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    Plan détaillé Texte intégral Le décret du 5 août 1915 et le « désarmement des forts »La visite de la commission de l’armée du Sénat à Verdun (7-8 août 1915)Joffre coupable ? Notes de bas de page Auteur

    Des sources pour une Plus Grande Guerre

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    Table des matières

    La place forte de Verdun a-t-elle jamais existé ?

    Chronique d’une mort annoncée à travers les archives sénatoriales

    Mathieu Panoryia

    p. 53-72

    Texte intégral Le décret du 5 août 1915 et le « désarmement des forts »La visite de la commission de l’armée du Sénat à Verdun (7-8 août 1915)Joffre coupable ? Notes de bas de page Auteur

    Texte intégral

    1Le 25 février 1916, quatre jours seulement après le déclenchement de la bataille de Verdun, le fort de Douaumont, le pilier de la défense de la cité meusienne, tombe aux mains des Allemands1. Les communiqués des deux belligérants auront beau mettre l’accent sur l’âpreté des combats pour le bâtiment, il se révèle qu’il a été pris sans qu’un coup de feu n’ait été tiré, dans des conditions qui gardent une part de mystère. Le retentissement en Allemagne est énorme, puisque les écoles y ferment, et toutes les cloches du pays sonnent pour fêter ce qui est alors considéré comme une grande victoire2. Du côté français, les communiqués officiels du Grand Quartier Général (GQG), manifestement embarrassés, jouent quelque peu avec la vérité et les dates pour expliquer l’évènement très progressivement, tandis que les journaux dédramatisent, à l’exemple du Matin3, dans sa première page du 28 février 1916 :

    Prendre Verdun à ce moment [en 1914], c’eût été enlever plusieurs centaines de canons, faire prisonnière une garnison dont le chiffre n’était pas éloigné de 80 000 hommes4, s’emparer de tous les vivres, de toutes les munitions qui devaient suffire à cette masse de troupes pour une année. À ce moment, Verdun était une place forte. Mais il y a plus de six mois que la place forte de Verdun est déclassée. Il y a plus de six mois que ce fort de Douaumont qui n’a jamais contenu plus d’une compagnie, ne renferme ni un canon, ni un fantassin. Il y a plus de six mois que Verdun, ancienne forteresse, n’est plus qu’une coque vide.

    2Et en effet, une soixantaine de soldats territoriaux a été capturée dans l’affaire, dont le gardien de batterie Chenot, dans le plus grand fort et le deuxième mieux armé de Verdun, qui devait fonctionner avec une garnison de presque 900 hommes spécialement formés. Le grand public découvre que les forts de Verdun avaient été déclassés, désarmés, vidés de leurs troupes, par un décret du 5 août 1915, qui transforme la place forte de Verdun, en « Région Fortifiée de Verdun » ou RFV, qui n’est plus qu’une portion des 700 km de fortification linéaire, installés entre la mer de Nord et la Suisse. Cette transformation est à mettre en lien avec le travail de la commission de l’armée du Sénat qui, depuis mai 1915, cherche à visiter les places fortes de l’Est. Et justement, les fonds d’archive du Sénat concernant la Grande Guerre ont été mis en ligne à l’occasion du Centenaire de celle-ci. Peu exploités, ces derniers nous invitent à revoir la question du désarmement.

    Le décret du 5 août 1915 et le « désarmement des forts »

    3En quoi consiste ce « désarmement » des forts, et pourquoi a-t-il été décidé ? Il faut tout d’abord comprendre que les fortifications françaises, au premier rang desquelles les quatre grandes places fortes de l’Est que sont Verdun, Toul, Épinal et Belfort, ne relèvent pas de l’autorité du général commandant en chef, en l’occurrence le général Joffre, mais directement du ministre de la Guerre, en l’occurrence Alexandre Millerand5. Ce dernier est d’ailleurs plutôt prompt à abonder dans le sens du commandant en chef. Or il se trouve qu’à la mobilisation, ces places disposent d’environ 30 % des soldats, des vivres afférentes, et de pratiquement toute l’artillerie lourde française, dont on sait qu’elle fait gravement défaut jusqu’à la mi-1916. D’autre part, en 1914, les Allemands s’emparent des principales places fortes belges, Liège, Namur et Anvers, ainsi que de la place de Maubeuge et d’autres fortifications françaises, en grande partie grâce aux effets psychologiques d’une arme qu’ils avaient tenue secrète jusqu’au dernier moment, la fameuse « Grosse Bertha », un obusier géant de calibre 42 cm spécialement conçu par les aciéries Krupp pour bombarder les fortifications les plus modernes de l’époque6. Enfin, pour éviter l’écroulement de l’allié russe, Joffre, adepte de l’offensive et ennemi de la fortification permanente7, s’estime contraint de lancer au plus vite une offensive en Champagne, qui se produit en septembre 1915, et a en conséquence de grands besoins en armes, en munitions, et en hommes. Ce sont les facteurs invoqués officiellement pour expliquer la décision du désarmement, ratifiée par le décret adopté le 5 août 1915, lui-même mis en œuvre par une instruction du 9 août suivant8. Il consiste en cinq articles modifiant le décret du 7 octobre 1909 portant règlement sur le service de place9, qui sont intégralement reproduits ci-dessous :

    Article 1er : Les dispositions des articles 147, paragraphe 3, 150, 151 et 169, paragraphe 7, du décret du 7 octobre 1909 sont remplacées par les suivantes ;
    Article 147, § 3 : Les Gouverneurs correspondent directement avec le Commandant du Territoire, ou, si leurs places se trouvent dans la zone des armées, avec le Commandant en Chef
    10.
    Article 150 : Les Gouverneurs des Places Fortes et les Commandants des Régions fortifiées situées dans la zone des armées sont sous les ordres du Commandant en Chef. Le Commandant en Chef peut nommer les Gouverneurs des Places Fortes situées dans la zone des Armées, qui en seraient dépourvues. Il peut, de même, changer le Gouverneur d’une Place. Il rend compte de ces nominations au Ministre de la Guerre
    11.
    Article 151 : Le Commandant en Chef dispose, sans restriction, de toute la garnison des Places Fortes sous ses ordres et de toutes les ressources de guerre et de bouche qui se trouvent soit dans la place, soit dans les zones de réquisition. Le Commandant en Chef peut déléguer les pouvoir qu’il détient du présent article et de l’article 150 ci-dessus
    12.
    Article 169 § 7 : À la fin de chaque mois, le comité de défense établit un état de situation des approvisionnements de siège du service des subsistances de l’éclairage et du chauffage. Le gouverneur transmet par la voie hiérarchique au Ministre une copie de cet état. Si la place est située dans la zone des armées, cette copie est transmise au Général Commandant en Chef […]
    13.

    4Formellement, on le voit, il ne s’agit pas d’un désarmement en tant que tel, mais bien de la récupération par Joffre de la mainmise du ministre de la Guerre sur les places fortes. Chose qui lui était déjà acquise officieusement depuis les mandats d’Adolphe Messimy et, plus encore, d’Auguste Millerand au ministère de la Guerre, dans l’opacité la plus complète, puisque le général en chef refuse obstinément toute incursion d’institution civile dans la zone des armées, en particulier des commissions parlementaires, et cantonne les ministres de la Guerre successifs à la zone de l’intérieur14.

    5Dans les faits cependant, cette instruction prévoit de récupérer les troupes initialement dévolues aux places fortes, les vivres correspondantes, et une grande partie de leur artillerie et de leurs approvisionnements en munitions. Précisons que ce sont les places fortes qui sont désarmées, non pas les forts. En effet, « l’artillerie à pied15 » dispose surtout de canons de gros calibres répartis dans des batteries intermédiaires, placées entre les forts (et de façon assez rare, dans les forts d’ancienne génération) ; c’est la fameuse « barrière de Bange ». Ce sont ces canons qui sont visés en priorité par la nouvelle réglementation, ainsi que les mitrailleuses de rempart. Les canons sous tourelles des forts n’ont aucun intérêt hors de leurs « milieu naturel », et ainsi Douaumont a toujours disposé de ses tourelles de combat armées, quoi qu’ait pu en dire la presse. Les canons de 75 des casemates de Bourges avaient déjà été réquisitionnés dès la fin 1914 pour la plupart afin d’en faire des canons anti-aériens disposés à proximité de leurs forts d’origine16. Quant aux canons de flanquement des fossés des forts, 12 culasses et canons « révolver », ils sont toujours restés à leurs places jusqu’à la bataille de Verdun pour la plupart. Sur les 1 085 pièces d’artillerie et 264 mitrailleuses dont dispose Verdun à la mobilisation, on peut donc estimer que seuls 284 canons et 56 mitrailleuses sont inamovibles17. Par ailleurs, il a ensuite fallu faire du front de Verdun non plus un cercle relié au Sud à la place de Toul, mais une portion de la ligne de front. Donc une partie des soldats et du matériel est reportée au nord de la ville, bien en avant de la ceinture des forts, là où le front s’est figé après la bataille de la Marne18, notamment au fameux bois des Caures. Quant à l’utilisation des troupes verdunoises dans l’offensive champenoise de septembre 1915, on sait que cette dernière en absorbe une grande quantité, pour n’y renvoyer que des unités en convalescence19.

    6La cause est donc entendue : nous avons un meurtre, celui de la place forte de Verdun, une date, le 5 août 1915 ; et un coupable, le général Joffre. C’est la version officielle et acceptable qui, soit dit en passant, a pour longtemps jeté l’opprobre sur le général Herr, qui commandait la RFV entre août 1915 et le début de la bataille de Verdun, puisque l’impréparation qui a coûté la perte de Douaumont et de milliers de soldats au début de l’affrontement ne peut que lui incomber20. Mais le fonds d’archives numérisé du Sénat, signalé en premier lieu par Jean-René Montacié pour ce qui concerne Verdun, nous invite à remonter les évènements et à les regarder d’un autre œil21.

    La visite de la commission de l’armée du Sénat à Verdun (7-8 août 1915)

    7Les archives du Sénat concernant la Première Guerre mondiale ont été mises en ligne sur le portail 1914-1918 : la Grande Guerre vue du Sénat, procès-verbaux et rapports des commissions22. On peut y trouver toutes les transcriptions des auditions, des réunions et des rapports menés sous la houlette de la commission sénatoriale de l’armée. Il faut y ajouter les minutes du comité secret commencé le 4 juillet 1916. Parmi ces documents d’une richesse remarquable, un certain nombre concerne le rôle des places fortes françaises. Les documents qui ont ces dernières pour thématique sont classés dans le tableau suivant :

    Auditions

    Séances

    Rapports

    Comité secret

    09/07/1915 (69S65)

    23/07/1915 (69S65)

    27/07/1915 (69S2)23

    27/07/1915 (69S65)

    29/07/1915 (69S65)

    31/07/1915 (69S2)24

    08-20/08/1915 : visites de la commission dans les quatre places fortes de l’Est

    24/08/1915 (69S66)

    26/08/1915 (69S2)25

    01/09/1915 (69S66)

    07/09/1915 (69S66)

    04/11/1915 (69S68)

    21/02/1916 : début de la bataille de Verdun

    14/06/1916 (69S118)

    04/07/191626

    18/07/1916 (69S74)

    8Contrairement à ce qu’on pourrait penser, la commission sénatoriale de l’armée n’a pas vocation à contrôler l’activité du GQG, comme le rappelle le sénateur Jules Jeanneney en réunion de la commission du 26 mai 1915 : « La loi de 1906 donne à la commission des finances et à la commission du budget le droit de déléguer deux membres pour contrôler le matériel de guerre. Voilà les seuls pouvoirs de contrôle du Parlement. […] je voudrais qu’il y ait le plus tôt possible le choc décisif, pour savoir ce qu’il faut attendre du gouvernement27. » Et plus loin : « Je crains que le gouvernement, saisi de notre rapport, nous objecte que nous voulons exercer un droit qui n’est pas inscrit dans la loi, et que répondrons-nous28 ? ». Cette commission et son pendant à l’Assemblée nationale sont clairement en recherche de crédibilité, et sont informées par un certain nombre de militaires, sénateurs ou députés sous les drapeaux, dont le cas le plus connu est celui du député Émile Driant, qui commande, en tant que lieutenant-colonel, un groupe de deux bataillons de chasseurs à pieds justement à Verdun29. On peut par ailleurs noter la présence dans la place de Verdun d’un nombre surprenant de députés, notamment Abel Ferry, Léon Abrami, Gustave de Kerguézec et Albert Lebrun, accompagnés par le directeur du Matin, Henry de Jouvenel. Ces derniers forment un groupe proche du général Sarrail qui « assiège le gouvernement » et Joffre, selon les termes d’Abel Ferry30. Le gouverneur de la place de Verdun, le général Coutanceau a quant à lui l’oreille du sénateur de Verdun, Charles Humbert, membre de la commission de l’armée du Sénat. C’est par ces liens que les membres de la commission savent qu’ils ont un coup à jouer avec les places fortes de l’Est, dans lesquelles Joffre a contrevenu à la loi en y faisant divers prélèvements massifs. Seulement, il faut encore arriver à atteindre la zone des armées pour le prouver. Le sénateur Paul Doumer est d’ailleurs à l’origine d’un incident, lorsqu’il cherche à se rendre sans autorisation dans les places fortes31.

    9Le contexte général est par ailleurs très complexe avec, en toile de fond, les tensions croissantes entre les sphères politiques et militaires32. L’affaire Sarrail bat son plein33, les résultats militaires des offensives voulues par Joffre restent très discutables et, concernant la fortification, l’offensive de Gorlice-Tarnów permet aux forces germano-autrichiennes de récupérer la place forte de Przemyśl le 2 juin 1915 avec un butin de premier ordre en armes, munitions et prisonniers. À l’intérieur, les membres du Parlement en particulier, sont excédés par l’attitude du binôme Joffre-Millerand qui les empêche de jouer leur rôle de contrôle du gouvernement dans la zone des armées, alors que le gouvernement y est de plus en plus favorable.

    10Il n’est ainsi pas rare de trouver Joffre qualifié de « dictateur » sous leurs plumes34, et le général Foch rapporte même au généralissime le cas d’un député qui accuse ce dernier de préparer un coup d’État dès décembre 1914 auprès du général Sarrail35.

    11Après de nombreux refus de la part du GQG, motivés par le fait que vérifier les approvisionnements des places reviendrait à intervenir dans la gestion opérationnelle36, et de dures négociations (certains sénateurs ont menacé de démissionner), une commission d’enquête spéciale du Sénat obtient le droit de visiter les quatre grandes places fortes de l’Est, à la fin du mois de juillet 1915. Il est à noter que le président du Conseil Viviani et le ministre de la Guerre avaient été auditionnés par la commission une première fois le 27 juillet 1915 pour exprimer une réponse négative à la demande de visite, puis une nouvelle fois le 31 juillet 1915, cette fois pour donner son autorisation à cette dernière. Cette inspection est composée de Paul Doumer, qui en est le président, déçu de ne s’être pas vu proposé le poste de Millerand37, et qui est un farouche opposant à Joffre38, Jules Jeanneney, Charles Humbert, sénateur de Verdun, Henri Bérenger et Lucien Hubert. Sur une exigence de Joffre, elle est guidée sur place par le général Dubail39, commandant alors le groupe d’armées de l’Est40, ce qui n’est pas anodin, puisque, au-delà du fait que les quatre places soient sous sa responsabilité, ce dernier a produit le 28 juillet un rapport visant à désarmer les forts, suite à une demande de Joffre datée du 9 du même mois41.

    Visite de la commission de l’armée du Sénat à Verdun le 8 août 1915.

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    On peut notamment apercevoir de gauche à droite, les sénateurs Jeanneney (le chapeau melon à gauche), Doumer (qui lit un document) et Humbert (le chapeau melon à droite), ainsi que les généraux Coutanceau (qui regarde l'appareil photo dans le fond) et Dubail (qui lève le bras gauche).

    La Contemporaine, VAL 179_082, https://argonnaute.parisnanterre.fr/ark:/14707/a011499780968Z1uGgh

    12Du très intéressant rapport qui est issu des visites des places, présenté et discuté en réunion de la commission le 24 août 1915, il ressort que les sénateurs ont mis le doigt sur un paradoxe assez révélateur. D’un côté, l’armée prétend vouloir désarmer la place forte de Verdun pour empêcher qu’une attaque permette de faire main-basse sur les trésors qu’elle recèle, ses fortifications, son artillerie, ses vivres… et de l’autre, aucun moyen d’évacuation n’a été prévu, alors que la situation de Verdun, en saillant, est des plus complexe à ce niveau, ce qui en fait « la place la plus exposée, celle qui, si un effort était fait par l’ennemi, pourrait se trouver le plus rapidement dans la situation exposée l’autre jour par Mr le ministre de la Guerre42 ». Ce à quoi répond le ministre de la Guerre deux jours plus tard que la route de Bar-le-Duc à Verdun a été élargie pour permettre l’évacuation des approvisionnements43, et qu’une voie de chemin de fer de 0,60 m a été créée, en prévision d’une coupure de la voie normale Châlons-sur-Marne-Verdun. Il n’est cependant pas question de moyens de transport. Enfin des mesures ont été prises pour faire sauter les forts si une retraite était ordonnée, afin que les Allemands ne les réutilisent pas, comme ils avaient notamment eu l’occasion de le faire à Reims. Les inquiétudes sont très importantes puisque, comme le rappelle le sénateur Charles Humbert : « Les Allemands ont construit, vous le savez comme nous, onze lignes de chemins de fer autour de Verdun, qui aboutissent à douze ou quinze kilomètres de la place à des emplacements reconnus depuis longtemps et où sont installées des pièces de gros calibres44 ». Plus loin : « Ce [Verdun] serait une proie pour l’ennemi si notre front reculait seulement de 4 à 5 kilomètres45 », et enfin « Verdun est le but vers lequel tendent les Allemands46 ».

    13Et il est intéressant de noter que les conséquences désastreuses de la prise de Verdun sur le moral des Français sont prises en compte par les sénateurs à plusieurs reprises, puisqu’elle reste pour l’opinion publique la plus importante place forte française. Citons l’allocution très importante à cet égard du baron Alphonse Chodron de Courcel, sénateur de Seine-et-Oise :

    Aujourd’hui on nous dit que ce sont les armées et non les places fortes qui obtiennent la décision. Je n’en sais rien. Il y a peut-être dans l’entourage du généralissime des jeunes officiers qui ont des idées un peu aventureuses et qui donnent au nom de leur chef des ordres un peu risqués ; de là naît une certaine inquiétude.
    Mais les considérations stratégiques m’échappent et je ne peux prendre sur moi de demander autoritairement au gouvernement de se prononcer dans tel ou tel sens.
    Mon inquiétude, mon trouble viennent en partie du souvenir que m’a laissé l’annonce de la chute de Metz en 1870 ; je me souviens des termes de la proclamation de Gambetta, je pourrais répéter par cœur cette proclamation.
    Eh bien ! Il n’est pas douteux que la nouvelle de la chute de Verdun produirait aujourd’hui sur le pays le même effet que la chute de Metz, qui a été aussi la chute de la France !
    M. Paul Doumer : Nous sommes d’accord.
    M. le baron de Courcel : On a dit : « Pourvu que les civils tiennent47 ! »

    14Il y a là un premier nœud important : l’armée considère généralement que les fortifications permanentes sont inutiles, mais elle a bien conscience qu’elles restent importantes et symboliques aux yeux du grand public. De l’autre côté, elle veut transformer la place forte de Verdun en Région Fortifiée de Verdun, cette dernière étant dans les faits une portion linéaire du front, et qui plus est, un saillant dans les lignes ennemies.

    15Le décret du 5 août 1915 implique également des problèmes au niveau du droit. Tout d’abord concernant les responsabilités des gouverneurs de places. Le sénateur Henry Bérenger le rappelle lors de l’audition au cours de laquelle une réponse négative leur est donnée pour les visites : « Un conseil de guerre devra juger un jour le gouverneur de Maubeuge48, […] et lorsque le Parlement dont le droit reste souverain même en face de ce conseil de guerre, devra examiner le rôle des gouverneurs de places fortes, même s’ils ont commis des crimes, il leur sera loisible d’apporter pour leur défense les théories singulières que nous venons d’entendre développer49. » Charles Humbert, un peu plus loin :

    Au début le général en chef envoyait aux gouverneurs des ordres écrits pour demander des munitions, des canons et des vivres ; aujourd’hui n’importe quel chef d’armée envoie un bon tout simplement. Bien mieux on ne demande plus aux gouverneurs, on « tape dans le tas » comme on dit vulgairement. Dans ces conditions, comment un gouverneur peut-il être responsable ? Le jour où Verdun, peut-être, sera aux mains des Allemands, où ce boulevard de la France sera perdu, il n’y aura pas de responsable : tout le monde commande dans les places fortes, excepté le gouverneur50.

    16Ensuite, toujours au niveau du droit, le décret du 5 août pose un autre problème. En effet, comme premières impressions de la visite sénatoriale qu’il guide à Verdun, le général Dubail retient que :

    Dès le début, je m’aperçois que la Commission n’admet pas la transformation des camps retranchés51 en régions fortifiées, parce que, sans doute, l’évolution a été réalisée par simple décret, alors que, régulièrement, une loi était nécessaire. Mais en réalité était-il possible d’instituer un débat parlementaire à ce sujet ? Il aurait fait la joie des Allemands, en leur donnant, par surcroît de précieuses indications.
    La Commission constate donc que le camp retranché de Verdun n’a plus, en propre, ses troupes, ses canons et ses approvisionnements
    52.

    17Et le sénateur Paul Doumer le rappelle d’ailleurs avec force dans la conclusion du rapport sur les visites qu’il présente à la commission :

    En résumé, l’état dans lequel nous avons trouvé nos quatre grandes places de l’Est est déplorable et inquiétant ; les prélèvements opérés sur leurs moyens de défense et qui ont constitué, comme on nous l’a dit à Toul, un véritable pillage, ces prélèvements sont dangereux : ils ont d’ailleurs un caractère nettement illégal53.
    Comme on savait que nous allions constater la situation actuelle de nos places fortes, on a forgé une théorie et créé même une légalité nouvelle pour justifier un état de fait, pour couvrir les imprudences commises, pour dissimuler l’inertie de certaines personnes.
    Après avoir pris dans les places fortes tout ce dont on manquait ailleurs, on a obtenu du pouvoir exécutif un décret autorisant ces emprunts et se substituant aux régions fortifiées ; d’autre part, on a inventé la théorie de l’abandon des places en cas de recul de la ligne de front derrière ces places. Cette théorie, M. le général Dubail nous l’a exposée dans les mêmes termes où l’avait déjà fait devant la Commission M. le Ministre de la Guerre54.

    18Le sénateur Doumer, très lucide, semble donc suspecter une collusion, et une mise au point de Joffre sur ce que le ministre de la Guerre et le général Dubail devaient dire aux représentants de la commission. Et force est de constater que ce n’est qu’à partir de la date du 14 juillet 1915, lors de la translation des cendres de Rouget de Lisle aux Invalides, que le Président Poincaré, plus nuancé que Doumer, mentionne pour la première fois l’affaire, en ces termes :

    Il [le ministre de la Guerre, Millerand] tient à m’apprendre que la commission sénatoriale de l’armée a décidé d’envoyer des délégués dans les places fortes du front, avec mission d’y vérifier l’état de l’artillerie et des munitions. Il considère ces enquêtes comme impossibles. Les pièces d’artillerie et les munitions des places sont utilisées directement aux armées, puisque les places ne peuvent plus se défendre derrière leurs murs55. Il n’y a plus, en réalité, de villes fortes, mais des régions organisées pour la défense. C’est donc la répartition des pièces et des munitions aux armées que veut surveiller la commission. Le général en chef n’acceptera pas une pareille ingérence, capable de donner lieu à de dangereuses indiscrétions.
    Pénelon m’entretient de la même question. Il est probable que ce sont les gouverneurs de places, et en particulier Coutanceau, de Verdun, en relations avec Charles Humbert, qui signalent à la commission les [manquements] créés dans les villes par les prélèvements faits au front
    56.

    19Finalement, le même Poincaré remarque à la date du 28 juillet que :

    Viviani a vu Joffre hier à Chantilly. Le commandant en chef a très fermement déclaré qu’il démissionnerait plutôt que de laisser des délégués de la commission sénatoriale inspecter le matériel dans les places fortes de la zone des armées57.

    20Mais à peine deux jours plus tard, à la date du 31 du même mois :

    L’entretien avec Joffre a été très libre et très cordial. Nous avons parlé au général en chef de la demande faite par la commission sénatoriale en vue de l’inspection des places fortes. Il a consenti de bonne grâce à une visite des délégués conduits par le général Dubail. Mais en même temps, il a exposé aux ministres, comme j’avais eu plusieurs fois l’occasion de le faire moi-même, sur les indications des officiers de liaisons, qu’à cause de l’artillerie lourde il était désormais impossible de défendre les places fortes après investissement et qu’il fallait, à tout prix, les défendre en avant. Il va rédiger des instructions à cet effet et il se plaint, comme moi, que le décret de 1909 n’ait pas encore été modifié58.

    21Il est piquant de noter que Poincaré décrit le changement d’attitude radical de Joffre entre le 27 et le 31 juillet, lorsqu’on sait que Dubail lui apporte la solution le 28 du même mois par le rapport qui lui avait été commandé le 9. La chronologie des faits parle d’elle-même, et va assez clairement dans le sens de ce que semble dénoncer le sénateur Doumer. Joffre, de plus en plus acculé par cette inspection qui risque de dévoiler les infractions qu’il a commises au décret du 7 octobre 1909, n’a plus d’autre solution que de modifier ce dernier a posteriori, par le trucage consistant à user pour cela d’un décret au lieu d’une loi, avant d’autoriser la visite des délégués de la commission, sans doute à condition que le président de la République paraphe le décret. Il signe là ce qui semble être un bel échec et mat dans cette partie, du moins tant qu’il n’y a pas d’offensive allemande à Verdun, et tant que le fort le plus important de la région ne tombe pas dans les mains du Kronprinz impérial sans combats…

    Joffre coupable ?

    22Après avoir auditionné Viviani et Millerand le 26 août 1915, la commission sénatoriale de l’armée tente à plusieurs reprises de trouver un moyen de faire rebondir « l’affaire des places fortes » lors de certaines de ses réunions jusqu’au 4 novembre 1915, mais prise de court par le décret du 5 août, et ne pouvant faire appel à l’opinion publique pour des raisons de sécurité évidentes59, elle passe à d’autres préoccupations60. C’est évidemment après l’attaque allemande sur Verdun le 21 février 1916 que se pose de manière accrue la question de la responsabilité du général Joffre. Rapidement accusé de l’impréparation française à Verdun, ce dernier doit se défaire du général Dubail, un de ses plus proches collaborateurs, et sanctionne également le général de Langle de Cary qui n’avait récupéré la RFV dans le groupe d’armées du centre qu’il commande que le 1er février 1916. Mais c’est bien la tête de Joffre que demandent les parlementaires, comme en témoigne notamment le 1er rapport fait à la commission [sénatoriale] de l’armée sur l’organisation de la défense de Verdun (avant le 21 février 1916), par M. Henry Bérenger61, ou encore l’organisation de comités secrets dans les chambres parlementaires. Le premier comité secret du Sénat qui se réunit le 4 juillet 1916 revient longuement sur l’affaire de Verdun, entre autres sur la base des observations faites lors des visites des places fortes d’août 1915. La bataille de la Somme, qui a des résultats relativement positifs, mais qui ne mène pas directement à la victoire, permet finalement le « déboulonnage » de Joffre, qui avait perdu son principal appui politique dès octobre 1915 en la personne du ministre de la Guerre Millerand.

    23Mais les décisions de Joffre ont-elles vraiment été aussi autocratiques et coupables que le prétendent les membres de la commission sénatoriale de l’armée ? Il convient de ne pas s’en tenir là, et d’élargir la focale. Nous avons vu que le désarmement des forts est le fruit d’une contradiction entre le rôle dévolu aux places par la loi, et celui que leur a donné le GQG. Cette contradiction semble être le reflet du manque d’intérêt du GQG pour les fortifications permanentes qui est, pour une part, dû à la tournure que prend la guerre après la stabilisation du front, et pour une autre part à la formation dans l’armée française à partir des années 1890. Pour ce qui est du premier point en effet, les fortifications permanentes n’ont jamais eu pour but de fermer les frontières hermétiquement et durablement. Elles devaient permettre aux places fortes de tenir un certain temps, entre trois et six mois, afin de permettre à l’armée de mettre en place le plan de mobilisation et de concentration ayant cours, le plan XVII. Il est donc logique que l’application de ce dernier en août 1914 ayant été menée à son terme, conduisant à un incroyable « enlisement de la guerre » sur le front ouest, les officiers généraux français n’aient plus vu les places fortes que comme des gardes-vivres, réserves d’hommes et de matériel. Et ce d’autant plus que les Allemands se sont emparés de nombreuses places fortes modernes, comme nous l’avons vu plus haut.

    24Pour ce qui est du second point, il faut rappeler que, structurellement cette fois, l’armée française est préparée suivant le culte de l’offensive. Si celui-ci apparaît dans la doctrine surtout à partir de 1911 avec Foch et à la suite des publications de Grandmaison62, l’offensive est ce à quoi aspire la plupart des officiers français depuis les années 1890, alors que la France sort de son isolement diplomatique avec la signature de l’alliance franco-russe. On constate cette tendance offensive dans les plans de mobilisation successifs. On se rend également compte de ce dénigrement notamment dans le témoignage du général Jourdy, qui est envoyé pour prendre le poste de gouverneur de la place de Verdun au pied levé, son prédécesseur, le général Pourquery de Péchalves ayant dû faire face à un scandale. Il tente de dissuader le ministre de la Guerre, le général Picquart, mais ce dernier ne lui laisse pas le choix et lui promet la plume blanche pour ses services, c’est-à-dire le commandement d’un corps d’armée63. Jourdy ne reste pourtant que deux mois et vingt-huit jours en poste, concluant le récit de son expérience à Verdun par le paragraphe suivant :

    25Que le sort qui m’était réservé en cas de siège fût celui de Beaurepaire64 ou celui de Guérin de Waldersbach65, qu’il fût même celui plus incontestablement heureux et glorieux de Denfert-Rochereau66, la perspective de la défense d’une Place n’avait rien de quoi me tenter et j’ai toujours préféré la vie […] des troupes de campagne. Au lieu donc de me fixer à Verdun et d’y attendre, sans doute fort longtemps, la réalisation des améliorations que j’y avais signalées, j’allai rendre compte au Ministre de ma mission que j’estimais terminée et lui demandai de vouloir bien me confier le commandement qu’il avait promis et qui se trouva être celui du XIe corps d’armée dont le quartier général est à Nantes67.

    26On peut également citer, dans le même registre, un passage d’un ouvrage de Charles Humbert, qui ne nous est pas inconnu, de 1907 :

    Peut-être alors n’aurions-nous pas la surprise et l’humiliation de voir un homme considérable, un général devenu depuis lors membre du Conseil Supérieur [de la Guerre], écrire à l’un de ses camarades, au Ministère de la Guerre, pour protester contre sa nomination imminente au commandement d’une forteresse de premier ordre : “Voilà, mon cher ami, quel est mon sentiment bien franc : Veuillez m’épargner LA TUILE DE TOUL !… Je ne mérite pas cette PUNITION68.”

    27L’étude prosopographique des gouverneurs de Verdun est d’ailleurs éloquente ; de la création du poste en 1881 à sa fusion avec celui de commandant de la RFV en 1915, il y a dix-sept titulaires. Quatre d’entre eux restent en poste moins d’un an, parmi lesquels trois moins de trois mois. Cinq autres restent moins de deux ans, durée qui est la moyenne approximative.

    28Nous retrouvons donc le décalage entre la représentation rassurante des quatre grandes places de l’Est qui est celle du grand public, et celle, officieuse et très rarement explicitée, qui a cours au sein du milieu des officiers, et qui est totalement dévalorisée. Ce décalage est rendu de façon flagrante par le récit que fait a posteriori le général Caloni, chef du génie de l’état-major du général Mangin. Ce dernier retranscrit dans un premier temps la demande du général Joffre au ministre de la Guerre, Millerand, datée du 16 juillet 1915 :

    29Le rôle joué par les Places Fortes dans la guerre actuelle montre qu’elles doivent participer aux opérations des armées en campagne avec tous leurs moyens d’action. J’estime donc nécessaire que les places situées dans la zone des armées soient entièrement placées sous les ordres du Général Commandant en Chef et que celui-ci puisse disposer sans restriction de toutes leurs ressources. Les Allemands ont, d’ailleurs, adopté cette manière de faire et ont mis en action contre nous tout le matériel de Thionville, Metz et Strasbourg.69

    30Et plus loin, il retranscrit la justification apposée au décret du 5 août 1915, au nom du signataire, le Président Poincaré, après son passage dans les différents bureaux du ministère :

    1° Devant la puissance de destruction de l’artillerie actuelle, les défenses fixes d’une place sont vouées à un écrasement certain. La preuve en est donnée par les exemples de Liège, Namur, Anvers, Maubeuge, par la chute rapide des grands camps retranchés de Russie après la retraite des armées70.
    2° La violence de la durée du feu, indispensable dans la défense aussi bien que dans l’attaque, entraînent une consommation illimitée de munitions et exigent, en conséquence, un ravitaillement continu par l’arrière, impossible à réaliser dans une place investie.
    3° Une place investie est donc réduite en peu de temps à livrer à l’ennemi les troupes qui composent sa garnison et les approvisionnements qui n’ont pas été consommés ou détruits.
    4° Dans ces conditions, la défense du territoire dépend exclusivement des armées en campagne. Il est donc naturel de reporter sur ces armées les ressources qui seraient inutilisées ou perdues dans les places. En particulier, au lieu d’immobiliser les troupes territoriales dans les places, il est plus immédiatement utile de les employer à l’exécution des travaux du front.

    31Et enfin, dans le cinquième et dernier paragraphe seulement, la réalité de ce que demande Joffre :

    5° Le désarmement des places, dont le rôle passif n’est plus acceptable, peut seul nous procurer l’artillerie lourde71 indispensable à nos projets72.

    32En 1916 donc, l’histoire donne en grande partie raison aux conclusions du rapport de l’inspection sénatoriale, et sur certains points, donne tort à Joffre et aux représentants de « l’offensive à outrance », bien qu’au niveau tactique la bataille de Verdun se termine finalement de façon positive pour les alliés.

    33Cependant, si Joffre peut être considéré comme le « liquidateur » de la place de Verdun, plusieurs facteurs complexifient sensiblement la question des responsabilités dans ce dossier. Tout d’abord, le généralissime agit dans un cadre stratégique large, dans un conflit qui a dépassé les normes temporelles, spatiales et techniques qu’on s’attendait à lui prêter avant 1914. Il va de soi que ce conflit hors-normes appelait des prises de positions elles aussi hors-normes. D’ailleurs, le général Caloni cité plus haut confirme que les Allemands agissaient dans le même sens, tout en gardant à l’esprit que dans les théories militaires de l’époque, une place est d’abord une forteresse, avant de prendre un rôle plus offensif en fournissant un équipage de siège. Or, après l’enlisement, le front ouest est assimilé à une guerre de siège, bien qu’à une échelle démesurée.

    34Joffre a pris un risque, qui s’est révélé être une erreur, en désarmant Verdun en particulier parmi les quatre grandes places fortes, puisqu’elle se trouvait directement sur la ligne de front. Il a d’ailleurs admis lui-même ne pas comprendre l’intérêt stratégique de l’offensive allemande de 191673.

    35Ensuite, la question de Verdun, que ce soit concernant le désarmement ou bien l’impréparation relative des Français en février 1916, est située dans le cadre lui aussi bien plus large d’un bras de fer qui oppose Joffre à des réseaux politiques, voire politico-militaires, autour de la contestation de la dictature « à la romaine » de Joffre74. C’est bien ce qu’il faut lire dans la visite de la commission sénatoriale, qui se sert de cette question pour contrer le généralissime, de même que le gouvernement.

    36Dans la lettre, c’est bien Joffre le responsable, mais dans l’esprit, c’est sans doute la doctrine offensive de l’armée française, d’ailleurs très largement partagée dans le monde à la veille du conflit qui est à incriminer75. En effet, une fois la France sortie de son isolement diplomatique dans les années 1890, elle dirige sa doctrine de plus en plus résolument dans la direction générale de l’offensive, alors qu’elle avait déjà beaucoup investi dans un système fortifié moderne et complet dans les années antérieures. Ce dernier est en grande partie conservé et très parcimonieusement modernisé, alors que le rôle qu’il est appelé à jouer est de plus en plus réduit, si bien qu’il est complètement dévalorisé par la plupart des penseurs militaires et des officiers généraux et supérieurs, jusqu’à ce que la bataille de Verdun le réhabilite.

    37On peut se demander quelle consistance cette place a pu avoir dans les faits, si elle a vraiment eu une existence stratégico-tactique. En effet, si le grand public la tient en haute estime76 et que les politiques l’utilisent pour contrer la toute-puissance de Joffre, l’armée et ses représentants n’en font, eux, pas grand cas. Du moins, et c’est valable pour les quatre années de guerre, l’armée allemande lui donne beaucoup plus d’importance que son homologue française. C’est dans cette représentation dichotomique que réside le scandale du désarmement des forts qui coûte Douaumont, Vaux et surtout de nombreuses vies humaines. Il faut également admettre que, comme le prévoyait Joffre, ce sont les applications des décisions prises lors de la conférence interalliée de Chantilly en décembre 1915 qui primaient, afin de ne pas perdre l’initiative sur l’ennemi et la liberté d’action. La commission sénatoriale restait, dans tous les cas, militairement beaucoup moins compétente que le chef d’état-major général, et ses prises de position sont d’abord régies par des considérations politiques. Une bonne partie des parlementaires pense que c’est poussant à changer de gouvernement et de chef d’état-major général qu’elle peut aider, dans son rôle génétique de contrepouvoir, à gagner la guerre. Si la commission de l’armée du Sénat a trouvé un argument qui s’est révélé pertinent avec la question des places fortes, il convient en fait de se demander si c’est Joffre qui est jugé, ou si ce sont les conceptions politico-militaires d’avant-guerre.

    38En conclusion, nous avons vu qu’il est intéressant de juger des faits historiques plutôt obscurs à nouveaux frais, et à l’aune de fonds d’archives peu exploités, numérisés et mis à disposition, lesquels font ressortir les discussions officieuses, auxquelles le grand public n’avait pas accès à l’époque. Le désarmement de Verdun a pesé lourd dans le dossier à charge contre Joffre en 1916, et les fonds concernant la visite sénatoriale dans la RFV permettent d’en juger la teneur, non pas dans le sens des conclusions de cette commission, mais dans le cadre de luttes d’influences féroces plus larges, bien éloignées de « l’Union sacrée », si tant est qu’on les recoupe avec des témoignages souvent, eux aussi, négligés. Et ce sont également les jeux de représentations dans le long terme qui ressortent de cette étude. Il est donc à souhaiter que ces démarches de numérisation de fonds concernant, directement ou non, la Grande Guerre, se poursuivent malgré la fin du Centenaire, afin de continuer à la réévaluer, comme invite à le faire le réseau « Une Plus Grande Guerre ».

    Centres d’archives

    Cotes des fonds principaux

    Contenu des fonds

    Service Historique de la Défense

    GR 1 X 1259

    Décret présidentiel du 5 août 1915, exemplaire du Service Historique de la Défense (précédé de l’avis du Ministre de la guerre au président de la République daté du 5 août 1915, et suivi du rapport du Ministre de la guerre au président de la République, daté également du 5 août 1915).

    Archives du Sénat

    Série 69S2 (27 et 31/07/1915, et 26/08/1915)

    Auditions de la Commission de l’armée.

    Archives du Sénat

    Série 69S65 (9, 23, 27 et 29/07/1915)

    Série 69S66 (24/08/1915, 1er et 7/09/1915)

    Série 69S68 (4/11/1915)

    Série 69S74 (18/07/1916).

    Procès-verbaux des séances de la Commission de l’armée.

    Archives du Sénat

    Série 69S118 (14/06/1916).

    Rapport de la Commission de l’armée adopté le 14 juin 1916.

    Archives Départementales de la Meuse

    Sous-série 200 Fi 0002 (éléments 10 à 18)

    Photographies de la visite de la Commission sénatoriale de l’armée.

    La Contemporaine

    Fonds Valois, 179/078 à 084.

    Photographies de la visite de la Commission sénatoriale de l’armée.

    Notes de bas de page

    1 Nous remercions les comités organisateur et scientifique de la très stimulante journée d’étude « Des sources pour une Plus Grande Guerre », et tout particulièrement Damien Accoulon et Julia Ribeiro Simon Cavalcanti Thomaz pour leurs patientes relectures, ainsi qu’Erwan Le Gall, Jean-René Montacié et Vincent Bizard.

    2 Voir notamment Holstein Christina, Fort Douaumont, éd. révisée, Barnsley, Pen & Sword Books, 2010.

    3 Rappelons que le directeur du Matin, Henry de Jouvenel, connaît relativement bien la question, puisqu’il a été lui-même mobilisé en tant que sous-lieutenant au 2e bureau (renseignement) de la place forte de Verdun en 1914, où le rejoindra d’ailleurs de façon illicite sa femme, l’écrivaine Colette, qui a décrit ses péripéties dans des articles justement parus dans le Matin.

    4 En fait, presque 66 000 hommes.

    5 Ministre de la Guerre du 26 août 1914 au 29 octobre 1915.

    6 Sur cette arme mythique, voir notamment Clesse Fabien et Lauwerenz Uwe, La super-artillerie allemande à Verdun : 28 et 30,5 cm Schwerer Kusten-Mörser – 42 cm Kurze Marine Kanonen, s.l., In memoria, 2017. À noter qu’il ne s’agit pas du canon qui a tiré sur Paris en 1918, faussement appelé lui aussi « Grosse Bertha ».

    7 Ce qui peut paraître surprenant, lorsque l’on sait que Joffre a d’abord été un grand bâtisseur de fortification permanente, notamment pour certains ouvrages de la ceinture de Paris, et surtout à Madagascar, avec la base navale de Diego-Suarez. Il est en tout cas clair qu’il a un avis d’autorité en la matière, perçu comme tel par ses contemporains. Voir notamment Porte Rémy, Joffre, Paris, Perrin, 2014.

    8 Quant aux détails de ce décret, voir Caloni Jean (Gal), Comment Verdun fut sauvé, Paris, Chiron, 1924 ; Fontbonne Rémi, Les fortifications de Verdun (1873-1918), coll. Stratégie et tactique, s.l., Actania Presse, 2011 ; Montacié Jean-René, « L’apport des archives sénatoriales dans la connaissance de la bataille de Verdun et leur utilisation en classe de Première », in Enseigner et commémorer la bataille de Verdun. Actes de la journée d’étude du Centenaire de l’APHG, Paris, APHG, 2018, p. 115, communication en ligne : « L’inspection sénatoriale du 8 août 1915 à Verdun » [https://youtu.be/u_AKLLLBPJo, 30/04/2020].

    9 Ministère de la Guerre, Décret du 7 octobre 1909 portant règlement sur le service de place, Paris, Imprimerie-librairie militaire universelle L. Fournier. L’édition de 1916 à jour au 1er novembre 1914 est consultable sur le site Gallica [https://0-gallica-bnf-fr.catalogue.libraries.london.ac.uk/ark:/12148/bpt6k6567304x, 04/05/2020].

    10 Joffre prend totalement la main sur les gouverneurs des places qui se trouvent dans la zone des armées par cet article.

    11 Le commandant en chef ne pouvait auparavant changer un gouverneur de place que lorsque la communication avec le ministre de la Guerre avait été interrompue.

    12 C’était tout l’inverse auparavant : le commandant en chef ne pouvait en aucune façon toucher aux ressources de guerre et de bouche des places, et ne pouvait « qu’associer » temporairement une partie de leurs garnisons à ses propres opérations, par demande écrite au gouverneur de la place concernée.

    13 Auparavant, ces questions ne regardaient aucunement le commandant en chef, seul le ministre de la Guerre devait recevoir cette copie jusqu’à l’investissement, c’est-à-dire jusqu’à ce que la place soit complètement encerclée et coupée de tout.

    14 Voir Cochet François, « Les débuts de la Grande Guerre en France : “dictature” imposée du militaire ou retrait du politique ? », RHA, n°248, 3/2007, pp. 60-70.

    15 L’artillerie à pied se compose de l’artillerie de forteresse, l’artillerie de siège, et l’artillerie côtière. Verdun dispose également du 61e régiment d’artillerie de campagne pour d’éventuelles sorties.

    16 À l’exception des quatre canons de 95 qui armaient les deux casemates de Bourges du fort d’Haudainville, dans la place de Verdun.

    17 Voir le décompte très détaillé repris dans Fontbonne Rémi, Les fortifications de Verdun…, op. cit., pp. 82-83.

    18 Il faut rappeler que le plan Schlieffen visait avant tout à mettre la France à genoux en évitant les places fortes françaises, et surtout Verdun, qui fait face à Metz, et devait servir de pivot à l’aile marchante allemande. Le front se fige ensuite au niveau de la portée maximale des canons de la cité meusienne, les Allemands les craignant particulièrement. Voir notamment Denizot Alain, Verdun (1914-1918), Paris, Nouvelles éditions latines, 1996.

    19 Ibidem, pp. 52-58.

    20 Après examen de la situation, le général Pétain qui vient de prendre le commandement de Verdun se refuse à lui faire porter la responsabilité de l’impréparation de Verdun.

    21 Voir Montacié Jean-René, « L’apport des archives sénatoriales…, art. cit.

    22 « Procès-verbaux et rapports des commissions de la 1ère Guerre mondiale », Sénat.fr [https://senat.fr/histoire/1914_1918, 30/04/2020]. Ce site permet en outre le visionnage des photos concernant la visite de Verdun par la commission sénatoriale conservées aux Archives départementales de la Meuse (sous-série 200 Fi 0002 – 10 à 18). D’autres photographies sur le même thème sont conservées à la Contemporaine, dans le fonds Valois (179/078 à 084), mal datées cependant.

    23 Réponse négative du président du Conseil Viviani en présence du ministre de la Guerre Millerand pour les visites, sur désaccord de Joffre.

    24 Réponse positive de Millerand en présence de Viviani pour les visites, avec l’accord de Joffre.

    25 Discussion avec Millerand et Viviani au sujet des observations faites lors des visites.

    26 Minutes publiées dans le Journal officiel de la République française. Débats parlementaires du 29 septembre 1968 (n°29), consultable sur le site du Sénat [https://www.senat.fr/comptes-rendus-seances/3eme/seances/S191607/S191607.html, 04/05/2020].

    27 AS, 69S64 : Procès-verbal de réunion de la commission sénatoriale de l’armée du 26/05/1915, p. 26.

    28 Ibidem, p. 26.

    29 Driant qui vient, le 1er décembre 1915, prévenir la commission de l’armée de l’assemblée nationale des déficiences de la région de Nancy. À ce sujet, voir les pages très intéressantes de Ferry Abel, Carnets secrets (1914-1918), Paris, Grasset, 2005, pp. 169-173.

    30 Ibidem, p. 101.

    31 AS, 69S65 : Procès-verbal de réunion de la commission sénatoriale de l’armée du 09/07/1915, p. 1.

    32 Pour un exposé limpide et détaillé du contexte et du fonctionnement des commissions du Parlement et du Sénat, se reporter à Bock Fabienne, Un parlementarisme de guerre (1914-1919), Paris, Belin, 2002. On peut également se reporter à Rousselier Nicolas, « Le Parlement français et la Première Guerre mondiale », in Parlement[s], n°10, 2/2008, pp. 13-30, et Le Naour Jean-Yves, 1914-1918, l’intégrale, Paris, Perrin, 2018, pp. 349-379.

    33 Joffre se débarrasse du général Sarrail sous prétexte de ses échecs successifs à la tête de la IIIe armée en Argonne, ce qui déchaîne les passions dans la classe politique, au sein de laquelle Sarrail a de nombreux soutiens chez les socialistes. Il est finalement envoyé à la tête du Corps expéditionnaire d’Orient en guise de compensation, à la tête duquel il obtient des résultats tout aussi mitigés. Voir notamment à ce sujet Sarrail Maurice (Gal), Mon commandement en Orient. Édition annotée et commentée par Rémy Porte, Saint-Cloud, Soteca, 2012.

    34 Voir par exemple Ferry Abel, Carnets secrets…, op. cit., p. 60 et 108, ou Cochet François, « Les débuts de la Grande Guerre en France…, art. cit., qui mentionne notamment le fait que le Président Poincaré surnomme Joffre « le dictateur » en privé.

    35 Joffre (Mal), Mémoires du Maréchal Joffre (1910-1917), t. 2, Paris, Plon, 1932, p. 105.

    36 Voir à ce sujet les réflexions de Buat Edmond (Gal), Journal. 1914-1923, Paris, Perrin, 2015, notamment p. 149.

    37 Porte Rémy, 1914. Une année qui a fait basculé le monde, Paris, Armand Colin, 2014, p. 225.

    38 Voir notamment Lorin Amaury, « Paul Doumer, “grand argentier” de la IIIe République, et les “finances de guerre” (19141918) : un nouvel âge des finances publiques ? », in Descamps Florence et Quennouëlle-Corre Laure (dir.), Finances publiques en temps de guerre (1914-1918). Déstabilisation et recomposition des pouvoirs, Paris, IGPDE et Comité pour l’histoire économique et financière de la France, 2016, pp. 43-48.

    39 Voir Dubail (Gal), Quatre années de commandement (1914-1918). Journal de campagne, t. 2 : « Groupe d’armées de l’Est », Paris, Imprimerie-librairie militaire universelle L. Fournier, 1920, p. 387.

    40 La RFV dépend du groupe d’armée de l’Est (GAE) jusqu’à janvier 1916, date à laquelle elle tombe sous la responsabilité du groupe d’armées du Centre (GAC), en prévision de l’attaque allemande.

    41 Retranscrite en annexe n°879 dans Les armées françaises dans la Grande Guerre, t. III, Annexes vol. 2, Paris, Imprimerie nationale, 1925, p. 119 [https://0-gallica-bnf-fr.catalogue.libraries.london.ac.uk/ark:/12148/bpt6k6275568g/f133.image, 04/05/2020].

    42 AS, 69S2 : Allocution de Paul Doumer lors de l’audition de Millerand et Viviani à la commission le 26 août 1915, p. 2412.

    43 Comme le remarque M. Montacié, il s’agit de l’acte de création de ce qui est appelé à devenir la « Voie Sacrée ».

    44 AS, 69S2 : Allocution de Charles Humbert à la commission le 26 août 1915, p. 2415.

    45 Ibidem, p. 2418.

    46 Ibid., p. 2419. Nous sommes en août 1915 !

    47 AS, 69S66 : Procès-verbal de la séance de la commission du 24 août 1915, pp. 111-112.

    48 La place de Maubeuge, dont le gouverneur était le général de brigade Joseph Fournier, s’était rendue le 8 septembre 1914, au moment critique de la bataille de la Marne. Bien que Fournier ait fait preuve de certaines insuffisances, il a bien été jugé, puis acquitté en 1920 pour ne pas porter atteinte à l’honneur de la garnison. Voir notamment Clément-Grandcourt (Gal), Le drame de Maubeuge (août-septembre 1914), Paris, Payot, 1935.

    49 Celles du GQG. AS, 69S2 : Audition du 27 juillet 1915, p. 2062.

    50 Ibidem, p. 2065.

    51 C’est-à-dire des places fortes.

    52 Dubail (Gal), Quatre années de commandement…, op. cit., pp. 390-391.

    53 L’avenir devait d’ailleurs lui donner raison, puisqu’un volume officiel paru en 1924, et compilant tous les textes ayant alors cours dans le domaine du service de place, reprend le décret de 1909 mot pour mot, sans prendre en compte les modifications du décret de 1915, et en ne mentionnant même pas ce dernier, signe qu’il avait été abrogé depuis, voir Service de place. Volume à jour à la date du 12 mai 1924, Paris, Charles Lavauzelle, s.d.

    54 AS, 69S66 : Procès-verbal de la séance de la commission du 24 août 1915, pp. 98-99.

    55 Ce qui n’est pas vrai pour Verdun, et dans une certaine mesure pour Belfort, qui sont directement sur le front.

    56 Poincaré Raymond, Au service de la France : neuf années de souvenirs, t. VI : « Les tranchées (1915) », Paris, Plon, 1930, pp. 322-323.

    57 Ibidem, pp. 347-348.

    58 Ibid., p. 351.

    59 La décision de réunir des comités secrets n’a été prise qu’à la mi-1916. Rien de ce qui y est dit par les personnalités auditionnées n’est pas publié dans le Journal officiel, ce qui permet aux parlementaires de gagner en contrôle sur le gouvernement et l’armée.

    60 C’est tout de même dans ce cadre qu’il faut placer l’intervention du député Driant auprès de la commission de l’armée de la Chambre le 1er décembre 1915, bien qu’il n’y soit pas directement question des places fortes. Joffre réagit en menaçant de démissionner. Voir notamment Porte Rémy, Joffre…, op. cit.

    61 AS, 69S118 : Rapport de la commission sénatoriale de l’armée adopté le 14 juin 1916.

    62 Voir notamment Goya Michel, L’invention de la guerre moderne. Du pantalon rouge au char d’assaut (1871-1918), Paris, Tallandier, 2014.

    63 Plume d’autruche préparée à placer sur le chapeau, en l’occurrence de polytechnicien, Jourdy étant de la promotion X1864. Elle est noire jusqu’au grade de général de division, puis blanche pour les grades supérieurs. Bien peu de généraux doivent vouloir accepter un tel poste pour que Jourdy soit si grassement payé.

    64 Défenseur malheureux de Verdun en 1792.

    65 Défenseur malheureux de Verdun en 1870.

    66 Défenseur avec succès de Belfort en 1870-71.

    67 Jourdy (Gal), Gouvernement militaire de Verdun, SHD, GR 1 K 664.

    68 Humbert Charles, Sommes-nous défendus ?, Paris, Librairie Félix Juven, 1907, p. 67.

    69 Cité dans Caloni Jean (Gal), op. cit., p. 24.

    70 Les contre-exemples de fortifications, pourtant modestes, remplissant leur rôle, Camp-des-Romains, Troyon ou Liouville, ne sont absolument pas mentionnés.

    71 Il nous semble ici opportun de rappeler que, dans l’armée française avant 1914, si l’artillerie de campagne est ainsi désignée plutôt que par le terme « artillerie légère », c’est que la grande majorité de l’artillerie lourde, en grande partie composée de la « barrière de Bange », est dédiée aux places fortes.

    72 Projets d’offensive en Champagne en septembre 1915, formés lors d’une conférence à Chantilly à la fin du printemps de la même année, dans le but de soutenir l’armée russe et d’empêcher son effondrement total.

    73 Voir Joffre (Mal), Mémoires du maréchal Joffre, op. cit., t. 2, pp. 199 et 205-206.

    74 Cochet François, art. cit.

    75 Voir Maril Jean-Marc, « L’offensive à outrance : une doctrine unanimement partagée par les grandes puissances militaires en 1914 », RHA, n°274, 2/2014, pp. 49-64.

    76 En particulier Verdun et Belfort, places symboliquement très chargées, qui se trouvent également être les deux places de facto dans la zone des armées après l’enlisement du front ouest.

    Auteur

    Mathieu Panoryia

    Doctorant en histoire à l’Université de Lorraine Metz. Il termine sa thèse qui porte sur les fortifications permanentes à Verdun, ville dont il est originaire, sous la direction de la professeure Julie d’Andurain.

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    1 Nous remercions les comités organisateur et scientifique de la très stimulante journée d’étude « Des sources pour une Plus Grande Guerre », et tout particulièrement Damien Accoulon et Julia Ribeiro Simon Cavalcanti Thomaz pour leurs patientes relectures, ainsi qu’Erwan Le Gall, Jean-René Montacié et Vincent Bizard.

    2 Voir notamment Holstein Christina, Fort Douaumont, éd. révisée, Barnsley, Pen & Sword Books, 2010.

    3 Rappelons que le directeur du Matin, Henry de Jouvenel, connaît relativement bien la question, puisqu’il a été lui-même mobilisé en tant que sous-lieutenant au 2e bureau (renseignement) de la place forte de Verdun en 1914, où le rejoindra d’ailleurs de façon illicite sa femme, l’écrivaine Colette, qui a décrit ses péripéties dans des articles justement parus dans le Matin.

    4 En fait, presque 66 000 hommes.

    5 Ministre de la Guerre du 26 août 1914 au 29 octobre 1915.

    6 Sur cette arme mythique, voir notamment Clesse Fabien et Lauwerenz Uwe, La super-artillerie allemande à Verdun : 28 et 30,5 cm Schwerer Kusten-Mörser – 42 cm Kurze Marine Kanonen, s.l., In memoria, 2017. À noter qu’il ne s’agit pas du canon qui a tiré sur Paris en 1918, faussement appelé lui aussi « Grosse Bertha ».

    7 Ce qui peut paraître surprenant, lorsque l’on sait que Joffre a d’abord été un grand bâtisseur de fortification permanente, notamment pour certains ouvrages de la ceinture de Paris, et surtout à Madagascar, avec la base navale de Diego-Suarez. Il est en tout cas clair qu’il a un avis d’autorité en la matière, perçu comme tel par ses contemporains. Voir notamment Porte Rémy, Joffre, Paris, Perrin, 2014.

    8 Quant aux détails de ce décret, voir Caloni Jean (Gal), Comment Verdun fut sauvé, Paris, Chiron, 1924 ; Fontbonne Rémi, Les fortifications de Verdun (1873-1918), coll. Stratégie et tactique, s.l., Actania Presse, 2011 ; Montacié Jean-René, « L’apport des archives sénatoriales dans la connaissance de la bataille de Verdun et leur utilisation en classe de Première », in Enseigner et commémorer la bataille de Verdun. Actes de la journée d’étude du Centenaire de l’APHG, Paris, APHG, 2018, p. 115, communication en ligne : « L’inspection sénatoriale du 8 août 1915 à Verdun » [https://youtu.be/u_AKLLLBPJo, 30/04/2020].

    9 Ministère de la Guerre, Décret du 7 octobre 1909 portant règlement sur le service de place, Paris, Imprimerie-librairie militaire universelle L. Fournier. L’édition de 1916 à jour au 1er novembre 1914 est consultable sur le site Gallica [https://0-gallica-bnf-fr.catalogue.libraries.london.ac.uk/ark:/12148/bpt6k6567304x, 04/05/2020].

    10 Joffre prend totalement la main sur les gouverneurs des places qui se trouvent dans la zone des armées par cet article.

    11 Le commandant en chef ne pouvait auparavant changer un gouverneur de place que lorsque la communication avec le ministre de la Guerre avait été interrompue.

    12 C’était tout l’inverse auparavant : le commandant en chef ne pouvait en aucune façon toucher aux ressources de guerre et de bouche des places, et ne pouvait « qu’associer » temporairement une partie de leurs garnisons à ses propres opérations, par demande écrite au gouverneur de la place concernée.

    13 Auparavant, ces questions ne regardaient aucunement le commandant en chef, seul le ministre de la Guerre devait recevoir cette copie jusqu’à l’investissement, c’est-à-dire jusqu’à ce que la place soit complètement encerclée et coupée de tout.

    14 Voir Cochet François, « Les débuts de la Grande Guerre en France : “dictature” imposée du militaire ou retrait du politique ? », RHA, n°248, 3/2007, pp. 60-70.

    15 L’artillerie à pied se compose de l’artillerie de forteresse, l’artillerie de siège, et l’artillerie côtière. Verdun dispose également du 61e régiment d’artillerie de campagne pour d’éventuelles sorties.

    16 À l’exception des quatre canons de 95 qui armaient les deux casemates de Bourges du fort d’Haudainville, dans la place de Verdun.

    17 Voir le décompte très détaillé repris dans Fontbonne Rémi, Les fortifications de Verdun…, op. cit., pp. 82-83.

    18 Il faut rappeler que le plan Schlieffen visait avant tout à mettre la France à genoux en évitant les places fortes françaises, et surtout Verdun, qui fait face à Metz, et devait servir de pivot à l’aile marchante allemande. Le front se fige ensuite au niveau de la portée maximale des canons de la cité meusienne, les Allemands les craignant particulièrement. Voir notamment Denizot Alain, Verdun (1914-1918), Paris, Nouvelles éditions latines, 1996.

    19 Ibidem, pp. 52-58.

    20 Après examen de la situation, le général Pétain qui vient de prendre le commandement de Verdun se refuse à lui faire porter la responsabilité de l’impréparation de Verdun.

    21 Voir Montacié Jean-René, « L’apport des archives sénatoriales…, art. cit.

    22 « Procès-verbaux et rapports des commissions de la 1ère Guerre mondiale », Sénat.fr [https://senat.fr/histoire/1914_1918, 30/04/2020]. Ce site permet en outre le visionnage des photos concernant la visite de Verdun par la commission sénatoriale conservées aux Archives départementales de la Meuse (sous-série 200 Fi 0002 – 10 à 18). D’autres photographies sur le même thème sont conservées à la Contemporaine, dans le fonds Valois (179/078 à 084), mal datées cependant.

    23 Réponse négative du président du Conseil Viviani en présence du ministre de la Guerre Millerand pour les visites, sur désaccord de Joffre.

    24 Réponse positive de Millerand en présence de Viviani pour les visites, avec l’accord de Joffre.

    25 Discussion avec Millerand et Viviani au sujet des observations faites lors des visites.

    26 Minutes publiées dans le Journal officiel de la République française. Débats parlementaires du 29 septembre 1968 (n°29), consultable sur le site du Sénat [https://www.senat.fr/comptes-rendus-seances/3eme/seances/S191607/S191607.html, 04/05/2020].

    27 AS, 69S64 : Procès-verbal de réunion de la commission sénatoriale de l’armée du 26/05/1915, p. 26.

    28 Ibidem, p. 26.

    29 Driant qui vient, le 1er décembre 1915, prévenir la commission de l’armée de l’assemblée nationale des déficiences de la région de Nancy. À ce sujet, voir les pages très intéressantes de Ferry Abel, Carnets secrets (1914-1918), Paris, Grasset, 2005, pp. 169-173.

    30 Ibidem, p. 101.

    31 AS, 69S65 : Procès-verbal de réunion de la commission sénatoriale de l’armée du 09/07/1915, p. 1.

    32 Pour un exposé limpide et détaillé du contexte et du fonctionnement des commissions du Parlement et du Sénat, se reporter à Bock Fabienne, Un parlementarisme de guerre (1914-1919), Paris, Belin, 2002. On peut également se reporter à Rousselier Nicolas, « Le Parlement français et la Première Guerre mondiale », in Parlement[s], n°10, 2/2008, pp. 13-30, et Le Naour Jean-Yves, 1914-1918, l’intégrale, Paris, Perrin, 2018, pp. 349-379.

    33 Joffre se débarrasse du général Sarrail sous prétexte de ses échecs successifs à la tête de la IIIe armée en Argonne, ce qui déchaîne les passions dans la classe politique, au sein de laquelle Sarrail a de nombreux soutiens chez les socialistes. Il est finalement envoyé à la tête du Corps expéditionnaire d’Orient en guise de compensation, à la tête duquel il obtient des résultats tout aussi mitigés. Voir notamment à ce sujet Sarrail Maurice (Gal), Mon commandement en Orient. Édition annotée et commentée par Rémy Porte, Saint-Cloud, Soteca, 2012.

    34 Voir par exemple Ferry Abel, Carnets secrets…, op. cit., p. 60 et 108, ou Cochet François, « Les débuts de la Grande Guerre en France…, art. cit., qui mentionne notamment le fait que le Président Poincaré surnomme Joffre « le dictateur » en privé.

    35 Joffre (Mal), Mémoires du Maréchal Joffre (1910-1917), t. 2, Paris, Plon, 1932, p. 105.

    36 Voir à ce sujet les réflexions de Buat Edmond (Gal), Journal. 1914-1923, Paris, Perrin, 2015, notamment p. 149.

    37 Porte Rémy, 1914. Une année qui a fait basculé le monde, Paris, Armand Colin, 2014, p. 225.

    38 Voir notamment Lorin Amaury, « Paul Doumer, “grand argentier” de la IIIe République, et les “finances de guerre” (19141918) : un nouvel âge des finances publiques ? », in Descamps Florence et Quennouëlle-Corre Laure (dir.), Finances publiques en temps de guerre (1914-1918). Déstabilisation et recomposition des pouvoirs, Paris, IGPDE et Comité pour l’histoire économique et financière de la France, 2016, pp. 43-48.

    39 Voir Dubail (Gal), Quatre années de commandement (1914-1918). Journal de campagne, t. 2 : « Groupe d’armées de l’Est », Paris, Imprimerie-librairie militaire universelle L. Fournier, 1920, p. 387.

    40 La RFV dépend du groupe d’armée de l’Est (GAE) jusqu’à janvier 1916, date à laquelle elle tombe sous la responsabilité du groupe d’armées du Centre (GAC), en prévision de l’attaque allemande.

    41 Retranscrite en annexe n°879 dans Les armées françaises dans la Grande Guerre, t. III, Annexes vol. 2, Paris, Imprimerie nationale, 1925, p. 119 [https://0-gallica-bnf-fr.catalogue.libraries.london.ac.uk/ark:/12148/bpt6k6275568g/f133.image, 04/05/2020].

    42 AS, 69S2 : Allocution de Paul Doumer lors de l’audition de Millerand et Viviani à la commission le 26 août 1915, p. 2412.

    43 Comme le remarque M. Montacié, il s’agit de l’acte de création de ce qui est appelé à devenir la « Voie Sacrée ».

    44 AS, 69S2 : Allocution de Charles Humbert à la commission le 26 août 1915, p. 2415.

    45 Ibidem, p. 2418.

    46 Ibid., p. 2419. Nous sommes en août 1915 !

    47 AS, 69S66 : Procès-verbal de la séance de la commission du 24 août 1915, pp. 111-112.

    48 La place de Maubeuge, dont le gouverneur était le général de brigade Joseph Fournier, s’était rendue le 8 septembre 1914, au moment critique de la bataille de la Marne. Bien que Fournier ait fait preuve de certaines insuffisances, il a bien été jugé, puis acquitté en 1920 pour ne pas porter atteinte à l’honneur de la garnison. Voir notamment Clément-Grandcourt (Gal), Le drame de Maubeuge (août-septembre 1914), Paris, Payot, 1935.

    49 Celles du GQG. AS, 69S2 : Audition du 27 juillet 1915, p. 2062.

    50 Ibidem, p. 2065.

    51 C’est-à-dire des places fortes.

    52 Dubail (Gal), Quatre années de commandement…, op. cit., pp. 390-391.

    53 L’avenir devait d’ailleurs lui donner raison, puisqu’un volume officiel paru en 1924, et compilant tous les textes ayant alors cours dans le domaine du service de place, reprend le décret de 1909 mot pour mot, sans prendre en compte les modifications du décret de 1915, et en ne mentionnant même pas ce dernier, signe qu’il avait été abrogé depuis, voir Service de place. Volume à jour à la date du 12 mai 1924, Paris, Charles Lavauzelle, s.d.

    54 AS, 69S66 : Procès-verbal de la séance de la commission du 24 août 1915, pp. 98-99.

    55 Ce qui n’est pas vrai pour Verdun, et dans une certaine mesure pour Belfort, qui sont directement sur le front.

    56 Poincaré Raymond, Au service de la France : neuf années de souvenirs, t. VI : « Les tranchées (1915) », Paris, Plon, 1930, pp. 322-323.

    57 Ibidem, pp. 347-348.

    58 Ibid., p. 351.

    59 La décision de réunir des comités secrets n’a été prise qu’à la mi-1916. Rien de ce qui y est dit par les personnalités auditionnées n’est pas publié dans le Journal officiel, ce qui permet aux parlementaires de gagner en contrôle sur le gouvernement et l’armée.

    60 C’est tout de même dans ce cadre qu’il faut placer l’intervention du député Driant auprès de la commission de l’armée de la Chambre le 1er décembre 1915, bien qu’il n’y soit pas directement question des places fortes. Joffre réagit en menaçant de démissionner. Voir notamment Porte Rémy, Joffre…, op. cit.

    61 AS, 69S118 : Rapport de la commission sénatoriale de l’armée adopté le 14 juin 1916.

    62 Voir notamment Goya Michel, L’invention de la guerre moderne. Du pantalon rouge au char d’assaut (1871-1918), Paris, Tallandier, 2014.

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    64 Défenseur malheureux de Verdun en 1792.

    65 Défenseur malheureux de Verdun en 1870.

    66 Défenseur avec succès de Belfort en 1870-71.

    67 Jourdy (Gal), Gouvernement militaire de Verdun, SHD, GR 1 K 664.

    68 Humbert Charles, Sommes-nous défendus ?, Paris, Librairie Félix Juven, 1907, p. 67.

    69 Cité dans Caloni Jean (Gal), op. cit., p. 24.

    70 Les contre-exemples de fortifications, pourtant modestes, remplissant leur rôle, Camp-des-Romains, Troyon ou Liouville, ne sont absolument pas mentionnés.

    71 Il nous semble ici opportun de rappeler que, dans l’armée française avant 1914, si l’artillerie de campagne est ainsi désignée plutôt que par le terme « artillerie légère », c’est que la grande majorité de l’artillerie lourde, en grande partie composée de la « barrière de Bange », est dédiée aux places fortes.

    72 Projets d’offensive en Champagne en septembre 1915, formés lors d’une conférence à Chantilly à la fin du printemps de la même année, dans le but de soutenir l’armée russe et d’empêcher son effondrement total.

    73 Voir Joffre (Mal), Mémoires du maréchal Joffre, op. cit., t. 2, pp. 199 et 205-206.

    74 Cochet François, art. cit.

    75 Voir Maril Jean-Marc, « L’offensive à outrance : une doctrine unanimement partagée par les grandes puissances militaires en 1914 », RHA, n°274, 2/2014, pp. 49-64.

    76 En particulier Verdun et Belfort, places symboliquement très chargées, qui se trouvent également être les deux places de facto dans la zone des armées après l’enlisement du front ouest.

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    Panoryia, M. (2021). La place forte de Verdun a-t-elle jamais existé ?. In D. Accoulon, J. Ribeiro Thomaz, & A.-M. Lalanne Berdouticq (éds.), Des sources pour une Plus Grande Guerre (1‑). Éditions Codex. https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.codex.2020
    Panoryia, Mathieu. « La place forte de Verdun a-t-elle jamais existé ? ». In Des sources pour une Plus Grande Guerre, édité par Damien Accoulon, Julia Ribeiro Thomaz, et Aude-Marie Lalanne Berdouticq. Ploemeur: Éditions Codex, 2021. https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.codex.2020.
    Panoryia, Mathieu. « La place forte de Verdun a-t-elle jamais existé ? ». Des sources pour une Plus Grande Guerre, édité par Damien Accoulon et al., Éditions Codex, 2021, https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.codex.2020.

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    Accoulon, D., Ribeiro Thomaz, J., & Lalanne Berdouticq, A.-M. (éds.). (2021). Des sources pour une Plus Grande Guerre (1‑). Éditions Codex. https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.codex.1873
    Accoulon, Damien, Julia Ribeiro Thomaz, et Aude-Marie Lalanne Berdouticq, éd. Des sources pour une Plus Grande Guerre. Ploemeur: Éditions Codex, 2021. https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.codex.1873.
    Accoulon, Damien, et al., éditeurs. Des sources pour une Plus Grande Guerre. Éditions Codex, 2021, https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.codex.1873.
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