La diversité et la proximité des sanctuaires comme expression des syncrétismes religieux
p. 209-211
Texte intégral
1En cherchant à définir l'identité et le rôle des divinités qui furent honorées dans la cité et à déterminer la position et le statut des évergètes qui leur firent élever des temples, nous avons voulu préciser le contexte culturel, social et municipal, dans lequel se modela la topographie religieuse de Thugga. Nous pouvons maintenant aborder la question de l'insertion des lieux de cultes dans la ville. En premier lieu, notons que si les dédicaces se signalent par l’uniformité de leur contenu et de leurs formulaires, les plans et l’organisation des lieux de culte sont au contraire très variés. On compte à Thugga des temples italiques et des temples dits romano-africains qui. les uns comme les autres présentent de nombreuses spécificités au-delà d'un plan fondamentalement similaire, d'autres qui n’entrent dans aucune catégorie précise et plusieurs petits monuments, chapelles et exèdres privées et publiques. Lorsqu’on envisage l'intégration de ces édifices dans leur environnement, il est évident que presque partout, les architectes durent composer avec la topographie naturellement accidentée du site, atout ou contrainte, à quoi s’ajoutait éventuellement l'existence d'un urbanisme antérieur. Les solutions qu'ils adoptèrent pour y faire face ou, au contraire, le parti qu'ils surent en tirer donnèrent naissance à des ensembles architecturaux originaux. Nous essaierons d’abord de définir leurs similitudes afin de mettre en évidence leurs singularités.
2Ces temples dédiés solo publico, solo privato ou sur d’anciens lieux sacrés, se répartissent sur l’ensemble du territoire urbain que l’on peut découper en trois ensembles : les deux places publiques du forum et du marché qui constituent le centre monumental, les quartiers résidentiels qui s’étendent de celui-ci aux portes de la ville, sa périphérie immédiate enfin, définie par la présence de deux portes et de plusieurs nécropoles. Au-delà, aucun sanctuaire rural ne peut être rattaché à la cité dont les limites sont, du reste, mal connues1 Dans cette dernière partie, nous présenterons une étude de chacun de ces espaces cultuels en nous attachant d'une part, au plan des temples qui y furent construits et d’autre part, à l’origine et au rôle des divinités que l’on y vénérait. Nous tenterons ainsi de les caractériser en dégageant leurs spécificités et de déterminer si des emplacements réservés ou un modèle d’architecture précis furent dévolus à tel ou tel culte et en fonction de quels critères. Les exemples comparés d’autres cités permettront de dégager ce qui fait la particularité et la banalité de Thugga par rapport à d'autres villes de l'Africa ; nous chercherons à traduire sa place et son degré d’insertion dans les modèles culturels, urbains, religieux et architecturaux, en vogue dans la province et finalement, nous verrons si l'on peut parler ou non de règles ou de principes en matière de topographie religieuse des cités africaines.
Notes de bas de page
1 Infra, p. 17-18.
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