Le tourisme de guerre dans un espace méconnu de l’Est de la France, Le Grand Couronné
p. 379-395
Texte intégral
1Le Grand Couronné est un lieu privilégié pour étudier les combats de la Première Guerre mondiale. Formation géologique située sur un arc passant par Pont-à-Mousson-Nancy-Épinal, il nous offre un panorama assez complet sur l’une des batailles les plus meurtrières et les plus méconnues de la guerre en août et septembre 1914. Le Grand Couronné est par la suite relativement épargné par les affrontements en raison de la stabilisation du front. Les combats se portent plus au nord, en Meuse. La frontière, entre la rivière Seille et l’espace situé à une dizaine de kilomètres à l’est de Lunéville, ne bougera plus jusqu’à l’arrivée des Américains en 1917 pour les durs combats de Bathelémont, sans gain de terrain. En 1918, une vaste offensive est prévue pour le 14 novembre mais elle n’aura jamais lieu…
2La notion même de tourisme de guerre reste à défricher et donc les interprétations à en faire également. Cette notion varie dès l’époque selon le grade des soldats, officiers très éduqués ou paysans parfois illettrés. Ensuite, une variation est évidente entre les armées de France et les armées étrangères ou coloniales en France. Certains soldats, comme dans le cas de notre centre d’étude, Lenoncourt, combattent à quelques kilomètres de leur village, ce qui ne peut être mis en parallèle avec les alliés venus soutenir l’effort de guerre qui découvrent une terre inconnue. Le Grand Couronné se distingue par la proximité immédiate de la frontière qui y exerce une influence et une fascination certaine – le tourisme y existe déjà avant-guerre – et la date de la principale bataille qui s’y déroule au tout début du conflit, de sorte que le tourisme y est présent relativement tôt.
3En raison de la présence de milliers de soldats au repos avant de retourner au combat, ce territoire devient une véritable porte d’entrée vers le tourisme, activité qui profite non seulement à Nancy mais également à de nombreux villages ruraux comme Lenoncourt, centre de cantonnement. Pendant ces quatre années, les photographes façonnent toute une mystique guerrière qui marque durablement les lieux et suscite l’essor d’un tourisme de deuil à la fin du conflit. Très vite dans une région symbolique, ce tourisme est tourné vers la glorification de la nation et du patriotisme cocardier alors qu’une frange de la population veut y voir un rapprochement nécessaire des peuples. Le Grand Couronné souffre pourtant d’une mémoire phagocytée par la puissante évocation de Verdun. Il connaît un réveil tardif dans les années 1990. Des touristes s’y pressent. Les familles y cherchent une histoire occultée, des rapprochements européens s’y font. C’est cette évolution du tourisme en lien avec la Grande Guerre que nous nous proposons d’étudier sur une échelle d’un siècle.
Le choc touristique
4Le cantonnement est un habitat militaire dont le nom n’indique en rien la nature. Il peut être la tranchée, le bois, l’abri de première ligne, grégaire, insalubre et dangereux. Il est aussi le village d’arrière-front. La guerre, rapide, et la nécessité impérieuse d’apporter les troupes vers l’avant n’ont pas permis d’anticiper l’habitat durable de ces hommes, ce que vont vite comprendre les habitants. Une microsociété prend vie, organisée par des lieux et activités pérennes et souvent lucratives… Mais c’est aussi le lieu de croisement de cultures bien différentes. Les soldats, avides de témoignages à donner à leurs familles, vont employer tous les moyens afin de ramener à l’arrière des images, dont les professionnels puis les acteurs publics vont s’emparer.
Le cantonnement, première approche touristique
5Lenoncourt, petit village de 399 habitants en 1913, situé à 14 km de Nancy, est au cœur de la bataille du Grand Couronné. Le front s’étale des contreforts des Vosges à Pont-à-Mousson où se pressent 255 000 Français et 325 000 Allemands. La bataille principale a lieu du 9 au 14 septembre pour la prise de Nancy et se solde par une victoire française. Le fait d’être un village épargné par les bombes est un atout incomparable pour Lenoncourt qui accueille militaires en cantonnement et civils fuyant les combats. Les habitants sont alors en position de force pour proposer des locations de plus en plus chères. Le sergent Triaud qui arrive à Lenoncourt le 7 novembre 1914 déplore : « Nous sommes […] à Lenoncourt, mais nous ne sommes pas très bien reçus. J’ai cependant pu trouver un lit chez le garde-champêtre, mais il me le fait payer cher. »1. À ce jeu, ce sont les officiers, dont la solde est supérieure, qui s’en sortent le mieux. Nancy profite aussi de la présence militaire. Elle offre des commodités que les villages n’ont pas2. Les hôtels y sont prisés, ce que confirme le 2 novembre 1916 Georges Triaud, promu lieutenant : « Mörch […] est venu me voir. Toujours le même, gai camarade et bon garçon mais bombeur en diable (il a dépensé 1 800 francs dans ses 15 jours de cours). »3
6L’ouverture d’une chambre va souvent de pair avec celle d’un débit de boisson, ce qui ne cesse d’inquiéter le Haut Commandement. Le préfet, inquiet, écrit au maire d’Art-sur-Meurthe (3 km de Lenoncourt) à cause des « grandes quantités d’alcool vendues clandestinement aux militaires »4. À titre d’exemple, à Hablainville (canton de Baccarat), l’autorité militaire recense 15 débitants de boissons pour 375 habitants5. Dans la région de Toul, plaque tournante de la distribution des troupes, 68 demandes d’ouvertures de débits de boissons ont été faites entre le premier août 1914 et le 4 juin 1915 et dans le même temps 48 condamnations pour ouvertures sans déclarations ont été prononcées. Le préfet se montre assez clément car, comme le note le commissaire de la ville de Dombasle le 21 octobre 1917, si la ville compte 39 cafés, la plupart sont tenus par des femmes d’ouvriers mobilisés au front qui ne pourraient survivre sans ce complément bienvenu.
7Le soldat ressent aussi le manque de présence féminine dans ce monde hostile. À Toul, les soldats ne fréquentent pas uniquement les maisons closes mais aussi de nombreuses femmes qui, face aux nécessités financières, se livrent à des pratiques sexuelles tarifées6. Le commissaire spécial de Toul note que non loin de sa ville existe une « prostitution clandestine d’un grand nombre de femmes de Pierre-la-Treiche »7. L’arrivée de prostituées en provenance de la capitale surprend les autorités, qui n’hésitent pas à parler d’une « armée de prostituées, véritables spécialistes du front, constituée à Paris »8. Les habitants dans ce cas font preuve d’adaptation puisque ce sont parfois de véritables tripots qui ouvrent avec alcool et prostitution9. Les proxénètes y voient une manne extraordinaire, surtout avec l’arrivée des sammies10.
8De manière générale, les Américains, dont la solde correspond en France à celle d’un sous-lieutenant, sont très convoités. C’est le cas de Carter Harrison, ancien maire de Chicago, membre des services de santé. Ce dernier se montre infiniment heureux d’habiter chez la famille Klein qui le reçoit à Toul, elle-même avec grand plaisir, d’autant qu’elle y gagne un loyer mensuel de 60 francs11. Il y installe le mess de la Croix-Rouge américaine. La famille propose des petits déjeuners pour 2 francs avec des vrais produits frais et du café. Le repas est très copieux. Pour 6 francs, les clients mangent sardines, saucisses, saumon, légumes, salade, compote, café. Ainsi, le soldat s’attache immanquablement au mode de vie local. C. Harrison, à peine arrivé des États-Unis, est frappé par la pratique de l’usoir qui consiste en un espace sur la chaussée assez large qui sert de lieu de stockage du fumier. Cette tradition lorraine est aussi la base de la démonstration du rang social par la taille du tas. Les Américains et Français y sont tous confrontés et cette image restera longtemps dans les souvenirs des militaires12. Le 18 août 1914, le poitevin Cyprien Vignaud consigne ses impressions : « nous sommes en Lorraine ; villages sales, fumier devant toutes les maisons »13.
La propagation des images de guerre dans la population
9Les cartes postales font apparaître une image à la fois bucolique et patrimoniale de la Lorraine. Elles rassurent les familles et sont sources de découvertes pour les soldats. Les habitants pressentent cet intérêt aussi. Georges Triaud en retire des souvenirs précis qu’il rapporte dans une carte du 10 avril 1917 : « La jeune fille […] fait une broderie appelée « broderie de Lunéville ». […] C’est le grand travail des femmes par ici »14. Les hommes aux moments des repos randonnent avec plaisir dans ces paysages. Georges Triaud, à l’orée d’un nouveau statut militaire, celui d’officier, y apprend à monter à cheval. À Lenoncourt, le château est souvent mis en avant dans les cartes. Les militaires visitent aussi les demeures historiques et se lamentent de les voir régulièrement détruites15. Mais l’image bientôt dominante est celle de la destruction de guerre. Des cartes postales sont éditées dès 1914, représentant déjà la guerre sous toutes ses formes. Elles sont proposées aux épiceries dans des albums. Les photographies dévolues aux destructions matérielles sont clairement mises en avant et les morts sont montrés sans autre précaution. L’hebdomadaire Le Miroir est friand de ces images dont il sait qu’elles feront sensation. Il organise ainsi des concours auprès des combattants afin d’obtenir les photographies les plus spectaculaires. Ces illustrations participent largement à la diffusion des espaces de bataille et certaines deviennent vite des lieux communs. Le premier est la tranchée, représentée à l’envi par un nombre très impressionnant de photographies. Vient ensuite les représentations des villages en ruine16. La troisième représentation, plus subtile, souhaite montrer la force immuable de la France. C’est le cas d’images mettant en scène des militaires à la tenue irréprochable, sous les solides tours du château de Lenoncourt. Sur l’une d’elle, un avion est placé dans le ciel. Or cette photographie n’est pas sans rappeler celle réalisée en 1909 dans le même village. En effet, à la suite de la guerre perdue contre les Allemands en 1870-71, la frontière qui jouxte la Lorraine est objet de visites17.
Cartes postales sur la Première Guerre mondiale

coll. M. Georgin
Remise de décoration sur la pelouse du château de Lenoncourt


La Contemporaine, fonds Charles de Preissac, https://argonnaute.parisnanterre.fr/ark:/14707/a0115118629556bs48J/abee9ac14a
Carte postale représentant la Grande Revue du 11 septembre 1909

La Contemporaine, fonds Charles de Preissac
10Dorénavant la photographie surpasse en puissance le récit traditionnel des événements18. Les appareils photographiques sont de plus petits formats comme le Kodak, permettant une large diffusion19. Le désir de laisser une trace puis de montrer aux autres est très fort, comme en témoigne la correspondance de Georges Triaud à sa mère. Le 3 juillet 1915, alors qu’il lui envoie une série de photographies, il insiste : « Garde-les bien pour après la guerre et dis-moi si tu as bien conservé la collection que je t’ai déjà envoyée »20. Au début de conflit, ce sont les soldats eux-mêmes qui prennent et tirent ces photographies, échappant dès lors à la censure militaire21. La production de la Section photographique de l’Armée, créée en février 1915 dans le but de fournir aux journaux des clichés du conflit, bénéficie de puissants relais auprès de l’opinion. Le préfet de Meurthe-et-Moselle et ancien député socialiste, Léon Mirman, agit habilement. Il envoie outre-Atlantique un très grand nombre de clichés, car « les photographies des églises martyres représentent une chose horrible » dans une population profondément chrétienne22. Il met en valeur certaines personnalités à l’image de Sœur Julie qui a tenu tête aux Allemands dans le village de Gerbéviller et exploite ses visites, comme celle de ce village, qui a fait grand bruit en France, et aux États-Unis23.
11Les peintres se mobilisent également24. Victor Prouvé, artiste majeur de l’École de Nancy, est mandaté dès 1914 pour se rendre à Gerbéviller et réaliser des dessins de la cité martyre. Il donne un aspect saisissant aux ruines25. Il y retourne en 1916 pour une série de dessins magnifiant la souffrance et le sacrifice. D’autres prendront le relais, tel Alfred Lévy, autre artiste lorrain, qui élargit sa vision à toutes les destructions, donnant ainsi plus de visibilité au Grand Couronné. La diffusion se fait plus large grâce à la commande du ministère de l’Instruction publique et des Beaux-arts à Victor Prouvé à partir de 1917 sous forme d’affiches et de bons points pour les écoliers français.
12Le cinéma naissant n’est pas en reste. La ferme du Léomont, placée sur la colline du même nom, a fait l’objet d’une bataille acharnée. Un court film montre en son sommet la masse informe des restes de la ferme26. Plus impressionnant est le passage des troupes par Gerbéviller. La ville a été presqu’entièrement incendiée par les troupes allemandes. La légende présentée par l’ECPAD est révélatrice de l’objectif de l’État car les soldats sont amenés à visiter ce village-martyr pour y éprouver du dégoût.
La Guerre : objet de désir touristique
13Reconstruire ou conserver ? La question mérite d’être posée à la fin de la guerre. Le bilan est lourd et la population aspire à la reconstruction immédiate des villages. Mais ces destructions ne sont pas de simples ruines, elles sont le symbole d’une lutte acharnée de quatre ans. La question est épineuse car, dans le Grand Couronné, les traces visibles de la guerre sont bien présentes. L’État se fait donc aménageur et commence à mettre en place des réglementations. Nous avons retenu celles qui concernent un aspect hautement symbolique : les sépultures de guerre. Elles seront elles-mêmes à l’origine d’un tourisme particulier, celui du deuil, vite élargi à une population avide de comprendre l’impensable. Immanquablement, cette valeur patrimoniale se double d’une âpre concurrence politique pour la mémoire.
Que faire des lieux de combat ?
14Dès les premiers mois du conflit, à défaut de pourvoir rapatrier les corps, les familles des victimes consacrent les lieux d’inhumation par apposition d’un souvenir personnel, fréquemment des plaques funéraires27.
Plaque de R. Floriot, mort le 13 juillet 1918 à Vrécourt dans les Vosges

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15Les corps sont parfois réunis à l’initiative de civils, comme Mademoiselle Wibrotte, institutrice à la retraite, qui recueille les soldats laissés sur les abords du Léomont afin de les réunir tous dans un champ qu’elle achète. Dans certains cas, la construction de monuments familiaux est également envisagée. C’est tout du moins la volonté de la veuve du lieutenant Pierre Goujon, député de l’Ain, premier parlementaire mort pour la France le 25 août 1914, qui achète 25 m² de terrain à Méhoncourt afin d’ériger un monument en hommage à son mari.
16Or, ces initiatives – tout comme l’action des agriculteurs après-guerre28 – viennent contrecarrer le souhait de maintenir l’intégrité du champ de bataille. En 1915, Georges Reynald déclare en effet au Sénat, « [pour que] nous ne puissions oublier, pour que nos enfants se souviennent, pour que les autres nations comprennent et jugent, il convient que la France garde au visage la cicatrice de ses blessures »29.
17La reconstruction des villages en ruine est moins problématique en raison des impératifs de la relance économique. Vitrimont est presqu’entièrement détruit par les durs combats de 1914. En 1915, à la suite de leur visite, des femmes, particulièrement choquées, décident de créer un comité pour sa reconstruction. Miss Polk, petite-nièce du président des États-Unis, James Knox Polk, est l’une d’elles30. Durant deux ans, elle œuvre sans relâche, trouvant les 100 000 dollars nécessaires.
18Quant aux tombes dont l’état se dégrade progressivement, leur entretien est confié à la Ligue du Souvenir, créée par la préfecture le 14 novembre 1918. Nous voyons alors poindre une première caractéristique de protection patrimoniale, qui sert indéniablement le tourisme de deuil, sur quelques cimetières31. Ces espaces se voient de loin et forment un point d’arrêt dans le paysage par la mise en place d’un portail d’entrée et de haies en 1928.
Un tourisme inédit
19Qu’ils soient de témoins indirects de la guerre ou directs, de nombreux Américains reviennent dans le Grand Couronné après la guerre. A la visite commémorative s’ajoute indiscutablement un intérêt touristique. De retour du plateau d’Amance, l’un d’eux écrit le 29 avril 1918, que face à « ce beau pays de la Lorraine […] nous nous souviendrons toujours de ce coup d’œil »32. À chaque fois, le lieu de recueillement n’est pas le seul arrêt de ces véritables touristes. Les mères américaines font un tour de France pendant leur séjour33. Les vétérans de l’American Legion ont un parcours organisé en plusieurs groupes qui se croisent mais partent selon un itinéraire bien défini à l’avance34. La population en touche les retombées sous forme de monuments qui peuvent à leur tour attirer des touristes, comme celui érigé par les brancardiers américains dans la ville de Pont-à-Mousson35. Les mères préfèrent offrir de l’argent pour que les enfants visitent Verdun. Ces premiers séjours en appellent d’autres.
20La commission canadienne visite la Lorraine en 1923. Le 3 août, elle a inscrit à son ordre du jour le site de la bataille du Léomont, alors qu’elle est une organisation à but économique. De leur côté, les opérateurs touristiques tentent de rationaliser leur approche afin de profiter pleinement de la demande touristique, bénéficiant de la multiplication des guides touristiques consacrés aux champs de bataille.
21Conscient de l’opportunité économique que représente cet afflux touristique, l’État facilite ces déplacements par la négociation des tarifs ferroviaires36. Dans les brochures et guides, un effort est fait sur la description des lieux37. L’impact du tourisme est tel que les commerçants peuvent se muer en groupe de pression. Un groupe écrit pour se plaindre du maire de Pont-à-Mousson qui n’a pas daigné accueillir les membres de l’American Legion, ni même les « retenir », ce qui fait « au moins 40 000 francs qui sont perdus pour le commerce local »38. C’est un atout indéniable pour les communes39.
Ce guide daté de 1923 est la preuve de cet ensemble cohérent

coll. M. Georgin
Guide de 1923

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22Si l’État encourage ce tourisme, il n’entend toutefois pas en faire des lieux de plaisir. Le ministre de l’Intérieur est très clair à ce propos et déplore que : « certains des visiteurs parcourent joyeusement les contrées dévastées » et « s’installent aux alentours des sépultures pour y prendre leur repas »40. C’est pourquoi des artistes de renom vont créer des œuvres qui saisissent le visiteur. Eugène Gatelet réalise le monument de Champenoux en 192441. Cette attitude est bien comprise par les acteurs de la filière touristique de l’après-guerre42. Le Touring-Club de France lance une collecte qui lui permet d’ériger des bornes dites Vauthier afin de matérialiser la ligne de front, de la mer du Nord à la Suisse. L’empressement à le faire, et à si grande échelle, indique le potentiel d’un tel tourisme et la volonté de sanctuarisation des lieux. Paul Moreau-Vauthier a représenté une borne pyramidale sur laquelle il a placé un casque et une couronne de laurier.
23Une borne miniature, œuvre du sculpteur Gaston Deblaize reprend les codes de la borne
24Vauthier. Elle est commercialisée aux touristes au prix de 20 francs. Sur son flanc est écrit : « Cette borne renferme une parcelle de terre sacrée de Verdun ». Elle est remplie de sable par un contrôleur dépendant de l’association des Gueules Cassées (dont l’honorabilité ne peut être mise en doute). Un certificat signé des mains du colonel Picot, membre-fondateur de l’association, est joint à l’envoi.
Des répercussions politiques
25Si l’État fait de ce tourisme une activité très sacralisée, c’est qu’il a des répercussions politiques immenses43. La droite nationaliste se montre très active dans la région, portée par l’écrivain et député Maurice Barrès. Son action est inlassable dans le Grand Couronné. Il parcourt les espaces dévastés et enflamme le public par ses discours, germanophobes, tel que celui de La Lorraine dévastée en 1919, qui débute par : « Lenoncourt, le 1er novembre 1915. […] Allor [sic] qu’à leur poste de combat il défendait Nancy de la grossière convoitise Barbare »44. L’auteur y défend le souvenir des morts pour la France : « Écoutez comment un illettré de Lenoncourt, petit village piétiné par les batailles d’autour de Nancy, proteste contre l’abandon des morts. »45 L’ancien ministre Jacques Chérèque est représentatif de ces enfants de l’entre-deux-guerres qui, à Champenoux où résidaient ses grands-parents, se rendaient à la nécropole comme une obligation morale46. Par regroupement des morts transférés de différentes communes du Grand Couronné, le cimetière devient nécropole nationale. Inauguré le 17 avril 1922, il est à l’origine d’un pèlerinage très couru.
Borne miniature, œuvre du sculpteur Gaston Deblaize, reprenant les codes de la borne Vauthier

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26Comme la plupart de la gauche, André Liautey47 et René Cassin – professeur de droit grièvement blessé à Saint-Mihiel en Lorraine – pensent que la paix ne peut venir que d’une action commune et fraternelle entre les peuples meurtris de cette guerre. Ils créent d’ailleurs la Conférence Internationale des Associations de Mutilés et d’Anciens Combattants. Sa commission de la paix confère une importance certaine au tourisme avec la création d’un musée contre la guerre à Genève, ou d’une manifestation lourde de sens, le pèlerinage à Verdun en 1936, mêlant anciens combattants allemands et français48.
27Le tourisme est un élément qui joue sur les stratégies politiques de l’époque, même indirectement. La venue de l’American Legion en Lorraine, en 1927, est ainsi violemment dénoncée par les partis socialistes et communistes, comme étant un mouvement « fasciste et réactionnaire », en réaction à la condamnation à mort, aux États-Unis, de deux anarchistes d’origines italiennes : Nicola Sacco et Bartolomeo Vanzetti49. Le tourisme est pris dans les tribulations politiques liées au contexte international.
Lieu oublié, lien retrouvé
28L’ancien combattant qui revient fouler le sol de guerre est légitimement perdu, car il ne trouve plus les tranchées, le sol nu, le bruit du canon, remplacés par des forêts paisibles. Le temps fait son œuvre… En outre, la guerre de 1914 est supplantée en horreur par la Seconde Guerre mondiale. L’oubli est progressif mais inexorable. Les images retenues sont désormais lointaines et l’on garde plus volontiers l’anecdote que l’explication du fait. Pourtant, des questionnements ont fini par resurgir avec la disparition des témoins, dans la population (familles, collectionneurs, passionnés par cette période). Ce désir de mémoire provoque un réveil de la recherche qui non seulement interroge les derniers témoins et les archives mais aussi les lieux même des combats. Cette nouvelle approche est très marquée en Lorraine et le Grand Couronné n’y échappe pas.
Le tourisme de mémoire en plein essor
29En Lorraine, la guerre même s’identifie à la région de Verdun, qui réduit sans le vouloir l’influence les autres lieux mémoriels de la région. Malheureusement, le cliché est parfois poussé à l’extrême, comme dans le cas de la Tranchée des baïonnettes, falsification adoubée par la ferveur populaire. Au Léomont, une ferme abandonnée sert de point de repère au cimetière. Deux stèles sont présentes autour de la ferme : une dédiée au colonel Courtot de Cissey tué à proximité du lieu, et une autre en l’honneur du maréchal Lyautey, résidant dans la commune voisine de Crévic. Appelé « Le Poilu de Vitrimont », le monument principal a été érigé en 1927. Une chapelle a aussi été construite par le Souvenir Français. Cet ensemble dispose donc d’éléments propres au tourisme de deuil. La statue du poilu veille sur les lieux avec son casque Adrian et sa tenue bleu horizon, qui n’ont pourtant jamais servi lors de ces combats…
Un tourisme pédagogique : comprendre
30Une archéologie de la guerre naissante change la donne, mettant en relief certaines découvertes, telle la tombe d’Alain-Fournier et de ses compagnons en 1991 en Lorraine50. Cet exemple va de pair avec une historiographie renouvelée51. Le fait historique n’a pas changé, mais ses approches, si. Le sérieux de ces études rejaillit sur celles qui se font en région, comme le prouve le cercle d’histoire de Laneuvelotte et son impressionnant corpus d’études sur le Grand Couronné. Par exemple, le fort de Manonviller, transformé en champignonnière, est dégagé depuis peu et fait l’objet d’ouvertures ponctuelles.
31Le cas du Léomont est suivi de très près par le Conseil régional qui l’intègre dans le volet tourisme de mémoire de sa compétence touristique. La Communauté de Communes du Lunévillois (CCL), le Département, la Région, sont impliqués dans le projet. La CCL veut « révéler la profonde dimension historique de ce site et développer une dynamique touristique »52. Cette dimension se décline en trois points : transmission de l’histoire aux générations futures, tourisme de mémoire, valorisation du patrimoine naturel et rural.
32La Charte paysagère pour l’environnement et le développement durable de la CCL est son document de référence. La ferme à côté du cimetière devient le point nodal de l’aménagement par une vaste salle de 100 m² qui sert à alimenter une réflexion didactique sur la bataille. Elle est formée d’un espace de conférences, d’une salle de projection et d’un espace muséal. Le ministère de la Défense en est le principal maître financier, preuve de l’implication de l’État dans ce tourisme53. En outre, une exposition temporaire est organisée (en 2016, une tranchée française puis allemande recréée avec soin).
33Exemple de station représentant un officier artilleur et son canon, menant au site du Léomont

Cliché : Olivier Verdier
34Le site étant fermé de novembre à avril, ce tableau des visites montre leur ampleur. L’effet du Centenaire a poussé les chiffres en 2014 mais ceux de 2015 sont tout de même très importants puisque des visiteurs viennent maintenant hors saison. Il faut noter que l’origine des visiteurs s’élargit à toute la France, à l’Allemagne et aux Pays-Bas. En 2015, les premiers Chinois et Américains ont fait leur apparition, ce qui a permis de créer un gîte sur les lieux mêmes. Ce site poursuit sa mission d’équipement rural par le tourisme puisqu’un projet a réuni le Souvenir Français, la CCL et le lycée des métiers Boutet de Monvel, entre 2011 et 2013, avec un parcours de 14 stations destinées à être équipées de bornes interactives représentant les étapes de la bataille et la vie à cette époque, de la ferme jusqu’au sommet de la colline.
Fréquentation du site du Mouton Noir
Années | Nombre de visiteurs |
2010 | 860 |
2011 | 1461 |
2012 | 1569 |
2013 | 1551 |
2014 | 4427 |
2015 | 2057 |
35Des pistes sont ouvertes pour une foule d’autres études à mener. Il peut être pertinent de comprendre les différentes formes de tourisme selon les espaces concernés. Certains soldats découvrent le ski dans les Vosges, ce qui ne se pratique pas dans d’autres secteurs de combat. Quel est le choc en retour pour certaines catégories de personnes qui ont dû découvrir le tourisme par la force de déplacements obligés ? Nombreux sont les enfants lorrains envoyés durant la guerre en colonie, pour échapper au combat ou pour réparer l’absence définitive d’un parent. Les troupes indigènes, nombreuses dans le Grand Couronné, auraient beaucoup à raconter54. Beaucoup découvrent un pays et des cultures. À ce titre, le tourisme basé sur des photographies a permis de conserver un large corpus sur des paysages ou monuments, parfois irrémédiablement détruits. Ces contacts participent au grand brassage d’après-guerre : Georges Triaud découvre le curry en convalescence à Dieppe. Les Américains seront particulièrement friands de ces morceaux de Vieux Monde, jusqu’au cliché parfois. Qui se souvient du parcours du sergent-pilote Lee Duncan de l’escadron de Chasse de Colombey-lès-Belles, transféré à Toul ? Par contre, le chien qu’il trouva sur le territoire de Flirey et à qui il donna le nom d’une poupée confectionnée par les enfants lorrains pour les soldats venus se battre dans cette région, connaîtra une destinée internationale sous le nom de Rintintin.
36L’aspect négatif de ce cliché est dénoncé par Antoine Prost en postface de sa monumentale thèse sur les anciens combattants et la société française quand il écrit :
« Verdun, le lundi de Pâques, 15 avril 1974. […] Des touristes en cohortes visitent consciencieusement le champ de bataille. […]. Comme ailleurs, ils font la queue devant les guichets, suivent les flèches, achètent des souvenirs et envoient des cartes postales : ce sont de bons touristes. Ils font lentement le tour du bloc hideux de béton qui recouvre la soi-disante tranchée des baïonnettes […]. Aucun d’eux ne fait quelques pas aux alentours de ce monument. Il suffit pourtant de s’avancer dans le bois pour que surgisse, autrement plus impressionnante, la présence de la guerre endormie. »55
37Il a fallu attendre les années 1980 pour voir revenir la « demande de 14-18 », ce besoin de comprendre autrement comme l’affirme Nicolas Offenstadt lors de son intervention au colloque sur l’archéologie de la Grande Guerre qui s’est tenu à Suippes en 200756. Il amène à sortir des sentiers battus pour élargir les recherches. Des bénévoles aidés par les collectivités territoriales ont mis en place des outils locaux de grande qualité sur des lieux emblématiques pour comprendre cette guerre. Ils sont aujourd’hui très visités (Vauquois en Meuse ou La Chapelotte, dans les Vosges, récemment aménagé). Le Grand Couronné poursuit ses équipements : panneaux explicatifs sur les pistes cyclables, balisage sur l’emplacement d’un canon de marine à Velaine-sous-Amance, mais aussi demande de classement au patrimoine mondial de l’UNESCO. Le dossier n’est pas clos…
Notes de bas de page
1 Journal et lettres de Georges Triaud, lettre du 7 novembre 1914, http://dtriaudmuchart.free.fr/guerre_1914.htm [consulté le 22 février 2017].
2 Ibid., lettre du 08 décembre 1914.
3 Ibid., lettre du 2 novembre 1916.
4 AD Meurthe-et-Moselle, 4 M 130 : débits de boisson et zone des armées, 16 décembre 1914.
5 AD Meurthe-et-Moselle, 4 M 130, lettre du Colonel Commandant la 142e Brigade au préfet du 29 janvier 1915.
6 BUZZI, Pierre-Louis, « La prostitution à Toul pendant la Grande Guerre », Étude touloise, n°149, 2014, p. 15-18 ; voir également LATOUCHE Régis, La Lorraine des petites vertus. Les filles publiques de la révolution aux années 1950, Nancy, Gérard Louis, 2012 ; LE NAOUR Jean-Yves, Misères et tourments de la chair durant la Grande Guerre : les mœurs sexuelles des français 1914-1918, Paris, Aubier Montaigne, 2002.
7 AD Meurthe-et-Moselle, 4 M 135, rapport du commissaire spécial de Toul, 20 novembre 1916.
8 AD Meurthe-et-Moselle, 4 M 135, rapport du commissaire spécial de Toul, 26 novembre 1917.
9 AD Meurthe-et-Moselle, 4 M 131, note du ministre de l’Intérieur dans le cadre de la prévention contre la prostitution, juin 1917.
10 AD Meurthe-et-Moselle, 4 M 135, lettre du Général Jullian, 29 novembre 1917. Il précise que des filles « parlent anglais » au moment où une « clientèle américaine arrive à Toul ».
11 GILBERT, Michel, « Carter Harrison et la ville de Toul-La Croix rouge américaine et le complexe hospitalier US à Toul à la fin de la Grande Guerre », Étude touloise, n°119, 2006, p. 10.
12 Le général Pershing interviendra personnellement auprès des autorités pour retreindre ces nauséabondes habitudes.
13 RENAUD, Patrick-Charles, La guerre à coup d’hommes, Escalquens, Grancher, 2014, p. 131.
14 En 1914, Georges Triaud visite aussi les mines de fer de cette région.
15 Carter Harrison parle pour la cathédrale de Toul où il se rend régulièrement de « charme unique et beauté reposante ». Cité dans GILBERT, Michel, art. cit., p. 9.
16 Le musée lorrain à Nancy conserve de nombreuses photographies de cette époque, destinées à être tirées en cartes postales. Toutes sont sur le même modèle : rue principale et surtout église détruite, prouvant la barbarie de l’ennemi.
17 Carte postale (collection personnelle) de Brin-sur-Seille (21 km de Lenoncourt) qui montre un poste-frontière avec l’Allemagne. Le rédacteur précise l’envoyer à un destinataire de Corrèze pour lui montrer la fameuse ligne frontière.
18 JALABERT, Laurent et PUTON, Jean-Pierre, « La photographie de la Grande Guerre, affirmation d’un témoignage patrimonial », In Situ, n°23, 2014, en ligne, https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/insitu.10992.
19 Journal et lettres de Georges Triaud, 17-19 février 1915.
20 Ibid.
21 La réaction militaire est tardive ; AD Meurthe-et-Moselle, 8 R 178 : affaires de guerre, correspondance ; affiche du 20 mars 1916 sur l’interdiction de prendre ou développer des photographies.
22 AD Meurthe-et-Moselle, 1 J 1128 1 et 2, lettre de Caroll E. Edson de Denver, 23 juin 1916 ; lettre d’A. H. Markwart, 1er juillet 1916 ; et lettre de New York, 3 juillet 1916.
23 AD Meurthe-et-Moselle, 1 J 1128 1 et 2, article d’un journal de Cleveland intitulé : « Sister Julie of the hospital at Gerbéviller » ; extrait du Evening post Saturday Magazine de New York au sujet de Sœur Julie.
24 OTTER, Blandine, « L’art en guerre. Figurer le conflit armé : un défi et un devoir pour les artistes lorrains », Pays Lorrain, septembre 2014, p. 295-305.
25 Coll., La Grande Guerre par les artistes, Paris, Berger-Levrault, 1914. Le fascicule n°5 s’intitule « Gerbéviller. Huit dessins d’après nature par Victor Prouvé ».
26 ECPAD, « La Meurthe-et-Moselle et la Grande Guerre dans les collections photographiques et cinématographiques de l’ECPAD (1915-1919) », en ligne.
27 AD Meurthe-et-Moselle, 2 R 148, supplique d’un conseiller général au préfet pour se rendre sur la tombe de son fils et y placer un cercueil.
28 AD Meurthe-et-Moselle, 8 R 142, arrêté de l’autorité militaire du 19 avril 1915.
29 CHASSAIGNE, Philippe, et LARGEAUD, Jean-Marc (dir.), Villes en guerre, Paris, Armand Colin, 2004, p. 13.
30 AD Meurthe-et-Moselle, 8 R 248, dons aux communes. Mlle Polk ne s’est pas fixée tout de suite à Vitrimont mais a visité « les principales régions du département ».
31 Champenoux : 1585 soldats, Gerbéviller : 2167, Courbesseaux : 2679, Vitrimont : 3751.
32 AD Meurthe-et-Moselle, 1 J 1128 1, lettre d’un major américain au préfet Léon Mirman du 29 avril 1918.
33 AD Meurthe-et-Moselle, 1 M 678, lettre du commissaire spécial au préfet, 3 juin 1930.
34 AD Meurthe-et-Moselle, 1 M 678, visite Légion Américaine en France (21 septembre 1927). Entre 500 et 1000 personnes se déplacent quotidiennement pour assister aux 3 jours de commémoration.
35 AD Meurthe-et-Moselle,1 M 678, lettre du préfet au maire de Pont-à-Mousson, 7 août 1931.
36 AD Meurthe-et-Moselle, 2 R 148, lettre du préfet au ministre des Pensions, 1er février 1926. Ces accords indiquent les lignes qui octroient une réduction pour les familles afin de « visiter la tombe de leur parent ».
37 Dans la dernière page de ce fascicule une série de partenaires publicitaires révèle l’intérêt d’un hôtel.
38 AD Meurthe-et-Moselle, 1 M 678, rapport du commissaire spécial, 19 septembre 1927.
39 AD Meurthe-et-Moselle, 4 M 73, associations touristiques. Un comité d’initiative touristique naît à Badonviller le 30 mars 1936. Son article 2 stipule : « conservation des sites et vestiges de guerre ».
40 AD Meurthe-et-Moselle, 2 R 148, recherches de disparus, lettre du 5 janvier 1920 ; lettre du préfet de la Meuse, 4 août 1920. Le préfet évoque les « incidents regrettables » lors de « visites de touristes aux anciens champs de bataille ».
41 Un obélisque avec une croix latine et une mère endeuillée.
42 AD Meurthe-et-Moselle, 8 R 178 : régulation des officines de tourisme.
43 PROST, Antoine, Les Anciens combattants et la société française (1914/1939), 3 tomes, Paris, PFNSP, 1977.
44 Il aurait été écrit par un habitant de Lenoncourt, certainement un simple artifice d’écrivain.
45 Il se termine par « Nancy […] Vien eun pieu [sic] pèlerinage de reconnaissance et d’admiration rendre un juste hommage à seux [sic] qui sont mort pour toi ».
46 Jacques Chérèque est né en 1928, décédé en 2017. Il occupe le poste de ministre délégué à l’Aménagement du territoire (1988/1991) ; entretien filmé avec l’auteur le 5 mars 2014 (collection personnelle).
47 Né en 1896, député et sous-secrétaire d’État à l’agriculture, il est très impliqué dans les associations gravitant autour du parti radical ; sur ce point voir VERDIER, Olivier, Action politique et défense des intérêts catégoriels. André Liautey et le monde des groupes de pression (1919/1960), thèse, Paris X Nanterre, 2009.
48 AD Haute-Saône, archives Liautey, cote B (Anciens combattants), III.a. (Parlement, action internationale).
49 AD Meurthe-et-Moselle, 1 M 678, visite de la Légion Américaine en France, 21 septembre 1927 ; affiche SFIO ; L’Éclair de l’Est, 20 septembre 1927.
50 DESFOSSES, Yves, « L’Archéologie de la Grande Guerre en France : une discipline récente pour quels enjeux ? », Pays Lorrain, septembre 2014, p. 305-313.
51 DANCHIN, Emmanuelle, Le temps des ruines (1914-1921), Rennes, PUR, 2015.
52 Archives de la CCL, extrait des comptes rendus des réunions, 2003-2007.
53 Ce qui sera confirmé au rédacteur de ces lignes par le secrétaire d’État aux Anciens combattants Marc Laffineur lors de sa visite le 11 novembre 2011.
54 Une photographie montre des soldats de la division marocaine, stationnée longtemps à Lenoncourt, se rendant à cheval, en habit traditionnel de spahi en direction du château de Lenoncourt sous le regard médusé de lavandières.
55 PROST, Antoine, op. cit.
56 Compte-rendu en ligne de son intervention intitulée « Comment faire travailler ensemble historiens et archéologues ? » sur la page www.crid1418.org/espace_scientifique/archeo/coll_archeo_suippes1.html
Auteur
Professeur d’histoire-géographie en lycée. Titulaire d’un doctorat en histoire contemporaine portant sur André Liautey, il a notamment publié, avec Jean-Claude Grandhay, Élections et élus en Haute-Saône (SALSA, 2016).
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