1 Dans une publication partielle de cette lettre, E. Hilmar a lu le mot « Betrachtungen » [« considérations »] au lieu de « Bestrebungen » [« aspirations »]. (Catalogue de l’exposition commémorative, Vienne, 1974, p. 217).
2 Il s’agit de la prépublication, Oktaven-und Quintenparrallelen [Octaves et quintes parallèles], tirée du Traité d’harmonie de Schoenberg, dans la revue Musik, 1910, pp. 97-105. Voir note 3 et commentaires de Kandinsky p. 209 du présent ouvrage.
3 Vladimir Alexeevitch Izdebsky (Kiev, 1882 – New York, 1965), sculpteur russe et organisateur d’importantes expositions. Il étudia la sculpture tout d’abord à Odessa, et, dès 1903, chez Wilhelm von Rumann à la Kunstakademie de Munich. Il y fit la connaissance de Kandinsky ; il est possible qu’ils se soient connus à Odessa déjà, où Kandinsky habita jusqu’en 1885 auprès de sa famille et où il revint souvent en visite plus tard, mais cela n’est pas certain. En 1905, Izdebsky lutta contre les pogroms juifs et fut pour cela expulsé en 1907 du pays après un séjour en prison. Il se rendit ensuite à Paris, et étudia à l’École des Beaux-Arts. En 1909, il revint à Odessa et organisa en décembre une exposition internationale réunissant presque huit cents œuvres de peintres russes, y compris de ceux vivant à Munich, comme Kandinsky, Jawlensky, Werefkin ; il y en avait également de Balla, Gleizes, Matisse, Rousseau, Kubin, Münter et de nombreux autres peintres d’Europe occidentale. Après Odessa, l’exposition eut lieu également à Kiev et à Saint-Pétersbourg. Dans sa seconde exposition (1910-1911), comprenant quatre cent quarante tableaux, il présenta cinquante-trois œuvres de Kandinsky, à nouveau avec d’autres œuvres de ses collègues de la « Neue Künstlervereinigung » de Munich ainsi que de la nouvelle avant-garde russe, des frères D. et V. Burljuk, M. Larionov, N. Goncarova, V. Tatlin, A. Ekster, etc. Aussitôt après avoir reçu un album avec des photos de tableaux de Schoenberg, Kandinsky lui demanda s’il ne voulait pas aussi y envoyer quelques tableaux (voir lettre du 6.2.1911). Cela ne put avoir lieu. Mais la prépublication de l’ouvrage de Schoenberg, Oktaven-und Quintenparallelen, tiré du Traité d’harmonie, eut lieu comme le désirait Kandinsky, dans le catalogue de l’exposition. Comme Kandinsky l’écrit plus loin dans sa lettre à Schoenberg, le catalogue contient de nombreux articles intéressants : « Contenu et forme » de Kandinsky, « La Ville du futur » de V. Izdebsky, des propos sur l’art de Nikolaï Kulbin, une étude comparative très approfondie : « Harmonie dans la peinture et dans la musique » de Henri Rovel, « Pour une philosophie de l’art contemporain » de A. Grinbaum, un poème de Leonid Grossman, etc. Avec son intention de dépasser les problèmes spécifiques aux arts visuels, ce catalogue a pu inspirer Kandinsky pour son almanach Der Blaue Reiter [Le Cavalier Bleu]. De même que Schoenberg et Kandinsky, Izdebsky fut aussi intéressé par les problèmes du théâtre ; il se produisit même comme acteur, de 1911 à 1913. Dès 1913, il vécut à nouveau à Paris, puis à partir de 1918 à Saint-Pétersbourg ; retour à Paris en 1920, et enfin, de 1941 à sa mort en 1945, à New York où il travailla la sculpture.
4 Il s’agit ici de Über das Geistige in der Kunst [Du spirituel dans l’art, op. cit.], qui parut fin 1911 (daté de 1912) aux éditions Piper, Munich.
5 Gabriele Münter (Berlin, 1877 – Murnau, 1962), peintre allemande, élève dès 1902 à l’école de peinture de Kandinsky « Phalanx » à Munich, membre de la « Neue Künstlervereinigung München ». Expositions au « Blaue Reiter », au « Sturm » de Herwarth Walden à Berlin, etc. De 1904 à 1914, compagne de Kandinsky. Ils voyagèrent beaucoup dans les premières années. En 1909, en plus de l’habitation qu’ils avaient en commun à Munich, ils achetèrent une maison à Murnau où ils vécurent généralement l’été. Après leur séparation en 1914, Münter séjourna en Suède et au Danemark. De 1932 à sa mort, elle vécut à nouveau dans la maison de Murnau.
6 Franz Marc (Munich, 1880 – mort au champ de bataille de Verdun, 1916). Peintre et graphiste allemand. Après des études de philosophie et de théologie, il fréquenta la Kunstakademie de Munich et devint peintre. Après avoir vu en 1910 la deuxième exposition de la « Neue Künstlervereinigung München », il devint membre du groupe le 6.2.1911 et se lia bientôt d’amitié avec Kandinsky. À la fin de 1911, il transmit l’ouvrage théorique de celui-ci, Du spirituel dans l’art, à l’éditeur Reinhard Piper. Marc se sépara du groupe « Neue Künstlervereinigung » par solidarité avec Kandinsky et organisa avec lui l’exposition du « Blaue Reiter » et l’almanach du même nom, publié en 1912 (également chez Piper).
7 Schoenberg a très probablement envoyé à Kandinsky deux exemplaires du numéro de la revue viennoise Der Merker, qui lui est presque entièrement consacré (Oesterreichische Zeitschrift für Musik und Theater, R. Batka et R. Specht (éds), juin 1911). Il contient, outre deux partitions, des reproductions de sept de ses tableaux (deux portraits, un paysage, l’autoportrait de derrière et trois Phantasien und Visionen, le premier tirage du drame avec musique Die glückliche Hand, une prépublication tirée du Traité d’harmonie, « Ästhetische Bewertung sechs-und mehrtöniger Klänge » [« Appréciation esthétique d’agrégats sonores de six sons et plus »], ainsi que des essais sur Schoenberg par Karl Linke, Paul Stephan, l’éditeur de la revue Richard Specht, et par Rudolf Réti.
8 Avec cette remarque du 10.9.1911 : « Cette fois-ci, je n’irai pas chez Strauss ! » la question – posée dans la dernière biographie importante de Schoenberg (Hans Heinz Stuckenschmidt, op. cit., p. 67) – de savoir si Schoenberg a répondu à l’invitation de Strauss de lui rendre visite entre le 2 et le 6 septembre à Garmisch, est résolue. Richard Strauss (Munich, 1864 – Garmisch, 1949) compositeur résolument « progressiste » d’œuvres symphoniques et d’opéras, dont Salome et Elektro, fit la connaissance du jeune Schoenberg en 1901 lors de son premier séjour à Berlin et lui procura une bourse et une place d’enseignement au Conservatoire Stern. Schoenberg lui doit aussi l’inspiration pour son poème symphonique opus 5 Pelleas und Melisande (1902), d’après le drame de Maurice Maeterlinck. Dans son Traité d’harmonie encore, Schoenberg désigne le plus souvent, à côté de Mahler, Strauss comme « le plus grand Maître de notre temps » ; mais, de la part de Strauss surtout, la relation commença à se détériorer nettement dès 1909 (parallèlement à l’éloignement de Schoenberg de la tonalité). Il refusa de diriger les Pièces pour orchestre opus 16 (1909), les trouvant trop osées et ne voulut pas accepter les explications de Schoenberg selon lesquelles il ne s’agissait que de sonorité et d’atmosphère, sans rien de symphonique, mais tout le contraire, aucune architecture, aucune construction, rien qu’une suite ininterrompue, éternellement changeante de couleurs, de rythmes et d’atmosphère ; sa musique s’approcherait toujours plus des principes de la nouvelle peinture ! Strauss aurait dit plus tard de Schoenberg que seule la psychiatrie pourrait lui venir en aide et qu’il ferait mieux de pelleter la neige plutôt que de gribouiller du papier à musique. Alma Mahler rapporta ces propos à Schoenberg et acheva ainsi de détruire la relation entre les deux compositeurs.
9 Maria Marc, femme de Franz Marc (voir note 6). August Macke (Meschede/Ruhr, 1887 – tombé en 1914), peintre ami de Marc et Kandinsky, collaborateur au « Blaue Reiter ». Elisabeth Macke, sa femme.
10 Dans le calendrier, il s’agit vraisemblablement de « Probleme des Kunstunterrichts » [« Problèmes de l’enseignement artistique »], Musikalisches Taschenbuch, 2, 1911.
11 Oskar Kokoschka (Pochlarn, 1886 – Villeneuve, 1980), l’un des fondateurs de l’expressionnisme dans la peinture et dans l’art dramatique. Il vécut tout d’abord à Vienne où ses peintures et la représentation de deux de ses drames en 1907 firent scandale. Schoenberg l’appréciait beaucoup (voir la note dans son journal berlinois du 2.2.1912, « Kokoschka est authentique », A. Sch., Berliner Tagebücher, Josef Rufer (éd.), Berlin, 1974, p. 15 [Traduction française de Gabrielle Gabin Guggenheim : Journal de Berlin, op. cit.])
12 « Problèmes de pédagogie », voir note 24 de l’article de Jelena Hahl-Fontaine.
13 Alban Berg (Vienne, 1885 – Vienne, 1935). Compositeur autrichien, élève de Schoenberg de 1904 à 1911, et l’un de ses plus fidèles amis. Il organisa et édita la publication commémorative Arnold Schönberg, Munich, 1912. Il est avec Schoenberg l’un des représentants les plus importants de la musique atonale et dodécaphonique. Ses œuvres les plus célèbres sont les opéras Wozzeck (1926) et Lulu [dédié à Schoenberg] (1937). Voir aussi W. Reich, Alban Berg, Vienne, Reichner, 1957.
14 Arnold Rosé (Jassy/Roumanie, 1863 – Londres, 1946) fut dès 1881 et pendant cinquante-sept ans, premier violon de la Philharmonie de Vienne ; il fonda en 1883 le quatuor portant son nom et défendit toujours la cause de la musique contemporaine, en particulier d’Arnold Schoenberg. Ce dernier travailla volontiers avec lui ; c’est ainsi qu’à l’occasion de la première exposition de tableaux de Schoenberg qui eut lieu le 12 octobre 1910 au salon d’art Heller, à Vienne, Rosé interpréta ses quatuors à cordes (voir P. Stephan, « Soirée Schönberg », Der Merker, 2, 1910, p. 79) ; il réalisa la première exécution du Deuxième Quatuor à cordes opus 10 à Vienne et joua également lors du concert Schoenberg de janvier 1911 à Munich, auquel assista Kandinsky. On peut lire dans ses lettres combien Schoenberg prisait les interprétations très fidèles et parfaites de Rosé (Pierpont Morgan Library, New York).
15 Cette lettre a déjà été publiée par J. Rufer dans Das Werk A. Schönbergs, Kassel, Bärenreiter, 1959, p. 179 : Rufer n’a pas pu déchiffrer le nom « Le Fauconnier » et a écrit « Le Fanesmil (?) ». Le peintre français Le Fauconnier (1881-1946) avait exposé avec Kandinsky en 1910 chez Izdebsky à Odessa (voir note 3). Depuis lors, Kandinsky était resté en termes amicaux avec lui, l’invitant par exemple à la deuxième exposition de la « Neue Künstlervereinigung » de Munich et lui demandant d’écrire une introduction dans le catalogue de l’exposition ; à l’occasion de la préparation de l’almanach Der Blaue Reiter, il en fit le représentant pour la France, comme il ressort de leur correspondance (voir fonds Kandinsky, Fondation G. Münter et J. Eichner, Munich). Voir : J. Romains, Le Fauconnier, Paris, 1927 ; catalogue de l’exposition Le Fauconnier, Amsterdam, 1959.
16 L’article prévu de la musicologue russe Nadejda Brioussova, « La Musicologie, son cheminement historique et son état actuel », n’a finalement pas été retenu pour le Blaue Reiter. La première épreuve et la traduction en allemand de Thomas von Hartmann (voir note 28) se trouvent dans le fonds Kandinsky (Fondation G. Münter et J. Eichner).
17 J. Rufer (voir note 15) a lu « meine » au lieu de « reine » [« pure »].
18 J. Rufer (voir note 15) a lu « Den materialisierten » au lieu de « Dematerialisieren ». – Deux phrases plus haut, il a placé une virgule avant « überhaupt » au lieu de la placer après. On lit donc la phrase de Rufer : « Diese ‘Phantastik’ liebe ich sehr, überhaupt nach Ihren Bildern ganz besonders » au lieu de la phrase juste : « Diese ‘Phantastik’ liebe ich sehr überhaupt [,] und in Ihren Bildern besonders. »
19 J. Rufer (voir note 15) a lu « interpretiert » [« interprété »] au lieu de « interessiert ».
20 Le Katalog der Neuen Secession Berlin e. V 4. Ausstellung. Gemälde. 17.11.1911/31.1.1912, désigne quatre toiles de Kandinsky : Komposition 4, Akt, Romantische Landschaft et Improvisation n° 18.
21 Dans le quotidien Münchener Neueste Nachrichten paru le 6.12.1911, à la page 3, une courte note (sans signature) sur un concert comprenant des œuvres de Schoenberg, Mandl et Sekles : « Une soirée de musique nouvelle donnée par l’excellent Quatuor Rebner permit aux Leipzigois d’entendre le Quatuor en ré mineur opus 4 du jeune Viennois Arnold Schoenberg [il s’agit ici de l’opus 7, l’opus 4 étant en fait le sextuor Die verklärte Nacht]. Par ses harmonies extrêmement hardies et son contrepoint audacieux, liés à la beauté du son, l’œuvre de Schoenberg suscita le plus grand intérêt, même si l’imagination s’épanche au long d’un seul mouvement qui dure plus d’une demi-heure. »
22 Emil Nolde (de son vrai nom E. Hansen, 1867-1956), peintre expressionniste allemand connu par ses aquarelles et ses peintures à l’huile richement colorées. Il étudia en 1899 auprès de A. Holzel à Dachau près de Munich ; de 1906 à 1907, il fut membre du groupe « Die Brücke », fondateur en 1910 de la « Neuen Secession Berlin ». Après 1918, il vécut alternativement à Berlin et à Seebüll. À partir de 1933, il fut interdit de peindre. Voir Ε. N., Das eigene Leben, Cologne, Du Mont-Schauberg, 1967, 3e éd. Jahre der Kämpfe, Cologne, Du Mont-Schauberg, 1967, 2e éd. ; Briefe, MacSauerlandt (éd.), Hambourg, Furche, 1967 (reprise de l’édition de 1927).
23 Peintre et graphiste tchèque tout d’abord influencé par l’impressionnisme, Bohumil Kubišta (Vilêkovice, 1884 – Prague, 1918) s’intéressa à Münch et à Cézanne et travailla dans le style cubiste et futuriste. Il joua également un rôle en tant que théoricien et animateur des artistes praguois. Voir F. Kubišta, B. K., Brunn, 1940 ; Hlavá ek, ivotni Drama B. K., Prague, 1968.
24 Sans doute Picasso, qui produisit en 1905 toute une série d’images de cirque, par exemple Les Saltimbanques, Arlequin et sa famille. Plus tard, il utilisera encore volontiers ces thèmes.
25 Albert Paris von Gütersloh (de son vrai nom Albert Konrad Kiehtreiber, Vienne, 1887 – Bad Ischl, 1973). Écrivain et peintre autrichien, tout d’abord acteur, entre autres chez Reinhardt à Berlin. En juin 1912, il transmit vingt-trois tableaux de Schoenberg à une exposition à Budapest dans laquelle étaient également exposées des toiles de Schiele, Kolig et Faistauer. Gütersloh écrivit un essai sur la peinture de Schoenberg pour le recueil Arnold Schönberg édité par Alban Berg, Kandinsky et d’autres (Munich 1912). Voir A. P. von Gütersloh zum 75. Geburtstag. Autor und Werk, Munich, 1962. Catalogue de l’Albertina, Α. P. Gütersloh, H. Hutter (éd.), Vienne, 1970 (contient une bibliographie détaillée).
26 Adolf Loos (Brün, 1870 – Vienne, 1933). Architecte autrichien marquant, dans le courant du « Jugendstil » et du « Style international » ; il participa à l’avant-garde viennoise, fut l’ami de Karl Kraus et Oskar Kokoschka. Dans son refus de l’ornement accessoire, masquant la construction (article « Ornament und Verbrechen » [« Ornement et crime »], 1908), il se tint proche des idées de Kandinsky et de Schoenberg. Celui-ci fit sa connaissance en 1895 et fut lié d’amitié avec lui de 1905 environ jusqu’à sa mort en 1933. Schoenberg écrivit un article pour la publication commémorative à l’occasion du soixantième anniversaire de Loos. Voir Franz Glück, « Briefe von A. Schönberg an A. Loos », Oesterreichische Musikzeitschrift, 10, 1919, pp. 8-20 ; A. Loos, Schriften, F. Glück (éd.), Vienne, 1962, 1er vol.
27 Kandinsky pensait à la deuxième exposition (1912) du « Bubnovy Valet » (Karo Bube) à Moscou, l’une des expositions internationales les plus importantes de l’avant-garde russe.
28 Heinrich Thannhauser, marchand d’art et propriétaire d’une galerie munichoise. Dans sa « Moderne Galerie » de Theatiner Straße eurent lieu en décembre 1909, la première exposition, et en septembre 1910, la deuxième, de la « Neue Kunstlervereinigung München », puis en décembre 1911 – janvier 1912, la première exposition du « Blaue Reiter ».
29 Thomas von Hartmann (Koru evka/Ukraine, 1885 – Princeton, 1956). Compositeur russe ; il étudia chez Taneev et Arensky, acheva ses études au Conservatoire de Moscou et acquit une gloire précoce comme compositeur du ballet Die Pupurblume au Théâtre de la Cour de Saint-Pétersbourg. Dès 1908, il étudia chez Felix Mottl à Munich. Il y connut Kandinsky, avec qui il se lia d’amitié et expérimenta, de 1908 jusqu’en 1911-1912, le « Bühnengesamtkunstwerk » [« Œuvre d’art total pour la scène »]. Il composa la musique de la composition scénique de Kandinsky Der gelbe Klang. Sa parenté spirituelle avec Kandinsky, parfois même sa dépendance à l’égard de celui-ci, ressort très clairement de son article sur l’anarchie en musique dans le Blaue Reiter. Ils partagèrent en particulier le même intérêt pour les questions mystiques et théosophiques ; Hartmann s’engagea cependant beaucoup plus et fut affilié toute sa vie à l’austère secte soufie de l’Arménien Gurdjeff. Ce fait entrava peut-être sa carrière de compositeur ; en effet, dans la communauté d habitation et de travail (établie dès 1922 à Fontainebleau près de Paris), on s’adonnait avant tout à des exercices de gymnastique et de concentration, à l’artisanat et au jardinage ; de plus, il écrivit de la musique de film sous un pseudonyme pour les besoins de la communauté. Voir Th. von Hartmann, Our Life with Mr. Gurdijeff, New York, 1964). En 1919, Hartmann devint directeur du Conservatoire de Tiflis ; dès 1922, il vécut près de Paris et fut étroitement lié à Kandinsky jusqu’à la mort de celui-ci en 1944. En 1950, il s’installa à New York et mourut en 1956 à Princeton. Sa musique de chambre, ses symphonies, ses opéras et ses ballets (édités chez Boosey & Hawkes, New York et Paris) sont demeurés peu connus.
30 ARS : mouvement artistique progressiste fondé au début de l’année 1911 à Saint-Pétersbourg, composé de huit sections indépendantes (musique, dirigée par A. Drozdov ; peinture et sculpture, par N. Koulbine ; théâtre, par N. Evreïnov ; chorégraphie, par M. Fokine ; etc.). Son dessein était de réaliser le rapprochement et finalement la synthèse des arts. Du fait que ce mouvement ne dépassa jamais le stade du début, il n’est mentionné nulle part dans la littérature. Son existence est connue par des écrits non publiés de Koulbine. Le 10.10.1911, Koulbine écrivit à Kandinsky que les musiciens qu’il avait proposés (en premier lieu Schoenberg) étaient invités à l’ARS en tant que membres, et qu’il en avait informé Drozdov et Karatygine.
31 Sergeï Aleksandrovitch Koussevitzky (Tver, 1874 – Boston, 1951). Chef d’orchestre, éditeur de musique et compositeur russe. Il s’établit en 1905 à Berlin, où il fonda en 1909 une maison d’édition musicale russe. Il obtint les droits pour Scriabine, puis pour Stravinsky, Prokoviev et Rachmaninov. En 1909, il revint à Moscou, où il fonda l’orchestre portant son nom, avec lequel il réalisa entre autres la première du Prometheus de Scriabine. Il quitta la Russie en 1921 et vécut ensuite à Boston.
32 Schoenberg cite ici l’article « Selbstrezension » [« Compte rendu de moi-même »], de Ferruccio Busoni, paru dans la revue Pan, 2, 1912, pp. 327 sqq., et l’ouvrage de Busoni, Entwurf einer neuen Ästhetik des Tonkunst, op. cit.
33 Reinhard Piper (Penzlin, 1879 – Munich, 1953), fondateur des éditions Piper and Co., Munich. Il imprima, fin 1911, Über das Geistige in der Kunst de Kandinsky ; en 1912, l’almanach Der Blaue Reiter ; la publication commémorative Arnold Schönberg et, en 1913, le recueil de poèmes en prose de Kandinsky, Klänge.
34 La date est illisible, mais le télégramme fut probablement envoyé le 29.2.1912 à Prague où Schoenberg dirigeait, outre la Symphonie en sol mineur de Mozart et une œuvre de Mahler, son Pelleas und Melisande. Alban Berg écrit le 19.2.1912 à Kandinsky qu’on devrait faire à Schoenberg, à cette occasion, la surprise de cette publication commémorative (Arnold Schönberg, A. Berg et al. (éds), Munich, 1912), et lui demande s’il pourrait venir aussi. « Je sais que Schoenberg serait extrêmement heureux si vous veniez. » (lettre appartenant à la Fondation G. Münter et J. Eichner). Le 25 février, Kandinsky répond qu’il voudrait envoyer un télégramme de félicitations et demande à Berg l’adresse de Schoenberg à Prague (lettre provenant du Fonds Alban Berg, Collection musicale de la Bibliothèque Nationale, Vienne).
35 Gustav Mahler (Kaligt/Tchécoslovaquie, 1860 – Vienne, 1911), compositeur et chef d’orchestre autrichien. Schoenberg fit sa connaissance par Arnold Rosé (voir note 13), qui avait épousé la sœur de Mahler. Dans le discours de Prague mentionné (voir le recueil Gustav Mahler, Tübingen, 1966), il le désigne comme l’un des plus grands hommes et artistes. Mahler appréciait également Schoenberg : voir la lettre de recommandation non datée (1910), catalogue de l’exposition commémorative A. Schönberg, Vienne 1974, p. 224, n° 185.
36 Franz Stadler (1877-1959), historien d’art, a enseigné de nombreuses années à l’Université de Zurich.
37 Joseph August Lux, (1871-1947), né à Vienne, écrivain et journaliste ayant vécu ensuite à Munich ; il écrivit des romans, des guides de voyage, des livres sur l’art, puis également, dès les années vingt, des livres sur la musique. Kandinsky fut par la suite déçu par Lux : le 3.2.1914, il écrivit à Walden qu’il ne voulait plus rien avoir à faire avec Lux (Staatsbibliothek Preussischer Kulturbesitz).
38 Hans Goltz, propriétaire d’une galerie d’art munichoise comprenant un espace d’exposition et une édition ; il organisa en mars 1912 la deuxième exposition du « Blaue Reiter ».
39 Recueil Arnold Schönberg, A. Berg, V. Kandinsky et al. (éds), Munich, 1912.
40 Schoenberg a finalement interverti l’ordre des noms.
41 J. A. Lux (voir note 41). On ne peut que supposer quel livre de Lux Kandinsky envoya à Schoenberg ; parmi les livres parus avant 1912, il y a : Volkswirtschaft des Talents. Grundsätze einer Volkswirtschaft der Kunst, 1906 ; Der Geschmack im Alltag, 1908 ; Das neue Kunstgewerbe, 1908 ; moins vraisemblablement : Die Kunst der Amateurphotographie, 1910, ou le livre édifiant Der Wille zum Glück, 1909.
42 Alexandre Scriabine (Moscou, 1872 – Moscou, 1915), pianiste virtuose et compositeur russe. En même temps que Kandinsky et Schoenberg, il conçut le projet d’une œuvre d’art total : une symphonie, Prométhée, avec chœurs et clavier de couleurs (1909-1910) en formait le début. Ses Mystères dont il eut plus tard le projet devaient intégrer, outre la musique et les autres arts, le bruissement des arbres, le lever et le coucher du soleil, des parfums, etc., et durer plusieurs jours. Rien de cela ne fut réalisé. Kandinsky s’intéressa à Scriabine et imprima un article de son biographe Leonide Sabaneev dans le Blaue Reiter.
43 « Vosstante » [« Tante Voss »] était un sobriquet couramment utilisé pour le Vossische Zeitung, « Königlisch privilegierte Berlinische Zeitung von Staats-und gelehrten Sachen ».
44 Franz Schreker (Monaco, 1878 – Berlin, 1934), compositeur autrichien ; en 1912, professeur de composition à l’Akademie der Tonkunst à Vienne où il exécuta avec un grand succès les Gurrelieder de Schoenberg. La même année, il écrivit son opéra sur son propre livret Der ferne Klang. Dès 1920, il fut directeur de la Hochschule für Musik de Berlin où il enseigna la composition. Au sujet des rapports avec Schoenberg, voir la correspondance A. Schönberg – F. Schreker, F. C. Heller (éd.), Tutzing, Schneider, 1974.
45 Vitezslav Novàk (Kamenice, 1870 – Skutek, 1949), compositeur tchèque ; en 1920, recteur du Conservatoire de Prague.
46 Il manque ici une demi-phrase, car le bord inférieur de la lettre est déchiré.
47 Albertine Zehme (1857-1946), actrice viennoise, cantatrice dès 1893 après avoir été formée à Bayreuth par Cosima Wagner, et théoricienne (Grundlagen des künstlerischen Sprechens und Singens, Merseburger, Leipzig, 1920). Schoenberg fit sa connaissance lorsqu’elle lui commanda le Pierrot lunaire. Elle fut non seulement une merveilleuse interprète de ses œuvres, mais aussi en quelque sorte une mécène pour lui. Pour plus de détails, voir H. H. Stuckenschmidt, op. cit.
48 Nicolas Koulbine (Saint-Pétersbourg, 1868 – Saint-Pétersbourg, 1941), médecin militaire et personnalité importante de la vie artistique russe vers 1910, moins comme peintre de tableaux symboliques et impressionnistes et de portraits que comme théoricien de l’art et de la musique (travaux sur la synthèse des arts, et en 1909 déjà, sur les demi et les quarts de tons, sur l’effet immédiat, non enregistré par le cerveau, des dissonances sur l’inconscient). Mais le mérite principal de Koulbine fut de promouvoir, grâce à ses liens d’amitié et à sa position sociale, les « Wilden Russlands » (voir l’article de David Bourliouk dans le Blaue Reiter) et les cubo-futuristes ; notamment par le recueil Studio Impressionistov (1909), par des expositions, des conférences, etc. Par cette activité, il fit la connaissance de Kandinsky, et trouva de nombreux points communs avec ses théories artistiques. Kandinsky imprima un résumé de l’article de Koulbine « Freie Musik » et attacha beaucoup d’importance à ce que Koulbine et Schoenberg fissent connaissance, comme il en ressort de ses lettres à Koulbine. Ainsi, le voyage de Schoenberg à Saint-Pétersbourg où il dirigea le 21 décembre 1912 Pelleas und Melisande ne fut pas seulement dû à l’initiative d’Alexandre Siloti (voir H. H. Stuckenschmidt, op. cit., pp. 164 sqq.), mais aussi à celle de Kandinsky.
49 N. Dobycina, propriétaire d’une galerie et éditrice progressiste à Saint-Pétersbourg. En 1913, elle avait prévu une grande exposition d’œuvres de Kandinsky et la publication de ses Rückblicke ; mais cela n’eut pas lieu ; ce n’est qu’en 1917 qu’elle exposa les tableaux de Kandinsky.
50 L’article de Schoenberg « Probleme des Kunstunterrichts » était déjà paru dans Musikalische Taschenbuch, illustrierter Kalender für Musikstudierende, 2, 1911, pp. 22-27.
51 Fritz Soot (Wellersweiler/Saar, 1878 – Berlin, 1965), chanteur (musique de chambre et « Heldentenor »), professeur de scène. Dès 1908, au Sächsische Staatsoper à Dresde ; après la guerre, à Stuttgart, et de 1921 à 1944, au Staatsoper Unter der Linden à Berlin. Cité dans le Deutsche Bühnenjahrbuch dès 1931, et de façon détaillée en 1964, p. 81, et en 1966, p. 122.
52 Il pense à Felix Müller, plus connu sous son nom d’artiste Conrad Felix-Müller (Dresde, 1897 – Berlin, 1967). Graphiste et peintre étonnement précoce (formation musicale dès 1909, et artistique dès 1911), il assista en 1912 à Dresde à une représentation du Pierrot lunaire de Schoenberg, qui lui inspira dix gravures sur bois expressives (Schoenberg-Institute, Los Angeles, où se trouve également une lettre manuscrite d’accompagnement dans laquelle il mentionne la guerre et demande d’envoyer ses gravures sur bois à Else Lasker-Schuler ; par conséquent la lettre n’a pu être écrite avant l’automne 1914). Les gravures sur bois d’après le Pierrot lunaire de 1913 et le portrait de Schoenberg de 1914 (catalogue de l’exposition Felixmüller, Museum am Ostwall, Dortmund 1978, p. 52), faits à 16-17 ans, révèlent sa connaissance des peintres du groupe « Die Brücke » et laissent deviner son cheminement ultérieur vers les huit gravures sur bois d’après les poèmes de Ε Lasker-Schüler, Hebräische Balladen, de 1914, pour aboutir à l’expressionnisme. À 18 ans déjà, il termine la Kunstakademie de Dresde, devient la même année collaborateur du groupe « Sturm », dès 1916 du groupe « Aktion » puis en 1917 du « Expressionistische Arbeitsgemeinschaft Dresden ». En 1919, il fonde la Dresdner Sezession et adhère au K.P.D. (Parti communiste allemand). En 1933, ses tableaux sont mis à l’index (« art dégénéré »). En 1949, il reçoit une chaire de professeur à Halle ; en 1961, il déménage à Berlin où il meurt en 1967.
53 Cette phrase, ainsi que quelques-unes des suivantes de la même lettre ont déjà été citées par E. Hilmar (Catalogue de l’exposition commemorative A. Schönberg, Vienne, 1974, p. 237, n° 217). Hilmar a lu le mot « toleranter » [« plus tolérant »] au lieu de « talentlos » [« sans talent »] ; dans la phrase suivante, « zudem conventioneil » [« d’ailleurs conventionnel »] au lieu de « modern conventioneil » [« moderne conventionnel »]. Dans la phrase suivante, « Musikalische Kunst » [« art musical »] au lieu de « Musik » [« musique »] ; et « zehntausendmal » [« dix mille fois »] au lieu de « zehntausend » [« dix mille »].
54 Kandinsky était un lecteur régulier du grand hebdomadaire musical de Moscou, édité par V. V. Derzanovsky. En 1913, il y fit publier une note.
55 « Bauhaus », école d’architecture fondée en 1919 par Walter Gropius à Weimar ; son but était de « réunir toutes les disciplines d’art appliqué en un nouvel art architectural » ; à tous égards, elle fut plus qu’une école spécialisée d’architecture et devint un centre spirituel et intellectuel de haut rang. L’enseignement comprenait aussi la peinture (Kandinsky y lut professeur dès 1922), les arts de la scène (avec Oskar Schlemmer), le tissage (par Georg Muche), etc.
56 Kandinsky collabora activement à la politique culturelle russe après la Révolution d’Octobre ; jusqu’en 1921 il fut fondateur de musée, enseignant et théoricien, organisateur, en ces premières années riches en nouvelles expériences. (Voir J. Hahl Koch, « Kandinsky’s Role in the Russian Avantgarde », in : Catalogue de l’exposition « The Russian Avantgarde », 1910-1925, Los Angeles County Museum, 1980).
57 Alexandre Chenchine (Moscou, 1890 – Moscou, 1944), compositeur, chef d’orchestre et pédagogue russe. Il étudia tout d’abord la philosophie puis la musique chez Gretchaninov et Glière, et enseigna de 1919 à 1922 la théorie musicale à l’École de Musique du Peuple, par conséquent à l’époque même où Kandinsky travaillait à Moscou. Voir : V. Beliaïev, Alexander Sensin, Moscou, 1929 (en russe et en allemand).
58 Lors d’un séjour estival au Mattsee (région de Salzbourg), Schoenberg fut averti que les Juifs y étaient indésirables. Pour plus de détails, voir le catalogue de l’exposition commémorative, Vienne, 1974, p. 291, n° 336, et voir J. Rufer, « Hommage à Schönberg », in Arnold Schönberg, Berliner Tagebücher, op. cit., pp. 54 sqq.
59 Probablement Louis Danz, qui écrivit l’article « Schoenberg the inevitable » dans le recueil Arnold Schoenberg, M. Armitage (éd.), New York, 1937.
60 Galka (en fait Emmy) Scheyer (Braunschweig, 1889 – Los Angeles, 1941), mécène et amateur d’art. Elle fit la connaissance de Jawlensky en 1916 et fut si influencée par son art qu’elle abandonna ses propres essais, devint son modèle, et se consacra à la promotion de ses œuvres. Dès 1924, elle organisa aux États-Unis des expositions-ventes pour les « Blaue Vier » [« Les Quatre Bleus »] (Jawlensky, Klee, Kandinsky, Feininger) ; elle tint des conférences et les fît connaître avec quelque succès. Pour plus de détails, voir le catalogue de l’exposition « The Blue Four », Galka Scheyer Collection, Norton Simon Museum of Art, Pasadena, 1976.
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2 Uffing m’a plu tout particulièrement en 1908 à cause de la proximité du lac, et l’année suivante, j’ai souhaité me rendre là-bas plutôt qu’à Murnau. Les possibilités de baignade m’ont semblé bonnes – mais c’est sans garantie.
3 Dois-je vous envoyer le livre ? J’aimerais connaître votre avis.