Épigraphie monumentale et histoire urbaine à Vesunna / Périgueux
p. 381-405
Note de l’éditeur
Documents d'Archéologie et d’Histoire Périgourdines, 20, 2005, p. 63-78 (co-auteur G. Fabre).
Texte intégral
1Le Musée Gallo-Romain de Vésone a été inauguré au mois de juillet 2003 sur le site archéologique de la domus “des Bouquets”. Cette manifestation, aboutissement d’une longue préparation, a entraîné, parmi d’autres travaux, le choix et le nettoyage de nombreux fragments et blocs monumentaux ayant appartenu à des constructions publiques de l’antique Vesunna. L’opération n’a alors bénéficié qu’aux éléments de décor, dont elle a permis un meilleur examen (Tardy, 2005), car les inscriptions, elles, venaient d’être publiées (Bost-Fabre, 2001). Mais ce rajeunissement, la mise en scène aussi des blocs inscrits dans le nouveau musée, invitaient à examiner d’un autre œil ces témoignages de la grandeur disparue de la Vésone gallo-romaine. L’anniversaire des 20 ans des Documents d’archéologie et d’histoire périgourdines vient à point pour nous inciter à reprendre et compléter ce dossier, certainement l’un des plus riches et des plus intéressants de ceux qu’a produits le territoire de l’ancienne Aquitaine romaine.
2Peut-on tirer parti des lieux de trouvaille des inscriptions dans le rempart du Bas-Empire pour localiser les monuments publics de l’antique Vesunna ? Dans la publication des ILA Pétrucores, nous avons répondu par la négative parce que s’étaient alors imposés à nous à la fois une impression de grande dispersion des découvertes et le nombre élevé des localisations inconnues1. Depuis, il nous est apparu que les données du dossier sont plus utilisables que nous ne l’avions estimé. D’un autre côté, nous avons été encouragés à les reprendre grâce aux remarques aimablement communiquées par L. Maurin à propos de la muraille de Bordeaux qu’il étudie méthodiquement. Comme à Périgueux, le rempart bordelais est le principal fournisseur d’inscriptions antiques, mais les résultats obtenus pour l’épigraphie monumentale, y sont diamétralement opposés, puisque manquent précisément les grands textes évergétiques qui font la gloire du musée gallo-romain de Vésone.
3Reprenons d’abord l’inventaire des découvertes et la localisation de ces dernières. Les textes épigraphiques renvoyant à la vie de la cité et aux monuments urbains sont relativement nombreux puisque plus de 30 d’entre eux, complets ou fragmentaires, se rapportent à des évergésies. Voici ces mentions.
Évergésies dont le contenu est identifié
4Ce dossier compte 13 textes, mais en réalité, il y en a seulement 8 [du fait des redites], et peut-être 9 si l’on accepte ILA, Pétrucores, 18. Il ne dit rien du forum, excepté ILA, Pétrucores, 34, sans doute une générosité mineure (dans la basilique ? ou dans ses annexes ?), mais il renseigne sur l’amphithéâtre (dédicace, ILA, Pétrucores, 27), sur le temple de la Tutelle, c’est-à-dire la Tour de Vésone2 (ILA, Pétrucores, 16,19-21 [même texte répété trois fois], 24, et peut-être sans doute 18), sur des thermes publics (ILA, Pétrucores, 16 : les thermes de Godofre ?), et enfin sur des adductions ou distributions d’eau. Sur ce dernier point s’impose d’abord l’action du duumvir L. Marullius Aeternus (ILA, Pétrucores, 28-30 [même texte répété trois fois]). Depuis le xviiie siècle, la tradition érudite unanime a rattaché cette entreprise au réseau du Toulon parce que ce nom, porté par un quartier du nord de la ville actuelle, renvoie vraisemblablement au dieu Telo, divinité tutélaire topique3. Un geste parallèle est dû à un certain C. Julius Ca[---] qui a offert un réseau de canales (ILA, Pétrucores, 31).
Monuments ou évergésies non identités
517 fragments (mais le type et le nombre des réalisations concernées sont inconnus) :
6ILA, Pétrucores, 17 et sans doute 35 et 36 : construction inconnue, dont la dédicace commence par une consécration aux Numina impériaux (lettres de 40,5 à 43 cm de hauteur) ; ILA, Pétrucores, 23 : début de dédicace à [--- (la Tutelle ?)] des Pétrucores et à une divinité inconnue (lettres de 15,6 à 16,5 cm) ; ILA, Pétrucores, 26 : construction, restauration ou aménagement d’un templum (peut-être de simples travaux ; lettres de 9 cm environ. Comme il s’agit des fouilles de Mourcin, on peut y voir de la Tour de Vésone) ILA, Pétrucores, 32 : dédicace de [...] et de saepta par un tribun de la XXIIe légion Primigenia ; lettres de 9 à 11,5 cm ; ILA, Pétrucores, 33 : un personnage inconnu a donné lui aussi un/une/des [... ] et des saepta (lettres de 14 cm) ; ILA, Pétrucores, 37 : évergésie inconnue (lettres de 27 à 30 cm) ; ILA, Pétrucores, 38 : fragments de dédicace (lettres de 24 cm environ, selon Taillefer) ; ILA, Pétrucores, 42 : trois fragments d’épistyle (lettres de 22-24 cm environ) ; ILA, Pétrucores, 43 (lettres de 21 cm), 44 (lettres de 18 cm), 45 (lettres de 16 cm) et 46 (lettres de 14 cm) : autres fragments indéterminés.
Évergésies vraisemblables encore qu'hypothétiques4
7Ce sont ILA, Pétrucores, 6 et 8, peut-être des bases de statues impériales (lettres de 6,5 à 7,2 cm, sans doute sur une seule ligne) ; ILA, Pétrucores, 15 (évergésie religieuse [linteau ?] ; lettres de 7,3 à 7,8 cm) ; ILA, Pétrucores, 23 (épistyle ? En tout cas, dédicace monumentale ; lettres de 15,6 à 16,5 cm) ; ILA, Pétrucores, 118, enfin, à l’interprétation peut-être moins désespérée qu’il n’y paraît.
8Regardons maintenant la localisation de ces trouvailles (fig. 1). On l’a dit, beaucoup de pierres sont d’origine indéterminée. Quant aux autres, elles ne complètent pas autant qu’on le voudrait le dossier archéologique, puisqu’un grand nombre de fragments inscrits renvoient à des évergésies qu’il n’est pas possible de rattacher à des monuments précis, connus ou inconnus. Ces handicaps sont lourds, mais ils ne nous semblent plus aussi rédhibitoires aujourd’hui. Commençons par établir la liste des pierres dont la provenance est assurée.
Partie ouest du mur (entre la Porte Normande et le château Barrière)
94 textes : ILA, Pétrucores, 5 (base de statue de Mercure) ; 9 (taurobole) ; 15 (formule de vœu ; linteau ? = évergésie religieuse d’un petit monument ?) ; 43 (inintelligible CLASSV, mais lettres de 21 cm).
Partie sud du mur (entre le Château Barrière et la Porte Romaine) : 17 ou 18 textes
Château Barrière : ILA, Pétrucores, 8 (base de statue ?) ; 16 (temple de la Tutelle et thermes) ; 22 (dédicace à la Tutelle) ; 25 (dédicace de petit monument votif ?) ;
Vieilles Casernes ou Casernes de la Cité (= CNP) : ILA, Pétrucores, 6 (base de statue ?) ; 10 ? (autel taurobolique) ; 11 (dédicace à la Tutelle) ; 19-20 (dédicace du portique ceignant la Tour) ; 44 (fragment indéterminé, mais lettres de 18 cm) ;
Grand Séminaire, aujourd’hui, Cité administrative : ILA, Pétrucores, 28 (évergésie de L. Marullius Aeternus : adductions d’eaux, cf. ILA, Pétrucores, 29 et 30) ;
Hôtel de Lestrade : ILA, Pétrucores, 18 (dédicace monumentale avec des lettres de 17,5 à 18,6 cm se rapportant peut-être à la porte monumentale d’entrée dans le complexe du temple de la Tutelle) ;
Maison d’Anglars : ILA, Pétrucores, 38-39-40 (fragments inintelligibles, mais lettres de 24 cm) ;
Château de Limeuil (Porte Romaine) : ILA, Pétrucores, 7 (rappel d’une évergésie ?) ; 14 (stèle ex-voto) ;
Porte Romaine : ILA, Pétrucores, 45 (fragment indéterminé, mais lettres de 16 cm).
Parties nord et est du mur : 7 textes
Amphithéâtre : ILA, Pétrucores, 27 (dédicace de l’amphithéâtre ; un autre fragment provient de la rue Bourdeille) ; ILA, Pétrucores, 17 (dédicace mutilée - [nu]MIN. Aug---], qui va peut-être avec les no 35 et 36 ; lettres de 40,5 cm) ;
Rue Bourdeille (aujourd’hui, rue Ernest-Guillier) : ILA, Pétrucores, 31 (canales offert par un certain C. Julius Ca[---]) ; 37 (fragments d’une inscription monumentale ; lettres de 29-30 cm) ; 42 (fragments du même type ; lettres de 28/29 cm) : les deux séries appartiennent à des textes distincts, mais pas forcément à des monuments différents, bien qu’aucune partie commune ne les rapproche ;
Couvent Sainte-Marthe : ILA, Pétrucores, 24 (travaux sur la Tour) ; ILA, Pétrucores, 35 : portique ou arcs ? (lettres de 43 cm, peut-être rapport avec ILA, Pétrucores, 17 et peut-être aussi avec ILA, Pétrucores, 36, lettre de plus de 40 cm dont l’origine n’est pas connue) ; ILA, Pétrucores, 46 [---]ERE, lettres de 14 cm).
Autres localisations
ILA, Pétrucores, 29 (Marullius, cimetière de la Cité, Saint-Pé-Laneys) ; ILA, Pétrucores, 30 (Marullius, rue La Calprenède).
Fouilles Durand (forum) : ILA, Pétrucores, 34 (les valvae).
Ville médiévale : ILA, Pétrucores, 1 ; 23 (épistyle ?) ; 32 (un chevalier anonyme offre un ou une [...] et des saepta).
Origine inconnue : ILA, Pétrucores, 2 ; 3 ; 4 ; 21 (qui semble provenir des “Vieilles Casernes”) ; 26 (mais comme le fragment a été trouvé dans les fouilles de Mourcin, il pourrait s’agir de la Tour de Vésone) ; 33 (don de saepta) ; 36 (avec 17 et 35 : portique ?) ; 41 (lettre de 26 cm environ, à relier peut-être à l’ensemble 38/39/40 ou éventuellement 36).
10Au total, il faut bien constater la remarquable concentration des documents conservés dans les parties sud et sud-ouest du rempart du iiie siècle (fig. 1). Certes, le lieu de leur découverte n’indique pas expressément où ils se trouvaient à l’origine, mais on peut supposer que cet emplacement est à chercher dans le voisinage de cette partie du mur5. Lors de la construction de celui-ci, en effet, à Vesunna comme ailleurs, la loi du moindre effort a été certainement déterminante et la réutilisation des matériaux a dû s’opérer à proximité ou le plus près possible des lieux de démontage des monuments sacrifiés. Et comme les textes proviennent surtout de la zone comprise entre la Porte Normande et la Porte Romaine, c’est-à-dire de la partie de la ville qui correspond à la zone monumentale actuellement connue, on est conduit à juger significative la concentration géographique des pierres inscrites et, partant, à considérer qu'elle correspond à la concentration des monuments dans la zone centrale de la ville. Il n’y a rien là d’anormal, évidemment, sauf que, si c’était vrai, on connaîtrait aujourd’hui, la quasi-totalité de la parure urbaine de Vesunna, c’est-à-dire l’amphithéâtre, le forum, un grand complexe religieux (la Tour de Vésone, déjà citée), un grand établissement thermal et un système d’adductions d’eaux, le tout construit dans un laps de temps qui va du ier siècle aux premières décennies du iiie.
11Nous ne retiendrons pas cependant cette hypothèse, car il est clair que la marge d’incertitude est relativement grande6, d’autant plus grande que le nombre des fragments épigraphiques indéterminés est assez élevé (21 sur 34). C’est ainsi, par exemple, que sont attestés par l’épigraphie7 (et bien que rien n’en ait été retrouvé ni même aperçu dans quelque sondage) des sanctuaires ou monuments dont un ou deux au moins s’élevaient dans des cours fermées (saepta).
12Il nous semble aussi que le réexamen du dossier épigraphique et du dossier archéologique ouvre aujourd’hui de nouvelles pistes, cette fois pour la partie orientale de la muraille, peu explorée par les travaux récents.
13Il n’y a malheureusement rien à dire sur deux ensembles de trois fragments monumentaux8 chacun, dont deux ont été trouvés en 1908 par C. Durand, rue Bourdeille (aujourd’hui, rue Ernest-Guillier). Les deux ensembles célèbrent certainement des évergésies marquantes, mais le petit nombre des lettres conservées rend les tentatives de restitution infructueuses.
14Il n’en va peut-être pas de même, en revanche, pour un autre groupe de fragments provenant du même secteur. À commencer par l’inscription ILA, Pétrucores, 118. Le support est perdu ; on sait seulement qu’il a été vu en 1648 avec plusieurs autres pierres inscrites9, et qu’il provenait de la partie du rempart située à l’intérieur de l’actuelle Institution Sainte-Marthe. D’après le récit conservé, extrêmement succinct mais peut-être à prendre au pied de la lettre, l’une de ces “belles pierres de taille”, qui était “gravée en grands caractères”, aurait porté seulement le nom de POMPEIVS et n’aurait donc eu qu’une seule ligne. Il s’agirait par conséquent d’un grand bloc de frise, partie de l’annonce d’une nouvelle évergésie à mettre au crédit d’un membre de la famille Pompeia. Il est alors tentant de relier celle-ci au fragment que, en 1962, M. Sarradet a découvert tout près de là, toujours dans le rempart, mais qu’il n’a pas pu dégager (ILA, Pétrucores, 35). On y lisait les lettres CVS, hautes d’environ 43 cm. Dans les ILA, Pétrucores, nous avons privilégié la restitution [porti]CVS10 mais cette fouille11, qui a mis au jour trois arcatures appartenant apparemment à un aqueduc, suggère une autre hypothèse : celle d’éventuels [ar]CVS, ce qui conduirait aussi à revoir ILA, Pétrucores, 17 (dédicace mutilée aux Numina impériaux) et 36 (lettre monumentale en deux fragments), dont la hauteur des lettres est identique12.
15La principale difficulté opposée à cette restitution vient de ce que les résultats de la fouille feraient attribuer à l’époque constantinienne la construction de ce monument13. Il faudra donc reprendre le dossier archéologique, d’autant plus que l’hypothèse d’une dédicace se rapportant à un aqueduc invite à rapprocher celle-ci de 1’évergésie de C. Julius Ca[---] qui, dans la première moitié du iie siècle (et à une date voisine de celle des ILA, Pétrucores, 42), a offert à ses concitoyens un réseau de canales, c’est-à-dire un réseau de conduites d’eau secondaires vers des fontaines publiques à partir d’un aqueduc (ILA, Pétrucores, 31). L’inscription, qui peut avoir appartenu à une fontaine de bonne taille14, a été trouvée exactement dans le même secteur (l’ancienne rue Bourdeille).
16Si tous ces rapprochements avaient quelque force15, on aurait donc procédé, dans toute la partie est de la ville antique, sans doute au cours du iie siècle, à de grands travaux d’aménagement et d’équipement, qui n’auraient pas laissé au seul quartier central et à quelques annexes dans la partie sud de la Vesunna antique l’exclusivité de l’effort monumental. Malheureusement, là s’arrêtent les possibilités, car il est difficile de conforter nos propositions par des soutiens venus du décor architectonique. Si la publication récente de D. Tardy (Tardy, 2005), montre que l’essentiel des éléments conservés appartient à l’époque antonine, ce qui correspond tout à fait au témoignage des inscriptions monumentales, il reste que des pièces dont l’origine est connue seule une infime partie est attribuable au secteur qui nous intéresse16.
17Au surplus, comme on le voit pour les inscriptions, certains blocs appartenant au même ensemble ont été trouvés à une assez grande distance17 les uns des autres (voir Annexe).
18Nous devons donc conclure sur un constat d’incertitude. Provisoirement, nous l’espérons, car nous sommes convaincus qu’il y a là une piste de recherche de grand intérêt qu’il faudra prendre en compte dans les futures explorations archéologiques à conduire dans le Périgueux contemporain.
Travaux et commanditaires
19Quelle que soit l’origine exacte des pierres portant des dédicaces de monuments, leur nombre et leur contenu – même si l’état de conservation des textes n’autorise que de brefs commentaires procurent des informations qui viennent compléter celles qu’elles fournissent sur les monuments publics. On y trouve en effet de précieuses données sur la durée des travaux, sur les commanditaires, et, finalement, sur une certaine idée de la ville.
La durée des travaux
20Sur ce point, le dossier de la Tour de Vésone, récemment réétudié pour préparer la future maquette du monument18 et sa restitution en 3D, offre d’intéressantes observations. Il y a trois, et peut-être quatre textes ou ensembles de textes :
ILA, Pétrucores, 19-21 = CIL 950-954, vers 121-150 (réception des travaux et dédicace de la Tour, mais le début de l’entreprise se place à la fin du ier siècle19) ;
ILA, Pétrucores, 24 = CIL 949, vers 151-200.
21Phase II : ravalement et embellissement du portique ;
ILA, Pétrucores, 16 = CIL 939, vers 171-240 (restauration du temple “qui croulait de vieillesse”) ;
ajouter peut-être ILA, Pétrucores, 18 (vers 151-200) qui fait état d’une importante phase de travaux engageant (aussi ou seulement) les portiques.
22Il en ressort que construction, restaurations, transformations, ravalement et embellissements se sont succédé presque sans interruption et que la Tour est restée en chantier pendant tout le iie siècle au moins. Ainsi l’épigraphie vient conforter les observations archéologiques, puisque les preuves de ces travaux se lisent encore sur le cylindre et les annexes arasées de la Tour.
23Comme on sait aussi que, à la même époque, le forum et des thermes ont fait l’objet d’aménagements importants, on en conclura que c’est toute la ville qui a été un chantier quasi permanent au moins pendant deux siècles20. Evidemment, ce n’est pas une révélation, et, sur ce point, Vesunna ne se distingue pas de la plupart des autres cités de l’empire, même s'il est intéressant d’en avoir la double confirmation par les inscriptions et par le terrain. Mais la conséquence la plus nette à laquelle on pense généralement moins est que, finalement, dans la réalité, les habitants n’ont jamais vu (ou en tout cas pas longtemps) leur ville comme nous la reconstituons aujourd’hui (fig. 2).
24La durée des travaux n’était d’ailleurs pas simplement liée à la volonté de changement ou à des problèmes matériels (caractère artisanal des travaux, faiblesse des moyens techniques, vices de construction). Il faut aussi mettre en avant les facteurs humains puisque, dans les villes antiques, les investissements et les travaux urbains reposaient presque toujours, en tout cas très souvent, sur les fortunes privées. Il faut donc imaginer des programmes et des financements successifs au gré des promesses, mais également des disponibilités des bailleurs de fonds. Des projets aussi importants et ambitieux que les grands complexes d’équipement urbain évoqués dans les inscriptions ne pouvaient évidemment pas être réalisés par une seule génération de bienfaiteurs21, encore moins lorsque tel de leurs représentants devait exercer des fonctions fédérales à Lyon22. C’est un fait commun dans toute l’Antiquité23 que, à Vésone, confirment au moins l’exemple de la Tour24 et celui de l’amphithéâtre qui a mobilisé deux, peut-être trois, générations de donateurs25. Il ne fallait pas que le prélèvement opéré sur les patrimoines atteigne des proportions insupportables26 risquant de mettre en péril les fortunes familiales qui, par ailleurs, en ville, devaient soutenir le train de vie des élites.
Les commanditaires
25Les bailleurs de fonds, c’étaient bien entendu les grandes familles. Leurs dons généreux et intéressés contribuaient à asseoir le prestige et la gloire de leur cité en même temps qu’ils renforçaient leur propre grandeur, celle dont leurs réalisations leur renvoyaient l’image en permanence27.
26À Vesunna comme ailleurs, ces grandes familles paraissent avoir été peu nombreuses. Certes, il est possible que certains noms livrés par quelques graffitis sur enduits peints provenant de maisons aristocratiques renvoient à des notabilités locales28 ; reste que ces familles n’apparaissent pas dans l’épigraphie monumentale, du moins celle qui est arrivée jusqu’à nous. Mais il est vrai que nous échappent bien des choses, d’un côté les grandes actions de certains membres incontestables de l’élite29, de l’autre, les noms de donateurs aussi importants que ceux de l’éventuel aqueduc de l’ancienne rue Bourdeille et des différentes opérations qui ont abouti au forum du iie siècle (c’est-à-dire à l’état actuellement connu30).
27Parmi les dynasties qui se sont illustrées, et c’est une surprise, on ne trouve qu’un seul Julius31, peut-être le résultat des insuffisances de la documentation, mais plus sûrement, croyons-nous, le résultat d’une situation propre à la cité des Pétrucores, en tout cas pour le ier siècle au moins, période de lancement des grands équipements urbains. Dire que tel ou tel autre a pu figurer sur des inscriptions aujourd’hui disparues ou réduites à des fragments qui ne font plus apparaître le donateur est la solution de facilité, mais on ne peut évacuer l’hypothèse d’une moindre illustration des porteurs de ce nom, et cela dès les origines de la cité32.
28Il est intéressant de relever que se sont signalés activement de riches habitants fraîchement naturalisés ou demeurés pérégrins : d’abord les Marullii, qui ont célébré leur naturalisation (très probablement par le droit latin) en établissant un réseau de fontaines (sans doute celui qui se trouvait sur le parcours de l’aqueduc du Toulon33), ensuite, deux personnages, Beliccus et Bello, probables membres d’un collège de dévots de la Tutelle34, et enfin un affranchi de pérégrin, Ponticus, donateur d’une statue de Mercure35. Ces gens appartenaient certainement à différents niveaux de notabilité, en tout cas à une forme, au moins économique, de l’élite de la ville36 qu’ils contribuaient, comme les familles citoyennes, à équiper et à embellir. Mais leur nombre a dû rester limité.
29Cela n’en fait que ressortir davantage l’extraordinaire destinée de la gens Pompeia que l’on suit (à Vesunna et à Lyon, au sanctuaire des Trois Gaules) sur environ deux siècles de puissance et de générosités publiques. Il vaut donc la peine de s’arrêter un instant sur cette prestigieuse dynastie dont une branche a eu accès à l’ordre équestre37.
30Les inscriptions sur pierre, augmentées du témoignage de quelques précieux graffitis font connaître, au moins pour le ier siècle, deux branches de cette famille : les Auli Pompei, d’origine indigène, et les Cai Pompei, très probablement des émigrés de Narbonnaise, voire d’Italie du Nord. L’association des deux prénoms sur un graffito38 de la domus “de la fresque au cerf” certifie, nous semble-t-il, les liens qui les unissaient, liens que nous avons expliqués39 par le fait que les premiers avaient pu obtenir la citoyenneté romaine par leur entrée dans la clientèle des seconds. Le prénom d’Aldus qui, sous l’Empire, même s’il pouvait être alors considéré comme un prénom valorisant, quoique vieilli, en tout cas peu utilisé, leur venait certainement de cette situation, puisqu’on sait que les Cai Pompei étaient apparentés à des Auli Hirtii 40.
31Le témoignage du mausolée de C. Pompeius Silvinus, élevé par ses liberti41, donne peut-être à entendre que cette branche s’est éteinte à l’époque flavienne et que le prénom n’a plus survécu qu’à travers les affranchis, peut-être ceux-là mêmes qui fondèrent la fortune de la famille que l’on voit au premier plan trois générations plus tard.
32Les Pompei comptaient aussi un autre rameau dont deux membres, le père et le fils, portant chacun le même nom (L. Pompeius Cassianus ou Cassianos), ont été récemment révélés par un graffito sur enduit peint42. Le prénom de Lucius, non attesté jusque-là43, laisse croire que quelque branche cadette44 avait gagné aussi de l’illustration. De toute manière, l’origine de l’enduit porteur (la “domus de la rue des Bouquets”, que celle-ci soit une schola ou une maison particulière) prouve qu’il ne s’agissait pas d’un personnage obscur.
33Au total, un groupe puissant par son nombre et celui de ses dépendants, par son prestige et sa place éminente dans l’élite gauloise, consacrée par ses pairs à deux, et peut-être trois reprises, par l’élection d’un de ses membres au sacerdoce fédéral de Lyon45, ce qui constituait alors le véritable test du prestige et de la puissance, la consécration réservée à l’élite de l’élite. Tout au long du Haut-Empire, les Pompei ont porté, et le plus souvent seuls apparemment, la charge de plusieurs des grands chantiers urbains46 (fig. 3). On leur doit en effet des travaux de construction, d’embellissement ou de restauration à l’amphithéâtre, au temple de la Tutelle (= à la Tour de Vésone), au moins deux fois (fig. 4), et à des thermes publics47, peut-être les thermes “de Godofre”, au bord de l’Isle (fig. 5).
34De telles entreprises sont évidemment exceptionnelles par leur ampleur, mais on sait bien que, partout dans l’empire, les évergètes tenaient une place essentielle dans la vie des cités, justement parce que c’est par eux et à travers leurs réalisations que prenait forme le modèle urbain importé d’Italie. La ville “à la romaine”, c’était une certaine idée de la ville, mais qui ne pouvait se réaliser que par la présence et l’action des élites locales.
Vesunna : une ville “à la romaine”
35La ville “à la romaine”, c’était d’abord clairement un programme importé : à la fois les principes (la ville, espace politique et modèle éducatif pour former des citoyens et des citadins) et la mise en forme matérielle de ces principes (un espace structuré). En revanche, la réalisation du projet politico-culturel romain était confiée aux notables, et c’est ainsi que – au moins jusqu’au milieu du iiie siècle – s’est opéré le dialogue entre la ville et ses élites. Toutefois, ces dernières, qui signaient les grands travaux d’équipement, qui construisaient, embellissaient, restauraient et transformaient à l’occasion de vastes complexes monumentaux, n’agissaient pas au hasard.
36Indiscutablement l'attrait pour le modèle culturel gréco-romain a dû jouer, même si l’émulation entre les grandes familles (spontanée souvent, peut-être aussi parfois directement encouragée) a eu son rôle. Mais à ces familles la ville procurait d’autres avantages. D’abord, un moyen d’étaler leur puissance, puissance privée qui apparaît dans leurs somptueuses demeures48, image parlante de leur train de vie49, puissance publique que révèle la concentration de ces demeures autour du centre monumental, signe de la domination quelles exerçaient sur la vie politique locale50. Scène de théâtre sur laquelle elles étaient en représentation permanente, la ville leur renvoyait l’image de leur propre grandeur. C’est ce qu’attestent les nombreuses statues de ces bienfaiteurs qui peuplaient les places publiques, notamment le forum51. C’est ce qu’attestent encore les restes des orgueilleuses dédicaces qui s’affichaient sans vergogne au-dessus des entrées monumentales des édifices, restes dont la Vésone antique a laissé des témoignages particulièrement éclairants52.
37Dans ce domaine, on voit bien que tout dépendait des élites. Pendant tout le Haut-Empire, Vesunna a eu et a entretenu des constructions et des programmes monumentaux parce qu’elle a eu des élites décidées à et assez fortunées pour prendre en main la réalisation matérielle du cadre de vie imposé par la pression du modèle politico-culturel romain. On sait bien aussi que là où les élites bâtisseuses ont fait défaut, l’effort a été bien moindre ou carrément absent, ainsi, dans l’Aquitaine méridionale, à Aire, Lescar ou Oloron, qui ne dépassèrent pas ou dépassèrent peu le stade de bourgades paysannes, tandis que la capitale des Boiates fut même un véritable échec urbanistique.
38La raison de ces disparités tient sans doute d’abord aux aptitudes même des cités, avant tout, le nombre de la population, ensuite, les capacités du territoire à produire la richesse53 que les élites investissaient ensuite dans les parures urbaines54 Dans les cités du sud de la Garonne, peu peuplées et aux aptitudes agricoles limitées au moins par des moyens techniques médiocres, les élites locales ne parvinrent pas (ou montrèrent peu d’empressement) à fournir l’argent nécessaire à la réalisation de travaux urbains importants55. Dans la cité des Pétrucores, l’importance des fortunes nobles n’est pas connue, tout au plus peut-on imaginer que les bases – au moins celles qui assuraient la considération – en étaient avant tout les ressources du sol (peut-être plutôt l’élevage que l’agriculture56) et éventuellement du sous-sol (argilières pour les tuileries, carrières57 et peut-être ferrières).
Pourquoi ces investissements ?
39Certainement pour affirmer de la romanité. Il y a eu probablement beaucoup d’Aplusbégalix dans les cités de la Gaule du Haut-Empire. L’engagement financier des notables dans de telles entreprises et dans les frais qu’elles représentaient signifiaient le succès du modèle romain et la foi qu’avaient les élites en l’avenir du système.
40Il y avait aussi d’autres raisons, au premier rang desquelles on placera celle de faire briller l’illustration de leurs maisons ; celle aussi de constituer pour elles un capital de reconnaissance publique qui se matérialisait sous la forme d’honneurs particuliers conférés par leurs pairs du Conseil municipal. Le plus recherché sans doute était celui d’une (parfois plusieurs) statue(s), sculptée(s) dans un matériau noble, tels le marbre ou le bronze, et élevée(s) dans un lieu public, dont le plus prestigieux était bien entendu le forum de la ville58. Les piédestaux de ces statues, qui portaient les remerciements de la communauté locale, ajoutaient à la gloire du destinataire (qui en payait aussi généralement les frais) puisque son nom et ses actions s’offraient en lettres de bonne taille à la vue de tous59.
41Il ne faut pas regarder ces investissements dans la pierre avec nos esprits d’aujourd’hui, assez souvent portés à les considérer comme parfaitement stériles. Ce serait oublier que leurs auteurs étaient mus par d’autres ressorts que ceux de la rentabilité économique. Investir dans la pierre, c’était d’abord suivre le modèle des générosités que l’empereur consentait pour les habitants de la ville de Rome. C’était aussi investir dans la psychologie, car si cette manière de se montrer généreuses était pour les élites un moyen de nourrir le prestige de leurs maisons, c’était aussi celui de limiter les tensions au sein de la population en atténuant les formidables disparités que connaissaient les sociétés antiques. C’était investir dans la “démocratie urbaine”, en mettant divers avantages à la disposition de tous, notamment des plus pauvres. Du travail d’abord, celui que procuraient des chantiers quasi permanents. Le confort ensuite, à commencer par le plus élémentaire, celui de l’eau et du pain, mais également celui des agréments de la vie (les spectacles, les thermes), et jusqu’au luxe public (dans l’abondance, la variété, la qualité et la richesse des monuments et de leurs décors extérieurs et intérieurs) qui donnait aux plus démunis l’illusion de vivre – au moins hors de chez eux – comme les nantis. Par là aussi, les notables investissaient dans la cohésion de la cité qui, si elle s’exprimait à travers un réel patriotisme local (et beaucoup de campanilisme sans doute aussi), avait pour but principal de maintenir la paix sociale60.
En conclusion
42Tout cela a duré jusqu’à la crise du iiie siècle, un terrible drame dans l’histoire de l’Empire, malgré ce qu’en disent occasionnellement quelques révisionnistes, marqué – et pas seulement dans les provinces-frontières – par l’invasion, la guerre et les destructions de tout genre. À Vesunna, on n’en a connu sans doute que les contrecoups économiques et financiers, mais ces contrecoups ont pu passablement écorner les fortunes locales, peut-être d’ailleurs parfois déjà mises à mal par les excès mêmes des plans d’urbanisme et des programmes monumentaux.
43Dans le dernier tiers du siècle, au pire moment de la crise, les rapports que les élites entretenaient avec la ville (constructions, aménagements divers, embellissements, ornements) se sont distendus. Le dernier effort que ses notables ont consenti pour Vesunna a été la construction de la muraille qui a précisément englouti dans l’épaisseur de sa base les témoins d’un idéal urbain désormais révolu.
44Le paradoxe est que c’est justement grâce au rempart que l’on peut aujourd’hui se faire une idée de la Vesunna monumentale du Haut-Empire et restituer un peu ce qu’avait été cet idéal.1
PARTIE N et NE | PARTIE S | ORIGINE INCONNUE |
Colonnes | Colonnes | |
Base de colonne | Base de colonne | Base de colonne |
Tambours de colonnes | Tambours de colonnes | Tambours de colonnes |
Pilastres | Pilastres | Pilastres |
Chapiteaux corinthiens | Chapiteaux corinthiens | Chapiteaux corinthiens |
Chapiteaux composites | Chapiteaux composites | Chapiteaux composites |
Chapiteaux corinthianisants | Chapiteaux corinthianisants | Chapiteaux corinthianisants |
Chapiteaux toscans | Chapiteaux toscans | Chapiteaux toscans |
Chapiteaux ionicisants | Chapiteaux ionicisants | Chapiteaux ionicisants |
Blocs d’architrave-frise | Blocs d’architrave-frise | Blocs d’architrave-frise |
Frises | Frises | Frises |
Corniches | Corniches | Corniches |
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Bibliographie
Abréviations
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Notes de bas de page
1 ILA, Pétrucores, Introduction, p. 26.
2 Collectif, 2004, 14-17.
3 ILA, Pétrucores, Introduction, p. 34 et no 70-72.
4 Les dimensions d’ILA, Pétrucores, 25, l’épaisseur, surtout (23 cm) rendent peu probable une invocation à une divinité patronnant une évergésie. On y verra plutôt un haut de base de statue scié, c’est-à-dire un don individuel.
5 Voir cependant ci-dessous, p. 68, n. 1 5 et 17
6 Le corpus réuni par D. Tardy (Tardy, 2005) est malheureusement trop restreint pour autoriser la moindre hypothèse, surtout que la plupart des éléments de décor appartiennent à des monuments funéraires.
7 À condition qu'elles ne renvoient pas à des monuments déjà connus, car il s’agit de fragments, les inscriptions signalent un templum (ILA, Pétrucores, 26 : celui de la Tutelle ou celui d’une autre divinité ?) ainsi que des saepta (ILA, Pétrucores, 32 et 33, mais a-t-on une seule évergésie répétée deux fois ou deux évergésies distinctes ?). Il faut penser aussi à des monuments dont l’existence est simplement induite du texte même de certaines inscriptions : ainsi le phrygianum dont deux autels tauroboliques retrouvés à peu de distance l’un de l’autre rendent l’existence certaine. Voir ILA, Pétrucores, 10.
8 ILA, Pétrucores, 37 : évergésie inconnue ; lettres disposées sur deux lignes ; ILA, Pétrucores, 42 : évergésie inconnue : les lettres sont disposées (actuellement) sur une ligne. L’un des fragments (ILA, 422) porte les lettres [---]LAM • ET • [---]. Le Dictionnaire fréquentiel propose les mots suivants Tutela, Sportula, Cella, Schola, Aula, Singula, Insula, parmi lequels seuls apparemment conviennent (puisqu’il faut un nom de la première déclinaison) Cella, Schola, Sportula et éventuellement Tutela, qui renvoient de toute façon à une ou des évergésies d’une certaine ampleur.
9 Comme le suggère le Livre-Journal des Dames de la Visitation, qui précise que certaines inscriptions portaient des ligatures (“toutes ces lettres étaient enlacées les unes dans les autres”). Le texte a été publié d’abord par l’abbé Audierne (Audierne, 1851, p. 264), puis dans les Actes du Congrès archéologique de France de Cambrai, en 1856, avant d’être repris par Durand (1912, p. 22-23).
10 Portique qui, de toute façon, n’aurait rien à voir avec le petit péristyle identifié par M. Sarradet en 1960 (Sarradet, 1990, p. 63, fig. 6).
11 Sarradet, 1990, p. 58-66.
12 Malgré ce qu’en dit M. Sarradet dans la publication citée ci-dessus (p. 66 : calcaire “de Chancelade”), le matériau était très probablement le calcaire gris à silex qui a servi pour presque tous les monuments et ornements de la ville du Haut-Empire.
13 Id., ibid, p. 69 et 72, cf. p. 74. La datation proposée par M. Sarradet est donnée par une monnaie de Constantin de 324 découverte dans les maçonneries de la deuxième arche. Mais s’agit-il de la construction d’origine ou seulement d’une restauration ou encore d’un réaménagement partiel du tracé éventuellement lié à celui du rempart ?
14 Nous renvoyons à notre commentaire des ILA, Pétrucores, p. 118-119. Dans ce cas, faut-il supposer l’existence d’un réseau propre à la partie orientale de la ville du Haut Empire, et donc distinct de celui offert vers le même moment ou peu avant par L. Marullius Aeternus (ILA, Pétrucores, no 28-30) ?
15 Mais attention aux éventuels déplacements des pierres au cours des siècles.
16 À la liste de D. Tardy, rajouter un fragment de corniche découvert en 1960 par M. Sarradet (Sarradet, 1990, p. 66-67 et 81-2, n. 16 et 32).
17 Ainsi pour deux blocs d’architrave-frise, dont un élément vient du château Barrière et l’autre du jardin Secrestat, dans la partie orientale du mur (Tardy, 2005, p. 83-84). Même observation de M. Sarradet pour un “élément de toiture de tholos” trouvé à Sainte-Marthe qui se raccorde à deux autres fragments provenant, l’un des abords de la Porte Normande et l’autre de la Tour de Vésone (Sarradet, 1990, p. 62).
18 Collectif, 2004.
19 Lauffray et alii, 1990, p. 93-94, 96, 108 et 112.
20 C’est ce qui correspond à la phase de monumentalisation. Toutefois, on ne doit pas oublier que les travaux d’équipement ont commencé dès l’époque augustéenne. En témoignent au moins trois chapiteaux corinthiens du type du “Second Triumvirat” provenant, le premier, d’un grand monument public (le chapiteau B9, Tardy, 2005, p. 50-51, 58 et 117) et les deux autres (80.3.6 1 et 2), d’un mausolée (Tardy, 2005, p. 49-50, 58 et 1 17). Ajoutons que, au milieu du Ier siècle, le premier état du forum était constitué (Doreau, Girardy et Pichonneau, 1985), et que l’amphithéâtre était en cours d’achèvement (ILA, Pétrucores, 27).
21 Nous croyons que la présence de plusieurs générations de représentants de ces familles sur les inscriptions ne se limite pas à la simple association honorifique d’un parent à un acte évergétique (même si le prestige du père ajoute logiquement à celui de son fils, comme dans ILA, Pétrucores, 16). Nous y verrions plutôt la volonté de souligner la participation de plusieurs générations à une construction de longue haleine... et de grand prix. On imagine bien comment s’établissait un double phénomène de continuité d’action entre les générations les pères préparaient à travers leurs dons la carrière ultérieure de leurs fils, et ces derniers continuaient ou achevaient les travaux entrepris par leur père.
22 Comme on sait, les prêtres des Trois Gaules étaient astreints à d’importantes dépenses, celles de leur séjour avec leur suite, celles des cérémonies religieuses officielles, enfin, celles des jeux sur lesquelles le “marbre de Thorigny” (CIL XIII, 3162 = ILTG, 341) et le sénatus-consulte de gladiatoribus (CIL II, 6278 = ILAndal, 2 2, 339) livrent une information particulièrement suggestive. Sur ces questions, en dernier lieu, D. Fishwick, Imperial Cult in the Latin West, III, 2, p. 301-302 ; III, 3, p. 305-349.
23 Et encore au Moyen Âge : les travaux de la cathédrale d’Amiens ont duré 68 ans.
24 C’est la même chose, si l’on admet que le [---] Bassus qui a engagé les premiers travaux (ILA, Pétrucores, 19-21) appartenait à la même famille que le donateur du terrain, ce que laisse supposer le fait que le dernier restaurateur connu (ILA, Pétrucores, 16) est un Pompeius.
25 ILA, Pétrucores, 27 : on comptera deux générations si l’on identifie le Tertullus de la ligne 3 au fils de Dumnomotus, et trois si l’on en fait des personnages distincts. Malgré ce que propose M. Dondin-Payre, “Onomastique”, p. 216-217, on ne peut induire automatiquement des tria nomina de son fils la citoyenneté de Dumnomotus, porteur d’un nom unique indigène : la date relativement haute de la dédicace (qui renvoie à un type de formule onomastique bien mis en évidence à Saintes par L. Maurin, 1978, p. 181-185 et ILA Santons, no 14, 18 et 19) ainsi que la disposition de la généalogie descendante dans la suite du texte semblent bien renforcer l’idée que le fondateur de la dynastie, sans doute fortuné et bien placé, était néanmoins de statut pérégrin.
26 Si l’on en croit Szilagyi, 1968, le coût des constructions n’a cessé d’augmenter tout au long du Haut-Empire.
27 Parmi les nombreux colloques consacrés récemment aux élites d’Occident, voir : Les élites et leurs facettes : Autocélébration des élites locales : Rodriguez Neila et Navarro Santana, 1999 : Navarro Caballero et Demougin, 2001.
28 Ainsi les Vedii (Bost et Fabre, 2004, 113-114), les Sulpicii (Bost, 2004, 161) ou encore les Coelii (Bost, 2004, 161, peut-être aussi 162).
29 On pense en particulier à la famille Pomponia, dont un représentant au moins a exercé le sacerdoce des Trois Gaules à Lyon (ILA, 9, vers 180-250).
30 À 1’exception du maigre fragment ILA, Pétrucores, 34, tout ce qui appartenait au forum a disparu, entre autres les bases honorifiques des statues élevées aux gloires locales, dont il ne reste que le pied chaussé dont on reparlera plus loin (ci-dessous, n. 37).
31 ILA, Pétrucores, 31 Caius Julius Ca[---], donateur d’un réseau de canales.
32 Les plus anciennes mentions de Julii sont deux épitaphes féminines sur stèles cintrées datables des alentours du milieu du ier siècle ap. J.-C. (ILA, Pétrucores, 62 et 87). Reste cependant (ILA Pétrucores, 64) que, dans la seconde moitié du iie siècle, un Pompeius Paternus avait épousé une Julia Lucuselva. L’inscription, sans doute la dédicace d’un mausolée, montrerait que, quel que soit son degré de notabilité, la famille possédait une certaine aisance.
33 ILA, Pétrucores, 28-30. Sur ces travaux, Sarradet, 1979, p. 40-44.
34 ILA, Pétrucores, 24. M.-Th. Raepsaet-Charlier, 2004, p. 500, suggère la possibilité d’une simple mention de filiation (nous avons nous-mêmes signalé que les deux personnages peuvent être frères), mais l’indication de PRIMIANI en position centrée en milieu de ligne (unique dans l’épigraphie de la ville) nous semble devoir s’interpréter plutôt de la manière que nous avons proposée.
35 ILA, Pétrucores, 5.
36 Sur la notion d’élite et de notable, remarques très suggestives de Christol, 2003 et 2004. Ces gens sans ancêtres (connus) voulaient sans doute s’affirmer vite, à travers des réalisations rapides et moyennement coûteuses. C’est en cela qu’ils se différenciaient des évergètes appartenant aux familles dominantes. En somme, on aurait là quelques-uns des membres de cette classe moyenne que P. Veyne a tenté de cerner (Veyne, 2005, p. 129 et suiv.).
37 Le musée gallo-romain conserve un pied chaussé en bronze (h = 22,5 cm ; longueur = 22,5 cm (les deux mesures sont égales) ; largeur = 11 cm), découvert lors des fouilles conduites par Ch. Durand au début du siècle dernier à l’emplacement du forum antique. Selon J.-Ch. Baity, qui l’a aimablement identifié, la chaussure est un calceus appartenant à la représentation d’un chevalier. À Vesunna, l’épigraphie fait connaître deux membres de l’ordre équestre de la seconde moitié du ier siècle (ILA, Pétrucores, 27 = CIL XIII, 962 + 11045 – un A. Pompeius – et ILA, Pétrucores, 32 = CIL 964, chevalier anonyme), non pas des fonctionnaires impériaux, mais des membres de l’aristocratie locale, bénéficiaires d’un status personnel. Bien entendu, il n’est pas question de supposer a priori le moindre lien entre les textes et ce fragment de bronze.
38 Bost et Fabre, 2004, 108-109.
39 ILA, Pétrucores, 21.
40 ILA, Pétrucores, 72.
41 ILA, Pétrucores, 74.
42 Groupe du graffito au cerf. La datation proposée pour la peinture est le milieu du ier siècle p.C. Voir Bost, 2004, p. 159-161.
43 La mention filio indique que l’on a affaire à deux personnages (L. Pompeius Cassianus ou Cassianos père et fils) qui portaient les mêmes tria nomina.
44 Plutôt du côté des Cai Pompei si l’on tient compte de l’attraction exercée par le modèle de la gens Julia, dans laquelle les prénoms normalement portés sont Caius et Lucius.
45 CIL XIII, 1704 (vers 170-240). D. Fishwick (Fishwick, 2002, p. 61-62) pense que le petit-fils de C. Pompeius Sanctus, dénommé comme lui, a également exercé la prêtrise fédérale.
46 II suffirait preque de dire que sur les 11 noms d’évergètes connus, 7 sont des Pompei.
47 ILA, Pétrucores, 27 dédicace de l’amphithéâtre par un A. Pompeius ; ILA, Pétrucores, 19-21 : A. Pompeius Antiquus a donné le terrain pour élever le sanctuaire de la Tutelle, mais il est très probable que le [---] Bassus qui a fait construire les portiques et les deux “basiliques” du temple était aussi un Pompeius ; ILA, Pétrucores, restauration du temple de la Tutelle par M. Pompeius Libo, fils de C. Pompeius Sanctus, tous deux prêtres à l’Autel de Lyon. Peut-être faut-il ajouter à la liste ILA, Pétrucores, 18 (autres grands travaux effectués sur le temple et les portiques de la cour).
48 À Vésone, quelques graffitis sur paroi peinte recueillis à la domus “des Bouquets” et à la maison “de la fresque au cerf” semblent bien montrer que des Pompei ont eu là, à un certain moment, leurs résidences.
49 Qui s’exprime à travers toute une série de marqueurs bien connus : une architecture complexe, des décors coûteux, parmi lesquels on retiendra la peinture murale de haute qualité et l’emploi du marbre, notamment de marbres importés du bassin méditerranéen, enfin l'usage de produits de prestige, malheureusement presque toujours disparus aujourd’hui, tels les bijoux, la vaisselle précieuse de métal et le verre de luxe.
50 Bost, Golvin, Schreyeck, 1981, p. 88.
51 Pratique commune dans tout le monde romain sous le Haut-Empire. À Périgueux, la fouille limitée conduite en 1980 par Cl. Girardy-Caillat sur la place orientale du forum du iie siècle a seulement livré un important massif de fondation qui a pu supporter une statue équestre. L’emplacement, légèrement décalé vers le sud par rapport à l’axe d’entrée de la basilique, laisse supposer l’existence d’un pendant un peu plus au nord (Doreau, Girardy et Pichonneau, 1985, p. 98).
52 Ci-dessous, p. 73. Voir notamment la hauteur des lettres.
53 Sur ce point, voir les communications présentées au récent colloque de Rennes, édité en 2003 (M. Cébeillac-Gervasoni et J. Andreau, éd.), en particulier celles de J. Dubouloz, M. Silvestrini, M. Chelotti et M. Christol.
54 Et pas seulement. Voir ci-dessus la note 22, à propos du sacerdoce des Trois Gaules. Réflexions générales dans Finley, L’économie antique, notamment le ch. 5 : Ville et campagne, p.165-199 ; Bruhns, 1685, p. 255-273 ; Duncan-Jones, 1990, en particulier le ch. 11, “Who paid for public building ?”, p 174-184.
55 Ce qui ne saurait signifier que ces élites n’étaient pas fortunées. Parmi les indices les plus révélateurs, on avancera le nom de C. Valerius Sanctus, seul sénateur actuellement attesté au sud de la Garonne, qui avait des liens (sans doute aussi son origine) dans la Bigorre. Dans un autre domaine, l’analyse conduite sur les aptitudes agricoles du territoire de Lectoure et la prise en compte des “hécatombes” tauroboliques, de 176 à 241, permettent à P. Sillières (dans ILA, Lectoure, 44-48) de conclure à une réelle richesse qui a assuré la prospérité des notables lactorates. À Auch, le corpus épigraphique et les trouvailles de décors monumentaux (Lapart, 1988) donnent tout à fait raison à Pomponius Mela, qui tenait pour les “plus en vue des Aquitains” (III, 2, 20) les habitants de la ville. Parmi ces derniers a particulièrement brillé la gens Antistia, dont des affranchis se sont signalés par une évergésie (affichée sur une belle plaque de marbre) destinée probablement au local des sévirs augustaux (ILTG, 135). Enfin, on découvre aujourd’hui, en particulier grâce aux prospections réalisées dans la Grande-Lande par l’équipe de J.-Cl. Merlet, que le territoire de la très obscure cité des Boiates a été lui aussi créateur de richesse.
56 Et depuis longtemps, si l’on regarde la place tenue par la corporation des bouchers dès le début de notre ère voir ILA, Pétrucores, 1.
57 Puisqu’il est probable que, pour la construction, et surtout, la décoration de la ville ont été sollicités des artisans locaux, on peut penser qu’ont été utilisées les carrières et les glaisières appartenant aux évergètes.
58 Sur la “spécialisation des espaces”, remarques bien venues de S. Lefebvre, 2004, p. 386-391.
59 On ne peut malheureusement évoquer pour Périgueux que le calceus de bronze signalé ci-dessus, note 37. Aucun reste n’a subsisté, et dans aucun matériau, de ces éventuels témoignages de gratitude envers des évergètes. On rapprochera cette absence de celle de tout élément épigraphique provenant du forum. Manifestement, lors du démontage de ce monument pour la construction de la muraille, les éléments récupérés sont partis à la fonte (récupération du bronze) ou dans les fours à chaux (calcaire, marbre), tandis que les piédestaux sont allés dans une partie du rempart qui, peut-être reste encore à explorer (entre la Porte romaine et la Porte de Mars ?).
60 Ce n’était pas d’ailleurs le seul moyen. Le domaine politico-religieux est lui aussi plein d’enseignements. Les notables ont joué là encore sur deux tableaux. D’un côté, en lançant des programmes imités ou inspirés des modèles de la capitale et placés sous le patronage des numina impériaux, ils affirmaient leur fidélité à l’Empire et leur totale intégration dans la romanité ; de l’autre, ils ancraient davantage leur action dans la tradition, en mettant au service des héritages indigènes les ressources issues de ces modèles et en privilégiant les références aux dévotions locales. En fin de compte, ils fortifiaient par là leur emprise sur la population et répondaient ainsi à leur mission politique, celle de tenir le pays.
Notes de fin
1 Nos remerciements vont à Élisabeth Pénisson, Conservatrice du Musée Vesunna de Périgueux, qui nous a autorisés à reproduire la maquette de la ville antique réalisée par Denis del Palillo pour le musée gallo-romain ; merci également à Claudine Girardy-Caillat, auteur des plans de Périgueux antique qu’elle nous a permis d’utiliser ; merci enfin à Jean-Charles Baity qui nous a fourni les informations relatives au calceus de chevalier.
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