Samnites, Lucaniens et Brettiens
L'Italie sabellique dans l'ethnographie grecque
p. 285-295
Texte intégral
1Le regard jeté par les Grecs sur les antiquités italiques a été naturellement celui des généalogistes. Peu soucieux, avant l'époque de Polybe, de s'attacher à définir la singularité de chacun des éléments de la mosaïque péninsulaire, les historiens ont en revanche fait voir les grands mécanismes qui ont présidé à l'installation, dans leurs frontières respectives, des principaux peuples du centre et du Sud.
2Dans les cas les plus favorables, le schéma proposé peut tenir de la diadoché. Ainsi avec les Samnites, réputés issus du monde sabin, de qui descendraient les Lucaniens et, comme à la génération suivante, les Brettiens. La généalogie offre ici un cadre chronologique rudimentaire, destiné à mettre en évidence les étapes essentielles de l'expansion, du Nord vers le Sud, des populations de langue osque, comme l'étaient aussi les Campaniens et les Apuliens. Chaque étape est déterminée par un “accident” dont les Grecs ont rendu compte en cherchant dans leur propre histoire coloniale les modèles explicatifs : l'envoi d'une apoikia ou un mouvement séditieux, une stasis comme on en trouve aux origines de Naxos en Sicile et de Tarente.
3A la lecture des sources les plus explicites, on constate que l'élargissement de la communauté samnite et le recul consécutif des noms désignant les populations présabelliques (Œnôtres, Chônes, Morgètes) se sont déroulés parallèlement à une extension, du Sud vers le Nord cette fois, du terme Italia. Dans ce double processus, alimenté en apparence par des dynamiques contraires, on distingue un moment crucial, celui où le nom d'Italie recouvre exactement l'aire occupée par les Brettiens et les Lucaniens. Il s'agit ici d'un problème de μετονομασία, dont l'examen, lié à la question de 1 expansion osque, doit éclairer la genèse, et finalement aussi la fortune, du nom-notion Italia.
1. Questions de généalogie
4Le stemma Sabins-Samnites-Lucaniens-Brettiens est établi clairement par Strabon. La filiation Sabins-Samnites est posée en 5.4.12 : sortis victorieux d'une guerre contre les Ombriens, les Sabins consacrent aux dieux le produit de leurs récoltes, puis à Arès leurs nouveau-nés. Ceux-ci, une fois adultes, migrent sous la conduite d'un taureau. Arrivés au pays des Opiques, ils s'installent où le taureau se couche et prennent le nom diminutif de Sabelli. Il s'agit là d’un exemple de ver sacrum, comparable à celui des Picentins, qui, toujours selon le Géographe, quittèrent la Sabine avec un pivert pour guide1 mais l'étymologie que propose cet aition est spécifiquement latine. Strabon se fait l'écho d'une autre étymologie, grecque celle-là, pour justifier le nom Semnitai, adopté par les Romains comme équivalent du grec Saunitai :
... Εἰκὸς δὲ διὰ τοῦτο καὶ Σαβέλλους αὐτοὺς (scil. Σαυνίτας) ὑποκοριστικῶς ἀπὸ τῶν γονέων προσαγορευθῆναι., Σαμνίτας δ’ ἀπ’ ἄλλης αἰτίας, οὓς οἱ ῞Ελληνες Σαυνίτας λέγουσι. Τινὲς δὲ καὶ Λάκωνας συνοίκους αὐτοῖς γενέσθαι φασὶ καὶ διὰ τοῦτο καὶ φιλέλληνας ὑπάρξαι, τινὰς.δὲ καὶ Πιτανάτας καλεῖσθαι.
5L'explication est contuse et, de toute évidence, incomplète. Elle invoque une lointaine association des Samnites à des éléments laconiens en même temps que leur philhellénisme2 et trahit de ce fait, comme l'a bien vu Strabon, une possible invention de la propagande tarentine, mais elle n’éclaire en rien la formation même du nom Σαυνῖται3
6Parmi les descendants des Samnites, Strabon cite les Hirpins, partis sous la conduite d’un loup, hirpos4. Il y a peut-être, dans la source de Strabon, confusion entre deux légendes étiologiques, l'une relative au ver sacrum des Hirpins, qui aurait posé la correspondance hirpus = hircus, cest-à-dire “bouc”, l'autre relative à celui des Lucaniens, dont le nom aurait été expliqué par lucus = lupus.
7A propos des Lucaniens, en tout cas, Strabon ne rapporte rien qui rappelle un ver sacrum. Les Samnites, présentés en l’occurrence comme des archégètes5, auraient installé, selon un processus commun à la colonisation grecque, un peuplement de Lucaniens là où étaient jadis les Œnôtres et les Chônes :
Πρὶν δὲ τοὺς ῞Ελληνας ἐλθεῖν οὐδ’ ἦσάν πω Λευκανοί, Χῶνες δὲ καὶ Οἰνωτροὶ τοὺς τόπους ἐνέμοντο. Τῶν δὲ Σαυνιτῶν αὐξηθέντων ἐπὶ πολὺ καὶ τοὺς Χῶνας καὶ τοὺς Οἰνωτροὺς ἐκβαλόντων, Λευκανοὺς δ’ εἰς τὴν μερίδα ταύτην ἀποικισάντων, ἅμα δὲ καὶ τῶν ‛Ελλήνων τὴν ἑκατέρωθεν παραλίαν μέχρι Πορθμοῦ κατεχόντων, πολὺν χρόνον ἐπολέμουν οἵ τε ῞Ελληνες καὶ οἱ βάρβαροι πρὸς ἀλλήλους.
8Dernier élément du stemma, enfin, les Brettiens auraient été d'abord, toujours selon Strabon6, des pasteurs (ποιμαίνοντες) au service des Lucaniens ; ils se seraient ensuite soulevés contre leurs maîtres à l’époque où Dion lançait les hostilités contre Denys “et jetait les uns contre les autres tous les habitants de ces régions (trad. Lasserre)”. La sécession (Strabon qualifie les rebelles de (ἀποστάται) aurait débouché sur la constitution d'un ethnos autonome, événement daté de 356 par Diodore7.
9Strabon assigne aux Lucaniens et aux Brettiens des territoires aux frontières nettes sur le versant tyrrhénien : le fleuve Silaris (act. Sele) sépare la Campanie de la Lucanie et le Laos cette dernière du Bruttium8. Sur le golfe de Tarente, en revanche, les limites sont moins clairement tracées. Si le cours du Crathis marque approximativement, vers le Sud-Est, la ligne de démarcation entre les deux régions, la ville de Pétélia, située dans le Bruttium historique, est réputée être la métropole des Lucaniens9.
2. Questions de chronologie
10L'idée que les Brettiens auraient été, à l'origine, de condition servile doit avoir été largement répandue. L'équivalence, admise par Diodore, du nom même de Bρέττιοι et de δραπέται le suggère à tout le moins, le dernier terme étant souvent réservé à l'esclave fugitif10. D'après le stemma que pose l'historiographie antique et dont Strabon est pour nous le témoin le plus complet, les Brettiens seraient le dernier ethnos à s'être doté d'institutions propres – on rappellera que les Campaniens, détachés du groupe samnite, se sont, d'après Diodore, constitués en structure politique autonome dès 43811. Là réside précisément une difficulté d’ordre chronologique, puisque les Brettiens seraient aussi les plus anciennement attestés dans la littérature. Dans une notice consacrée à une improbable ville tyrrhène du nom de Brettos, Étienne de Byzance produit deux mentions de l’ethnique Bρεττία chez Aristophane et chez Antiochos de Syracuse12 :
Πόλις Τυρρηνῶν (...) · οἱ οἰκοῦντες Βρέττιοι, καὶ ἡ χώρα Βρεττία καὶ ἡ γλῶσσα. ’Αριστοφάνης μέλαινα δεινὴ πίττα Βρεττία παρῆν. ’Aντίοχος δὲ τὴν ’Iταλίαν πρῶτόν φησι κληθῆναι Βρεττίαν, εἶτα Οἰνωτρίαν.
11Comme la citation d'Aristophane est dépourvue de titre, on peut toujours la tenir pour extraite d'une pièce plus proche, dans le temps, du Ploutos que des Acharniens et rabaisser ainsi vers 390 a.C. la mention d'une poix brettienne13. L'activité d'Antiochos, auteur d’un traité Sur l'Italie auquel ont puisé expressément Strabon et Denys d'Halicarnasse, est communément datée du dernier quart du ve s. L'adoption par lui du dialecte ionien le fait situer dans le sillage d'Hérodote et son utilisation vraisemblable par Thucydide exclut la chronologie basse qu’on pourrait plaider pour Aristophane.
12Si elle peut être datée avec une précision suffisante, la citation d'Antiochos est, comme telle, incohérente et la solution la plus simple pour l'émender consiste à intervertir les deux derniers noms Bρεττίαν et Oἰνωτρίαν en considérant le passage suivant de Strabon, dont Étienne s'est manifestement inspiré – on sait que le lexicographe utilisait souvent les témoins anciens, la Géographie par exemple, de seconde main14 :
Τὴν δ’ ἑξῆς παραλίαν Βρέττιοι μέχρι τοῦ Σικελικοῦ κατέχουσι πορθμοῦ (...). Φησὶ δ’’Aντίοχος ἐν τῷ περὶ τῆς ’Ιταλίας συγγράμματι, ταύτην ’Iταλίαν κληθῆναι, καὶ περὶ ταύτης συγγράφειν, πρότερον δ’ Οἰνωτρίαν προσαγορεύεσθαι. ῞Ορον δ’ αὐτῆς ἀποφαίνει πρὸς μὲν τῷ Τυρρηνικῷ πελάγει τὸ αὐτό, ὅπερ καὶ τῆς Βρεττίας ἔφαμεν, τὸν Λᾶoν ποταμόν, πρὸς δὲ τῷ Σικελικῷ τὸ Μεταπόντιον.
13Dans les différentes citations d'Antiochos qu’il produit, Strabon ne cite jamais les Lucaniens et les Samnites et on pourrait déduire de ce silence, que les autres citateurs de 1'historien ne démentent pas, que les populations sabelliques n'avaient pas encore, de son temps, atteint les limites de l'Œnôtrie. On a bien, pour la même époque, la mention de groupes lucaniens chez Polyen et Frontin, à propos de la guerre soutenue par Thourioi et le condottiere Cléandridas de Sparte contre les barbares de l'intérieur, entre 436/435 et 434/43315, mais il est probable que les deux auteurs de Strategemata ont considéré le découpage ethnique de l'Italie romanisée pour désigner les ennemis des cités italiotes. En fait, il y a des chances qu Antiochos, s’il ne signalait ni Samnites ni Lucaniens, ne connaissait pas non plus les Brettiens. L'interprétation la plus convaincante de la citation laissée par Étienne est en effet celle qu'a proposée D, Musti16 : n'est-ce pas, de la part du lexicographe, une lecture trop rapide du passage, reproduit plus haut, de la Géographie, qui lui a fait remplacer mentalement ταύτην par Bρεττίαν, alors que ce pronom reprend simplement παραλίαν ?
14On peut tenir pour incertaine la mention d'une Brettia par Antiochos, mais cela n'ôte rien au fait qu’Aristophane, dont la citation est rigoureusement littérale, connaissait l’ethnique Bρέττιος ; à moins de rallonger la vie du poète comique, il faut admettre aussi que son témoignage doit être largement antérieur à la sécession des Brettiens, si on ne rejette pas la chronologie de Diodore. 11 faut donc conclure que la formation de l’ethnique a précédé la constitution, politique celle-là, de l'ethnos, qu'en d'autres termes les Brettiens ont été un temps une composante de la nation lucanienne avant de s'arroger un territoire propre et de se donner des institutions. Une conclusion de ce type permettrait de comprendre que la ville déjà nommée de Pétélia ait pu, malgré sa situation dans le Bruttium, se flatter d'être la μητρόπολις des Lucaniens.
15On a vu que la mention de Lucaniens chez Frontin et chez Polyen était difficile à exploiter, puisquelle ne s’autorise, dans les deux cas, d'aucune source ancienne. Les Samnites, eux, sont mentionnés pour la première fois par Philistos de Syracuse, un contemporain des deux Denys17, dans une notice d'Étienne relative à une certaine Mystia, définie comme une πόλις Σαυνιτῶν18. La ville ne se laisse pas localiser et il est impossible de déterminer si les termes mêmes de cette brève définition sont de l'historien ou de la source directe d’Étienne. Quoi qu'il en soit de cette question, qui tient plus largement à la méthode de citation de l'auteur des Ethniques, il est aujourd’hui assuré archéologiquement que la samnitisation du Sud de la péninsule était amorcée à l'époque de Philistos.
16D'ailleurs, notre plus ancien témoin direct de la présence des Samnites et des Lucaniens, l'auteur du Périple dit de Skylax, en 340-330 a.C., attribue déjà à ces peuples une expansion maximale19. Le tableau ethnographique qu'il nous laisse de l'Italie centro-méridionale a l'avantage de n’être jamais évasif en matière de bornage.
17La section du périple qui nous intéresse est ainsi organisée : après le cap Circeo, il fait s'étirer les Volsques sur cinq cents stades, soit jusqu'au Vulturne20, puis mentionne les Campaniens et les Samnites, enfin les Lucaniens jusqu'à la ville de Thourioi (qu'il nomme Thouria21), au-delà de laquelle on entre en Iapygie. Les Lucaniens forment chez lui, malgré de probables particularismes locaux et des mélanges ethniques, une communauté suffisamment homogène pour être désignée d'un nom d'ensemble. Il s'agit là d'un état de choses que ne dément pas la documentation archéologique : l'auteur est contemporain de l'institution du sanctuaire de Rossano di Vaglio, du développement de sites urbains (par ex. Serra di Vaglio22), de l'apparition de structures de type cantonnal23.
18Le texte du Ps.-Skylax présente toutefois plusieurs difficultés. La première, mineure, tient au fait que les Brettiens ne sont pas signalés comme un ethnos autonome, mais on peut admettre un certain retard dans la documentation du périplographe, l'hiatus étant ici de vingt ans environ. Le problème est plus complexe avec la notice réservée aux populations qui, sur le versant adriatique, font immédiatement suite aux Iapyges. Le mont Orion, qu'il faut identifier avec le Gargano, séparerait ceux-ci du peuple des Daunitai24 :
Δαυνῖται. Μετὰ δὲ ’Iάπυγας ἀκὸ ’Ωρίωνος Δαυνῖται ἔθνος ἐστίν. ‘Eν δὲ τoύτῳ ἔθνει γλῶσσαι ἤτοι στόματα τάδε· Λατέρνιοι, ’Oπικοί, Κράμονες, Βoρεοντῖνοι, Πευκετιεῖς, διήκοντες ἀπὸ τοῦ Τυρσηνικοῦ πελάγους εἰς τὸν ’Aδρίαν.
19Comme cependant les Daunitai, d'après l'auteur, s'étireraient de la mer Tyrrhénienne à l’Adriatique, Δαυνῖται a été corrigé en Σαυνῖται. Sur la foi de Lycophron, où l'ethnique réputé erroné est mentionné en rapport avec la figure de Diomède25, D. Briquel a, à juste titre, préconisé de conserver la leçon du manuscrit26. De fait, Meineke proposait déjà d’insérer cette leçon chez Étienne de Byzance, s.v. Δαύνιον · πόλις ’Ιταλίας (...) τὸ ἐθνικὸν Δαύνιοι, καὶ Δαυνία τὸ θηλυκόν, καὶ Δαυνική, (καὶ Δαυνῖται) κατὰ συγκοπὴν ἀπὸ Δαυνιᾶται.
20Il faut comprendre que c'est en réalité la chaîne des cinq γλῶσσαι qui fait aller d’une mer à l’autre et reconnaître dans le nom corrompu Laternioi celui des Alfaternoi27, Samnites installés de la pérée de Capri au Silaris, signalés au § 11, et sur le territoire desquels se feront installer, en 268, les Picentins28. Le dialecte des Opiques, de son côté, doit être l’osque, celui des Peucétiens a pu être parlé dans la frange méridionale de la Daunie29, et si les Kramones sont autrement inconnus, les Boreontinoi ont toutes chances d'être, selon la conjecture de G. Radke30, les gens de la région de Forentum.
21Or, les fouilles d'A. Bottini sur le site de l'ancien Forentum, à Lavello, dans le haut bassin de l'Aufide, au nord de la voie Bénévent-Brindes, ont fait apparaître le caractère mixte de la population de l'endroit dès le second quart du ive s. époque où se côtoient, dans la zone du cimetière de Lavello, des sépultures dauniennes et samnites31. On peut penser que le Ps.-Skylax, par l'ethnique hybride Daunitai, faisait référence à une situation dans laquelle un Grec ne pouvait distinguer entre l'élément daunien et l'élément samnite, jouant ainsi sur l'homophonie Daunitai/Saunitai.
3. Caractère de l'ethnographie italique
22Le témoignage du Ps.-Skylax est rare en ce qu’il opère une distinction entre plusieurs communautés linguistiques à l'intérieur du domaine samnito-daunien. Les progrès qu'enregistre depuis quelques décennies la dialectologie osque permettront peut-être, un jour, de lever les dernières difficultés du texte. Une autre allusion à la langue des populations sabelliques se lit chez Strabon, qui paraît dépendre, en l'occurrence, de Poséidonios. A propos des Lucaniens riverains de la mer Tyrrhénienne et occupants de l’arrière-pays du golfe de Tarente, le Géographe affirme32 :
23“Ils ont été à ce point malmenés en même temps que les Brettiens et même que les Samnites, de qui ils descendent, qu'il est difficile de distinguer leurs établissements respectifs. La raison en est qu'il ne subsiste plus d'organisation politique qui fédère chacun de ces peuples et que leurs usages, pour ce qui est de la langue comme de l’armement, du vêtement, etc. ont disparu. D'ailleurs, considérés séparément et en détail, leurs établissements sont tout à fait insignifiants”.
24En fait, dès avant les guerres Samnites et les guerres successives d'Alexandre le Molosse et de Pyrrhos, les Grecs s'étaient déjà montrés peu enclins à introduire des distinctions en matière italique.
25L'intérêt pour les réalités italiennes est né véritablement au sein de l’école aristotélicienne. La réflexion qui y a été menée répond à deux types de regard, le regard appropriant ou le regard totalisant. La première mention de Rome dans la littérature grecque est caractéristique de l'appropriation. On la doit à Héraclide Pontique, contemporain de Théophraste, qui fait de Rome une “ville grecque”33. Dans la réflexion qu’on pourrait qualifier de “totalisante”, qui privilégie le traitement d'ensemble au détriment de la distinction, Rome fonctionne comme le champion des nations italiques. Dans un fragment fameux cité par Athénée, Aristoxène de Tarente donne une illustration de cette attitude quand il impute à des Τυρρηνοί ou à des ‛Pωμαῖοι la barbarisation de Poséidonia34. On n'interprétera pas autrement le rôle qu'assigne à Rome l'étymologie, rapportée par Strabon, du nom de la ville grecque de Rhégion35 ; d'après une des hypothèses présentées par le Géographe, le nom de Rhégion équivaudrait au grec βασίλειον ; il aurait été donné à la ville par les Samnites, dont les ἀρχηγέται auraient fait partie de l'État romain et auraient utilisé le latin36.
26Les auteurs pythagorisants ont été attentifs à entretenir l'image d’une communauté italique ouverte à l'enseignement du sage de Crotone37. On sait que la figure de Pythagore a fonctionné de bonne heure comme une sorte d'ambassadeur de la grécité aux frontières occidentales ; tout indice fait défaut, en revanche, qui permette d’établir que ses disciples aient eu à cœur de distinguer les composantes ethniques de l'Italie indigène38. De leur côté, les poètes alexandrins contemporains des premiers temps du Musée, portés par un goût tout philologique à se constituer de véritables catalogues d'ethniques39, ont fait preuve d'une réelle précision dans leurs allusions à une réalité italienne qui commençait à revêtir un intérêt panhellénique. Lycophron mentionne ainsi, comme on l'a dit, des Daunioi-Daunitai et signale les Lucaniens40, mais sans référence à un fait historique ou politique particulier ; Callimaque évoque bien l'action d'un certain Gaius Romanus à propos du siège d'une ville, qui pourrait être Rome, par des Peucétiens41, mais ici ce nom semble n'avoir qu’une vertu exotique.
27En résumé, on peut parler d’un état général d'indistinction, commun à la majorité des sources grecques, à l'exception des chronographes, dont Diodore, et Strabon partiellement, sont héritiers42, des ethnographes et des périplographes, dont le but premier est défini par le verbe grec διορίζειν ; aussi la précision relative du Pseudo-Skylax tient-elle au genre qu'il pratique.
4. Lucanie - Œnôtrie - Italie : questions de métonomasie
28Si l’ethnographe était volontiers généalogiste, le philologue se montrait soucieux de rapporter par le détail les changements de nom dont les peuples avaient fait l'objet – la tradition prête ainsi à Nicanor de Cyrène, à Callimaque et à Apollonios des recueils de μετονομασίαι43. Précisément, l’historien du nom des peuples sabelliques doit aussi considérer deux noms, déjà évoqués, mais dont on a jusqu'ici réservé la définition, ceux d'Œnôtrie et d'Italie. Ces noms sont à prendre en compte pour deux raisons majeures : en ce que, d’après Strabon, les Lucaniens ont pris la place des Œnôtres et parce qu'Antiochos de Syracuse établit, comme on l'a dit, une identité, à une certaine époque, entre Œnôtrie au delà du Laos et l'Italie.
29Antiochos était l'historien par excellence de la notion d'Italie. Il a été, en la matière, la référence expresse de Strabon et de Denys d'Halicarnasse44 et, de façon implicite, de Thucydide et d'Aristote45. De ces quatre utilisateurs d'Antiochos, on peut déduire que, pour celui-ci, l'Italie aurait reçu son nom d'un roi Italos, qui, cantonné dans un premier temps en deçà des golfes de S. Eufemia et de Squillace, aurait étendu sa domination aux populations barbares de la future Calabre. Dans son extension maximale, l'Italie serait allée jusqu'à une ligne Laos-Métaponte et Tarente n'aurait été exclue que pour des raisons politiques, tenant à sa rivalité avec Syracuse. Du côté tyrrhénien, l'Œnôtrie aurait été confinée entre le Laos et le Silaris.
30Hérodote évoque l’Italie par huit fois, pour y situer Tarente, Métaponte, Siris, Sybaris et le fleuve Crathis46 ; sur le flanc tyrrhénien, Élée (Hyélé) est prêtée à Œnôtrie47. II n'y a pas de mention de l'OEnôtrie chez Thucydide, mais les vingt-six attestations qu’il produit du nom Italie font voir qu’il considère comme désigné par lui le cordon littoral qui va de Tarente (au delà de laquelle on entre en Iapygie) au golfe de Térina. A cet égard, et abstraction faite du cas particulier de Tarente, il n’y a pas de désaccord apparent entre lui et Hérodote, ni entre leurs deux témoignages et les citations d’Antiochos par Strabon.
31En revanche, la contradiction paraît flagrante avec la citation d'Antiochos par Denys, puisqu’à croire ce dernier l’Italie serait allée, au temps d'Antiochos, de Tarente à Poséidonia. Pour éclairer cette assertion, D. Musti a fait valoir, avec des arguments très probants, que Denys, s'il gauchissait la pensée de sa source, n'en mettait pas moins l'accent sur un moment essentiel dans l'extension du nom de l'Italie : celle-ci a désormais dépassé les limites que lui assignait Antiochos pour coïncider avec la Lucanie historique. En conséquence, D. Musti voit dans le nom Italie “comme le pont entre les populations œnôtres et, de façon générale, les populations de l'ethnographie archaïque (Œnôtres, Morgètes, Chônes) et les populations sabelliques d'une ethnographie nouvelle (Samnites, Lucaniens. Brettiens)”48. Né en dehors du domaine italique d'après la tradition, le nom de l'Italie serait ainsi devenu, à un certain moment, caractéristique des populations sabelliques et la coïncidence que le témoignage de Denys reconnaît entre l'Italie et la Lucanie serait l'expression d'un front antiromain.
32L'état du Sud de la péninsule envisagé par Denys doit être postérieur à la chute de Poséidonia devant les Lucaniens. Cet événement, accompagné d’un changement du nom de la ville en Paestum, ne se laisse pas dater avec certitude et il n'est pas exclu qu'il faille, en l'espèce, parler d'accaparement progressif de la place par les nouveaux arrivants plutôt que d'une prise soudaine et brutale49. En tout état de cause, la lucanisation de Poséidonia était consommée avant le milieu du ive s., si on en juge par sa mention dans le périple dit de Skylax. Dès lors que la Lucanie commençait au Silaris, le nom Œnôtrie disparaissait des lexiques géographiques et devenait purement archéologique.
33Pourquoi cependant cette disparition n'a-t-elle pas entraîné celle du nom Italie ? Si la question a été laissée ouverte par D. Musti, elle doit trouver sa réponse dans les corollaires qu'il faut tirer de son interprétation de Denys. On commencera en effet sur un constat : le nom Italie progresse quand la domination grecque recule. Or la légende du roi éponyme Italos est bien la projection dans un passé mythique d'un modèle d'expansion à la grecque ; c'est une geste civilisatrice dont le berceau est situé autour du détroit de Messine, un des plus anciens foyers de la présence grecque dans les eaux occidentales. Au reste, Ιταλία a désigné, dès le ve s., les rivages de la péninsule sur lesquels les Grecs exerçaient d’un seul tenant leur autorité, par opposition à la Sicile et à la Grèce métropolitaine. Deux témoignages majeurs le confirment : d'une part, l'association formulaire, chez Thucydide, d’Ιταλία et de Σικελία dans des passages où les Grecs sont nettement présentés comme formant une communauté50, mais aussi le tracé des limites de l'Italie dans la Periodos iambique attribuée à Scymnos, où elles sont assimilées à celles de la μεγάλη ‛Ελλάς. Or ce concept de Grande-Grèce, dont l'iambographe, vers 130-120 a.C., fournit avec Polybe la plus ancienne attestation directe51, est défini par lui comme une notion dynamique, appelée véritablement à s’étendre, sur le flanc tyrrhénien, πρὸς ἑσπέραν52. Et de fait, réservé primitivement à une zone littorale qui allait, d'après l’auteur, de Térina à Tarente, il a connu un élargissement comparable à celui d'Italia.
34En réalité, l'extension de ce dernier nom à tout le Sud de la péninsule revenait à englober sous une appellation générique des populations d'origine samnite et des Grecs. S’il faut, avec D. Musti, reconnaître en cette association l'expression d’un front antiromain, force est de voir en ce dernier un front sabello-italiote. S’agit-il en l’occurrence du fruit de la propagande tarentine ? On ne saurait rien affirmer de péremptoire, mais il est certain qu’à l'époque de la ligue italiote, dont les prétentions étaient hostiles aussi bien à Rome qu’à Syracuse, Tarente a essayé de se gagner l’alliance, sinon de s'assurer le contrôle, des populations samnites et lucaniennes menaçantes. Dans son travail de captatio, la ville a développé des thèmes chers à la diplomatie grecque : des légendes de συγγένειαι ont été tissées, qui mariaient les antiquités sabelliques aux origines de la présence hellène en Italie53. Les cercles pythagoriciens ou pythagorisants ont pu jouer un rôle dans cet effort d'apparentement54 et suggérer l'idée d'un philhellénisme consubstantiel des Samnites55. Il faut aussi imputer aux menées de Tarente l'histoire, signalée par le Pseudo-Héraclide des Politeiai, d'un Lamiskos roi des Lucaniens. puisque cet anthroponyme est bien attesté dans la prosopographie de la ville56, et peut-être interpréter dans le même sens d'une théorie de la symbiose gréco-sabellique la mention d'un Homère lucanien dans la Souda57.
35Quoi qu'il en ait été des mobiles et des résultats, largement aléatoires, du rapprochement sabello-italiote, le nom même d’Italie s'est imposé aux peuples intéressés parce qu'il dépassait les particularismes grec et osque, n'étant en soi ni osque ni spécifiquement grec. Il s'était déjà imposé aux Grecs comme un nom fédérateur désignant leurs établissements italiens ; il devait dans la suite donner une unité à un ensemble de territoires qu'aucun nom unitaire ne recouvrait encore. Cette fonction fédératrice du nom Italie, les Romains l'ont comprise à leur tour, puisque après avoir pris le contrôle de la péninsule apenine, ils lui étendirent d'un coup ce nom chargé d'antiquité, confirmant par la même occasion le lien qu'il entretenait avec l'expression d'une culture et d'un mode de civilisation.
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Salmon, E. T. (1967) : Samnium and the Samnites, Cambridge.
Tagliamonte, G. (1996) : I Sanniti. Caudini, Irpini, Pentri, Carricini, Frentani, Milan.
Notes de bas de page
1 Str. 5.4.2.
2 Pitana était un quartier de Sparte (l’ethnique en était Pitanate), où se trouvait le tombeau de la famille royale des Agiades ; un bataillon de l’armée spartiate est dénommé Πιτανάτης λόχοςç par Hdt 9 53 2 Des monnaies de type tarentin, portant la légende ΠEPIΠOΛΩN ΠITANATAN, ont été trouvées en différents sites du Samnium, de la Campanie et des Pouilles ; voir Tagliamonte 1996, 28.
3 On peut rapprocher du témoignage de Strabon la double étymologie du nom Sabinus que suggère Caton, Origines, fr. 50-51 Peter : italique, du dieu Sabus ; grecque, du héros lacédémonien Sabos, qui transmit aux Sabins la sévérité des mœurs lacédémoniennes.
4 Str. 5.4.12 fin.
5 Str. 6.1.2-3.
6 Str. 6.1.4.
7 Diod. 16.15.1-2. La date de Diodore est confirmée par Trogue-Pompée (Justin 23.1.4-14).
8 Str. 6.1.1.
9 Str. 6.1.3.
10 Chez Nossis de Locres, poétesse de la fin du ive s. ou du début du iiie, il y a peut-être une allusion à cette réputation dans deux distiques conservés dans l'Anthologie Palatine 6.132 : “Les héros Brettiens, de leurs misérables épaules, ont jeté bas les armes, sous les coups des Locriens prompts à la lutte”, où il faut reconnaître les ultimes accents de la résistance grecque face à la menace des montagnards. Cf. Gigante 1974, 22-39.
11 Diod. 12.31.1 ; Frederiksen 1984, 137.
12 Étienne de Byzance, s.v. Bρέττος = Ar., fr. 629 Kock et Antiochos Syr., FGrHist 555 F 3a.
13 Les mss d'Étienne portent deux fois γλῶσσα, corrigé les deux fois en πίσσα par Samuel Bochart, suivi par Meineke. Kock maintient, comme ici, le premier γλῶσσα et admet la correction πίττα dans le vers comique, où il corrige cependant δεινή en δεινῶς.
14 Str-61-4 Antiochos Syr„ FGrHist 555 F 3. Dans ce passage, le style indirect doit reproduire le texte d Antiochos, alors que le style direct est censé reprendre, sous la forme d'une paraphrase, la pensée du Syracusain
15 Polyen 2.10.2 : Frontin, Strat., 2.3.12.
16 Musti 1988, 276.
17 Philistos, FGrHist 556 F 41.
18 Cf. Musti 1988, 261.
19 Dans la tradition des chronographes Ératosthène et Apollodore (son point de vue est celui des κτίσεις et des ἀποικίαι), l'auteur d'une Periodos iambique, le Ps.-Scymnos (c. 130-120), contemporain de l'affirmation de la puissance oecuménique de Rome,-un des premiers, en tout cas, à la proclamer (v. 231-234),-signale la présence de Lucaniens en arrière des Ausones, c'est-à-dire dans l'arrière-pays campanien, où il mentionne aussi des Campaniens (v. 244-250, éd. Millier, GGM, I, 206). J'ai essayé de montrer ailleurs (Marcotte 1987) que ce témoignage devait être rapproché d'un passage de Tite-Live relatif à une ambassade de Fabraterniens et de Lucaniens dépêchée à Rome en 330 (8.19.1-2) : legati ex Volscis Frabraterni et Lucani. Or, Tite-Live date par ailleurs les premiers contacts de Rome avec les Lucaniens de Basilicate de l'année 326 (8.25.3). Les termes mêmes de Tite-Live suggèrent que les Lucani de 330 étaient rattachés d'une manière ou d'une autre au nomen Volscum ; à ce propos, il faut souligner que les Volsques ont connu à la même époque une extension maximale, comme l'établit le Ps.-Skylax (cf. infra n. 20). Pour concilier les données fournies par Tite-Live, le Ps.-Scymnos (qui localise encore des Œnôtres dans la future Lucanie-Basilicate, jusqu'à Élée au moins) et peut-être aussi l'auteur pseudo-aristotélicien des Mirabilia, qui situe des Lucaniens dans la région de Cumes (95 Giannini), et rendre compte, d'un autre côté, de l'existence d'un ager Lucanus dans la région de Calès (cf. Mommsen 1850, 169-170), comme de celle d'une Lucan(i)a au nord du Frentanum (citée dans le Regesto Farfense, cf. La Regina 1968, 177-180), l'hypothèse suivante mérite d'être avancée : si plusieurs communautés lucaniennes sont ainsi signalées à la périphérie du noyau central des Pentri, l’ethnique Lucani n'a-t-il pas désigné différents groupes osques qui se seraient détachés du cœur du Samnium à une même époque, à l'occasion d'un ver sacrum, pour essaimer en plusieurs directions ?
20 Sur cette extension exceptionnelle des Volsques, voir mes remarques (Marcotte 1987, 182-183) et Musti 1992, 27.
21 Ps.-Skylax 11 (Σαυνῖται. Καμπανῶν δὲ ἔχονται Σαυνῖται, καὶ παράπλους ἐστὶ Σαυνιτῶν ἡμέρας ἥμισυ) et 12 (Λευκανοί. Σαυνιτῶν δὲ ἔχονται Λευκανoὶ μέχρι Θoυρίας κτλ.), éd. Muller, GGM, 1, 19.
22 Cf. Greco 1982, 67-89.
23 Pontrandolfo Greco 1982, 127-165.
24 Ps.-Skylax 15.
25 Lycophron, Alex., 1063.
26 Briquel 1974.
27 Salmon 1967, 40, n. 7.
28 Cf. Str. 5.4.11.
29 Str. 6.3.11.
30 Radke 1963, 287. La forme de l'ethnique a pu être contaminée par le nom grec des Aborigènes les Bopείyovoi ; cf. Lycophron, Alex., 1253.
31 Bottini 1986, 65-72.
32 Str. 6.1.2.
33 Héraclide Pont., fr. 102 Wehrli.
34 Aristoxène, fr. 124 Wehrli, chez Athénée 14.632a. Sur ce texte, voir Fraschetti 1981.
35 Str. 6.1.6.
36 Explication purement étymologique, sans contenu historique, bien mise en lumière par Pareti 1914. 273-309.
37 Cf. Mele 1981.
38 Le fr. 124 Wehrli d'Aristoxène (cf. supra n. 34) irait plutôt dans un sens contraire.
39 Ce fait explique d'ailleurs que ces poètes figurent parmi les meilleures sources d'Étienne de Byzance. Cf. infra n. 43.
40 Lycophron, Alex., 1086.
41 Callimaque, fr. 107 Pfeiffer.
42 L'historiographie d'Alexandre conserve le souvenir d'une ambassade de Lucaniens et de Brettiens dépêchée à l'automne 323 auprès d'Alexandre pour lui rendre hommage : Arrien, Anab., 7.15.4 : κατίoντι δὲ Βαβυλῶνα... καὶ ἐξ ’Ιταλίας Βρέττιοί τε καὶ Λευκανοὶ καὶ Τυρρηνοί ; cf. Hammond 1986, 636 ; Heurgon 1980, 336.
43 Nicanor, chez Étienne de Byzance, s.v. Πάρος et ῞Yδη ; Callimaque, test. 1 et fr. 601 Pfeiffer ; Souda, s.v. ’Απολλώνιος.
44 Denys d'Hal., Ant.rom., 1.73.4.
45 The. 6.2.4 ; Arist., Pol., 7.1329b.
46 Hdt. 1.24.1-2 ; 1.145 ; 3.136.1 ; 3.138.2 ; 4.15.1-2 ; 5.43 ; 6.127.1 ; 8.62.
47 Hdt. 1.167.3.
48 Musti 1988, 282-283.
49 Voir Pontrandolfo Greco 1982, 160-161.
50 The. 1.12.4 ; 1.36.2 ; 1.44.3 ; 2.7.2 ; 5.4.1 ; 6.34.1 ; 6.42.2 ; 6.90.2 ; 6.91.3 ; 6.104.1 ; 7.87.3.
51 Pol. 2.39.1. Cf. Timée, FGrHist 566 F 13.
52 Ps.-Scymnos 303-306 (Müller. GGM, I. 208-209) : μεγάλη δ’ ὕστερoν πρὸϛ ἑσπέραν / ‛Ελλὰς προσαγορευθεῖσα ταῖς ἀποικίαις. / ‛Eλληνικὰς γοῦν παραθαλαττίους ἔχει / πόλεις· Τέρειναν πρῶτον κτλ. ; sur ces vers, voir Cazzaniga 1971.
53 Cf. Tagliamonte 1996, 23-28 (et bibliographie, 270-271).
54 Cf. Mele 1981. On signalera également la personnalité problématique d'Ocellus Lucanus
55 Str. 5.4.12.
56 Héraclide. fr. 20 Müller (FHG, II, 218) ; Platon, Lettres, 7.350b.
57 Souda, s.v. ῞Ομηρος = Vita Homeri, 257, 21 Allen.
Auteur
Université de Saint-Étienne
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