l’entrée principale se trouvait sur la rue de Clignancourt (Paris XVIIIe) et qui remplaçait un magasin où l’on vendait de tout, à crédit (Jacques Hillairet, Dictionnaire historique des rues de Paris, Éditions de Minuit, 6e édition).
243 Le passage entre guillemets remplace les quelques mots raturés et fait l’objet du commentaire correspondant au renvoi signalé par (x).
244 Nouvelle allusion à La Spirale.
245 Mot provençal signifiant testicules.
246 Mot oublié par Varèse.
247 Jeu de mots sur « Suite » et « Cuite ».
248 For the sake of your record signifie : pour votre gouverne.
249 Jolivet a plusieurs fois rencontré l’ingénieur Bertrand dans le courant de l’année 1935 (Agendas Jolivet).
250 Jolivet a plusieurs fois rencontré Bernouard dans le courant de l’année 1935 (Agendas Jolivet).
251 François Carcopino-Tusoli, dit Francis Carco (1886-1958), écrivain français lié avec les poètes dits « fantaisistes ». Connu par des romans qui peignent le « milieu », ses mauvais garçons et ses mauvaises filles (Jésus la Caille, l’Équipe, l’Homme traqué), il a aussi publié des ouvrages sur François Villon, Verlaine, Utrillo, Gérard de Nerval. Louise Varèse rapporte que son mari, lisant Nostalgie de Paris écrit par Carco en 1942, lui citait, en les soulignant, de nombreux passages évocateurs des années de sa jeunesse « éxubérante » dans la capitale (Louise Varèse, ALGD, p. 109).
252 Mis pour roubignolles : voir note 6.
253 Nicolas Slonimsky (1894-1995), musicologue américain d’origine russe, co-rédacteur du DBM, chef d’orchestre : il crée des œuvres de compositeurs tels que Charles Ives, Edgar Varèse (Ionisation et Equatorial), Henry Cowell (DBM, p. 3895).
254 Il s’agit sans doute de l’insuccès du drame écrit, mis en scène et joué par Artaud, Les Cenci, dont Roger Désormière a composé la musique (dans Antonin Artaud : Qui êtes-vous ? par Alain et Odette Virmaux, Paris, Éditions La manufacture, 1996, p. 208).
255 Cette assertion de Varèse laisse place, malgré elle, à l’engagement reconnu et affirmé de Désormière comme musicien progressiste.
256 La partie du mot entre crochets a été omise.
257 C’est ainsi que la société La Spirale est tout d’abord désignée (voir Introduction).
258 « La Spirale [...] qui s’insère dans l’Univers en expansion ». Il s’agit d’une citation prise sans doute dans l’ouvrage d’Eddington que De Nobele a adressé à Varèse.
259 R. Cl. Martin, personne non identifiée, citée plusieurs fois dans Agendas Jolivet 1935, sans adresse spécifiée.
260 Mis pour Collioure, commune des Pyrénées orientales ?
261 Localité à proximité de Sel de Bretagne (Ille et Vilaine).
262 Expression signifiant : pour le moment
263 Américanisme.
264 Allusion à La Spirale.
265 Programme qui sera effectivement donné le 6 mars 1936 (3e concert de La Spirale).
266 Expression signifiant : cliché instantané.
267 Irène Joachim (1913-2001), cantatrice française qui a été notamment une inoubliable Mélisande (dans Pelléas et Mélisande de Debussy) et grande pédagogue.
268 Expression signifiant : communiqués presse.
269 Voir lettre n° 43, note 18.
270 Jolivet a emménagé 28 rue du Four, Paris 6e.
271 Lardon mot mis pour désigner le fils aîné de Jolivet, Pierre-Alain.
272 Voir programme en annexe.
273 Henry Cowell (1897-1965), compositeur américain, co-fondateur de la PAAC (voir lettre n° 15, note n 22), biographe de Charles Ives, éditeur de la première partition d’Ionisation de Varèse (DBM, p. 857 et Fernand Ouellette, Edgard Varèse, Éditions Seghers, 1966, p. 107).
274 Charles Ives (1874-1954), compositeur américain, joué au troisième concert dit « américain » de La Spirale (DBM, p. 1918).
275 Adolph Weiss (1891-1971), compositeur américain, membre de la PAAC, qui n’a pas été joué au troisième concert dit « américain » de La Spirale (DBM, p. 4547).
276 Robert Crawford (1899-1961), compositeur américain, qui n’a pas non plus été joué au troisième concert dit « américain » de La Spirale (DBM, p. 864).
277 Riegger a été joué au 3e concert dit « américain » de La Spirale.
278 Max Eschig (1872-1927), éditeur de musique, a fondé sa maison d’édition en 1907. Eugène Cools (voir lettre n° 21, note 6) lui succède en 1925 (DBM, p. 1183).
279 Harrison Kerr (1897-1978), compositeur américain, dont le quatuor a été donné au 3e concert dit « américain » de La Spirale. Il en avait envoyé la partition à Jolivet le 24 novembre 1935 et le 11 février 1936, il lui écrivait pour lui donner des informations sur son quatuor ainsi que des précisions biographiques. Détail amusant : il n’indique pas la même date de naissance que celle donnée dans le Dictionnaire référencé ! (DBM, p. 2086).
280 Américanisme mis pour « soutiendrez ».
281 Allusion aux dispositions économiques du « New Deal » prises par le président F.D. Roosevelt
282 Le bistrot Lorenzi, situé rue des Canettes dans le 6e arrondissement, devenu « Chez Georges », existe encore.
283 Les Deux Magots, célèbre café parisien, place Saint-Germain-des-Prés.
284 Lettre datée du 24 novembre 1935.
285 Guighy a écrit le commentaire qui accompagne le titre de Mana, « cette force qui nous prolonge dans nos fétiches familiers... », d’où la qualification de citation « guiguiesque ».
286 Abréviation signifiant : même mois.
287 Edouard Sciortino (1893-1979), compositeur français, l’un des secrétaires de La Spirale (DBM, p. 3786).
288 Lefèbvre mis pour Le Febvre, Jules, ingénieur diplômé de l’École des mines de Liège, compositeur, administrateur de la Schola cantorum ; auteur d’un quatuor joué au premier concert de La Spirale, le 12 décembre 1935 et de « Prélude, Aria et Final » joué par Olivier Messiaen au huitième concert de La Spirale, le 28 janvier 1937 (Archives Jolivet).
289 Claire Delbos (1906-1959), violoniste et compositeur, membre de La Spirale, première épouse d’Olivier Messiaen.
290 Daniel-Lesur (1908-2002), compositeur français, co-fondateur de La Spirale, membre du groupe Jeune France (DBM, p. 906).
291 L.F. abréviation de Le Flem.
292 Ce n’est pas cet ensemble qui a participé au concert de musique française du 17 février 1936 à New York.
293 Jeu de mots ambigu entre Sa Sainteté et le sigle S.S.
294 Sans doute le Lorenzi déjà cité.
295 La New School for Social Research a été fondée à New York par Alvin Johnson. Installée à Greenwich Village en 1930, déjà connue pour ses idées nouvelles dans les domaines économiques, politiques et sociologiques, elle devint aussi un centre des arts (théâtre, danse, musique). En 1933, elle a accueilli les enseignants exclus par les régimes totalitaires européens.
296 Ensemble cité dans la lettre précédente n° 50 datée du même jour (4 décembre 1935).
297 Comité de l’International Exchange Concerts (IEC).
298 Les deux lettres précédentes sont en effet datées du 4 décembre 1935.
299 Expression signifiant : moderne, à la page.
300 « que » mis sans doute à la place de « avec ».
301 Henry Gauthier-Villars dit Willy (1859-1931), écrivain français et auteur de critiques musicales. Léon-Paul Fargue (1876-1957) a été, avec Valéry, co-fondateur de la revue « Commerce ». Le poète « noctambule et piéton des rues de Paris » avait rencontré Varèse à Paris dès 1908 et lui avait dédicacé son recueil Poèmes : « À Edgard Varèse, mon ami, le 27 mai 1915 » (ALGD, p. 57 et 110). Que s’est-il passé pour que le jugement de l’ami devienne si féroce ?
302 Revue fondée en 1920 par Henry Prunières (1886-1942), musicologue français, à laquelle Henri Martelli a souvent participé en tant que critique musical et chroniqueur (DBM, p. 3301). L’adresse de la Revue musicale était alors : 132-136, boulevard Montparnasse, Paris XVe.
303 F.d.N. mis pour Fernand de Nobele.
304 I.J. mis pour Irène Joachim.
305 Le programme définitif du concert du 17 février 1936 a comporté des œuvres de : H. Martelli, G. Migot, A. Jolivet, M. Ravel et P. Le Flem (Archives Jolivet). Il a été donné dans le cadre de la New School, 66 W 12th Street.
306 Manifeste de La Spirale.
307 Le programme du troisième concert de La Spirale, donné le 6 mars 1936, a finalement comporté des œuvres de : H. Kerr, Roger Sessions, J.A. Carpenter, W. Riegger, I. Freed, C. Ives et Quincy Porter (Archives Jolivet) ; Weiss n’a pas été joué mais R. Sessions, J-A. Carpenter et Quincy Porter l’ont été.
308 Quincy Porter (1897-1966), compositeur américain qui a étudié à la Yale School of Music puis a fait plusieurs séjours à Paris, notamment entre 1928 et 1931, grâce à une bourse de la Fondation Guggenheim (DBM, p. 3258).
309 John Joseph Pershing (1860-1948), général américain, commandant du corps expéditionnaire américain en France en 1917.
310 Lily Pons (1898-1966), chanteuse française, qui a fait partie de la troupe du Metropolitan Opera de New York à partir de 1931, d’abord jusqu’en 1944, puis de 1945 à 1958, tout en menant une brillante carrière internationale (DBM, p. 3248).
311 Lydia Hoffmann-Behrendt (1890-1971), pianiste russo-américaine qui a longtemps enseigné le piano.
312 Ernst Toch (Vienne, 1887-Los Angeles, 1964), compositeur américain d’origine autrichienne, a été contraint de quitter l’Allemagne en 1933 et a émigré aux États-Unis en 1935 (DBM, p. 4240).
313 Paul Hindemith (1895-1963), compositeur allemand, avait opté pour la nationalité américaine en 1946 (DBM, p. 1796).
314 P.L.F. mis pour Paul Le Flem.
315 Migot, président de La Spirale, a-t-il ressenti une trop grande influence de Varèse sur le choix des programmations de concerts ?
316 Cette lettre est écrite le lendemain de la fête de Noël.
317 Les opinions d’extrême droite de Léon Daudet en font l’une des têtes de turc de Varèse. (Voir supra la lettre du 24 août 1934, n° 33).
318 Charles Maurras (1868-1952), écrivain et homme politique français, principal animateur du mouvement Action Française de 1908 à 1944, autre tête de turc de Varèse.
319 Orthographe supposée de « Heil Scheisse » ou de « Heile Scheisse ». Varèse désigne-t-il ainsi Hitler ? À moins que ce ne soit Maurras, lequel portait la barbe.
320 Fernandesque : allusion à Fernand de Nobele.
321 Il s’agit de la New School of Social Research.
322 Désignation de Guighy (voir supra la lettre n° 50, note 1).
323 Le sous-titre de Mana est en réalité : « cette force qui nous prolonge dans nos fétiches familiers... ».
324 Allusion à l’opéra de Wagner, Tristan et Isolde.
325 Ce quatuor sera programmé le 17 février 1936 au concert de musique française à New York.
326 Fried mis par erreur pour Freed.
327 Béla Rózsa (et non Rosza) (1905-1977), compositeur, pianiste et organiste. Dans une lettre à André Jolivet, il a adressé quelques notes biographiques : « né à Kecskemét en Hongrie, il a étudié le piano et l’orgue à Budapest. Puis il a parcouru l’Europe comme soliste et accompagniste [sic] de son père, baryton à l’Opéra de Berlin, de Vienne, de Budapest et du Metropolitan Opera de New York. Il est allé aux États-Unis à l’âge de 15 ans dont il devient citoyen en 1926. Diplômé de la Juilliard School, il a travaillé en privé la composition avec Schoenberg ». La sonate pour piano qu’il adresse à Jolivet a été composée lors d’un séjour à Paris en 1929.
328 Expression signifiant : C’est à votre convenance.
329 Serge Moreux (1900-1959), musicologue français qui a fait ses études musicales à la Schola cantorum et a travaillé avec Nadia Boulanger. Critique musical de plusieurs journaux, premier biographe français de Bartók (Béla Bartók, Richard-Masse Éditeurs, Paris, 1955), auteur d’une Histoire de la musique japonaise, il a dirigé la revue Polyphonie et a été directeur artistique des disques Ducretet-Thomson. Jolivet, suivant le conseil de Varèse, lui a écrit le 17 février et a noté l’avoir rencontré les 22 et 26 février (Agendas Jolivet). Il est devenu un proche ami de Jolivet et a été le parrain de son fils aîné Pierre-Alain.
330 Il s’agit du concert de musique française donné la veille à New York au cours duquel Jolivet a été joué.
331 Metropolitan Opera de New York.
332 Mot anglais pour entracte.
333 Photo de presse de Varèse (Archives Jolivet).
334 Il s’agit de Density 21,5, œuvre écrite pour Georges Barrère.
335 Mis pour Pierre Laval, voir supra la lettre n° 43, note 1.
336 Concert « américain » donné à La Spirale le 5 mars 1936.
337 Voir plus bas la note transcrite de Varèse.
338 Contrepèterie sur le nom de Lily Pons.
339 À Paris au début des années 1930, Varèse a résidé rue Belloni.
340 Expression analogue déjà employée au sujet d’Hilda Jolivet dans les lettres n° 50 et 54.
341 Au lendemain du concert, le 19 février 1936, le peintre Joseph Stella écrit à Jolivet : « Je suis ravi de pouvoir vous affirmer que j’aime beaucoup votre musique, hardie et pleine de verve. J’ai écouté Varèse causant au public de vous et de votre musique ».
342 André Malraux (1901-1976) : Varèse le rencontrera à New York lorsqu’il y est venu en 1937 pour organiser une collecte de fonds au profit de la République espagnole. Varèse a organisé un comité de secours dont il était président et le docteur W.J. Crookston, secrétaire, avec comme premier objectif « d’obtenir suffisamment d’argent pour payer une ambulance » (dans Fernand Ouelette, op. cit., p. 151).
343 Irène Joachim.
344 Trio qui a effectivement participé au concert du 17 février 1936.
345 Mis pour Madame Hoffmann-Behrendt (voir supra la lettre n° 54, note 1) ; c’est le pianiste Fritz Kitzinger qui a joué Mana.
346 « French music given by several artists », in The New York Times, 18 février 1936 (Archives Jolivet).
347 L’article est intitulé : « French Moderns Feature Recital – Edgar Varèse officiates at Commentator at New School », signé R.C.B. (dans le New York World-Telegram du 18 février 1936, p. 16).
348 Mot anglais mis pour entracte.
349 Pianiste, membre du Comité pour le concert du 17 février 1936.
350 Titres de quatre des six pièces de Mam : « Beaujolais », « La Princesse de Bali », « La Chèvre » et « Pégase ».
351 Fred Goldbeck (1902-1981) a publié une critique lors de la création de Mana dans la Revue musicale de janvier 1936 (Archives Jolivet).
352 Personne non identifiée.
353 Il s’agit de la photo de Varèse par Thomas Bouchard, signée par le photographe et dédicacée pour Jolivet et son épouse par Varèse.
354 Mouvement de Mana, comme Beaujolais, la « Chèvre » et « Pégase ».
355 Jolivet n’a pas encore accusé réception de l’article paru dans le World Telegram.
356 Mrs. Florence Meyer Blumenthal (1875-1935), épouse du banquier George Blumenthal (1858-1941), tous deux grands protecteurs des arts. Du fait du rôle important joué par le banquier dans la stabilisation du franc après la Première Guerre, George Blumenthal et son épouse ont été amenés à partager leur vie entre les États-Unis et la France. Là, ils ont fondé en 1919, avec d’autres Américains, la « Fondation américaine Blumenthal pour la pensée et l’art français » afin d’aider écrivains, artistes et musiciens français. L’institution a créé douze prix de mille dollars distribués chaque année et offert cent mille dollars à la Sorbonne pour être employés au mieux des intérêts de la culture française. Pour son action, Mrs Blumenthal a reçu, ainsi que son mari, les insignes de la Légion d’Honneur. Son nom a été donné à une rue de Paris. Quelques noms parmi ceux des lauréats de l’époque : Maurice Genevoix, Alexandre Vialatte, Marcel Aymé, Manuel Rosenthal, Georges Migot. En 1936, Jolivet a fait lui-même une demande de bourse qui lui a été refusée. Cette année-là, elle a été attribuée à Maurice Duruflé.
357 Voir lettre n° 61, note 2.
358 Il s’agit du troisième concert de La Spirale consacré à des compositeurs américains, donné le 6 mars 1936.
359 F. Goldbeck a écrit un article concernant le concert américain donné à La Spirale pour la Revue musicale d’avril 1936. Deux autres articles ont paru à propos du même concert : l’un d’Henry Barraud, paru dans l’Art musical du 13 avril 1936, l’autre d’Edmund J. Pendleton annonçant et commentant le concert dans l’édition de Paris du New York Herald Tribune du 4 mars 1936 (Archives Jolivet).
360 Jeu de mots sur les noms des deux sociétés de concerts Sérénade et Triton.
361 Schmitt a été élu à l’Institut des Beaux-Arts au fauteuil de Paul Dukas (par 27 voix contre 5 à Stravinsky !) probablement fin 1935. Voir également à ce sujet, et plus explicite, la lettre du 29 août 1936 (infra, n° 71).
362 Voir la lettre n° 62 : Varèse a déjà signalé le décès de Mrs. Blumenthal. George Blumenthal partageait sa vie entre les États-Unis (après que ses activités professionnelles eurent cessé, il fut nommé président du Metropolitan Art Museum de New York en 1934) et Paris.
363 P.L.F. mis pour Paul Le Flem. Il ne semble pas qu’il ait écrit un Macbeth. En 1936, Le Flem travaille à un drame lyrique Le Rossignol de Saint-Malo, qui sera terminé en 1938 et créé en 1942 à l’Opéra Comique. Peut-on voir dans cette assertion une plaisanterie varésienne : Drame pour drame ?
364 Quelle prémonition : Varèse est revenu à Paris en 1954 ! ! 18 ans plus tard ! !
365 En ce sens : fausse nouvelle lancée dans la presse.
366 Mot oublié par Varèse.
367 Il s’agit de l’échange de concerts : américain à Paris (La Spirale, 6 mars 1936) et français à New York (17 février 1936).
368 Le Nouveau quatuor hongrois a joué le Quatuor à cordes de Jolivet à Budapest ainsi qu’à Paris (Archives Jolivet). Cette œuvre a été créée le 24 mars 1934, à la Société Nationale par le quatuor Huot. Jolivet a alors sûrement fait part du concert à Varèse. C’est une période où Varèse n’avait pas le temps d’écrire. Il n’y a donc aucun commentaire de sa part au sujet du Quatuor de Jolivet. Toutefois, il était toujours question du Trio... (voir lettres n° 25 du 24 avril 1934 et n° 27 du 2 juin 1934).
369 Jolivet a-t-il fait part à Varèse des premières difficultés rencontrées au sein de La Spirale ?
370 Jolivet a emménagé rue du Four.
371 Il s’agit du manuscrit du Trio de Jolivet maintes fois cité dans la correspondance.
372 N.E. et W. mis pour le Nord-Est et l’Ouest.
373 Jolivet est allé rejoindre Guighy et Pierre-Alain en Algérie du 18 au 24 avril (Agendas Jolivet).
374 Nom donné à la coalition des partis de gauche qui arrivera au pouvoir deux mois après, en juin 1936. Il avait été constitué le 14 juillet 1935.
375 Voir lettre précédente du 12 mai 1936, n° 64.
376 Il s’agit de Mana.
377 Soit à une altitude de 2 300 mètres.
378 Photo qui figure dans les Archives Jolivet.
379 L’indication portée par la carte postale indique qu’elle représente un « énorme reptile de la famille des lézards ».
380 Deux des tribus d’indiens localisées dans le Sud-Ouest américain.
381 Voir carte du 14 juillet 1936, n° 68.
382 Il s’agit de la Danse Incantatoire de Jolivet donnée au premier concert Jeune France le 3 juin 1936, sous la direction de Roger Désormière.
383 Jolivet a sûrement annoncé à Varèse la création récente du groupe Jeune France formé par Yves Baudrier, Daniel-Lesur, Olivier Messiaen et lui-même.
384 Des élections ont eu lieu en novembre 1936 qui redonnèrent au Président Franklin D. Roosevelt, une majorité renforcée. Pour sortir de la crise de 1929, il avait mis au point un programme économique et social (avec notamment l’aide du sénateur La Follette – voir lettre n° 32, note 3), le New Deal, qui lui valut le soutien populaire.
385 Quatre des tribus d’indiens localisées dans le Sud-Ouest américain.
386 C’est Roger Désormière qui a dirigé le 1er concert du groupe Jeune France en juin 1936.
387 Le Dictateur est Fernand de Nobele. Dans sa lettre du 4 avril 1936 (n° 63), Varèse avait chargé Jolivet de prévenir De Nobele qu’il lui « envoyait un chèque en paiement de sa dette ».
388 Altitude annoncée dans la lettre du 26 mai, n° 65.
389 Mot omis.
390 Expression signifiant : Qui sait ?
391 Expression signifiant : duper en volant.
392 Confusion amusante de dates corrigée par Jolivet. 29-VIII est transformé en 11-VIII.
393 Jolivet passe une partie de l’été en Savoie, à Chantemerle, où il compose les Cinq Incantations pour flûte seule.
394 Voir même allusion faite dans la lettre du 20 juillet 1936, n° 69.
395 Voir les deux articles des 21 et 24 août 1936, parus dans le Santa Fe New Mexican en annexe.
396 Voir Annexes : Le Temps 27 juin 1936. Il est à relever que Varèse semble avoir eu de la considération pour Schmitt manifestant son antisémitisme à l’encontre de Kurt Weill, mais du mépris pour Schmitt critique musical.
397 Nom masculin signifiant : partie la plus grossière du son ou encore, excrément.
398 Ville de l’état du Nouveau Mexique sur le Rio Grande del Norte, fondée en 1706 par le vice-roi d’Espagne à qui elle doit son nom.
399 Jeu de mots sur le nom de la célèbre marque des Réglisses Florent et celui de Florent Schmitt qui, à son tour, subit les sarcasmes de Varèse. La maison Florent (1854-1975) produisait dans la région d’Avignon une réglisse extrêmement populaire. Il en existe une affiche publicitaire fameuse, dessinée par Cassandre en 1925.
400 Henri Hermans (1883-1947), organiste et chef d’orchestre néerlandais qui s’est intéressé à la musique contemporaine française et néerlandaise. Cité à plusieurs reprises dans l’Agenda 1936 de Jolivet à partir d’octobre, il a écrit les 27 octobre et 10 décembre 1936, sur papier à en-tête du « Stedelijk Orkest » de Maastricht, Hollande. Dans ces lettres, il est question de la programmation d’œuvres de Varèse et de Jolivet, mais aucune trace de ces projets n’a été retrouvée dans les Archives de l’orchestre conservées à Maastricht.
401 Mot signifiant : indisponible.
402 Henry Cowell dirigeait depuis 1927 le trimestriel New Music qui a publié des partitions nouvelles pendant un quart de siècle, parmi lesquelles celle d’Ionisation. L’emprisonnement de Cowell explique en partie les difficultés de la publication.
403 Mot non identifié.
404 Varèse fait ici allusion à la guerre civile en Espagne.
405 Mis pour bubon ? Il s’agit d’un abcès que Varèse avait fait soigner en Espagne : voir lettres des 11 et 15 septembre 1933 (n° 11 et 14).
406 Pierre-Octave Ferroud est mort le 17 août 1936 des suites d’un accident automobile en Hongrie (DBM, p. 1250). Les activités de la société Triton ont été maintenues sous la direction de Jean Rivier.
407 Ce à quoi Varèse fait allusion concernant Albert Roussel n’est pas clair ; peut-être s’agit-il de ses fonctions de président du comité français de la Société Internationale pour la Musique Contemporaine qui lui donnaient une influence prépondérante sur le choix des partitions retenues pour les festivals de la SIMC.
408 Varèse procède par analogie en suggérant une entité Goncourt comparable à celle de l’Institut des Beaux-Arts – Académie Française.
409 Membre de l’Académie Goncourt depuis 1897.
410 Chéreau mis plus probablement pour Gaston Chérau, écrivain français né à Niort (1874), mort à Boston (1937), membre lui aussi de l’Académie Goncourt.
411 Frédéric Bargone, dit Claude Farrère (1876-1957), écrivain, membre de l’Académie Française, fut sensible à l’influence maurrassienne. Florent Schmitt, membre de l’Institut, pouvait donc le retrouver sous la Coupole ainsi que Georges Duhamel, lui-même membre de l’Académie Française depuis 1935.
412 A.R. mis pour Albert Roussel.
413 Mis pour Florent Schmitt.
414 Jeu de mots « dominical » sur la ressemblance homophonique de « Rince-Tutu » avec Institut.
415 Voir supra lettre n° 72.
416 Dans les Archives Jolivet figure le brouillon d’une lettre de Jolivet à un ambassadeur à Moscou lui demandant d’intervenir auprès de Fried pour récupérer les dits matériels.
417 Mis pour Le Febvre.
418 Maurice Ravel souffrait d’une maladie cérébrale. Il décédera en décembre 1937.
419 L’un des deux pourrait être Eugène Cools, l’autre Pierre-Ocatve Ferroud (voir lettre n° 72).
420 Maison de Borniol, organisation de pompes funèbres.
421 Allusion à la nomination de Schmitt à l’Institut des Beaux-Arts.
422 Varèse appelle-t-il « confitures » ce que d’autres désigneraient par « huiles » ou « légumes » ? Bar-le-Duc, en 1916, pendant la bataille de Verdun, fut le point de départ de la Voie sacrée, nom donné à la seule route joignant la ville à Verdun par Rosnes et Souilly : Florent Schmitt fréquente-t-il certaines autorités qui auraient alors participé aux combats ?
423 Adobe, mot anglais signifiant : brique ou maison. C’est aussi le crépi ocre dont les maisons sont recouvertes au Nouveau Mexique.
424 Varèse est photographié dans un pueblo (Archives Jolivet). Voir document ci-joint.
425 L’envoi est déjà promis dans la lettre du 24 novembre 1936 (n° 73).
426 Allusion à la conférence donnée par Varèse à Santa-Fé, voir la lettre du 29 août 1936 (n° 71).
427 Il s’agit du deuxième concert du groupe Jeune France.
428 Henri Sauguet (1901-1989), compositeur français, a été dans les années trente critique musical au journal Le jour. L’article paru le 7 juin 1937 se poursuit en ces termes : « On entendait alors quelque chose qui rappelait le Paradis perdu d’Igor Markevitch, auquel M. Jolivet fait penser par ses tentatives orgueilleuses et son complexe beethovénien, mais dont il est cependant bien loin d’avoir l’aisance et l’éblouissante qualité. Il nous révèle, dans ses chants, son angoisse de ne pas trouver " le mot capable d’éveiller la sympathie des hommes ". Il aurait tort de continuer à le chercher sur la route où il s’est engagé : elle ne délivre que l’enflure, le bavardage et l’ennui. Et, de plus, elle n’est pas en France et éloigne de la musique ».
429 Jolivet n’a pas reçu de commande pour participer aux réalisations musicales qui ont accompagné les Fêtes de l’eau et de la lumière et laisse paraître une certaine amertume.
430 Vicente Huidobro (1893-1948), poète chilien qui arriva à Paris en 1916. « Dénationalisé », il se mit à écrire en français. Sur l’un de ses poèmes, La Chanson de Là-Haut, Varèse a composé la première partie de son œuvre Offrandes. Huidobro fonda avec Pierre Reverdy le mouvement « créationniste ». Jolivet a lui-même mis en musique des poèmes des deux poètes.
431 Voir programme dans les documents ci-joints.
432 Suzoy, compositeur du XIVe siècle, École de Bourgogne.
433 Tomas Luis de Victoria (1548-1611), organiste et compositeur espagnol, (DBM, p. 4406).
434 Heinrich Schütz (1585-1672), compositeur allemand (DBM, p. 3770) prévu mais non programmé au concert du 24 avril (note 1).
435 Henry Prunières (1886-1942), musicologue français qui a fondé la Revue musicale en 1920 (DBM, p. 3301).
436 Concert donné avec la participation de « THE GREATER NEW YORK CHORUS » sous la direction de Varèse. Au programme : Victoria, Couperin, Andreas Hammerschmidt, Ludovico Viadana, Bruckner. Au verso du programme, liste des sponsors (Voir programme dans les documents ci-joints).
437 Ces renseignements correspondent aux annotations de Jolivet portées sur la lettre précé dente du 28 novembre 1944.
438 L’œuvre est inscrite au concert du 5 juin 1945 donné au profit des enfants de France ; la lettre du 15 mai 1945 (voir supra n° 78) est écrite au verso du programme.
439 Voir note 11 de la lettre 19.
440 Mot mis pour « épineux » ?
441 Voir Introduction, note 26.
442 Arthur Lourié (1892-1966), compositeur américain d’origine russe ; Varèse l’avait connu en Allemagne : en 1922, il faisait partie du Comité directeur de la section allemande de l’International Guild of Composers présidée par Ferruccio Busoni. Ils s’étaient retrouvés à Paris où Lourié vivait depuis 1924. En 1930, ils participèrent à une Table ronde sur la mécanisation future de la musique qui réunissait aussi Ribemont-Dessaignes – qui fit publier le texte de l’intervention de Varèse dans le numéro 5 de la revue Bifur –, Vicente Huidobro, Ungaretti, Alejo Carpentier et Robert Desnos (dans Fernand Ouellette, op. cit., p. 115). C’est en 1941 que Lourié a émigré aux États-Unis.
443 Photos prises à Madrid en 1933 lors du séjour en Espagne avec les Jolivet.
444 Voir programme dans les documents ci-joints.
445 Autour de Sullivan Street dans Greenwich Village, les échoppes italiennes sont fort nombreuses.
446 Cette lettre ne figure pas dans les Archives Jolivet.
447 Voir Archives Jolivet.
448 Virgil Thomson (1896-1989), compositeur et critique musical américain (DBM, p. 4219).
449 Pièce de Paul Claudel dont Jolivet a dirigé la musique de scène d’Arthur Honegger depuis la création à la Comédie-Française, dans la mise en scène de Jean-Louis Barrault, fin 1943
450 André Jolivet, « Paris Listening Post » dans Listen, The guide to good music, november 1945, p. 8 (Archives Jolivet).
451 Il s’agit de la Premiere Sonate pour piano de Jolivet écrite en hommage à Béla Bartók qui vient de disparaître.
452 Françoise a un frère aîné, Claude.
453 Irène Joachim et Jean Gehret étaient mariés depuis 1937 (dans Brigitte Massin, Les Joachim, une famille de musiciens, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1999).
454 Mis pour Désormière.
455 Albert Wolff (1884-1970), chef d’orchestre français. Il ne restera directeur de l’Opéra-comique que pour la saison 1945-46.
456 Jacques Ibert (1890-1962) a été directeur de la Villa Médicis de 1937 à 1960 avec une interruption entre 1940 et 1946.
457 Madame Guighy, plusieurs fois citée dans cette correspondance.
458 André Souris (Marchienne-au-Pont, Hainaut, 1899-Paris, 1970) chef d’orchestre, musicologue et compositeur belge (DBM, p. 3944) membre de la SIMC (lettres des 6 et 11 février 1947, Archives Jolivet).
459 Robert Franc était marié à Mildah Polia, chanteuse (mezzo-soprano). D’après quelques lettres conservées dans les Archives Jolivet, ils sont allés s’installer aux U.S.A. vers 1939/1940 et sont revenus vivre à Paris en 1967.
460 Yves Le Rouzic, producteur d’émissions radiophoniques.
461 Ginette Martenot (1902-1996), ondiste, sœur de l’inventeur des ondes Martenot ; elle jouera, à cette époque, le Concerto de Jolivet aux États-Unis sous la direction de Charles Münch, le chef d’orchestre français (1891-1968).
462 Il s’agit de la musique pour La lueur qui s’éteint, un documentaire du Docteur Thévenard.
463 Ce texte conservé par Jolivet, ainsi que la lettre adressée à la Radio, sont publiés en Annexes.
464 Il s’agit probablement de Jean-Pierre Rampai qui avait obtenu son premier prix de flûte au Conservatoire de Paris en 1944 avec le Chant de Linos de Jolivet.
465 Alfred Sauvy (1898-1990), démographe et économiste français, et son épouse Marthe.
466 Le quatuor Pascal était constitué de Léon Pascal et Jacques Dumont, violons, Maurice Crut, alto et Robert Salles, violoncelle. Jolivet leur a dédié son Quatuor à cordes.
467 Son séjour annoncé en 1945 (lettre n° 79) semble avoir été remis.
468 Voir Archives Jolivet.
469 Il s’agit de deux articles parus sur Varèse : Paul Rosenfeld, « We want Varèse », dans Twice a Year, n° VII, automne-hiver 1941, p. 255-258 et Kurt List, « Edgar Varèse, musicien », dans la revue Listen, 1948.
470 Jolivet avait été chargé de présenter Varèse à la classe de Messiaen au Conservatoire.
471 Mrs Arthur M. Reis a été la secrétaire générale de l’International Composers’ Guild pendant sa deuxième saison (1922-23) de concerts. Les répétitions avaient lieu chez elle et les concerts au Klaw Theater. Elle a été l’un des six membres qui firent sécession en 1923 pour fonder la League of Composers (dans Louise Varèse, ALGD, pp. 177 sqq.).
472 Jolivet a composé le Ballet des étoiles et la Pêche miraculeuse pour les ballets de marionnettes de Jacques Chesnais, enregistrés en 1942 sous la direction de Roger Désormière et parus chez Florilège.
473 Œuvre composée par Jolivet en 1940 et enregistrée sur disque par Pierre Bernac sous la direction de Charles Munch en 1947 (disque Gramophone).
474 Il s’agit des 3 Talas pour piano et orchestre, œuvre créée le 14 février 1948 (DBM, p. 2749).
475 À l’automne 1947, Varèse a subi une opération de la vésicule biliaire.
476 Walter Green.
477 Étaient inscrites au programme du concert donné à Budapest, des œuvres de Yves Baudrier (Le grand voilier), Olivier Messiaen (Les offrandes oubliées), Henri Barraud (Concerto pour piano, soliste : Françoise Gobet) et André Jolivet (Cinq danses rituelles) (Archives Jolivet).
478 À chacun son orthographe !
479 Philippe et son frère François étaient directeurs des Éditions musicales Heugel à Paris qui, à cette époque, éditent les œuvres de Jolivet.
480 René Le Roy (1898-1985), flûtiste français. Il a fondé avec le harpiste Pierre Jamet le Quintette instrumental de Paris. Il a vécu aux États-Unis de 1940 à 1951 (DBM, p. 2389).
481 Varèse, en 1948, a donné une série de cours de composition à la Columbia University de même qu’une série de conférences sur la musique du XXe siècle (dans Fernand Ouellette, op. cit., pp. 178 sqq.).
482 Hilda Jolivet a, à la sortie de la guerre, participé à plusieurs séries d’émissions radiophoniques.
483 L’intervention a eu lieu à l’automne 1947.
484 Fred Goldbeck était marié à la pianiste Yvonne Lefébure (1898-1986).
485 Il s’agit de la lettre précédente datée du même jour (n° 86).
486 « Cher Mr. Jolivet, Je descends à l’hôtel Royal, avenue Friedland et serais heureux que vous me fassiez signe. Je parle peu le français. H.K. »
487 Voir lettre n° 85.
488 Dominique Modesti, chanteur et peintre, ami de longue date de Jolivet. Ils ont fait connaissance quand ils étaient tous deux dans l’enseignement. Modesti a souvent interprété les œuvres de Jolivet ; il a notamment participé au deuxième concert Jeune France en 1937. Il a été le professeur en particulier des barytons Albert Lance et James Bonnefin. En tant que peintre, ses premiers vernissages datent de 1928 (invitation/catalogue dans Archives Jolivet) 1930 et 1931 (Agendas Jolivet). En décembre 1944, il a exposé à New York. La Revue de presse américaine rendant compte de cette exposition à la Galerie Arthur U. Newton, donne peu de renseignements biographiques : son lieu de naissance est pour les uns, Alger, pour les autres, la Corse. Tous sont d’accord sur son goût pour les voyages et citent ses séjours, au Brésil, en Australie et au Mexique.
489 Il s’agit de Guignol et Pandore, ballet de Serge Lifar sur une musique de Jolivet, créé en avril 1944 à l’Opéra de Paris.
490 Hopi Snake Dance, œuvre de Jolivet pour deux pianos écrite en 1948, dédiée à Darius Milhaud.
491 Personne non identifiée.
492 Paul Collaer (1891-1989), pianiste et musicographe belge. Il a organisé les concerts Pro Arte à Bruxelles qui ont été l’un des centres importants de la musique contemporaine (DBM, p. 812).
493 Il s’agit de la Magicienne de la mer, légende lyrique qui sera créée en 1954.
494 La fin de la lettre est écrite par Guighy.
495 Allusion au séjour commun Varèse-Jolivet en Espagne en août 1933.
496 Raymond Creuze dirige toujours sa galerie d’art et a fort aimablement accepté d’évoquer les souvenirs de sa relation avec Varèse. Le compositeur était à Paris pour la création de son œuvre Déserts et il assista à l’inauguration de cette galerie en novembre 1954. Inauguration saluée dans L’information artistique par le texte suivant, reproduit dans le Bulletin de la galerie Raymond Creuze n° I : « Une importante galerie s’ouvrira le 4 novembre, 12, rue Beaujon, Paris 8e. Cette galerie s’intitulera : Galerie R. Creuze, Salle Balzac, pour la distinguer de la galerie existant déjà avenue de Messine. Elle ouvrira ses portes avec une rétrospective du peintre Alfred Le Petit [...] Le peintre sera présenté par une intéressante préface de Jean Cassou ».
C’est après la Seconde Guerre mondiale que Raymond Creuze avait été présenté au compositeur par des amis communs à New York, à une époque où il y séjournait plusieurs mois par an, autour de l’été indien. Il essayait de rétablir des échanges entre l’Europe et les États-Unis, cherchant à développer le marché de l’art. Entourés des amis de Varèse (Duchamp, Ozenfant, Bouchard, Ruggles, parmi tant d’autres) ils passèrent de nombreuses soirées ensemble. Varèse avait alors beaucoup insisté pour le convaincre de s’installer définitivement aux États-Unis. Il souhaitait que R. Creuze s’implique dans le tournage d’un film sur les déserts.
Des années plus tard, dans l’ouvrage écrit et publié par Raymond Creuze en 1984, consacré à Vera Cuningham, la célèbre femme peintre anglaise, Varèse est cité lors de l’évocation de la troisième exposition des « Amis de Montparnasse » à l’automne 1924 : « c’est le commissaire général, musicien d’avant-garde et peintre à ses heures Edgar Varèse qui invite Matthew Smith et Vera Cuningham à y participer avec lui. Quelques semaines plus tard, ils reçoivent Edgar Varèse à Londres ». Varèse est bien allé à Londres en 1924 pour entendre Hyperprism à un concert de la BBC, le 30 juillet. Dans l’ouvrage de Louise Varèse, il est bien fait mention du concert mais non d’une rencontre avec les deux peintres anglais.
497 Archives Jolivet.
498 Marie Laurencin (1885-1956), peintre et poétesse française. Elle réalisa en 1924 les décors du ballet de Poulenc, Les Biches.
499 Enregistrement du Quatuor à cordes de Jolivet par le Quatuor Pascal, disque Contrepoint.
500 Maigret mis pour Mégret.
501 Voir lettre de Jolivet à Varèse du 22 novembre 1948 (n° 88) : les Jolivet passent l’été à Carnac dans le Morbihan, non loin de La Trinité sur Mer où se trouvent les Le Flem.
502 Autre orthographe de Reis.
503 C’est l’époque où Villa-Lobos fait de fréquents séjours en France et aux États-Unis (DBM, p. 4415).
504 Il s’agit des Mages, deuxième mouvement des Pastorales de Noël de Jolivet, donné à New York (cf. répertoire tenu par Jolivet et réponse à Varèse de Jolivet du 12 novembre 1949, (n° 93)).
505 De Jolivet, Charles Münch a, en outre, dirigé les Trois complaintes du soldat et la Première Symphonie.
506 V.T., initiales mises pour Virgil Thomson dont l’article est paru dans le New York Herald Tribune du 10 novembre 1949 (Voir en annexes).
507 Maurice Martenot et sa sœur Ginette sont ensemble aux États-Unis.
508 Allusion au Concerto pour ondes Martenot, voir lettre précédente n° 92.
509 Voir en annexes.
510 Toutes les orthographes sont possibles !
511 Confirmation de la note 1 de la lettre n° 91.
512 Yvonne Loriod (née en 1924), pianiste française, seconde épouse d’Olivier Messiaen.
513 Ionisation et Octandre, avec Intégrales et Density 21,5 ont été enregistrées chez EMS sous la direction de Frederic Waldman.
514 Autre orthographe d’Hylda.
515 Les cinq, c’est-à-dire : André, Hilda et leurs trois enfants.
516 Il s’agit de Mana.
517 L’un des paquebots anglais qui assurait la liaison avec les États-Unis.
518 Concerto pour ondes Martenot et orchestre de Jolivet.
519 Charles Münch se réfère-t-il seulement au manque de temps inhérent à sa carrière et ne fait-il pas ici allusion aux difficultés personnelles qu’il a rencontrées à la fin de la guerre avec le Comité d’épuration, par exemple ?
520 Voir lettre collective du 15 décembre 1949, n° 94.
521 Ginette Martenot a rejoué le Concerto pour ondes Martenot de Jolivet le 4 février 1950 à Paris, avec l’orchestre de la Société des concerts du Conservatoire sous la direction d’André Cluytens.
522 En 1950, Jolivet est allé en Egypte lors d’une tournée de la Comédie française dont il était alors Directeur de la musique.
523 Voir infra, lettre n° 97 du 1er août 1950 écrite de Darmstadt.
524 Voir supra, lettre n° 78, note 4.
525 Yvette Grimaud, née en 1920, pianiste française, compositeur et ethnomusicologue (curriculum vitae dans Archives Jolivet). Elle a donné la première audition de la Première Sonate pour piano de Jolivet au 612e concert de la Société nationale de musique, le 31 janvier 1947.
526 Il s’agit du compositeur américain John Cage (1912-1992).
527 Varèse fait probablement allusion à la période 1938-1940, pendant laquelle il a résidé à Los Angeles (où habitait Schoenberg) et à San Francisco.
528 Mot signifiant « salutations, saluts ».
529 Varèse a été invité à donner des cours à Darmstatd par Wolfgang Steinecke. Celui-ci était devenu son élève peu après son arrivée à New York au printemps 1949 (dans Chou Wen-Chung, « Varèse : A sketch of the man and his music », The Musical Quaterly, vol. LII, N° 2, april 1966).
530 Voir lettre du 3 avril 1950, n° 96.
531 Il s’agit probablement de Robert Franc (voir lettre n° 81, note 1).
532 Abraham Skulsky, critique musical au New York Herald Tribune, proche de Varèse (dans Fernand Ouellette, op. cit., p. 193).
533 Concerto pour piano et orchestre de Jolivet enregistré par la pianiste française Lucette Descaves (1906-1993), créatrice de l’œuvre en juin 1951.
534 Rosalyn Tureck, née en 1914, pianiste, claveciniste et clavicordiste américaine qui a essentiellement consacré sa carrière à Bach ; elle a fondé en 1966 l’International Bach Society (DBM, p. 4294).
535 Jolivet a reçu une commande de l’orchestre de Louisville, quelques temps plus tard. Il s’agit de la Suite transocéane, créée en septembre 1955, sous la direction de Robert Whitney, directeur artistique de « The Louisville Orchestra » (1904-1986), celui que Varèse surnomme le « moine de Louisville ».
536 Concerto pour piano et orchestre de Jolivet donné le 5 janvier 1953 avec The National Orchestra Association de New York au Carnegie Hall (programme du concert dans Archives Jolivet).
537 Père Maurice J. Blanc.
538 Léon Barzin (1900-1999), chef d’orchestre américain né en Belgique (DBM., p. 268).
539 Philippe Entremont, né en 1934, pianiste et chef d’orchestre français (cf. Alain Pâris, Dictionnaire des interprètes, Robert Laffont, Collection Bouquins, Paris, 1995, p. 384).
540 C’est le Premier Concerto pour piano de Liszt qui était programmé.
541 Olin Downes (1886-1955), critique musical au New York Times depuis 1924 (DBM, p. 1059).
542 Mot signifiant : en hâte.
543 Pierre-Alain Jolivet a passé l’année universitaire 1954-55 aux États-Unis grâce à une bourse Fullbright.
544 Voir supra lettre n° 98, note 5.
545 Mot mis pour « commande ».
546 Voir supra lettre n° 98, note 5.
547 Lors de son séjour à Paris en 1954, Varèse est venu en visite chez les Jolivet. À cette occasion, il a fait connaissance des « cinq » (voir supra lettre n° 94, note 4).
548 Ces entretiens ont ensuite été publiés : Georges Charbonnier, Entretiens avec Edgard Varèse, Éditions Pierre Belfond, Paris, 1970.
549 Disque Columbia FCX 500 réalisé avec le flûtiste Fernand Dufrène, le trompettiste Roger Delmotte et l’Orchestre National de la R.T.F.
550 Hyperprism, pour 9 instruments à vent et 18 instruments de percussion, dont la création a eu lieu à New York le 4 mars 1923 sous la direction de l’auteur.
551 Pierre-Alain et les cadets : Christine et Merri.
552 Edward Tatnall Canby, « Epoch at Bennington », Harpers Magazine, New York, juillet 1955 (Archives Jolivet).
553 Il pourrait s’agir du Dr. Joseph-Charles Mardrus (1868-1949), auteur de Toute-puissance de l’adepte, livre publié en 1932 qui se trouvait dans la bibliothèque de Jolivet. Mais en 1955, le célèbre traducteur du Livre des Mille et une nuits et du Coran est décédé depuis quelques années.
554 Mot mis entre guillemets par Varèse.
555 Surnom pour Pierre-Alain Jolivet qui, en 1958, montera son premier spectacle théâtral au Théâtre du Moulin de la Galette à Paris – Mala de Jean Laugier – auquel Varèse a assisté.
556 Voir supra lettre n° 104, note 2.
557 Jolivet est, cet été-là, à Aix-en-Provence, ville du « bon Roi René » (voir carte postale précédente, n° 106).
558 Varèse vient de rentrer d’Europe. 1958 est l’année de l’Exposition de Bruxelles : Varèse et Jolivet s’y sont retrouvés (Pavillon Philips, ballets de l’Opéra de Paris et représentations de la Comédie française) ainsi qu’à Paris.
559 L’actrice en rouge dans Mala (voir supra lettre n° 104, note 2.) était Jacqueline Dano.
560 André, Hilda et Christine Jolivet ont passé de longs moments chez les Varèse pendant leur séjour à New York en juillet 1964.
Notes de fin
1 Saluez les 3 cours belloniennes et leur monarque mon ami Minou. Ne laissez pas ma couverture être la proie des matous.
2 il ne peut rien d’où il sort -
3 J’en fais d’ailleurs autant faute de renseignements depuis avoir quitté Barcelone.
4 Il est mieux que cela - C’est un portrait artistique.
5 [en haut de la page, à l’envers]
pour la partie de la Sirène qu’il ait l’obligeance de faire ce que je lui demande dans une lettre - et qu’il ne parte pas sans se consulter avec Cools.
6 [sur le côté gauche]
Mr. Bodansky que Fried connaît.
7 de naissance tchécoslovaque - compatriote de Martinu - et comme lui gentil.
8 Je vous en ai accusé réception en temps et lieu
9 [sur le côté gauche, à l’horizontale]
Il y a déjà quelques mois - auprès de personnes très qualifiées et compétentes -
10 [sur le côté gauche] et encore appuyés officiellement par le Gouv[ernemen]t
11 Je pense qu’une seule œuvre de ce genre existe - celle que d’Indy cite dans son traité d’orchestration -
12 [Envoyez s.v.pl. recommandé]
13 Naturellement avec meilleur souvenir au Vieux Paul et famille.
14 Ne jamais oublier l’A, afin d’éviter confusion ou analogie avec ces 2 initiales P.J. d’odeur fort nauséabonde -
15 Il va de soi qu’il n’a pas à user de tous les instruments - C’est le maximum que je considère au point de vue budget pour le concert ou [sic] son œuvre sera jouée - Enfin décidez vous 2 pour le mieux.
16 J’oublie les tournures françaises mais appréciez l’élégance décorative des ratures -
17 je souhaite le voir au programme
18 et qui vous fera remettre l’envoi - ou vous préviendra où le chercher -
19 un tas de trucs en train qui sommeillaient - Les élections vont remuer la vase - et puis plusieurs mouvements - auxquels je suis mêlé - sont en train de se déclancher [sic] -
20 Il ne parle pas français - mais je sais que Guighy est de première force en anglais - donc tout se tassera.
21 je ne peux fixer la date du cours que lorsque j'aurai reçu disques et partition.
22 (2 flèches indiquent plus précisément New Mexico et Arizona)
23 [sur le côté gauche, le renvoi]
surtout, à votre sujet, celle de Downes à qui je viens de téléphoner -
24 peut-être le trouverons-nous à Paris à notre retour.
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