Chapitre II. L’engagement des haruspices étrusques au service de Rome
p. 51-83
Texte intégral
1Du iie s. a.C. jusqu’au début du Principat, le recours aux haruspices, tout en comptant parmi les pratiques habituelles de la religion romaine publique et privée, change de rôle et d’enjeu. Les consultations d’haruspices, même sollicitées dans un cadre public par des hommes qui ont des responsabilités publiques et au cours d’événements qui engagent le destin de la cité romaine, se personnalisent : les chefs militaires se servent des prédictions favorables des devins pour se présenter comme protégés des dieux et justifier leurs ambitions politiques. Ensuite, les interventions des haruspices publics romains se multiplient, surtout en cas de prodiges, et se politisent : ces haruspices prennent des positions pro-sénatoriales et désavouent les entreprises démagogiques et monarchiques. La divergence d’attitude politique de ces deux types d’haruspices doit peut-être se comprendre en fonction du milieu dont sont originaires les haruspices de chacun de ces groupes. Enfin, la dichotomie entre haruspices publics et privés, naissante à la fin du iie s. a.C., quand les haruspices semblent résider à Rome plutôt qu’y être convoqués, s’accentue : dignité et statut social des deux types de devins se différencient jusqu’à s’opposer. Nous essaierons de voir ce qui fonde cette opposition.
1. L’engagement d’haruspices au service d’ambitieux
2Les rapports noués par des haruspices avec des chefs militaires ou des magistrats qu’ils accompagnent, soit dans les campagnes militaires, soit dans leur province, changent progressivement de nature à partir de la fin du iie s. a.C. Les premiers entretiennent avec les deuxièmes des liens presque familiers qui dénotent non plus un ralliement à la puissance conquérante de l’Étrurie, mais le choix d’un homme en qui l’haruspice place sa confiance et, peut-être, un idéal politique. Pour aider ces chefs à gagner le pouvoir, les haruspices mettent leurs techniques divinatoires au service de l’ambition de ceux-là : désormais souvent nommés dans les sources littéraires, les haruspices leur servent de faire-valoir. Ils expriment l’appui des dieux à leurs entreprises et, par voie de conséquence, leur vocation à gouverner. Deux grands chefs au moins, Marius et Sylla, et un propréteur, Verrès, ont ainsi leur propre haruspice, dévoué à leur propre gloire.
3Les changements interviennent simultanément dans les cadres militaire et civil. Dans le cadre militaire, le statut de l’haruspice qui accompagne un chef en campagne est mal défini. Sans doute fait-il partie de la cohorte d’amis et de proches qui suivent lors des déplacements. A la différence cependant de ce qui se passait au ive ou au iiie s. a.C., l’haruspice sert moins à prévoir le sort d’une bataille qu’à annoncer le destin glorieux du chef qui la conduit.
4Lors de sa campagne contre Jugurtha, le roi de Numidie, C. Marius se fait ainsi assister d’un haruspice dont nous ne savons rien mais dont la figure apparaît dans le récit de la guerre pour promettre à son chef un avenir éclatant1. Le jeune plébéien ambitieux, qui s’est déjà mis en valeur par ses faits d’armes à Numance, souhaite alors briguer le consulat pour l’année 107 a.C. L’avis d’un haruspice dont la tradition n’a pas gardé le nom l’encourage à tenter sa chance contre l’opinion de Métellus, tout à la fois son supérieur hiérarchique et son patron, dont il doit obtenir un congé pour présenter sa candidature2. En effet, la destinée qui l’attend lui autorise les plus grandes espérances : les dieux le soutiennent3. Pour la première fois, de toutes les attestations de consultations effectuées dans un cadre militaire, l’interprétation de l’haruspice ne s’applique pas à l’issue du combat ou de la guerre engagée par le commanditaire du sacrifice, mais vise la carrière même de ce consultant4. Le destin collectif de l’armée en campagne n’est pas évoqué comme en 340, 215, 212, 209 et 208 a.C.5, mais uniquement l’avenir du chef, qui plus est, en dehors de ce contexte militaire. De ce point de vue, la consultation n’a plus d’officiel que son cadre, puisque l’interprétation ressemble, à s’y méprendre, à celle d’un haruspice privé. Il est vraisemblable que les chefs militaires de cette époque ont ressenti le besoin d’obtenir l’aval des dieux avant de se lancer dans une entreprise risquée6, comme Decius, Tiberius Gracchus, Fabius Maximus et Marcellus l’avaient fait avant eux. Néanmoins, l’utilisation qu’ils font des réponses données par les haruspices est bien différente. Le message délivré par les dieux, via l’haruspice, mettant en valeur les qualités ou la faveur divine du chef, la consultation constituait sûrement un des instruments de la propagande personnelle de ces ambitieux7. En effet, il se trouve que les désirs des dieux s’accordaient justement avec les aspirations muettes de Marius8. Il s’agissait donc pour lui de faire savoir ensuite au plus grand nombre, c’est-à-dire à la fois à ses soldats et à la postérité à laquelle il laisse un récit dans ses Mémoires, qu’il était protégé des dieux.
5L’exemple marianiste semble avoir créé un précédent, puisque l’on trouve aussi aux côtés de Sylla un haruspice qui fournit des encouragements à son général. Il est donc possible que la consultation par Marius de l’haruspice et, surtout, la diffusion de ses résultats aient obtenu un effet de type publicitaire indéniable, compris par les adversaires de Marius, engagés comme lui dans une compétition pour les charges publiques. Le devin, appelé Postumius9, suit Sylla d’une campagne à une autre. A l’été 89, Sylla fait un sacrifice avant de partir combattre l’armée samnite de L. Cluentius, quand un serpent sort de dessous l’autel ; Postumius interprète alors ce signe comme un encouragement à passer à l’attaque10. Ensuite, à l’automne 88, Sylla s’apprête à marcher sur Rome quand un sacrifice offre des signes tellement favorables que l’haruspice se dit prêt à mourir si son interprétation était fausse11. Puis, en 86, Postumius pourrait avoir annoncé la réussite du siège du Pirée12. Enfin, en été 83, après l’embarquement de Sylla à Brindes pour Tarente, Postumius, après avoir examiné les entrailles d’une victime présentant sur le lobe du foie l’empreinte d’une couronne de laurier et de deux bandelettes attachées, promet la victoire à Sylla13. A la différence de ce qui est rapporté à propos de Marius et de l’haruspice qu’il consulte lors de sa campagne contre Jugurtha, une véritable relation personnelle, presque familière, est perceptible entre l’haruspice et son chef : les deux hommes se côtoient pendant près de six ans ; surtout, avant chaque succès de Sylla, l’haruspice garantit sur sa vie l’exactitude de son interprétation. A première vue aussi, les réponses fournies par l’haruspice ressemblent davantage au type d’avis des devins “militaires” du iiie s. a.C. qu’aux consultations personnelles données à Marius. Il est ainsi question, lors de chaque intervention de l’haruspice, d’une victoire militaire à venir et non de la personnalité de Sylla. De fait, pour Sylla, l’haruspicine semble avoir seulement contribué à signaler une protection divine qui passait aussi par d’autres signes favorables. Sylla a des songes prémonitoires14, il bénéficie de prédictions de Chaldéens15 et est dépositaire d’une Felicitas attribuée par Vénus16. Cependant, ce primat de l’action militaire ne dissimule pas une confusion des fonctions politiques et militaires. En 88. Sylla, privé du commandement de légions, prend Rome avec ses légions, en tenue de général et en armes, et revient en 83 en Italie, puis en 82 dans l’urbs de manière illégale, après des combats acharnés contre une armée sénatoriale. L’haruspice encourage donc le passage de Sylla à des opérations violentes, tout à la fois politiques et militaires ; le fait qu’il soit nommé et intervienne comme un personnage récurrent de la vie de Sylla, tout en témoignant de l’attachement et du dévouement du devin à son chef, vise à insister aussi sur l’authenticité du soutien divin à Sylla. Les dieux répètent leur message et, pour être ainsi nommé à plusieurs reprises, Postumius donne l’impression d’être un haruspice digne de confiance. De fait, les sources suggèrent que Postumius n’est pas un simple subordonné de Sylla, mais aussi un partisan de Sylla, comme un certain nombre d’Étrusques entrés dans le sénat syllanien17.
6Les motivations politiques des engagements personnels de certains haruspices étaient de fait connues depuis quelque temps. L’haruspice Herennius pourrait s’être ainsi attaché à la personne de C. Gracchus et du fils de M. Fuluius Flaccus18. Il semble avoir été l’ami des deux hommes19 haruspice du premier qu’il aurait suivi dans la mort, préférant le suicide, en se fracassant la tête contre la porte de la prison où il était conduit, plutôt que l’incarcération20, et modèle du second, qu’il invite à adopter sa fin violente21. Malgré ces indications, nous décelons mal la nature du lien qui unit Herennius à C. Gracchus. Nous ignorons dans quelles conditions Herennius avait servi d’haruspice à C. Gracchus, à titre privé en vertu de l’amitié qu’ils entretenaient ou dans le cadre officiel des fonctions publiques de C. Gracchus. En tout cas, il partageait les opinions populaires des deux hommes. Entre Postumius et Sylla, en revanche, la relation présente moins d’obscurités : le lien se présente avant tout comme hiérarchique et l’aspect clientélaire ne fait pas l’objet de développements.
7Les haruspices qui servaient les intérêts personnels de militaires pourraient avoir tiré une gloire de leurs conseils. Un haruspice, nommé C. Fuluius Saluis, a en effet fait ériger un bas-relief à Ostie, trouvé en 1938 à l’est du temple d’Hercule, où il s’est fait représenter remettant un sort à un personnage impossible à identifier à cause de la mutilation du relief, mais que la présence d’un petite Victoire volant vers lui avec une couronne fait reconnaître comme un général victorieux. L’haruspice fait valoir son art à la fois dans une inscription où il est nommé comme le dédicataire du bas-relief22 et sur la scène représentée où il apparaît en toge, présidant l’opération de tirage des sorts23, à deux reprises peut-être, d’abord à gauche d’une scène où Hercule cuirassé et armé d’une statue est enfermé dans un filet tiré par des pêcheurs, et face au dieu tenant avec lui une tablette oraculaire (sors) tirée d’un coffre (area) entr’ouvert, puis tendant une tablette au personnage mutilé. L’haruspice se présente donc comme l’intermédiaire entre le dieu Hercule, avec qui il est en relation directe par la scène de sortitio, et un général prêt à partir en campagne, à qui il annonce la victoire. L’identité du général n’est pas établie puisqu’il n’est pas nommé dans l’inscription dédicatoire qui surmonte le bas-relief. Certains ont songé à Sylla24, bienfaiteur d’Ostie, d’autres à C. Cartilius Poplicola25, d’autres encore L. Gellius Poplicola26, sans qu’aucune proposition ne l’emporte sur les autres. De toute façon, la figure du général n’occupait pas le premier plan du bas-relief, puisqu’elle est reléguée à l’extrémité gauche du relief comme la destination de l’opération divinatoire. Le bas-relief offre donc un intéressant contrepoint aux récits littéraires de consultation d’haruspices par Marius ou Sylla. Si les chefs militaires pouvaient utiliser les paroles d’un haruspice pour faire valoir la protection divine qui les appuyait, les haruspices ont pu profiter du crédit qui leur était apporté et de leur rôle de transmission des volontés divines. Le bas-relief est une “affiche publicitaire” que C. Fuluius Saluis place sous les yeux des habitants d’Ostie.
8Dans le cadre civil, lorsque l’haruspice suit un magistrat qui ne possède pas l’imperium, il fait partie d’une cohorte nombreuse sur laquelle nous sommes mieux informés ; elle accompagne le magistrat dans ses déplacements et sert à lui procurer assistance dans ses fonctions. Tels sont les cas de Nostius peut-être27, à la fin du iie s. a.C., auprès d’un préteur dont nous n’avons pas le nom, et de Volusius28, auprès du célèbre propréteur de Sicile entre 73 et 71 a.C., Verrès. Dans cette cohorte, pourraient avoir en effet siégé bien d’autres “professionnels” dévoués à la personne du magistrat, au moins un médecin et un huissier qui ont suivi le propréteur dans sa province29. Cicéron insiste sur les limites de la relation personnelle entre haruspice et homme politique : l’amitié et l’obéissance mènent à la complicité d’actes frauduleux. La cohorte de Verrès fait en effet corps avec celui qui la dirige : tous ses membres sont associés par Cicéron aux méfaits de leur chef. La cohorte reflète les mœurs et les pratiques de celui qui en est la tête. Puisque Cicéron s’en prend aux malversations de Verrès, la loyauté de l’haruspice Volusius, contrairement à celle de Postumius pour Sylla, est ainsi entendue par lui comme une complicité de mauvais aloi. Dans le réquisitoire de Cicéron. Volusius fait ainsi figure de double dégradé de Verrès. La cohors est en effet à l’image du propréteur, dévoyée et pervertie. Les services exigés de l’haruspice ne menaient pourtant pas le devin à procéder à des extorsions, tout simplement parce qu’il n’en avait pas le pouvoir, mais il se trouvait en situation de fournir des arguments à la défense. Il avait assisté au déroulement de la propréture en Sicile et pouvait donc témoigner de ce qu’il avait vu et entendu puisqu’il était présent et avait servi de conseiller. C’est en ce sens qu’il faut comprendre la fidélité excessive que suggère l’image des chiens employée par Cicéron pour désigner les membres de la cohorte de Verrès30.
9Tous les haruspices qui ont assisté les imperatores de la fin de la République n’ont peut-être pas poussé jusqu’à la complicité et au suicide l’attachement personnel qu’impliquait leur charge. Un haruspice, au moins, a peut-être manifesté le désaccord des dieux, et peut-être le sien propre, aux agissements de son supérieur dans le cadre de fonctions qui s’apparentent peut-être à celle d’un haruspice de magistrat du peuple romain. En 47 a.C., un summus haruspex déconseille ainsi à César d’attendre le solstice pour partir en Afrique afin de défaire les partisans de Pompée31. L’expression summus haruspex a provoqué la perplexité des commentateurs32 car c’est la seule occurrence connue. Les uns ont proposé d’y voir une périphrase désignant le président de l’ordre des 60 haruspices33, d’autres une manière d’insister sur la qualité de l’haruspicine pratiquée34. La première hypothèse nous semble fragile. D’abord, l’ordre des 60 haruspices n’est pas attesté avec certitude à cette date35. Ensuite, l’expression n’est jamais appliquée par la suite à des présidents de l’ordre des 60 haruspices. De la fin du ier s. a.C. à la fin du ier s. p.C., les membres de l’ordre des 60 sont indiqués par la formule ex ordine haruspicum36 et les présidents par la formule haruspex primus de LX37 ; puis, de la fin du ier s. p.C. au iiie s. p.C., les membres de l’ordre le sont par la formule de LX38 et les présidents par la formule magister (publicus) haruspicum (LX)39. Si le superlatif summus implique en effet une supériorité, il n’y a aucun élément pour savoir sur quel groupe il faut la faire porter. En l’absence de référent, il est tentant de l’interpréter comme un superlatif absolu et de comprendre que cet haruspice l’emporte sur tous les autres haruspices. Cette autre solution s’accorderait avec l’éventualité de la présence d’un haruspice auprès du dictateur chargé de le conseiller dans ses entreprises. Il n’est pas interdit de penser que le dictateur, à l’instar du préteur ou du propréteur, ait pu bénéficier de cette assistance.
10Quelques-uns ont identifié ce summus haruspex avec le célèbre Spurinna, l’haruspice qui aurait averti César de la proximité de sa fin40. Cette suggestion, que rien de sûr n’appuie41, se fonde sur des similarités d’interprétation divinatoire. Dans tous les cas, l’haruspice met César en garde. Avant la mort de César, Spurinna alerte aussi le dictateur plusieurs fois, néanmoins sans succès : il le prévient d’abord quelques jours avant sa mort d’un danger le menaçant jusqu’aux ides de Mars42, puis il exprime ses craintes pour la vie du dictateur la veille et le jour même des ides de Mars, parce que le bœuf sacrifié le premier jour est dépourvu de cœur43 et que l’animal sacrifié le second présente un foie sans tête44. Devant les moqueries de César remarquant que les ides de Mars étaient venues, l’haruspice répond qu’elles n’étaient pas encore passées45.
11L’attitude de l’haruspice n’a rien de commun avec celle de l’haruspice de Marius ou celle de l’haruspice de Sylla, Postumius. Autant ceux-ci servaient la propagande de l’imperator qu’ils accompagnaient, autant Spurinna la dessert46. Si l’ultime formule qu’il adresse à César est restée célèbre, c’est qu’elle rappelle au monarque qui se présente assis sur un siège d’or et vêtu de pourpre que les dieux sont maîtres de son destin. Il est difficile d’expliquer cette liberté de parole puisque le statut de Spurinna auprès de César ne fait jamais l’objet de développements. L’exercice de la présidence de l’ordre des 60 pourrait justifier l’indépendance d’esprit de l’haruspice. Cependant, on a déjà dit que l’ordre des 60 haruspices n’était pas attesté avec certitude à cette époque. Comme cette audace est inaccoutumée de la part des haruspices, qui semblent entretenir des liens personnels avec le magistrat qui les consulte, on hésite en revanche à l’attribuer à un haruspice chargé d’assister le dictateur. Pourtant, elle a peut-être été d’autant plus soulignée par la tradition qu’elle surprenait pour un haruspice à ce poste. Les paroles des haruspices de Marius et de Sylla doivent en effet leur popularité à l’utilisation qui en a été faite ; elles appuyaient la campagne de promotion que Marius et Sylla entendaient faire de leur personne. Donc, si des avertissements leur ont été donnés devant leurs partisans, ils se sont bien gardés d’en faire part ; en revanche l’opposition anti-césarienne a bénéficié du décès du destinataire qui n’a pu exploiter à son profit les avis qui lui ont été fournis et elle a pu justifier la fin tragique par le mépris public qu’avait César des volontés divines. La position de G. Zecchini47 qui fait de Spurinna un représentant de l’opposition césarienne nous semble de ce point de vue exagérée. L’anti-césarisme émane davantage de la diffusion de ces propos que de l’haruspice en personne dont les propos ont été rapportés par d’autres.
2. L’engagement d’haruspices au service de la République
12L’engagement des haruspices n’est pas uniforme. La présence d’haruspices aux côtés de chefs démagogues ne signifie pas que tous les haruspices se sont engagés d’un même côté. Bien au contraire, du iie s. a.C. jusqu’au Principat, les haruspices publics romains, profitant de leur capacité à interpréter les prodiges, manifestent à de maintes reprises leur soutien au parti sénatorial, attaché aux valeurs de la République48, et leur opposition aux entreprises démagogues et monarchiques du ier s. a.C., désavouant ainsi les encouragements de quelques-uns de leurs collègues.
2.1. Contre les Gracques et leurs continuateurs
13L’engagement des haruspices publics romains suit la politique sénatoriale dans plusieurs de ses orientations. Les haruspices publics prennent ainsi position contre la politique gracquienne visant à redistribuer les terres et à accorder la citoyenneté aux Italiens.
14En 122 a.C., d’abord, après la fondation par C. Gracchus d’une colonie appelée Iunonia à Carthage, destinée au lotissement de 6 000 colons, malgré la promesse et la malédiction de Scipion Émilien en 146 a.C.49, les haruspices interprètent l’arrachage et la dispersion des jalons par des loups comme un omen s’appliquant au destin de la colonie50. Le sénat propose alors une loi pour abroger la loi Rubria qui avait déterminé l’établissement de la colonie au plus grand mécontentement de C. Gracchus et de M. Fulvius, qui reprochent au sénat d’avoir menti au sujet des loups, ainsi que d’une partie de la plèbe qui manifeste au Capitole. L’interprétation des haruspices ayant servi de justification à la proposition de loi sénatoriale qui annule la fondation de la colonie, on peut raisonnablement voir dans le contenu des propos des haruspices l’effet d’une manœuvre sénatoriale. Les sénateurs ne pouvant s’opposer de front et juridiquement à l’initiative de C. Gracchus ont choisi d’intervenir sur le plan religieux, par l’intermédiaire des haruspices, qui orientent alors leur interprétation dans le sens de ceux qui les consultent.
15En 99 a.C., les haruspices interviennent contre un nouveau projet de loi. Cette fois, l’enjeu tourne autour du partage des terres. Sex. Titius, qui a soutenu L. Appuleius Saturninus51, entreprend à la mort de son ami de proposer un texte sur la question agraire contre l’avis de ses collègues quand l’affrontement mortel de deux corbeaux au-dessus de l’assemblée est considéré par les haruspices comme une invite à surseoir le projet de loi52. Dans ce cas aussi, l’avis des haruspices correspond aux volontés profondes des sénateurs.
16En 91 a.C., les haruspices découvrent de nouveaux présages funestes juste avant la mort de Drusus53 et après le rejet par le sénat de la rogatio de celui-ci proposant une nouvelle loi frumentaire et une loi accordant la citoyenneté aux Italiens, comme si les dieux aussi, d’après eux, s’en prenaient aux mesures préconisées par M. Livius Drusus.
2.2. Contre les imperatores
17Les haruspices publics s’engagent aussi contre la prétention de certains généraux à faire renouveler leur imperium et de certains hommes politiques à susciter la guerre civile54.
18En 88 a.C., les haruspices conseillant le sénat s’en prennent, par le biais d’une série de prodiges qu’ils interprètent, à la menace imposée à la République par l’attitude de Marius qui souhaite prendre le commandement du corps expéditionnaire contre le roi du Pont, Mithridate VI Eupator, alors que le sénat confie légalement cette “province” à Sylla55. C’est un véritable bouleversement qu’ils annoncent cette fois, l’avènement d’une autre race et une transformation de l’univers56. Ils transmettent évidemment les craintes du sénat qui les réunit pour s’occuper de ces prodiges.
19En 87 a.C., les haruspices renouvellent probablement leurs avertissements contre les entreprises de Marius, qui a recruté des volontaires en Étrurie, fait sa jonction avec Cinna et menace d’entrer dans Rome. En effet, ils persuadent ainsi Octavius, dont le respect pour les lois est avéré, de rester à Rome pour la protéger et éviter les massacres57.
20En 84 a.C., Cinna ayant péri durant son consulat, Carbon est sommé par les tribuns de rentrer à Rome pour l’élection de son collègue, mais, à son retour, les présages sont défavorables. La foudre est notamment tombée dans l’enceinte du temple de la Lune et de Cérès, Carbon est alors victime de la décision des haruspices qui font retarder la réunion des comices deux fois de suite pour des motifs religieux et l’élection est reculée jusqu’au solstice d’été, Carbon demeurant seul jusque-là58. Le but de l’opération, désavouer l’action de Carbon, émane peut-être des sénateurs.
2.3. Contre Catilina
21En 65 et 63 a.C., les désastres provoqués par la conspiration de Catilina sont annoncés par une série de prodiges. En 65, quand les consuls L. Cotta et L. Torquatus sont victimes de la première conjuration de Catilina, qui veut leur substituer P. Autronius et lui-même, de nombreux objets sont foudroyés, dont la statue du jeune Romulus s’allaitant à la louve. Des haruspices étrusques, venus sans doute d’Étrurie pour compléter l’avis des haruspices locaux, prévoient des massacres, des incendies, l’anéantissement des lois, la guerre civile et la ruine de Rome et de son empire, si les dieux ne sont pas apaisés d’urgence. L’érection d’une statue plus grande à Jupiter, placée sur un socle élevé et tournée face à l’Orient, est prescrite par les devins59. Deux ans après, les travaux s’avérant particulièrement lents et Catilina renouvelant ses entreprises, de nouveaux signes se produisent, confirmant les interprétations des haruspices60. Les haruspices d’Étrurie, parmi lesquels sans doute étaient recrutés les haruspices publics de Rome, rejoignent donc une fois de plus la majorité sénatoriale, en condamnant l’agitation démagogique créée par Catilina.
22Quand la coalition créée autour de Cicéron pour faire face à Catilina éclate, les haruspices s’en prennent alors aux nouveaux adversaires du sénat.
2.4. Contre Cicéron
23En 56 a.C., les haruspices mettent ainsi une succession de prodiges inquiétants survenus à Rome même et sur le territoire latin sur le compte de profanations accomplies par Cicéron notamment61. En effet, les haruspices, après avoir entériné le prodige et identifié les divinités auxquelles une expiation devait être accomplie62, signalent une série de sacrilèges. Selon eux, les dieux manifestent de cette façon leur mécontentement que des jeux ont été célébrés avec négligence et souillés63, que des lieux sacrés et cultuels ont été profanés64, que des ambassadeurs ont été tués au mépris des lois humaines et divines65, que la foi et les serments ont été violés66 et que des cérémonies antiques et secrètes ont été accomplies sans soin et salies67. Or, ce sont précisément des adversaires du sénat qui sont susceptibles d’être visés par ces réponses des haruspices à une demande du sénat : dans l’ordre des manquements aux lois divines, Cicéron d’abord68, pour habiter une maison ayant abrité durant son exil une chapelle de la Liberté, P. Clodius69, ensuite, pour avoir provoqué les troubles des jeux mégalésiens, Pompée enfin70, pour être lié à L. Lucceius, chez qui Dion, chef de l’ambassade de Ptolémée XIII Aulète, avait été empoisonné. Les haruspices lancent aussi une série d’avertissements qui concernent directement ces opposants à la politique du sénat71 : il faut éviter que les dissensions entre les meilleurs citoyens ne fragilisent les institutions et lapax deorum et ne favorisent le risque monarchique72, que des projets secrets ne nuisent à la république73, que de nouveaux honneurs ne soient accordés à des hommes pervers et exclus74, enfin que le fondement de la république ne soit bouleversé75. En somme, les haruspices prennent la défense d’un sénat menacé de toutes parts par quelques ambitieux peu soucieux de la République. Dans cette contre-attaque sénatoriale portée sur le terrain religieux, les haruspices n’apparaissent pas plus qu’autrefois de façon nominative. Aucun haruspice n’est montré à la tête de cette riposte. Tout se passe comme si les haruspices servaient seulement d’instrument à la politique du sénat.
2.5. Contre César
24G. Zecchini rappelle aussi avec raison un certain nombre de manifestations d’hostilité, directes ou indirectes, des milieux étrusques à César76. Lucain, dans sa Pharsale, montre un haruspice de Lucques, nommé Arruns, épouvanté après le sacrifice terminant la lustration de Rome77 et le célèbre Pérugin Nigidius Figulus, ami de Cicéron versé en haruspicine78, annonçant d’après le cours des astres le désastre des guerres civiles79. D’après Dion Cassius, la mort de M. Peperna en 49 a.C., représentant du vieil ordre républicain, s’ajoute aussi à une série de signes funestes annonçant des bouleversements politiques inquiétants80, voire un nouveau siècle étrusque81. En 49 a.C. aussi, le Volterran A. Caecina, lui aussi ami de Cicéron initié à l’haruspicine par son père82, écrit contre César un pamphlet violent83. Aussi les mesures de rétorsion prises par César contre certains de ces Étrusques témoignent de leur opposition acharnée. Nigidius Figulus, comme A. Caecina, sont condamnés à l’exil84.
25L’opposition à César pourrait aussi avoir suscité l’engagement de certains haruspices auprès de Pompée qui pensaient trouver auprès de lui un recours contre l’idéal monarchique césarien. Cicéron déplore ainsi le nombre de réponses d’haruspices rendues à Pompée et signale l’attachement personnel du général aux interprétations des haruspices85.
2.6. Contre Octave-Auguste
26A la mort de César, en 44 a.C., l’opinion d’une partie des haruspices a pu s’incarner dans la position risquée d’un haruspice nommé Volcatius. Alors qu’Octavien voit un signe de divinisation de son père adoptif dans l’apparition d’une comète au moment des jeux funèbres en l’honneur de César, l’haruspice décèle dans cet astre le signal d’un changement d’un siècle à l’autre, soit du neuvième au dixième siècle, le dernier du nomen Etruscum, et donc implicitement, selon le principe d’alternance des siècles étrusques86, l’annonce de bouleversements à venir87. Avant même d’avoir fini son discours entamé lors d’une contio, l’haruspice s’éteint, après avoir avoué qu’il a révélé des secrets contre la volonté des dieux.
27La fin précipitée d’un haruspice, interprète des transformations à venir, se répète un an plus tard. Les haruspices manifestent alors une toute dernière fois dans nos sources leur opposition anti-monarchique. En 43 a.C., le plus âgé des haruspices convoqués d’Étrurie par le sénat explique qu’une série de prodiges survenus à Rome annonce le retour à Rome de la royauté et de l’asservissement, excepté pour lui, qui meurt, aussitôt sa prédiction annoncée88. Le motif de la mort “en parlant” de l’haruspice, pour n’être connu qu’à ces deux occasions89, mérite qu’on le rattache au parti anti-monarchique de certains haruspices. Dans les deux cas, divinisation de César préalable à celle de son fils adoptif et à la justification de ses ambitions, et présages funestes devant la faillite de la République, la menace d’un pouvoir personnel a pour conséquence le silence des devins : la mort saisit les haruspices en pleine interprétation. Avant d’être ainsi happés, les devins ont néanmoins trouvé le temps de délivrer leur explication des signes envoyés par les dieux : ils annoncent à chaque fois des temps inquiétants. Il est possible que la mort même des haruspices participe de la teneur sinistre des propos exprimés. Leur mort leur impose le silence, comme le risque monarchique pourrait le produire pour tous les citoyens. Il n’est ainsi pas indifférent que ces décès aient lieu in contione ou devant le sénat. L’annonce ainsi faite est la fin de la liberté de parole de chacun des auditeurs visés par ces discours, le peuple d’abord, le sénat ensuite. Plus simplement, l’arrivée au pouvoir d’une monarchie signifie aussi la fin d’une certaine haruspicine, pro-sénatoriale, dotée peut-être d’une certaine liberté d’action et attachée à la République : les haruspices aussi risquent d’être bâillonnés par le nouveau pouvoir. L’intervention de Volcatius, relayée sans doute en 40 a.C., au moment de la guerre de Pérouse, par d’autres avertissements d’haruspices90, sonne donc le glas d’une haruspicine étrusque au service d’une Rome républicaine.
28Cet attachement obstiné d’une partie des haruspices peut légitimement d’étonner. Pour les Romains, l’idée monarchique est très étroitement associée aux Étrusques. La libertas républicaine s’est révélée contre la monarchie étrusque à Rome. Cependant, il s’agit là d’un point de vue romain. Les haruspices étrusques qui interviennent auprès du sénat voient dans la République, non pas la triomphatrice de la monarchie nationale du vie s. a.C., mais la pacificatrice, celle qui leur a apporté la prospérité ou celle qui a mis fin aux dissensions internes de leurs cités91. La loyauté des haruspices à Rome au ier s. a.C. n’a plus à être mise en cause, avec raison, puisque les haruspices, en mourant publiquement après des avertissements politiques, s’identifient au sort de la République : ils meurent avec elle.
3. Les raisons d’un engagement divergent
29L’engagement des haruspices dans la vie politique romaine diverge donc, selon que l’on s’attache aux haruspices des ambitieux de la fin de la République ou aux haruspices du sénat de la même période. Tous assistent finalement celui ou ceux qu’ils estiment finalement servir au mieux leurs intérêts et ceux de Rome. Cet investissement du champ politique par les haruspices est nouveau et correspond sans doute aux progrès de la romanisation de l’Étrurie92. En 162 a.C., Tib. Gracchus, le père des législateurs, peut encore invoquer le caractère étranger des haruspices et s’en prendre à eux comme à des barbares (Tusci ac barbari) pour se défendre d’une accusation d’une irrégularité dans l’observation des rites93 ; même publics, ces haruspices suscitent la méfiance. Au cours du ier s. a.C., les haruspices s’engagent au contraire individuellement et collectivement sans que la pertinence de leur avis ne provoque d’interrogation : leur droit à s’engager n’est pas remis en cause. D’un type d’haruspicine à l’autre, les avis divergent et s’opposent. Cette différence de position politique ne laisse pas de poser question aux contemporains. A quoi tient ce contraste des prises de parti ?
3.1. Un engagement commun au service de Rome
30L’engagement de tous ces haruspices au service de Rome n’a finalement rien d’étonnant si l’on considère la situation de l’Étrurie de la fin du iie siècle jusqu’au Principat. Le territoire étrusque a en effet beaucoup décrû à partir du iiie s. a.C. en raison de la création progressive de communautés romaines en Étrurie. Un certain nombre d’Étrusques n’ont pas attendu la fin de la Guerre Sociale pour obtenir la citoyenneté romaine ou acquérir le sentiment d’être romains. D’abord, beaucoup de cités étrusques ont perdu une partie de leur territoire ; une bonne partie de la terre étrusque est devenue ager publicus p. R. après la conquête94. Certains pans ont été transformés en zones de lotissements pour des vétérans romains. C’est le cas surtout sur la côte et, dans l’intérieur, sur les zones proches du territoire romain. Sutrium en 39195 ou en 38396, Nepet en 273 a.C.97, Cosa en 273 a.C.98 et Lucques ont été déduits comme colonies latines, Castrum Novum99 et Pyrgi peut-être en 264 a.C.100, Alsium en 247 a.C.101, Fregenae en 245 a.C.102, Gravisca en 181 a.C.103, Saturnia en 183 a.C.104, Heba avant Sylla, au iie s. a.C.105 et Luna comme coloniae c. R.106. Des fora ont été également créés : forum Cassii en 181 a.C., forum Aurelii107, Subertum et forum Clodii108. Beaucoup de cités étrusques ont aussi subi des amputations de territoires quand Sylla a voulu récompenser ses vétérans et punir les cités qui s’étaient opposées à lui. C’est le cas de Fiesole qui doit accepter des colons109, et peut-être à Florence des castella ueteranorum Sullanorum110, d’Arezzo et de Volterra111, voire de Chiusi, partagée en Clusini ueteres, Clusini noui et dirigée par des duovirs112. Après la guerre de Pérouse, Falerii, Florence, Nepet, Volterra, Luna et Sena Gallica se sont vu imposer des colonies triumvirales113. Des mélanges de population entre Étrusques et Romains se sont donc produits, favorisant la diffusion d’une culture et de valeurs romaines, ainsi que la pratique de l’haruspicine par des individus à la double culture, comme C. Aufidius C. f., haruspice de Chiusi au ier s. a.C. dont le père Caius porte un nom d’origine sabellienne et la mère, Vettia, un nom étrusque, et dont l’inscription funéraire rédigée en latin conserve certaines particularités étrusques, comme l’indication du matronyme et une graphie harispex au lieu d’haruspex114.
31Des cités nouvelles ont aussi été créées après la destruction de certaines cités étrusques ayant résisté longtemps au siège étrusque. Si Volsinies a été rasée après sa défaite et a cédé une partie de son territoire aux bénéficiaires de l’ager publicus115, en pays falisque, Falerii novi a été édifiée à la place de l’ancienne cité dont la moitié du territoire fait désormais partie de l’ager publicus116. Les habitants y ont donc vécu dans un cadre romain et sous la protection du vainqueur romain. Des cités étrusques ont également été transformées très tôt en préfectures. C’est le cas de Caeretana, Saturnia et Statonia avant la Guerre Sociale117.
32Les Étrusques de ces cités ont donc perdu leur attachement à une confédération étrusque qui n’existe plus et trouvé dans la puissance romaine une nouvelle mère-patrie.
3.2. Haruspice public : une carrière d’aristocrate ?
33Jusqu’à présent, l’on croyait que l’engagement des haruspices publics était influencé par la présence d’Étrusques au sein du sénat romain, voire par par la pratique de l’haruspicine publique par certains aristocrates. Toute une tradition fait en effet des haruspices des héritiers des principes étrusques dépositaires du savoir de Tagès118. Certains aristocrates étrusques auraient ainsi compris très tôt qu’ils avaient intérêt à faire une carrière dans les institutions de la puissance conquérante. Des alliances entre aristocrates étrusques et romains, favorisées par des échanges économiques entre Rome et l’Étrurie facilités par la mise en place d’un réseau routier efficace119, auraient été nouées dès le iie s. a.C., permettant ainsi à certains aristocrates étrusques de s’intégrer au plus vite au mieux à la puissance victorieuse. Ainsi, C. Numisius, pr. en 177 a.C., T. Numisius Tarquiniensis, legatus en 169 et 167 a.C., M. Aburius, tr. pl. en 187 a.C., père peut-être de C. Aburius, legatus en 171 a.C. et grand-père peut-être de C. Aburius Geminus, tr. monet. aux environs de 119-110 a.C. et de M. Aburius Geminus, tr. monet. aux environs de 120 a.C., Sex. Campatius M. f. Μ. n., tr. cap. et tr. mil. en 120 a.C., Cn. Egnatius C. f. Stell., sénateur de 165 a.C., C. Saen(ius) en 150 a.C. environ, M. Peperna, leg. en 168 a.C., M. Peperna, cos. en 130 a.C. et C. Camp(atius), mon. en 110 a.C. environ120. Ces aristocrates auraient servi d’éléments médiateurs au service de l’autorité romaine, facilitant l’assimilation culturelle des populations qui leur étaient dépendantes et rassurant les institutions romaines par le contrôle de couches sociales jugées dangereuses. Ces liens auraient été ensuite revivifiés au moment des révoltes intestines des cités étrusques, quand les aristocrates étrusques ont eu besoin d’assistance pour remettre de l’ordre au sein de leur cité. Les notables étrusques auraient donc collaboré avec Rome à trois reprises, lors des événements d’Arezzo121, de ceux de Volsinies122 et lors de la coniuratio servorum de 196 a.C.123.
34Ensuite, d’autres aristocrates étrusques se seraient ralliés à César pour faciliter leur entrée au sénat ou obtenir des magistratures. E. Rawson124 a ainsi dressé la liste de césariens d’Étrurie qui ont trouvé leur avantage à la dictature de César. On y trouve Caesennius Lento, C. Volcacius, un Trebonius, le sénateur Rufrenus, L. Cispius, les trois frères Hostilii Sasernae, C. Felginas, L. Clusinas, M. Seius et T. Carisius. Certains d’entre eux sont sans doute concernés par un passage d’une lettre de Cicéron125. S’inquiétant d’un projet de loi interdisant le décurionat aux crieurs publics, alors qu’entrent au sénat des gens qui pratiquent alors l’haruspicine, Cicéron se rassure qu’il n’exclue pas des postes de décririons les crieurs publics qui ont cessé leur activité. L’attaque cicéronienne rendrait compte de l’entrée au sénat de plusieurs de ces Étrusques, rendus coutumiers de l’haruspicine par leurs traditions familiales.
35Cette argumentation a été battue en brèche par les observations d’un certain nombre d’historiens. D’abord, E. Benelli a remis en cause l’idée qu’il existait des rapports particuliers de dépendance en Étrurie et donc que les aristocrates étrusques pourraient avoir adopté une position philo-romaine par crainte de leurs dépendants126. Ensuite, N. Terrenato a appliqué à l’Étrurie les acquis de l’école anglo-saxonne sur le concept de romanisation : celle-ci n’est plus vue comme quelque chose d’imposé par Rome avec la collaboration des élites locales, mais est comprise comme un mouvement spontané des populations conquises au point qu’il faut parler peut-être d’“autoromanisation”127. Les travaux récents de C, Berrendonner ont enfin permis de rectifier à la baisse le nombre des lignées d’Étrurie septentrionale qui sont entrées au sénat128. Selon elle, contrairement à ce qui était admis à la suite des études de M. Torelli129, à cause des proscriptions syllaniennes, des déductions coloniales et des assignations, presque aucune lignée d’Étrurie du Nord n’est entrée au sénat sous la République. Avec d’autres historiens, elle fait également valoir qu’Arezzo s’est opposée à Rome dans les années précédentes130, que la cité de Volsinies a été déplacée après l’intervention romaine et que le rôle de Rome a été légitimé bien après les événements, dans le cadre de topoi sur le renversement social, qu’enfin en 196 a.C., le pouvoir romain a agi de sa propre initiative pour étouffer la révolte, conformément à son rôle traditionnel de garant de l’ordre en Italie.
36On ne peut donc pas dire que les aristocrates étrusques furent les agents de la puissance romaine. Leur attitude, variée selon les cités131, ne peut se réduire à un souci de protection contre des menaces qu’auraient fait peser des dépendants ; elle n’a pas été récompensée non plus par un accès facilité de certains d’entre eux au sénat ; elle n’a pas hâté l’acculturation de populations qui, sans elle, seraient restées fermées aux traditions romaines.
37Par conséquent, l’attitude pro-sénatoriale des haruspices publics romains n’a pas été favorisée par une éventuelle volonté intégratrice des aristocrates étrusques. A l’appui des travaux récents de N. Terrenato et de C. Berrendonner, on peut affirmer qu’il n’y a pas, chez les haruspices publics du iie ou ier s. p.C. connus nommément, de trace de passage de l’ordre équestre au rang sénatorial, ni d’ailleurs de mention d’une quelconque appartenance à une famille sénatoriale132. Les aristocrates étrusques ne se sont pas servis du capital religieux, représenté par l’haruspicine étrusque, pour faciliter leur intégration dans le sénat romain Cette absence correspond de toute façon au respect observé d’une interdiction sociale et politique qui maintient les haruspices à l’écart des magistratures curules.
38Même si aucune loi connue ne proscrit explicitement l’exercice de l’haruspicine, en tant que spécialité divinatoire, des carrières sénatoriales, l’absence d’haruspices au sénat peut se comprendre à la lumière des interdictions énoncées par la Table d’Héraclée de 45 a.C. concernant l’exercice du décurionat133 : les mesures prises à propos des décurions ont pu reprendre des interdictions visant les sénateurs. D’après les lignes 108 à 122 de cette loi municipale de 45 a.C., des critères de moralité étaient exigés des futurs décurions. Ainsi, selon cette loi, étaient formellement proscrits de la curie locale tous ceux qui avaient fait l’objet d’une condamnation pour vol, dans un procès fiduciae, pro socio, tutelae134 mandati, iniuriarum et de dolo malo135, ceux qui avaient été victimes de banqueroute, qui avaient fait l’objet d’un iudicium publicum, qui avaient été accusés de prévarication, exclus de l’armée pour ignominia et tous ceux qui avaient participé aux proscriptions pour de l’argent136. Certaines professions et certaines activités aussi, exercées en majorité par des esclaves et des affranchis137, excluaient leurs titulaires du décurionat : la prostitution138, le proxénétisme, le théâtre, la gladiature139, le praeconium140 et l’entreprise de pompes funèbres141. Tous ces gens, qui ne pouvaient espérer devenir décurions, étaient a fortiori tenus à l’écart de la dignitas sénatoriale142. Les haruspices ont donc pu être considérés avec le même regard désapprobateur que les praecones, gladiateurs et proxénètes143.
39L’engagement d’haruspices au service d’ambitieux a fait aussi des haruspices de redoutables instruments politiques. Cicéron, lorsqu’il se permet d’émettre de vives critiques à l’égard des haruspices144, après avoir eu affaire à Verrès et à son homme de main, l’haruspice Volusius, rend compte d’un climat de méfiance contemporain à l’égard des haruspices. La sécurité publique pourrait dépendre des prédictions de ces devins, puisqu’ils sont capables d’orienter une élection ou un vote145. Un sénateur n’avait pas à se rendre esclave de tels manipulateurs pour des intérêts financiers.
40Ce rejet de l’haruspicine privée se conçoit aussi aisément dans la mesure où cette forme de divination échappe au contrôle officiel et, comme la plupart des professions et des activités proscrites par la Table d’Héraclée, est dirigée vers la recherche du profit. Un homme de rang sénatorial se disqualifierait à faire du commerce146, fût-il divinatoire. De fait, les seules lois, qui mentionnent formellement de quelconques interdictions concernant le recrutement économique des sénateurs, la lex Claudia de 218 a.C. surtout, tendent à limiter l’importance des profits réalisés par les sénateurs. La lex Claudia interdit à tout sénateur et fils de sénateur de posséder un navire d’un tonnage supérieur à 300 amphores147, ce qui revient à proscrire toute forme de spéculation148. La loi entérine sans doute une habitude plus ancienne de rejeter de l’ordre opifices et mercenarii, puisque, d’après Tite-Live149, en 304 a.C., Cn. Flauius Cn. f. n’aurait été élu édile curule qu’après avoir renoncé à son métier de scriba aedilicius. Et si les noms d’un scribe sénatorial nous sont restés, c’est en raison du caractère exceptionnel de son rang150. Cette loi est sûrement restée en vigueur jusqu’à la fin de la République encore, puisque Cicéron accuse Hortensius d’avoir fait construire un navire151. Il va jusqu’à s’en prendre aux mercatores, qu’il considère comme des “hommes de petite condition, de naissance obscure152 ”. Verrès, le premier, s’est comporté en mercator153, quand il affirme pour sa défense avoir voulu acheter statues, tableaux, argenterie, or, ivoire et pierres précieuses en Sicile. C’est que le commerce à petite échelle discrédite celui qui s’y adonne, alors qu’il l’honore, quand il est pratiqué dans de grandes proportions154. La loi césarienne de repetundis, en 59 a.C., conserve les principes de la lex Claudia. On ne s’étonnera donc pas de trouver parmi les mercatores des affranchis et non des sénateurs, les premiers profitant de la fortune que cette activité leur assurait pour imiter le train de vie et les habitudes des seconds.
41Pourtant, en 46 a.C., dans une lettre où il cherche à s’informer sur les projets de César à propos de sa future loi municipale, Cicéron témoigne de la pratique de l’haruspicine par certains sénateurs : pour lui, “il aurait été intolérable qu’à Rome on fît entrer au Sénat des gens qui pratiquent actuellement l’haruspicine et qu’il ne fût pas permis à ceux qui ont exercé un jour le métier de crieur public d’être décurions dans les municipes”155. Comme des haruspices sénateurs ne figurent pas dans les sources contemporaines ou antérieures à 46 a.C., il faut comprendre que Cicéron faisait allusion aux quelques sénateurs étrusques qui pouvaient pratiquer l’haruspicine à titre privé, mais ils ne pouvaient en revendiquer l’activité à titre public — Cicéron ne les appelle d’ailleurs pas haruspices — ni faire commerce d’haruspicine.
42En revanche, il est possible que des aristocrates étrusques aient cherché à se faire écouter des sénateurs romains, en devenant haruspices publics à Rome. Ces derniers viennent en effet probablement de familles aristocratiques qui ont entretenu des liens de longue date avec Rome. Peut-être ont-elles été d’ailleurs impliquées dans l’enseignement de l’haruspicine, tel qu’il a été encadré par Rome, soit au titre de familles sélectionnées pour recevoir cet enseignement soit au titre de familles choisies pour accueillir des élèves haruspices156. Leur engagement auprès des magistrats romains s’inscrit donc peut-être dans une suite logique d’apprentissage de l’haruspicine encouragé par Rome qui explique la loyauté de ces devins envers les institutions républicaines.
43Un ou plusieurs descendants de familles pérugines pourraient être ainsi intervenus à Rome en qualité d’haruspices. Alors que la cité de Pérouse semble jouir d’une belle prospérité, au moins au iie s. a.C.157, et envoie alors à Rome des Nigidii, des Vibii Pansae et des Volcacii158, il est possible que, dans le même temps, des haruspices soient venus de Pérouse à Rome exercer l’haruspicine. L’attestation nominale la plus ancienne d’un haruspice de Rome émane en effet d’un certain C. Volcacius C. f.159 dont le nom pourrait être issu du gentilice étrusque pérugin velχa160. La famille velχa pourrait avoir été l’une des grandes familles aristocratiques de Pérouse puisqu’elle y est titulaire d’un certain nombre de tombes monumentales et qu’elle y est alliée avec des familles importantes de la ville. Les liens de l’haruspice avec la grande famille pérugine sont pourtant difficiles à démêler car l’haruspice C. Volcacius C. f. présente une formule onomastique qui ne présente aucun caractère étrusque. Cependant, des Volcacii n’étant pas attestés à Rome avant lui161, il ne semble pas qu’il faille le rattacher à une branche installée depuis longtemps à Rome, mais au contraire faire de lui le premier membre de la famille installé dans la Ville. Peut-être compte-t-il parmi ces devins d’Étrurie qui sont venus résider à Rome pour conseiller le sénat. Bien que son inscription ne fournisse d’information explicite ni sur le cadre de son activité ni sur l’identité de ses consultants, elle nous renseigne sur le statut de l’haruspice au sein de la Ville. C’est un ingénu qui a obtenu la confiance des fidèles de Jupiter Jurarius puisqu’il se présente comme celui qui a rassemblé leurs offrandes pour faire édifier ou restaurer un monument au dieu.
44Il est possible que la famille velχa ait fait partie de ces quelques familles dans lesquelles étaient formés et recrutés certains des haruspices publics car l’haruspice qui interprète l’apparition d’une comète à la mort de César présente un nom qui, bien que présenté sous deux variantes dans les manuscrits, Vulcanius et Volcatius, dérive d’un même radical velχa. Or, cet haruspice intervient sans doute à titre public car il s’exprime in contione. L’attachement aux valeurs républicaines que les mémoires d’Auguste ont sans doute travesti se comprend donc peut-être par une tradition familiale de service de la République.
45On peut peut-être vérifier la pertinence de cette hypothèse, en choisissant de s’intéresser à une période particulière de remise en cause du régime républicain. Si un certain nombre d’aristocrates étrusques ont choisi l’utilisation de leurs traditions religieuses pour favoriser leur intégration dans les institutions romaines et conserver par ce biais leur poids local dans leur cité d’Étrurie, tout en sachant qu’elle leur interdisait l’entrée au sénat, les Étrusques qui sont entrés au sénat sous la dictature de César devraient être issus de familles où l’engagement politique est motivé par une différence de niveau social avec celles des haruspices publics romains.
46Le problème se pose avec une acuité particulière sous la dictature de César quand les haruspices publics manifestent leur hostilité au régime monarchique qui tente de se mettre en place et dont sont solidaires un certain nombre d’Étrusques entrés au sénat grâce à César.
47Pour G. Zecchini, la nombreuse présence d’Étrusques au sénat s’explique par l’attraction sociale exercée par ces postes prestigieux sur des couches relativement modestes de la société étrusque. Tandis que les membres de l’aristocratie étrusque se seraient contentés du rang équestre et auraient refusé la romanisation complète liée à la dignité sénatoriale, d’autres Étrusques, désireux d’une ascension sociale que leur exclusion des élites traditionnelles étrusques ne leur permettait pas d’obtenir en Étrurie même, auraient profité des occasions créées par la dictature de César.
48Il est certain qu’une différence de niveau social sépare certains sénateurs césariens d’origine étrusque d’autres sénateurs augustéens d’Étrurie. Avec le Principat, entrent au sénat des membres des familles illustres d’Étrurie, comme les Caecinae de Volterra162 et les Cilnii d’Arezzo163, alors qu’on y voit entrer sous César quelques Étrusques dont l’ascendance est inconnue, et donc peut-être modeste. Il est à peu près sûr aussi que les entrées au sénat de l’époque césarienne furent moins nombreuses que celles de l’époque augustéenne.
49Cependant, c’est à l’époque de César et non à celle d’Auguste qu’obtiennent la dignité sénatoriale164 des familles illustres, telles que les Caecinae de Volsinies165, les lunii Blaesii de Volsinies, les Caesennii de Tarquinia166, les Coronae de Tuscania167, les Sanquinii de Caere168. Des membres de la famille ceicna sont ainsi attestés à Volsinies depuis le ive s.169, de même de la famille ceisinie à Tarquinia où existe une tombe gentilice170, de la famille curunas à Tuscania171, de la famille sanχuna à Orvieto et à Volsinii172. De plus, certains des Étrusques de familles moins illustres qui réussissent à se hausser à la dignité sénatoriale sous César sont originaires de colonies romaines installées en territoire étrusque et non de vieille origine étrusque ; il est donc délicat de parler à leur propos de couches inférieures de la société étrusque. Tels sont les cas de Sex. Appuleius, flam. Iul. pr. urb. a. inc. (PIR 2, A, 960) et peut-être de M. Lartidius, pro. pr. a. inc. (PIR 2, L 115), qui ne sont pas forcément les meilleurs experts en haruspicine, à une époque où l’haruspicine se transmet sans doute principalement de père en fils et peu encore de manière livresque173.
50En outre, nous avons des réticences à parler de ces nouveaux sénateurs comme d’haruspices. Le texte de Cicéron174 ne moque d’ailleurs pas la présence d’haruspices au sein du sénat, mais de praticiens de l’haruspicine (qui hodie haruspicinam facerent), ce qui concorde avec l’absence d’attestations d’haruspices portant ces noms. Ce que Cicéron critique dans cette nouvelle assemblée, c’est justement la pratique d’un mode de divination qui ne serve pas à la République, mais qui s’exerce dans un cadre domestique, qui peut profiter à quelques-uns et qui, dans ses utilisations les plus perverties, dérive en charlatanisme175.
3.3. Des ambitieux au service d’ambitieux ?
51Il n’est pas sûr qu’il faille attribuer un profil en tous points commun aux haruspices demeurés en Étrurie et à ceux qui ont quitté l’Étrurie pour Rome, que ces derniers aient rejoint un des grands ambitieux de la fin de la République ou le corps des haruspices qui conseillaient le sénat.
52Il faut d’abord constater que les haruspices personnels des ambitieux de la fin de la République viennent de cités où l’haruspicine n’est pas attestée dans la période et ne peuvent être considérés comme des descendants de familles aristocratiques. Dans leur cas, l’haruspicine est devenue le moyen d’une ascension sociale à Rome, ascension qu’ils n’auraient peut-être pas pu réaliser chez eux.
53Le cas vaut pour deux haruspices au moins, Postumius et Spurinna, voire pour C. Fuluius Saluis dont le statut est plus incertain.
54C. Postumius, haruspice particulier de Sylla, est sûrement l’haruspice qui possède, à nos yeux, l’origine étrusque la plus difficile à démêler. Deux orientations sont possibles sans que l’on puisse trancher entre elles : ou des Postumii pirates étrusques au ive s. a.C. ou une famille pustminas du vème siècle a.C. quasiment inconnue. Des Postumii, pirates, deux membres sont en effet connus dans les sources littéraires : en 339-338 a.C., le Tyrrhénien Postumius est arrêté et mis à mort par Timoléon pour actes de piraterie avec douze navires sur les côtes de Sicile176 ; en 213 a.C. le publicain M. Postumius de Pyrgi est condamné à une amende de 200 000 as par les tribuns de la plèbe Spurius et L. Caruilius pour fraude car il aurait déclaré des naufrages imaginaires pour profiter de la garantie publique contre les risques encourus par les fournisseurs de l’armée en cas de tempête177. Il est possible que Postumius le pirate et M. Postumius le publicain appartienne à une même famille de Pyrgi car ce port est connu comme un repaire de pirates : en 384 a.C., Denys de Syracuse mène une expédition contre la ville sous prétexte d’en finir avec la piraterie, en réalité pour s’emparer des richesses de la cité178. L’autre solution consiste à faire de Postumius l’équivalent latin de l’étrusque pustminas dont une seule attestation est connue pour la première moitié du ve s. a.C., en Campanie, à Suessula179. Dans tous les cas, aucune tombe gentilice au nom de la famille de l’haruspice n’est attestée ni à Pyrgi, ni encore moins en Campanie, et il est impossible de rétablir le fil d’une lignée entre ces possibles ascendants et l’haruspice. En l’absence d’informations supplémentaires, on ne tiendra donc pas C. Postumius pour un aristocrate étrusque.
55Spurinna offre un cas un peu différent dans la mesure où l’établissement de sa cité d’origine est moins sujet à discussions180. Spurinna est le premier connu d’une série d’haruspices tarquiniens qui se sont peut-être illustrés à Rome. Pour autant, il n’est pas sûr qu’il soit un représentant des élites locales. Il faut noter d’abord l’absence d’attestations d’haruspices dans les sources tarquiniennes jusqu’à la toute fin de la République. Le fait est étonnant dans la mesure où la cité pourtant possédait une vraie spécificité en matière de divination. Les Tarquiniens se vantaient d’abriter le berceau de l’Etrusca disciplina : c’est chez eux que Tagès avait fait son apparition181 et que Tarchon182, héros éponyme, avait enseigné les principes de son enseignement divinatoire183. A en croire les sources épigraphiques, peu d’haruspices devaient donc exercer dans la cité même et Spurinna n’appartenait pas à une famille où l’on se déclarait haruspice. En outre, il n’est pas certain que Spurinna soit parvenu au poste sûrement envié d’haruspice de César en vertu de liens noués de longue date avec Rome par sa famille. Il est vraisemblable que Spurinna n’a pas eu la glorieuse ascendance que certains des membres de sa famille ont pu faire valoir par la rédaction de trois elogia à Tarquinia184 et que certains étruscologues comme M. Torelli ont voulu lui attribuer185. La Tomba dell’Orco n’est peut-être pas la tombe familiale des Spurinna186 et la mention d’un arnth spurina, époux d’une cilnei, dans une inscription probablement tarquinienne de la fin du ive s. ou du début du iiie s. a.C., n’est suivie d’aucune magistrature étrusque connue187, ce qui signifie que l’effort des membres de la famille pour s’inscrire dans une lignée qui s’est illustrée au service de Rome constitue peut-être une reconstruction artificielle de la part d’une élite en quête de légitimité historique. En ce sens. Spurinna est peut-être le premier de la famille à tenter sa chance à Rome. S’il y avait déjà à Rome des Tarquiniens ayant fait carrière et peut-être susceptibles de l’épauler, comme L.( ?) Caesennius Lento, leg. Caesaris in Hispania en 45 a.C.188, l’appui de membres de la famille Spurinna à Rome n’est pas perceptible.
56Un cas plus complexe est proposé par la situation de C. Fuluius Saluis. D’après l’inscription qui le fait connaître189, l’haruspice cumule les avantages d’une origine étrusque avec ceux de la réputation d’une grande famille du Latium, ce qui en ferait une exception parmi les haruspices particuliers de grands militaires. Il joint en effet à un cognomen, qui correspond à un gentilice bien connu à Pérouse190 le gentilice d’une famille célèbre de Tusculum, les Fuluii191. Cependant, l’association de deux noms suggère que C. Fuluius Saluis y a été vendu comme esclave aux Fuluii ou emmené après la vente par ces mêmes Fuluii, qui l’ont ensuite affranchi192. Il est en effet improbable que des esclaves étrusques n’aient pas eu aussi accès à des connaissances divinatoires. Certes, il n’existe pas de témoignage épigraphique de tels haruspices, car les esclaves ou leurs proches ne possédaient pas forcément les ressources nécessaires pour faire dessiner ou graver des inscriptions. Cependant, de tels Étrusques pourraient être attestés dans le récit des guerres serviles qu’a rédigé Diodore de Sicile. En 104 a.C, un Saluius, qui se prétend devin, prend la tête d’une des révoltes193 et se fait proclamer roi par les rebelles. Il existait donc peut-être des Étrusques, au moins un Saluius, qui plus est, qui arguaient de connaissances divinatoires malgré leur statut d’esclaves. Un devin, nommé Saluis, a donc pu être esclave chez des Fuluii.
57Ces deux situations d’haruspices qui ne sont pas issus d’élites étrusques identifiables et qui pourraient être les premiers de leur famille à monnayer leurs traditions religieuses contre une reconnaissance à Rome, ajoutées à celle d’un haruspice peut-être affranchi, s’opposent nettement à celle qu’ont connue des haruspices qui pourraient avoir exercé au profit du sénat.
58Le lien de clientèle qu’ils ont entretenu avec le général ou l’homme politique à qui ils ont délivré leurs avis s’explique peut-être par leur volonté de compenser l’absence de réseau clientélaire ancien par la loyauté à un homme.
4. L’engagement d’haruspices au service de leur cité
59Il est possible que, dans la deuxième partie du ier s. a.C. au plus tard, un nouveau type d’haruspices publics ait fait son apparition qui a pu bénéficier de deux éléments nouveaux. D’une part, la concession de la citoyenneté romaine aux Étrusques après la Guerre Sociale a fait des haruspices d’origine étrusque des Italiens et leur a enlevé leur caractère d’étrangers. D’autre part, les haruspices, en renouvelant à plusieurs reprises leur soutien au sénat, ont fait figure de soutiens sûrs de la religion publique. S’il n’est pas certain aujourd’hui que César a bien créé un statut-type organisant colonies et municipes comme autant de petites Romes dans tout l’Empire romain194, une loi d’une colonie de Bétique, Urso, prévoyant la présence d’haruspices au sein de l’administration de la cité a pu être mise en place à l’époque triumvirale et attribuée à un ordre de César.
60L’idée d’une loi (lex Iulia municipalis) dont le contenu n’aurait pas été reproduit en intégralité par des sources contemporaines195 ou par des recueils de lois postérieurs196 mais par la loi d’Urso197, étant maintenant écartée, il est établi que c’est à l’époque triumvirale au plus tard, qu’est apparue l’idée d’une présence nécessaire d’haruspices auprès des magistrats municipaux et coloniaux.
61La loi d’Urso198 qui prévoit explicitement la présence d’haruspices auprès de certains magistrats de la colonie est une source d’informations très riche sur le pan religieux de la lex Iulia. Cette loi, en effet, tout en datant de l’époque de Domitien, reprend avec quelques remaniements199 une loi comitiale remontant probablement, d’après les termes de cette loi, à la dictature de César200. Son contenu, retrouvé en 1870 sur neuf tables de bronze gravées, offre des indications très précises sur le rang et le salaire d’haruspice de colonie. Les haruspices y sont mentionnés dans la rubrique 62 consacrée aux appariteurs et y sont présents doublement, dans la liste du personnel subalterne des duovirs et dans celle des édiles. Dans celle des duovirs, ils sont cités en avant-dernière place, soit septièmes sur huit, après deux licteurs, un accensus, deux scribes, deux uiatores, un librarius, un praeco et un tibicen, et dotés d’une rétribution annuelle de cinq cents sesterces, qui les met au quatrième rang financier de tous ces employés des duovirs201. Dans celle des édiles, beaucoup moins nombreuse, ils sont cités en troisième place sur quatre, après le scribe, le praeco, et avant le tibicen, et dotés d’une rétribution annuelle de cent sesterces, qui les met au dernier rang financier de tous les employés des édiles202. La présence d’haruspices, comme leur place qui est celle de simples appariteurs au sein de la hiérarchie administrative des colonies, avait donc été prévue avec soin par la lex Iulia.
62Au titre d’appariteurs, les haruspices assistaient certainement duovirs et édiles dans les cérémonies religieuses officielles de la colonie, et conseillaient ces mêmes magistrats en cas de circonstances exceptionnelles. Au contraire des flamines et des pontifes des municipes et des colonies, prêtres officiels qui semblent avoir disposé dans leur cité d’une véritable autonomie d’action203, les haruspices étaient donc soumis à une autorité supérieure immédiate qui commandait et recevait leurs avis. Ils bénéficiaient sans doute dans certaines cités, comme les appariteurs romains204, de places réservées au théâtre et au cirque ; durant leur année d’exercice, ils étaient également exemptés de la conscription sauf, à la fin de la République, en cas de guerre soudaine des Italiens et des Gaulois, où ils pouvaient être enrôlés205.
63L’épigraphie n’a pas révélé d’inscription républicaine où un haruspice fasse figurer clairement son statut d’haruspice de colonie ou de municipe. Il faut dire qu’il existait sans doute un problème de recrutement d’haruspices, en dehors de l’Étrurie, dans certaines régions et provinces qui se trouvaient éloignées de l’Étrurie et qui ne connaissaient pas d’immigration étrusque. Cependant, Urso aussi est bien en dehors des flux migratoires étrusques ; le besoin ressenti par le commissaire chargé de la deductio de la colonie ou par les populations bétiques de prévoir la présence d’haruspices peut paraître étonnant, alors que l’on ne connaît pas d’attestation d’haruspice dans cette zone de l’Empire pour la même époque. S’agit-il d’une disposition propre à Urso où l’existence de traditions locales de divination présentant des similitudes avec l’haruspicine206 et la présence d’haruspices parmi les vétérans qui constituaient l’essentiel des premiers colons pouvaient faciliter le recrutement de devins dits haruspices ou la traduction d’une volonté générale contemporaine d’élargir la présence d’haruspices publics à tout l’empire ?
64La loi visait cependant à prendre peut-être de court un phénomène qui tendait à inquiéter les élites conservatrices, l’élargissement de la pratique privée de l’haruspicine à des individus qui ne présentaient de garanties ni sur la qualité de leurs pratiques divinatoires ni sur leur dignité. On observe en effet au cours du ier s. a.C. une diffusion de la pratique haruspicinale à des hommes qui n’ont ni origine étrusque ni naissance libre.
65Au ier s. a.C., la situation de l’haruspicine privée apparaît très contrastée. En Étrurie, exercent des haruspices qui se montrent solidaires des intérêts défendus des haruspices publics romains. Mais cette situation est exceptionnelle et diffère de beaucoup de celle qui apparaît dans les sources épigraphiques de Sabine et du Samnium.
4.1. Le cas exceptionnel de l’Étrurie
66Dans la période, l’Étrurie reste la première des régions207 où exercent des haruspices. On compte peut-être dix haruspices à avoir pratiqué l’haruspicine dans cette région, précisément à Chiusi et Arezzo. Curieusement, certaines villes comme Caere, Vulci, Pérouse, Volterra et Tarquinia, pourtant berceau de l’haruspicine208, ne fournissent aucune attestation d’haruspice, alors qu’une autre comme Chiusi concentre à elle seule une grande partie de ces attestations. A Chiusi, on trouve en effet une série d’inscriptions gravées ou dessinées mais sur des supports modestes, celles de C. Aufidius C. f., de C. Baebius C. f. et C. Baebius L. f., de C. Petronius C. f. et de L. Pupius A. f. Pater. Cette situation correspond peut-être à l’état de la situation foncière dans le territoire de la cité, à savoir une multiplicité de petites et moyennes exploitations agricoles et une minorité réduite de grands latifundia209. Elle est conforme aussi à ce que les témoignages littéraires nous livrent de la situation démographique et économique de la zone méridionale de l’Étrurie. Les vieilles élites locales ont peut-être été décimées par la malaria qui fait des ravages dans cette partie de l’Étrurie210. Tite-Live évoque 3 000 morts de Chiusi et de Pérouse à la bataille de Sentinum211. En 205 a.C., presque aucune des cités du Sud de l’Étrurie ne participe au ravitaillement de Scipion pour son expédition en Afrique212. Les seules contributions apportées par les cités étrusques se font en matériel, et non en hommes. Chiusi cède ainsi du bois et du blé. Selon C. Gracchus, Tib. Gracchus n’aperçoit que des bandes d’esclaves venus d’ailleurs et des barbares, quand il emprunte la Via Aurelia pour se rendre à Numance213. Des habitants de Chiusi sont peut-être même prêts à s’exiler en Numidie sous la conduite de Marce Unata Zutas pour fuir les troubles des guerres civiles214.
67Le territoire de Chiusi a aussi la particularité de rester attaché, plus que d’autres peut-être, aux traditions étrusques au point que l’on a pu parler à son propos d’une romanisation incomplète dans la première partie du ier s. a.C.215 L’habitude d’indiquer le matronyme dans la formule onomastique continue d’être pratiquée dans les inscriptions, alors que l’usage de les rédiger en latin s’est établi. Surtout, aux iie et ier s. a.C., des urnes de production clusienne avec des scènes mythologiques sont fabriquées dans des quantités extrêmement importantes216.
68L’appauvrissement de Chiusi va donc de pair avec un refuge des couches intermédiaires de la société ni nobles ni dépendantes, vers la culture funéraire et religieuse traditionnelle. Il est possible que ce recours au fonds étrusque ait été accompli par des populations qui se sont senties menacées et qui ont vu en Rome le soutien à certaines de leurs aspirations.
69Les craintes ressenties par ces propriétaires libres sont perceptibles dans une prophétie attribuée à une nymphe étrusque appelée Végoia, qui condamne des déplacements de bornes délimitant les limites de propriétés, et élaborée à Chiusi avant la Guerre Sociale217. Le culte de Végoia est en effet particulièrement répandu dans le territoire et la cité de Chiusi218 et pourrait avoir trouvé un médiateur en Arruns Velthymnus, pour traduire les mécontentements de certaines strates de la population locale. Or, il est désormais établi que le rédacteur de la prophétie était sinon un haruspice, du moins un expert en haruspicine. C.-O. Thulin a ainsi noté des ressemblances formelles entre la composition en strophes du récit de Végoia avec celle de fragments de textes haruspicinaux219 ; la mention d’un huitième siècle rappelle la théorie des siècles étrusque développée par des haruspices220 ; enfin, la cosmogonie exposée présente des similitudes avec celle mêlée d’éléments orientaux et gréco-hellénistiques que les haruspices pourraient avoir élaborée et diffusée et que la Souda rapporte, en lui attribuant une origine étrusque221. Les spécialistes d’haruspicine pourraient donc être intervenus dans un conflit sur les frontières entre propriétés et avoir exprimé tout haut les craintes de petits propriétaires terriens libres, hostiles à l’aristocratie latifondiaire, de se voir lésés d’une partie de leurs terres222. La réaction anti-gracquienne des haruspices qui conseillaient le sénat a donc été suivie par l’appel d’haruspices d’Étrurie à la modération et au respect du droit devant des manœuvres d’extension des terrains. Haruspices de Rome et haruspices d’Étrurie ont donc pu partager les mêmes convictions sur les problèmes agraires.
70Cette communauté de sentiment est confirmée par l’attitude d’un certain nombre d’Étrusques pendant la Guerre Sociale. Bien que certains Étrusques aient déjà obtenu la ciuitas Romana223, la plupart, notamment ces petits propriétaires indépendants, avaient beaucoup à gagner des droits liés à la citoyenneté. Même si les sources sont divisées sur leur participation réelle aux combats, il est indéniable qu’ils ont partagé les revendications exprimées par les Sabelliens. Appien, qui insiste sur la modération des Étrusques dans le conflit224. note le revirement de leur attitude à partir du moment où le sénat décide de voter la lex Iulia : les Étrusques abandonnent leur décision de prendre les armes. Quant aux autres sources qui mentionnent l’engagement militaire des Étrusques, elles notent la précocité du cessez-le-feu. De fait, en devenant citoyens romains fin 90 avec la lex Iulia, ou plus tard, ou en 89, avec la lex Plautia-Papiria225 ou avec le décret général de 87226, enfin avec l’incorporation complète grâce au sénatus-consulte de 84, qui leur accorde le ius suffragii qui leur manquait encore et avec leur répartition parmi les tribus rurales227, les droits fonciers de ces Étrusques se trouvent garantis par leur nouveau statut. Les limites de leur propriété deviennent intangibles. Il est donc possible que des haruspices comme ceux de Chiusi, issus de familles de petits propriétaires ou, du moins, soutenant leurs revendications, aient voulu une citoyenneté qui leur donnait une assise supplémentaire face à des remises en cause de leurs droits fonciers.
71Or, cette position philo-romaine qu’il est peut-être possible de discerner chez les haruspices de Chiusi est isolée. Dans le même temps, on trouve dans une autre région des haruspices qui ne sont pas d’origine étrusque et qui sont susceptibles de jouer les fauteurs de troubles dans une région où les intérêts financiers de certains aristocrates romains sont importants.
4.2. Une situation dangereuse en Sabine et dans le Samnium
72Une région d’Italie proche de l’Étrurie apparaît particulièrement concernée par cette extension du recrutement des haruspices qui va de pair avec l’élargissement de leur public. Alors qu’à l’époque où Caton l’Ancien attaquait les haruspices de Sabine qui parcouraient les campagnes à la recherche d’une obole, il était impossible de mettre un nom sur ces haruspices susceptibles de se présenter aux fermiers, le ier s. a.C. livre plusieurs témoignages du succès de l’haruspicine “agricole” en Sabine et dans le Samnium, une haruspicine beaucoup plus incontrôlable que celle exercée à Rome au même moment.
73Le trait essentiel qui distingue haruspices de la quatrième région d’Italie des haruspices urbains est leur condition sociale. En Sabine et dans le Samnium qui concentrent la plupart des attestations des haruspices du ier s. a.C. hors d’Étrurie et de Rome, l’attrait pour l’haruspicine a touché essentiellement des affranchis. Dans la période, trois affranchis différents pourraient en effet avoir exercé l’haruspicine dans la région : Q. Caedius Q. 1. Sar. de Trebula Mutuesca228, P. Manlius P. 1. Hilarus d’Amiternum229 et P. Pilienus [L. ?] 1. Hermaphilus d’Alba Fucens230. Ensuite, ces haruspices diffèrent de leurs homologues romains par leur absence de parenté étrusque. Ils ne sont pas eux-mêmes d’origine étrusque si l’on s’en tient à leur cognomen soit hellénophone (Hermaphilus), soit latin (Hilarus) mais attribué en priorité à des affranchis d’origine hellénophone, ou sarde ou carthaginois (Sardus ou Saranus). Ils n’ont pas vécu chez un maître étrusque puisqu’aucun d’eux ne porte un gentilice étrusque.
74Cette pratique correspond peut-être à un intérêt bien compris par des affranchis pour une activité qui rapportait sans doute des sommes suffisantes pour vivre. Il existait en effet une clientèle d’esclaves, d’affranchis ou de plébéiens prête à payer des consultations d’haruspices231. Ces derniers possédaient en effet un savoir botanique et zoologique232 qui intéressait cette population de petites gens vivant de la pratique de la transhumance233 dans laquelle investissaient de grands propriétaires fonciers et des negotatiores234. Il est possible, en outre, que ces “Orientaux” contraints de vivre dans les campagnes romaines aient voulu perpétuer leur habitude de consulter les dieux sur leur avenir et cherché, pour certains d’entre eux, à savoir s’ils pourraient obtenir l’affranchissement. Pour offrir des consultations à cette population, les haruspices du milieu affranchi étaient les mieux placés. Partageant une même condition, ils en connaissaient les attentes, les coutumes et les langues235. Ils se déplaçaient peut-être jusque dans les propriétés où travaillaient leurs clients et abordaient aussi sans doute les futurs consultants dans les temples où ils se rendaient et où eux-mêmes officiaient. L’inscription de P. Pilienus [L. ?] 1. Hermaphilus a ainsi été découverte dans le territoire de la cité, et non dans la ville même d’Alba Fucens, et celle de P. Manlius P. 1. Hilarus dans les restes d’un monument qui pourrait être le temple où l’haruspice avait ses habitudes.
75Il est possible qu’un siècle après les recommandations de Caton l’Ancien, le succès de l’haruspicine dans les campagnes de Sabine et du Samnium ait inquiété à la fois les propriétaires de domaines et les autorités publiques. Si des magistrats des cités de Sabine et du Samnium voulaient recourir à des spécialistes de la divination, il ne fallait peut-être pas que ce fût à des affranchis qui se faisaient appeler haruspex sans maîtriser nécessairement la divination étrusque. L’origine hellénophone de la plupart d’entre eux ne garantissait pas une adéquation avec la pratique des haruspices publics romains et, surtout, menaçait l’ordre public. Alors que les haruspices publics de Rome, à la fin du ier s. a.C., étaient désormais considérés comme romains, ces haruspices des campagnes pouvaient passer pour des étrangers dont la loyauté à l’égard des institutions n’était pas assurée.
4.3.... et dans la Ville
76Cicéron se fait l’interprète de cette crainte vis-à-vis d’une divination incontrôlée, quand il met l’haruspicine privée sur le même plan que les autres formes de divination non officielles exercées contre de l’argent, toutes pratiques qu’il condamne fermement236. Dans De diuinatione, les “haruspices de quartier”237 figurent ainsi dans une liste de charlatans de la divination, à savoir l’augure marse, les astrologues du Grand Cirque, les devins isiaques et les interprètes des songes, et suivent dans la réprobation les tireurs de sorts, ceux qui vaticinent en vue du gain et les évocateurs de morts. Nulle différence selon lui entre des techniques ou des opérations qui s’affirmaient si diverses. Toutes se valent parce que toutes sont sans valeur238.
77La fausseté des réponses des haruspices ne constituerait pas pourtant une critique très sévère, si elle ne s’accompagnait de reproches sur les dangers politiques et sociaux encourus à cause du succès d’une telle divination. Cicéron accuse ainsi ces haruspices de menacer l’équilibre politique et social romain. Les haruspices privés ont en effet en commun de modifier leurs réponses en fonction de celui qui les rémunère. Ils trompent et exploitent à dessein la crédulité de leurs contemporains. Cicéron peut ainsi citer et reprendre, parfois à son compte, le célèbre mot de Caton selon lequel deux haruspices ne peuvent se regarder sans rire239, puisqu’il estime que les haruspices manipulent le contenu de leurs interprétations. Quand il s’agit de simples questions d’héritages, de victoires au cirque ou d’amours déçues, les conséquences de ces duplicités demeurent limitées. En revanche, quand des particuliers cherchent à déstabiliser les institutions en utilisant des prédictions d’haruspices, le danger encouru concerne toute la res publica. Des révolutionnaires peuvent se croire encouragés à agir par les dieux, si des réponses à leurs consultations sont favorables. D’autres, en échange de rémunération, peuvent orienter les réponses dans un sens qui leur est favorable puis se réclamer des dieux ensuite pour provoquer éventuellement des bouleversements publics. Dans ces cas, les haruspices jouent un rôle essentiel dans le déclenchement des troubles publics. Ils sont les moteurs de l’action révolutionnaire. On comprend donc que Cicéron adresse en filigrane aux haruspices une véritable accusation de charlatanisme et d’agitation dans la Troisième Catilinaire. On y lit en effet que le conjuré Lentulus se serait appuyé sur les oracles sibyllins et sur les réponses des haruspices pour rallier des Allobroges à sa cause : ces devins lui auraient promis la royauté et le pouvoir suprême (le troisième Cornelius, après Cinna et Sylla) et auraient annoncé la destruction de la Ville240. Ces prédictions, loin d’émaner de devins contrôlés par les institutions, comme on pourrait le croire à l’expression d’“oracles sibyllins”, sont en réalité de fausses prophéties. Lentulus s’est laissé abuser par des vers et des oracles prétendument attribués à la Sibylle, mais en réalité forgés par de faux prophètes241. Il a menacé la République au nom de taux espoirs de monarchie que lui ont donnés des charlatans242.
78La dévalorisation cicéronienne de l’haruspicine s’appuie donc sur la constatation qu’une haruspicine non contrôlée est une haruspicine dangereuse. Les haruspices peuvent faire croire ce qu’ils veulent à ceux qui commandent leurs consultations et engendrer des désastres au niveau de l’ensemble de la société.
79Au contraire, une haruspicine publique, soumise à la fois au contrôle des institutions et de professionnels de la divination, assure un bon fonctionnement des institutions publiques.
80Du iie s. a.C. jusqu’au Principat, l’engagement des haruspices à Rome se présente sous diverses formes et au profit de différents partis. Les haruspices particuliers qui assistent des généraux ou des hommes politiques aux idéaux démagogiques ou monarchiques visent à compenser leur modestie d’origine par le soutien d’un futur grand homme d’État. Les haruspices publics romains, au contraire, appuient peut-être une politique sénatoriale au nom de l’ancienneté du lien qui unit leur famille à Rome et en vertu d’une formation divinatoire acquise grâce à un parrainage romain. D’autres encore, en dehors de Rome, sont peut-être amenés à faire profiter de leurs connaissances les magistrats de leur cité, municipe ou colonie, la diversification des origines et des conditions des haruspices privés de la fin de la République inquiétant les autorités romaines.
Notes de bas de page
1 Sal., Jug., 63.1, Plin., Nat., 11.189 et Plut., Mar., 8.8.
2 Sal., Jug., 63.1 et Plut., Mar., 8.8 ne s’accordent pas sur le moment de la consultation. Pour Salluste, Marius entend l’avis favorable de l’haruspice à l’occasion d’un sacrifice à Utique, bien avant son départ d’Utique pour l’Italie, Pour Plutarque, l’avis de l’haruspice précède l’embarquement. Sur la chronologie des événements, cf. van Ooteghem 1964, 133-135.
3 Salluste et Plutarque donnent du contenu de l’avis de l’haruspice des récits différents. Salluste offre un compte-rendu développé des analyses de l’haruspice tirées des entrailles de la victime sacrifiée, une prédiction de la destinée de Marius, un encouragement à agir et une assurance de réussite. Plutarque, beaucoup plus concis, fournit seulement une prédiction de succès inespérés. Cet avis du devin confirme une prédiction annoncée dans l’enfance de Marius. Cf. Appien, civ., 1.61 et Plut., Mar., 36.8 : des devins auraient prédit à ses parents qu’il était promis à la gloire et qu’il accéderait sept fois à la magistrature suprême. Il est aussi redoublé par des prophéties d’une prêtresse syrienne nommée Martha qui suit partout Marius, en litière, et décide de la célébration des sacrifices. Cf. Frontin, Strat., 1.11.12 et Plut., Mar., 17.1-5.
4 On pourra comparer la réponse des haruspices à Fabius (Liv. 27.16.15 : haruspex a fraude hostili et ab insidiispraedixit) avec celle adressée à Marius.
5 Cf. supra p. 34-38.
6 Les sources montrent Marius comme un homme inquiet de la réaction des dieux. Cf. Schilling 1954, 268-270.
7 Par propagande, nous entendrons ici les moyens spécifiques mis en œuvre par un individu ou un groupe d’individus pour infléchir ou encourager l’opinion du plus grand nombre. Cf. Braccesi 1976, 14-15, repris par Bertrand-Ecanvil 1994. 488.
8 Cf. Sal., Jug., 64.1.
9 Sur lui, cf. Rawson 1978, 141-142 ; Jal 1961, 407 - 409.
10 Cf. Cic., Div., 1.72 et Valère Maxime 1.6.4.
11 Cf. Plut., Syll., 9.6 ; Aug., civ., 2.24 qui dit tirer ses informations de Tite-Live.
12 L’épisode rapporté par Obs. 56 b ne donne pas le nom de l’haruspice.
13 Cf. Plut., Syll., 27.7, qui ne cite pas Postumius ; Aug., civ., 2.24 qui dit tirer ses informations de Tite-Live. Sur les interventions de Postumius. on pourra consulter Hinard 1985, 67 et 165.
14 Cf. Plut. Syll., 37.3.
15 Cf. Vell. 2.24.3 et Plut., Syll., 5.11 et 37.2. Les Chaldéens dont il est question dans ces passages sont des devins originaires de Chaldée et non des haruspices privés qu’on a qualifiés de Chaldéens, comme c’est le cas plus tard, sous l’Empire.
16 Cf. Carcopino 1947, 109-113 ; Balsdon 1951, 1-10 ; Schilling 1954, 278-280.
17 On trouvera une liste de ces hommes dans Rawson 1978. 150.
18 Cf. Valère Maxime 9.12.6 et Vell. 2.7.2.
19 Pour Valère Maxime 9.12.6, il était l’ami de C. Gracchus ; pour Vell. 2.7.2, il était l’ami du jeune Fulvius Flaccus.
20 Cf. Valère Maxime 9.12.6. Une telle fin, par choc de la tête contre une surface dure, est évoquée par Caton le Jeune dans Appien, civ., 2.98 et Plut., Cat. min., 68.8 et tentée par Arria l’Ancienne dans Plin.. Ep., 3.14.
21 Cf. Vell. 2.7.2.
22 Cf. CIL. I2, 3027.
23 Voir l’article de Beccati 1939, 37-60 et la couverture de notre livre.
24 Cf. Chevallier 1986, 192. Cette solution est séduisante, parce qu’elle s’accorde avec ce que Plutarque nous montre à la fois de Sylla, “atttentif à tous les signes surnaturels capables de lui révéler son destin : prodiges, avertissements célestes, prédictions des devins et des oracles” (Champeaux 1987, 223). Cf. Plut., Syll., 6.11-13. Cependant, cette hypothèse correspond mal avec la datation haute de l’inscription que propose Cébeillac 1971, 71.
25 Cf. Floriani Squarciapino 1958, 205-206 : la scène de vol de la Victoire pourrait faire allusion à un combat naval survenu sur les côtes d’Ostie, pendant l’un des duovirats de C. Cartilius Poplicola. Cependant, comme elle en convient elle-même, elle ne peut appuyer sa suggestion d’aucun élément précis, sinon de la découverte dans le temple d’Hercule d’une statue héroïque, dédiée par C. Cartilius Poplicola. Sur cette statue, voir l’article de Calza 1958, 221-228.
26 Proposition d’E. Simon, in Helbig 1972, no 3103. Les Ostiens auraient ainsi célébré le uir censorius, qui aurait pris part à la guerre contre les pirates engagée par Pompée en 67 a.C., en dirigeant les opérations en mer Tyrrhénienne. Cependant, si cette hypothèse s’accorde avec la date de l’inscription, elle ne repose néanmoins sur aucun indice iconographique.
27 Cf. Lucil. 89 (1348 M).
28 Cf. Cic., Verr., 2.3.28 et 54. Sur le procès de Verrès, la bibliographie est très abondante. On pourra cependant lire Van Ooteghem 1966 ; Gruen 1971 et 1974.
29 Cf. Cic., Verr., 2.3.5. Sont mis en cause un médecin nommé Cornélius et un huissier (praeco) nommé Valérius.
30 Cic., Verr., 2.3.28 : Quid ? ista cohors quorum hominum est ? Volusi haruspicis et Corneli medici et horum canum quos tribunal meum uides lambere.
31 Cf. Cic., Div., 2.52. La mention d’un avis défavorable d’un haruspice n’est pas indiquée dans Suét., Caes., 59 et dans Min. Fel., Oct., 26.4. Sur les problèmes de chronologie posés par les différents récits du départ de César, cf. Pease 1920-1923, 440.
32 Voir l’extrême prudence de Pease. ibid.
33 Cf. Bouché-Leclercq 1882, 111 et Thulin 1912, 2438.
34 Cf. Pease. ibid. puis Rawson 1978, 143. On ajoutera l’hypothèse d’Aigner Foresti 2000. 21, qui l’explique par la volonté de Cicéron de donner plus de crédit à son récit.
35 La première attestation connue. CIL, VI, 32 439 (L. Vinulleius L. f. Pom. Lucullus), ne peut être datée que de la tin du ier s. a.C., sans plus de précision quant au régime politique, cf. infra p. 86-88.
36 Cf. CIL. VI, 2162 (L. Caesennius Sospitianus) et CIL, XI. 3382 (L. Seuius L. f. Stellatina Clemens).
37 Cf. CIL. XIII, 1821 (M. Oppius Placidus).
38 Cf. CIL, XIII, 1821 (M. Oppius Placidus) et CIL, VI. 2163 (-).
39 Cf. CIL, XIV. 164 (T. Flauius Clodianus) et CIL. VI. 2161 (L. Fonteius Flauianus).
40 Cf. Münzer 1929, 1888, qui estime cette hypothèse probable et Zecchini 2001, 69, qui propose une série d’arguments en faveur de cette identification.
41 Cf. Thulin 1905-1909, III. 135.
42 Cf. Suét., Caes., 81.5 ; Plut., Caes., 63.5 (sans le nom de Spurinna).
43 Cic., Div., 1.119 ; Valère Maxime 1.6.13 ; Suét., Caes., 77 ; Plut., Caes., 63.4 et Plin., Nat., 11.186 (ces deux dernières sources ne mentionnant pas le nom de Spurinna). Appien. civ., 2.1 16 situe la scène immédiatement avant la mort de César.
44 Cic. ibid. Sur ce prodige et sur tous ceux qui surviennent dans la vie de César d’après les sources littéraires, cf. Montera Herrero 2000a, 239 sur ce prodige et des parallèles avec la vie d’Alexandre le Grand.
45 Cf. Suét., Caes., 81.9 ; Valère Maxime 8.11 : Plut., Caes., 63.6 (sans le nom de Spurinna).
46 César, par comparaison avec Sylla avant lui ou Octave après lui, s’est d’ailleurs peu appuyé sut les haruspices pour se faire valoir. La tradition (Suét., Caes., 61) rapporte seulement que les haruspices auraient prédit à César la domination sur le monde car chez lui était né un cheval “aux pieds presque humains". Ainsi César, dans ses propres œuvres littéraires, ne mentionne jamais l’intervention d’haruspices.
47 Cf. 2001, chapitre III : Cesare e l’haruspicina. Une telle idée était déjà suggérée par Aigner Foresti 2000, 20.
48 Bergemann 1992, 131, parle aussi de force conservatrice à propos des haruspices, mais elle ne distingue pas clairement ce qui ressort, dans les sources littéraires sur les haruspices, des attaques contre les haruspices publics et des piques contre les haruspices privés. Ainsi, pour elle, les propos ironiques de Cicéron, nat. dieux, 1.71 et div., 2, 28, s’appliquent aux manipulations commises par les haruspices publics lors de l’examen des entrailles de victimes.
49 Cf. Appien, civ., 1.24.
50 Cf. Appien, civ., 1.24 ; Plin., Nat., 2.98 ; Plut.. C. Gracc., 11.2 et Obs. 33.
51 Sur la législation de Saturninus, cf. Ferrary 1977 ; 1979 ; Badian 1984.
52 Cf. Obs. 46. Voir aussi Cic., Leg., 2.31.
53 Cic.. Div., 1.99 ; 2.54 ; 2.59 d’après Sisenna : Orose 5.18.3-6. On ajoutera à ces textes celui de Plin., Nat., 2, 199 qui rapporte un tremblement de terre consigné dans les livres de la discipline étrusque (in Etruscae disciplinae uoluminibus). Voir Sordi 1988, 61-68, pour l’hypothèse d’une hostilité générale des Étrusques à la lex iudiciariu de Drusus. De fait, les haruspices publics se montrent solidaires des equites.
54 Les prodiges sont souvent interprétés par les haruspices comme l’annonce de dissensions internes. Voir les propos tenus par Lentulus à certains Gaulois pour qu’ils soutiennent sa conjuration. C f. Sall., Cat., 47.2.
55 Cf. Luce 1970.
56 cf. Plut., Syll., 7.2-6 ; Diod. 38-39, frg 5 ; Varro in Serv. ad Verg. Aen., 8.526. Pour savoir s’il y a changement de siècle ou changement de grande année, voir Deecke & Müller 1877, 312-315 ; Thulin 1905-1909, II 67-73 ; Zancan 1939, 204-205 ; Jal 1963, 247-248 ; Ferri 1956, 225-230 ; Turcan 1976. 1012-1013 ; Valvo 1988, 137-151 ; Briquel 1990a, 64-65.
57 Cf. Appien. BC. 1.71 (θύται καὶ μάντεις) et Plut., Mar., 42.7 (θύται τινές).
58 Cf. Appien, BC. 1.78. Les traducteurs des éditions La Roue à livres et Loeb traduisent μάντεις par augures, mais ce sont les haruspices, en principe, qui interprètent l’apparition de la foudre. Voir la mise au point de Fromentin 1996. 87-88. Cf. Thulin 1905-1909. I, 13-128, spéc. p. 73 pour le foudroiement de temples.
59 Pour 65 a.C., Cic., Cat., 3.19-20 ; Div., 1.19-20 ; D.C. 37.9.2 ; 37.34.3-4 ; Arnob., nat., 7.38 : Obs. 61.
60 Pour 63 a.C., Cic., Cat., 3.9 ; 3.18-20 ; Div., 2.45 ; 2.47 ; Plin., Nat., 2.137 ; D.C. 37.25.1-2 ; Obs. 61. La conjuration de 63 a.C. semble être l’occasion d’une guerre des prophéties. Le sénat s’appuie sur les prédictions des haruspices, tandis que, d’après Sal., Cat., 47.2, Lentulus invoque les écrits des livres sibyllins.
61 Cf. Cic., Rép. har., 20 et 62 et D.C. 39.20. Sur l’affaire, on consultera notamment Lenaghan 1969 et Bergemann 1992, 105-110. On ajoutera à ces témoignages ceux de Phleg., Mir., frg 13 à propos d’un androgyne connu entre 56 et 52 a.C. ; Plin., Nat.. 2.147 et Lyd., ost., 13.1 à propos de corps tombés du ciel comme des éponges de fer en 54 a.C. : D.C. 42.26.1-2 notamment à propos de la présence d’abeilles sur le Capitole en 48 a.C., présage suivi l’année d’après d’un foudroiement du même Capitole ; D.C. 42.26.3-5 pour la naissance d’enfants’avec les mains sur la tête.
62 Cf. Cic., ibid, 20.
63 Cf. Cic., ibid., 21.
64 Cf. Cic., ibid., 30. D.C. 39.20, retient ce seul sacrilège dans l’explication proposée par les haruspices
65 Cf. Cic., ibid., 34.
66 Cf. Cic., ibid., 36.
67 Cf. Cic., ibid., 37.
68 Cf. Cic., ibid., 30.
69 Cf. Cic., ibid., 22-29.
70 Cf. Cic., ibid., 34.
71 Les avertissements des haruspices visent un homme supplémentaire : P. Vatinius, qui partageait avec P. Clodius l’édilité et aspirait à la préture.
72 Cf. Cic., ibid., 40.
73 Cf. Cic., ibid., 55.
74 Cf. Cic., ibid., 56.
75 Cf. Cic., ibid., 60.
76 Nous laissons de côté les présages funestes survenus quand des victimes de sacrifice s’enfuirent, d’abord avant l’embarquement de César pour Dyrrachium (D.C. 41.39.2) en raison de l’ambiguïté de l’interprétation, puis avant l’expédition de César contre Scipion et Juba (Suét., Caes., 59.1) parce que l’anecdote a pu être forgée de toutes pièces par Suétone.
77 Cf. 1.584-638.
78 Nigidius Figulus aurait écrit plusieurs traités relatifs à des questions familières de l’haruspicine, notamment un livre De extis (Aul. Gell. 16.6.12) et un autre sur la brontoscopie (Lyd., ost.,. 27-38). Sur ses oeuvres, cf. Piganiol 1951, 79-87 ; Schanz-Hosius 1985, 552 sq. ; Liuzzi 1983. Sur l’homme, cf. Della Casa 1962, spéc. Chapt. IV il magus. Sur la place de Nigidius Figulus dans le mouvement pythagoricien, cf. Carcopino 1926, 196-202 ; Luisi 1993, 241-242.
79 Cf. 1.639-672.
80 Cf. D.C. 41.14.
81 Remarque judicieuse de Zecchini 2001,66.
82 Cf. Cic., Fam., 6.6.3. A. Caecina est même l’une des sources de Pline l’Ancien pour le livre II de son Histoire naturelle. Cf. ind. auct. Sur lui, cf. Hohti 1975. 405 sq.
83 Cf. Suét., Caes., 75.8. Sur A. Caecina, cf. Cic., Fam., 6.5.6-8.
84 Pour Nigidius Figulus, cf. Cic., Fam., 4.13 ; pour A. Caecina, cf. Caes., B. Afr., 89.5. Voir la notice de la seconde édition des Belles Lettres par Beaujeu 1991, 46, du tome VII de la correspondance de Cicéron pour comprendre les difficultés d’A. Caecina à revenir en grâce auprès de César.
85 Cf. Cic., Div., 2.53. Voir aussi les prédictions d’Arruns adressées à Pompée dans Lucain, Pharsale, 1.584-638. Sur l’attention portée par Pompée à la divination en général, cf. Cic., Div., 1.68 ; 2.99 ; Valère Maxime. 1.5.6.
86 Cf. Varro in Censor., die natal., 14.6 et 17.5. Pour savoir s’il s’agit de siècles étrusques ou romains, cf. Thulin 1905-1909, III. 67 ; Nilsson 1920. 1707-1708 ; Norden 1924, 15. note 1 ; Zancan 1939. n. 26 ; Gundel 1967. 1281, no 1 ; Ferri 1956, 226-228 ; Turcan 1976, 1015. Sur les siècles étrusques, cf. Sordi 1972a. 782-783 ; Briquel 1990a, 61-84 ; Martínez-Pinna 2001, 83-102. Cette conception étrusque, tirée par Varron des libri fatales des Étrusques, s’appuyait sur l’idée qu’un siècle correspondait à une génération humaine. L’équivalence saeculum-γένος est d’ailleurs posée par Plut., Syll, 7.4. D’après Varron, le peuple étrusque avait une durée d’existence de dix siècles, le premier siècle ayant une durée fixée par la durée de vie du plus âgé de ceux qui étaient nés le jour de fondation de la cité et la fin d’un siècle étant annoncé par une série de prodiges décelables par les haruspices.
87 Serv., ecl., 9.46. Voir aussi Plin., Nat., 2.55 ; Appien, civ., 4.4 ; D.C. 45.7.1 ; Obs. 68. L’événement, tiré des Res gestae d’Auguste, présente en fait la situation d’une façon sans doute influencée par des visées propagandistes : les paroles de l’haruspice confirmeraient l’entrée dans une ère nouvelle, à savoir de façon sous-entendue un nouvel âge d’or. En fait, le texte augustéen a sûrement tenté de modifier le sens originel de l’épisode, défavorable à César et à Auguste. Sur la rédaction post euentum des récits de prodiges, cf. Liebeschuetz 1979, 58, note 1, et sur celle-ci en particulier, voir Hahn 1968, 239-246 et Ramsey & Lewis Licht 1997, 140-145. Les comètes sont en effet de mauvais présages qui annoncent des renversements politiques. Cf. Plin., Nat., 2.92 ; Tac., Ann., 14.22.1 ; Suét., Nero, 36. Les événements ont d’ailleurs montré avant 44 a.C. la portée de telles apparitions. Pour 87 a.C., cf. Cic. Nat. Dieux 2.5-14. Pour 49-48 a.C., cf. Lucain. Pharsale, 1.528. Sur l’apparition des comètes, cf. Thulin 1905-1909, III, 91-92 ; Weinstock 1971.371. D’ailleurs, D.C. 45.7.1, se contente d’indiquer que certains lui donnent l’interprétation habituelle, ce qui, comme le fait remarquer Briquel 1990a, 66, donne à penser qu’elle était en réalité défavorable.
88 Cf. Appien, civ., 4.4 ; Plin., Nat., 2.92 et Obs. 69. Pour Mommsen 1859. 190, n. 373 et Briquel 1990a, 66, il y aurait a la base des anecdotes de 44 et 43 a.C. racontant le même type d’événement, la mort d’un haruspice cherchant à échapper à la tyrannie, un même événement. Appien pourrait à notre avis s’être servi d’une source neutre ou pro-républicaine, peut-être contemporaine des faits, tandis que l’interpolateur de Servius se serait fié à leur gauchissement augustéen.
89 Pour Grisé 1982, 122, il s’agirait d’une mort par asphyxie à mettre en rapport avec celle du stoïcien Zénon (Diog. Laërce, 7.31) et avec celle de Coma, frère du brigand Cléon (Valère Maxime 9.12 ext., 1). Mais, contrairement à l’exemple de Zénon où la mort survient pour cause d’inanition et à celui de Coma où la mort est obtenue par compression des poumons, la mort de l’haruspice reste inexplicable et se produit en plein discours. Voir l’analyse de Vigourt 2001, 131 note 277 et 390-391. Pour des exemples parallèles de paroles prophétiques d’hommes en train de mourir, voir pour l’Égypte, la Bible et le monde grec, Stricker 1953-1954, 271-278, dont les exemples égyptiens sont repris et critiqués par Van Rinsveld 1980. 73-92.
90 Properce, aux origines ombro-étrusques, exprime le sentiment des Étrusques attachés à la République, quand il voit dans la guerre menée à Pérouse, transformée en un immense cimetière (El., 1.21.10), où sont tombés des patriotes qui demeureront sans sépulture, la fin de l’Étrurie (El., 2.1.29) et une nouvelle guerre de Véies (El., 4.10.27-30).
91 Le cas de Volsinies a marqué les esprits. Les principes de la ville auraient demandé l’intervention des Romains, en 265 a.C., pour étouffer la rébellion des couches défavorisées de la population. Cf. Zonaras 8.7 ; Florus 1.16 ; Oros. 4.5.3.
92 Nous utilisons ici un concept que les historiens contemporains, comme Terrenato 1997, 20 ; 1998. 94 ; Keay et Terrenato 2001, ont fini par circonscrire à un champ très étroit (Romanization is a convenient denomination covering the events involved in the creation of a new and unified political entity, disclaiming any assumption concerning the occurrence or the directionaly of acculturation between Roman and non-Romans), alors qu’avec Mommsen 1856, c’est-à-dire au moment de la formation du concept d’État national et d’Empire colonial, jusque dans les années 1970 au moment de la déconstruction marxiste de ces concepts, le mot avait été utilisé en histoire romaine pour désigner un processus issu de Rome qui visait à civiliser un territoire, en l’unifiant. Ensuite, à partir des années 1950, en même temps que les pays européens amorçaient un processus de décolonisation, l’attention s’est portée vers le rôle des peuples conquis.
93 Cic., Nat. Dieux, 2.1 1 : an vos Tusci ac barbari auspiciorum populi Romani ius tenetis, et interpretes esse comitiorum potestis ?
94 Cf. Piotrowicz 1929, 334 ; Harris 1971, 107, 204 sq. ; Gabba 1979 36 sq.
95 Cf. Diod. 14.98.5.
96 Cf. Vell. 1.14.2.
97 Cf. Vell. 1.14.2.
98 Cf. Liv., Per., 14 ; Vell. 1.14.7 et 2.16.3.
99 Cf. Vell. 1.14.8.
100 Pfiffig 1966a, 41. note 113.
101 Cf. Vell. 1.14.8 et Liv. Per. 19.
102 Ibid.
103 Cf. Liv. 40.29.1 et Vell. 1.15.2.
104 Cf. Liv. 39.55.9.
105 Cf. Plin., Nat., 3.52.
106 Cf. Harris 1971, 147 sq. Sur toutes ces colonies, cf. Harris 1971, 149-152 et Ruoff-Väänänen 1975 29-40.
107 Cf. Beloch 1880, 59 ; Nissen 1902, 352.
108 Pour une bonne mise au point sur les statuts des cités étrusques et sur les différentes créations avant la Guerre Sociale, voir Pfiffig 1966a, passim.
109 Cic., Cat., 3.14.
110 Cf. Gran. Licin. 34 F.
111 Cic., Att., 1.19.4.
112 Sylla pourrait avoir sanctionné la ville pour avoir abrité le quartier général de Carbon. Pour une argumentation contraire, voir Pfiffig 1965, 277 et 1966a, 61-63.
113 Cf. Lib. col. 213.6-7 ; 214.10-13 ; 217.5-6 et 15-16 ; 223.14.
114 Cf. CIL, XI. 7131.
115 Cf. Liv. Per. 16 ; Florus 1.16 ; Valère Maxime 9.1. ext. 2 ; Orose 4.5.3-5 ; Vir. ill., 36 ; Zonaras 8.7. Sur la localisation des villes de Volsinies étrusque et romaine, cf. Bloch 1972, 208-212 et Gros 1981, passim.
116 Cic., Agr., 2.66 ; Eutr. 2.28 et Zonaras 8.18.
117 Cf. Vitruve, De Arch., 2.7.3.
118 Tagès aurait confié les règles de l’haruspicine aux membres des grandes familles étrusques, cf. Cens., die natal., 4.13 ; Schol. Lucan. 1.636. Les Romains pourraient ensuite avoir favorisé l’enseignement de l’haruspicine dans des familles aristocratiques étrusques, cf. Tac., Ann., 11.15. Enfin, à l’exemple des Caecinae, des grandes familles étrusques semblent avoir perpétué une transmission familiale de l’haruspicine. Voir Cic., Fam., 6.6.3, s’adressant au Volterran A. Caecina. qui tient son savoir de son père.
119 Cf. la Via Aurelia longeant la côte, la Via Clodia et la Via Cassia pénétrant dans le centre de l’Étrurie et la Via Flaminia reliant le Sud de l’Étrurie à l’Ombrie et les Apennins à la côte adriatique. Pour une mise au point générale sur la date de construction de ces routes et leur parcours exact, cf. Harris 1971, 161-169. Sur la Via Cassia. cf. Frederiksen et Ward-Perkins 1957, 67-208 ; Harris 1965. 113-133. Sur la Via Flaminia. cf Ashby & Fell 1921 125-190 ; Martinori 1929.
120 Cf Torelli 1969, 285-363 ; 1982b, 275-299.
121 Cf Liv. 10.3.2.
122 Cf Valère Maxime 9.1 ext. 2 ; Florus l.16 ; Orose 4.5.3-5 ; Iordan., 162 ; Ioh. Antioch., FHG. IV, 557, frg 50 ; Zonaras 8.7 ; Vir. ill., 36. Sur l’interprétation de l’événement, voir le lien avec les pénestes grecs établi par Müller-Deecke 1877. 350-354 ; S.P. Cortsen 1925, 90 ; Heurgon 1957, 70-74 et 94-96 ; Mazzarino 1957, 110-115 ; Rix 1963, 373-375 : Heurgon 1969, 273-279 ; Harris 1971,203-212 ; 1985, 143-156 ; Capozza 1997, 28-41
123 Cf Liv. 33.36.1-3.
124 Cf. Rawson 1978, 151-152.
125 Cf Cic., Fam., 6.18.1.
126 Cf 1996, 335-344, reprenant les conclusions de sa thèse de 1995.
127 Cf. 1998, 94-1 14 et 2001.
128 2001, I, 239.
129 Voir Torelli 1969 ; 1977 ; 1982b.
130 Cf. Maggiani 1986a. 171-196.
131 Voir pour Volterra, Terrenato 1998. 106-109, pour qui les notables locaux n’ont pas recherché l’intégration à Rome et pour qui les structures locales, sociales et culturelles, n’ont pas été touchées par l’intervention romaine.
132 Si l’on se fie simplement à la mention du flaminat de Mars présentée dans l’inscription CIL XIV. 4178c trouvée entre Lanuvium et Aricie, un haruspice, C. Marius C. f. Quietus, devrait constituer le seul exemple d’haruspice de rang sénatorial. Toutefois, l’unicité du témoignage nous fait douter du bien-fondé d’une telle déduction. Si les patriciens avaient exercé l’haruspicine, au moins à Rome, nous aurions trouvé des haruspices impériaux de cette dignité. Or, comme ce n’est pas le cas, nous pourrions penser que l’haruspice a, comme d’autres flamines connus, exercé un sacerdoce patricien, alors qu’il n’en avait pas le rang. Cependant, ce qui nous paraît surtout exclure l’hypothèse d’un éventuel haruspice patricien, c’est que le cursus public de l’haruspice ne correspond pas du tout à une telle dignité. C. Marius C. f. Quietus a suivi en effet en ordre direct le parcours municipal suivant : haruspex, aedilis, bis flamen Martialis, allectus inter dictatorios. Comme le flaminat de Mars exercé par C. Marius C. f. Quietus était strictement municipal, il n’était donc pas soumis aux mêmes exigences de dignité qu’un sacerdoce romain. Un simple ingénu pouvait obtenir un tel sacerdoce.
133 Cf. CIL, I2, 593. Sur la Table d’Héraclée, cf. Legras 1907 : Hardy 1914, 65-210 ; Arangio-Ruiz 1960. 62-63 ; Laffi 1983, 59-74 ; Galsterer 1987, 181-203 ; Lintott 1993, 132-136 ; Crawford 1996, 355-391. Sur ces interdictions, cf. Kübler 1901, 2326-2327.
134 Ces trois chefs d’accusation fiduciae, tutelae, societatis sont infamants pour Cic., Q. Rosc., 16
135 Cf. 1. 108 à 122.
136 Tous ces griefs faisaient sûrement l’objet d’un iudicium turpe, tel qu’évoque Cic., Clu., 119. Pour les délits de mandati, furti, cf. Cic., Clu., 120. Pour les délits iniuriarum, de dolo malo, cf. Lex Plaetoria de circumscriptione adolescentium de 193-192 a.C. dans Rotondi 1962, 271.
137 Cf. Duff 1928, 104-105.
138 Sur les suites données à cette mesure, cf. Suét., Tib., 35.1 ; Tac., Ann., 2.85.1-4 ; Vlp dig., 48.5.11 (10).2.
139 Cette interdiction du métier de gladiateur reprend la mesure de 46 a.C. dirigée contre les sénateurs, que présente D.C. 43.23.5, et sera confirmée en 38 a.C. par l’interdiction de la scène et de l’arène aux sénateurs et à leurs fils selon D.C. 48.43.2 sq., étendue à leurs petits-enfants en 22 a.C. selon D.C., 48.33.4 et aux chevaliers, ainsi qu’à leurs enfants et à leurs petits-enfants d’après le sénatusconsulte de Larinum de 19 a.C. Cf. Malavolta 1978, 347-381 (AE, 1978, 145). Sur ces différentes étapes, cf. la discussion de Levick 1983. 97-115 et Demougin 1988, 556 sq.
140 On trouve une confirmation de cette interdiction dans Cic., Fam., 6.18.1 : [Balbus] rescripsit eos qui facerent praeconium [lege] uetari esse in decurionibus, qui fecissent non uetari. La loi s’appliquait donc à ceux qui faisaient encore profession de crieurs publics, et non à ceux qui l’avaient fait dans le passé. Pour une interprétation différente, cf. Saumagne 1965, 31-36, selon qui la distinction oppose les praecones civiques et politiques et les praecones funéraires, mais cette idée est critiquée à juste titre par Hinard 1976.
141 Pour ces deux dernières activités, cf. 1. 104-107.
142 Ainsi s’explique l’indignation sénatoriale provoquée par Néron, quand il voulut forcer les nobles à danser et à jouer en public. Cf. Tac., Ann., 15.67.
143 On notera que Cic., Fam., 6.18.1. tient l’haruspicine pour une activité plus déshonorante encore que le praeconium.
144 Cf. Cic., Fam., 6.18.1.
145 Cf. Saumagne 1965, 34-35.
146 Les professions libérales sont réservées aux affranchis et aux esclaves. Cf. Cic., Off., 1.151. qualifie d’honestae les activités iis, quorum ordini conueniunt. Sur l’origine et la condition de ceux qui se livrent à des activités libérales dans le inonde romain, cf. Duff 1928, 118-119.
147 Cf. Liv. 21.63.3 : ne quis senator cuiue senator pater fuisset maritimam nauem, quae plus quam trecentarum amphorarum esset, haberet. Sur la lex Claudia, cf. D’Arms 1981,31-39.
148 Cf. Liv. 21.63.4 : quaestus omnis patribus indecorus uisus.
149 9.46 (= Gell. 7.9).
150 Cf. C. Cicereius (Valère Maxime 3.5.1 ; 4.5.3 ; Liv. 41.28.5 ; 42.1.5 ; 42.26.7 ; 45.17.4 ; Act. triumph., CIL, I2 p. 48). Cf. aussi un anonyme, gratte-papier devenu questeur urbain dans Cic., Off., 2.29.
151 Cf. Cic., Ver., 2.5.45.
152 Cf. Cic., Ver., 2.5.167 : Homines tenues, obscuro loco nati. Traduction de G. Rabaud. éd. CUF. Paris, 1950, p. 88. Sur la différence sociale entre mereatores et negotatiores, cf. Hatzfeld 1919, 196.
153 L’expression est nettement péjorative dans Cic., Ver., 2.4.8, quand Cicéron regrette que Verrès soit devenu un mercator cum imperio ac securibus.
154 Cf. Cic., Off., 1.151 : Mercatura autem, si tenuis est, sordida putanda est ; sin magna et copiosa. multa undique apportans multisque sine uanitate impertiens, non est admodum uituperanda, atque etiam, si satiata quaestu uel contenta potius, ut saepe ex alto in portum. ex ipso portu se in agros possessiones contulit, uidetur iure optimo posse laudari. Conseillant Tiron qui doit bientôt prendre la mer. Cic., Fam., 16.9.4, use d’une opposition similaire entre les nautae, les marins avides au gain, et honestus aliqui homo, un homme de qualité, plus prudent. On rangera bien sûr dans ce commerce à grande échelle celui qui concerne les productions tirées de l’exploitation des terres et, par conséquent, l’agriculture. Cf. Cic., Off., 1.151. Omnium autem rerum ex quibus aliquid acquiritur, nihil est agri cultura melius, nihil uberius, nihil dulcius, nihil hontine, nihil libero dignius. On notera néanmoins que les nobles romains cherchent à vivre de leurs propriétés et non à en tirer le plus grand profit. Le trop grand intérêt de L. Licinius Crassus pour l’augmentation des revenus est indigne d’un noble selon Cic., Brut., 2.225 : quid te agere ? cui rei, cui gloriae, cui uirtuti studere ? patrimonio augendo ? at id non est nobilitatis. A cet égard, l’attitude de Caton l’Ancien vis-à-vis du profit, de l’accroissement des richesses, fait figure d’exception ; cf. Plut., Cat. Ma., 21.8 et Gell. 6.3.37. Pour l’étranger qu’est Polybe, en effet, le refus du profit prévaut à Rome, cf. 6.56.1-3 et 31.27.1 I.
155 Cf. Cic., Fam., 6.18.1. Traduction de J. Beaujeu, CUF, Paris. 1991.
156 Cf. Cic., Div., 1.92 et Valère Maxime 1.1 b.
157 Cf. Harris 1971,319-328 ; Harris 1977, 58-59 et note 41, qui met en rapport cette réussite sociale avec le développement du commerce par le Tibre et du marché agricole.
158 Voir Torelli 1982b, 291.
159 Cf. CIL, VI. 379 du iie s. a.C.
160 Voir les hypothèses proposées par Torelli 1969, 303-304.
161 En revanche, après lui, on connaît un juriste réputé du nom de Volcatius au ier s. a.C. (Kunkel 1967. no 33), C. Volcacius, honestissimus uir aux environs de 80 a.C. (Gundel 1961,741-742, no 3) et le tribun de la plèbe de 68 a.C. L. Vo[l]ca[tius ?] (Broughton 1931-1952, II. 139 et 635).
162 Cf. A. Caecina Seuerus, cos. en 1 a.C.
163 Cf. C. Cilnius C. f. Pomptina Paetinus, tribunus militum, quaestor, tribumisplebis, praetor. legatus Ti. Caesaris Aug., proconsul (CIL, VI, 1376) dans les premières décennies du ier s. p.C.
164 Voir la liste chronologique des entrées au sénat présentée par Torelli 1982b, 281-282.
165 Cf. Torelli 1969, 306-307 : L. Caecina L. <f.>, quaest., tr. pl., pr. Procos, de la fin de la République.
166 Cf. Torelli 1969, 312-313 : L. ( ?) Caesennius Lento, leg. Caesaris in Hispania en 45 a.C. et VIIuir agr. diu. en 44 a.C.
167 Cf. Torelli 1969, 326-327 : C. Selicius (Selius ?) Corona, tr. pl. de 44 a.C.
168 Cf. Torelli 1969, 326-327 : Q. Sanquinius Q. f. Ste., q., tr. pl., pr., procos. au milieu du ier s. a.C.
169 Cf. Vs 1.234 du deuxième quart du iiie s. a.C. ; Vs 4.96 du iiie s. a.C. ; Vs 1.229 du iie ou ier s. a.C. ; Vs 4.37 du troisième quart du ive s. a.C.
170 Cf. Ta 1.248 du deuxième quart du iiie s. a.C. ; Ta 1.169 de la seconde moitié du ive s. a.C. ; Ta 1.234 du deuxième quart du iiie s. a.C. ; Ta 8.1 du deuxième quart du iiie s. a.C. ; Ta 1.170 de la seconde moitié du ive s. a.C.
171 Cf. AT 1.5 du iiie s. a.C. et AT 1.6 du iiie s. a.C. provenant toutes deux de la Tomba della Regina ; AT 2. 24 de la tin du ive s.-début du iiie s. a.C. et AT 2. 25 de la fin du ive s.-début du iiie s. a.C. ; AT 2. 26 de la fin du ive s.-début du iiie s. a.C. Des curuna sont aussi connus à Tarquinia : CIE 5442, 5449, 5503, 5504, 5506. provenant de la tombe “dei Festoni” du ive s. a.C. Σεθρε curunas est attesté comme zilaθ à Tarquinia (CIE 5442).
172 Cf. CIE 5045 du vie s. a.C. et REE. 1964, 161 sq. du iiie ou iie s. a.C.
173 C’est à cette époque que débute la rédaction de traités de discipline étrusque adressés à un public non-étrusque et non-averti. A. Caecina écrit, à l’âge adulte, un traité de discipline étrusque consulté par Sénèque et Pline l’Ancien. Sur l’œuvre d’A. Caecina, cf. Capdeville 1997a, 286-294. Un certain nombre de lettrés contemporains ont aussi lu les Tarquitiani libri de Tarquitius Priscus, ami de Priscus, ami de Varron, les traités de Iulius Aquila, de Nigidius Figulus et de Fonteius Capito. Sur ces traites, cf. Capdeville 1991-1993, 2-30.
174 Ibid.
175 Cf. Guillaumont 1984, 95-99. Il faut sans doute voir dans cette remarque de Cicéron l’inquiétude qui a justifié auparavant de la part du sénat romain la mise en place d’un système de parrainage de l’haruspicine romaine.
176 Cf. Diod. 16.82.3.
177 Cf. Liv. 25.8.
178 Cf. Diod. 15.14.3.
179 Cf. Cm 2. 50.
180 Voir, par exemple, Torelli 1975, 122.
181 Cf. supra p. 31 et η. 107.
182 Sur l’héroïsation de Tarchon, cf. Torelli 1975, 144-146.
183 Cf. supra p. 21 et n. 108.
184 Cf. Torelli 1975, 25-44.
185 Cf. Torelli 1975, 93-102, repris par Aigner Foresti 1992, 95-98, pour montrer la mise en valeur de l’histoire étrusque des ve et ive s. a.C. par des Étrusques romanisés du 1er s. a.C.
186 Cf. Morandi & Colonna 1995, 95-102, qui attribuent cette tombe aux Murinas.
187 Voir les premières remarques de Maggiani 1986a, 176-177 sur la copie de la bibliothèque du Vatican, puis la lecture de Campana 1989, 1623-1625 et les corrections et interprétations de Maggiani 1989b, 1627-1631.
188 Cf. Torelli 1969, 312.
189 CIL. I2. 3027.
190 On le trouve en très grand nombre à Pérouse sous la forme salvi (Pe 1.2 ; 1. 106 ; 1. 173 ; 1. 174 ; 1. 316 ; 1. 402 ; 1. 1206 ; 1. 1207 ; 1. 1209) et sous la forme salvis (Pe 1.1. 317 ; 1. 958 ; 1. 1208) et, à partir du iie s. a.C. jusqu’à 23 p.C., à Ferentum (Degrassi 1961-1962, 59-77).
191 Sur ces Fuluii, cf. Torelli 1982b.49.
192 On pourrait aussi penser qu’il est parti de son plein gré d’Étrurie grâce aux liens de clientèle qu’avait noués sa famille avec les Fuluii du Latium. Cf. Münzer 1910. 229.
193 Cf. Diod. 36.4-7. Sur ce Saluius-Tryphon, cf. Münzer 1939. 723-724, no 7, et Dumont 1987. surtout 268-270.
194 Contre cette présentation des faits, cf. Galsterer 1987,181-203, position adoptée par Gabba 1988,157-169.
195 Il en existe des allusions peut-être dans une inscription de Padoue (CIL, V, 2864) et dans une lettre de Cicéron à Lepta (Fam., 8.18).
196 Cf. Vlp., Dig., 50.9.3.
197 Il n’est plus possible de penser aujourd’hui que la loi d’Héraclée livre une partie du texte de la lex Iulia municipalis. Cf. Legras 1907 ; Hardy 1914, 65-210 ; Arangio-Ruiz 1960. 62-63 ; Laffi 1983, 59-74 ; Galsterer 1987. 181-203 ; Lintott 1993, 132-136.
198 CIL, II, 5439 (D. 6087) = Giraud 1877 ; Bruns 1909-1912, no 28 ; Riccobono 1909, 142-159 : D’Ors 1953, 167 sq. ; Crawford 1996, 393-454. Sur cette loi, voir Mommsen 1905-1907, 194-239 [= Eph. Epigr. II, 105-151,221-232] ; Hardy 1977 : Morilla & Pérez. Rangel 1989, 169-175 pour la bibliographie et Fear 1989, 69-78 pour le statut des appariteurs municipaux ; Rodríguez Neila 1997, 197-228.
199 Sur certains d’entre eux, voir surtout Dessau 1902, 242-246 et Frei-Stolba 1988, 191-225. Pour Gabba 1979, 160-161, certaines modifications viennent du statut de loi comitiale de la loi d’Urso : le commissaire chargé de la déduction de la colonie et donc de donner la loi était autorisé à faire les changements nécessaires par rapport aux dispositions de la loi comitiale.
200 Cf. § CVI : quicumque c(olonus) c(oloniae) G(enetiuae) erit, quae iussu C. Caesaris dictat(oris) ded(ucta) est (...). Comme toutes les cités créées à l’époque républicaine, Urso a été fondée par une loi comitiale, en l’occurrence la lex Antonia, qui contenait sûrement des réglements assez détaillés sur la constitution de la cité. Pour une datation triumvirale de la loi, cf. Le Roux 1995, 82. Pour Mallon 1944a, 213-237 et 1944b, 193-230, suivi par Gabba 1979, 157, la séquence gravée sur les tables de bronze reproduit la disposition d’un texte législatif sur les colonnes d’un rouleau de papyrus.
201 CIL. II, 5439, § 62, tab. I. 3, 1. 1 1-15 : IIuiri quicumque erunt, ii[s] IIuiri[s] in eos singulos/lictores binos, accensos sing(ulos), scribas bi/nos, uiatores binos, librarium, praeconem, / haruspicem, tibicinem habere ius potestas/que esto. ; 1. 32-37 : Eisque merces in eos singul(os), qui IIui/ris apparebunt, tanta esto : In scribas sing(ulos) / HS (signe infini) CC In accensos sing(ulos) HS DCC In lictores / sing(ulos) HS DC In uiatores sing(ulos) HS CCCC In libra/rios sing(ulos) HS CCC In haruspices sing(ulos) HS D prae/coni HS CCC.
202 CIL, II, 5439, § 62, tab. I, 3, 1. 15-19 : Quique in ea colonia aedil(es) erunt, / iis aedil(ibus) in eos aedil(es) sing(ulos) scribas sing(ulos), publi/cos cum cincto limo IIII, praeconem haruspi/cem, tibicinem habere ius potestasq(ue) esto. ; tab. I, 3, 1. 38-39 ; 4, 1. 1-2 : qui aedilib(us) appareb(unt) : in scribas / sing(ulos) HS DCCC in haruspices sing(ulos) HS C in ti//bicines singul(os) HS CCC in praecones sing(ulos) HS CCC. Th. Mommsen s’est appuyé sur la discordanee de rang financier entre l’haruspice des duovirs (4e sur 8) et celui d’édile (4e sur 4) pour corriger la rémunération de ce dernier de 100 en 500 sesterces de manière à lui rendre sa place intermédiaire entre les scribes, au sommet de la hiérarchie, et les praecones et le tibicen, rangés tout en bas. Cette rectification s’accorde bien avec ce que le texte de la loi d’Urso présente ailleurs de la situation des haruspices dans la colonie. Après avoir énoncé la liste du personnel attaché au service des duovirs et des édiles, le texte rassemble tous les individus énumérés, haruspices donc compris, dans une expression qui vise à en définir les fonctions en même temps que la durée d’exercice : quo anno quisque eorum apparebit (CIL, II, 5439, § 62, tab. I. 3, 1. 26). Pour être inclus dans les ii dont chacun des éléments est envisagé, les haruspices sont évidemment considérés comme des appariteurs à part entière. Leur place, leur rang et leur rétribution sont en général ceux de véritables appariteurs d’importance moyenne dans la hiérarchie des appariteurs. On un montant de 100 sesterces de rémunération mettrait l’haruspice des édiles dans une situation d’infériorité aggravée par rapport à son homologue haruspice des duovirs. Si un appariteur des duovirs pouvait jouir d’une meilleure considération qu’un appariteur des édiles puisqu’il pouvait être payé plus cher (1200 pour chacun des deux scribes des duovirs contre 800 pour le seul scribe des édiles) et assistait un magistrat de rang supérieur, il n’avait pas à être mieux considéré dans l’échelle des appariteurs des duovirs que l’haruspice des édiles dans celle des édiles, alors que les collègues appariteurs de ce dernier étaient moins nombreux. Les deux haruspices, celui des duovirs et des édiles, devaient donc posséder des statuts équivalents à l’intérieur de la hiérarchie des appariteurs, voir Haack 2003b. Pour une comparaison avec la merces d’autres appariteurs, à Urso et ailleurs, cf. Rodrigue/, Neila 1997, 216-221.
203 Cf. Ladage 1971, 87-88.
204 Cf. Tac., Ann., 16.12 : Liberto et accusatori praemium operae locus in theatro inter uiatores tribunicios datur.
205 CIL. II. 5439, § 62,1. 24 à 32 de la table I : Quos quisque eo/rum ita scribas lictores accensos uiatorem / tibicinem haruspicem praeconem habebit, iis / omnibus eo anno. quo anno quisque eorum / apparebit, militiae uacatio esto, neue quis e/um eo anno, quo ma[g(istratibus)] apparebit, inuitum / militem facito neue fieri iubeto neue eum / cogito neue ius iurandum adigito neue a/digi iubeto neue sacramento rogato neue rogari iubeto, nisi tumultus Italici Gallici/ue causa.
206 En Lusitanie, affirme Str. 3.3.6, les indigènes consultent les entrailles humaines de leurs prisonniers et c’est l’haruspice (ἱεροσκόπος) qui “les frappe au-dessous des entrailles”.
207 Par commodité, nous nous servons pour l’époque républicaine de la division administrative de l’Italie d’époque augustéenne.
208 Nous excluons de ce recensement les elogia Tarquiniensia que Torelli 1975, passim, attribue à des membres de l’ordre des 60 et qui. pour certains, remontent, semble-t-il, à la tin du ier s. a.C. Pour l’analyse de ces textes, cf. infra p. 85-88.
209 Voir la mise au point bibliographique de Valvo 1988, 115 et note 51 sur la question. Voir aussi l’hypothèse d’un dépeuplement et d’une paupérisation des campagnes de Chiusi à l’extrême fin de la République dans Torelli 1976b. 106 et Cristofani 1977a, 80. On opposera cette période difficile au règne d’Auguste, où Chiusi semble susciter l’intérêt du régime. Cf. CIL, XI, 2105, inscription d’Agrippa à Chiusi et le commentaire de Roddaz 1984, 91, n. 26 et 304 ; CIL, XI, 2360, inscription de Mécène à la ville de Chiusi. On notera toutefois qu’on ne connaît quasiment plus d’inscriptions d’haruspices de Chiusi à partir de cette période de faveur du pouvoir pour Chiusi.
210 Cf. Brunt 1971,350-351.
211 Liv. 10.31.3.
212 Cf. Liv. 28.45. Sur les contributions dues par les Clusiens à Rome aux iiie et iie s. a.C., cf. Harris 1977, 56-57.
213 Plut., CG, 8.7.
214 Cf. Heurgon 1969. 526-551. Sur les problèmes de datation des cippes relatifs à des rites de fondation, cf. aussi Heurgon 1970, 234-249 ; Carruba 1976. 163-173 ; Colonna 1980b, 1 sq. ; Massa-Pairault 1990, 354-355.
215 Cf. Kaimio 1975, 206. Cet avis est nuancé par Pack 1988. 20, pour qui l’emploi d’une nomenclature et de supports épigraphiques de type étrusque dans deux inscriptions de quattuorvirs, traduit seulement la conservation de traditions étrusques.
216 Cf. Sannibale 1994.
217 Voir la datation établie par Valvo 1988, 103-136.
218 Contre Cristofani 1977, 74 et 79 et Turcan 1976, 1016, qui la rattachent pour l’un à Pérouse et l’autre à Volsinies. cf. Heurgon 1959. 41 et note 3 ; Gabba 1972, 788, n. 140 et Bloch 1991.
219 Cf. 1906. 19. Lucr. 6.381 (Tyrrhena carmina) fait peut-être une allusion à une telle composition. Certaines inscriptions de Tarquinia pourraient suivre une telle structure : cf. CIL, XI, 3370 et Torelli 1975, III sq.
220 Cf. supra p. 62 n. 86.
221 Cf. Valvo 1988, 55-101.
222 Sur l’identification des victimes de déplacements de bornes, voir les conclusions de Valvo 1988. 134-136.
223 Cf. Harris 1971, 192-201 el Ruoff-Väänänen 1975.
224 Pour Appien, les Étrusques n’ont pas pris les armes pour se joindre aux insurgés.
225 Toutefois Sherwin White 1973, 132-133, estime qu’elle s’appliquait aux alliés qui résidaient à Rome.
226 Cf. Liv., Per., 80.
227 Cf. Liv., Per., 84.
228 Cf. CIL, IX, 4908.
229 Cf. AE, 1992, 393.
230 Cf. CIL IX, 3964.
231 On déduit de l’épigraphie locale l’existence dans la région de grandes propriétés foncières, où était sûrement employée une grande quantité de personnel servile et affranchi. Cf. CIL, IX. 4436, inscription d’un esclave de la moitié du ier s. a.C., probablement uilicus summarum.
232 Cf. supra p. 43-46.
233 Cf. Varro. R., 2.9.6 et Cic., Cluent., 161. Sur le passage de Varron, voir le commentaire de Pasquinucci 1979. 143 et 145. Sur le passage de Cicéron, cf. Pasquinucci 1979. 143. Sur la transhumance en général dans la région. Grenier 1905, 292-328 ; Migliario 1988, 19-22.
234 Pour Amiternum. cf. CIL, I2, 1853 (D. 5792 = ILLRP 487). Sur les grands propriétaires de la région d’Amiternum, au ier s. a.C., C. Sallustius Crispus. C. Attius Celsus, C. Mucius Scaeuola, cf. Segenni 1985, 82-85.
235 D’après leur cognomen, deux de ces haruspices, P. Manlius P. 1. Hilarus et P. Pilienus [L. ?] 1. Hermaphilus, pourraient être d’origine hellénophone.
236 On trouvera des analyses éclairantes de l’attitude de Cicéron face aux divinations, privée et publique dans Guillaumont 1984.
237 Cf. 1.132. Nous préférons cette traduction de uicanos haruspices à celle de “haruspices de village” proposée par G. Freyburger et J. Scheid dans leur édition du traité De la divination dans la collection La Roue à livres, Paris, 1992. Il nous semble en effet que Cicéron s’en prend à tous les charlatans qu’il est possible de rencontrer à Rome dans les uici.
238 On pourra aussi comprendre les propos de Cicéron, comme le fait Pease 1920-1923, 494-495, note 7, comme une réponse à l’attaque portée par Velleius, dans Nat. dieux. 1.55, contre l’attention des Stoïciens pour les haruspices, les augures, les harioli et les coniectores.
239 Cf. Div., 2.51 et Nat. Dieux. 1.71.
240 Cf. Catil., 3.9 et Sali., Cal.. 47.2-3.
241 Voir le développement des propos de Cicéron par Plut., Cic., 17.5.
242 Cf. Cat., 4.2 et 4.12 ; Sull., 70. Voir le commentaire de Guillaumont 1984, 98.
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