Les origines de la gens salentina
p. 309-322
Texte intégral
1S’il est des légendes d’origine à moitié disparues sous la poussière du temps, celle dont je vais parler ajoute à ce handicap une difficulté supplémentaire, l’état du texte qui l’a conservée. Je vais en effet vous convier à une tâche minutieuse et rébarbative, l’examen de quelques lignes tirées du commentaire dit de Probus à la sixième Bucolique de Virgile1.
2Le passage que nous examinerons conserve un développement qui figurait au livre 3 des Antiquités Humaines de M. Terentius Varro Reatinus. Ce Romain du ier s. a.C., à la fois érudit et homme d’action, possédait parfaitement l’héritage culturel grec et latin2 ; il restait toutefois fasciné par le mos maiorum. Il semble s’être retiré assez tôt de la vie publique, sans doute écœuré par le spectacle qu’offraient les guerres civiles et les menées des ambitieux3. Il faudra peut-être se souvenir de tout cela pour expliquer certaines de ses présentations de faits.
3Je vous demande donc de regarder avec moi un texte dont on ne sait s’il a été lu directement par celui qui le cite ou s’il est rapporté de seconde main, un passage sans contexte, et dont les leçons ne sont pas sûres. C’est pourquoi je tiens à déclarer d’entrée de jeu que tout ce que je proposerai ne sera qu’hypothèse. Et même, je solliciterai vos suggestions pour aller plus loin dans cette étude. C’est un document qu’a étudié Jean Bérard4, et que ce grand savant lui-même juge très peu clair.
4Nous allons d’abord traduire et tenter d’expliquer ces lignes. Ensuite nous essaierons de voir ce qui a poussé l’écrivain romain à fournir ces détails plutôt que d’autres. Enfin, nous nous demanderons si n’affleurent pas ici des traces d’une idéologie plus ancienne.
5Reportons-nous au commentaire de Probus pour le vers 31 de la sixième Bucolique de Virgile5. Le glossateur se penche sur la phrase qui commence par : Namque canebat uti magnum per inane coacta / semina terrarumque animaeque marisque fuissent / et liquidi simul ignis, dans laquelle le poète évoque le chant de Silène : “Car il chantait comment, dans l’immensité du vide, s'étaient agrégées les semences des terres, de l'air, de la mer, et aussi du feu fluide”6. Le commentateur évoque les doctrines philosophiques antiques énumérant les quatre éléments qui forment la nature ; il cite quelques échos de ces théories rencontrés chez divers poètes. Puis il rappelle les propos sur la nature que tient Anchise au livre 6 de l'Énéide lorsque son fils le rencontre aux enfers, et pose la question : pourquoi le Mantouan montre-t-il, en Énéide, 6.724-726, Anchise traitant des mêmes sujets que Silène, un être divin, en Bucoliques, 6.31 : Cur ibi Anchisen facit disputantem, quod hic Silenum Deum ? C'est que, répond-il aussitôt, Anchise est considéré comme ayant un rapport avec l'augurium, et par là comme ayant quelque chose de divin. Et pour le prouver, il cite Ennius, puis trois vers du Bellum Punicum de Naevius, enfin divers endroits de l'Énéide. Parmi ceux-ci, les vers 539 à 543 du livre 3, qui racontent comment Anchise, ayant vu des chevaux près de Castrum Mineruae en Italie, s’exclame, ut augur, précise Probus : “Bellum, o terra hospita, portas”, “C’est la guerre que tu portes, terre qui nous reçois”7. Et c’est alors que surgit une digression à propos de cet endroit :
Idem Vergilius in tertio Aeneidos, ubi primum Italiam [...] ac templum in arce Mineruae accesserint, quod est oppidum Mineruae sacrum, unde nomen Castrum Mineruae habet conditum ab Idomeneo et Salentinis. De qua re haec tradit Varro, qui sit Menippeus non a magistro, cuius aetas longe praecesserat, nominatus, sed a societate ingenii, quod is quoque omnigeno carmine satiras suas expoliuerat. In tertio Rerum Humanarum refert : Gentis Salentinae nomen tribus e locis fertur coaluisse, e Creta, Illyrico, Italia. Idomeneus e Creta oppido Bianda pulsus per seditionem bello Magnensium cum grandi manu ad regem Diuitium ad Illyricum uenit. Ab eo item accepta manu cum Locrensibus plerisque profugis in mari coniunctus per similem causam amicitiaque sociatis Locros appulit. Vacuata eo metu urbe ibidem possedit aliquot oppida condidit, in queis Uria et Castrum Mineruae nobilissimum. In tres partes diuisa copia in populos duodecim. Salentini dicti, quod in salo amicitiam fecerint.
6La traduction pourrait en être la suivante : “Virgile agit de même (c’est-à-dire : fait parler Anchise comme un augure) au troisième chant de l'Énéide, lorsque pour la première fois ils atteignirent l'Italie et le temple dans la citadelle de Minerve, car la place forte, fondée par Idoménée et les Salentins, est consacrée à Minerve, d’où son nom de Castrum Minervae. Sur ce sujet, voici ce que rapporte Varron, dit Ménippéen8 non que Ménippe, bien antérieur à lui, eût été son maître, mais à cause de leur parenté d’esprit, parce que lui aussi avait orné ses satires de vers de toute sorte. Au livre 3 des Antiquités Humaines il rapporte : la puissance de la nation Salentine s’est, dit-on, formée en se soudant à partir de trois endroits : la Crète, l’Illyricum, l'Italie. Idoménée chassé de Crète, de la place forte de Blanda, par une sédition, lors d’une guerre des Magnésiens, vint avec une grande troupe en Illyricum chez le roi Divitius. Ayant reçu également une troupe de lui, pour une raison similaire il se joignit sur mer à la plupart des Locriens qui fuyaient et s’étaient liés d’amitié, et aborda à Locres. La ville ayant été désertée sous l’effet de cette crainte, il s’empara de ce lieu-même, il fonda des places fortes, parmi lesquelles Uria et Castrum Minervae, la plus célèbre. La troupe divisée en trois parties donna douze peuples. Ils tirent leur nom Salentini de ce qu’ils devinrent amis en mer (in salo)”.
7Ensuite, Probus revient aux quatre éléments qui composent la nature. On a donc bel et bien affaire dans le texte de Probus à une digression et on ne peut, par conséquent, tirer parti de son contexte pour éclairer ces lignes.
8Peut-on les expliquer par leur contexte dans les Antiquités Humaines ? Ce qu’on appelle Antiquités Humaines constitue en réalité la première partie d’un ensemble en quarante et un livres que Varron avait intitulé Antiquitates rerum humanarum ac diuinarum, dans lequel était contenu, ordonné et discuté tout ce qui constituait le patrimoine culturel, profane et sacré, de Rome. Vingt-cinq livres traitaient des antiquités profanes si l'on peut dire, seize, dédiés à César, des antiquités religieuses. Augustin, dans la Cité de Dieu, 6.3, a conservé le plan de ce travail. Dans les Antiquités Humaines, par exemple, après un livre d’introduction, venaient quatre sections de six livres chacune : la première traitait des hommes, les acteurs, (qui agant), la seconde des lieux (ubi agant), la troisième des temps (quando agant), la quatrième du résultat des actions (quid agant). Comme Probus déclare explicitement que ce renseignement sur la gens Salentina se trouvait au livre 3, il faut en conclure qu’il figurait dans le développement sur les hommes. Les fragments conservés avec la mention explicite qu’ils appartenaient au livre 2 traitent de Janus9, du Grand Autel et d’Hercule10, de Dardanus11, des Pénates12, de la façon dont Enée quitta Troie13, de son voyage et de son arrivée au lieu fixé par le destin14. On peut donc émettre l’hypothèse que dans cette première partie dédiée aux hommes, ce livre 2 s’intéressait à ceux qui étaient en rapport avec le site de Rome et le Latium. P. Mirsch15 lui attribue comme thème : De Aboriginibus et Latinis. Les fragments situés au livre 3 par ceux qui les ont conservés sont moins clairs quant à leur sujet. Outre le passage de Probus qui nous occupe, il y en a deux autres, l’un sauvegardé par Nonius pour des raisons de vocabulaire : Nonius 90.16 M. congermanescere, coalescere, coniungi uel consociari. Quadrigarius... Varro rerum humanarum libro III : postea cum his una rem publicam coniuncti congermanitate tenuere, “congermanescere, s'accorder comme des frères, se joindre ou s’associer. Quadrigarius... Varron au livre 3 des Antiquités Humaines : par la suite, ensemble, avec ceux-ci, unis par la fraternité, ils tinrent l'état’. L’autre, postquam adoluerunt haec iuuentus, “lorsque cette jeunesse eut pris de la force”, est cité par Priscien16 à propos du parfait adolui (si du moins il est juste de corriger avec Popma l’expression in libro III Rhetoricum ou Rhetoricorum qu'on lit dans les mss de Priscien en in libro III Rerum Humanarum, car Varron ne paraît pas avoir écrit trois livres de rhétorique d'après les indications que nous avons). P. Mirsch suppose que dans ce livre 3 il était question des ceterae Italiae gentes.
9Essayons pour commencer d'élucider ce texte en l’examinant mot par mot. Il se rapporte aux Salentini. L’origine de cette population proviendrait de la fusion de trois composantes : une composante crétoise, une composante illyrienne, une composante italienne. Les Crétois concernés ont quitté leur île sous la conduite d’Idoménée. Cela situe leur départ au retour de la guerre de Troie. La cause de cette fuite n’est pas donnée ici. Il existait à ce sujet plusieurs versions que je vais essayer de présenter de la façon la plus simple possible, quitte à laisser de côté des détails inutiles pour notre propos, car les variantes sont nombreuses et enchevêtrées. On racontait que ce roi de Crète, ayant été l’un des prétendants d'Hélène, avait dû, en vertu du serment commun prononcé par ceux-ci, prendre part à la guerre de Troie. Une version dit qu'il revint chez lui, finit sa vie dans le bonheur et fut enterré en Crète. Mais d’autres rapportent que durant son absence il avait confié à un certain Leucos, qu'il avait élevé, son royaume et sa maison. Poussée par Nauplios, le père de Palamède, la femme d’Idoménée céda à l’amour de Leucos. Lorsqu'Idoménée revint, il est des auteurs qui soutiennent que Leucos le chassa17. D’autres prétendent qu'au cours d'une tempête qui s’était levée durant le voyage de retour en Crète, Idoménée avait fait vœu à Poseidon, si la tourmente s’apaisait, de sacrifier le premier être humain qu'il rencontrerait en débarquant. Or ce premier être humain fut son fils (ou sa fille). Les traditions alors diffèrent : certains relatent qu’il sacrifia réellement son fils, d’autres qu'il voulut le faire ; quoi qu’il en soit, selon certains auteurs, le peuple révolté chassa Idoménée ; selon d’autres, une épidémie se répandit et c’est alors que le peuple comprit que pour arrêter ce mal il fallait expulser cet Idoménée dont la cruauté avait irrité les dieux18. Il tut donc banni et arriva en Italie méridionale. Comme nous l’avons déjà remarqué, dans les quelques lignes conservées, Varron ne souffle mot de ces détails. Il déclare simplement que le monarque est pulsus per seditionem. De quelle sédition s’agit-il ? De celle des partisans de Leucos ? De la rébellion du peuple devant la monstruosité du sacrifice d'un enfant par son propre père ? S’agit-il de l’expulsion du roi par ses sujets lorsqu’ils apprirent le motif de la peste ? Ou alors la sédition en question n’est-elle liée à aucun de ces faits et est-elle en rapport avec ce qui est ici nommé bellum Magnensium ? Pour interpréter cette expression, il faut d’abord résoudre une difficulté textuelle. Qu’est-ce que ce Magnensium, adopté par Hagen et par Mirsch, lu dans tous les mss sauf le codex Parisinus 8209 qui donne Magnesum et le codex Monacensis 755 Megarensium ? Lucrèce 6.1064, emploie l'adjectif Magnesius avec e long, pour qualifier les pierres de Magnésie. L’adjectif magnes,-tis, correspondant au grec Μαγνής,-τος, est peut-être plus courant, mais en grec même, Hérodote19 utilise l’adjectif Μαγνήσιος, “de Magnésie”. Sachant qu’en latin, la graphie en alterne parfois avec la graphie e pour noter e long devant s20, on peut penser que Magnensius est une graphie de Magnesius. Il faut en outre considérer Magnensium ici comme un génitif pluriel de la deuxième déclinaison à désinence -um au lieu de -orum, à moins qu'il ne s'agisse du génitif pluriel d’un adjectif en -ensis, qui serait au singulier Magnensis et au pluriel Magnenses. Il y a, en effet, des ethniques en -enses ; ainsi, on connaît l'alternance Rhamnetes/Rhamnenses21. On pourrait donc imaginer une alternance Magnetes/Magnenses. Si l’on admet ces hypothèses, il est question d’une guerre des Magnésiens. Nous tombons alors sur un autre problème : qu’est-ce que cette guerre ? Puisque cela doit avoir un rapport avec la Crète, et se passer au moment où Idoménée revient de Troie, on est tenté de penser à un autre retour, celui de Prothoos, qui commandait les Magnètes et leur quarante navires devant Troie22. En revenant il trouva la mort au cap Capharée où sa flotte fit naufrage. Certains de ses compatriotes cependant se sauvèrent et purent parvenir en Crète.
10Dans la même phrase, un autre détail pose problème. Le texte indique Idomeneus e Creta oppido Blanda pulsus. Qu'est-ce que cet oppidum Blanda ? Les récits antiques font d’Idoménée un chef puissant ; l'Iliade le présente comme le seigneur de cent villes sur son île. Ce chiffre, il est vrai, varie selon les sources. Parmi les cités que nomme Homère en Iliade 2.645 ne figure pas Blanda. Blanda pourtant est le mot que portent tous les manuscrits de Probus, mais G. B. Egnazio, l’auteur de l'editio princeps du commentaire, édition de 1507, le remplace par Lycto. La ville crétoise de Lyctos, elle, est effectivement connue comme appartenant à Idoménée23, à preuve l’expression virgilienne en Énéide, 3.401 : Lyctius Idomeneus. P. Mirsch écrit oppido Lyctio. Le nom de Blanda comme ville de Crète n’apparaît qu’ici. Mais ce peut être une des formes du nom de la ville crétoise Blentia (Geogr. Ravenn. 5.21). L'auteur du lemme Blanda 3 du Thes, fait en effet le rapprochement avec le nom de cette cité crétoise24 qui peut se présenter sous la forme Blenna, Blentia, Βίενος, Βίεννος, Βίεννα. On connaît une ville nommée Blanda en Espagne Tarraconnaise, et une autre en Lucanie25. Est-ce l’appellation de cette dernière qui aurait déterminé le choix du nom Blanda dans notre texte, la Lucanie n’étant pas éloignée de la région des Salentini et Varron supposant une parenté entre les deux toponymes ?
11Tout ce que nous venons d’examiner renvoie à la première composante indiquée par notre auteur, la composante crétoise. Ce qui suit fait allusion à la composante illyrienne. Idoménée va trouver un roi d'Illyrie qui lui donne une grande troupe. Varron, si le passage n’est pas fautif, fournit le nom de ce roi : Divitius. L’ennui est que nous ne connaissons aucun personnage de ce nom. Aussi certains ont-ils proposé des corrections26. C’est sans doute la raison pour laquelle P. Mirsch a remplacé cet anthroponyme par un autre : Clinicus. Mais, d’une part, l’apparat critique de Hagen ne signale aucune variante pour Divitius. D'autre part, le Thes. des noms propres n'atteste pas l’existence d'un nom Clinicus. En revanche le supplément onomastique du Thes, note qu'on trouve dans des inscriptions le nom illyrien d'homme Ditus et le nom illyrien de femme Dito. Les Ditiones étaient un des peuples dalmates taisant partie des Illyriens les plus importants27. Peut-être Varron a-t-il cru que s'appliquait à ce mot la même règle phonétique que celle qui en latin fait passer le génitif diuitis à ditis28.
12La troisième composante reconnue par Varron est donnée par lui comme italienne. Il s'agit des habitants de Locres dans le Bruttium. A première vue, il semble qu'il y ait anachronisme puisque Locri Epizephyrii paraît avoir été fondée par des colons doriens dans le Bruttium aux environs de 700 a.C.29. Virgile pourtant écrit en Énéide, 3.399 : hic et Narycii posuerunt moenia Locri30. Et Servius, ad loc. d’expliquer : Locri socii Aiacis Oilei fuerunt, Epizephyrii et Ozolae ; sed post tempestatem montis Capherei Epizephyrii tenuerunt Bruttios, “Les Locri étaient les compagnons d'Ajax, fils d'Oilée, Epizephyrii et Ozolae, mais à la suite de la tempête du cap Capharée les Epizephyrii prirent le Bruttium” On remarquera que Servius emploie Locri tandis que Varron utilise Locrenses. Or le terme Locrenses désigne dans Cicéron les habitants de Locres en Italie31. D'ailleurs, Varron n’a pas annoncé une composante grecque, mais une composante italienne ; aussi peut-être fait-il allusion aux indigènes qui peuplaient la région avant l’arrivée des Opontiens. habitants de la Lokris de l'Est, en Béotie, qui auraient fondé la ville (il est vrai qu'il devait y avoir aussi des Ozoles, habitants de la Lokris de l'Ouest, en Étolie). Comme nous l'avons déjà noté, notre auteur parle ici de Crétois, d'Illyriens et d'Italiens, non d’autres hommes. Les Grecs de Grèce continentale sont donc exclus. Or, il existe une légende selon laquelle Phaeax, héros éponyme des Phéaciens, fils de Poseidon et de la nymphe Corcyra, régnait sur l’île de Corcyre. Il eut deux fils, l'un Alcinoos qui lui succéda et dont on sait le rôle qu’il joue auprès d'Ulysse, l'autre Locros qui émigra en Italie. Ce dernier arriva chez un certain Lakin(i)os dont il épousa la fille Lauriné. Il aurait été ensuite tué par Héraklès au cours d’une querelle entre son beau-père et ce héros. Par ordre d’Héraklès sur le tombeau de Locros fut construite la ville de Locres en Italie32. Nous n’avons qu'une attestation tardive de cette légende33, légende que J. Bérard estime construite d’après celle de la fondation de Crotone, mais il se peut qu’elle ait circulé plus tôt, que Varron l’ait connue et que ce soit aux habitants de cette ville qu'il fasse allusion. Il n’y aurait alors plus d’anachronisme : puisqu’Ulysse, à son retour de Troie, a pu rencontrer Alcinoos père d’une grande fille, il est vraisemblable qu'Idoménée, après son retour de Troie et son bannissement de Crète, ait trouvé la ville fondée sur le sépulcre du frère assassiné d’Alcinoos. Les aventures d'Héraklès sont parfois situées une génération avant la guerre de Troie34. Dans l'hypothèse où notre auteur penserait à cette légende, il pourrait légitimement parler d'“Italiens”, puisque comme le signale J. Bérard35, “les Phéaciens de l'Odyssée sont censés avoir habité à Hypérie au pays des Cyclopes, c’est-à-dire à Cumes, avant de s’établir à Corcyre ; mais ce retour des Phéaciens à Corcyre n’aurait été que provisoire ou partiel, s’il est vrai que l'éponyme légendaire de Crotone était regardé comme le frère du roi Alcinoos”.
13Continuons à scruter le texte de Varron. Faut-il faire porter per similem causam sur coniunctus et penser que cela renvoie à l’idée contenue dans profugis ? Idoménée et les Locriens se seraient unis parce qu’ils étaient tous des exilés ? Cette locution fait-elle allusion à la tempête du cap Capharée si nous suivons la version de Servius concernant les Locriens qui, compagnons d’Ajax, auraient fui vers le Bruttium après la tempête comme les compagnons de Prothoos avaient fui vers la Crète après la tempête ? Mais on peut penser que cela renvoie à per seditionem et à une sédition qui aurait éclaté à Locres, ce qui expliquerait aussi la précision uacuata eo metu urbe. Ou bien cette précision renvoie-t-elle à bello Magnensium, “lors d'une guerre contre les Magnésiens” ? On sait en effet que Philoctète, originaire de la péninsule de Magnésie en Thessalie, à son retour de Troie, se serait rendu en Grande Grèce où il aurait fondé un certain nombre de cités. Est-ce une guerre entre les Locrenses d’Italie et les Magnésiens de Philoctète qui est évoquée ici ?
14Qu'Idoménée se soit emparé de tout un territoire dans le sud de l'Italie et qu'il ait été maître de plusieurs villes, soit qu'il les ait prises, soit qu'il les ait créées, est attesté par de nombreuses sources. Uria est une ville maritime d’Apulie que d’autres auteurs anciens également donnent comme une fondation crétoise36. Castrum ou Castra Minervae en Calabre possédait selon Strabon un très vieux temple de Minerve37. D'après Servius Danielinus, hoc autem templum Idomeneus condidisse dicitur, quod etiam castrum uocatur38.
15Selon ce que dit Varron, Idoménée rassembla tous les hommes venus avec lui de Crète, ceux reçus en Illyricum, ainsi que les Italiens rencontrés sur mer et ramenés en Italie, ce qui formait par conséquent trois groupes, et il en constitua ce qu’on appelle les Salentins dont Pline l’Ancien atteste lui aussi qu’ils étaient divisés en douze peuples39. Tous ces hommes ayant noué entre eux des liens d’amitié pendant leur voyage sur mer (salum), leur communauté prit le nom de Salentini, nom présenté par Varron comme dérivé de salum (voilà pourquoi notre auteur écrit Salentini avec un seul 1). Festus dit la même chose40 ; mais bien qu'il ne cite pas son nom, il s’inspire peut-être de Varron, lorsqu’il écrit : Salentinos a salo dictos, Cretas et Illyrios, qui cum Locrensibus nauigantes societatem fecerint, etc., ce que résument les Pauli excerpta 441 L : Salentini a salo sunt appellati.
16Passons maintenant à notre deuxième partie et voyons les motifs qu'avait notre polygraphe pour raconter cela. On ne peut savoir s'il a repris telles quelles des traditions qui circulaient parmi les Salentins ou s’il a reconstruit les faits. Ce récit devait figurer, nous l'avons dit, dans les livres des Antiquités Humaines consacrés aux hommes qui peuplèrent l'Italie dans les temps les plus reculés. Mais Varron en présentant les choses ainsi ne voulait-il rien insinuer, rien prouver ? Il est probable au contraire qu’il avait une idée. Si l'on relit ce passage, on est frappé par le nombre de termes appartenant au champ sémantique de l'union. coaluisse, coniunctus, amicitia sociatis, amicitiam fecerunt. Si l’on ajoute à cela l'un des deux fragments que j'ai rappelés en commençant parce qu'ils sont explicitement situes au livre 3 : postea cum his una rem publicam congermanitate tenuere, il semble possible de reconstituer un ensemble cohérent dans lequel l’auteur insistait sans doute sur les bienfaits de l'union et sur les conséquences de celle-ci pour la grandeur d’une nation. Cela va plus loin que le lieu commun sur la condamnation des guerres civiles41, ce qui ne serait déjà pas anodin dans une œuvre dont on ne connaît pas la date exacte, mais que B. Riposati pense écrite entre 48 et 46 avant notre ère42, c’est-à-dire à un moment où les rivalités intérieures déchiraient Rome. Mais ce topos est finalement répandu un peu partout, tandis qu’ici nous saisissons une idée plus particulière et dans laquelle A. La Penna voit un des concepts de base de la réflexion varronienne : l’idée que la grandeur d’une nation provient d’un mélange bien dosé d’apports divers, d’autochtones et d’étrangers. Car cette idée se retrouve ailleurs dans son œuvre. A. La Penna43 l’a relevée dans une citation de Nonius44 dont B. Riposati a fait le fr. 5 de son édition du De Vita Populi Romani, texte malheureusement si mal transmis qu’on le marque de la croix des lieux désespérés : sed quod ea et propter mixturam immoderatam exaquiscunt, itaque quod temperatura moderatur in Romuli uita triplicis ciuitatis, “mais parce que ces choses se liquéfient à cause d’un mélange sans mesure, ainsi ce qui est mélangé avec un bon dosage dans la vie de la cité triple de Romulus. Selon le savant italien, Varron vanterait ici le processus qui caractérise les premiers temps de Rome juste après sa fondation (je cite en substance) : Romulus renforce l'état en unissant en un sain équilibre, avec des liens opportuns, les trois composantes de la cité, ethniquement diverses : les Rhamnes, les Tities et les Luceres. La cité naît de l'union de peuples variés et grandit en puissance grâce à la capacité politique de lier avec un juste dosage en un seul organisme des forces et des civilisations différentes.
17L'Vrbs en est un exemple illustre aux yeux du Sabin, mais d'autres peuples aussi, ainsi les Salentins.
18Le début de notre fragment, gentis Salentinae nomen tribus e locis fertur coaluisse, est bien caractéristique de Varron dans la mesure où on y trouve le mot nomen, difficile à traduire ici, car il désigne le renom’, d'où la “puissance” des Salentins, puissance due à l'union étroite de leurs composantes primitives, mais aussi leur “nom”, leur “appellation”, puisque celle-ci par son étymologie évoque leur histoire. Si la traduction est difficile, le sens est aisément intelligible : il cumule toutes les possibilités, vu que pour Varron, qui suit sur ce point les enseignements du pythagorisme et du stoïcisme, le nom est ce qui clame la vérité sur la chose à laquelle il s’applique, qui en révèle l'être réel45.
19Autre motif pour Varron d’avoir attribué cette origine à la gens Salentina : certes cela correspondait à une réalité historique dont les traces étaient perceptibles dans cette région46. C’est le produit d'immigrations réelles. Mais en insistant sur les composantes crétoises, illyriennes et autochtones, Varron valorisait les descendants de ces fondateurs. La notion d’autochtonie est ambivalente : elle est parfois utilisée à des fins laudatives, et parfois avec un but dépréciatif ; quoi qu’il en soit, ce qu’elle aurait pu véhiculer de péjoratif, ressortissant à la barbarie, était gommé par les apports civilisateurs étrangers. Si, d’ailleurs, la ville indigène était une fondation liée à Hercule, elle n’avait rien de méprisable. A propos des Crétois, on peut reprendre ce que dit A. La Penna, dans l'article que j'ai évoqué, en commentant le fr. 37 Fraccaro47 du De gente populi Romani où Varron traite de l'usage de manger assis, usage que les Romains avaient pris aux Spartiates et aux Crétois. Voici le commentaire du savant italien48 (je cite en substance) : ce n'est pas par hasard que le De gente populi Romani fait référence à une coutume présentée comme venant des Spartiates et des Crétois, peuples auxquels Platon avait conféré un grand prestige moral et politique, prestige qui s’était conservé dans la pensée politique grecque, à travers Polybe, et déjà du temps de Polybe était également répandu dans les réflexions de l’élite politique et intellectuelle romaine.
20Quant aux Illyriens leur réputation de religiosité était grande dans l’antiquité : voyez par exemple Scymnos, 422.
21Les Salentins étaient soumis aux Romains depuis 26749. Varron, en leur attribuant comme chef originel un héros ayant participé à la guerre de Troie, en faisant référence à Locros, les gratifie d'une antiquité et d'une illustration aussi grandes que celles des Romains. Mais, en même temps, il donne à voir que les descendants d'Énée ont vaincu et soumis les descendants des Grecs.
22Il faut noter que d’autres auteurs anciens présentent les Salentins comme issus de Crétois ou d’Illyriens. Mais dans ce qui reste des textes antiques, Varron est le seul à fournir l’explication de leur origine par la conjonction de ces trois peuples en un même moment : Crétois, Illyriens et Italiens. L’avait-il lue dans une œuvre qui est aujourd'hui perdue ? Ou a-t-il reconstruit quelque chose à partir d’éléments dispersés ? Il a très bien pu à partir des diverses versions qu’offraient les traditions légendaires bâtir un récit qui illustrait les idées qu’il voulait mettre en lumière. Une telle attitude ne serait pas isolée chez lui50.
23Si Varron était conscient des raisons que nous venons d'énumérer et qui expliquent qu’il ait ainsi présenté les origines des Salentins, il est d'autres causes qui ont pu conduire à cette présentation. C'est ce que nous allons essayer de découvrir dans cette troisième partie. Ce sont des causes qui provenaient de la tradition et dont il a dû subir l'influence sans se rendre compte de ce à quoi elles renvoyaient. Il lance le chiffre "trois" au début tribus e locis coaluisse, il le répète à la fin in tres partes diuisa copia. Cette insistance m'a poussée à me demander, comme d’autres, en particulier D. Briquel, l'ont fait avant moi pour d'autres légendes de fondation, s'il n’y aurait pas là une trace de la tripartition indo-européenne, si chère à G. Dumézil. La récolte n'est pas facile, mais il est toutefois possible de glaner quelques faits qui sont peut-être des indices ténus. Les plus nets sont ceux en relation avec Idoménée et la composante crétoise. A ce nom notre auteur accole des mentions de troupes et de guerres : Idomeneus e Creta oppido Blanda pulsus per seditionem bello Magnensium cum grandi manu, etc. Le fait même d’avoir nommé la ville de Blanda, si cette appellation recouvre bien celle de Blenna, Blentia, Βίενος.Βίεννος. Βίεννα., comme je l’ai supposé, va dans le même sens : les anciens liaient cette cité à des idées de lutte puisque ce toponyme était expliqué par le fait que c'était à cet endroit qu'Otos et Ephialtes avaient fait violence (Bία) à Arès51. Les détails relatifs aux autres fonctions sont moins nets. Les Illyriens représentaient peut-être la première fonction. Comme je l’ai dit, ils avaient dans l'antiquité la réputation d’être un peuple très religieux52. Le mot rex n'est pas utilisé pour Idoménée, mais l'est pour Divitius : ad regem Diuitium ad Illyricum uenit. L’anthroponyme Diuitius peut faire penser à diuinus. On rétorquera qu’il peut également faire penser à diues, diuitis. Mais souvenons-nous que les anciens liaient étymologiquement diuus et diues, à preuve Varron lui-même qui explique que diues vient de diuus, parce qu’à l’instar d’un dieu, un riche n'a besoin de rien53. Enfin, ce seraient les Locrenses qui représenteraient la troisième fonction. Varron n'emploie pas le singulier pour évoquer cette composante, mais un pluriel qui indique qu'il l'envisage comme une collectivité. Ces gens ont été rencontrés sur mer, in mari coniunctus. Or l'eau est souvent liée à la fécondité, et en ce qui concerne les voyages maritimes, au commerce et à l'enrichissement. Enfin dans les trois composantes énumérées, Creta, Illyricum, Italia, ils correspondent à l’Italie, c’est-à-dire à la terre qui reçoit et sur laquelle vont se développer les Salentins.
24Ai-je raison de chercher des traces de cette mentalité primitive dans le récit varromen ? Je ne sais. Il n’empêche que Varron ne pouvait en être conscient. S’il insiste sur le chiffre 3, puis s’il donne le chiffre 12 (3 x 4), c’est sans doute que sous l’effet de croyances philosophiques, stoïciennes et surtout pythagoriciennes, il était persuadé de la valeur de certains nombres. N’oublions pas qu’il écrivit un traité De numeris, et que des savants comme J. Collart, H. Dahlmann, etc., ont montré comment le plan de la plupart de ses œuvres s'expliquait par des considérations de ce genre. Cependant, cette tripartition lui avait peut-être été transmise par la tradition.
25Que conclure ? J'ai bien conscience qu'une grande partie de ce que je viens de dire n'est qu'hypothèse. Toutefois, si les malheurs de la tradition manuscrite font qu’on ne peut atteindre aucune certitude quant aux détails de l'histoire évoquée, ce qui est frustrant, n'est-il pas cependant réconfortant de penser qu’on peut au moins approcher des idées qui sous-tendaient la présentation, ce qui ne permet certes pas de recomposer le corps de façon sûre à partir des membra disiecta qui en subsistent, mais peut-être de mieux comprendre la mentalité des anciens d’une part, et les croyances de ce Varron, tant admiré dans l’antiquité, qui n’apparaît plus de nos jours que comme un polygraphe, mais qui a été aussi un penseur.
Bibliographie
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Notes de bas de page
1 Voir Mountford 1976 : le commentaire aux Bucoliques et aux Géorgiques que nous évoquons n’est certainement pas de Valerius Probus. Par commodité, nous l’appellerons cependant “commentaire de Probus”.
2 Voir Dahlmann 1935.
3 En effet, on a des traces qu’il a été préteur, mais aucun témoignage qu’il ait été consul. Il était conservateur, ses sympathies allaient à Pompée pour lequel il écrivit un certain nombre d’œuvres et dont il fut plusieurs fois le legatus. Mais en vrai patriote, il déplorait de voir des citoyens tuer d’autres citoyens, et un épisode de sa vie est significatif : en Espagne, après avoir beaucoup hésité, il livra finalement sans coup férir à César qui s’avançait menaçant, la province qu’il tenait au nom de Pompée. Ce devait être par souci d’éviter des pertes humaines, puisqu’il partit immédiatement rejoindre Pompée. Après sa victoire César montra que non seulement il ne lui en voulait pas de ses amitiés pour le parti adverse, mais encore il manifesta combien il estimait sa science en le chargeant de rassembler les livres pour la première bibliothèque publique qu’il voulait ouvrir à Rome sur le modèle de celle d’Alexandrie. Par deux fois, semble-t-il, Varron eut à pâtir des troubles ; une première fois, avant la mort de César, des partisans de Marc Antoine s’installèrent dans sa villa de Casinum et la pillèrent. César, d’Alexandrie où il se trouvait, intervint pour lui faire rendre ce qui lui appartenait. Une seconde fois, après la mort de César, les partisans de Marc Antoine se déchaînèrent contre lui, ses biens furent de nouveau pillés et lui-même fut inscrit sur la liste des proscrits. Il fut alors caché et sauvé par Calenus, l’un des proches d’Antoine. Heurgon 1978, XV, suggère que c’est parce que Calenus et Varron étaient partisans, tout comme Cicéron, d’une politique d’apaisement.
4 Bérard 1941,451 sq.
5 Hagen 1902, 336-337.
6 Texte et traduction tirés de Saint-Denis 1963.
7 Traduction de Perret 1977.
8 Cette précision sert à indiquer qu’il s’agit de Varron de Réate et non de Varron de l'Aude.
9 Fr. II, I Mirsch ; voir Deschamps 1994, 51-56.
10 Fr. II. V Mirsch.
11 Fr. II, VII Mirsch.
12 Fr. II, VIII Mirsch.
13 Fr. II, IX Mirsch.
14 Fr. II, X Mirsch.
15 Mirsch 1882.
16 Priscien 2.489 K.
17 Gundel 1916, 908.
18 Grimal 1958, S. V. Idoménée ; Gundel 1916, 906-909.
19 Hdt. 7.176 et ailleurs.
20 C’est également valable pour d’autres voyelles et pour des mots non empruntés au grec.
21 Cette comparaison m’a été suggérée par le Professeur G. Radke que je remercie.
22 Hom.,Il., 2.756 sq.
23 Hom., Il., 2.645.
24 Thés. l. L. vol. 2, fasc. 9, col. 2028.
25 Mela 2.69 ; Liv. 24.20.5.
26 C’est le cas de Mayer 1931, 1180, qui y verrait volontiers une faute pour Diritium, c’est à dire Dirinum, nom d’un fleuve de Dalmatie. Il propose également de corriger dans ce texte Blanda et eo metu.
27 Voir Thes. I L. suppl. nom. propria Latina, vol. 3, fasc. 2, col. 193, s.v. Ditio, Ditus, Dito, et Patsch 1905, 1230
28 Voir Monteil 1970, 69 : -w- peut disparaître en latin entre deux voyelles de même timbre, pourvu que la seconde soit brève. On ignore la quantité du second i de Diuitius
29 Voir Salmon 1976.
30 “Ici les Locriens de Naryx ont établi une ville” (trad. Perret).
31 Cic., Verr., 4.90. Cette différence ne doit pas être anodine pour Varron : on se souviendra du passage du De Lingua Latina dans lequel notre auteur explique qu'il y a deux cités portant le nom d’Albe, et que les habitants de l'une s'appellent Albani, tandis que ceux de l’autre se nomment Albenses (voir Varron L. L. 8 35 où sont évoqués également les noms différents que portent les habitants respectifs des trois villes appelées Athènes)
32 Voir von Geisau 1976.
33 Conon, Narrat., 3.
34 Voir Bérard 1941, 404.
35 Bérard 1941, 528.
36 Str. 6.3.6 (282) ; Hdt 7.170 ; voir Radke 1961. Cette fondation est parfois attribuée à Minos, voir Bérard 1941, 446.
37 Str. 6.3.6 : Hülsen 1899.
38 Servius Danielinus, ad Verg. Aen.. 3.531. Il est vrai que Servius Danielinus peut dépendre de Varron.
39 Pline l’Ancien, HN, 3.102.
40 Festus 440 L.
41 Une telle condamnation apparaît par exemple dans le fr. 225 B = 225 Cèbe de la Ménippée intitulée Koσµoτoρύvη “la cuiller à pot de l’univers” et sous-titrée “sur la destruction de l’univers”, satire que Cèbe 1983, 1048-1050, à la suite de C. Cichorius, date de 78 a.C., alors que d’autres la situent vers 45
42 Riposati 1976, 75 n. 53.
43 La Penna 1976, 399-400.
44 Nonius 490.25 M.
45 C’est bien ce qui ressort du témoignage de Donat (ad Ter. Ad. 5.8.29) : uerbum dixit ueram sententiam, nam uerba a ueritate dicta testatur Varro.
46 Fluss 1931, 320. Voir également Bérard 1941,451-453 pour les attestations anciennes et les traces qui subsistent de nos jours.
47 Fraccaro 1907, 285.
48 La Penna 1976, 398.
49 Philipp 1914.
50 Voir Waszink 1976, 210-211.
51 Oberhummer 1899.
52 Voir Fluss 1931, 337-338.
53 Varron. L.L., 5.92. Selon Ernout & Meillet 1959, s.v. : diues, cette hypothèse est possible.
Auteur
Université de Bordeaux III - Ausonius.
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