Avant-propos
p. 7
Texte intégral
1Le singulier pour la singularité. L’histoire des monuments aux morts compte à ce jour de longs chapitres à son actif. Précieuse, elle dit à ceux d’aujourd’hui ce pourquoi ceux d’hier les ont érigés au milieu de leurs villes et plus encore de leurs villages. Elle raconte un deuil collectif pour un traumatisme non moins collectif d’un pays, d’une nation – même si le mot inquiète parfois – figée pour longtemps par l’ampleur du drame. Par-delà une approche globalisante, à rebours ou plutôt en complément d’une histoire qui embrasse les époques, les acteurs et les lieux, s’attacher à la singularité peut sembler une gageure ou un anachronisme.
2Après plusieurs années passées à scruter en maints endroits le monument aux morts, à l’interpréter, à le comprendre, il a fini par apparaître comme une singulière résurgence du passé. Par sa présence il ne cesse d’interroger le présent, son rapport mêlé au souvenir, à la mémoire et à l’histoire. L’envisager pour lui-même isolément permet de questionner le rapport qu’il entretient avec le groupe social et avec le territoire. Le replacer dans son contexte géographique et culturel incite à le rendre plus explicite, aux passants, aux promeneurs et surtout à ceux qui « habitent » le territoire, ceux qui y vivent, y travaillent, s’y déplacent et finissent par y trouver des éléments d’identification 1.
3Ici, là-bas, trente-six mille histoires attendent d’être racontées. Un million quatre cent mille noms dorment sur les stèles. Oubli légitime.
4Aujourd’hui chacun d’entre nous, passionné ou simple curieux, élu local ou enseignant, spectateur ou acteur, « habitant » au sens profond du terme, peut porter un regard neuf sur le monument aux morts ; celui de sa commune ou n’importe quel autre. Ce livre ouvre une porte pour regarder, lire et faire parler chacun d’entre eux. Pour empêcher la mort du monument aux morts.
Notes de bas de page
1 « Habiter » est ici considéré dans sa dimension géographique et sociale, dans l’interactivité entre les acteurs et l’espace dans lequel ils évoluent, avec une intensité variable selon qu’ils y vivent, y séjournent ou se contentent de le traverser. Voir « Habiter », Lévy Jacques, Lussault Michel, Dictionnaire de la géographie et de l’espace des sociétés, Belin, 2003.
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