Le peuple dans les tragédies d’Euripide
p. 189-200
Texte intégral
1La tragédie est sans doute le genre démocratique par excellence. Ses représentations, prises en charge par la cité, s’inscrivent dans le cadre de cérémonies marquées par l'idéologie civique (défilé du tribut versé par les cités de l'Empire et parade des pupilles de la nation) et tiennent lieu de réunions politiques (puisque l’assemblée du peuple n’est pas convoquée pendant les grandes Dionysies). Mais ce genre qui – sauf rarissime exception – emprunte ses sujets à des mythes centrés autour des grandes lignées royale ne met guère en scène le peuple. Comme l’a remarqué P. Vidal-Naquet, “il est exceptionnel que le chœur tragique soit composé de ceux qui étaient les citoyens moyens, c'est-à-dire les adultes mâles en âge de combattre”1 II n’en reste pas moins que ce chœur qui introduit dans la fiction tragique une expérience tout à la fois collective et différente de celle du héros a pu aussi être défini par le même critique comme l’expression d'une vérité moyenne qui est celle de la cité2. Cette tension entre un mythe qui exclut à peu près le peuple et une actualité qui lui donne tout pouvoir ne va pas sans entraîner parfois des incohérences. Je n’en donnerai ici que deux exemples mineurs, empruntés tous deux à Euripide. Ainsi dans les Suppliantes, la décision de lancer une expédition contre Thèbes a été motivée, s’il faut en croire Adraste aux vers 131-2, par des raisons d'ordre strictement familial (il voulait “faire une faveur” à son gendre Polynice) et prise par le roi seul. Par contre l'appel à l’aide d’Athènes, après la défaite, est présenté explicitement comme une décision prise collectivement par le peuple tout entier d’Argos3. De la même façon, dans les Phéniciennes, l’interdiction d’ensevelir Polynice semble émaner tantôt d’Étéocle4 tantôt de la cité tout entière5 qui punit ainsi un de ses membres coupable de haute trahison.
2Que faut-il en penser ? Pour le savoir, j’ai choisi d’interroger l’œuvre qui reflète le mieux les tensions du genre, à savoir celle d’Euripide qui fut, à en croire Aristophane, le plus “démocratique”6 des poètes tragiques. Après avoir brièvement examiné la distribution du vocabulaire du peuple et esquissé une classification des tragédies selon la place qu’elles font à la volonté populaire, je verrai dans un premier temps comment se manifeste cette volonté, c'est-à-dire la part que prend éventuellement le peuple dans la désignation de ses chefs, l'influence qu’il exerce sur eux ainsi que les mesures qu’il décide et les châtiments qu’il inflige. Dans un second temps, je m’attacherai plus particulièrement au rôle du peuple dans les tragédies athéniennes, puisque les rois d’Athènes, que ce soit Thésée ou Démophon, se vantent d’avoir étroitement associé le peuple au pouvoir. Enfin je m’arrêterai sur les deux tragédies où le pouvoir du peuple se manifeste avec le plus d'éclat, à savoir Oreste et Iphigénie à Aulis.
Le peuple : dénominations et divisions ; l’exemple des Suppliantes
3Le peuple, ὁ δῆμοϛ, par opposition à l’élite, qui représente par définition une minorité, se définit d’abord par le nombre (οἱ πολλοί ou τὸ πλῆθος). Ce terme, qui est employé dans les Suppliantes aussi bien par les partisans de la démocratie, comme Thésée7, que par ses adversaires, comme le héraut thébain8, est neutre, tout comme son dérivé δημοτής. L’homérique λαός (attique λεώς) qui s’applique aussi bien aux Thébains9 qu’aux Athéniens10 a gardé, lui, a une valeur plutôt militaire11. Ὄχλος qui désigne la masse des soldats argiens par opposition aux sept chefs12, peut également désigner le peuple en armes13. Mais c'est aussi un terme nettement péjoratif qui apparaît dans la bouche du héraut thébain quand il oppose monarchie et démocratie et veut critiquer un régime où la masse détient le pouvoir14. C’est sans doute ce qui explique qu’il éclipse δῆμος dans les tragédies qui mettent en scène la perversion de la démocratie comme Oreste et Iphigénie à Aulis15.
4La démocratie athénienne distinguait sur le plan économique des possédants qui étaient soumis aux liturgies et devaient verser l'εἰσφορά et des non possédants. Cette distinction recoupait l’organisation militaire qui divisait les citoyens en “cavaliers”, hoplites (ce qui suppose un certain niveau de richesses) et autres. En règle générale, la tragédie ne prête guère attention à ces divisions. Seules les Suppliantes par la bouche de Thésée distinguent trois classes, les riches, inutiles voire nuisibles, car ils veulent toujours plus, les indigents, tout aussi dangereux, car ils sont en proie à l’envie et constituent une masse de manœuvre pour les démagogues, enfin les classes moyennes (ἡ ’ν μέσῳ) sur qui repose le salut de l’État16.
Le peuple comme agent
5Comme la plupart des tragédies conservées, les pièces d’Euripide ne présentent que rarement le peuple sur la scène. Seules trois tragédies, Alceste, les Héraclides et Héraclès furieux ont un chœur composé de vieux citoyens (qu’ils soient de Phères, de Marathon ou de Thèbes), ce qui ne signifie pas nécessairement qu’elles soient les seules à lui reconnaître un rôle.
6Il faut ici distinguer d’abord entre les tragédies “barbares” et les tragédies grecques. Dans les pays barbares, que ce soit la Thrace d’Hécube, la Tauride d'Iphigénie en Tauride ou l’Égypte d’Hélène, règne un régime tyrannique et le peuple n’est jamais qu’un instrument de la volonté royale. Il en va de même dans les cités grecques qui sont tombées au pouvoir d’un tyran comme l’Argos d’Électre où nul citoyen n’oserait braver l’interdiction d’Égisthe d’honorer le tombeau d’Agamemnon17 ou la Thèbes d'Héraclès furieux dont les habitants sont devenus “les esclaves de la tyrannie de Lycos”18. La tentative des vieillards du chœur pour s’opposer au meurtre des enfants d’Héraclès, tentative immédiatement arrêtée par Mégara, ne fait que mettre en relief leur totale dépendance19.
7Il faut aussi citer les tragédies centrées sur la maison où le peuple n’intervient que pour s’associer aux peines et aux joies de la maison royale. Ainsi dans Alceste le chœur, caractérisé par un serviteur comme “un vieil ami de [ses] maîtres” (v. 212), leur témoigne sa sympathie dans le malheur20 et porte le deuil avec Admète21, comme le font tous les Thessaliens22. Inversement, le peuple tout entier est invité à s’associer par des chœurs et des sacrifices au bonheur de son souverain et à célébrer la résurrection d’Alceste23. La conclusion d’Hippolyte24 associe elle aussi l’ensemble des citoyens à la douleur de son roi. Il en va de même dans Andromaque25, où l’hymen de Néoptolème avec Hermione qui a entraîné la mort du fils d’Achille ruine aussi bien la famille que la cité.
8Mais le peuple a aussi un poids propre dans l’univers tragique. L’Orestie reconnaissait déjà le rôle de l’opinion publique. Dans l'Agamemnon, Eschyle avait souligné que les morts de la guerre de Troie avaient entraîné une sourde hostilité à l’égard des Atrides qui l’avaient provoquée26 et mis en relief le poids du courroux du peuple27. Il avait mis en scène avec Agamemnon un souverain qui reconnaissait ouvertement la puissance de l’opinion publique et lui témoignait du respect28 en refusant de se livrer à une manifestation de démesure et de fouler aux pieds des tapis de pourpre. Préfigurant les rois démocrates d’Athènes, Agamemnon allait même jusqu'à envisager de convoquer une assemblée pour décider en commun des mesures à prendre à l’égard de l’État et des dieux29. Mais Eschyle avait aussi montré les limites d'un pouvoir populaire qui ne pèse guère en face du tyran. A la fin de l'Agamemnon, le chœur des vieillards était incapable de mettre à exécution ses menaces tant à l’égard de Clytemnestre que d’Égisthe. “La puissance de la haine civique” (μῖσος ὄβριμον ἀστοῖς, A., 1411) se révélait finalement nulle : les malédictions populaires (δημοθρόους ...άράς, A., 1409 et 1413) qui condamnaient Clytemnestre à l’exil30 tout comme la lapidation dont le chœur menaçait Égisthe31 n’avaient pas de suite et sa tentative de résistance armée échouait piteusement32. Les Choéphores qui mettaient en scène un peuple argien asservi par Égisthe et libéré par Oreste ne faisaient que confirmer l'impuissance du peuple.
9Dans les tragédies d’Euripide, il n’est pas rare que des caractères manifestent leur crainte d’un blâme du peuple. Ainsi Admète dans Alceste redoute à juste titre33 les critiques de ses concitoyens (μέμψιν, ἔκ τε δημοτῶν..., v. 1057) s’il introduit dans sa maison une nouvelle épouse. Dans Électre, Clytemnestre évite d’apparaître en public, car elle craint le blâme de ses concitoyens (ψόγον τρέμουσα δημοτῶν, v. 643). De même dans Oreste, Hélène n’ose pas se rendre au tombeau de Clytemnestre, car elle craint la foule d’Argos (ταρβοῦσά γε ᾽Αργεϊον ὄχλον, v. 118-9)34. Pylade, dans Iphigénie en Tauride, redoute lui aussi l’opinion de la foule s’il abandonne Oreste et assure seul son salut35.
10Dans un contexte plus nettement politique, on peut entendre dans les Héraclides le héraut d’Eurysthée brandir devant le roi d’Athènes Démophon la menace d’un blâme de ses concitoyens36, s’il met en jeu l’existence de sa cité pour défendre “un vieillard et des enfants”. Il faut surtout citer les passages d'Hécube qui dès 425 montrent des chefs esclaves de l’opinion publique, préfigurant ainsi ce qui deviendra un thème central dans Iphigénie à Aulis. La recherche de la faveur populaire rend en effet Ulysse sourd aux supplications d’Hécube37. De même Agamemnon refuse de prêter ouvertement la main à la vengeance de la reine de Troie, car il a peur et fait trop de cas de la foule38 qui considère Polymestor comme un allié et voit dans le Troyen Polydore un ennemi.
11Si le peuple peut ainsi influencer les décisions de ses chefs, il arrive aussi qu’il intervienne plus directement dans la politique. Dans Hécube, le sacrifice de Polyxène a été décidé collectivement par un vote des Argiens, s’il faut en croire l'héroïne39. Ulysse lui aussi parle de “décision de l’armée et de vote rendu par elle”40. Il en va de même dans les Troyennes où le sacrifice d’Astyanax est présenté comme le fruit d’une décision prise en commun par les Pélopides, Agamemnon et Ménélas, et les Danaens41. Comme le souligne le héraut Talthybios, toute opposition d’Andromaque se heurterait au “courroux de l’armée”42. Dans les Phéniciennes, la réaction de Créon au vers 925, quand il supplie Tirésias de ne pas révéler au “peuple” (πόλει) l’oracle qui fait de la mort de Ménécée la condition du salut de Thèbes, n’a de sens que si le peuple a un pouvoir de décision.
12La lapidation qui traduit l’indignation de la collectivité et associe tous ses membres au châtiment des coupables est elle aussi décrétée par le peuple. Mais comme dans l'Orestie, elle reste une simple menace et n’est pas mise à exécution dans les tragédies conservées d’Euripide : malgré le vote des maîtres de Delphes43, Créuse n’est pas lapidée dans Ion et Oreste tout comme Électre échappe finalement à la lapidation dans Oreste.
13Il arrive enfin que le peuple soit directement associé à des décisions qui engagent le sort de la cité, et ce dès Eschyle, car l’Argos des Suppliantes constitue le premier exemple de “monarchie démocratique”. Le souverain considère en effet que la décision d’accueillir les suppliantes, qui risque de jeter la cité dans la guerre relève de la cité tout entière et doit être prise par la communauté44. Il convoque donc une assemblée du peuple45 qui par un vote unanime46 décide de faire droit à la demande des suppliants. Mais il est clair que cette décision collective, prise en accord avec la volonté du roi, est le résultat de l’habile manipulation d’un orateur qui a su inspirer à la communauté des sentiments favorables aux Danaïdes47.
Athènes ou la démocratie idéale ; les Héraclides et les Suppliantes
14Les tragédies qui mettent en scène les rois d’Athènes et les confrontent à des décisions où l’existence de la communauté est en jeu sont sans doute la meilleure illustration du pouvoir du peuple, car Démophon et Thésée tiennent également à souligner que leur pouvoir n’a rien de tyrannique48.
15Dans les Héraclides, les enfants d’Héraclès menacés par le héraut thébain commencent par faire appel à la collectivité des Athéniens49 et se présentent en suppliants d’Athènes50. Mais la tirade du héraut d’Eurysthée, qui s’adresse à Démophon, fait dépendre de lui seul la décision. Elle ne contient qu’une brève allusion au poids de l’opinion publique. A en croire le héraut, si le roi prend le parti des faibles, il s’attirera la réprobation de ses concitoyens51. Par contre le porte-parole des Héraclides, Iolaos, s’adresse aux Athéniens et semble leur reconnaître un pouvoir de décision52 avant de mettre en avant des arguments qui touchent personnellement leur roi. La décision d’offrir un asile aux suppliants est certes prise par le roi seul. Mais il a visiblement l’approbation du peuple représenté par les vieillards de Marathon53. C’est pourquoi les remerciements d’Iolaos vont d’abord aux Athéniens54. Tout change à partir du moment où Démophon apprend que la victoire sur les armées de Mycènes doit se payer par un sacrifice humain. Ce qui s’impose alors c’est l’image d’un peuple divisé55. Démophon agite même le spectre de la guerre civile56 et exprime sa crainte des critiques de ses concitoyens57. Le sacrifice de la fille d’Héraclès permet finalement d’éviter l’affrontement et assure la victoire aux Athéniens qui sont considérés comme responsables du salut des Héraclides58. Le peuple, en accord avec ses chefs59 intervient enfin après la victoire pour interdire de mettre à mort Eurysthée60, conformément à la loi grecque qui interdit d’exécuter un prisonnier. La tragédie met ainsi en évidence d’un bout à l’autre l’harmonie du peuple et de ses chefs, ce qui se traduit dans le vocabulaire par la prédominance des termes comme λαός ou πόλις qui mettent l’accent sur l’unité de l’État.
16L’image d’une Athènes où le peuple a le pouvoir s’impose encore plus nettement dans les Suppliantes, quand Thésée se pose en fondateur de la démocratie61, déclare à Adraste qu’il a fait du peuple un monarque en lui donnant la liberté et l’égalité des suffrages62 et réplique au héraut thébain qui demande : “Qui est le souverain (τύραννος) de ce pays ?... – Tu cherches en vain un souverain, car l’État n’est pas aux mains d’un seul homme : il est libre. Le peuple y règne par dévolution annuelle des fonctions à tour de rôle. Nul privilège à la richesse. Le pauvre y est traité sur un pied d’égalité” (v. 399-408). De fait dès le début la supplication Adraste s’adresse aussi bien à Thésée qu’à l’État63. Dans un premier temps, Thésée semble cependant avoir tout pouvoir de décider seul et oppose à Adraste un refus. Mais ce refus semble bien motivé par sa crainte du peuple : “Après cela, je me ferai ton allié ? A mes concitoyens, quelle raison en donnerai-je qui soit bonne ?” (v. 246-247). Quand il cède finalement aux arguments de sa mère Æthra et décide de se porter au secours des Argiens, il prend soin d’ajouter : “Je veux que le peuple tout entier (πόλει πάση) le décide aussi” (v. 347) et convoque une assemblée64. Comme dans les Héraclides, et conformément à l’attente de Thésée65, le peuple se laisse persuader par son chef et accepte “volontiers et de bon cœur” (ἑκοῦσά γ᾿ ἀσμένη τ’) de livrer la guerre à Thèbes66 et partage avec lui la gloire de la victoire67. Cette communauté de vues entre le peuple et son chef, qui reflète une identité de tempérament68, se marque aussi à travers le discours de Thésée qui ne sépare jamais les deux69.
De la démocratie à “l’ochlocratie” : Iphigénie à Aulis et Oreste
17Les Suppliantes offraient déjà, à travers la tirade du héraut thébain, une image parfaitement négative du pouvoir de la “populace” (ὄχλος). Mais ce personnage qui était peint de manière très critique n’était à aucun degré le porte-parole de l'auteur et le portrait d’Athènes que propose la tragédie infirme totalement son discours. Il n’en reste pas moins que ce discours porte en germe la représentation du peuple qui dominera les dernières tragédies d’Euripide, Iphigénie à Aulis et, plus encore, Oreste.
18La critique du héraut porte d’abord sur les dirigeants sans scrupules qui “montent la tête au peuple et l’entraînent selon leur intérêt tantôt d’un côté tantôt de l’autre” (v. 412-413). Ces “nouveaux politiciens” qui se substituent à l’élite dirigeante de jadis (τοῖς ἀμείνοσιν) sont présentés comme des médiocres (πονηρὸς... ἀνήρ) et des gens de rien (οὐδὲν ὢν τὸ πρίν) qui ne doivent leur crédit qu’à leur langue bien pendue et aux flatteries dont ils couvrent le peuple70. On reconnaîtra sans peine dans cette caricature le portrait type du démagogue dans les comédies d’Aristophane ou la République de Platon. Mais la critique du héraut, à la différence des premières comédies d’Aristophane71, n’épargne pas le peuple, identifié avec les paysans pauvres (γαπόνος δ᾽ ἀνὴρ πένης). Même s’ils ne sont pas naturellement stupides ; (εἰ καὶ γένοιτο μὴ ἀμαθής), ces travailleurs sont en effet incapables, par suite de leur manque de loisir, de prêter aux affaires publiques toute l’attention qu’elles méritent72.
19La présentation du sacrifice d'Iphigénie dans Iphigénie à Aulis constitue une parfaite illustration de cette critique. Pour mieux l’apprécier, il vaut la peine de revenir en arrière. Dans l'Agamemnon d’Eschyle, il était évident que la décision de sacrifier la jeune fille était prise par le seul Agamemnon au terme d’une douloureuse délibération rapportée par le chœur au style direct aux vers 205-217. Il en allait de même dans l'Électre d’Euripide, où Clytemnestre rejetait sur son époux la responsabilité du sacrifice73, sans être contredite par Électre74. Par contre dans Iphigénie en Tauride, outre Agamemnon, Hélène et Ménélas n’étaient pas les seuls à être mis en cause ; les Grecs dans leur ensemble se voyaient imputer le meurtre d’Iphigénie75.
20Plus nettement encore Iphigénie à Aulis met en scène le pouvoir du peuple. A la différence de l'Iliade, Agamemnon y fait en effet figure de magistrat démocratique, élu par les Grecs76 au terme d'une campagne où, comme le lui rappelle Ménélas aux vers 337-342, il a cherché à “acheter cet honneur” par une conduite démagogique, en ouvrant sa porte à tout venant. Mais cet honneur se paie cher. Une fois élu Agamemnon découvre que le sort de “ceux qui sont aux honneurs” (τοὺς δ᾽ ἐν τιμαῖς, une expression qui dans l’Athènes démocratique est d’ordinaire employée à propos des magistrats) n’est guère enviable77, car ils sont esclaves de la populace78. Ménélas lui aussi met l'accent sur la dépendance de ceux qui sont parvenus au pouvoir, car leur faillite ne tient pas toujours à leur propre incapacité, elle peut aussi être entraînée par la sottise de leurs concitoyens79. De fait l’armée ne cesse de jouer un rôle décisif dans la tragédie. A en croire Ménélas, elle serait d'abord intervenue pour “réclamer le licenciement de la flotte et refuser de se morfondre inutilement à Aulis”80. C’est pour empêcher cette débandade qu’Agamemnon aurait alors accepté le sacrifice de sa fille, seul moyen d’assurer la traversée de la flotte argienne. S’il s’en tient finalement à cette décision, alors même que Ménélas est gagné à sa cause et renonce à exiger le sacrifice de la jeune fille, c’est à l’en croire, à cause de la “contrainte” qu'exerce sur lui l’armée achéenne tout entière81. Ménélas plus prosaïquement parlera d’une crainte, selon lui excessive, de la populace82. Cette crainte est inséparable de la peur du devin Calchas qui révélerait à l’armée un oracle connu jusqu’ici des seuls chefs (à savoir Agamemnon, Ménélas et Ulysse)83 et plus encore du démagogue Ulysse présenté comme un flatteur retors et ambitieux, toujours prêt à se ranger à l’avis du peuple84. Agamemnon va même jusqu’à supposer que le peuple, une fois mis au courant, n’hésitera pas à se soulever contre ses chefs et à les égorger sur place, voire même à les poursuivre jusque dans Argos et prendre d’assaut la ville85. Les réactions des Myrmidons, qui se lassent des tergiversations d’Agamemnon et harcèlent Achille pour qu’il prenne une décision et passe à l’action ou au contraire les ramène dans leurs foyers86 témoignent elles aussi de la puissance du peuple et de la pression qu’il peut exercer sur ses chefs. C’est d’ailleurs la “contrainte”87 exercée par l'armée qui explique finalement la décision d’Agamemnon et la “nécessité” (δεῖ) qu’il invoque par deux fois aux vers 1258 et 1271 se confond avec la volonté populaire contre laquelle le roi ne peut lutter88. Achille qui tente un moment de s’y opposer est sur le point d’être lapidé par ses propres troupes89. A l’en croire, la foule conduite par le démagogue Ulysse s’apprête même à se saisir d’Iphigénie pour l’immoler90. En proie à une folle passion de la guerre91 (il est difficile de ne pas penser ici au portrait que Thucydide fait des Athéniens “désireux” de conquérir la Sicile et tous “pris d’une même fureur de partir”92) l’armée grecque est en effet prête à tout pour “cingler au plus vite vers le pays barbare” (v. 1265).
21Avec Oreste qui se situe à Argos, après le meurtre du tyran Égisthe, donc dans une sorte d'interrègne, Euripide met en scène un régime où le pouvoir appartient sans partage au peuple argien. C’est en effet le peuple qui, par un décret formulé en termes analogues à ceux que passe la démocratie athénienne93, a interdit à quiconque d’accueillir Oreste et Électre et de les admettre au partage du feu (une mesure qui va plus loin que les lois de Dracon qui se contentaient d’interdire la fréquentation des lieux publics à ceux qui étaient accusés de meurtre94). A la différence d’Agamemnon95, où la haine de la cité se révélait finalement sans effet pour Égisthe et Clytemnestre, dans Oreste le peuple est en mesure de faire respecter les interdictions qu’il a proclamées : nul n'adresse la parole à Oreste, il est exclus de tous les foyers96 et des hommes en armes encerclent le palais pour l'empêcher de fuir avant le verdict97. Car c’est le peuple qui doit décider par un vote si les meurtriers doivent être mis à mort et lapidés98.
22Mais ce peuple qui s’érige en tribunal n'a rien de commun avec le tribunal instauré par Athéna qui était chargé dans les Euménides de juger Oreste99. Ce tribunal qui représentait le peuple d’Athènes100 était en effet formé des meilleurs des citoyens ; ses membres étaient des hommes "irréprochables”101 qu'un serment mettait à l’abri de la corruption102. Au contraire dans Oreste, le peuple qui doit juger Oreste est un peuple soumis à des passions violentes qui peut passer, apparemment sans raison, de la fureur à la pitié, ce qui permet à un politicien habile de le manipuler à son gré, s’il faut en croire Ménélas103. C’est aussi un peuple divisé104, soumis à des influences contradictoires et manipulé par des individus qui n’ont en vue que leur intérêt particulier, tels Oiax qui reporte sur Oreste la haine qu’il vouait à son père à cause de la condamnation de son frère Palamède105, les amis d’Égisthe qui ont l’oreille de la cité106 ou Tyndare qui s’apprête à soulever contre Oreste et les siens une cité apparemment prête à le suivre107. La longue description de l’assemblée qui vote finalement la mort (un récit qui, comme l’a bien remarqué J. de Romilly108, est pratiquement unique dans la tragédie) ne fait que confirmer l’image négative du peuple que suggérait déjà le début de la tragédie109. Ce récit, il est vrai, est mis dans la bouche d’un messager partial, un homme de la campagne qui ne cache pas sa sympathie pour la cause d’Oreste110. L’assemblée commence selon les formes par l’appel du héraut ; et l’on retrouve, à peine transposé, l’appel des assemblées athéniennes τίς χρῄζει λέγειν111 Les réactions du peuple aux discours des différents orateurs démontrent à l’évidence qu’on est loin de la belle unanimité du peuple dans les Suppliantes d’Eschyle ou d’Euripide112. La proposition de condamner les meurtriers à l’exil, présentée par Diomède, suscite des réactions contradictoires : “les uns applaudirent, criant qu’il avait raison, mais les autres le désapprouvaient” (v. 901-902). De la même manière, le discours du bon orateur, l᾿αὑτουργός intègre ne fait pas l’unanimité : seuls les χρηστοί c’est-à-dire les gens de bien qui se confondent avec les membres de l’élite se rangent à son avis113. Oreste ne réussit pas davantage à persuader la foule114. En définitive la victoire revient, au nombre de mains levées, au κακός115, l’orateur populaire ignare qui ne sait que provoquer le tumulte et manier l’insulte116 : Oreste et sa sœur sont condamnés à mort.
23La fin de la tragédie souligne à plusieurs reprises la responsabilité du peuple. Aux vers 974-975, Électre impute la chute de la maison de Tantale à l’hostilité du peuple associée à la jalousie des dieux. Plus loin, elle parlera du décret rendu par le pays qui l’a condamnée à mort avec son frère117. Oreste lui aussi accuse la main (c'est-à-dire le vote à mains levées) du peuple118. Quand Oreste et Pylade, avec la complicité d’Électre, s’apprêtent à tuer Hélène, il est clair qu’ils redoutent avant tout une éventuelle intervention du peuple. C’est pour la prévenir qu’Électre demande au chœur de couvrir par leur danse et leur chant les cris d’Hélène pour éviter que les Argiens n’accourent vers le palais119. Pour la même raison, Oreste se précipite à la poursuite de l’esclave phrygien pour l’empêcher de crier et de provoquer ainsi une intervention des Argiens120, car il redoute par-dessus tout l’arrivée d’une troupe de citoyens conduits par un Ménélas qui voudrait venger le meurtre d’Hélène121. S’il menace Ménélas de mettre à mort sa fille, c’est uniquement pour contraindre celui-ci à agir auprès des Argiens et à demander à la cité de lui laisser la vie122. Ménélas lui aussi, au moment où Oreste s’apprête à incendier le palais, met son dernier espoir dans “la terre des Danaens et les habitants d’Argos riche en chevaux” et les appelle à se soulever contre un homme qui défie la cité123. Bref d'un bout à l’autre de la tragédie, jusqu’à l’apparition finale d’un dieu qui a surtout brillé par son absence, c’est le peuple d’Argos qui commande le déroulement de l’action.
Conclusion
24L’évolution est donc claire : des premières tragédies à Oreste et Iphigénie à Aulis le rôle du peuple dans l’action tragique ne fait que croître. Il est tentant de la mettre en relation avec l’actualité et de l’expliquer par les développements de la démocratie athénienne pendant la guerre du Péloponnèse et “l’expérience politique des assemblées du temps de Cléophon, où s’affirmaient la passion populaire et un attachement obstiné à la guerre” comme l’a fait par exemple J. de Romilly124. Mais des Héraclides à Oreste, il est au moins une constante. C’est l’accent mis sur l’importance des dirigeants. En ce sens un passage de l’Oreste, que la plupart des commentaires considèrent pourtant comme une interpolation125, résumerait assez bien la pensée d'Euripide : “Lorsqu’un orateur qui sait plaire par ses discours mais pense mal persuade la foule, c’est un grand mal ; ceux qui au contraire donnent en toute occasion de bons conseils appuyés sur la raison, tôt ou tard se rendent utiles à la cité” (v. 907-911). Comme son contemporain Thucydide dans le célèbre excursus de 2.65 où il compare Périclès aux dirigeants qui lui ont succédé, Euripide semble bien faire dépendre la conduite du peuple de la qualité de ceux qui jouent à un moment donné le rôle de “chefs du peuple” (προστάται τοῦ δήμου).
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West, M. L. (1987): Euripides, Orestes, Warminster.
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Winkler. J. et Fr. Zeitlin, éd. (1990) : Nothing to do with Dionysos ?, Princeton.
Zeitlin, Fr. (1980): “The closet of masks: role-playing and myth-making in the Orestes of Euripides”, Ramus, 9, 51-77.
Notes de bas de page
1 Vidal-Naquet 1986, 159.
2 Ibid. Voir aussi Longo 1990, 17 et Gould 1996, passim.
3 Eur., Supp., 129-130.
4 Eur., Ph., 774-777, 1646.
5 Eur., Ph„ 1657, 1667.
6 Aristopli.. Ra., 952 : δημοκρατικὸν.
7 Eur., Supp., 341, 406, 442.
8 Eur., Supp., 418, 425.
9 Eur., Supp., 329. 467, 664, 669, 744.
10 Eur., Supp., 387.
11 Eur., Supp., 664, 669.
12 Eur., Supp., 756.
13 Eur., Supp., 660, 681.
14 Eur., Supp., 410-411 : πόλις. γὰρ ἦς ἑγὼ πάρειμ’ ἄπο / ἑνòς πρòς ἀνδρòς οὐκ ὄχλωι κρατύνεται͘ Cette expression préfigure l’opposition qu’établira Polybe en 6.4.10 entre une bonne “démocratie’ qui se caractérise par le respect des dieux, des parents et des lois et une mauvaise “ochlocratie” où le pouvoir du peuple ne connaît pas de bornes.
15 Eur., Or. : 8 exemples d’ὄχλος contre un seul de δῆμος ; IA : 7 exemples d’ὄχλος, aucune occurrence de δῆμος.
16 Eur., Supp., 238-243.
17 Eur., El., 516-517.
18 Eur., HF., 251.
19 Eur., HF, 252-278.
20 Eur., Alc., 211.
21 Eur.. Alc., 369-370.
22 Eur., Alc., 425-431.
23 Eur., Alc., 1154-1156. De même dans les Suppliantes, Évadné rappelle que la cité d’Argos s’était associée à la célébration de son hymen avec Capanée (v. 995-999).
24 Eur., Hipp., 1462-1463.
25 Eut., Andr., 1186-1187.
26 Aesch.,A., 450-451: φθονερὸν δ’ ὑπ’ ἄλγος ἕρπει / προδίκοις Ἀτρείδαις.
27 Aesch., A., 456 : βαρεῖα δ᾽ ἀστῶν φάτις ξὺν κότῳ.
28 Aesch., A., 937-938 : Κλ. μή νυν τὸιν ἀνθῥώπειον αἰδεσθῇς ψόγον.
Αγ. φήμη γε μέντοι δημόθρους μέγα σθένει.
29 Aesch., A., 844-846 : τὰ δ᾽ ἄλλα πρὸς πόλιν τε καὶ θεοὺς
κοινοὺς ἀγῶνας θέντες ἐν πανηγύρει
βουλευσόμεσθα.
30 Aesch.. A., 1410-1411.
31 Aesch., A., 1612-1616.
32 Aesch., A.. 1651-1653.
33 Aux vers 463-466, le chœur avait juré à Alceste d'avoir Admète en horreur s'il se choisit un nouvel hymen.
34 Voir aussi Eur., Or., 98-103.
35 Eur., IT, 674-683.
36 Eur., Heracl., 165-166: ἦ κακὸν λόγον /κτήσηι πρὸς ἀστῶν (...)
37 Eur., Hec., 254-257.
38 Eur., Hec., 868:ἐπεὶ δὲ ταρβεῖς τῶι τ᾽ ὄχλωι πλέον νέμεις (...)
39 Eur., Hec.., 188-190: σφάξαι σʹ Ἀργείων κοινὰ / συντείνει πρὸς τυμβον γνωμα / Πηλείαι γένναι et 195-196.
40 Eur., Hec.., 218-219: γνώμην στρατοῦ / ψῆφόν τε τὴν κρανθεῖσαν.
41 Eur., Tr..,711: Δαναῶν τε κοινὰ Πελοπιδῶν τ᾽ ἀγγέλματα.
42 Eur, Tr.., 735: εἰ γάρ τι λέξεις ὧν χολώσεται στρατός (...)
43 Eur., Ion, 1222-1225. Voir aussi v. 1111-1112. 1237, 1240. qui font allusion à une lapidation de Créuse.
44 Aesch., Supp., 366-369, 398.
45 Aesch., Supp.. 517: ἐγὼ δὲ λαοὺς Συππλγκαλῶν ἐγχωρίους (...)
46 Aesch., Supp., 600-605: δήμου δέδοκται παντελῆ ψηφίσματα (...), ἔδοξεν ᾽Αργείοισιν οὑ διχορρόπως (...).
47 Aesch.. Supp., 518-519 : στείχω, τὸ κοινὸν ὡς ἂν εὐμενὲς τιθὢ / καὶ σὸν διδάξω πατέρα ποῖα χρὴ λέγειν.
48 Eur., Heracl., 423, Supp., 403-405.
49 Eur., Heracl., 69-70.
50 Eur., Heracl., 94.
51 Eur., Heracl., 165-166: ἧ κακὸν λόγον / κτήσηι πρὸς ἀστῶν (...)
52 Eur., Heracl., 197: εἰ γὰρ λόγους κρινοῦσι σούς (...)
53 Eur., Heracl., 232-235, 329-330.
54 Eur., Heracl., 303-319.
55 Eur., Heracl., 415-418.
56 Eur., Heracl., 419: οἰκεῖος ἤδη πόλεμος ἐξαρτύεται.
57 Eur., Heracl., 422.
58 Eur., Heracl., 922-924, 957-958.
59 Eur., Heracl., 964.
60 Eur., Heracl., 967-968, 1012-1013, 1018-1019, 1026-1027.
61 Voir Isoc. 10.36, Ps-Dem. 60.28.
62 Eur., Supp., 352-353: καὶ γὰρ κατέστησ᾿ αὐτὸν ἐς μοναρχίαν / ἐλευθερώσας τήνδ᾽ ἰσόψηφον πόλιν.
63 Eur., Supp., 114 : σὸς ἱκέτης καὶ πόλεως ἥκω σέθεν. Voir aussi v. 184-185, 188-191.
64 Eur., Supp., 354-355.
65 Eur., Supp., 350.
66 Eur., Supp., 393-394.
67 Eur., Supp., 647-648.
68 Eur., Supp., 576, le héraut thébain : πράσσειν σὺ πόλλ᾿ εἴωθας ἥ τε σὴ πόλις.
69 Eur., Supp., 382: πόλει τε κἀμοὶ, 562: εἰς ἔμ’... καὶ πόλιν Πανδίονος; 1168: ἐγώ...καὶ πόλις (Thésée).
70 Eur., Supp., 412-416 et 423-425.
71 Voir Aristoph., Ach., 515-516, Eq., 1356.
72 Eur., Supp., 417-422.
73 Eur..El., 1011-1012, 1020-1029, 1044-1045.
74 Eur., El., 1086.
75 Eur., IT, 338-340, 356-360, 1187.
76 Eur., IA, 85-86.
77 Eur., IA, 19.
78 Eur., IA, 450 : τῶι τ᾽ ὄχλωι δουλεύομεν Voir aussi v. 1269-1271 : οὐ Μενέλεώς με καταδεδούλωται, τέκνον, / οὐδ᾽ ἐπὶ τὸ κείνου βουλόνμενον ἐλήλυθα, / ἀλλ᾿ Ἑλλάς (...)
79 Eur.. IA, 367-369 : εἶτα δ᾿ ἐξεχώρησαν κακῶς. / τὰ μὲν ὑπὸ γνώμης πολιτῶν ἀσυνέτου, τὰ δ᾽ ἐνδίκως / ἀδύνατοι γεγῶτες αὐτοὶ διαφυλάξασθαι πόλιν.
80 Eur., IA, 352-353.
81 Eur., IA, 511-515.
82 Eur., IA, 517 : οὔτοι χρὴ λίαν ταρβεῖν ὄχλον. Clytemnestre lui fera écho au vers 1012 : λίαν ταρβεῖ στρατόν.
83 Eur., IA, 106-107, 518.
84 Eur., IA, 526-527.
85 Eur., IA, 531-535.
86 Eur., IA, 814-817.
87 Eur., IA, 443 : ἐς οἷ’ ἀνάγκης ζεύγματ’ ἐμπεπτώκαμεν, 511-514.
88 Voir Saïd 1989. 369-370.
89 Eur., M, 1346-1353.
90 Eur., IA. 1361-1364.
91 Eur., IA, 898-909 (Achille): οὕτω δεινὸς ἑμπέπτωκ’ ἔρως / τῆσδε στρατείας Ἑλλάδ᾽ οὐκ ἄνευ θεῶν, 1264 (Agamemnon): μέμηνε δ᾿ ᾽Αφρὀδίτη τις Ἑλλἧνιων στρατῶὶ (....)
92 The. 6.6.1: ἐφιέμενοι μὲν τῇ ἀληθεστάτῃ προφάσει τῆς πάσης ἄρξαι, 24.2: τὸ μὲν ἐπιθυμοῦν τοῖ πλοῦ... πολὺ δὲ μᾶλλον ὥρμηντο, 243: καὶ ἔρως ἐνέπεσε τοῖς πᾶσιν ὁμοίως ἐκπλεῦσαι.
93 Eur.. Or.. 46: ἔδοξε δ᾽ Ἄργει τῶιδε... Cf. Hansen 1991. 139: “many decrees began with the formula ἔδοξε τῇ βουλῇ καὶ τῷ δήμῳ... or in some cases ἔδοξε τῷ δήμῳ without mention of the Council”. Id. Aesch., Supp., 605: ἕδὀξεν ᾿Αῥγείοιὀιν.
94 Cf. Mac Dowell 1978, 111-113.
95 Aesch., A., v. 1411, 1413.
96 Eur., Or., 428, 430.
97 Eur., Or., 444.
98 Eur., Or.. 48-50 : κυρία δ᾽ ἥδ’ἡμέρα / ἐν ἧι διοίσει ψῆφον ᾿Αργείων πόλις, / εἰ χρὴ θανεῖν νὼ λευσίμωι πετρώματι et 440-442.
99 Cette opposition est bien soulignée par Rawson 1972, 155-156, Burkert 1974, 99, Hall 1993, 266, Voir aussi Zeitlin 1980 passim sur les échos de l'Orestie dans Oreste.
100 Dans les Euménides, Apollon parle du “peuple” (λεώς) à qui a été assignée la tâche de juger ce procès” (v. 638-639) et Athéna s'adresse aux juges en les appelant “peuple d’Athènes” (Ἀττικὸς λεώς) aux vers 681-682. Comme l’a bien dit C. Mac Leod 1982, 127, “if the Areopagus is “the best of the citizens”, that is to emphasize not that they are superior, but that they represent perfectly the city, being the flower of its manhood”.
101 Aesch., Eu.. 475.
102 Aesch., Eu.. 704.
103 Eur„ Or., 696-702.
104 Voir Hall 1993, 267-268.
105 Eur„ Or, 432-440.
106 Eur., Or, 435-436.
107 Eur., Or, 612-614.
108 Romilly 1972, 239.
109 Voir Goossens 1962, 641-645. Lloyd 1992, 126-128.
110 Eur., Or, 866-870.
111 Romilly 1972, 242.
112 Aesch., Supp., 605: οὑ διχορρόπως; Eur., Supp., 349-350.
113 Eur., Or., 930.
114 Eur., Or, 943.
115 Eur., Or., 944-945. Avec Willink 1986 et West 1987 ad versum j’accepte ici la correction de Wecklein, ἐν πλήθει χερῶν pour le ἐν πλήθει λέγων des manuscrits.
116 Eur., Or, 905.
117 Eur., Or, 1328.
118 Eur., Or., 1328.
119 Eur., Or, 1353-1356.
120 Eur., Or, 1529-1530.
121 Eur., Or., 1533-1534.
122 Eur., Or, 1610-1611.
123 Eur., Or., 1621-1624.
124 Voir Romilly 1972, 244-250.
125 Voir les commentaires de Di Benedetto 1965, Willink 1986 et West 1987 ad locum.
Auteur
Columbia University, New-York (USA)
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