Le roi et l’armée chez Sophocle
p. 135-145
Texte intégral
1Qu’elle serve de toile de fond à l’action, ou qu’elle en constitue au contraire le sujet même, la guerre est traditionnellement l’un des thèmes essentiels de nombreuses tragédies qui nous ont été conservées. La présence du roi et l’évocation de son armée dans la Tragédie sont donc banals et paraissent d’autant plus naturels au public athénien du ve s. a.C. que les stratèges ont essentiellement un rôle militaire inhérent à leur fonction, et que l’exercice de l’autorité politique se traduit par le commandement militaire.
2Or, une comparaison rapide des tragédies conservées d’Eschyle ou d’Euripide avec celles de Sophocle ne manque pas de révéler une singularité chez ce dernier. Lorsque les chefs et leur armée sont évoqués dans un contexte militaire chez Eschyle, l’accent porte principalement sur l’affrontement avec l’ennemi1. Chez Euripide, hormis dans Iphigénie à Aulis, le rapport avec l’ennemi est au centre des enjeux de l’action tragique, que ce soit dans les Héraclides et les Suppliantes, où le roi d’Athènes protège des suppliants contre des poursuivants non-athéniens, ou dans les pièces troyennes Andromaque, Hécube ou les Troyennes, qui font porter l’attention sur le sort pitoyable des femmes des vaincus. Chez Sophocle, en revanche, trois tragédies conservées se déroulent avec la guerre en arrière-plan : Ajax, Antigone et Philoctète ; or, le souverain y apparaît toujours confronté à une résistance interne à son propre camp : l’insoumission d’un héros qui, par son refus d’obéir, contraint le général à user du langage tyrannique et fait apparaître son pouvoir comme excessif. Dans ces trois pièces, auxquelles se limitera notre étude, l’autorité indissolublement politique et militaire du dirigeant devient inquiétante en étant confrontée à la volonté inflexible de celui qui ne se plie pas à la discipline du soldat. Ainsi, dans ces tragédies, et contrairement à ce que l’on trouve par exemple dans l’Agamemnon d’Eschyle2 ce n’est pas l’armée qui souffre de cet excès de pouvoir. Au contraire, celle-ci est souvent invoquée par le monarque comme l’incarnation d’un intérêt commun qui justifie son action, et à travers la présentation qu’en fait le roi, son image se révèle parfois aussi effrayante et menaçante pour le héros que le souverain despotique. L’accent mis sur le pouvoir militaire du roi et le rôle donné à son armée présentent donc son autorité de manière négative notamment en montrant comment sa parole politique s’appuie sur la discipline militaire. Il n’est pas impossible que cette présentation traduise des tensions entre le fonctionnement démocratique de la constitution athénienne et le pouvoir nécessairement politique et militaire des magistrats sur leurs concitoyens3. L’exercice du pouvoir dans un contexte guerrier et le rôle donné à l’armée dans ces pièces sont en tout cas montrés par Sophocle sous le signe de l’excès. L’étude du vocabulaire pour désigner le pouvoir du roi dans ces trois tragédies souligne d’emblée cette présentation critique.
3Le vocabulaire pour désigner l’autorité du roi chef de guerre traduit le plus souvent une mise en cause du pouvoir du général. Une partie du lexique est naturellement héritée de l’épopée et est absente du vocabulaire politique du ve s. a.C. Néanmoins, la répartition des emplois de ces mots n'en est pas moins révélatrice de l’éclairage jeté sur le souverain.
4Ainsi le terme ἄναξ est traditionnellement employé dans la Tragédie comme une marque de respect lorsqu’un personnage s’adresse au roi. Dans Antigone, il est ainsi employé onze fois et à neuf reprises au vocatif pour s’adresser à Créon4. Or jamais Antigone ne l’emploie pour s’adresser au souverain ; Tirésias lui-même lorsqu’il entre sur scène, et en présence de Créon, adresse d’abord la parole au groupe constitué par le roi et le chœur des vieillards, ses conseillers, en les appelant Θήβηϛ ἄνακτεϛ (v. 988), mais il n'adresse pas ce titre personnellement à Créon, dont il va critiquer l’attitude sacrilège. Dans le Philoctète, le terme est employé par Néoptolème lorsqu’il s’adresse à Ulysse (v. 94), et par le chœur lorsqu’il parle à Néoptolème5. Mais Philoctète ne l’utilise, lui, qu’une seule fois, pour désigner Ulysse, et dans un contexte manifestement critique, lorsqu’il se présente à Néoptolème : “Je suis le fils de Péas (...) que les deux chefs de notre armée, ainsi que le roi des Céphaloniens (χὠ Κεφαλλήνων ἄναξ), ont jeté ici ignominieusement (αἰσχρῶϛ)” (v. 264 sq.). Dans Ajax, le chœur des marins l'emploie pour parler de son chef Ajax6, mais celui-ci ne saurait l’utiliser, non plus que Teucros, pour désigner les Atrides, dont ils contestent tous deux l’autorité. Le verbe ἀνάσσειν, qui, chez Homère, désigne le pouvoir royal, et chez Sophocle, s’applique au pouvoir divin7, est toujours employé en revanche dans un contexte valorisant : dans l’Ajax, Teucros l’emploie pour désigner le pouvoir que Ménélas détient légitimement à Sparte, pour mieux l'opposer au pouvoir qu’il lui conteste sur l’armée (v. 1100 sq.). Dans le Philoctète, Ulysse évoque ainsi l’ordre des chefs lorsqu’il a abandonné Philoctète (τῶν ἀνασσόντων ὕπο, v. 6), et les marins désignent ainsi avec respect le pouvoir de leur roi Néoptolème (v. 140).
5Terme tout aussi traditionnel, βασιλεύϛ est moins employé chez Sophocle que chez Eschyle, et P. Carlier a noté la baisse de la fréquence des emplois, parallèle à l’accroissement des emplois de τύραννοϛ et sans doute liée à l'essor du débat sur le pouvoir politique8. Absent du Philoctète, le terme est employé dans Ajax dans des parties lyriques, comme si son emploi était empreint d’archaïsme ; il est toujours associé, parfois avec une ironie amère, à une dénonciation du pouvoir des Atrides. Le chœur des soldats d’Ajax évoque les “grands rois” (οἱ μεγάλοι βασιλῆϛ) qui inventent des calomnies contre leur chef (v. 189), et il imagine plus tard le rire des deux rois et d’Ulysse (v. 959 sq.) ; Ajax maudit de son côté Ulysse et les deux rois (τοὺϛ δισσάρχαϛ βασιλῆϛ, v. 390). Les emplois du terme homérique et traditionnel sont donc systématiquement dévalorisés par le contexte. Ainsi, ἄναξ et βασιλεύϛ mots valorisants, désignent rarement le roi dans son rôle militaire, ou bien, comme βασιλεύϛ, ils sont utilisés dans des contextes ironiques ou critiques.
6Τύραννοϛ, qui désigne un pouvoir fort, mais pas nécessairement tyrannique, se trouve employé chez Sophocle de manière délibérément ambivalente. Alors que chez Eschyle le mot prend clairement un sens laudatif ou critique selon le contexte9, Sophocle joue sur sa double portée pour suggérer l’excès inhérent au pouvoir exercé. Si le mot n’est pas employé dans le Philoctète, il est en revanche bien présent dans Ajax. Agamemnon l’emploie pour parler de lui dans une gnomè ; Ulysse vient en effet de dire au roi, qui refuse les honneurs funèbres à Ajax : “Ne te plais pas, Atride, à des succès sans gloire” (κέρδεσιν τοῖς μὴ καλοῖς, v. 1349). Le texte suggère ainsi l'αἰσχροκέρδεια traditionnelle du tyran10 ; or Agamemnon répond précisément : “Il n’est pas toujours facile à un τύραννοϛ d’être pieux” (v. 1350). Si le roi veut ainsi souligner l’importance de son pouvoir, l’emploi de ce mot dans un tel contexte ne peut que trahir pour le spectateur l’excès d’autorité du souverain. Il est à cet égard révélateur que dans le cours de la pièce, lorsque la réhabilitation d’Ajax est préparée par le messager, qui annonce le retour de Teucros ainsi que les causes et la fin de la colère d’Athéna, le personnage prenne soin de préciser que le devin Calchas s’écarte du cercle des rois pour prendre amicalement la main de Teucros (v. 749-751) : le cercle royal est alors désigné par l’épithète τυραννικόϛ (v. 749)11.
7Dans Antigone, τύραννοϛ et τυραννίϛ ne sont utilisés que dans des gnomai, qui n’en sont pas moins des indications sur la manière de percevoir l’attitude de Créon. Ismène évoque en effet avec inquiétude ce qui se passerait si elle et sa sœur passaient outre au pouvoir des τύραννοι (v. 60). Plus tard, Antigone face à Créon évoque une loi générale qui s’applique au souverain : “mais c’est – entre beaucoup d’autres – l’avantage de la tyrannie (ἡ τυραννίϛ) qu’elle a le droit de dire et faire absolument ce qu’elle veut” (v. 506 sq.). Dans son affrontement avec le roi, Tirésias rappelle que la race des τύραννιϛ est avide de profits (v. 1056), et à la fin de la pièce, devant le sort misérable de Créon, le messager montre qu’il ne sert à rien de vivre dans le décor des τύραννοι pour être heureux (v. 1169).
8Cette mise en cause du pouvoir s’accompagne de la presque disparition des termes ou des images traditionnels qui se rattachaient à la fonction militaire du roi dans l’univers épique et encore chez Eschyle. L’image homérique du roi “pasteur de peuple”, encore présente chez ce dernier12, a disparu des tragédies conservées de Sophocle. Des épithètes, comme θεῖος employée pour le monarque par Eschyle, ne sont plus utilisées13. Πρόμος, qui chez Homère désigne “le champion qui combat hors des lignes”14 et qui est employé plusieurs fois par Eschyle au sens de “chef’ avec une tonalité valorisante, n’est plus présent qu’une seule fois avec ce sens15. De nombreux termes qui désignent le roi dans sa fonction militaire ont également presque disparu : ἀγόϛ n’est plus employé par Sophocle16, et ταγóς, qui appartient à la racine de τάσσω, et qui est fréquent chez Eschyle17, ne se trouve que dans Antigone, lorsque Créon rappelle son rôle de chef militaire pour exiger l’obéissance de Tirésias18. Κοίραοϛ dont l’étymologie note probablement un commandement19, et qui dans l’Iliade comme dans l’Agamemnon désigne un chef de guerre20, n’est présent que dans l’Œdipe à Colone pour présenter Thésée de manière laudative (v. 1287, 1759).
9En revanche, si les termes traditionnels valorisants disparaissent, les termes contemporains ou proches de la réalité du temps sont fréquemment employés pour désigner le pouvoir militaire, et presque toujours dans des passages où cette autorité est contestée ou sa violence dénoncée. Le mot στρατηγόϛ, familier aux Athéniens, est employé dans l’Ajax, dans la seconde partie de la pièce, lorsque Teucros conteste l’autorité des Atrides sur Ajax et lui-même ; Ménélas n’est pas le stratège de tous (v. 1105 sq.), et le titre appliqué essentiellement à Agamemnon l’est sur le ton du défi (v. 1109, 1116) ou de l’injure : Teucros fustige la décision d’un général “soudain pris de démence” (ὁ στρατηγὸϛ οὑπιβρόντητοϛ, v. 1386). Seul l’Atride reprend fièrement le titre (v. 1232). Dans Philoctète, le terme n’est utilisé qu’à deux reprises, mais toujours par Philoctète, lorsqu’il évoque avec haine son abandon ignominieux par les deux stratèges (v. 264), ou leur rire haineux (v. 1024). Antigone utilise une fois στρατηγόϛ alors qu’elle annonce à sa sœur la proclamation de Créon, qu’elle refuse (Ant., v. 8). Le terme poétique στρατηλάτηϛ qui, chez Eschyle, présente de manière flatteuse Agamemnon (Eu., 637), est employé de manière plus ambivalente21 : seul Philoctète l’emploie pour souhaiter la mort des Atrides (v. 793) ou lorsqu’il évoque, avec une ironie cinglante, les deux ἁγαθοὶ στρατηλάται (v. 873).
10Quant à la périphrase οἱ ἐν τέλει, courante chez Hérodote ou Thucydide pour désigner les hommes au pouvoir22, elle est généralement associée chez Sophocle à des passages où la dureté et l’immoralité de l’autorité politique se trouvent dénoncées. Néoptolème cherche à tromper Philoctète en s’en prenant à Ulysse et en mettant surtout en cause la culpabilité des “hommes au pouvoir” (v. 385) ; après avoir volé l’arc, Néoptolème refuse de le rendre à Philoctète malgré sa sympathie pour lui parce qu’il doit l’obéissance à ceux qui sont ἐν τέλει (v. 925 sq.), et dans Antigone, Ismène veut obéir aux “pouvoirs établis” (v. 67), alors qu’elle vient d’affirmer qu’elle ne cède en définitive qu’à la violence (βιάζομαι τάδε, v. 66).
11L’effacement du vocabulaire traditionnel et laudatif, la forte présence, dans un contexte le plus souvent critique, du vocabulaire contemporain pour désigner la fonction de général, sont donc autant d’éléments qui contribuent à la mise en cause du pouvoir militaire du souverain.
12Cela est particulièrement net si l'on envisage de ce point de vue Créon dans Antigone. Il est en effet devenu souverain en raison de la guerre, qui vient juste de s’achever, et c’est pourquoi Antigone l’appelle à bon droit στρατηγόϛ (v. 8). Le chœur dans la parodos évoque le Zeus des victoires (Ζεὺϛ Τροπαῖοϛ, v. 143), ainsi que Νίκη (V. 148). Lorsque Créon définit donc son rôle politique, en professant les bons principes de l’homme d’Etat dans une sorte de discours du trône (v. 161-210)23, il donne une large place, comme il est naturel, au salut de la cité ; en évoquant le gouvernement de la polis et les lois (ἀρχαί et νόμοι, v. 177) il fait porter l’accent sur la philia que l'on doit à sa patrie (182 sq.), et surtout sur une définition du philos entièrement subordonnée à la cité : un ennemi de la terre de la patrie ne saurait être un φίλοϛ (v. 187 sq.). Ces gnômai justifient ensuite pleinement sa décision de refuser la sépulture à Polynice (v. 194 sq.). Or ce sont ces principes politiques et militaires destinés à assurer le salut de la polis qui se trouvent pervertis dans le cours de l’action tragique.
13Dans le premier épisode en effet, devant le garde, Créon devient soudain soupçonneux (v. 289 sq.), selon une évolution que l'on trouve également dans l’Œdipe Roi, et qui transforme l’homme d’État soucieux du bien commun en personnage tyrannique. Sans reprendre les termes bien connus qui font peu à peu paraître son pouvoir excessif, il est frappant que les valeurs militaires invoquées par Créon ne servent plus seulement désormais à évoquer l’importance de l’intérêt commun ou le salut de la cité : elles sont mentionnées pour elles-mêmes et servent à souligner simplement l’importance des rapports hiérarchiques d’obéissance et de soumission. Devant Antigone, s’il rappelle que Polynice ravageait sa propre partie (v. 518), il en vient à formuler une règle absolue où la cité n’intervient plus : “L’ennemi même mort n’est jamais un ami”24. Mais c’est surtout face à Hémon que Créon évoque la rébellion25 d’Antigone sans rappeler l’intérêt commun : il souligne le risque du désordre, de l’anarchie (ἄκοσμοϛ, v. 660, ἀναρχία, v. 672), et loue la vertu de l’obéissance (πειθαρχία, v. 676), en fustigeant le risque d’obéir à une femme, en des termes qui rappellent les exhortations d’Étéocle dans les Sept contre Thèbes d’Eschyle26. Il en vient ainsi à réclamer l’obéissance au chef de la cité en toute chose, même pour ce qui n’est pas juste (v. 666-667). Selon lui, seul celui qui se sera laissé commander saura à son tour commander27. La réalité de la cité disparaît ainsi derrière les seuls termes de pouvoir, comme le laisse entendre Hémon lorsqu’il montre à son père le risque de gouverner une cité vide (v. 739). Même face à Tirésias, Créon rappelle au devin, en employant le terme militaire ταγόϛ, le respect que l’on doit à ses chefs (v. 1057).
14Face à ce langage où subsistent principalement des paroles d'autorité appuyées sur les vertus militaires, c’est Hémon qui rappelle à son père l’importance de la polis, et de son opinion (v. 692 sq.) ; Créon n’accepte pas, contrairement au magistrat qui rend des comptes à l’assemblée du peuple, que la cité puisse donner des ordres à sa place : Πόλιϛ γὰρ ἡμῖν ἁμὲ χρὴ τάσσειν ὲρεῖ ; (v. 734). Le rapprochement fait par Créon entre la gestion du foyer et celle de la cité est révélatrice d’une conception du pouvoir où n’est pas respectée la singularité, pourtant traditionnelle28, du politique et du public, opposé au privé, où seul dirige le δεσπότηϛ, le maître de maison (v. 661 sq.).
15Ainsi, les termes qui expriment traditionnellement l’obéissance et la subordination dans un contexte militaire en vue du salut commun, servent ici à exprimer peu à peu la dérive tyrannique de l’autorité royale, où la cité et les citoyens sont oubliés ou opposés à la volonté du monarque.
16Cette présentation ambivalente de l’aspect militaire du pouvoir, nous la retrouvons sous une autre forme dans l’Ajax et dans le Philoctète, deux tragédies où l’armée se trouve en outre étroitement associée au roi lorsqu’il se heurte au héros sophocléen. L’armée participe ainsi de la même présentation inquiétante que le souverain.
17L’Ajax est marqué par un double mouvement où la place et le rôle donnés à l’armée par rapport au roi et au héros se modifient dans le cours du drame.
18Dans le prologue, Ajax, dont la baraque se trouve d’ailleurs à une extrémité du camp, comme dans l’Iliade (Hom., Il, 8.223-5 ; 9.6), est totalement isolé, puisque les propos d’Ulysse soulignent à quel point il s’en est pris à toute la collectivité des soldats, dont il s’est ainsi retranché. Dans son récit des événements, le fils de Laërte évoque un “nous” qui désigne tous les guerriers29. “Chacun” accuse Ajax (v. 28). Dans un tel contexte, le jugement pour l’attribution des armes d’Achille n'est même pas attribué aux Atrides (v. 41), comme si tout le groupe en était responsable, et Athéna confirme que c’était bien toute l’armée qui était menacée (v. 43 sq.). Les deux rois ne sont donc pas nommés, mais présentés simplement comme deux stratèges, étroitement associés à leurs hommes30. Ajax attaquait d’ailleurs sans distinction “tel ou tel chef” (ἄλλοτ ’ᾄλλον ἐμπίτνων στρατηλατῶν, v. 58) et lui-même affirme qu’il voulait tremper son épée dans le sang de l’armée argienne (πρὸϛ Ἀργείων στρατῷ, v. 95 sq.). Les Atrides ne sont pas individualisés, mais Ajax s’en est pris à la collectivité et à ses stratèges.
19Dans la seconde partie de la pièce, lorsqu'Ajax est mort et que Ménélas vient empêcher Teucros d’honorer la dépouille du héros, nous constatons que le frère d’Agamemnon invoque d’abord l’intérêt général pour justifier sa décision : celui que l’on croyait un allié et un ami des Achéens (Ἀχαιοῖϛ ξύμμαχον ε καὶ φίλον) est devenu un ennemi (v. 1054 sq.) en complotant “le massacre de toute l’armée” (στρατῷ ξύμπαντι, v. 1055) ; Ménélas se réclame d'un “nous” de majesté ou collectif qui confond les généraux avec leur troupe (v. 1058 sq.). Or ce “nous” devient bientôt celui des seuls Atrides, et le vocabulaire du pouvoir, selon la même évolution que pour Créon dans Antigone, est employé sans n’être plus mis en relation avec le salut commun ; Ménélas va en effet jusqu’à affirmer : “Si nous n’avons pu venir à bout de lui vivant, bon gré mal gré nous le ferons obéir mort” (v. 1067s) ; κρατεῖν et ἄρχειν se trouvent alors détournés de leur usage militaire et politique. D’une manière choquante pour les Athéniens de la cité démocratique, il ajoute avec mépris qu’un simple δημότηϛ doit seulement obéir à ses chefs (τῶν ἐφεστώτων κλύειν, V. 1071 sq.).31
20Le roi s’efforce pourtant ensuite d’introduire à nouveau dans son discours des gnômai qui soulignent l’importance de la crainte (δέοϛ, v. 1074, 1084) et même de la peur (φόβοϛ, v. 1076) pour que l’armée se comporte avec discipline (σωφρόνωϛ, v. 1075), et que l'individu et la polis voient leur salut assuré (v. 1080-1083). Mais cette morale hoplitique traditionnelle s’achève sur un défi personnel insultant : “Cet homme était, hier, brutal et arrogant : aujourd’hui, c’est à moi à le prendre de haut” (v. 1087 sq.). Le coryphée commente aussitôt : “Ne commence pas, Ménélas, par poser de sages principes, pour ne plus étaler ensuite qu'insolence à l’égard des morts” (v. 1091 sq.).
21Avec l’arrivée d’Agamemnon, le chef de l’expédition, il y a une gradation dans l’affirmation brutale du pouvoir : l’armée et son salut ne sont pas du tout évoqués, non plus que l’intérêt de la cité ; pour l’Atride, le geste criminel d’Ajax s’efface derrière l’insoumission à son autorité. La comparaison avec le bœuf que l’on mène à l’aiguillon (v. 1253 sq.), le rappel de l’origine barbare de Teucros qui le fait considérer comme un esclave (v. 1260 sq.), relèvent de l'affirmation d'un pouvoir nettement despotique, d’où le souci du salut commun a cette fois entièrement disparu, selon une progression marquante depuis le début de la pièce et l’intervention de Ménélas.
22Outre ce vocabulaire de l’obéissance, ainsi détourné de sa fonction protectrice pour le groupe et entièrement centré sur la dépendance personnelle exigée par le roi, l’armée participe elle aussi à la vision inquiétante et violente donnée des souverains. Pour Ajax et ses marins, elle est constamment associée à la turpitude des Atrides. Ajax, qui veut tous les tuer, répète au moment de mourir : “Allez ! Erinyes (...) n’épargnez pas leur peuple, leur peuple tout entier” (μὴ φείδεσθε πανδήμου στρατοῦ, v. 844). Si dans l’Iliade Hector redoute le sort qui attendra Andromaque emmenée en esclavage par les Grecs (Hom., Il., 6.459 sq.), ici Ajax craint de voir le même sort infligé à Tecmesse et à son enfant par ses anciens alliés (v. 498 sq.). Le chœur des compagnons du héros attribue d’ailleurs l’accusation contre leur chef aux μεγάλοι θόρυβοι de l’armée (v. 142) ; or θόρυβοϛ désigne précisément le méchant orateur dans l’Oreste d’Euripide (v. 905), ou le bruit de l’émeute évoquée par Hécube dans la pièce du même nom (v. 872), ou subi par Achille dans Iphigénie à Aulis (v. 1349). Sophocle est ici étrangement proche de la présentation de l’armée faite par Euripide32. Celle-ci est influençable, et Ulysse persuade facilement en inventant des récits : “visez les grands, et vos traits toujours porteront”, car le phthonos règne (v. 154 sq.). Au cœur de la pièce, le messager raconte l’arrivée de Teucros et le montre pris à parti par tous les Argiens à la fois (v. 722) ; entouré par un cercle de soldats, il manque de peu d’être lapidé (v. 728). La querelle entre Ajax et les Atrides, qui rappelle celle d’Achille et d’Agamemnon, est ici redoublée, pour ainsi dire, par la colère des hommes contre Teucros. D'ailleurs, celui-ci redoute qu’un ennemi (δυσμενήϛ) qui ne peut être qu'un Grec, vienne prendre le cadavre (v. 987) ; il ajoute que “tous” (πάντεϛ) sont prêts à bafouer les morts (v. 988 sq.). S’il place le petit Eurysace en suppliant auprès du corps de son père, c’est pour éviter que “quelqu’un dans l’armée” ne vienne l’enlever (τιϛ στρατοῦ, v. 1175). Même si Teucros acccepte à la fin qu’un soldat vienne de l’armée aider aux funérailles, cette remarque reste isolée (v. 1396 sq.). Seule Athènes est épargnée dans ce discrédit : Ajax évoque avec émotion l’illustre Athènes (κλειναί τ’ ’Aθῆναι, v. 861) et Salamine sa terre natale, tout comme le fait le chœur de ses marins (v. 1221 sq.). C’est un individu exceptionnel comme Ulysse, mais non pas le peuple comme dans les Suppliantes ou les Euménides d'Eschyle, qui incarne les vertus : l’armée participe de l’éclairage inquiétant porté sur ses chefs.
23De ce point de vue, le Philoctète présente l’armée d’une manière particulièrement riche, car son image évolue selon les personnages qui l’évoquent et selon le cours de l’action dramatique.
24Dans les propos de Philoctète, et dans ceux de Néoptolème lorsqu’il ment sur les conseils d'Ulysse, l'armée est présentée sous un jour particulièrement sombre, comme solidaire de la bassesse des Atrides. Philoctète évoque peu l’armée, car sa colère est essentiellement dirigée contre les chefs grecs, mais, tout comme Ajax, il l’associe pleinement à ses voeux de malheur : il se réjouit lorsque Néoptolème lui dit qu’il ira ravager Mycènes et Sparte (v. 324 sq.). Il souhaite que périsse “Ilion et tous ceux qui l’assiègent” (v. 1200 sq.). Néoptolème entre dans l’état d’esprit de Philoctète lorsqu’il lui annonce la mort de tous les nobles héros, Achille (v. 331), mais aussi Ajax (v. 410 sq.), Antiloque (v. 425), et Patrocle (v. 434) : Ulysse en revanche est bien vivant, ainsi que Thersite (v. 432 sq.). Le jeune homme souligne que “tout un État est dans ses chefs, et toute une armée de même” (πόλις γὰρ ἔστι πᾶσα τῶν ἡγουμένων στρατός τε σύμπας, v. 386 sq.). La guerre ne semble donc préserver que les πονηροί (v. 437).
25Mais cette image ne cadre pas entièrement avec les propos d’Ulysse dans le prologue : il rappelle au jeune Néoptolème que Philoctète fut abandonné pour préserver l’accomplissement des sacrifices et libations (v. 8 sq.). Ulysse présente en outre la ruse et la nécessité de prendre l’arc comme un service dû à toute la collectivité de l’armée : “si tu ne le fais pas, c’est à tous les Grecs que tu infligeras un chagrin” (v. 66 sq.). Néanmoins, le salut collectif exerce une lourde contrainte sur le fils d’Achille : le jeune homme ne doit pas être un προδότης (v. 94) ; il est “en service” (ὑπηρέτης, v. 53), et le mensonge est un moyen d’assurer le salut de tous (v. 109). De fait, le marchand confirme que le devin Hélénos, produit devant tous les Grecs, a fait une prophétie qui présente l’arc comme la condition de la victoire pour toute l’armée (v. 605-613), et lorsqu’il avoue tout à Philoctète, Néoptolème confirme cette version (v. 915 sq. 1337 sq.). S’il y a contrainte et nécessité d’obéir, toutes ces obligations émanent donc de la collectivité ; le chœur présente ainsi Néoptolème : “un homme choisi entre beaucoup d’autres, dont il n’a fait que suivre l’ordre (ταχθείς), pour seconder une cause qui est celle de tous les nôtres (κοινὰν ἤνυσεν ές φίλους ἀρωγάν)" (v. 1143-1145). L’armée est à l’origine d’une autorité pesante et qui se révèle injuste.
26Ulysse lui-même, lorsqu’il surgit dans la seconde scène du troisième épisode (v. 974-1080), se dit au service de Zeus33, mais comme il l’avait fait lorsqu’il évoquait l’intérêt de l’armée pour obtenir l’obéissance du jeune Néoptolème, il ne fait qu’utiliser le vocabulaire de la hiérarchie et de la contrainte militaire. Zeus est en effet présenté comme le dieu souverain qui a décidé (ᾧ δέδοκται ταῦθ’. v. 990) : Ulysse le sert (ὑπηρετῶ δʹ ἐγώ). Il finit par dire à Philoctète : “il faut obéir” (πειστέον τάδε. ν. 994). Le vocabulaire militaire de la soumission est donc utilisé par Ulysse pour présenter la volonté de Zeus ; aussi Philoctète ne peut-il que rétorquer qu’il est un homme libre et non un esclave (v. 995 sq.).
27De fait, dans le quatrième épisode, lorsque Néoptolème avoue tout à Philoctète, cette nécessité d’obéir et de se soumettre à la volonté de l’armée est dénoncée par le fils d’Achille en raison du mensonge auquel elle l’a contraint. Il reconnaît sa faute : “avoir obéi” à Ulysse et à toute l’armée (v. 1226) et avoir ainsi triomphé par “ruse et fourberie infâmes” (v. 1228). Aussi Ulysse a-t-il recours à la menace en évoquant toute l’armée qui s’en prendra au jeune homme pour cette rébellion (v. 1294)34.
28Or cette image critique de l’armée se modifie du tout au tout lorsque Néoptolème cherche à convaincre Philoctète en appuyant la véracité de sa parole sur la philia et la pistis (v. 1374 sq., 1385). Il évoque la guérison que le fils de Péas obtiendra des fils d’Asclépios (v. 1333), et l’armée s’efface comme puissance menaçante pour devenir seulement le regard qui verra dans le héros le plus vaillant des Grecs (Ἑλλήνων ἕνα κριθέντ'ἄριστον, ν. 1344 sq.) ; il obtiendra ainsi la plus haute des gloires (v. 1347).
29Pourtant, cette parole sincère ne suffit pas encore à convaincre Philoctète : seule la parole d’Héraclès se montre persuasive. Or, celle-ci se trouve précisément privée de tout terme indiquant une relation de subordination. Philoctète est en effet invité à écouter des conseils et non à obéir (v. 1410, 1417, 1434) ; des futurs prophétiques annoncent ce qui sera (v. 1423 sq.) et le verbe χρή désigne la prise inéluctable d’Ilion et ne s’applique pas directement à ce que doit faire le héros (v. 1439 sq.). Dès lors, si l’armée est mentionnée trois fois35, ce n’est plus comme un groupe de κακοί, ni comme une collectivité exerçant une contrainte. Il s’agit d’une armée héroïque idéale qui regardera le héros en reconnaissant sa gloire : il sera considéré comme le premier dans l’armée pour son courage (v. 1425) ; il obtiendra d’elle sa part du butin comme prix de sa vaillance (ἀριστεῖα, ν. 1429), et recevra une part de butin en mémoire des flèches d’Héraclès (v. 1431). L’armée admire l'héroïsme des deux hommes semblables à deux lions de l’épopée iliadique (v. 1436 sq.). Toute autorité menaçante a ainsi disparu.
30La pièce laisse donc subsister deux images antithétiques de l’armée : une troupe de coquins imposant sa volonté, ou une armée idéale admirant les héros et d’où toute relation de pouvoir inquiétante est absente. Cette vision idéalisée qui triomphe à la fin de la pièce n’existe que grâce à l’apparition d’Héraclès et à sa parole religieuse : ses μῦθοι (v. 1417) s’opposent à la trivialité brutale du réel et couronnent l’évolution dramatique de la pièce en assurant une solution religieuse et épique à la réalité politique, très comparable à celle que nous trouvons, dans un tout autre contexte, dans l’Œdipe à Colone.
31Le rôle militaire du souverain et l'image de l’armée que nous trouvons dans les trois pièces de Sophocle que nous avons étudiées jouent donc un rôle essentiel dans la présentation que le dramaturge fait de l’exercice du pouvoir et de la parole d’autorité. Le vocabulaire essentiellement militaire qui exprime une subordination et des rapports très hiérarchiques en vue d'assurer le salut commun par la discipline, se trouve en particulier dans Antigone ou dans l’Ajax détourné de son but : il sert la seule volonté du chef, au point de s’opposer à la cité et d’empêcher son fonctionnement politique démocratique. Sophocle exprime ainsi sans doute des difficultés inhérentes à l’exercice du pouvoir au sein même de la démocratie. L’image de l’armée, parfois aussi inquiétante que celle que l’on trouve chez Euripide, évolue en fonction de l'action dramatique et du point de vue des différents personnages. En effet, que ce soit dans l’Ajax ou dans le Philoctète, en étant solidaire de la dureté de ses généraux ou en leur permettant de justifier leur décision, elle participe de la vision critique qui est donnée du pouvoir et de son évolution. Le Philoctète oppose ainsi l’idéal héroïque au réel et à ses rapports de pouvoir et de force. Le roi et l’armée chez Sophocle, qui fut aussi stratège, tiennent donc une place importante dans ses tragédies conservées ; l’art avec lequel il s’en sert dans la composition de ses pièces souligne le rôle qu’ils jouent dans sa réflexion sur le pouvoir.
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Notes de bas de page
1 Il en est ainsi dans les Perses ou dans l’Agamemnon, ainsi que dans les Suppliantes, mais les Sept contre Thèbes présente beaucoup plus de complexité à cet égard.
2 Aesch., A., 445-460 ; dans les Suppliantes aussi Pélasgos craint que la cité ne lui tienne rigueur d’une guerre faite pour des femmes (341 sq, 401).
3 Cf. Boëldieu-Trevet 1999, 81 sq.
4 Soph., Ant., 223, 278, 388, 398, 563, 724, 766, 1091, 1103.
5 Soph., Ph., 150, 507, 510, 963.
6 Soph., Aj., 166, 190, 901.
7 Soph., El, 183, OR, 903, 1104
8 Carlier 1984, 236. Le mot βασιλεύϛ est employé 27 fois chez Eschyle, et 12 fois chez Sophocle, tandis que τύραννοϛ est utilisé 8 fois chez Eschyle et 19 fois chez Sophocle.
9 Ainsi à la fin de l’Agamemnon le mot désigne clairement Egisthe l’usurpateur (1633), tandis que dans les Choéphores, l'adjectif τυραννικός ; est employé par Oreste pour évoquer avec chagrin la mort de son père (479).
10 Cf. Soph., Ant, 1056 ; Euripide, Supp., 450s. Voir Lanza 1977.
11 Cf. Fartzoff 1993.
12 Aesch., Pers., 75, 241 ; À., 795.
13 Aesch., Pers., 75 ; A., 1547 ; Ch., 867. Chez Sophocle, l’épithète s’applique à Tirésias et à Jocaste dans OR, 298, 1235.
14 Hom., Il., 7.75, 136, etc ; DELG, 941.
15 Aesch., A., 200, 410 ; Eu., 399 ; Supp., 905. Chez Sophocle, dans OC, le vieil Œdipe s’en sert pour appeler Thésée et les Athéniens à son secours (884).
16 On le trouve dans Aesch., Supp., 248. 904, pour désigner le roi Pélasgos.
17 Il désigne les chefs de guerre dans les Perses (v. 23, 324, 480) et Zeus dans Prométhée (v. 96).
18 “Oublies-tu que tu parles d’hommes qui sont tes chefs (ταγοί) ?”, v. 1057.
19 DELG, 553.
20 Hom., Il., 2.204.487 ; A., 549 pour désigner les deux Atrides.
21 Ainsi Athéna l’emploie-t-elle avec respect pour désigner les Atrides (Soph., Aj., 58), et dans l’OC, il est utilisé dans l’éloge du bon général.
22 Hdt. 3.18, 9.106, Thc. 3.36.5, etc.
23 Discours qui fut apprécié des Athéniens eux-mêmes, puisque Démosthène le cite comme modèle : 19.247.
24 Οὔτοι ποθ’οὑχθρόϛ, οὐδ’ὅταν θάνῃ, φιλόϛ (v. 522).
25 Ἀπιστεῖν est alors employé (v. 656).
26 Cf. Th., 224.
27 καλῶϛ μὲν ᾄρχειν, εὖ δ’ἂν ᾄρχεσθαι θέλειν (669).
28 Ainsi dans les Suppliantes d’Eschyle, Pélasgos, roi démocrate, distingue avec soin son foyer et l'intérêt de la cité (cf. 365ss.).
29 V. 21,23, 25.
30 Ajax était arrivé aux portes des deux stratèges : ’πι δισσαῖϛ ... στρατηγίσιν πύλαιϛ, v. 49. L’adjectif στρατηγίϛ s’applique au naviral amiral : Hdt. 8.92, 94. Thc. 2.84.3.
31 On songe ici à Thersite auquel Ménélas compare implicitement et injustement Ajax. Cf. Blaise 1999, 395.
32 Sur ce point voir Lebeau 1998, passim.
33 Et ces propos sont véridiques, puisqu’ils correspondent bien à la prophétie d’Hélénos.
34 Soph., Ph„ 1243, 1250, 1257.
35 Soph., Ph., 1425, 1429, 1431.
Auteur
Université de Besançon
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