V – Occident et provenance inconnue
p. 259-272
Texte intégral
64. Le bétail dans le système agricole à Héraclée de Lucanie (fin du ive s. a.C.)
1Les Tables d'Héraclée, deux plaques de bronze découvertes en 1732 dans le lit d'un petit fleuve d'Italie du sud, la Salandrella, conservent des baux publics de la cité lucanienne d'Héraclée et ont depuis fait l'objet de nombreux commentaires. Elles sont aujourd'hui conservées au Musée de Naples. La table I a pu être très tôt complétée, tandis que la partie inférieure de la table II fait défaut1.
2Le texte de ces inscriptions est extrêmement long (186 lignes sur la table I, 111 sur la table II) et il ne saurait être question de le reproduire ici. Il contient le détail de deux opérations de nature voisine engagées par Héraclée, une cité localisée sur le golfe de Tarente, entre Métaponte et Thourioi2. Il s'agit de restaurer l'intégrité de domaines sacrés : ceux de Dionysos dans la table I et ceux d'Athéna dans la table II3. Auparavant, ces terres avaient été partiellement usurpées par des particuliers, tandis que ce qui était resté aux dieux était plus ou moins à l'abandon. Pour remédier à cette situation, l'assemblée du peuple procéda à l'élection d'une commission de délimitateurs (les ὀρισταί) qui, après avoir récupéré à l'amiable ou par voie de justice les parcelles usurpées, dressèrent le cadastre de l'ensemble, le divisèrent en lots avant de faire ériger les bornes nécessaires4. Enfin ces lots furent mis en location pour des fermages à payer en nature, en médimnes d'orge5.
3C'est ici que s'arrête la liste des points communs entre les deux textes. La première divergence notable est d'ordre chronologique. Les opérations n'eurent en effet pas lieu la même année pour les domaines de Dionysos et pour ceux d'Athéna ; dans le premier cas, un certain Aristarchos était éphore éponyme alors que, dans le deuxième cas, il s'agissait d'un certain Dazimos. Un an au moins s'était donc écoulé entre la réorganisation des domaines de Dionysos et celle des domaines d'Athéna6. Surtout, les baux ne sont pas de même nature. Les lots appartenant à Athéna sont loués pour cinq années et ce qui reste de la table II ne précise pas les conditions de bail. En revanche, les lots de Dionysos sont accordés aux preneurs à titre viager et héréditaire7. En contrepartie, la cité impose aux preneurs de pratiquer certaines cultures et de construire à leurs frais certains bâtiments d'exploitation. Il s'agit donc ici de baux emphytéotiques, ce que confirme encore le fait que les fermages semblent nettement inférieurs à ceux qui sont payés pour les domaines d'Athéna8. En outre on retrouve naturellement les clauses sur le versement régulier du fermage et la présentation de garants. Faute de respecter ces conditions, le preneur pourra être déchu de son bail9.
4Ce qui nous intéresse dans ces textes, ce sont les informations qu’ils fournissent sur l'agriculture locale et ces renseignements sont d'autant plus précieux qu'ils peuvent être confrontés aux résultats des recherches d'archéologie du territoire qui se sont multipliées pour la Grande Grèce et spécialement dans la région d'Héraclée10. Seul nous retiendra le cas des domaines de Dionysos et ceux d'Athéna ne seront mentionnés qu'à titre de comparaison puisque leur contrat de location est perdu.
5Les critères épigraphiques indiquent une datation à la fin du ive ou au début du iiie s. a.C. ; il n'est guère possible de préciser, car les éphores Aristarchos et Dazimos ne sont pas autrement connus. Certains savants ont fait remarquer que ces usurpations de terres sacrées ont pu avoir lieu pendant une période de conflit en arguant de la clause sur l'annulation du bail en temps de guerre. Il en a été conclu que la réorganisation de l'administration des biens sacrés s'était produite immédiatement après l'expédition en Grande Grèce d'Alexandre Molosse (en 334-330 a.C.), ou après celle de Pyrrhos (en 280-275 a.C.)11. Une telle clause de guerre est toutefois assez fréquente dans les baux grecs et y voir une allusion à une guerre précise est abusif12. Il paraît donc plus prudent de se contenter de l'indication vague que donne l'écriture. Il n'en reste pas moins que le contexte général est intéressant : cette époque fut, pour la chôra de Métaponte au moins, celle d'une intense reconquête agricole13.
La situation géographique
6Après avoir donné le détail cadastral des domaines, les délimitateurs ont pris soin d'en résumer les limites générales dans un paragraphe qu'il suffit de reproduire ici : “L'ensemble des terres de Dionysos a pour limites les chemins (?) qui longent les terres d'Hèrodès et celles de Phintias, depuis en haut l'aporoa (ἀποροά) jusqu'au fleuve Akiris”14. La surface en était donc plus ou moins quadrangulaire. Sur un premier côté, l’Akiris servait de limite naturelle ; à l'opposé se trouvait une autre limite naturelle, les aporoai, peut-être un alignement de sources15. Au-delà, la terre n'appartenait à personne, sans doute parce qu'elle n'était pas cultivable. Sur les deux autres côtés, perpendiculaires au fleuve cette fois-ci, se trouvaient des terres privées, celles de Phintias, dites aussi terres de Konéas fils de Diôn, en direction d'Héraclée, et celles d’Hèrodès, en direction de Pandosia16.
7Les terrains étaient en pente naturelle depuis les aporoai jusqu'au fleuve. Ils semblent avoir été humides, surtout dans leur partie supérieure et des bornes plantées du côté des terres d’Hèrodès auraient disparu dans la vase17, tandis que des papyrus poussaient au-delà des domaines du dieu en direction des terres de Phintias18.
8La végétation naturelle est partiellement décrite lorsque dans chaque lot les délimitateurs opposent aux sols labourables (hα ἐρρηγεῖα19) d'autres sols décrits ainsi : σκῖρος δὲ καὶ ἄρρηκτος καὶ δρυμός. Ἄρρηκτος paraît être précisément le contraire d'ἐρρηγεῖα, c'est-à-dire désigner la terre qui n'est pas labourée, les friches20. Les mots σκῖρος et δρυμός s'appliquent à deux formes bien connues du couvert végétal méditerranéen21 et les définitions d'Hésychios aident à les cerner. Le σκῖρος, c'est la garrigue, avec sa végétation spontanée dominée par les broussailles ; pour Hésychios, σκῖρος est synonyme de φρύγανα22. Quant au mot δρυμός, il sert à désigner le maquis arboré où l'on va se procurer le bois indispensable aux activités domestiques23, pratiques que le contrat cherche à contrôler en interdisant aux preneurs de vendre et de couper du bois ou d'en brûler24. La tentation bien méditerranéenne de se procurer rapidement des terrains de pâture en incendiant la végétation naturelle ne pouvait, à long terme, que diminuer la valeur du fonds, de même que des coupes incontrôlées de bois. C'était donc interdit, ce qui ne signifie pas que l'on ne pouvait pas exploiter ces parcelles comme pâturages ou aller y ramasser du bois mort.
9A proximité des terres cultivables, il y avait donc une zone de saltus et les domaines avaient été découpés de telle sorte que chaque lot, tout en restant d'un seul tenant, comportait une partie dans l’ager et une autre dans le saltus25, assurant ainsi une plus grande équité dans la répartition de la terre et une diversité de ressources aux exploitants.
L'état des terres avant leur remise en culture
10Dans les domaines de Dionysos, les délimitateurs formèrent quatre lots d'un seul tenant séparés par des limites perpendiculaires à l'Akiris de sorte que seuls le premier et le quatrième lots étaient limitrophes des terres privées. Ce sont justement les lots contenant des terres récupérées sur les usurpateurs, très vraisemblablement les propriétaires voisins26. Ce qui était resté au dieu du domaine sacré n'était, semble-t-il, plus exploité. Plusieurs indices vont dans ce sens et soulignent le contraste avec les terres d'Athéna qui, elles, n'avaient pas cessé d'être cultivées.
11Le premier de ces indices est le fait que, sauf sur le lot no 4, les terres de Dionysos ne disposaient pas de vignes et d'oliviers, alors qu'il y en avait sur les terres d'Athéna au moment de leur remise en location27. D'autre part, les domaines de Dionysos n'étaient pas pourvus de bâtiments d’exploitation : un paragraphe du contrat de bail est consacré à ceux que les preneurs devront édifier. Là encore cette situation tranche avec celle des terres d'Athéna qui contiennent plusieurs maisons28.
12On a vu plus haut que les terrains étaient sans doute plutôt humides. C'est un avantage qu'il faut maîtriser au profit de la mise en valeur agricole des terres de Dionysos. Le texte parle à plusieurs reprises de canalisations dont le but devait être de drainer les sols en direction du fleuve : il y en avait une près de l'endroit planté de papyrus29 et tout un paragraphe du bail est consacré aux travaux d'entretien que le preneur devra accomplir sur les “fossés et biefs” de son terrain30.
13Comme dans la plaine de Mylasa, la campagne d'Héraclée est parcourue de voies de communications. Plusieurs routes traversaient les terres de Dionysos et l'une au moins était carrossable ; elle passait par le ravin, puis longeait le maquis31. Une autre allait de Pandosia32 à la ville par les terres sacrées33. On a vu également une route dans la triakontapedos (τριακοντάπεδος, I, 1. 16, 21, etc.) qui séparait le lot no 1 du no 2, son nom venant de ce qu'elle aurait eu une largeur de 30 pieds34.
14A l'échelon le plus bas de ce réseau de voies de communication se trouvaient des chemins, les antomoi (ἄντομοι) qui servent de séparation entre les autres lots et qui étaient au moins quatre. Le sens de ce mot pose un problème : Hésychios lui prête clairement le sens de palissade et en fait un terme sicilien35. Les Tables d'Héraclée semblent pourtant contredire cette signification36.
Taille et sols des exploitations
15L'un des mérites des Tables est d'offrir un élément chiffré au dossier peu fourni sur les superficies des exploitations agricoles dans l’Antiquité grecque. L'ensemble des terres de Dionysos avait une superficie totale de 3 320 schènes37, ce qui donne une superficie moyenne de 830 schènes par lot (90 hectares environ), le lot le plus petit étant le no 2 (773 schènes), les plus vastes, les no 3 et 4 (850 schènes chacun). Il s'agissait donc d'exploitations très importantes et qui avaient en outre l'avantage d'être d'un seul tenant et de forme approximativement quadrangulaire38. Certes, il fallait remettre cette terre en culture et procéder aux travaux préalables. Les domaines d'Athéna, où ce problème ne se posait pas, avaient été subdivisés en lots bien moins vastes : 12 avaient été créés sur les 935 schènes de superficie totale ; la superficie moyenne d'un lot était donc seulement de 77,9 schènes (environ 8,5 hectares), ce qui se rapprochait plus des normes courantes dans les cités de la Grèce égéenne où l'on considérait qu'une exploitation d'environ 4 à 5 ha permettait de faire vivre une famille39. Les superficies des lots de Dionysos sont parmi les plus grandes connues dans le monde grec. A titre de comparaison, on se souviendra que l'exploitation athénienne de Phainippos, au ive s. a.C., n'est évaluée qu'à environ 60 ha40.
16On a déjà vu que les délimitateurs des domaines de Dionysos avaient divisé chaque lot en deux parts, selon l'utilisation possible des sols : d'une part la terre cultivable (ha γᾶ ἐρρηγεῖα) et le reste d'autre part, c'est-à-dire les garrigues, friches et maquis (σκῖρος, ἄρρηκτος, δρυμός). En moyenne la première représentait 49,5 % de la superficie totale, mais avec d'assez fortes variations, la proportion allant de 31 % seulement sur le lot no 1 à 58,1 % sur le lot no 241. En établissant le cadastre des terres d’Athéna, les délimitateurs de la cité ont utilisé des catégories nettement différentes, opposant la “terre nue” (la ψιλή) aux vignes (les ἄμπελοι)42. Pour atténuer cette différence, la cité avait imposé aux preneurs des lots de Dionysos de planter des vignes et des oliviers. Rien ne permet de dire sur quelle catégorie de terres (labourables ou non) était pris l'espace à cet effet.
17Deux modes de lotissement aussi différents correspondent avant tout à des situations de départ elles-mêmes différentes. Dans le cas des domaines de Dionysos, le contexte est à la fois celui d'une reconquête du domaine public contre les empiètements de particuliers et d'une colonisation intérieure à la cité. Mais tout cela correspond aussi à deux types d'agriculture : l’une intensive et à dominante viticole et arboricole sur des parcelles de petite taille (terres d'Athéna), l'autre extensive et peut-être plus orientée vers les céréales (domaines de Dionysos).
La trilogie méditerranéenne : vignes, arbres et céréales
18Seul le lot no 4 comportait déjà des vignes au moment de la location, sur une superficie de 24 schènes43. Les preneurs des trois autres lots devront cependant en planter chacun au moins 10 schènes (environ 1 hectare)44, ce qui est peu en comparaison de la superficie totale des lots. Au bout de quinze ans, la cité fera effectuer une inspection des vignes, afin de vérifier que les preneurs ont bien respecté cette obligation. Ce délai très long devait permettre de s'assurer que les plantations avaient réussi.
19Au premier rang de l'arboriculture apparaît l'olivier, dont on trouvait déjà quelques plants sur le lot no 445. Le contrat impose aux preneurs de tous les lots d'en planter, mais ne définit que très vaguement les sols qui devront leur être consacrés : là où le terrain le permet46. En revanche le contrat impose une densité minimum des plantations : 4 arbres par schène au moins (un peu moins de 40 arbres à l'hectare). Cette densité est faible et ne correspond nullement à une oléiculture intensive, mais plutôt à la pratique du champ complanté47. Comme pour les vignes, les oliviers devront être présentés au bout de 15 ans par les preneurs. Là encore, ce délai permettra de vérifier que les plants ont pris ; les arbres commencent alors à atteindre leur plein rendement48. Le quatrième lot possédait déjà des “figuiers et autres arbres cultivés49” ; rien n’est précisé à leur sujet pour les autres lots. Il est tentant de faire le rapprochement avec la clause sur les canaux et et les biefs50 et de voir dans l'arboriculture telle qu'elle était pratiquée sur les domaines de Dionysos une arboriculture irriguée, offrant de hauts rendements.
20Comme à Délos et à Mylasa, les céréales n'apparaissent que très indirectement dans le texte, le contrat n'imposant rien à leur sujet. Elles étaient indéniablement présentes comme le montrent les fermages annuels payés en mesures d'orge51. L'obligation de construire une grange semble aller dans le même sens.
L'élevage
21La présence du bétail est d'abord prouvée par l'obligation faite aux preneurs de construire des bâtiments52 qui lui sont directement ou indirectement destinés :
Une étable (βοών) dont les dimensions sont précisées, 22 pieds sur 18 (environ 6 x 5 m)53 ; il s'agit donc d'un édifice de petite taille qui devait servir à abriter le couple de boeufs nécessaire pour tirer l'araire, car l'on ne voit pas qu'il soit possible de mettre plus que quelques animaux sur une aussi petite superficie ;
Une grange (ἀχύριος), dont le nom montre qu'elle servait à conserver la paille récupérée après la moisson, dans le but sans doute de s'en servir comme fourrage ; là aussi les dimensions sont fournies par le texte, 18 pieds sur 15 (environ 5x4 m)54.
22Il n'est fait aucune mention de bergerie. Pourtant, des éléments du contrat démontrent la présence du petit bétail, notamment le paragraphe qui regroupe les droits d'usage relatifs au bétail et au bois : “si quelqu'un pénètre sur la terre sacrée, y fait paître du bétail, en emporte quelque chose, coupe, brise ou scie l'un de ses arbres ou l'endommage de quelque autre manière, que le preneur le fasse condamner au maximum (?) et qu'il en garde l'amende”55. Un lien étroit est établi entre la protection de la végétation et l'interdiction de faire pâturer, ce qui évoque le règlement des baux de Délos à l'époque de la seconde domination athénienne (no 28). Cette interdiction ne semble pas avoir un caractère religieux, car elle ne concerne que les personnes extérieures, à l'exclusion du preneur : plus loin le contrat renouvelle expressément l'interdiction d'exploiter le bois vif et limite l'utilisation du bois mort à l'adresse, cette fois, du preneur56. En revanche il ne paraît être nullement exclu qu'il puisse laisser paître du bétail sur les terres sacrées. L'explication de cette clause tient à l'histoire des terres sacrées de Dionysos. Longtemps, elles ont été laissées à l'abandon, au point d'être partiellement accaparées par des particuliers. Celles qui restèrent libres furent certainement considérées comme des terres publiques, sur lesquelles tout un chacun pouvait exercer les droits d'usage habituels : on venait y faire paître du bétail et y couper du bois. Il s'agissait donc de mettre un terme à ces abus dès lors que les terres allaient être remises en exploitation. Les futurs fermiers ne pouvaient admettre la perpétuation de tels usages qui finalement restreignaient le droit de propriété du dieu et mettaient en danger l’exploitation agricole de son domaine.
23Un ultime indice de la présence de l’élevage, non plus sur les terres sacrées elles-mêmes, mais à proximité, est la présence de τυρείαι. dans lesquelles on a vu des fromageries, à la limite entre le lot no 4 et les terres de Phintias, dans la partie haute des terres57.
24Avant de faire bilan de ces informations, il est nécessaire de rappeler que les textes sur les lots taillés dans le domaine sacré de Dionysos envisagent un mode d’exploitation, mais ne reflètent pas totalement leur future mise en valeur. Le gros bétail n’apparaît que dans son rôle d’auxiliaire de la céréalicuture et de l’exploitation agricole. Les preneurs avaient cependant à leur disposition des terrains humides, les aporoai, et les berges de l’Akiris pouvaient permettre de passer de cette présence minimum à un véritable élevage bovin. Mais c’était un choix à faire et le contrat ne cherchait pas à l’imposer. La présence de petit bétail est discrète, mais évidente : les friches, garrigues et maquis de chaque lot offraient l’indispensable réserve de pâturage à cet effet, il est vrai au détriment d’un meilleur usage de la fumure qu’ils généraient. C’est pour cela qu’il fallait d’abord chasser les troupeaux qui y pénétraient indûment. C’est du reste dans le voisinage de ces sols non labourables que se trouvent les “fromageries”.
25Les Tables d’Héraclée fournissent une source essentielle d’informations sur l’agriculture lucanienne : elles permettent de constater que sur ces exploitations de grande taille et d’un seul tenant, c’étaient les céréales (et ici l’orge) qui dominaient sans doute nettement en superficie, mais associées à la viticulture et à l’oléiculture. Le gros bétail n’avait a priori qu’un rôle secondaire à jouer, lié aux travaux agricoles. En revanche, les ovicaprins étaient refoulés sur les sols non labourables comme les maquis. Les archéologues ont constaté un phénomène semblable pour les exploitations du territoire de Métaponte où la céréaliculture est en pleine expansion à partir du milieu du ive s. a.C.
65. Impôt sur le bétail dans les comptes publics d'une cité inconnue (fin du iiie-début du iie s. a.C.)
26D. M. Robinson, “A New Logos Inscription”, Hesperia, 27, 1958, p. 74-78 (SEG, 17, 1960, 829 ; H. W. Pleket. Epigraphica 1, 27) ; L. Migeotte. L'emprunt public, 1984, 118.
Cf. J. et L. Robert. Bull, ép., 1959. 43, restitutions suggérées après révision de la pierre par J. Pouilleux ; L. Moretti, RFIC, 111. 1983, p. 47-52, identification de la cité ; W. Clarysse, AS, 21, 1990, 39 sur la 1. 2-3.
Texte utilisé : Migeotte avec des modifications.
27Achetée à Athènes dans le commerce des antiquités par D. M. Robinson en 1958, la pierre n'a pas de provenance connue, malgré les efforts des commentateurs. Le haut de la stèle est bien conservé, mais elle est brisée en bas, ce qui a entraîné la perte des deux derniers tiers du texte environ. Nous ne redonnons ici que son début et les lignes intéressant notre sujet.
Θεοί.
[Ἐ]πὶ δαμιοργοῦ Νικoμήδους λόγος τῶν αίρεθέντων ἐπὶ τὴν ἀπόδοσιν Ἀριστο
[φά]νους, Πυσθαλίωνος, Ἐπαινέτου λῆμμα Ἀριστοφάνους, Δίου τῆς εἰκοσημέ-
4 [ρου], παρὰ ταμία Ὀνασιμίδα ἀπὸ τῶν τελῶν· ΗΗΔΔ˫˫ΙΙΙC ἀπὸ λίθου· ΗΗ
[ΔΔ]Δ˫˫˫ [Ι Μ]οσχίου παρὰ ταμία Ἀριστοφάνους ἀπὸ τῶν τελῶν κτλ.
28L. 3-4 : τῆς εἰκοσημε|[ρίας], Robinson, Pleket, Migeotte ; Clarysse propose de restituer τῆς εἰκοσιημέ|[ρου] (mais la pierre ne porte pas le iota qu'elle introduit), par comparaison avec la 1. 18, [Δίου τῆς δ]εχημέρου.
29Traduction : “Dieux. Sous le damiurge Nikomèdès, compte des commissaires pour le remboursement, Aristophanès, Posthaliôn, Épainétos ; rôle d'Aristophanès, mois de Dios, pour une période de vingt jours, du trésorier Onasimidas, sur les taxes, 272 drachmes, 3 oboles, un demi et un quart d'obole, sur le marbre, 283 drachmes et 1 obole ; mois de Moschios, du trésorier Aristophanès, sur les taxes (...)’’.
30La datation du texte se fonde uniquement sur les caractéristiques de la gravure, ce qui. d'après Robinson, semble reporter à la fin du iiie s. ou au début du iie s. a.C. C'est pourtant d'abord le problème de l'origine géographique qui a attiré l'attention des commentateurs. Robinson, remarquant que la stèle est dans un marbre rappelant celui de Paras, privilégie une origine insulaire. J. et L. Robert, raisonnant quant à eux sur le contenu, ont insisté sur la mention d'un damiurge comme magistrat éponyme et la présence de formes dialectales spécifiques (comme le nom de mois Δαμάτριος, cf. 1. 7) pour suggérer une origine péloponnésienne et peut-être même arcadienne en raison du mois de Panios (1. 3) qui semble faire référence au dieu arcadien Pan. Ils ont été suivis par L. Moretti qui pensait précisément à Orchomène d'Arcadie58 en raison du mois de Lapatos qui se retrouve aussi dans un décret de proxénie de cette cité59. L'examen de la pierre montre toutefois qu'il faut lire Διαπάτου60. Le calendrier de la cité, que nous avons ici complet, et dont Dios était le premier mois, peut paraître la clef du problème comme l'ont fait remarquer J. et L. Robert, mais peu de mois se retrouvent dans d'autres cités61. D'autre part, les damiurges ne sont pas totalement une particularité des cités péloponnésiennes et l'on en connaît dans certaines des cités des Cyclades, spécialement celles de peuplement dorien comme Théra ou Astypaléa62. Nous sommes donc en droit de nous demander si la pierre ne proviendrait pas de l'une des Cyclades méridionales, où il était sans doute plus facile de se procurer du marbre des îles qu'en Arcadie, îles où des carrières de cette pierre auraient même pu fournir une source de revenus à la cité comme peut l'indiquer le prélèvement d'une taxe ἀπὸ λίθου (1.4)63.
31La nature du texte pose moins de difficultés : c'est un compte (λόγος, cf. 1. 1) de remboursement (ἀπόδοσις, cf. 1. 1) pour un emprunt public, emprunt dont le mécanisme a été expliqué par L. Migeotte. La cité, ayant eu besoin d'argent, dut emprunter une somme importante et, lors du remboursement, nomma une commission de trois membres, Aristophanès, Posthaliôn et Épainétos. Leur rôle était de prélever chaque mois une part des revenus de la cité jusqu'au remboursement total des créanciers. Le titre que leur donne le texte – “ceux qui ont été choisis pour le remboursement” (οἱ αἱρεθέντες ἐπὶ τὴν ἀπόδοσιν, cf. 1. 1) – montre bien que ces commissaires n'étaient pas eux-mêmes les créanciers. La pierre devait livrer les rôles comptables (λήμματα, cf. 1. 2) des trois commissaires, mais ne nous sont conservés que ceux d'Aristophanès qui commencent à la deuxième ligne du document. On voit qu'ils s'organisent sur une année entière comportant un mois supplémentaire puisque treize sont mentionnés.
32Après le nom du mois vient celui du trésorier mensuel64 de la cité, puis les montants reçus de lui par le commissaire. Ceux-ci ont été habituellement prélevés à deux sources de revenus de la cité : les taxes (ἀπὸ τελῶν) et la pierre (ἀπὸ λίθου). Dans le premier cas, il doit s'agir de l'ensemble des taxes perçues par la cité (droits d'importation et d'exportation, etc.65). Les revenus tirés de “la pierre” correspondent probablement à l'exploitation de carrières appartenant à la cité66. Il est probable que les deux autres commissaires pour les remboursements, Posthaliôn67 et Épainétos, ont effectué des prélèvements à d’autres sources.
33Les montants appellent quelques remarques. Ce ne sont presque jamais des chiffres “ronds”, mais des sommes exprimées parfois au douzième d'obole près68. Elles devaient représenter un certain pourcentage des revenus publics, la cité en conservant le reste. Si cette conclusion était juste, cela aurait pour conséquence de donner une image fidèle des revenus de la cité.
34En une année moins dix jours69, Aristophanès a perçu au moins 7 744 drachmes, un demi, un quart et deux douzièmes d'obole. A quoi il faudrait ajouter les sommes reçues en Diasios (le treizième mois) sur les taxes et “le marbre”, sommes qui ont disparu dans une lacune. En Damatrios (le quatrième mois), Aristophanès n'a rien reçu de la cité, ce que le texte traduit par la formule οὐθὲν ἔλαβον (1. 4). On retrouve la même expression pour dire qu'en Diapatos (le dixième mois), le trésorier Zènias n'a rien versé sur les taxes. En revanche, lorsqu'en Deiknios (le huitième mois) et en Hiéros (le douzième mois) aucune somme n'est mentionnée sur “le marbre”, le texte ne le dit pas expressément.
35Les versements provenant des taxes sont généralement assez réguliers, se situant entre 300 et 330 drachmes70, avec cependant quelques mois sortant de l'ordinaire comme Moschios (le deuxième mois) où plus de 880 drachmes furent versées. Au contraire, les revenus du “marbre” sont beaucoup plus contrastés. A trois mois successifs de versements succède régulièrement un mois sans versement : est-ce un effet du hasard ? Les sommes varient de 8 drachmes (en Ènaios, le dixième mois) jusqu'à plus de 1 054 drachmes (en Panios, le troisième mois).
36Enfin, pendant deux mois, les dixième et onzième, Diapatos et Ènaios, intervient une troisième source de revenus qui nous intéresse ici. Nous reproduisons les lignes s'y rapportant (1. 12-15).
[12] ιαπάτου πα-
[13] [ρ]ὰ ταμία Ζηνία πατικ[οῦ]· ΡΗHΔΔΠ˫˫C ἀπ[ὸ] λίθου-ΗΗΠ˫˫ΙΙΙΙ-/· ἀπὸ δὲ τῶν τελών
[14] [ο]ὐθεν ἔλαβον ’Ḥναίọυ παρὰ ταμία Διοδ[ό]του [ἀ]πὸ τῶν τελῶν ΗΗΗ˫˫˫˫ΙΙΙΙC ἀπὸ λί-
[15] [θ]ου Π˫˫˫IIC προβατικοῦ ΗΗΔΔ˫˫ΙΙΙ·
37L. 12 : Ἰαπάτoυ, Robinson et Pleket. Pouilloux et Migeotte ont vu les restes d'une lettre triangulaire puis le bas de la haste d'un iota avant ΑΠΑΤΟΥ et proposent ιαπάτου. Nous avons vu la pierre : la lettre triangulaire ne pouvait être qu'un Δ. car aux deux angles inférieurs, on distingue le départ de la barre horizontale.
L. 12-13 : πα|ρὰ, Robinson, Pleket.
L. 13 : προβατικοῦ, Robinson, Pleket.
L. 14 : οὐθὲν, Robinson, Pleket ; Ἠναίου, Robinson, Pleket, Migeotte, mais Pouilloux pensait à Ῥιναίου ; Διοδότου ἀπὸ, Robinson, Pleket.
38Traduction : “(...) mois de Diapatos, du trésorier Zanias, de la taxe sur le petit bétail, 777 drachmes et une demi-obole, sur la pierre, 207 drachmes, 4 oboles, un quart et un douzième d'obole, sur les taxes, rien reçu ; mois d'Ènaios, du trésorier Diodotos, sur les taxes, 304 drachmes, 4 oboles et une demi-obole, sur la pierre, 8 drachmes, 2 oboles et une demi-obole, de la taxe sur le petit bétail, 799 drachmes et 3 oboles ; (...)”.
39Cette nouvelle source de revenus, le probatikon (προβατικόν), devait concerner le petit bétail, moutons et chèvres, désignés par le nom générique de probata (πρόβατα). Pendant deux mois, les sommes versées sur ce probatikon sont importantes et totalisent plus de 1 500 drachmes.
40Il est tout à fait probable que ce probatikon était une taxe payée sur le bétail comme l'a montré D. M. Robinson71 et comme l'ont expliqué J. et L. Robert, qui en faisaient “un impôt sur le petit bétail, peut-être mais non nécessairement en rapport avec le droit de pâture et qui devait être versé à cette époque de l'année”72. On serait tenté d'imaginer une taxe prélevée à un moment crucial pour la vie pastorale comme le printemps, lorsque l'on procède à la tonte des moutons et que s'achève la première période de naissances. L'automne serait aussi une possibilité, au moment où les animaux regagnent leurs pâturages de plaine et avant que ne commencent les ventes. Il est impossible de proposer des correspondances certaines entre notre calendrier et celui de la cité inconnue. Le cinquième mois, Badromios, rappelle le mois athénien de Boèdromiôn qui était un mois d'automne. Si Badromios avait eu la même place dans l'année, cela reporterait au printemps pour les mois d'Ènaios et Hiéros.
41Le mot probatikon est inhabituel pour désigner une taxe et il n'est possible de citer aucun parallèle73. Il s'agit vraisemblablement d'une forme abrégée pour τέλος προβατικόν, ce qui correspondrait à un τέλος τῶν προβάτων tel qu'il apparaît dans d'autres documents étudiés ici.
Notes de bas de page
1 La publication la plus récente des Tables d'Héraclée est celle d'Uguzzoni & Ghinatti 1968 (cf. J. et L. Robert, Bull. ép.. 1969, 633) où A. Uguzzoni s'est chargée de la partie linguistique (p. 7-79) et Fr. Ghinatti de la partie historique (p. 81-226) ; on y trouvera en outre la bibliographie complète du texte (p. 1 1-12). le texte que nous utiliserons ici (p. 12-27) et une traduction italienne due à Fr. Sartori (p. 229-237). Voir aussi Neutsch 1967, 40-47 (l'ill. 1, pl. 2, de cet ouvrage donne une photographie des premières lignes de la table II). La première édition complète du texte est due à Mazzocchi 1754 (non vidi). Les éditions commentées les plus courantes sont celles de Franz, CIG, III, 5774-5775 ; Kaibel. IG. XIV, 645 ; Dareste, Haussoullier & Reinach. IJG, XII avec trad. fr. ; Arangio Ruiz & Olivieri, Inscriptiones Graecae Siciliae et infimae ltaliae ad jus pertinentes, Milan, 1925, 1. On trouvera une photographie des tables dans Pugliese-Caratelli 1987, 97, ill. 113 et 114. De Caro 1994, 352, ne reproduit que la face concernant les domaines d'Athéna.
2 L'agglomération antique se trouvait à l'emplacement de l'actuel village de Policoro, sur la rive droite d'un petit Meuve côtier, l'Agri, l'antique Akiris, et a fait l'objet de fouilles de l'université d'Heidelberg, cf. Neutsch 1967, 9, carte, et photographies des pl. 3-5. Sur les cultes à Héraclée, voir Giannelli 1963, 47-48.
3 Athéna était la divinité principale d'Héraclée et apparaît sur ses monnaies, Neutsch 1967, pl. 1-3. Le culte de Dionysos n'est connu pratiquement que par les Tables, voir Uguzzoni & Ghinatti 1968, 159-162.
4 Les délimitateurs des domaines de Dionysos ont exactement défini leurs activités en disant qu'ils ὤριξαν καὶ ἐτέρμαξαν καὶ συνεμέτρησαν καὶ ἐμέρι|ξαν, I. 1. 10-11, formule reprise par ceux des domaines d'Athéna, II. 1. 8-9. Les procès contre les usurpateurs sont signalés en I, 1. 48-50 et II, 1. 26-27 ; voir Uguzzoni & Ghinatti 1968. 104-105. Sur le territoire d'Héraclée, voir Bini 1989.
5 Le fermage des lots de Dionysos sera versé en κριθᾶς κοθαρᾶς δοκίμας (I, 1. 103) et les montants sont en médimnes. Pour les fermages d'Athéna, il n'est dit nulle part comment ils devront être versés, mais leurs montants sont aussi donnés en médimnes et il y a tout lieu de penser qu'il s'agissait là encore d'orge. L'orge doit être “pure”, ce qui signifie probablement sans ivraie : voir Stroud 1998, 56, pour des cas parallèles. Ces versements en nature ne sont pas sans parallèle : IG. II.2, 1672, 1.253-254, prévoit un fermage en orge pour la terre athénienne de la Rharia (en 329/328 a.C.). A Héraclée, cette pratique est liée au souci d'approvisionner la cité en grains : les fermages de Dionysos sont remis à des magistrats, les σιτάγερται (I, 1. 102). Il est donc imprudent d'en faire le signe d’une monétarisation encore partielle des échanges, comme Ampolo 1992, 26. Un contrat de bail trouvé à Olympie et datant de la fin du ve ou du début du ive s. a.C. prévoit également un fermage à verser en mesures d'orge. W. Dittenberger, K. Purgold, IOlympia, 18, 1. 5-6.
6 Formule de datation de la Table I, 1. 1-2, de la table II, 1. 1. Ce problème de chronologie interne du texte a été étudié par les éditeurs des IJG, I, p. 228-229, qui supposent une année d'intervalle entre les deux opérations. Pour Uguzzoni & Ghinatti 1968, 89-90, les deux cadastres ont dû être réalisés à peu de temps de distance.
7 Les baux d’Athéna semblent être valables pour une πενταhετηρίς, une période de 5 ans (cf. e.g. II, 1. 35), Jardé 1925, 83, y voit une durée inhabituelle dans les baux grecs. Uguzzoni & Ghinatti 1968, 178, supposent que cela aurait correspondu à une rotation quinquennale qui paraît étonnante (2 années de céréales, 2 années de fourrage, 1 année de jachère). Les baux de Dionysos sont valables κατὰ βίω (I, 1. 50), mais un paragraphe du contrat nous apprend que le preneur pouvait aliéner ou léguer son bail (I, 1. 105-108). Pour cette question, les IJG I, p. 229-230, fournissent la meilleure étude.
8 Le fermage annuel moyen était pour les baux d’Athéna de 1,279 médimnes par schène et de 0,329 pour les baux de Dionysos. L'étude des fermages est l’un des points qui a le plus attiré l’attention des commentateurs, car l’on ne comprend pas ce qui pouvait justifier certaines différences dans le montant des fermages : le preneur du lot no 2 devra verser 40 médimnes pour une superficie de 773 schènes et celui du lot no 4, 278 médimnes pour une superficie de 850 schènes. Voir le résumé de ces questions dans Uguzzoni & Ghinatti 1968, 187-190 et 203-209.
9 I, 1. 100-104, sur la régularité des versements et I, 1. 98-99, sur les garants qui devront être présentés pour des périodes de 5 ans : il n’y a là rien que de très habituel pour les baux grecs.
10 Un bilan de ces recherches a été publié par Carter 1987.
11 I, 1. 152-154 : clause sur le temps de guerre. Sur le problème de la datation, voir en dernier lieu Uguzzoni & Ghinatti 1968. 98-99, les années suivant l'expédition d'Alexandre Molosse semblant avoir leur préférence, comme celle de Sartori 1967, 39.
12 Voir le bail d'un dème athénien datant du milieu du ive s. a.C., Pleket. Epigraphicu, I, 41, 1. 16-20. Cf. Behrend 1970, 120-121, sur la “Kriegsklauser des baux athéniens.
13 Carter 1987, 192 et 211.
14 I. 1. 86-88 : Τὼς δὲ πάντας χώρως τὼς τῶ Διονύσω τερμάζοντι τοί τε ἄντομοι ǀ hό τε πὰρ τὰ Ηηρώιδεια ἄγων καὶ ο πὰρ τὰ Φιντία ἀπὸ τᾶν ἄποροάν άνω|θα ἄχρι ἐς ποταμὸν τὸν Ἄκιριν. Sur les ἄντομοι, voir ρ. 264 et n. 35 et 36.
15 Les éditeurs des IJG ont traduit ἀποροά par “les sources” et Sartori par “le sorgenti”. Le terme a été étudié par Schwyzer 1928. 228-230 (il propose de traduire par “Abfiussgebiet”, soit “zone d'écoulement des eaux”). Voir aussi Uguzzoni & Ghinatti 1968, 62, qui proposent “campo di scolo”.
16 Plusieurs éditeurs ont dessiné des schémas plus ou moins détaillés des cadastres de Dionysos et d’Athéna tels qu'on peut les reconstituer d'après les Tables : Kaibel. IG, XIV. p. 172-173, IJG. p. 222-223. et Uguzzoni & Ghinatti 1968. 176 et 192. Ils confirmeraient l’idée selon laquelle la division géométrique du territoire répondrait au plan quadrangulaire du centre urbain : voir Ro. Martin 1973, 100 et 105.
17 I, 1. 56-57. on lit qu'une borne a été placée ἀπὸ τᾶν ἀποροᾶν ἐς τὰν Fιδίαν γᾶν. hως μὴ καταλυ|μακωθὴς ἀδηλωθείη καθὼς τοὶ ἔμπροσθα ὄροί. Sur le verbe καταλυμακόω, un hapax, voir Uguzzoni & Ghinatti 1968, 69, qui lui donnent le sens de “couvrir d'immondices”, suivant en cela Schwyzer 1928, 225-228. Les éditeurs des IJG avaient traduit par “être envasé” et Fr. Sartori par “sommerso dalla inclina”.
18 Une borne est placée πὰρ τὰν βυβλίαν (I, 1. 58) et plus loin il est à nouveau question de cette même borne posée πὰρ τὰν βυβλίναν μασχάλαν (I, 1. 92). En cet endroit poussaient des papyrus – cf. Uguzzoni & Ghinatti 1968, 63-64 – même s'il ne s'agissait pas forcément d’une “grotte aux papyrus”, ainsi que le traduisent les éditeurs des IJG.
19 Pour l'ἐρρηγεῖα, voir Uguzzoni & Ghinatti 1968, 66. Le mot semble être un hapax épigraphique. Sur les dénominations des différentes catégories de sol, on lira les remarques de Franz, CIG, III, p. 705-706.
20 Ἄρρηκτος qui, comme ἐρρηγεῖα, dérive de ῥήγνυμι, est par ailleurs bien connu par les auteurs (voir les exemples donnés par le LSJ), mais lorsqu'il apparaît dans les inscriptions, c'est toujours en relation avec l'architecture, cf. J. et L. Robert, Bull. ép., 1948, 229 (Pamphylie) et 1974, 346 (τείχεσιν ἀρρήκτοις, Thessalonique). Le sens “non labouré” (c'est-à-dire en friche) que lui donnent les Tables ne semble pas se retrouver ailleurs.
21 I.1.144-145.
22 Hésychios s.v. σκεῖρα : (...) χωρία ὕλην ἔχοντα εὐθετοῦσαν εἰς φρύγανα, cf. aussi Chantraine, DELG, s.v. σκῖρος.
23 Hésychios s.v. Δρυμός δάσος σύμφυτος τόπος, αὐτοφυὴς καὶ σύνδενδρος (cf. δρυμά). Δρυμός est un mot plus fréquent : un δρυμός se trouvait sur la voie sacrée conduisant de Milet à Didymes, Syll.3, 57, 1. 28. Il semblerait désigner une formation végétale plus arborée que le σκῖρος (voir Robert 1963, 37). Là encore, l'archéologie a démontré la persistance d’une végétation de maquis ainsi que de quelques zones boisées dans la chôra de Métaponte (voir Carter 1987, 190).
24 I, 1. 144-145: Τῶν δὲ ξύλων τῶν ἐν τοῖς δρυμυῖς οὐδὲ τοῖν ἐν τοῖς σκίροις οὐ πωληΙσύντι οὐδὲ κοψόντι οὐδὲ ἐμπρησόντι οὐδε ἄλλον ἐασόντι.
25 Sur l’opposition entre ager et saltus dans le monde grec, voir Rougemont 1991.
26 Les superficies et qualités des terres usurpées font l’objet d'une récapitulation spéciale dans le cadastre de Dionysos. 1. 39-50.
27 Alors que le texte se contente de dire que les lots no 2 et 3 se verront appliquer le même contrat que le lot no 1, le lot no 4 fait l'objet d'un contrat particulier, I, 1. 164-177. où l'on détaille le soin que le preneur devra avoir pour τὰς δὲ ἀμπέλως τὰς Ιιυπαρχώσας (I, 1. 169) et τὰς δὲ ἐλαίας καὶ τὰς συκίας καὶ τὰ ἄλλα δένδρεα τὰ hήμερα τὰ Ιιυπάρχον|τα πάντα ἐν τᾶι μερίδι ταύται (I, 1. 172-173). Uguzzoni & Ghinatti 1968, 95 et 204, qui insistent sur cette conséquence positive de l'usurpation, y ont vu la cause principale du fermage très élevé payé poulle lot no 4.
28 I, 1. 138-144 ; nous reviendrons plus loin sur ces obligations. Il y avait au moins deux maisons sur les terres d'Athéna, l'une sur le lot no II (ἐν hᾶι hἁ οἰκία [ἐ]|στί, II. 1. 50-51) et l'autre sur le lot n°B (ἐν hᾶτ hα οἰκία ἐστί, II,1. 80). En outre le lot no I comprenait des ἀμπελωργικά, sans doute des installations pour faire le vin (II. 1. 43).
29 Une borne était placée πὰρ τὰν βυβλίαν καὶ | τὰν διώρυγα (Ι, 1. 58-59). On retrouve cette canalisation en I, 1. 92-93 – cf. Uguzzoni & Ghinatti 1968, 65, n. 218, qui l'assimilent un peu vite au τράφος de I, 1. 130.
30 I, 1. 130-131: τὰς δὲ τράφως τὰς διὰ τῶν χώρων ῥεώσας καὶ | τὼς ῥόως.
31 I, 1. 60-61 : τᾶς ἀμαξιτῶ τᾶς διὰ τῶ χα|ράδεος ἀγώσας τᾶς πὰρ τὸν δρυμόν. Pour hα ἀμαξιτός, voir Uguzzoni & Ghinatti 1968, 60. C'est l'expression διὰ τῶ χαράδεος qui pose ici problème : les IJG traduisent χάραδος par “ravin” et Fr. Sartori par “forra”. Uguzzoni & Ghinatti 1968, 74, proposent d'y voir des sédiments de sable et de gravier.
32 II existait deux Pandosia (Πανδοσία) en Italie du sud. L'une se trouvait dans le Bruttium, en amont du Krathis et avait été capitale de l'Œnotrie ; elle est bien connue par les auteurs, cf. Strabon 6.1.5 = C256, voir Scherling 1949, col. 550-552, elle était trop éloignée d'Héraclée pour être celle des Tables. L'autre est plus obscure, elle est mentionnée dans Plut., Pyrrhus, 16.4, et était située à une dizaine de km à l’ouest d'Héraclée, cf. Scherling 1949, col. 552 : c'est elle dont il s'agit ici.
33 I. 1. 70-71: τᾶς hοδῶ τᾶς ἐκ πόλιος καὶ ἐκ Πανδοσίας ἀγώσας διὰ τῶν | hιαρῶν χώρων.
34 L'interprétation de cette τριακοντάπεδος comme une route remonte au moins à Franz, CIG, III. p. 706, et a été reprise par tous les éditeurs : ainsi IJG, et Fr. Sartori qui traduit par “via larga di trenta piedi” ; elle apparaît plusieurs fois dans le cadastre de Dionysos : I, 1. 16, 21, 76, 90, 114. Sur les terres d'Athéna, il y a au moins 2 “routes de 30 pieds”, cf. II, 1. 14, 15-16. On connaît aussi une hεκατόμπεδος sur les terres d'Athéna, II, 1. 24-25, 31-32, 38-39, etc. (partout l'hεκατόμπεδος est citée en parallèle avec l'Ηηρακλείας hοδός, ce qui semble confirmer qu'il s’agit bien d'une route ou d'un chemin). 11 y a enfin un “chemin de 20 pieds”, Fικατίπεδος ἄντομος, sur les terres de Dionysos (I, 1. 62-63 et 76).
35 Hésychios s.v. ἀντόμους σκόλοπας, Σικελοί.
36 Uguzzoni & Ghinatti 1968, 61-62, et Chantraine, DELG, s.v. ἄντομος. Certains passages des Tables (ἐπι τὸν ἄντομον τὸν ὀρίζοντα τώς τε τῶ Διονύσω χώρον καὶ | τὸν Κωνέας hο Δίωνος ἐπαμώχη, I, 1. 13-14 ; ἀπὸ | τῶ ἀντόμω ποτὶ τὰν βουβῆτιν, 1. II, 1. 12-13) paraissent se rapporter à des voies de communication.
37 Le schène (σχοῖνος) et ses subdivisions sont les mesures de superficie normalement utilisées dans les Tables alors qu'il s'agit de longueurs. Il faut donc ici comprendre comme schène carré, etc. Pour leurs conversions en mesures modernes, voir Hultsch 1882, 669, où 1 schène fait 33, 32 m et 1 schène carré 11,105 a. A. Segre 1928, 145-147, donne des résultats légèrement différents : 1 schène = 32,7 m, 1 schène carré = 10,692 a. Ces nuances n'ont cependant que peu d'importance, les chiffres convertis que nous donnons à titre d'indication étant très “arrondis”.
38 Burford 1993, 112-115, sur cette forme et sur ses précédents.
39 Pour l'étude détaillée des données chiffrées du texte, voir Uguzzoni & Ghinatti 1968. 180-189 et 220-201. qui rassemblent les études réalisées par les commentateurs précédents. Les domaines d'Apollon à Rhénée avaient certainement une superficie moyenne de plusieurs dizaines d'ha. Sur la taille de l'exploitation familiale, cf. Osborne 1987, 46. et Burford Cooper 1977-1978 : les chiffres minimum vont de 3 à 5 ha. De leur côté, les Grecs semblent avoir souvent considéré que l’exploitation familiale habituelle devait être de 50 plèthres (environ 4 ha) : c'est par exemple le cas dans le cadastre de Larisa, Salviat & Vatin 1974, 247-262. Dans l'Italie romaine, on classait enfin comme petites exploitations celles dont la superficie était située entre 10 et 80 jugères, c'est-à-dire 2,5 et 20 ha, cf. Frayn 1979, 15-16. Avec leurs 90 ha de superficie moyenne, les lots de Dionysos appartiennent donc à la catégorie des grandes exploitations.
40 [Démosthène] 42 (C. Phainippos), 5-9 ; sur ce discours qui date de 328/327 a.C., voir De Sainte Croix
41 Sur ces proportions, voir Jardé 1925, 78-79.
42 Cf. Uguzzoni & Ghinatti 1968, 93, n. 12. Le terme ψιλή est aussi utilisé dans le cadastre de Dionysos pour désigner la terre sur laquelle les preneurs devront planter des oliviers : ποτυρυτευσεῖ δὲ καὶ ἐλαίας | ἐν τᾶι ψιλᾶι (I, 1. 174-175). Un domaine d'Olymos en Carie comprenait de semblables “terres nues” attenantes à une vigne et des vergers, Blümel 1987-1988, 2. no 814,1. 14 : σὺν ταῖς ἐνούσαις ἀνπέλοις καὶ τοῖς ἄλλοις δένδρεσιν πᾶσιν καὶ εἰς τὰ προσόντα ψιλά ; la ψιλή s'oppose souvent à des vignes, voir Wilhelm 1984, 1. 129.
43 I, 1. 169-171, ces vignes devaient bien sûr être entretenues et leur superficie devra rester constante.
44 I. 1. 114-115 : ἀμπέλων μὲν φυτευσεῖ μὴ μεῖον ἢ δέκα | σχοίνως. Une exception est faite à l'interdiction de couper du bois vert pour permettre aux preneurs de se procurer les échalas nécessaires.
45 I, 1. 172-174 ; comme pour les vignes, le preneur devra continuer à les entretenir.
46 I, 1. 115-116 : ἐς τὰν | δυνατὰν γᾶν ἐλαίας ἔχεν. Les 1. 116-119 mettent en place un système d'arbitrage en cas de contestation sur les sols capables ou non de porter des oliviers.
47 I, 1. 1 15 : ἐλαιᾶν δὲ φυτὰ ἐμβαλεῖ ἐς τὰν σχοῖνον hεκάσταν μὴ μεῖον ἢ τέτορα. Les densités pouvaient s'échelonner de 17 à 250 plants par ha, en fonction de la qualité des sols, les chiffres les plus bas laissant supposer la pratique du champ complanté céréales/oliviers, voir Amouretti 1986, 26. Sur la pratique du champ complanté dans l'agriculture romaine, White 1970, 124. Jardé 1925, 102, voyait dans cette clause un désir de freiner l'extension des olivettes au détriment des céréales : cela ne nous paraît guère possible, puisque la limite de 4 plants par schène est une limite inférieure et non supérieure. On constate au contraire que, dans la chôra de Métaponte, les céréales gagnent du terrain au détriment de la vigne, des oliviers et de l'élevage après 350 a.C. environ, voir Carter 1987, 191-193.
48 Il faut de 10 à 20 années pour cela, cf. Amouretti 1986, 58-59. qui fait remarquer que si les clauses sur les oliviers sont aussi fréquentes dans les baux antiques, c'est sans doute par souci de maintenir les plantations d'un bail à l'autre.
49 I, 1. 172: καὶ τὰς συκίας καὶ τὰ ἄλλα τὰ δένδρεα τὰ hήμερα.
50 La clause sur les fossés et biefs du contrat no 1 n'indique pas le rôle de ces installations, mais contient seulement des recommandations sur leur entretien : τὰς δὲ τράφως τὰς διὰ τῶν χωρῶν ῥεώσας καὶ | τὼς ῥόως οὐ κατασκαψύντι οὐδὲ διασκαψόντι τῶι hύδατι (I, 1. 130-131). Le contrat du lot no 4 comporte cette obligation pour le preneur : τὰς δὲ ἐλαίας καὶ τὰς συκίας καὶ τὰ ἄλλα δένδρεα τὰ hήμερα τὰ hυπάρχον|τα πάντα ἐν τᾶι μερίδι ταύται περισκαψεῖ καὶ ποτισκαψεῖ καὶ περικοψεῖ τὰ δεόμενα (1. 172-173). Les préverbes de κόπτω semblent rapprocher les deux clauses.
51 Les fouilles d'une ferme à Pantanello, sur la chôra de Métaponte, confirment l'importance de l'orge dans les cultures céréalières locales : Carter 1987. 182-186. Sur l'importance de l'orge dans l'alimentation à l'époque classique, cf. Amouretti 1986. 38-39.
52 I, 1. 138-139 : οἰκοδομησῆται δὲ καὶ οἰ|κίαν ἐν τοῖς χώροις τούτοις, βοῶνα, μυχόν, ἀχύριον. Ces bâtiments devront être présentés munis de leur toiture et de leurs portes avant un délai de 15 années : ταῦτα δὲ παρεξόντι οἰκο|δομημένα καὶ στεγόμενα καὶ τεθυρωμένα (I. 1. 141-142). Sur les portes des bâtiments mentionnés dans des baux, p. 125 et n. 52 (exemples déliens).
53 I, 1. 139-140 : τὸν μὲν βοῶνα τὸ μὲν μᾶκος Ϝίκατι καὶ δυῶν πο|δῶν, τὸ δὲ εὖρος hοκτὼ καὶ δέκα ποδῶν. Le terme βοών pour désigner l'étable rappelle naturellement la βούστασις des comptes des hiéropes à Délos (voir p. 126-127) et se retrouve dans les papyrus égyptiens (voir Husson 1983, 60, s.v. βοών, βουστάσιον) ainsi qu'à Mylasa (voir p. 244-247). Le pied valait à Héraclée 1.111 m selon Hultsch 1882, 669, et 1,092 m selon A. Segre 1928, 145-147.
54 I. 1. 140-141 : τὸν δὲ ἀχύριον μὴ μεῖον τὸ μὲν μᾶκος hοκτὼ καὶ δέκα ποδῶν, τὸ δὲ εὖρος πέντε καὶ δέκα ποδῶν. Il est possible que la grange et l'étable aient souvent été attenantes, comme le suppose Schuler 1998, 97, n. 221. Le mot ἀχύριος semble être un hapax désignant une grange ; il rappelle certains termes des papyrus égyptiens (ἀχυροθήκη. ἀχυροβολών, voir Husson 1983, 56-57) ou des comptes des hiéropes de Délos (ἀχυρὼν, voir Hellmann 1992, 61-62).
55 I, 1. 128-130 : αἰ δέ τίς κα ἐπιβήι ἢ νέμει ἢ φέρει τι τῶν ἐν τᾶι hιαρᾶι | γᾶι ἢ τῶν δενδρέων τι κόπτηι ἢ θραύηι ἢ πριῶι ἢ άλλο τι σίνηται, hο μεμισθωμένος ἐγδικαξῆ|ται hως πολίστων, καὶ hότι κα λάβει, αὐτὸς hέξεῖ.
Le sens de hως πολίστων reste obscur. Depuis Homolle 1891, 627-629, les éditeurs des Tables y voient une forme dialectale de πλείστων (cf. Uguzzoni & Ghinatti 1968, 46). Les éditeurs des IJG avaient traduit ce passage par “il le fera condamner à la peine la plus forte” et Fr. Sartori par “l'affituario si farà rendere giustizia al massimo grado”.
56 I, 1. 144-148. Le contrat comporte une autre clause relative au bois, I. 1. 135-136, mais il s'agit alors de celui des arbres cultivés.
57 I. 1. 7, cf. Uguzzoni & Ghinatti 1968. 74. qui propose de traduire cet hapax par “caseifico”, c'est du reste ainsi que tous les éditeurs ont compris. Uguzzoni & Ghinatti 1968. 191. font bien remarquer la situation marginale de ces établissements. Le bétail ne fait son apparition sur les terres d’Athéna que par un toponyme, hη βουβῆτις. dont le sens du reste n'est pas très clair : le passage concerne la délimitation proprement dite des domaines d'Athéna et utilise comme mesure de longueur non plus le schène mais le γύας : ἀπὸ | τῶ ἀντόμω ποτὶ τὰν βουβῆτιν τὰν διὰ τῶν γυᾶν ἐκ πόλιος ῥέω|σαν hἑπτὰ γύαι, ἀπò δὲ τᾶς βουβήτιος ἐπὶ τὰν τριακοντάπεδον | τρεῖς καὶ δέκα γύαι (II. 1. 12-15). Franz, CIG, III. p. 710-711. fait remarquer qu'il doit s'agir d'une source plutôt que d'un chemin, à cause du participe ῥέωσα. Voir Uguzzoni & Ghinatti 1968, 63 : ce ruisseau aurait reçu ce nom parce que les bovins allaient s’y abreuver (d'où la traduction “ruisseau-abreuvoir [?]” des IJG et “ruscello di abbrevemento del bestiame” de Fr. Sartori) ou parce qu'il était guéable. Arena 1984, 20-22, a proposé d'y voir un toponyme d'origine osque.
58 L. 12 de notre texte. Moretti 1983,47-52, avait cru retrouver deux des mois de notre texte à Orchomène d'Arcadie.
59 Dubois 1986, 2. 175-176, no O11, 1. 3.
60 Le nom de ce mois pose problème, voir ci-dessous.
61 Celui qui peut paraître le plus familier est Badromios qui rappelle le mois attique de Boèdromiôn. Cette forme, Βαδρόμιος, se retrouve à Kalymna, Cos, Cnide et Rhodes et la forme voisine, Βαδρομιών, est attestée à Chios et Lampsaque. Voir Samuel 1972, 108 (Rhodes). 111 (Cnide), 112 (Kalymna et Cos), 124 (Chios), 131 (Lampsaque) ; pour Chios, voir notre 38/A, 1. 53. J. et L. Robert, Bull. ép., 1973, 77, dans leur analyse de cet ouvrage, ont noté que A. E. Samuel a omis d'utiliser notre document.
62 IG, XII.3, 450, pour Théra, mais ce texte date de l'époque archaïque ; Syll.3, 722, pour Astypalaia, voir Sherk 1990, 263. Ce que l'on sait du calendrier de ces deux îles exclut l'une et l'autre solution.
63 Anaphè, par exemple, est riche en marbre : Philippson 1950-1959,4. 162.
64 L'un des intérêts du texte est d'illustrer le fonctionnement d'un collège de trésoriers, voir J. et L. Robert, Bull, ép., 1959, 43 : cette cité en élisait six chaque année. Chacun était en fonction pendant deux mois de l'année. S'il y avait un mois supplémentaire, l'un des trésoriers devait assurer la charge réelle un troisième mois comme ce fut le cas ici de Philophanès. On remarque la présence d'un certain Aristophanès parmi les trésoriers (en fonction le 2e et le 8e mois) : c'était peut-être le même que le commissaire dont le rôle nous a été ici conservé.
65 Il n'y a aucune raison pour croire que ces τέλη étaient uniquement des taxes sur la propriété comme l'affirme Robinson 1958. 76.
66 J. et L. Robert, Bull, ép., 1959, 43, en parle comme du “produit de vente de pierres extraites de carrières appartenant à la cité et qui devaient être une ressource appréciable”. Les carrières de pierre pouvaient être une source importante de revenus dans certaines cités : c'est ce que dit Xén., Poroi, 1.4 (πέφυκε μὲν γὰρ λίθος ἐν αὐτῇ ἄφθονος), à propos d’Athènes. Voir Gauthier 1976, 47-48.
67 Le nom est rare : le LGPN n’en cite pas d'autre occurrence, la forme proche Πόσθων est à peine plus fréquente (à Taucheira en Cyrénaïque, en Dalmatie et à Athènes).
68 Les rédacteurs ont employé la notation acrophonique des chiffres. Pour le sens des signes notant les subdivisions de l'obole, nous avons repris la solution proposée par Migeotte 1984, 349, n. 10.
69 Dios était certainement le premier mois de l'année, mais les versements du trésorier Onasimidas ne correspondent qu'à une période de 20 jours. Migeotte 1984. 351, calculant les sommes disparues pour Diasios d'après la moyenne des autres mois, estime à environ 8 800 drachmes le montant annuel des versements de la cité à Aristophanès.
70 Pour 7 mois sur les 10 dont nous avons les chiffres.
71 Robinson 1958, 77: “a tax on sheep”.
72 J. et L. Robert. Bull. ép., 1959. 45.
73 Robinson 1958, 77, avait fait référence à l'article προβατικόν de Preisigke, WGP. III, Abschnitt 11. p. 247, qui renvoyait à Pap. Maspero, 67139, Fol. V verso, 1. 5, mais Migeotte 1984, 351. n. 26, a montré que le parallèle ne peut être considéré comme assuré car le papyrus en question ne porte que la forme abrégée προβατι.
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