Conclusion
p. 73-74
Texte intégral
1À la fin d’environ douze ans de programmes de stabilisation et de plus de neuf ans de politiques visant à transformer les structures de l’économie, les résultats obtenus comprennent tout d’abord une stabilisation interne réussie dans la seconde moitié de la période. On peut ici affirmer que la dégradation de certaines variables macroéconomiques, qui s’était produite dans la seconde moitié des années 70 et renforcée au cours des années 1982-1987, a été freinée et inversée, ceci, comme nous l’avons vu, à un coût élevé. Il est clair aussi que les politiques de libéralisation entreprises à partir de 1985 ont aidé à ce résultat. C’est tout spécialement le cas de l’ouverture commerciale, de la restructuration de l’État, mais aussi des politiques de libéralisation financière externe, que nous allons aborder plus loin.
2Si l’on se penche maintenant sur les autres objectifs de ces politiques, c’est-à-dire la levée d’obstacles structurels freinant la croissance et l’augmentation de celle-ci, les résultats sont beaucoup moins nets. La croissance n’a pas été retrouvée durablement, les disparités sociales et régionales se sont aggravées, la contrainte extérieure pèse toujours sur la croissance. Certes, le degré d’endettement toujours élevé de l’économie explique une partie du déficit en compte courant, mais un autre élément est venu s’y ajouter, c’est le déficit des échanges industriels, étroitement lié aux effets de l’ouverture commerciale.
3Une synthèse très brève des résultats de la réforme commerciale dans leurs caractéristiques principales amènerait tout d’abord à signaler la considérable modification de l’insertion internationale du Mexique, aujourd’hui essentiellement exportateur de produits manufacturés, la part en valeur des exportations primaires ayant régressé à une place secondaire. Ces produits, en majeure partie progressifs, issus de secteurs, sont en petit nombre (automobiles et pièces détachées, appareils électriques et électroniques, verre, produits chimiques et sidérurgiques) et partent essentiellement vers les États-Unis, destination d’environ 80 % des exportations en 1993. Le rôle des entreprises à capitaux étrangers est capital, notamment en ce qui concerne les biens modernes.
4En second lieu, il faut mettre en relation cette nouvelle spécialisation avec les gains de compétitivité externe et par conséquent avec la transformation de l’appareil productif. Les données dont on dispose soulignent l’existence d’un processus de restructuration en cours, mais aussi son hétérogénéité sectorielle et, dans bien des cas, son caractère insuffisant. Hormis le petit nombre de secteurs dynamiques signalés plus haut, l’ouverture commerciale a entraîné des pertes de marché intérieur qui dépassent souvent les gains à l’exportation ou qui se sont combinées avec un recul net sur les marchés externes ; c’est le cas notamment de secteurs traditionnellement exportateurs comme le textile, la confection, les conserves de fruits, poissons et fruits de mer et d’autres activités liées aux ressources naturelles. C’est l’augmentation du commerce de biens manufacturés qui est à l’origine d’un déséquilibre en compte courant incompatible avec une croissance économique soutenue1. Les éléments que nous avons présentés permettent de penser que si ce déficit est en partie lié à un processus de modernisation productive en cours, il reflète également l’insuffisance de cette transformation dans de nombreuses activités. J.I. Casar(1994) conclut :
... l’avenir du commerce industriel, et, avec lui, celui de la relation déséquilibre extérieur-croissance économique, paraît dépendre de : 1) la consolidation des progrès dans quelques secteurs (l’automobile, la chimie, la sidérurgie sont parmi les plus importants) ; 2) du lancement ou de l’amplification des processus d’ajustement structurel dans d’autres secteurs, surtout les textiles et la confection, dont le potentiel est grand, et le complexe électrique-électronique, qui ne possède pas encore un poids décisif dans le commerce extérieur mexicain (bien que sa part croisse de façon accélérée) ; 3) du renversement de la détérioration commerciale dans des secteurs très liés aux ressources naturelles2.
5Nous concluons ainsi la première partie de ce travail, consacrée à la stabilisation et aux principaux aspects réels de l’économie mexicaine ; dans la seconde nous aborderons l’analyse du financement de l’économie, l’accent étant mis sur les années 1989-1993, durant lesquelles se mettent en place les modalités de financement qui mèneront à la crise de décembre 1994.
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Micro y pequeña empresa en México
Frente a los retos de la globalización
Thomas Calvo et Bernardo Méndez (dir.)
1995