L'autorité dans le Philoctète de Sophocle ou l'émergence d'une troisième voie
p. 161-171
Texte intégral
1Interpréter une tragédie grecque à la rlumière du concept philosophique d'autorité ne va pas forcément de soi. C'est même une entreprise impossible, si l'on se réfère aux pages consacrées par Hannah Arendt à ce qu'est l'autorité dans son livre paru en 1954 et connu en France sous le titre de La crise de la culture1. En effet pour Hannah Arendt se dessine une opposition entre Rome et Athènes. D'un côté il y a les Grecs : “Ni la langue grecque, ni les diverses expériences politiques de l'histoire grecque ne montrent aucune connaissance de l'autorité et du genre de gouvernement qu'elle implique”, écrit Hannah Arendt2. Les Grecs ne connaissent qu'une alternative quand il s'agit de la vie politique de la cité : c'est soit la persuasion (πείθειν) soit la force et la violence (βία)3. Et les seuls Grecs qui aient jamais tenté de dépasser l'opposition sont Platon et Aristote, sans y être parvenus d'après Hannah Arendt, car toutes leurs analyses, malgré leurs différences, réintroduisent des éléments soit de violence soit de persuasion.
2De l'autre côté, il y a les Romains, inventeurs de l'auctoritas. Hannah Arendt emprunte à l'historien Mommsen sa définition : l'autorité est un peu plus qu'un conseil et un peu moins qu'un ordre4. Elle assure donc la médiation entre les deux branches irréconciliables de l'alternative grecque πείθειν/βία ; le Sénat romain, détenteur de l'auctoritas, n'a pas de pouvoir coercitif. Son rôle consiste plutôt à rattacher le présent au moment de la fondation de Rome, “reliant tout acte au début sacré de l'histoire romaine, ajoutant, pour ainsi dire, à tout moment singulier tout le poids du passé”5. Ainsi par l'autorité, le glorieux passé de la fondation confère un poids prodigieux au présent qui, sans lui, serait inconsistant ; c'est la gravitas qui œuvre ainsi dans l'histoire ou dans la vie politique et lui donne son sens, comme l'a montré J. Hellegouarc'h6.
3Or l'exemple du Philoctète de Sophocle me paraît proposer une expérience susceptible d'infirmer la vision arendtienne d'une pensée grecque incapable de nommer et d'élaborer le concept d'autorité. La présence de deux motifs structurant la tragédie suppose au contraire la présence efficace de ce concept dans l'univers de la pièce.
4La première raison est à chercher dans le renouvellement en profondeur que Sophocle fait subir aux composantes traditionnelles de l'histoire de Philoctète. L'alternative persuasion/contrainte ne suffit pas en effet à rendre compte de l'œuvre de Sophocle. S'il est facile de constater que la ruse occupe une grande place dans cette pièce, il l'est moins de savoir quelles fonctions l'auteur lui assigne en vue du projet final, le départ pour Troie de Philoctète. Je voudrais justement formuler quelques hypothèses sur ce point.
5En outre, la méthode mise en œuvre par O. Taplin pour isoler et mettre en parallèle des “significant actions”7 dans le Philoctète est fort utile pour déceler les relations hiérarchiques entre les personnages. Sophocle en a distingué deux parmi toutes les autres qu'il met en parallèle avec elles ; ce sont les rapports entre le chœur et Néoptolème et ceux entre Philoctète et Héraclès ; je les ai appelées les relations de la troisième voie, qui est précisément celle de l'autorité au sens entendu par H. Arendt.
6Nous savons que dans l'ordre chronologique le Philoctète de Sophocle occupe la troisième place, après celui d'Eschyle dont la date est inconnue (475 ?) et celui d’Euripide, représenté en 431. Même si ces deux tragédies sont perdues, deux textes rédigés au premier siècle de notre ère par Dion de Pruse nous en donnent un aperçu : ce sont ses Discours 52 et 59. Malgré leurs différences, les deux premiers Philoctète s'inscrivaient largement dans le cadre dessiné par le couple πείθειν/βία. Dans la pièce d'Eschyle, écrit Dion, Philoctète part pour Troie “plutôt de son plein gré, et en raison d'une persuasion contraignante”8. La première partie de la phrase fait allusion aux récits qu'Ulysse faisait des revers de l'armée grecque ; il était question de l'incendie des vaisseaux (fait “réel” raconté au chant XIII de l'Iliade) et de la mort supposée d'Agamemnon9 : ce mensonge satisfaisait la haine de Philoctète, qui n'avait aucun grief envers les Grecs en général. La mort de son ennemi et la conscience d'un danger menaçant la communauté étaient les leviers efficaces de l'action. Mensonge et persuasion faisaient donc bon ménage.
7Par ailleurs, il est possible qu'Ulysse se soit emparé de l'arc de Philoctète, ce qui expliquerait la seconde partie de la phrase de Dion. En effet il était facile à Ulysse de convaincre Philoctète que sans son arme il ne lui restait plus rien, ni moyen de survivre ni assurance contre les périls extérieurs ni promesse de gloire10. Ainsi persuasion et contrainte, d'ordinaire opposées11, ne le sont pas ici : le langage hérite du caractère même des choses, il contraint parce qu'elles sont au plus haut point contraignantes.
8Dans la pièce d'Euripide, la persuasion avait une énorme place en raison de l'agencement de l'action. En effet Philoctète voyait venir à lui non seulement Ulysse et Diomède mais des ambassadeurs troyens “cherchant à le corrompre par de l'argent et en faisant fond sur sa haine envers nous <les Grecs>” comme le dit Ulysse dans le Discours 59 de Dion12. Un espace était donc laissé à la parole contradictoire, comme, le remarque C. Müller dans sa reconstruction de l'intrigue13. L'un des passages essentiels de la tragédie devait donc être un agôn dans lequel les deux partis adressaient à Philoctète les arguments qu’ils jugeaient les plus décisifs : du côté troyen, le ressentiment et la promesse d'un gain, du côté grec le sens patriotique14.
9La cause des Grecs devait sembler la meilleure à Philoctète qui devait être victime sur la scène d'une attaque de son mal. C'était peut-être l'occasion pour Ulysse de voler l'arc et d'accélérer le cours de l'action. Persuasion et contrainte jouaient donc successivement leur rôle en vue du même but.
10C'est le cadre où opèrent ces deux notions que Sophocle va disloquer dans son Philoctète. Dion remarquait déjà dans l'Antiquité que cette pièce était profondément originale, puisqu'elle ne faisait pas “pendant à celle d'Eschyle” comme il l'écrivait dans le Discours 5215 à propos de l'œuvre d'Euripide ; le texte de Sophocle est placé à part des deux autres, il est selon Dion à mi-chemin de chacun d'eux16. C'est là une manière de dire que Sophocle repense très différemment les données de l'histoire.
11La raison fondamentale est sans doute à chercher dans la place très importante accordée à la tromperie dans la pièce. Le mot-clef est ici l'ἀπάτη, terme qui est employé quatre fois, soit le tiers des occurrences de ce mot et de sa famille lexicale dans les sept tragédies conservées17. Ce n'est pas que la ruse n’ait pas eu d'importance avant Sophocle. Dion laisse certes entendre qu'elle n'intervenait pas chez Eschyle dont le héros Philoctète était abusé par une mauvaise mémoire et dix ans de douleur18. Mais chez Euripide c'était bien différent. D'après le Discours 59 de Dion, nous voyons bien qu'Ulysse, métamorphosé par Athéna, essaie d'apitoyer Philoctète sur son sort (il est un compagnon en fuite de Palamède, la victime des intrigues d'Ulysse) afin d'entrer dans sa grotte et de gagner sa confiance. Mais la ruse n'est qu'un moyen commode et provisoire : l'essentiel est de savoir si Philoctète sera persuadé par les arguments d'Ulysse et s'il sera sensible à ce que pourrait être son destin une fois qu'il n'est plus le maître de son arc.
12Chez Sophocle, la ruse a plusieurs fonctions. La ruse est d'abord élevée au rang de moyen d'action à part entière et ne prépare donc pas une scène de persuasion ou un acte de contrainte. Les vers 101-103 montrent que la ruse (δόλῳ, v. 101, ἑν δόλῳ, v. 102) est mise sur le même plan que la persuasion (κπείσαντʹ, v. 102) ou la contrainte (πρὸς βίαν, v. 103) quand il s'agit de s'emparer de Philoctète. De ce point de vue l'analyse de la tragédie par Garvie19 souligne l'originalité de Sophocle dont les personnages utilisent à divers moments de l'action la tromperie, la persuasion ou la violence afin d'accomplir l'oracle d'Hélénos. En insistant sur le fait que la ruse a part égale dans l'action avec les deux moyens traditionnels, hérités eux d'Eschyle et d'Euripide, Garvie montre que le langage faux a un immense succès dans le Philoctète. Quel est donc ce “pouvoir du mot” pour reprendre le titre du fameux article consacré à la question par Podlecki20 ? Sophocle confère une autorité provisoire au langage trompeur. En effet Néoptolème devient pour un temps (Ι'άναιδὲς ἡμέρας μέρος βραχύ du vers 83) infidèle à sa nature21 et rallie ce que j'ai appelé ailleurs “le camp des trompeurs”22. Comme de nombreux personnages de Sophocle il est confronté pour son malheur au monde de la ruse dans laquelle il excelle pourtant. Toujours exceptionnelle et limitée chronologiquement, cette intrusion dans le domaine de l’ἀπάτη a toutefois des conséquences : elles sont non seulement individuelles (c'est la tragédie intime de Néoptolème) mais aussi collectives. Celles-ci ont été étudiées dans le chapitre que R. Buxton consacre à la place de la persuasion dans Philoctète23. Au terme de la pièce, il écrit que “la tentative faite par Néoptolème pour persuader Philoctète a échoué : l'utilisation du dolos a créé une atmosphère de défiance qui a sapé l'opération menée par peitho”24. La cause des Grecs est alors mal en point, et le recours à la tromperie a conduit Néoptolème à ne plus reconnaître l'autorité d'Ulysse : le prologue et l'exodos sont des scènes en miroir. Néoptolème donné au début avec son plein consentement comme le lieutenant d'Ulysse (ὑπηρετεῖν, v. 15, ὑπουργεῖν, ν. 53, ὑπηρέτης, idem, σοὶ ξυνεργάτης, v. 93) porte la main à son épée pour combattre son ancien chef (v. 1254-1255). Désormais le jeune homme risque d'entrer dans une grave dissidence : les Grecs risquent de devenir ses ennemis. Ulysse déclare qu'il va informer toute l'armée (τῷ σύμπαντι στρατῷ, v. 1257) de la désobéissance de Néoptolème. Et lui-même reconnaît qu'en ramenant Philoctète dans sa patrie il ne saurait échapper à juste titre aux accusations de traîtrise formulées par les Grecs (αἰτίαν δὲ πῶς ᾿Αχαιῶν φεύξομαι ; v. 1404). Pourtant il adopte une position de repli dans la sphère individuelle. En effet il considère qu'il a des devoirs de φιλία envers Philoctète ; en les assumant, il opte pour le retour à Scyros contre le départ pour Troie et il sacrifie sciemment la cause collective à celle du seul Philoctète.
13Le recours à l'ἀπάτη a donc eu des effets inattendus et contradictoires : vu son énormité et les conflits internes qu'elle suscite, elle a obligé Néoptolème à revenir à sa vraie nature et ainsi, comme l'a montré V. Di Benedetto25, elle a permis l'émergence et la construction d'un rapport d'affection et de solidarité entre Philoctète et lui. Mais le second effet est, lui, totalement négatif : la tromperie rend Philoctète insensible à la persuasion et il va jusqu'à préférer “la compagnie des bêtes de la montagne” (ξυνουσίαι θηρῶν ὀρείων, v. 936-937) à celle des Grecs. De plus, Philoctète ne cède pas un instant à la contrainte, et la pièce résonne de ce “Jamais !”26, si caractéristique de 1'“heroic temper” analysé dans le livre de Knox. Ainsi, ni les hommes qui le ceinturent (ξυλλάβετον αὐτόν, v. 1003) ni la perspective d'être la proie des animaux sauvages et de la faim27 ne viennent à bout de Philoctète. La fable traditionnelle est donc mise en faillite par le recours à la tromperie.
14Pourtant Sophocle ne s'est pas contenté de faire table rase de la tradition littéraire ; il a proposé à mon avis une alternative au schéma rendu par lui inopérant de la persuasion et de la force. Deux scènes de la tragédie montrent l'émergence d'une troisième voie. Ce sont d’une part le début de la parodos et d'autre part la scène du deus ex machina. Mon hypothèse est qu'elles nous montrent l'existence d'une autorité jamais remise en cause et fondée sur l'idée d'un passé fondateur toujours à l'œuvre dans le présent et garanti par Zeus.
15Voici les tout premiers mots du chœur dans la parodos ; ce sont les vers 135 à 143 :
Τί χρὴ τί χρή με, δέσποτ᾽, ἐν ξένα ξένον
στέγειν, ἢ τί λέγειν πρὸς ἄνδρ᾿ ὑπόπταν;
Φράζε μοι.
Τέχνα γὰρ τέχνας ἑτέρας
προὔχει καὶ γνώμα παρ᾽ ὅτῳ τὸ θεῖον
Διὸς σκῆπτρον ἀνάσσεται.
Σὲ δ᾽, ὦ τέκνον, τόδ’ ἐλήλυθεν
πᾶν κράτος ὡγύγιον. τό μοι ἔννεπε
τί σοι χρεὼν ὑπουργεῖν.
“Étranger sur un sol étranger, que dois-je cacher, que dois-je dire à un homme soupçonneux ? Indique-le-moi. Car il l'emporte sur autrui en habileté et en jugement, celui qui règne avec le sceptre divin qu'il tient de Zeus. Or, mon enfant, c'est à toi qu'est dévolue cette autorité immémoriale toute entière ; dis-moi donc ce que je dois faire pour te seconder.”
16D'habitude, ce passage est laissé de côté dans les interprétations générales de la parodos, qui se ramènent à trois lectures. La première est défendue par K. Alt : la parodos permet au choeur d'obtenir des directives sur la façon de se comporter en présence de Philoctète28. Le texte a donc une fonction essentiellement informative, même si K. Alt reconnaît que Néoptolème agit ici comme Ulysse avec lui dans le prologue. La seconde lecture est celle de Winnington-Ingram pour lequel la parodos permet de découvrir un nouvel aspect du personnage de Néoptolème : il n'est plus seulement le lieutenant d'Ulysse mais aussi un jeune homme qui a des responsabilités de commandement29 et qui entend les exercer à part entière. Enfin il existe une interprétation psychanalytique de la parodos. Son auteur, D. Donnet30, note que la fonction informative de la parodos existe mais n'est pas suffisante pour en épuiser le sens. Il établit que le concept de transfert31 est à l'œuvre : le chœur permet l'extériorisation des sentiments de pitié que Néoptolème devait refouler en présence de l'instance contraignante symbolisée par Ulysse.
17La lecture politique de Winnington-Ingram et les rapports structurels forts entre prologue et parodos établis par D. Donnet qui note toutes les reprises lexicales32 entre les deux passages seront mon point de départ. Néoptolème doit indiquer au chœur sa mission (Φράζε μοι, v. 137) comme Ulysse a dû lui expliquer (φράζε δευτέρῳ λόγῳ, v. 49) la sienne. D. Donnet remarque la très nette similitude entre le choeur et Néoptolème, qui ont pour fonction de seconder leur chef (ὑπουργεῖν, v. 53 et 143). Dans chaque partie le chef invite son subordonné à reconnaître les lieux qu'habite Philoctète33, suppose qu'il a quitté la grotte pour aller en quête de nourriture34 et lui révèle les raisons de la présence de Philoctète sur Lemnos35.
18Toutefois la parodos n'est pas la répétition du prologue. Les deux moments présentent des différences que les nombreuses ressemblances accusent d'autant plus fortement. A côté de la différence d'éclairage psychologique étudiée par D. Donnet, Sophocle présente successivement deux conceptions très éloignées de l'autorité. La première s'impose à Néoptolème pour deux raisons : il craint d'être blâmé par les Grecs (ὀκνῶ προδότης καλεῖσθαι, v. 93-94) qui lui ont confié une mission (seconder Ulysse) et il désire obtenir le gain (κέρδος, v. 111 et 112, δωρήματα, v. 117) promis par Ulysse, la conquête de Troie et la bonne réputation d'habileté et de bravoure36. Cette autorité repose donc sur le pouvoir qu'a la société (et que l'individu ne peut que subir, pour son bonheur ou son malheur) de décerner le blâme et la louange, couple si important en Grèce comme l'a montré M. Detienne37. Ulysse affirme que ce qui fait autorité “c'est la langue et non les actes” (v. 99)38. Pourtant Ulysse luimême doit concéder que cette autorité ne s'impose pas d'elle-même. La jeunesse de Néoptolème (comme auparavant celle d'Ulysse : καὐτὸς ὢν νέος ποτέ, v. 96) y fait obstacle, car elle ne connaît pas les usages de la société. Du coup cette autorité surgit en rupture avec les croyances de Néoptolème et se présente comme un τι καινόν (v. 52), un élément de nouveauté et de surprise qui partage la vie du jeune homme en deux moments. Le premier âge est celui de la φύσις et de la ressemblance avec le père ; c'est le temps des valeurs familiales et du séjour à Scyros. Le second âge est celui de la vie sous le regard de la communauté et à son service à Lemnos et à Troie. Il y a solution de continuité entre ces deux temps et Ulysse n'accorde d'importance au premier que dans la mesure où il peut servir d'aliment à un mensonge efficace auprès de Philoctète. Comme l'a montré avec force Reinhardt39, Néoptolème essaie de rivaliser avec Achille dans le faux récit de son départ de Troie : la société des Grecs recycle les valeurs héroïques pour en faire les armes de choix de la parole sophistique40.
19La seconde conception de l'autorité est bien différente. Dans son livre sur le chœur chez Sophocle, R. Burton trouve que les marins “décrivent leur relation avec <Néoptolème> en des termes respectueux et guindés”41. Cette remarque sur le style attire l'attention sur la richesse sémantique de ce passage. Le chœur définit ses rapports avec Néoptolème de trois manières : ils ont de l'affection pour celui qu'ils appellent “enfant” (τέκνον, V. 141), ils le tiennent pour leur chef (δέσποτ’, v. 135) et enfin ils lui reconnaissent ce qu'il faut bien appeler de l'autorité. La première strophe de la parodos ne fixe donc pas seulement dans leurs lignes de force les relations ultérieures entre Néoptolème et le chœur mais elle développe une conception de l'autorité royale. Celle-ci repose certes sur les qualités individuelles que sont l'art de bien gouverner et le jugement (τέχνα, v. 138 et γνώμα, v. 139) ; mais ces qualités intellectuelles dépendent elles-mêmes de Zeus qui donne le sceptre. Cet objet rend visible ce que le chœur appelle le κράτος ὠγύγιον au vers 142 ; c'est l'adjectif démonstratif τόδ᾽ (v. 142) qui permet le passage de la réalité concrète à la réalité abstraite.
20Il y a quelque chose d’exceptionnel dans ce passage. Ce n'est pas que le sceptre soit donné par Zeus. Jebb remarquait déjà dans son commentaire des vers 139 et 140 que dans l'Iliade, au chant IX vers 98, Nestor déclarait qu'Agamemnon s'était vu confier par Zeus le sceptre et les lois coutumières pour régner42. On pourrait ajouter qu'il existe au moins un précédent sur la scène tragique ; c'est le passage des Euménides dans lequel Apollon déclare qu'Oreste a eu raison de venger un père “qu'entourent les respects dus au sceptre, présent de Zeus”43. En revanche l'expression κράτος ὠγύγιον est littéralement inouïe.
21En effet, l'adjectif ὠγύγιος est rare. Ellendt44 n'en donne qu’une autre occurrence chez Sophocle : c'est le vers 1770 de l'Œdipe à Colone et il désigne Thèbes. Partout ailleurs que dans Philoctète, cet adjectif est justement associé à des lieux. Dans Eschyle, comme l'indique Italie, il qualifie aussi Thèbes et Athènes et une fois la grotte où les Euménides vont résider à Athènes45. Dans son unique emploi chez Euripide, il se rapporte aux portes de Thèbes appelées Ogygies46. Le sens de cet adjectif selon Ellendt est antiquissimus et selon Italie priscus. Dans son commentaire des Sept contre Thèbes, Hutchinson confirme le sens d'“ancien” et ajoute que dans d'autres contextes, par exemple dans Philoctète, “the sense ‘awesome’ seems more appropriate”47.
22L'innovation de Sophocle consiste donc à inscrire le κράτος de Néoptolème dans le temps d'une durée extrême et ainsi à l'opposer à l'autorité du τι καινόν d'Ulysse que Néoptolème ne doit reconnaître, selon les mots de son “chef’, que “pour un bref moment d'indignité : une journée”48. C'est pourquoi je ne souscris pas à l'hypothèse selon laquelle le chœur n'a pas d'identité propre puisqu'il est une projection de la pitié et des remords de Néoptolème. Il y a entre eux une véritable relation d'autorité où chacun a sa part. Les marins obéissent à Néoptolème parce qu'il est investi d'un pouvoir consacré par le temps et par Zeus, qui sont déjà les raisons pour lesquelles Antigone suivait la loi non écrite49. Cela justifie le choix de l'adjectif ὠγύγιος qui combine les notions d'ancienneté et de respect ; c'est lui qui confère à κράτος (qui souvent chez Sophocle désigne le pouvoir royal50) le sens fort d'autorité.
23Mon hypothèse est donc que Sophocle pose les trois questions suivantes aux spectateurs : Une autorité qui ne revendique pas pour elle-même la durée et l'aspiration à durer est-elle encore une autorité ? Combien de temps va-t-elle rester crédible ? Peut-on faire l'économie du passé et de sa force de légitimation quand il faut que gouvernants et gouvernés agissent ensemble ? Autrement dit, le présent en politique peut-il suffire à sa propre justification ?
24Aux deux premières questions la réponse est nette. A partir du vers 895, Néoptolème conteste le choix de la ruse mais accepte encore l'autorité d'Ulysse. Au vers 1259 c'est la rupture, car la φύσις de Néoptolème a repris tous ses droits. Pour donner une réponse à la troisième question, il faut se prononcer sur l'apparition d'Héraclès à la fin. En effet c'est lui qui empêche Philoctète et Néoptolème de partir pour le pays maliaque ; sa fonction dramatique la plus immédiate est de les “retenir”51 pour leur faire entendre les arrêts de Zeus.
25Ce texte a fait l'objet de très nombreux commentaires qui se rangent en deux groupes. Pour les uns, l'apparition d'Héraclès vient dans le droit fil de ce qui la précède ; elle prolonge les efforts de Néoptolème comme le pensent Kirkwood, Alt, Podlecki et R. Buxton52, ou encore elle est la manifestation suprême de la φιλία déjà présente chez le fils d'Achille53. Dans une perspective ouvertement structuraliste, E. Gilis54 entend montrer que Philoctète et Héraclès sont tous deux placés “entre nature sauvage et civilisation”, ce qui les rapproche à tout point de vue.
26Pour les autres, moins nombreux, l'apparition du deux ex machina est en décalage avec le reste de la tragédie. Pour Robinson, Sophocle a voulu que nous ne retenions que le désir de Philoctète de rentrer chez lui, ce qu’il appelle la “true conclusion”55. Garvie, lui, insiste sur le fait que l'apparition d'Héraclès n'est pas bien intégrée à ce qui précède56. Enfin V. Di Benedetto57 a établi que l'amitié n'était pas la raison pour laquelle Héraclès apparaissait et il a montré que les πόνοι de Philoctète dans la pièce n'avaient rien d'héroïque, contrairement à ceux d'Héraclès.
27Cette seconde lecture me semble plus convaincante. Je propose de lire ce texte comme le second moment où l’autorité se manifeste. Comme le remarquaient déjà Podlecki et Rose58, Héraclès adresse à Philoctète des μῦθοι (v. 1410, 1417 et 1447). Ce terme, qui n’est employé nulle part ailleurs dans la pièce, nous paraît avoir la signification que lui confère R. Martin dans le cadre de son opposition pertinente avec ἔπος dans l'Iliade59 : parole de l’autorité, parole qui assigne les choses et les êtres à se réaliser. Dès lors, Héraclès n’est plus l’ami, il n’évolue littéralement pas sur le même plan que les autres personnages ; eux sont des mortels, lui vient des “demeures du ciel” (οὐρανίας ἕδρας, v. 1413-1414) et se trouve en surplomb, sur le théologeïon.
28Il vient proposer un programme politique fondé sur l’existence d’une troisième voie. D’ailleurs Néoptolème ne s’y trompe pas, puisqu'il déclare au vers 1448 qu'il “dépose <s>on avis dans le même sens <qu'Héraclès>”60 : or le choix de cette tournure, comme le remarquait déjà Jebb61, rappelle l'expression usuelle en grec désignant le vote (ψῆφον τίθεσθαι). Il est le dernier champion à pouvoir plaider la cause grecque. Sa stratégie consiste à évacuer les conflits du présent en les rattachant à un passé qui en fournit une explication rassurante et glorieuse.
29Quelle est maintenant la tactique ? D'abord Héraclès ressoude la communauté au bord de la guerre civile en lui désignant l’étranger (et plus le Grec) comme l'ennemi. Tous les malheurs de Philoctète viennent, dit Héraclès, de Pâris (τῶνδ᾽ αἴτιος κακῶν, V. 1426) : il n’est plus ici question des Atrides, mais bien sûr de la faute première, le rapt d'Hélène, qui a déclenché l’expédition contre Troie. Le but est de mettre fin aux imprécations incessantes contre les Atrides qui ravivent sans cesse le souvenir de l'abandon sur Lemnos62 et qui rendent tout avenir commun impossible. Ensuite, Héraclès précise que Philoctète sera guéri par Asclépios63. Or Néoptolème promettait naguère à Philoctète qu'il serait soigné par les enfants d'Asclépios (v. 1333-1334). Autrement dit c'est le passé qui vient au secours du présent, puisque Asclépios était déjà mort au moment où la guerre de Troie a commencé. La communauté trouve donc en Asclépios le médecin idéal : il est grec et Philoctète ne peut rien lui reprocher. Sa présence offre donc un compromis et une médiation efficaces entre les Grecs et Philoctète.
30Enfin l’arc de Philoctète me paraît être le symbole même de l'autorité dans ce passage. C'est cet arc qui doit tuer Pâris ; il met donc fin aux malheurs de Philoctète et des Grecs du même coup. Il permet d'effectuer le geste rétablissant la saine équivalence du Grec et de l'ami, de l'étranger et de l'ennemi, qui n'a cessé d'être problématique durant la tragédie. Ensuite, cet arc fait le lien entre le passé glorieux de la première expédition contre Troie et le présent, c'est-à-dire la seconde expédition ; il lui revient de prendre cette ville “une seconde fois” (τὸ δεύτερον, v. 1439). Cette arme prend une autonomie qu'elle n'a jamais eue auparavant, car, comme Harsh l'a montré64, elle était toujours un objet de convoitise, un signe de reconnaissance entre braves ou encore le seul moyen de Philoctète pour se procurer de quoi vivre. Affranchie des visées de chacun, elle retrouve sa raison d'être, qui est d'unir les générations et les individus.
31Cette présence efficace du passé explique la requête d'Héraclès : Philoctète devra déposer sur le bûcher du héros, sur l’Œta, une part de butin donnée par l'armée (σκῦλα τοῦδε τοῦ στρατοῦ, v. 1432). Ce sera une offrande faite en mémoire de l'arc (τόξων τῶν ἐμῶν μνημεῖα, v. 1433). Dans son étude du passage, J. de La Villa établit que cette part du butin est probablement distincte de celle réservée en propre par l'armée à Philoctète65 ; celle-ci récompense la valeur guerrière du fils de Pœas, celle-là est un geste de reconnaissance envers le premier propriétaire de l'arc et le premier vainqueur de Troie. C'est donc admettre l'autorité d'Héraclès et inscrire le présent dans le droit fil du passé.
32On pourrait objecter deux choses parmi d’autres à cette lecture. La première, que les Grecs de la tragédie ne sont pas aussi sensibles que je le prétends à l'autorité. En effet ils ne suivront pas l'avis d'Héraclès d'“être pieux envers les dieux” (εὐσεβεῖν τὰ πρὸς θεούς, v. 1441) au moment de prendre Troie. De fait, comme déjà dans Électre et ensuite dans Œdipe à Colone, la fin de la pièce renvoie à un avenir fait de malheurs : le palais des Atrides va voir “les désastres futurs des Pélopides” (v. 1498), Antigone n'empêchera pas le combat fratricide. Mais il est temps de revenir à ce que dit Hannah Arendt : Héraclès, s'il a de l'autorité, ne saurait justement ni contraindre ni persuader les Grecs. A eux de suivre son exemple et à faire en sorte que le présent soit toujours à la hauteur du passé.
33Ensuite on pourrait soutenir que la théorie générale d'Hannah Arendt est malgré tout juste, puisqu'elle s'appuie sur l'histoire des Grecs et moi sur un texte littéraire. Mais n'y a-t-il pas entre histoire et littérature une complémentarité orageuse plutôt qu'une opposition ? Je crois ainsi pour ma part que Sophocle a doté son Philoctète de ce que J. Starobinski appelle “une singulière polyvalence : les éléments qui – dans leurs rapports réciproques – contribuent à la cohérence organique de l'œuvre sont ceux-là mêmes qui, sous un autre angle, soutiennent une relation différentielle et polémique avec la littérature antécédente ou la société environnante66.”
Bibliographie
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Notes de bas de page
1 Arendt 1972, 121-186.
2 Id., 138.
3 ld„ 123-124.
4 Id., 162.
5 Id.
6 Hellegouarc'h 1972, 295-320, en particulier 299-300.
7 Taplin 1971.
8 D. Chr. 52.2 : τὸ μὲν πλέον ἑκών, τὸ δὲ πειθοῖ ἀναγκαίᾳ
9 Ici., 10.
10 Cf. l'emploi dans cette même phrase des termes βίος, θάρσος et εὐκλεία qui sont les trois biens procurés par l'arc.
11 Voir l'étude classique de R. Buxton sur l'opposition des deux dans Buxton 1982, 62-63.
12 D. Chr. 59.4 : πείσαντες δώροις ἅμα καὶ διὰ τὴν ἔχθραν τὴν πρὸς ἡμᾶς.
13 Müller 1993, 244.
14 C'est peut-être ainsi qu'il faut lire le fragment 798 Nauck2 qui fait dépendre les succès et les revers de l'individu de ceux de la patrie.
15 D. Chr. 52.11 : άντίστροφός ἐστι τῇ τοῦ Αἰσχύλου.
16 Id.. 15 :“Ο τε Σοφοκλῆς μέσος ἔοικεν ἀμφοῖν εἷναι.
17 Soph., Ph., 929, 949, 1136 et 1228.
18 Cf. D. Chr. 52.5-6.
19 Garvie 1972. 213-226, notamment p. 215.
20 Podlecki 1966.
21 Cf. Alt 1961.
22 Picco 1997. 261-307.
23 Buxton 1982, 118-132.
24 Id., 124.
25 Di Benedetto 1991, 211-212, notamment p. 212 : “la φιλία entre les deux <hommes> est la seule issue que Sophocle indique de façon positive dans la tragédie.”
26 Soph., Ph„ v. 999, 1197 et 1392.
27 Cf. id., v. 952-960, 1081-1094, 1101-1110, 1146-1162.
28 Alt 1961, 149.
29 Winninton-Ingram 1980, 284.
30 Donnet 1991,301-306.
31 Id., 304.
32 C'est la très utile page 303.
33 Soph., Ph., v. 16-39 et 144-160.
34 Id., v. 43 et 162-168.
35 Id., v. 68-69, 113, 115 et 191-200.
36 ld., v. 118 : Σοφός τ᾽ ἂν αὐτὸς κἀγαθὸς κεκλῇ᾽ ἅμα.
37 Detienne 1981, notamment 9-29 (deuxième chapitre, “Vérité et Société”).
38 Soph., Ph., v. 98-99 : νῦν δ᾽ εἰς ἔλεγχον ἐξιὼν ὁρῶ βροτοῖς
τὴν γλῶσσαν, οὐχὶ τἄργα, πάνθ᾽ ἡγουμένην.
39 Reinhardt 1933, 225-226.
40 Cf. Gastaldi 1996.
41 Burton 1980, 228.
42 Jebb 1932, 38.
43 Aesch., Eu., v. 626 : διοσδότοις σκήπτροισι τιμαλφούμενον.
44 Ellendt 1872, II, 991.
45 Italie 1964, 333. Pour Thèbes les références sont Th., v. 321 et Pers., v. 37 ; pour Athènes, Pers., v. 974 ; enfin pour le séjour souterrain des Euménides, Eu., v. 1036.
46 Allen & Italie 1954, 680. Eur., Ph., v. 1113.
47 Hutchinson 1985, 96.
48 Soph., Ph., v. 83 : εἰς ἀναιδὲς ἡμέρας μέρος βραχύ.
49 Soph., Ant., v. 456-457.
50 Sur les 23 occurrences de ce mot chez Sophocle, κράτος est associé à 7 reprises au pouvoir proprement royal : OT, v. 237 et 758 ; Ant., v. 60, 166, 173 et 873 ; OC, v. 373.
51 Soph., Ph., v. 1416 : κατερητύσων θ᾿ ὁδὸν ἢν στέλλῃ.
52 Kirkwood 1958, 40 ; Alt 1961, 174 ; Podlecki 1966, 245 et Buxton 1982, 128-131.
53 C’est l’opinion de P. Easterling, dans Easterling 1983, 224.
54 Gilis 1991-1992, 52.
55 Robinson 1969, 55.
56 Garvie 1972, 226.
57 Di Benedetto 19914, 210-215.
58 Podlecki 1966, 244-245 et Rose 1976, 101.
59 Martin 1989 (chap. 1 : “Performance, Speech-Act and Utterance”).
60 Soph., Ph. : Κἀγὼ γνώμην ταὐτῇ τίθεμαι.
61 Jebb 1932, 223.
62 Soph., Ph., v. 257-275, 314-316, 791-795, 869-873, 1016-1037. 1200-1202, 1354-1356 et 1390.
63 Id., v. 1437-1438: ᾽Ασκλήπιον / παυστῆρα πέμψω σῆς νόσου πρὸς Ἴλιον.
64 Harsh 1960.
65 La Villa 1990.
66 Starobinski 1970, 21-22.
Auteur
Lycée de Saint-Denis de la Réunion
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