Ballades de Löwe et lieder de Schumann
10 avril 1887 [n° 111]
p. 149-150
Texte intégral
1[...] Le récital de lieder de Monsieur Paul Bulss et de Madame Schuch-Proska suscita chez notre public un intérêt bien compréhensible. Le premier s’est déjà fait remarquer à la salle Bösendorfer en chanteur de lieder et de ballades de tout premier ordre et nous connaissons et apprécions la seconde comme l’une des soubrettes d’opéra les plus gracieuses et les plus charmantes. Son interprétation sans affectation et pleine de goût, son phrasé clair et ses inflexions raffinées confèrent aux lieder qu’elle chante un attrait tout à fait indicible, surtout lorsque Madame Schuch donne dans le genre humoristique, comme par exemple avec le « Wiegenlied » [Berceuse] de Löwe. En revanche, et à l’inverse de sa charmante partenaire à l’humeur enjouée, Monsieur Bulss s’est montré languissant, comme dans les fers de la plus profonde des mélancolies, donnant ainsi une expressivité vraiment saisissante à deux – ou plutôt à l’une1 – des plus magnifiques mélodies de Schumann, « Wer machte dich so krank » [Qui te rendit si malade] et « Alte Laute » [Vieux airs]. Mais il sortit bien vite de sa mélancolie et, dans « Les Deux Grenadiers », donné avec une beauté insurpassable, sa voix virile et conquérante de baryton fit tant d’impression que Monsieur Bulss dut bisser le lied pour apaiser le tonnerre des applaudissements. Cependant, nous devons adresser à Monsieur Bulss un reproche sérieux : celui de nous avoir privés cette fois-ci des ballades de Löwe. Un péché mortel, par omission peut-être, mais qui ne mérite aucun pardon.
2Musikverein, 4 avril 1887. Clementine Schuch-Proska (soprano) et Paul Bulss (baryton), accompagnés par Robert Erben et Sigmund Grünfeld (piano), avec Ignaz Brüll (piano) : R. Schumann, « Herbstlied » ; « Schön Blümelein ». A. Rubinstein, « Wanderers Nachtlied ». I. Brüll, Berceuse. F. Chopin, Ballade en la bémol majeur. F. Mendelssohn, « Das erste Veilchen ». R. Schumann, « Die Mondnacht ». R. Volkmann, « Die Bekehrte ». R. Schumann, « Wer machte dich so krank », « Alte Laute » ; « Die beiden Grenadiere ». J. Brahms, « Sandmännchen ». I. Brüll, « An einen Schmetterling ». F. Löwe, « Die Mutter an der Wiege ». A. Zarzycki, « Zwischen uns ist nichts geschehen ». A. Bungert, « Loreley ». H. Brückler, « Hell schmetternd ruft die Lerche ». A. Förster, « Ich liebe dich ». F. Liszt, Paraphrase sur la ronde des lutins et la marche nuptiale du Songe d’une nuit d’été de Mendelssohn. C. Reinecke, « Mailied » ; « Keine Sorg’um den Weg ».
Notes de bas de page
1 Ces deux lieder qui se suivent dans l’opus 35 de Schumann sont composés sur la même mélodie.
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