Le bréviaire manuscrit au Moyen Âge (XIe-XVe siècle)
Apparition et évolution du contenu textuel et iconographique
Résumés
Par ce papier, nous nous proposons d’établir un bref état de la question de l’apparition et de l’évolution du bréviaire. Ce dernier permet de réciter l’office du jour et de la nuit et donc les heures canoniales. Il est apparu en tant qu’objet liturgique au XIe siècle mais le terme latin ne date que du XIIe siècle. Il sert dans le cadre d’une récitation publique ou privée selon l’usage qu’il en est fait durant le Moyen Âge. D’origine monastique, il s’étend rapidement au monde séculier. Il comprend un décor composé principalement, du XIe au début du XIVe siècle, d’initiales historiées. On peut résumer ce dernier en trois cycle distincts correspondants aux sections textuelles primaires du bréviaire. À partir du XIVe siècle, il connaît une évolution fulgurante qui en changera complètement les usages et les décors. Ces derniers seront plus riches et imposants.
With this paper, we proposed to establish a status report about the breviary. This one was used to recite the office of the Hours, day and night. It appears as a liturgical object during the XIth century but the word appears only in the XIIth century. It was used in public or in private. It depends on its use during the Middle Ages. The breviary is from monastic origin, but quickly it expands inthe secular world. From the XIth to the XIVth centuries,this book is composed with mostly historiated initials. We can summarize this decoration with three iconographic cycles which matches with major textual sections of the breviary. From the XIVth century, it experiences a symbolic evolution which changes its decoration and usage. Its decoration became richer.
Entrées d’index
Mots-clés : bréviaire, manuscrit liturgique, iconographie, enluminure, théologie
Keywords : breviary, liturgical manuscript, iconography, illumination, theology
Texte intégral
Introduction
1Le bréviaire peut être défini simplement par un mot : le « compendium ». Il est, de ce fait, un rassemblement des livres liturgiques existants. Il constitue de même parfois une aide pour les utiliser conjointement. Le bréviaire est ainsi un livre liturgique ayant servi au culte1 de la récitation des Heures2 dans le cadre d’une dévotion monacale ou canoniale.
2Néanmoins, le terme de « bréviaire » mérite encore d’être redéfini. En effet, il signifie étymologiquement « abrégé » ou « sommaire »3, en ce sens, il s’applique au Moyen Âge dans différents contextes. Ce n’est seulement qu’à partir de la fin du XIIe siècle que le mot « breviarium » désigne l’objet d’étude en question4 : le livre liturgique de l’office, regroupant les différents textes destinés à la lecture de l’office du jour et de la nuit par les multiples représentants religieux (moines et chanoines)5. Cela ne veut en aucun cas signifier que ce type de livre n’existe pas auparavant, il n’a simplement pas encore cette dénomination. Il contient des lectures de l’Évangile, des textes de l’Ancien et du Nouveau Testament, des chants composés d’antiennes, de répons, ainsi que des hymnes, des sermons et homélies6.
3Ce manuscrit liturgique a été entrevu par les chercheurs, tout d’abord, sous ses aspects textuels. Effectivement, les premières publications s’intéressant au bréviaire traitent essentiellement des aspects généraux de ce dernier. Par exemple, Pierre Battifol en 1893 établit la genèse de l'office des Heures incluse dans le bréviaire. Il fait ainsi l'étude des textes en découpant l'analyse en trois périodes chronologiques (du VIIe au début du VIIIe siècle, et du XIe au XIIe siècle, puis enfin les bréviaires du XIIIe siècle). Il ne va pas au-delà.
4Par la suite, Dom Suitbert Baümer quant à lui s’essaie à la mise en place d’une définition du bréviaire. Il l’explicite donc depuis son origine, tout en revenant sur le contenu textuel, théologique ainsi que sur le destinataire du bréviaire. L'histoire de ce livre liturgique est assujettie, le plus souvent, à celle de l'évolution de l'office divin, dans la mesure où les textes du bréviaire regroupent les différents offices de l'année liturgique. La recherche de Dom Suitbert Baümer est divisée en deux périodes selon des bornes chronologiques précises. Elle comprend la période des Pères, de la fin du IVe au début du VIe siècle, puis la période du Moyen Âge et du début de la Renaissance, de Saint Grégoire le Grand au concile de Trente (du VIe siècle au XVIe siècle). Des études textuelles similaires, comprenant l'évolution de l'office pour expliquer l'apparition et le besoin de la constitution du bréviaire, ont été menées par Mario Righetti et Mgr Callewaert. Plus tard, une brève analyse de la genèse et du développement du bréviaire a été entreprise par Éric Palazzo, dans l'ouvrage sur l'histoire des livres liturgiques : le Moyen Âge, des origines au XIIIe siècle7, ce qui permet de disposer d’une historiographie récente sur ce thème.
5Par ailleurs, dès 1934, un important catalogue des bréviaires conservés dans les bibliothèques publiques de France a été constitué par Victor Leroquais. Ce catalogue constitue les balbutiements des recherches sur le décor des bréviaires. Il permet, de ce fait, de recenser les différents thèmes que contiennent les bréviaires.
6Encore aujourd’hui, peu d’études ont vu le jour sur l’iconographie particulière des bréviaires. En général, seuls les bréviaires de la fin du Moyen Âge richement enluminés sont étudiés8 et ce d’un point de vue presque purement stylistique et non dans le cadre d’une analyse des thématiques iconographiques. Un des rares exemples que l’on peut donner des études iconographiques de ces manuscrits liturgiques est principalement la thèse d’Hélène Toubert sur le bréviaire d’Osidérius (abbé du Mont-Cassin entre 1099 et 1105)9.
7De ce fait, nous proposons d’effectuer un état de la question de la production du bréviaire du XIe au XVe siècle. Ainsi, nous entreverrons l’apparition et les raisons de la formation d’un tel type de livre liturgique ainsi que son expansion à partir du XIe siècle. Puis, nous présenterons brièvement l’iconographie du bréviaire en la distinguant en trois cycles correspondants aux sections textuelles majeures du manuscrit. Enfin, l’évolution du bréviaire à la fin du Moyen Âge et son changement significatif d’usage intéresserons notre propos.
Apparition et expansion du bréviaire manuscrit
8Il n’est autre que le livre de l’office divin, qui pour sa fonctionnalité (réciter l’office du jour et de la nuit) se devait d’être le moins volumineux possible. L’abréviation des leçons, antiennes, lectures et répons fut donc indispensable. C’est en cela que ce livre liturgique ne peut être simplement considéré comme un « abrégé » de l’office, par l’étymologie du mot « breviarium ». Effectivement, le raccourcissement des textes est dans la logique de la bonne constitution du livre10. Il est vrai que si aucun des textes n’eut été abrégés, le livre en lui-même n’aurait eu de véritable fonction novatrice car il aurait simplement repris les différents livres existants sans les condenser.
Origine monastique
9Le bréviaire, manuscrit liturgique permettant de réciter l’office divin de manière intégrale, a connu une évolution progressive. En d’autres termes, il n’existe pas de bréviaire réunissant l’intégralité de l’office avant le XIIIe siècle11. Néanmoins, le bréviaire en tant qu’entité liturgique existe depuis le XIe siècle12. Cela explique le nombre minime de bréviaires datés des XIe et XIIe siècles.
10Les plus anciens bréviaires sont d’origine monastique à l'image du bréviaire du Mont-Cassin (ms. [manuscrit] 364, Paris, Bibl. [Bibliothèque] Mazarine) daté du XIe siècle, ou du bréviaire de l’abbaye de Marmoutier conservé à la bibliothèque municipale (B. m) de Rouen, sous la cote 243 daté également du XIe siècle. Les plus anciens bréviaires enluminés dans une moindre mesure (une à deux décorations seulement) apparaissent également à la même époque13. Néanmoins, il faut attendre le XIIe siècle avec le bréviaire de Montiéramey (ms. latin 796, Paris, BnF [Bibliothèque nationale de France])14 pour admirer une décoration de plus grande ampleur. Cette dernière étant principalement constituée d’initiales historiées et de très peu d’enluminures jusqu’au début du XIVe siècle.
11Le bréviaire est, en effet, apparu, selon toute vraisemblance dans la sphère monastique. Nous pouvons le conclure car la règle de saint Benoît préconise la lecture chaque jour de l’office des Heures. Les moines étaient sanctionnés s’ils ne récitaient pas chaque jour cette liturgie, par exemple par la récitation privée, ou l’agenouillement face à Dieu15. Cet office des Heures s’accomplit déjà quotidiennement dans les monastères. Ainsi, la création d’un livre réunissant en un seul volume – voire deux – les multiples livres utilisés pour réciter cet office apparaît comme une continuité dans la dévotion et les rituels monastiques. Toutefois, il induit également un changement inévitable dans les mentalités monacales.
12Sa création correspond à une période de renouveau monastique puis canonial. Le Pape Nicolas II, lors du concile de 1059, prescrit aux clercs de reprendre la vie commune et de s’appliquer à réaliser au mieux la « vie apostolique »16, c’est-à-dire qu’il recommande à tous les représentants religieux de s’appliquer de plus en plus à prier de manière continue. Ce phénomène provoque un premier durcissement de la liturgie. Puis, Grégoire VII, pape de 1073 à 1085, entreprend une grande réforme monastique et canoniale (dite réforme grégorienne). Elle est aussi une des causes du développement du bréviaire. Ces nombreux durcissements de la liturgie ont entraîné la formation initiale du bréviaire17. Ces changements sont apparus de prime abord dans les mentalités religieuses monastiques, puis au sein des communautés de chanoines.
Expansion dans le monde séculier
13Cet usage va se répandre dans le monde séculier tout simplement à l’image du modèle monastique de plus en plus recherché. Des premiers fragments de l’office divin, donc de bréviaires, existent dès le Xe siècle dans le monde monastique18, mais ne font leur apparition qu’au XIe siècle dans le monde séculier, pourtant dès le Xe siècle le fait de réciter l’office des Heures en groupe ou en privé devient aussi une règle pour le clergé séculier. Ces deux évolutions du livre sont successives19. Néanmoins, il existe très peu de bréviaires séculiers des XIe et XIIe siècles. Ils se sont plus largement répandus au XIIIe siècle20.
14Les bréviaires à usage des collégiales reçoivent l’appellation de « bréviaires de l’office romain ». De ce fait, la tradition textuelle diffère des bréviaires monastiques. L’office est normé, selon l’usage de Rome, de la cour papale dont les évêques sont les représentants dans les communautés de chanoines. Un des plus anciens bréviaires de l’office séculier est conservé aujourd’hui à la BnF sous la cote 777, il contient 56 folios seulement, c’est un fragment qui peut être regroupé avec le manuscrit 775 des mêmes collections. Ce bréviaire était en usage à Limoges21.
Raisons de sa création
15Pour expliquer sa formation, les études considèrent surtout l’aspect pratique du livre. En effet, il concentre en un seul volume –parfois deux– une multitude de livres préexistants. De plus, par son utilisation usuelle, on a pu croire qu’il est un objet que l’on peut emmener partout avec soi, cela induisant un petit format (de poche), ce que les premiers bréviaires monastiques et séculiers ne possèdent pas22. Ce format utile et pratique a été envisagé pour servir aux moines itinérants23 ou aux moines ayant besoin d’être présents constamment sur leur lieu de travail puisqu’ils pouvaient ainsi pratiquer quotidiennement la récitation de l’office à l’aide de ce manuscrit, comme c’est le cas des moines infirmiers, ou de ceux qui travaillent dans les champs. Néanmoins, cela ne peut pas être la raison de la création du breviarium puisque ce genre de pratique n’existe qu’avec l’apparition des ordres mendiants (Franciscains et Dominicains) induisant l’itinérance des moines pour accomplir leurs œuvres de prédication (ordres apparus seulement au XIIIe siècle).
16En outre, l’explication de sa formation pour une utilité pratique ne correspond pas à ce qu’il était attendu de ce livre. En effet, il est destiné à lire l’office de l’Église et n’est pas, de ce fait, un texte de prière privée par essence. Dom Suitbert Baümer, un des premiers historiens à travailler sur l’aspect textuel du bréviaire publie en 1905, une Histoire du bréviaire où il nous dit :
De sa nature, il est un acte liturgique accompli par le représentant de la communauté chrétienne, sur l’ordre et au nom de la grande communauté sainte. Il est vrai, celui qui le récite peut et doit y trouver aussi matière à sa dévotion privée, dans la mesure où la grâce divine et son tempérament personnel l’y poussent. Mais dans son essence, le Bréviaire est et demeure avant tout un acte cultuel.24
17Dom Pierre Salmon insiste également sur ce point en évoquant le fait qu’à l’origine de la formation du bréviaire se trouve deux intentions : celle de regrouper en un seul volume le plus d’éléments possibles et d’ainsi faciliter la célébration de l’office et la prière de l’Église, et celle de donner une description ou un modèle des différents offices25.
18Nous pouvons ainsi en déduire que le bréviaire, à l’origine de sa création, s’utilise principalement pour réciter le culte de l’office en public et en groupe dans une communauté monastique, puis séculière. Il ne possède alors pas d’aspect pratique et n’est pas destiné à une petite partie de la communauté de moines, ou de chanoines. Il appartient donc à l’entière communauté.
Iconographie des bréviaires enluminés et historiés
19Les éléments textuels majeurs contenus dans les bréviaires sont les cinq suivants : le calendrier, le temporal, le psautier, le sanctoral, et le commun des Saints26. Ils sont le plus souvent tous présents dans les bréviaires, même si parfois il manque un élément : le psautier (sensé être connu par cœur par les représentants religieux27). Ces parties constitutives du bréviaire sont généralement celles auxquelles on accorde le plus de soin, c’est-à-dire celles que l’on va le plus enluminées. Même si comme l’atteste Alison Stones dans son article « L’illustration des livres liturgiques français au Moyen Âge », la décoration des bréviaires ne se démarque réellement qu’à partir du XIIIe siècle28. Auparavant, les bréviaires ne contiennent que peu d’enluminures et principalement des initiales historiées.
20Ainsi, trois principaux cycles iconographiques se distinguent au sein de ces manuscrits liturgiques. Le premier concerne la section textuelle du temporal et concentre des décors de l’Ancien et du Nouveau Testament. Le second correspond au texte du psautier férial et rassemble des initiales historiées le plus souvent dont les thèmes concernent la vie du prophète David, ou la dévotion des moines, ou chanoines. Le troisième et dernier cycle présente des images de la vie des saints liées aux textes adjacents. Par ce fait, ces derniers changent selon les régions d’utilisation des bréviaires puisqu’ils sont liés à la dévotion hagiographique particulière de chaque lieu où est en action le manuscrit.
Cycle typologique : section du temporal
21Le temporal29 exprime le culte de Dieu ou ce que l'on appelle aussi la liturgie dominicale30. Dans cette partie, on distingue deux offices fondamentaux qui se réfèrent à deux grandes fêtes liturgiques : la Pâques et la Pentecôte. Puis, s'est rajouté un office très important, qui constitue le début de l'année liturgique, le premier dimanche de l'Avent : Noël.
22Les textes du temporal proviennent de l’Ancien et Nouveau Testament. Par exemple, au moment de la célébration liturgique de l’Avent, les lectio appartiennent au texte du prophète Isaïe31, dont Le bréviaire de Montiéramey est un bon exemple. Le prophète Isaïe est lu du folio 11 (Dominica Prima de Adventu Domini) au folio 58v (verso) (Vigilia natalis Domini). De ce fait, les thèmes iconographiques du bréviaire de Montiéramey alternent des folios 11 à 58v entre les représentations du prophète Isaïe (folio 11v, initiale historiée : Isaïe prophétisant) et l’Enfance du Christ (folio 52, initiale historiée : l’Annonce aux Bergers ; folio 52v, initiale historiée : la Nativité).
23On retrouve le même procédé iconographique dans le bréviaire cistercien du XIIIe siècle (Troyes, B. m, ms. 850). Effectivement, le temporal débute au folio 6 par une initiale historiée représentant le supplice d’Isaïe (scié en deux dans un arbre). Ensuite, un cycle de l’Enfance du Christ prolonge cette section (folio 49v : la Nativité ; folio 72v : l’Épiphanie). La récurrence iconographique d’Isaïe au moment de l’Avent s’explique par le fait qu’il est l’auteur des textes lus à ce moment du temporal. Les thèmes de l’Enfance du Christ s’expliquent quant à eux par le fait qu’Isaïe est le prophète de l’Incarnation par excellence.
24La Pâques est, par ailleurs, une des parties les plus développées textuellement et iconographiquement au sein du bréviaire manuscrit. Elle marque l’importance de cette période de la vie du Christ. Les thèmes iconographiques les plus récurrents de cette section du temporal sont la Résurrection du Christ et les saintes Femmes au tombeau. Le bréviaire de Montiéramey offre encore un bel exemple puisque l’office de la Pâques - qui débute au folio 149v (In Sancto Pascha) et s’achève au folio 172v - est décoré de la seule enluminure présente dans le manuscrit : les Saintes femmes au tombeau au folio 149v.
25En parallèle, la Pentecôte, autre célébration tout aussi significative, comprend majoritairement les figures des apôtres accompagnés parfois de la Vierge recevant le Saint Esprit. Le bréviaire de Montiéramey n’échappe pas à la règle une fois encore. Le folio 182 dépeint - dans une initiale historiée « A » presque méconnaissable - les apôtres accompagnés de la Vierge recevant le Saint Esprit sous la forme d’une colombe en vol descendant au moment de la célébration de la Pentecôte (In die Sancto Pentecostes).
26On pourrait citer de nombreux autres exemples de bréviaires où la célébration de la Pentecôte est mise en avant par une initiale historiée ou une enluminure. Parmi eux, le bréviaire cistercien du monastère de Bellevaux (Vesoul, B. m, ms. 22, fin XIIIe siècle) et le bréviaire de Saint-Corneille de Compiègne (Paris, BnF, ms. latin 17994, fin XIIIe siècle) dépeignent respectivement ce même thème au sein d’une initiale historiée aux folios 169v et 158v.
Cycle davidien : section du psautier férial
27Le psautier que l’on retrouve dans les bréviaires est tout à fait différent de celui que l’on retrouve dans les psautiers bibliques et que l’on connaît relativement bien,. Effectivement, le psautier est généralement divisé en cinq volumes et comprend les psaumes selon leur suite numérique connue. Toutefois, les bréviaires adoptent un système de lecture distinct. Cette section textuelle est alors intitulée psautier férial puisqu’elle ordonne les psaumes selon les jours de la semaine (ferie). Il est apparu comme monnaie courante dans les bréviaires vers le XIIIe siècle32.
28Des images relatant des épisodes de la vie de David le composent, ou parfois le Christ trônant. Ce cycle des psaumes se retrouve par exemple dans le bréviaire de Saint-Pierre de Conches (Conches, B. m, ms. 3, XIIIe siècle). En effet, ce manuscrit se compose d’un cycle dit « davidien » avec au folio 6 David jouant de la harpe ; au folio 11v David couronné par un Seigneur ; au folio 15v David désignant ses yeux ; au folio 19 un fou ; au folio 23 David en danger de se noyer ; au folio 27v David carillonnant ; au folio 32 moines au lutrin ; et enfin au folio 38 le Seigneur assis sur un siège.
29Le bréviaire de Saint-Bénigne de Dijon (Dijon, B. m, ms. 113 (81), fin XIIIe siècle) développe également des événements de la vie de David similaires au sein du texte du psautier (ce dernier s’étend des folios 15 à 116). Ainsi, le folio 15 représente David jouant de la harpe ; le folio 25 David couronné par Dieu ; le folio 28v David désignant ses yeux ; le folio 30 bis David carillonnant ; le folio 35v David désignant sa langue ; le folio 40v David tenant un livre et un sceptre.
30David possède toute sa place au sein du décor du psautier férial des bréviaires puisqu’il en est l’auteur supposé33. Tout comme dans la section du temporal, les textes ont une importance primordiale dans la constitution des thèmes iconographiques des décors des bréviaires. Par ce fait, les initiales historiées ou les enluminures ont presque toujours un rapport avec le texte les accompagnant, soit en illustrant leur auteur, soit en explicitant visuellement les textes des sermons, ou lectures.
31Même si la vie de David est le thème proéminent de cette section comprenant les psaumes dans l’ordre des jours de la semaine, on y rencontre aussi parfois des scènes évoquant la dévotion continue des moines ou chanoines (utilisateurs et destinataires premiers de ces livres liturgiques), ou alors des représentations de la Trinité, de la toute-puissance divine. Ainsi, dans le même bréviaire de Saint-Bénigne de Dijon déjà cité, on retrouve au sein de cette section textuelle les thématiques suivantes : au folio 48 Dieu se détournant de deux fidèles qui l’implorent à genoux ; au folio 72v des moines au lutrin ; au folio 74v des moines à genoux au pied d’un autel ; au folio 74v le Fils assis à la droite du Père ; et enfin au folio 84v la Binité.
Cycle hagiographique : section du sanctoral
32Le sanctoral34 appelé aussi Festivitates Sanctorum comme son nom l'indique, a contrario du temporal désigne l'ensemble des offices consacrés aux différents Saints. On observe, cette fois-ci, des images concernant la Légende dorée, et la vie des Saints18.
33Le bréviaire de Marmoutier (Évreux, B. m, ms. 119, XIIIe siècle) - dont le sanctoral s’étend du folio 117 à 251 - est décoré de trois représentations hagiographiques : au folio 117 la lapidation de saint Étienne ; au folio 163 la naissance de saint Jean-Baptiste ; au folio 180v saint Benoît.
34Un autre bréviaire de Marmoutier (Tours, B. m, ms. 153, XIIIe siècle) dont il ne subsiste que le sanctoral comprend les sujets iconographiques suivants : au folio 164 saint Denis, saint Rustique et saint Éleuthère : au folio 179v saint Martin partageant son manteau ; au folio 200v le crucifiement de saint André ; au folio 205v saint Nicolas et les trois enfants miraculés. On comprend aisément la présence de saint Martin au sein de ce bréviaire puisqu’il provient du monastère de Marmoutier fondé par saint Martin en 370. Il est le premier témoignage du monachisme érémitique en Occident.
35La même remarque peut être faite pour le fragment d’un bréviaire de Saint-Arnould de Metz (Metz, B. m, ms. 585, fin XIIIe siècle). De ce fait, au folio 56v, nous pouvons admirer une représentation dans une initiale historiée de saint Arnould accompagné d’un moine à genoux. La présence de ce saint n’est autre qu’un rappel du saint patron du monastère où était en usage le bréviaire. Ce qui n’empêche pas, par ailleurs, les représentations de d’autres saints apostoliques plus généraux : comme saint Pierre et saint Paul au folio 36v ; ou une importance toute particulière dévolue à la Vierge et à sainteté par la figuration de l’Assomption au folio 83 et sa naissance au folio 105. Tous ces thèmes iconographiques sont présents au sein du sanctoral du folio 29 à 198.
36Ces exemples montrent la diversité des thèmes hagiographiques que l’on peut distinguer dans cette partie du bréviaire, pour la simple et bonne raison que chaque monastère, ou collégiale étaient dévotes à des saints régionaux, locaux. Cependant, les saints apostoliques ou encore saint Benoît, fondateur de la règle bénédictine, sont fréquemment représentés au sein des offices du sanctoral des bréviaires bénédictins.
37Il existe bien évidemment des exceptions mais ces trois cycles iconographiques, correspondants aux trois majeures parties textuelles du bréviaire, sont les modèles suivis par la plupart des bréviaires. Cependant, bien que les thèmes iconographiques soient identiques, ils ne sont pas envisagés de la même manière d’un point de vue visuel.
38En effet, selon les ordres auxquels appartiennent les manuscrits, ou même selon les usages séculiers ou monastiques, les modes de dévotion, et de prière étant tout à fait divergents, les décors le sont aussi et dépendent principalement des textes sur lesquels ils s’appuient. C’est-à-dire qu’ils dépendent de leur mode de pensée théologique, qu’elle soit plutôt augustinienne, bernardienne, etc.
Évolution du bréviaire à la fin du Moyen Âge
39À partir de la fin du XIIIe siècle, nous assistons à un changement dans l’usage et la création du bréviaire manuscrit. De plus, avec la naissance de l’imprimerie naîtrons les premiers bréviaires normés dont l’originalité n’est plus de mise. Il devient un outil d’aide à la lecture et à la bonne réalisation de l’office de la Curie romaine, ou un moyen de montrer sa puissance pour les hauts dignitaires royaux.
Changement d'utilisation
40Les bréviaires sont beaucoup plus usités à partir du XIIIe siècle35. Cependant, leur création et utilisation changent. Ils deviennent la cible de deux parties de la population complètement différentes : les ordres mineurs et les laïcs de haut rang.
41Le bréviaire de l’office romain eut du succès auprès d’autres publics, ainsi il devient un outil indispensable et normé de la Curie romaine et de l’ordre franciscain qui se l’approprient. Cependant, ces livres liturgiques servent essentiellement pour la récitation privée de ceux qui ne peuvent pas assister à l’office choral contrairement à la fonction plus floue, et moins systématique dans les monastères et collégiales, des ordres bénédictins36.
42Il fut adopté officiellement par les Frères Mineurs en 1227, puisque le concile de Trêves préconise l’usage du bréviaire de l’office pour les moines qui sont en voyage et qui ne peuvent le réciter autrement37. Cela s’appuie sur une règle de saint François de 1223 qui explicite l’usage possible du bréviaire de l’office romain38. Ce bréviaire se compose de cinq parties : le calendrier, le psautier, le temporal, le propre des saints, le commun des saints, tout comme ceux en usage dans les monastères39.
43Par ailleurs, les bréviaires deviennent également des livres fortement commandités par de hauts dignitaires comme les princes, ducs, rois, comtes. Par exemple, ils deviennent les livres de prédilection des Rois de Philippe le Bel à Charles V40. Les destinataires sortent du cadre religieux prédéfini auparavant pour entrer dans le monde laïc. Ce bouleversement est dû au contexte historique et culturel. En effet, les bréviaires et les manuscrits religieux, en général, ne sont plus essentiellement réservés à une fabrication et utilisation monastique ou séculière, en tous les cas ecclésiale. On assiste à un changement dans la fabrication et la commande des manuscrits religieux. Ils sont ainsi réalisés de manière plus rapide et plus rentable pour le compte de ducs, princes, ou encore de rois. Les miniatures en pleine page verront le jour dans les bréviaires grâce à l’expansion de ce livre dans le monde laïc, et surtout royal et princier à la fin du Moyen Âge41. Pour en donner quelques exemples, le Cardinal Grimani, ambassadeur et duc de Milan au XVe siècle, a commandité un magnifique bréviaire comptant 50 enluminures en pleine page et 18 plus petites réalisées par de nombreux ateliers d'artistes de l'école ganto-brugeoise, notamment par les Bening. Le second exemple fait appel à l’actualité récente avec l’acquisition de la part de la BnF du bréviaire royal de Saint-Louis de Poissy. « Classé Trésor national en octobre 2014 par la ministre de la Culture et de la Communication, le bréviaire de l’abbaye Saint-Louis de Poissy est une commande royale de Philippe le Bel, qui le fait réaliser à la fin de son règne pour promouvoir le culte de son grand-père saint Louis. Témoignage de la dévotion à l’égard de son aïeul, ce manuscrit exceptionnel a été illustré par l’enlumineur Richard de Verdun il y a 700 ans. »42 Isabelle la Catholique, Reine d’Espagne a également commandité pour le double mariage de ses enfants un bréviaire enluminé certainement en Flandres à la fin du XVe siècle43.
Réformes majeures
44Dans le premier quart du XVIe siècle, un premier essai de réforme du bréviaire est commandité par le pape Léon X à l’évêque Ferreri44. La principale demande du pape Léon X est de réécrire en un meilleur latin, plus classique, ce texte de l’office. Il termine cette tâche en 1525 et c’est Clément VII qui l’approuve, Léon X ayant trouvé la mort45.
45Par la suite, le cardinal de Quignonez (de la famille des comtes de Luna, franciscain46), par l’impulsion du pape Clément VII eut l’autorisation de revoir les Heures canoniales47 et de disposer d’une révision du bréviaire. Il s’intitule « Breviarium Sanctae Crucis ». Cet ouvrage est un remaniement complet des textes composant depuis lors le bréviaire, pour obtenir en finalité un livre liturgique pur et qui prône les intentions de l’Église comme le souhaitait le cardinal de Quignonez48. Il ne comporte ni antiennes, ni capitules, ni répons qui selon lui nuisait à la possibilité d’une récitation privée de l’office49.
46Les essais de réformes ultérieurs tombent vite en désuétude et une nouvelle s’impose alors. À la fin du XVIe siècle, s’entame un changement du texte du bréviaire romain, cette fois-ci sous l’impulsion du pape Pie V et en particulier par les questionnements soulevés par le Concile de Trente50. Ce bréviaire est ensuite encore revu, corrigé et approuvé par les papes Clément VIII et Urbain VIII51. Ce dernier s’intitule « Breviarium Romanum ex decreto sacrosancti Concilii Tridentinirestitutum ». Il a été édité en 1568, par une bulle du pape Pie V appelée « Quod A Nobis »52.
47Dès son impression en grand nombre, il fut accueilli avec enthousiasme puisque désormais le culte pouvait être assuré dans toutes les abbayes même les plus petites. Les premiers bréviaires imprimés apparaissent dans les années 1470 : en Italie, à Venise, dès 1474 ; à Lyon en 1476 ; à Nuremberg en 148626. L’utilisation de ce livre pour la récitation du culte de manière privée s’est, de plus, étendue à tout type de représentants religieux. Le bréviaire est un des premiers livres liturgiques imprimés avec la Bible53, car il était très important dans le cadre de la récitation du culte54. Pour en citer un exemple étudié par Laura Albiero, chercheuse à l’IRHT, le bréviaire de Beauvais fut imprimé et édité à plusieurs reprises avant la fin du XVe siècle55.
Conclusion
48Pour conclure, les recherches sur les bréviaires sont actuellement vieillissantes. Les dernières recherches significatives sur le sujet qui s’attachent seulement au texte de ce dernier datent du XIXe siècle. Elles discutent, par ailleurs, lorsqu'elles étudient le décor des bréviaires principalement l'étude du style et les influences géographiques. Il semble donc important aujourd'hui de requalifier ce décor, de l'étudier, et d'essayer d'en comprendre les significations exégétiques, dévotionnelles pour les moines, ou les chanoines.
49À travers ce rapide état de la question de ce que représente le bréviaire au Moyen Âge au fil des siècles, nous avons pu voir qu’il possède non seulement une utilisation multiple mais aussi une iconographie cohérente s’adaptant au texte et parfois faisant preuve d’une extrême originalité comme c’est le cas du bréviaire de Montiéramey daté du XIIe siècle. Ce dernier ne concentre que la section textuelle du temporal, l’office de la dédicace et le commun des saints et pourtant les représentations sont très riches révélant de rares thématiques comme Anne offrant Samuel au temple au folio 191v ou encore David et Abishag, la sunamite au folio 196v.
50De plus, on peut noter que le bréviaire, jusqu’aux changements de son utilisation et de sa fabrication à la fin du XIIIe siècle, ne possède qu’un décor historié très souvent de de moindre taille. C’est ce fait qui a repoussé pendant longtemps les recherches sur la portée iconographique de ces derniers. Certes, ils ne sont pas pourvus d’un riche décor mais ils mêlent tout de même des éléments discrets intéressants.
Bibliographie
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Notes de bas de page
1 « La littérature liturgique se compose de trois sortes de documents. Elle comprend en premier lieu, les livres liturgiques, manuscrits ou imprimés, tels que bréviaires, missels, pontificaux, rituels ou martyrologes, c’est-à-dire les recueils en usage dans l’exercice du culte, ceux qui contiennent les prières, lectures ou chants exécutés pendant le sacrifice, dans l’administration des sacrements, à l’occasion de certaines cérémonies comme les funérailles ou la dédicace des églises. » in LEROQUAIS, Victor (1931) - Les manuscrits liturgiques, p. 3.
2 « the Divine Office is a cycle of daily devotions. » in PLUMMER, John (1964), p. 32.
3 HUGLO, Michel (1988), p. 118 et RAEBER, Judith (2003), p. 135.
4 GY, Pierre-Marie (1990) - La liturgie dans l’histoire, p. 83.
5 « Il regroupe en effet tous les offices des dimanches et fêtes de l’année » in LEROQUAIS, Victor (1934) - Les bréviaires manuscrits, Tome 1, p. 11.
6 Pour plus de précisions sur les éléments de l’office des heures voir : LEBIGUE, Jean-Baptiste (2016) -Initiations aux manuscrits liturgiques: l’office des heures.
7 PALAZZO, Éric (1993) - p. 180-183.
8 DURRIEU, Paul (1903), p. 321-328.
9 TOUBERT Hélène (1971), p. 187-261. Mais on peut aussi citer les études sur le décor des bréviaires suivantes : SPENCER, Eleanor (1966), p. 606-612 ; PEARCE, Judith (1987) ; SEMIZZI, Renata (1992), p. 129-145 ; BACKHOUSE, Janet (1993) ; RAEBER, Judith (2003).
10 « De toute façon il faudrait sans doute parler non d’un abrégement de l’office mais d’une diminution de l’importance des lectures au profit d’autres éléments de la solennité chorale » in GY Pierre-Marie (1990) - La liturgie dans l’histoire, p. 109.
11 La borne chronologique fixée est large, puisqu’elle induit une étude approfondie du texte de chaque bréviaire, et des critères changeant selon les chercheurs sur ce qu’est un bréviaire « plénier ». Voilà pourquoi selon J.B.L Tolhurst les premiers bréviaires complets dateraient du milieu du XIIe siècle : TOLHURST, J.B.L (ed.) (1993), p. 1 et voir également sur ce point SALMON, Pierre (1967), p. 80.
12 « C’est justement en ce début du XIe siècle qu’apparaissent les plus anciens bréviaires liturgiques, livres qui groupent toutes les pièces nécessaires à la récitation intégrale – chorale ou privée - de l’office. » in HUGLO, Michel (1988), p. 119.
13 Le seul exemple que nous retrouvons en France est celui du bréviaire de Saint-Martial de Limoges, qui ne contient que la partie de l’office de l’hiver, le second tome ayant disparu. Il date du XIe siècle, et est actuellement conservé à la Bibliothèque nationale de France sous la cote latin 743. Il ne contient qu’un seul élément enluminé : une initiale historiée représentant au folio 112v Dieu formant le corps du premier homme.
14 SALMON, Pierre (1967), p. 75.
15 « Le clergé n’était pas obligé de réciter les Heures contrairement aux moines, qui pouvaient même selon Jean Cassien être punis s’ils ne venaient pas ou étaient en retard. » in SHEPPARD, Lancelot (1962), p. 37-38.
16 SALMON, Pierre (1967), p. 81-82.
17 TAFT, Robert ; PASSELECQ Georges (trad.) (1991), p. 291.
18 « Le livre contenant l’ensemble des textes liturgiques de l’office divin, appelé le plus communément bréviaire n’est presque pas attesté avant le XIe siècle » in GY, Pierre-Marie (1990) - La mise en page du bréviaire, p. 117 et « Im Rahmen dieser Arbeit kann nur auf die Anfänge des Breviers, die im 10. /11.Jh. liegen, hüngewiesen werden. » in GAMBER, Klaus (1963), Vol. 1, p. 297.
19 « La règle de Chrodegang, ajoute une innovation qui devait avoir aussi des effets à longues portées : quiconque ne se trouve pas à l’église pour la célébration commune des Heures doit les réciter en particulier. Pour le clergé séculier, c’était une nouveauté inouïe bien que ce fût déjà la pratique habituelle dans les milieux monastiques. Selon les sources canoniques occidentales, cela devint vers le Xe siècle, une règle commune pour tout le clergé. […] Ce n’est donc pas par hasard que les premiers bréviaires […] apparaissent au XIe siècle dans les milieux monastiques. » in TAFT, Robert ; PASSELECQ Georges (trad.) (1991), p. 291.
20 « During these two centuries [XIe et XIIe siècle], the use of the Breviary was largely limited to the monasteries, but in the thirtheenth century it was popularized in a somewhat abridged form » PLUMMER, John (1964), p. 33.
21 SALMON, Pierre (1967), p. 69-70.
22 En effet, le bréviaire de l’abbaye de Marmoutier, ms. 243, de la B. m de Rouen, du XIe siècle est d’un assez grand format 358 sur 255 mm. Le manuscrit 796, de la BnF, de l’abbaye de Montiéramey, du XIIe siècle, est lui encore plus grand de 430 sur 313 mm. Et le bréviaire séculier de Limoges, ms. 777 de la BnF, du XIe siècle, possède des dimensions un peu plus petites mais encore conséquentes de 342 x 240 mm in SALMON, Pierre (1967), p. 69-70 et 72-73 et 75.
Le format de poche supposé des premiers bréviaires et de ceux qui suivront ne se démontre pas, puisqu’un « format de poche » induit un aspect pratique et aisé à transporter comme l’étaient les bibles que l’on pouvait accrocher à son manteau. Certains bréviaires sont d’assez petits formats, certes, mais ils ne sont pas si nombreux dans les premiers siècles de sa création.
23 TOLHURST, J.B.L (ed.) (1984), p. 2.
24 BAÜMER, Suitbert ; BIRON, Réginald (trad.) (1905), Tome I, p. 8.
25 SALMON, Pierre (1967), p. 63-80-85.
26 HUGUES, Andrew (1982), p. 238 et BATTIFOL, Pierre (1893), p. 204 ; et voir aussi ALBIERO, Laura (2013), p. 36.
27 WADDELL, Chrysonogus (ed.) (2007), p. 29.
28 Alison Stones (2008).
29 Pour plus de précisions voir LEBIGUE, Jean-Baptiste, Initiations aux manuscrits liturgiques, le temporal (2016).
30 LEROQUAIS, Victor (1934) - Les bréviaires manuscrits, Tome 1, p. 23.
31 Le texte d’Isaïe était souvent lu du 1er décembre à la Vigile de Noël in BAÜMER, Suitbert ; BIRON Réginald (1905), Vol. 1, p. 395- 396.
32 « Il y a lieu de préciser que jusqu’au XIIIe siècle inclusivement, dans un peu plus de cinquante pour cent des cas le psautier, mémorisé dès la première formation cléricale, est chanté ou récité par cœur, et de ce chef ne figure pas dans les bréviaires de l’un ni de l’autre type (dépouillement effectué par M. Chandler et Th. Elich dans le Répertoire de Leroquais). L’absence de psautier n’est pas spécialement le fait des bréviaires portatifs. » in GY, Pierre-Marie (1990) - La mise en page du bréviaire, p. 117.
33 LEROQUAIS, Victor (1934) - Les bréviaires manuscrits, Tome 1, p. 12 et aussi RAEBER, Judith (2003), p. 186 et 191.
34 Pour plus de précisions voir : LEBIGUE, Jean-Baptiste, Initiations aux manuscrits liturgiques, le sanctoral (2016).
35 GY, Pierre-Marie (1990) - La mise en page du bréviaire, p. 117.
36 « Tant la Curie romaine que les Frères Mineurs, ont eu aussi à leur disposition des livres portatifs, destinés à permettre la récitation privée de l’office pour ceux qui étaient empêchés par leur travail ou en voyage de participer à l’office choral. » in MARTIMORT, Aimé-Georges (1992), p. 105.
37 BATIFFOL, Pierre (1893), p. 200 et BAUDOT, Jules (1907), p. 73 et voir aussi TAFT, Robert ; PASSELECQ Georges (trad.) (1991), p. 300.
38 « Ainsi la seconde règle franciscaine, approuvée par Honorius III en 1223, admet expressément que pour les Frères Mineurs la possession d’un bréviaire est une exception légitime à la pauvreté. » in GY, Pierre-Marie (1990) - La mise en page du bréviaire, p. 117.
39 CABROL, Fernand (ed.) ; LECLERCQ Henri (ed.) (1930),Tome IX, Vol. 2, p. 1658.
40 STONES, Alison (2008), p. 180.
41 Il est, de plus, de grand format, et contient 832 folios. De ce fait, il regroupe le volume d'hiver et d'été à la fois. Ce manuscrit est conservé aujourd’hui à la Bibliothèque Marciana de Venise. Voir RAEBER, Judith (2003), p. 378 et HERBERT, J.A (1911), p. 326 et aussi DURRIEU, Paul (1903), p. 321-328.
42 Description tirée de l’appel au don de la BnF.
43 RUIZ, Elisa ; MORGAN, Nigel ; MC KENDRICK, Scot, p. 28-37.
44 « L’initiative de ce dessein revient à Léon X, l’exécution à un évêque napolitain, compatriote de Sannazar, Zacharie Ferreri, évêque de Guardia Alfiera, l’impression à un libraire romain, l’approbation à Clément VII. » in BATIFFOL, Pierre (1893), p. 215.
45 COLLETTE, A. (1902), p. 196.
46 CABROL, Fernand (ed.) ; LECLERCQ, Henri (ed.) (1930), Tome IX, Vol. 2, p. 1662.
47 « De plus, il [Cardinal de Quignonez] avait la charge, assurément difficile, de diriger la conscience de Charles Quint. Après le sac de Rome ordonné par cet empereur, son confesseur fut chargé d’une négociation secrète entre son pénitent et le pape Clément VII, et il réussit à procurer leur réconciliation. Cette réussite lui valut, en 1529, le chaplain de cardinal, et, nonobstant sa belle intelligence et ses vertus […]. Le pape chargea le cardinal de Sainte-Croix – c’était son titre – de disposer des heures canoniques, en les ramenant autant qu’il était possible dans leur forme antique. » in Ibid.
48 « Le résumé de sa préface nous donnera une idée du plan. L’Église, y est-il dit, fait au prêtre une obligation de réciter le Bréviaire pour trois raisons : a) pour qu’il soit l’intermédiaire officiel entre Dieu et le peuple ; b) que se préservant des tentations par l’union à Dieu dans ses pensées et méditations, il serve d’exemple aux fidèles ; c) pour qu’il acquière une science compétente et une diction convenable afin de prêcher avec fruit. Quignonez ne retrouve plus dans le bréviaire de son temps, la réalisation des intentions de l’Église. » in BAUDOT, Jules (1907), p. 89.
49 COLLETTE, A. (1902), p. 199.
50 « bulle Quod a nobis de saint Pie V (1568), qui promulguait la réforme demandée par le Concile de Trente, ne changea pas la structure fondamentale de l’office de la Curie romain. Elle apportait quelques simplifications et supprimait quelques parasites encombrants. De plus, elle instituait des normes destinées à mieux garantir le principe de la récitation hebdomadaire du psautier et d’une lecture plus complète de l’Écriture, principe compromis par la célébration très fréquente du sanctoral. La nouveauté la plus manifeste de cette réforme fut que toute l’Église de rite romain, mise à part quelques exceptions, se vit imposer le même bréviaire, avec l’interdiction absolue d’y apporter des modifications même les plus légères. » in SARTORE, Domenico (dir.) ; TRIACCA, Achille Maria (dir.) ; DELHOUGNE, Henri (dir.) (1992-2002), Vol. 1, p. 644.
51 BAUDOT, Jules (1907), p. 102-103.
52 SHEPPARD, Lancelot Capel (1962), p. 9.
53 MATTER, E. Ann (ed.) ; HEFFERNAN, Thomas J. (ed.) (2005), p. 399.
54 « À partir de l’invention de l’imprimerie, les livres liturgiques, rares jusque-là, au point que le service du culte ne pouvait être assuré convenablement et régulièrement que dans les grandes églises, allaient si bien se multiplier, que les plus pauvres paroisses en seront bientôt pourvues. L’utilité même de ces livres explique comment ils devaient, avec la Bible, sortir les premiers de toutes les presses nouvelles. » in COLLETTE, A. (1902), p. 73.
55 ALBIERO, Laura (2013), p. 33.
Auteur
Université de Poitiers (CESCM)
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