La tradition de la double royauté dans la Rome des origines
p. 241-262
Texte intégral
1Le récit de la tradition sur les origines de Rome est scandé de “couples royaux que, depuis Mommsen, on a coutume de rassembler sous le vocable de Doppelmonarchie. Th. Mommsen est en effet le premier à s'être intéressé de près à ces traditions : il a cru reconnaître, derrière elles, une volonté de rendre compte, d'une manière mythique, de cette structure si originale de pouvoir que les Romains appelaient le consulat1. L’année qui suivit cette publication, un autre savant allemand, F. Bernhöff, y voyait, au contraire, la trace d'une dyarchie originelle qui aurait par la suite disparu à l'époque royale avant d'être “ressuscitée” par la République sous la forme du consulat2. L’avantage de ces théories est de proposer une explication simple à l'ensemble de ces traditions, l'inconvénient est qu'elle les “aplatit” en les considérant comme semblables ou équivalentes.
2En tout cas. la philologie germanique inaugurait une approche de ces traditions dont le principe n'a plus été remis en cause, la querelle étant circonscrite aux tenants de Mommsen ou à ceux de Bernhöff. Le premier sera suivi par Pais3, et il trouvera un appui dans Soltau, qui verra dans cette anticipation consulaire la main d'Ennius influencé par l'image de la royauté spartiate4. Le second sera suivi par Frazer5. Plus récemment, lorsqu’Ogilvie pense que ces traditions ont été influencées par les différentes versions de la légende d'Étéocle et de Polynice6, et que Poucet lui réplique que le motif de la double royauté Romulus-Tatius existait dans la version la plus ancienne de la légende sabine7, l'un et l'autre se rangent néanmoins, en gros, dans le camp “mommsénien”, puisque ni l’un ni l'autre ne croient que ces traditions recouvrent une réalité originelle. Ils n'en adhèrent pas pour autant à l'idée que ces traditions ont été “fabriquées” pour rendre compte de la dualité consulaire – thèse qui è ormai abbandonata8. Quant aux tenants de la thèse de Bernhöff, ils sont également en perte de vitesse, même si, après Krappe et Pisani9, cette thèse, modifiée par Mazzarino en collegialità diseguale10, a reçu plus récemment le renfort éclatant, mais ambigu, d'Alfoldi ; celui-ci, partant du folklore eurasien, croit retrouver une structure binaire fondamentale, soit dans l’histoire et les institutions, soit dans la manière dont les Eurasiatiques voient leurs origines11, Mais à ne pas trancher ainsi entre mythe et réalité, Alföldi a pris le risque de mécontenter tout le monde... ce qui s'est produit en effet !12
3En tait, le point commun de toutes ces analyses est de considérer en bloc l'ensemble des données de la tradition, comme si ces données disaient à peu près toutes la même chose. Or il suffit d'une approche sommaire pour constater qu'il n’en est rien et qu'en réalité, ces traditions constituent un ensemble de combinaisons fort variées.
4Il nous a donc paru bon de remettre à plat le dossier et d’examiner, sans a priori, l'ensemble des pièces qui le constituaient, en une approche aussi structurale que possible, et aussi détachée que possible de considérations historiques ou historiographiques.
5A nous en tenir aux données structurelles, la fameuse Doppelmonarchie, si l’on entend bien par là le règne commun et égalitaire de deux rois sur un seul peuple, est, comme nous allons voir, une donnée quasi confidentielle de la tradition. Examinons les différents cas13.
6Dans la chronologie mythique, le premier “couple” royal que nous rencontrons est celui d'Énée et de Latinus. Tous deux sont dits incontestablement rois, l'un des Troyens, l'autre des Aborigènes. Qu'ils aient commencé ou non par se battre – on sait que les traditions divergeaient sur ce point – toujours est-il qu’ils finissent par s'unir par un traité, que viendra renforcer l'union matrimoniale d’Énée avec la fille de Latinus. Qu’en est-il des deux peuples ? Fusionnent-ils aussitôt ou seulement après la mort de Latinus ? Tite-Live, suivi de l'ensemble de la tradition, dit “après” ; seul Denys d'Halicarnasse dit “aussitôt”, non sans une certaine incohérence avec ce qu’il dit lui-même ensuite. En tout cas la tradition est unanime à affirmer qu'aussi longtemps que Latinus fut vivant, chacun des deux rois régna sur son peuple ; Virgile va même jusqu'à mettre l’autorité d'Énée, nonobstant son éventuelle victoire, sous le boisseau de celle de son beau-père. Il ne s'agit donc pas à proprement parler d'une royauté double, mais de l'union de deux peuples qui restent chacun sous l'autorité de son roi respectif, en attendant que la mort de l'un des deux permette, en même temps que le synœcisme des deux peuples, le retour à la “normale”, c'est-à-dire à une royauté unique sur un peuple unifié. La chose, aux yeux d'une tradition qui privilégie la banale règle agnatique, sera évidemment facilitée par le fait que le successeur est le gendre du roi mort sans héritier mâle.
7La succession d'Énée donnera lieu dans la tradition, au moins à partir de Caton, à un imbroglio dû à l'imbrication de deux données contradictoires : l’une, issue de la tradition grecque, donnait pour mère à son fils la Troyenne Créuse, l’autre, issue de la tradition romaine, l'Italique Lavinia. Ces données se trouvèrent encore compliquées par la prétention de la gens Iulia à descendre d'Énée par un certain Iulus. Seul Tite-Live tranche le nœud gordien d’un haussement d'épaules en déclarant que l'important est qu'Énée soit le père ; et l'historien latin reste prudemment dans le vague en laissant Lavinia à Lavinium (comme reine ? comme régente ?) tandis qu'il envoie le fils d'Énée fonder Albe et y régner. Même flou chez Virgile, qui “prophétise” le “transfert” de la royauté d'Énée de Lavinium à Albe par Ascagne-Iule (né de Créuse), avant d'annoncer, toujours sur Albe, le règne futur du fils de Lavinia, Silvius. Après Ascagne ? Virgile ne le précise pas, mais c'est ce qui semble ressortir si l'on rapproche ses vers du récit détaillé de Denys d'Halicarnasse14. Celui-ci, développant le récit de Caton, fait succéder à Ascagne son demi-frère Silvius sur le trône d'Albe, après une phase de défiance entre Ascagne et Lavinia due à la possible prétention du fils de Lavinia au trône. Mais, alors que Caton prenait soin de préciser qu'Ascagne mourait sans héritier, Denys d'Halicarnasse déplace le problème d'une génération, puisque, chez lui, Silvius doit faire face à la prétention au trône du fils d'Ascagne, Iule. Le peuple tranche en conférant à ce dernier un ersatz de royauté, le pontificat suprême. C'est cette version que retiennent les sources tardives. Une chose est certaine : la tradition fait état d'un conflit, larvé ou déclaré, entre les descendants d'Énée, mais elle évite soigneusement de recourir à la solution qui consisterait à faire régner ensemble les prétendants ; elle préfère soit les éloigner géographiquement en attendant que la mort de l’aîné règle le problème, soit les faire régner successivement, soit donner un “lot de consolation” au prétendant évincé.
8A l'autre bout de la chaîne – totalement artificielle – des rois albains, le cas de Numitor et d’Amulius se pose dans des termes exactement inverses. La vulgate, représentée par Tite-Live, Denys d'Halicarnasse, Appien, Florus, Diodore de Sicile, Servius et Jérôme, est sans ambiguïté : par droit d'aînesse, le trône revient a Numitor, mais celui-ci en est chassé par son frère cadet Amulius15. Sur ce canevas, la tradition brodera des fioritures : l'élimination du fils de Numitor par le tyran et la “prise de voile”, si l’on peut dire, de sa fille, devenue Vestale, afin d'interdire toute descendance au fils aîné.
9Pourtant, une autre tradition s'inscrit en faux contre ce simple schéma d'usurpation. Il semble bien que Justin et Strabon en gardent la trace : tout en continuant d'affirmer la préséance de Numitor en vertu du droit d'aînesse, tous deux notent, au pluriel, l'arrivée des deux frères sur le trône, avant que le plus jeune ne chasse l'autre. Mais la version la plus originale de cette tradition se trouve chez l'anonyme du ive s. p.C. auteur du De uiris illustribus Urbis Romae, qui précise que Proca avait laissé à ses fils le royaume en commun annuis uicibus16. Puccioni en induit, un peu rapidement, que cette tradition présuppose la gemellité de deux rois albains17. Mais, après Mommsen, d'autres ont fait remarquer que la formule Amulius fratri imperium non dedit pourrait s'interpréter comme signifiant qu'à l'inverse de la vulgate, dans cette version, Amulius serait l'aîné18. Cependant, on peut aussi bien faire 1'économie de ces deux hypothèses et comprendre que c'est le sort qui désigna Amulius pour régner en premier. En tout cas, dans la version du DVI, l'usurpation vient du refus d’appliquer la règle de l’alternance.
10Le schéma de l'usurpation se présente encore sous une autre forme dans le récit de la Vie de Romulus de Plutarque, qui dit le tenir d'un mystérieux Dioclès de Péparéthos et de Fabius Pictor19. Se fondant sur la tradition du fameux “trésor de Troie” qu'Énée aurait emporté avec lui jusqu’en Italie20, la ou les sources de Plutarque racontent comment, après avoir choisi dans l'héritage paternel le trésor, Amulius, grâce à lui, n'eut aucun mal à provoquer la chute de Numitor, qui avait choisi en partage le trône. Nous avons reconnu là un schéma folklorique universel, qui connaît des variantes diverses, comme celle du partage entre le fusil d'un côté, la caravane de l'autre21. Or ce schéma d'usurpation disparaît complètement de la version rapportée par l'auteur anonyme de l'Origo gentis Romanae et par Landolfus Sagax qui, aux alentours de l’an 1000, écrivit une Historia Romana pour laquelle il puisa à de nombreuses sources ; malheureusement, celle où nos deux auteurs ont trouvé cette version demeure inconnue22. Malgré ce qu’en dit Richard, nous ne voyons guère qu'“Amulius n'est certes pas lavé de tout soupçon” parce qu'il aurait “pipé les dés” pour mieux jouer Numitor23. Au contraire, respectueux du droit d’aînesse, il laisse Numitor choisir et c'est de son plein gré – l'OGR précise <cum> priuatum otium cum facultatibus regno praetulisset – que celui-ci choisit la richesse au lieu du pouvoir. Le caractère tyrannique d'Amulius ne se fait jour qu'ensuite, lorsqu’il entreprend d'éteindre la descendance fraternelle24, conformément, cette fois, à la vulgate. Cette version si erratique peut faire penser que celle de Plutarque résulte de la contaminatio de la vulgate et de celle-ci25.
11Aussi peu connue est la version de la suite de l'histoire qui fait régner ensemble Numitor restauré sur son trône avec son ou ses petits-fils. Cette tradition est inconnue des auteurs classiques, de Caton à Plutarque ; en tout cas on n'en trouve pas la moindre trace chez eux. A l'époque tardive, ni l'OGR ni le DVI n'en font mention. Pour tous ces auteurs, dès leur aïeul installé sur le trône d'Albe, les jeunes gens partent fonder une ville là où ils avaient passé leur enfance. Plutarque précise même qu'il s'agit de leur part d’un refus délibéré de régner sur Albe du vivant de Numitor26.
12Pourtant, plusieurs sources tardives font état d'un règne commun sur Albe entre Numitor et Romulus (Saint-Augustin) ou entre Romulus et les deux jumeaux (Conon, Servius). Saint-Augustin et Servius précisent que ce règne commun ne dura qu'un an, sans doute parce que Romulus et Remus partirent ensuite fonder Rome. La trace de la tradition pourrait s'être conservée chez le premier Mythographe du Vatican, quand il explique que la raison du départ des jumeaux pour le lieu de leur enfance tient à l'exiguïté du royaume albain, comme si, en quelque sorte, il n'y avait pas de place pour trois à Albe ; cela pourrait sous-entendre qu'ils en avaient fait l’expérience. Mais cette induction n'est pas certaine. En revanche, il n'est pas douteux que cette tradition ait été présente à l’esprit d'Orose lorsqu'il stigmatise la mémoire de Romulus, coupable d’avoir bâti son empire sur le sang, successivement, de son aïeul Numitor, de son frère Remus et de son beau-père. Pour ce dernier sans doute Orose pense-t-il à T. Tatius, qui passe parfois pour le père de Tarpéia et celle-ci pour l'épouse de Romulus27 ; or Tatius, dans certaines traditions anti-romuléennes, reprises par anti-paganisme par les auteurs chrétiens, aurait été assassiné sur l'ordre de Romulus, fatigué de devoir partager le pouvoir avec lui28. Contrairement donc à ce que pense Mme Arnaut-Lindet29, Orose n'a pas confondu Amulius et Numitor : il s'est fait seulement l'écho de cette tradition hétérodoxe.
13Guère plus connue est la tradition d'une entente initiale des jumeaux pour régner de concert sur la cité qu'ils s'apprêtent à fonder après leur départ d'Albe30. Cette tradition est assez ancienne puisqu'un fragment de Cassius Hemina l'atteste déjà. En effet, malgré les doutes de Carter, nous avons un indice sûr que cette entente est antérieure à la fondation de la Ville31. Le texte continue en effet ainsi ; Monstrum fit, sus parit porcos triginta, cuius rei fanum fecerunt laribus Grundilibus. Cassius Hemina transposait donc au moment de la fondation de Rome un miracle que la vulgate situait communément juste avant la fondation de Lavinium par Énée32. Il est très probable qu'il en était de même chez Cassius Hemina.
14Peut-être parce que le régime augustéen avait mis à la mode le consensus et tenté de l'étendre aux jumeaux fondateurs33, peut-être parce que cette image idyllique convenait au mythe élégiaque du bonheur primitif, toujours est-il que les poètes de l'époque d'Auguste, Ovide, Tibulle, Properce, font unanimement état de cette entente des deux frères pour régner ensemble avant la fondation de Rome34. De même, selon Denys d'Halicarnasse, lorsqu'Amulius envoie les deux frères fonder une ville, dans son esprit leur règne sur cette nouvelle cité sera commun. Et l'OGR est parfaitement clair sur ce point. Quant à Saint-Augustin, quand il définit Romulus comme germani consortis inpatiens, l'expression situe l'irritation de Romulus dans le même contexte psychologique que celui que lui attribue la tradition lorsqu'elle le rend responsable de la mort de Tatius. Mais elle est trop vague pour qu'on puisse situer cette irritation romuléenne avant ou après la fondation de la Ville.
15Leur querelle préexiste-t-elle à la fondation de la Ville – comme le pense la vulgate qui voit dans la prise d’auspices une manière de les départager – ou bien a-t-on la trace d'une tradition qui leur ferait fonder la ville conjointement, en considérant donc que, jusques et y compris pour la fondation de la ville, les jumeaux ont encore agi de concert ? A vrai dire, les témoignages sont flous ou contradictoires. Un passif sans complément d'agent et un pluriel qui décrit plus le couple d'enfants jumeaux sous les mamelles de la louve dédiée par les frères Ogulnii35 que la fondation véritable de la ville chez Tite-Live, deux pluriels fugitifs chez Pline, une expression de Strabon qui peut n'être qu'une manière synthétique de s'exprimer, etc. Bref, aucun des témoignages invoqués parfois à l'appui d'une fondation commune de la Ville36 ne résiste à l'examen. En fait, “il est évident que les deux frères sont caractérisés par une inégalité fondamentale et qu'existe un seul conditor, Romulus”.37
16Pourtant, aussi paradoxal que cela puisse paraître, certaines traditions font état, après la fondation de Rome, de la survie de Remus, voire d’un règne de celui-ci. Selon un certain Egnatius38, que cite l'OGR, il aurait même vécu plus vieux que son frère ! Autre son de cloche chez le Chronographe de 354, pour qui un certain Remus Silvius, après avoir régné dix-sept ans, aurait été assassiné par Romulus. Chose curieuse, Remus porte dans cette tradition isolée le gentilice de la dynastie albaine ; de là à penser que cette tradition le faisait régner, non sur Rome, mais sur Albe, il n’y a qu'un pas. En ce cas, il faudrait imaginer sur le trône d'Albe la séquence Amulius-Numitor-Remus, que Remus ait régné avec ou après Numitor, avant d'être assassiné – au moment de la fondation de Rome ? – par Romulus ou, dans la version d'Egnatius. peut-être de lui succéder ( ?). Tout cela, on le voit, est bien flou et bien hypothétique. Plus intéressant est le scholiaste de Cicéron qui fait, dans une certaine mesure, écho à Saint-Augustin, Cité de Dieu, 3.6 en prétendant qu'ils furent tous deux appelés reges, comme Saint-Augustin disait expressément qu’ils furent tous deux fondateurs. Sans doute l'idée est-elle que, si un seul reste dans la mémoire comme fondateur et premier roi de Rome, en fait tous deux méritaient de l'être. Nous sommes là dans le contexte irénique de la réconciliation des deux frères, forgé au départ par l'idéologie augustéenne et dont Virgile fait état en projetant dans un lointain idyllique l'union sacrée, dans le ciel, de Remus avec son frère divinisé. En tout cas, dans tout cela, il n'est pas question d'un règne commun39.
17En revanche, à deux reprises, Servius, suivi par le chroniqueur byzantin Malalas, mentionne une curieuse tradition, selon laquelle, à la suite d'une pestilentia, Romulus dut effacer son fratricide en plaçant à côté de lui un trône vide avec tous les insignes royaux, pour faire comme si” son frère régnait avec lui. Sans entrer pour l'instant dans l’exégèse de cette tradition, notons qu’il s'agit bien d'une dyarchie, mais qu'elle est totalement fictive.
18Au total donc, les jumeaux ont eu l'intention de régner ensemble, mais n'ont jamais régné ensemble, sauf, selon une tradition, fictivement.
19Au demeurant, le malheureux Remus était, si l'on peut dire, en concurrence avec d’autres candidats à la dyarchie. Le plus connu est évidemment T. Tatius, mais il convient de dire un mot du personnage de Lucumon, qui fait une brève apparition dans la geste romuléenne. Tel quel, le personnage “n’est qu’une anticipation romuléenne d’une personnalité mythique ayant emprunté des traits historiques à la fois à Lucumon-Tarquin I et au Vulcien ami de Servius, Caeles Vibenna”40. Mais, en lui faisant donner son nom, comme Tatius, à l'une des trois tribus romuléennes, Cicéron et Varron en font un personnage d'égale importance au roi sabin ; d’ailleurs, son nom même signifie roi en étrusque. Et Denys d'Halicarnasse, dans son récit détaillé, lui donne au combat un rang égal à celui de Romulus. Peut-on pour autant parler de dyarchie ? Evidemment non, et la tradition s’en garde bien, tout en le mettant sur le même plan que Romulus pour la fondation des tribus comme pour la place au combat.
20Tout différent, apparemment, est le cas de T. Tatius. Le verbe socio, ou son composé consocio, sont employés par Cicéron et Tite-Live, socius par Saint-Augustin, tandis que les autres auteurs tardifs latins préfèrent passer par la préposition cum – ou una cum. Même unanimité chez les auteurs grecs : : ἰσοψήφους, συνάρξας, κοινῇ, κοινῶς, μεθ’ὁμονοίας…, tels sont les termes utilisés. Pourtant, à y regarder de près, une anomalie se dessine : les rois règnent bien tous deux sur un même peuple, les Romains, mais, outre que ceux-ci sont désormais appelés Quirites – appellation que l’on disait d’origine sabine41 –, les deux rois s'installent sur des collines différentes : Romulus reste sur son Palatin, augmenté du Caelius “lucumonien”, tandis que Tatius garde le Capitole dont il s'était emparé lors des hostilités et y adjoint la colline “sabine” par excellence, le Quirinal42. L’impression reste tenace que les deux rois, en fait, règnent surtout chacun sur ses sujets et ne prennent de décisions communes que quand elles intéressent les deux communautés à la fois (guerres, traités...), en une sorte de structure fédérative plutôt que centralisée. Qui plus est, une notice servienne prétend que les Sabins n’étaient même pas des citoyens “à part entière" et imagine que la ciuitas sine suffragio naquit alors pour leur être octroyée43. Ainsi donc, à y regarder de près, la double royauté Romulus-Tatius n’est pas si parfaite qu’il y paraît au premier abord, même en faisant abstraction des rumeurs qui auraient couru sur la responsabilité de Romulus dans la mort de T. Tatius.
21Le dernier exemple, attesté clairement par la tradition, d’une association au pouvoir royal, nous fait descendre, dans la chronologie, jusqu'au règne d'Ancus Marcius. Probablement sensible à la solution de continuité que constituait dans l'histoire mythique de la période royale l'arrivée des monarques étrusques, la tradition s'est efforcée de ménager ce passage de la monarchie latino-sabine à la royauté étrusque en affirmant que Tarquin avait bénéficié d'une véritable association au pouvoir de son prédécesseur. Les témoignages les plus manifestes, à ce sujet, sont ceux de Cicéron, de Tite-Live et de Diodore de Sicile.
22Un premier bilan de cette enquête à travers les données traditionnelles fait apparaître que, malgré l'impression trompeuse donnée par la lecture superficielle qui prévaut généralement, tout se passe comme si la tradition avait “essayé” tous les cas de figure possibles de la royauté bicéphale... pour conclure à chaque fois à l'échec de ce modèle : couples de rois régnant de concert, mais en général chacun sur son peuple, couples de frères – ou de demi-frères – rivaux se disputant le trône, couples composés d'un roi et d'un adjoint, ou d'un roi et d'un ersatz de roi – pontifex maximus ou symbole muet. Mieux ! A l'intérieur même de chaque catégorie, les couples ne sont qu'apparemment semblables : par exemple, Énée et Latinus sont certes ennemis avant de devenir alliés, comme Romulus et Tatius. et leur union débouche dans les deux cas sur un synœcisme, mais, pour Romulus et Tatius, il n'est point question d'union familiale44. Enfin, la manière dont cette matière est traitée est fort diverse selon les sources. Bref, ce qui frappe surtout, c'est le caractère extrêmement varié, multiforme, que revêtent les traditions.
23Il est cependant possible de distinguer une série de schémas structuraux45, qui ont en commun d'aboutir tous à l'élimination de l'un des deux rois. La seule exception apparente est celle de l'association au pouvoir : encore finit-elle mal pour Lucumon, même si Romulus – pour une fois ! – n’y est pour rien. Dans ces schémas, on constate que la royauté double, au sens premier du terme, à savoir deux rois régnant à égalité sur un peuple unique – et non unifié à partir de deux peuples -, est paradoxalement la donnée la plus rarement attestée : elle ne peut être invoquée, à la rigueur, que pour Romulus et Remus avant la fondation de la Ville – mais ce ramassis de bergers et d'aventuriers peut-il être déjà appelé un peuple ? assurément non, et encore moins le populus Romanus46 -, et pour la tradition, attestée seulement chez les auteurs tardifs, d'un règne commun Numitor-Romulus sur Albe. Sinon, nous avons affaire au résultat d’un synœcisme, mais s'il est final, comme pour Énée et Latinus chez Tite-Live, il s'agit moins d'une royauté double que d’une royauté conjointe, où chaque roi continue de régner sur son peuple jusqu'à la disparition de l'un des deux. Et même quand la tradition place le synœcisme au début du processus, nous avons vu, dans le cas de Romulus et de Tatius, qu'elle n’est pas aussi limpide qu’il y paraît. Quant à l'association au pouvoir, affirmée expressément pour Énée et Latinus chez Strabon et d'une manière générale pour Lucumon et surtout pour Ancus, il ne saurait s'agir à proprement parler d’une double monarchie, puisqu'un seul a le titre de roi. Même dans le cas, si original, d'une rotation prévue du pouvoir, celle-ci n'ayant jamais eu lieu, un seul était roi... et l’est resté. De même, quand il y a partage entre biens et pouvoir, un seul règne, légitimement ou non. A plus forte raison quand il y a usurpation pure et simple. En un mot, la Doppelmonarchie chère à Mommsen est comme l'Arlésienne : on en parle toujours et on ne la voit jamais.
24En fait, tout se passe comme si la tradition se trouvait en présence d'une double donnée contradictoire : d'une part l'affirmation que la monarchie, par définition, est le régime où un seul gouverne, d'autre part l'existence d'une fraternité, ou d'une gemellité, ou de synœcismes, ou d'associations au pouvoir, dont elle ne pouvait rendre compte qu'en faisant un entorse à la définition initiale. Pour les deux couples fondamentaux de la tradition, Romulus-Remus et Romulus-Tatius, les deux meilleurs spécialistes de chaque couple, D. Briquel et J. Poucet, sont tous deux d'accord pour estimer – à juste titre, croyons-nous – que gémellité pour l'un, règnes associés pour l'autre constituent des données fondamentales de la tradition47.
25Cela signifie-t-il qu'il y ait derrière ces traditions – ou certaines de ces traditions – trace d'une historicité quelconque ? Dans un ouvrage paru il y a une quinzaine d'années, nous avons affirmé – et tenté de démontrer – la permanence insistante du schéma d’association au pouvoir royal : nous l'avons repéré – traqué, dirons-nous – à travers des formes aussi diverses que les “couples” roi-associé constitués par Romulus-Lucumon, Romulus-Tatius, voire Romulus-Numa48, puis Ancus-Tarquin, et enfin Tarquin-Servius Tullius49, et nous l'avons mis en rapport avec un schéma d'hérédité exogamique en ligne utérine, lui aussi présent avec insistance dans la tradition50. Ce schéma a-t-il quelque chance de posséder une certaine historicité ? Nous le pensons, sans évidemment en être sûr. Glaubefrage, comme pour bien des données relatives à la tradition royale de Rome. De ce point de vue, nous sommes, si l'on peut dire, assez “bernhovien”.
26Mais, d'un autre point de vue, nous pouvons nous dire tout autant “mommsénien”, ce qui signifie, en clair, qu'il nous paraît absurde et réducteur de nous laisser enfermer dans l'une de ces deux catégories, comme nos prédécesseurs. On ne peut pas en effet, selon nous, écarter d'un revers de la main l'idée que cette forme de pouvoir si originale, unique même, élaborée par tâtonnements, dans la douleur de l'accouchement du régime républicain, pour aboutir au consulat, ait été absente, avec des arrière-pensées étiologiques, de certains aspects de la légende des origines. Peut-on affirmer, par exemple, qu'elle est totalement étrangère à la tradition rapporté par l’auteur du DVI, quand il présente comme idéale une alternance du pouvoir royal qui fait irrésistiblement penser à l'alternance des faisceaux dans le couple consulaire ?
27Récemment, T. P. Wiseman a émis l'hypothèse que la légende des jumeaux fondateurs aurait été élaborée entre 342 et 266, dans la période qui voit l'Italie devenir romaine et où s'apaisent progressivement les ultimes soubresauts de la lutte des ordres. Dans cette période, dit-il, “a series of political events seems to have generated legendary analogues in the Remus and Romulus story, front the origin of the twins to the death of Remus and Romulus' rule as sole king”51. Sans aller dans le détail de sa démonstration, il est certain que l'érection du groupe de la louve et des jumeaux sur le Forum par les frères Ogulnii en 296 se situe dans le contexte de la réconciliation des ordres. Mais induire de l'utilisation – en effet probable – du mythe dans des buts de politique intérieure et extérieure à son apparition à cette date me paraît faire litière de traditions analogues, comme celles des oncles de Caeculus, le fondateur de Préneste52. A ce compte, on pourrait aussi bien penser à une première utilisation du mythe – et peut-être, cette fois, à sa création – à l'époque étrusque de Rome, pour rendre compte de la dualité ethno-culturelle de la cité.
28En tout cas, nous sommes sûrs d'un autre traitement étiologique double, car inversé — de la légende romuléenne par l'idéologie républicaine, puis augustéenne : l'interprétation républicaine donna à Romulus rex les traits d'un tyran pour faire pièce au romulisme des imperatores, avant qu'Auguste, “Romulus sans tache”, ne gomme au maximum toute violence dans les rapports des deux frères, pour faire servir le mythe fondateur à son dessein de réconciliation civique53. Les républicains le montrent avec complaisance en assassin de son frère et de Tatius ; le premier empereur l’en absout, autant que faire se peut, et il est bien possible que la tradition du trône vide de Remus, comme celle de Iule pontifex maximus, remonte à l’époque augustéenne, voire à César. Celui-ci, à la manière hellénistique, avait sa sella vide qui le représentait au théâtre en son absence et Octavien aurait bien voulu l'exposer après sa mort54. Mais le parallèle de l'histoire avec la légende est encore plus net pour Auguste, qui honora de même d'un trône vide Marcellus, puis Germanicus, héritiers du régime prématurément disparus55. Que cet usage ait réapparu épisodiquement par la suite jusqu'à Constantin56 explique la complaisance avec laquelle cette tradition du trône vide du frère est évoquée par Servius et par les Byzantins.
29De même, de manière très convaincante, Bruggisser a montré comment le thème de la dyarchie des origines avait été réexploité à l'époque de la tétrarchie, et notamment dans l'épisode dyarchique d’Honorius et d'Arcadius57, tandis qu’à l’inverse, les Chrétiens reprenaient tous les thèmes d'un anti-romulisme58 que nous savons être d’origine républicaine.
30Ainsi, sans arrêt, la légende des origines, avec sa double composante originelle contradictoire de monarchie et de “couple royal”, a-t-elle servi à l'actualité de Rome, sous tous les régimes qu’elle connut : républicain, impérial, tétrarchique, dyarchique, et à travers toutes les idéologies dominantes : antimonarchique, impériale, païenne, chrétienne... A mesure, les motifs classés” de la légende de la "double royauté” des origines se chargeaient de variantes, d'ajouts, bref, de “motifs libres”59.
31Il ne faut pas s'en étonner. Pour la mentalité romaine, une tradition reste vivante aussi longtemps qu'elle sert à quelque chose. La réécriture permanente du mythe, qui a en Grèce une valeur esthétique ou philosophique, possède à Rome une valeur historique ou politique. Étiologie d'une institution, la tradition peut donc ainsi, en se modifiant peu ou prou, se réactualiser sans cesse en fonction des préoccupations du moment. Ce qu'on appelle de manière simpliste “la tradition de la double royauté dans la Rome des origines” a constitué, de ce point de vue, un terrain particulièrement fécond.
SCHÉMAS STRUCTURAUX
1/ Double royauté sur un seul peuple

2/ Synoecisme : 2 rois / 2 peuples > 1 roi / 1 peuple
a) Synœcisme final : chaque roi règne sur son peuple, puis un seul sur l’ensemble

b) Synœcisme initial : les rois de chaque peuple règnent ensemble, puis un seul

3/Association au pouvoir

4/Ersatz de pouvoir

5/Usurpation
a) par élimination du roi régnant

b) par refus de rotation du pouvoir

c) par accaparement après partage

DOSSIER DES SOURCES
ÉNÉE- LATINUS
32Tite-Live 1.1.6 : Duplex inde fama est : alii proelio uictum pacem cum Aenea, deinde adfinitatem iunxisse tradunt... (cf. Caton, ap. Servius. ad Aen., 1.267 : 4.620 ; 6.760).
33Tite-Live 1.1.9 :...inde foedus ictum inter duces, inter exercitus salutationem factam ; Aeneam apud Latinum fuisse in hospitio...
34Tite-Live 1.2.4 : Aeneas... Latinos utramque gentem appellauit ; nec deinde Aborigines Troianis studio ac fide erga regem Aeneam cessene, (cf. Solin 2.14).
35Virgile, Énéide, 12.189-94 : [Énée déclare qu'en cas de victoire de son camp...]
non ego nec Teucris Italos parere iubebo
nec mihi regna peto : paribus se legibus ambae
inuictae gentes aeterna in foederamittant.
Sacra deosque dabo ; socer arma Latinus habeto,
imperium sollemne socer ; mihi moenia Teucri
constituent urbique dabit Lauinia nomen.
36Denys d'Halicarnasse 1.60.1 : “Les habitants, saisis du même désir que leurs rois, après s'être rapidement mis d'accord, instituèrent des lois et des cultes divins,... s’appelant tous entre eux du nom de Latins... ”
37Denys d'Halicarnasse 1.64.1-2 : “Énée... l’année suivante, c’est-à-dire la troisième depuis son départ, régna sur les seuls Troyens. La quatrième année, à la mort de Latinus, il hérita aussi de sa royauté... ”
38Appien, Reg., 1.1.1. Trois ans après, à la mort de Faunus, Énée lui succéda sur le trône du fait de son mariage, et il appela les aborigènes Latins, d’après le nom de son beau-père Latinus Faunus.
39Strabon 5.3.2 : “Latinus... utilisa Énée et son peuple comme alliés contre les Rutules voisins... et quand les Rutules vinrent au combat, Latinus tomba, mais Énée fut victorieux, devint roi et appela ses sujets “Latins”.
40Origo Gentis Romanae 13.3 : [Latinus] amicitiam foedere inisse, dato inuicem iureiurando ut communes quosque hostes amicosue haberent
41Origo Gentis Romanae 13.5 :... aduersus eum [Turnus] Latinum pariter cum Aenea progressum inter proeliantes circumuentum occisumque.
42Origo Gentis Romanae 13.7 : [Énée] consensu omnium Latinorum rex declaratus est.
ASCAGNE - SILVIUS SILVIUS - IULUS
43Caton F 11 Peter (= Servius, ad Aen., 6.760) :... postea Mezentium interemit Ascanius et Laurolauinium tenuit. Cuius Lauinia timens insidias, grauida confugit et latuit in casa pastoris Tyrrhi... et illic enixa est Siluium. Sed cum Ascanius flagraret inuidia, euocauit nouercam et ei concessit Laurolauinium, sibi uero Albam constituit. Qui quoniam sine liberis periit, Siluio, qui et ipse Ascanius dictus est, suum reliquit imperium. (= 1er Mythographe du Vatican 202) (cf. Jérôme, Chronique, p. 64 Helm).
44Tite-Live 1.3.1-3 : Nondum maturus imperio Ascanius Aeneae filius erat ; tamen id imperium ei ad puberem aetatem incolume mansit ; tantisper tutela muliebri – tanta indoles in Lauinia erat – res Latina et regnum auitum paternumque puero stetit. Haud ambiguam... hicine fuerit Ascanius an maior quant hic, Creusa matre Ilio incolumi natus comesque inde paternae fugue, quem Iulum eundem Iulia gens auctorem nominis sui nuncupat. Is Ascanius, ubicumque et quacumque matre genitus – certe natum Aenea constat –...urbem [Lauinium] matri seu nouercae relinquit, nouam ipse aliam sub Albano monte condidit...
45Virgile, Énéide, 1.267-71 :
At puer Ascanius, cui nunc cognomenIulo
additur (Ilus erat, dum res stetit Ilia regno),
triginta magnos uoluendis mensibus orbis
imperio explebit, regnumque ab sedeLauini
transferet, et longam multa ui munietAlbum.
Virgile, Énéide, 6.763-6 :
Siluius, Albanum nomen, tua postuma proles,
quem tibi longaeuo serum Lauinia coniunx
educet siluis regem regumque parentem,
unde genus Longa nostrum dominabitur Alba.
46Denys d’Halicarnasse 1.65.1 : Énée ayant quitté le monde des hommes... Euryléon hérita de la souveraineté sur les Latins, lui qui avait été rebaptisé Ascagne pendant la fuite.
47Denys d'Halicarnasse 1.70.1-3 : Ascagne étant mort... son frère Silvius hérita de son pouvoir. Il était né, après la mort d'Énée, de Lavinia, la fille de Latinus, et l'on raconte qu'il avait été élevé dans les montagnes par des bergers. En effet, quand Ascagne hérita de la royauté, Lavinia fut saisie de frayeur à la pensée de subir quelque dommage de sa part à cause de son titre de belle-mère et, comme elle était enceinte, elle se confia à un certain Tyrrhénos... Il la conduisit dans des forêts désertes... et quand elle mit au monde l’enfant qu’elle portait, elle l’adopta et se chargea de l’élever après lui avoir donné le nom de Silvius... Mais quand Tyrrhénos apprit que les Latins recherchaient activement cette femme et qu’Ascagne était accusé par la population de l’avoir fait disparaître, il révéla l'affaire au peuple et la fit sortir avec son enfant du bois... Silvius hérita de la royauté à la mort de son frère, succession qui fit l’objet d’un conflit avec l'aîné des fils d'Ascagne, Iule, qui prétendait hériter de son père. Le peuple trancha la question par un vote, influencé surtout, entre autres arguments, par le fait que Silvius avait pour mère la légitime héritière du pouvoir. A Iule, à la place du pouvoir royal, furent accordées une autorité sacrée et une dignité préférables à la fonction de monarque, du point de vue et de la sécurité et de la qualité de la vie, et dont jouissait encore à mon époque la famille issue de cet homme, appelée d’après lui les Iulii.
48Origo gentis Romanae 14. 5 : Deinde filius eius Ascanius, idem qui Euryleo, omnium Latinorum iudicio rex appellatus est.
49Origo gentis Romanae 15.5-16.1-3 : Igitur Latini Ascanium ob insignem uirtutem non solum Ioue ortum crediderunt, sed etiam per diminutionem declinato paululum nomine, primo Iolum, dein postea Iulum appellarunt...Interim Lauinia ab Aenea grauida relicta, metu ueluti insecuturi se Ascanii, in siluam profugit... ibique enixa est puerum qui a loci qualitate Siluius est appellatus. At uero uulgus Latinorum, existimans clam ab Ascanio interfectam, magnam ei inuidiam conflauerat... Tum Ascanius... mox recuperatam cum filio in urbem Lauinium reduxit dilexitque honore materno.
50Origo gentis Romanae 17.4 : At Ascanius postquam excessisset e uita, inter Iulum, filium eius, et Silvium Postumum qui ex Lauinia genitus erat de obtinendo imperio orta contentio est, cum dubitaretur utrum Aeneae filius an nepos potior esset. Permissa disceptatione eius rei, ab uniuersis rex Siluius declaratus est.
51Eusèbe, Chronique, 1.285 Sch. : Ex utraque ergo patre disputantibus, multitudinis electione regnum Siluium suscepit. Iulus autem, imperio priuatus, pontifex maximus constitutus est.
NUMITOR - AMULIUS
Amulius pur usurpateur
52Tite-Live 1.3.10 ; Numitori, qui stirpis maximus erat, regnum uetustum Siluiae gentis legat. Plus tamen uis potuit quam uoluntas patris aut uerecundia aetatis : pulso fratre Amulius regnat.
53Denys d'Halicarnasse 1.76.1 ; “Quand Amulius devint roi des Albains après avoir écarté par la force son frère aîné de la diginité qu’il tenait de son père... ” (cf. 1.71.4).
54Appien, Reg., 1.5 : “Procas eut deux fils, l'aîné nommé Numitor, et le cadet Amulius. Quand l'aîné eut succédé sur le trône à la mort de son père, le plus jeune le chassa par la force et par la violence”.
55Florus 1.1 (2-4) : Amulius iam septima subole regnabat, fratre pulso Numitore...
56Diodore de Sicile 7.5.12, ap. Eusèbe, Chron., 1.84 sq. Sch. ; Quo [Prokas] mortuo, iunio filius Amolius per uim regnum tenuit ; eo quod in regiones longinquas profectus erat Numitor, eiusdem frater maior natu ac germanus.
57Servius ad Aen., 1.273 : Amulius et Numitor fratres fuerunt. Amulius fratrem imperio pepulit...(= 1er Mythographe du Vatican 1.30)
58Servius ad Aen., 6.777-8 : Amulius et Numitor fratres fuerunt. Sed Numitorem regno Amulius pepulit...
59Jerôme, Chron., 84 Helm ; Numitor, Procae superioris regis maior filius, a fratre Amulio regno pulsus...
60Cf. aussi Paul Diacre, Historia Romana, 1.1 a. 9 Criv. et Tzétzès ad Lycophron 1232.
Royauté double au départ
61Strabon 5.3.2 : “Au début, les deux frères succédèrent sur le trône d'Albe... aux descendants d'Ascagne ; mais Amulius, le plus jeune, chassa le plus âgé et régna seul”.
62Justin 43.2.2 ;... ad postremum Numitor et Amulius regno potiti sunt. Sed Amulius, cum aetate priorem Numitorem oppressisset...
63De Viris Illustribus 1.1 : Proca rex Albanorum Amulium et Numitorem habuit, quibus regnum annuis uicibus habendum reliquit [ut alternis imperarent], Sed Amulius fratri imperium non dédit...
Partage de l'héritage d'Énée
64Plutarque, Romulus, 3.2-3 : “La succession des rois d'Albe issus d'Énée échut à deux frères, Numitor et Amulius. Amulius ayant fait deux parts de leur héritage et mis d'un côté la royauté, de l’autre les biens et l’or apportés de Troie, Numitor choisit la royauté ; Amulius eut les richesses, et, devenu de ce fait plus puissant que Numitor, lui enleva facilement la royauté”.
65Origo Gentis Romanae, 19.1-3 : Post eum Siluius Procas, rex Albanorum, duos filios Numitorem et Amulium aequis partibus heredes instituit. Tum Amulius in una parte regnum tantummodo, in altera totius patrimonii summam atque omnem paternorum bonorum substantiam posuit fratrique Numitori qui maior natu erat optionem dedit ut ex his utrum mallet eligeret. Numitor <cum> priuatum otium cum facultatibus regno praetulisset, Amulius regnum obtinuit.
66Landolfus Sagax 1.4 p. 6 Criv. : Et dum Procas obisset, testamentum suum duobus filiis suis Amulio et Numitori reliquid, ut unus pecuniam produits, alter regnum suspiceret. Amulius uero fratri suo Numitori electionem dedit, quid desideraret acciperet. Numitor uero pecuniam tulit, Amulius autem regnum optinuit, in quo regnauit annos quadraginta tres. Et dum regnum optineret, consuluit responsumque est ei quia ab stirpe fratris sui occideretur et regnum perderet.
NUMITOR- ROMULUS
67Augustin, Cité de Dieu, 18.21 p. 283 DK ; Amulio successit in regnum Latiare frater eius Numitor, auus Romuli, cuius Numitoris primo anno condita est Roma ; ac per hoc cum suo deinceps, id est Romulo, nepote regnauit.
68Conon ap. Photion, bibl., 186 p. 141 b : “Ils [Numitor et Romulus] régnèrent sur Albe et les régions à l’entour”.
69Servius ad Aen., 6.777-8 :... Remus et Romulus, qui cum adoleuissent, occiso Amulio auum Numitorem in regna reuocauerunt et cum eo uno anno regnauerunt.
70Orose, Histoires, 2.4.3 : Itaque Romulus, interfecto primo auo Numitore dehinc Remo fratre, arripuit imperium Vrbemque constituit ; regnum aui, muros fratris, templum soceri sanguine dedicauit.
71Cf. 1er Mythographe du Vatican 1.30.6 : Quibus [Romulus et Remus] dum cum patre angustum Albae uideretur imperium...
ROMULUS – REMUS
Entente entre les deux frères avant la fondation de Rome pour régner ensemble
72Casstus Hemina F 11 Peter, ap. Diomède, gramm., 1.384 : Pastorum uulgus sine contentione consentiendo praefecerunt aequaliter imperio Remum et Romulum, ita ut de regno pararent inter se.
73Ovide, Fastes, 4.809-812 :... et omne / pastorum gemino sub duce uulgus erat. / Contrahere agrestes et moenia pone re utrique / conuenit.
74Tibulle 2.5.23-4 : Romulus aeternae nondum formauerat Urbis / moenia, consorti non habitenda Remo.
75Properce 4.1.9-10. qua gradibus domus ista Remi se sustulit, olim / unus erat f rat rum maxima regna focus.
76Properce 3.9.51.-pares... reges...
77Denys d Halicarnasse 1.85.4 & 6 : “Il [Numitor] songea à ménager aux jeunes gens un pouvoir qui fût le leur propre, en fondant une autre cité... il leur donna à gouverner le territoire où, enfants, ils avaient été élevés... ”
78Origo Gentis Romanae, 23.1 : Cum igitur inter se Romulus ac Remus de condenda urbe tractarent in qua ipsipariter regnarent...
79Augustin, Cite de Dieu, 3.13 p. 112 DK : Romulus... germani consortis inpatiens.
Fondation commune de la Ville ?
80Tite-Live 1.6.3 :...ea urbe quae conderetur...
81Tite-Live 10.23.12 : [Ogulnii] ad ficum Ruminalem simulacra infantium conditorum Vrbis sub uberibus lupae posuerunt.
82Pline, Histoire Naturelle, 8.61 :...de conditoribus nostris...
83Pline. Histoire Naturelle, 15.77 :... conditores impe rii...
84Strabon 5.3.2. “Après avoir rendu le pouvoir à Numitor, ils revinrent chez eux et fondèrent Rome... ”
85Jérôme, Contre Iovin, 1.42 : [Romulus et Remus] auctores urbis et gentis suae...
86Augustin, Cité de Dieu, 3.6 p. 103 DK : Vterque enim fuit conditor, ubi alter scelere ablatus non permissus est esse regnator. Contra 3.15 ; 4.23 ; 12. 26 ; 18.21 ; 22.6 (Romulus seul fondateur).
87Orose, Histoires, 2.4.1 : Vrbs Roma in Italia a Rontulo et Remo geminis auctoribus condita est. Contra 2.2.5 (conditionem Vrbis factam a Romulo).
88De Viris Illustribus 1.4 : Ipsi pastoribus adunatis ciuitatem condiderunt...
89Liber geneal., Citron., 1 p. 181, 427 : Condita uero est Roma afiliis Martis.
90Liber geneal, Citron., 1 p. 182, 431 :... a Remu et Romulo ieusdem conditoribus...
91Conon, ap. Photion, bibl., 186 p. 141b : “La ville fut fondée conjointement par les jumeaux”.
92Justin 38.6.7 :...atque, ut ipsi ferunt, conditores suos lupae uberibus altos.
93Justin 43.3.1 : Vrbs Romana ab adulescentibus conditur
94Servius ad Aen., 1.273 (=ler Mythographe du Vatican 1.30.6) : Quibus dum cum patre angustum Albae uideretur imperium, recesserunt et captatis auguriis urbem condiderunt.
95Servius ad Aen., 6.777-8 : Posteci propter angustias imperii Romam captatis auguriis condiderunt.
Règne commun après la fondation de la Ville
96Origo Gentis Romanae 23.6 : Contra Egnatius libro primo in ea contentione non modo Remum non esse occisum, sed etiam ulterius a Romulo uixisse tradit
97Schol. Cic. Bob. 23 : Et ipsos reges appellatos : ilium, quod prior auspicium cepisset, Romulum nero, quod maius.
98Origo Rom., chron., 1, p. 143 : Remus Siluius regnauit XVII. Eum Romulus interfecit.
99Servius ad Aen., 1.276 : Remo scilicet interempto, post cuius mortem natam constat pestilentiam. Vnde consulta oracula dixerunt placandos esse manes fratris extincti ; ob quam rem sella curulis cum spectro et corona et ceteris regni insignibus semper iuxta sancientem aliquid Romulum ponebatur, ut pariter imperare uiderentur. Vnde est “Remo cum fratre Quirinus / iura dabunt” (cf. Virgile, Énéide, 1.292-3).
100Servius ad Aen., 6.779 : Omnino in omnibus hoc egit Romulus, ut cum fratre regnare uideretur, ne se reum parricida iudicaret : unde omnia duplicia habuit, quasi cum fratre communia.
101Cf. Malalas 7 p. 171-2 Dindorf (Pour mettre fin à la peste, à la guerre et à la discorde civile, l’oracle de Delphes prescrit à Romulus de symboliser la présence de son frère défunt par un buste en or ; le chroniqueur byzantin y voit d’autre part l’origine du pluriel de majesté en usage dans les édits royaux).
ROMULUS- LUCUMON
102Cicéron, République, 2.14 : [Romulus] populum et suo et Tati nomine et Lucumonis, qui Romuli socius in Sabino proelio occiderat, in tribus tris... discripserat... (Cf. Varron, De Lingua latina, 5.55).
103Denys d’Halicarnasse 2.37.2 : “En outre, un certain Lucumon, homme plein d’énergie et soldat de grande réputation, avec lequel il s’était récemment lié d’amitié, vint se joindre à lui. Il amenait de la cité de Solonium des renforts non négligeables de Tyrrhéniens”.
104Denys d’Halicarnasse 2.37.5 : “L’armée des Romains... avait pris position devant la ville, répartie en deux corps : l’un d’eux sous la direction de Romulus lui-même, était établi sur l’Esquilin ; l’autre, commandé par Lucumon le Tyrrhénien, était sur le Quirinal”.
105Denys d’Halicarnasse 2.42.5 : “Au cours de cette bataille, les Romains prirent l’avantage sur leurs deux ailes – celle de droite était commandée par Romulus lui-même, celle de gauche par Lucumon le Tyrrhénien –, mais au centre, l'issue demeurait indécise”.
106Denys d'Halicarnasse 2.43.2 : “Les soldats postés sur la gauche avec Lucumon résistèrent quelque temps grâce aux exhortations de leur général, un homme dont la réputation de soldat était éclatante et qui s’était signalé au cours de cette guerre par maints exploits. Mais lorsqu'un javelot vint le frapper lui aussi au côté, lui ôtant toutes ses forces, ce fut chez les Romains une fuite générale”.
ROMULUS- TATIUS
107Cicéron, République, 2.13-14 : [Romulus] cum T. Tatio rege Sabinorum foedus icit, matronis ipisis quae raptae erant orantibus ; quo foedere et Sabinos in ciuitatem adsciuit sacris communicatis et regnum suum cum illorum rege sociauit.
108Post interitum autem Tati cum ad eum dominatus omnis recidisset, quamquam cum Tatio in regium consilium delegerat principes... populumque et suo et Tati nomine et Lucumonis... in tribus tris... discripserat,... sed quamquam ea Tatio sic erant discripta uiuo, tamen eo interfecto multo etiam magis Romulus patrum auctoritate consilioque regnauit.
109Tite-Live 1.13.4 : Inde ad foedus faciendum duces prodeunt. Nec pacem modo sed ciuitatem unam ex duabus faciunt. Regnum consociant : imperium omne conferunt Romam.
110Tite-Live 1.13.8 : Eodem tempore et centuriae très equitum conscriptae sunt : Ramenses ab Romulo, ab T. Tatio Titienses appellati, Lucerum nominis et originis causa incerta est. Inde non modo commune, sed concors etiam regnum duobus regibus fuit.
111Tite-Live 1.14.3 : Eam rem [ le meurtre de Tatius] minus aegre quam dignum erat tulisse Romulum ferunt, seu ob infidam societatem regni, seu quia haud iniuria caesum credebat.
112Denys d Halicarnasse 2.46.2 : “Puis les deux rois se rencontrèrent pour conclure un traité d’amitié. Voici les points dont ils convinrent et qu'ils garantirent par serment : Romulus et Tatius étaient désormais rois de Rome avec des pouvoirs égaux et jouissaient d’honneurs identiques”.
113Denys d Halicarnasse 2.50.1 : “Puis ils se répartirent le territoire, s’installant à l'écart l’un de l’autre. Chacun vivait sur son propre domaine. Romulus occupait le Palatin et le Caelius... Tatius avait le Capitole... et le Quirinal”.
114Denys d Halicarnasse 2.52.5 : “Telle fut la mort de Tatius. Il avait combattu trois ans Romulus et régné cinq ans avec lui”.
115Denys d'Halicarnasse 2.53.1 : “Pour la seconde fois, Romulus fut donc seul à gouverner”.
116Plutarque, Romulus, 19.9 : “Là-dessus, la paix fut conclue aux conditions suivantes :... ces rois règneraient tous les deux ensemble et partageraient le commandement des armées”.
117Plutarque, Romulus, 23.1 : “La cinquième année du règne de Tatius... ”
118Plutarque, Romulus, 23.2 : “Ce fut la seule occasion où on les vit ouvertement en désaccord ; jusque là, ils s'étaient toujours entendus tous les deux aussi bien que possible, et avaient administré les affaires en commun et en plein accord”.
119Plutarque, Romulus, 23.3 & 5 :... il négligea totalement de venger sa mort... Cette conduite lit soupçonner et dire qu’il était bien aise d’être débarrassé de son collègue... ”
120Plutarque, Romulus, 35.5 : “Les rois partagèrent l’autorité... ”
121Plutarque Numa, 5.5 : “Les inconvénients de la royauté ne sont que trop certains, à en juger par ce qui est arrivé à Romulus, quand on pense à la mauvaise réputation qui fut la sienne, quand il fut accusé d'avoir tramé la mort de Tatius, son collègue au pouvoir... ”
122Appien, Reg., 5.2 : “Romulus et Tatius... décidèrent de régner ensemble”.
123Strabon 5.3.2 : “Tatius... s entendit avec Romulus sur la base d'une communauté de commandement et de citoyenneté. ”
124Macrobe 1.16.32 :...communicato regno cum T. Tatio...
125Origo Rom., chron., 1 p. 144.8 : Titus Tatius dux Sabinorum una cum Romulo regnauit annos quinque.
126Jérôme, Chroniques, p. 90a Helm :...Tatio Sabinorum rege regnante cum Romulo... Augustin, Cité de Dieu, 3. 13 p. 112 DK :...Titum Tatium regem Sabinorum socium... Servius ad Aen., 7.709 : Post Sabinarum raptum et factum inter Romulum et Titum. Tatium foedus recepti in urbem Sabini sunt, sed hac lege, ut in omnibus essent ciues Romani, excepta suffragii latione ; nam magistratus non creabant.
ANCUS- TARQUIN
Assocation au pouvoir
127Cicéron, République, 2.35 :...Anco regi familiari est factus usque eo ut consiliorum omnium particeps et socius paene regni putaretur.
128Tite-Live 1.34.12 : Notitiamque eam breui apud regem liberaliter dextereque obeundo officia in familiaris amicitiae adduxerat iura, ut publicis pariter ac priuatis consiliis bello domique interesset.
129Tite-Live 1.35.5 :...domi militaeque sub haud paenitendo magistro, ipso Anco rege, Romana se iura, Romanos ritus didicisse, obsequio et obseruantia in regem cum omnibus, benignitate erga alios cum rege ipso certasse.
130Diodore de Sicile 8.31.1 :...devenu adulte, il se lia avec le roi Ancus Marcius, devint son ami intime et assista le roi dans l’administration des affaires du royaume.
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Sherwin, W. K. (1973) : Deeds of Famous Men, University of Oklahoma Press.
Soltau, W. (1909) : Die Anfänge der romischen Geschichtsschreibung, Leipzig.
Thomsen, R. (1961) : Early Roman Coinage, III, Copenhague.
Wiseman, T. P. (1995) : Remus. A Roman Myth, Cambridge.
Notes de bas de page
1 Mommsen 1881.
2 Bernhöff 1882, 79-82.
3 Pais 1898, 202-203.
4 Soltau 1909, 35. Au demeurant cette thèse, reprise plus récemment par Pisani 1959, trouve son origine dans l'idée de Denys d'Hal., Ant. rom.. 4.73.3, selon laquelle l'origine du consulat doit être cherchée à Sparte, les Sabins étant de souche lacédémonienne (cf. Denys d'Hal. 2.49.4 sq. ; Caton F 51 Peter). Sur l'origine de la double royauté à Sparte, semblable à la légende gémellaire de Rome, cf. Hdt. 6.52.
5 Frazer 1924, 281.
6 Ogilvie 1956, 47 ; cf. Phérécyde FGrHist 3 F 96 (élimination violente de Polynice) et Hellamkos FGrHist 4 F 98 (partage sans conflit).
7 Poucet 1967, 328 sq.
8 Ampolo & Manfredini 1988, 279.
9 Krappe 1939, 114 sq. ; Pisani 1959, 220.
10 Mazzarino 1946, 76-94.
11 Alföldi 1974.
12 Cf. Poucet 1975. 646-651 ; Momigliano 1980, 682-685 et Momigliano 1984. 382-383.
13 Afin de ne pas trop alourdir notre texte de notes, nous renvoyons, pour suivre notre analyse au “Dossier des sources” joint.
14 En revanche Perret 1982, Virgile, Én., 2.764, interprète le serum virgilien comme faisant référence à un règne d'Énée exceptionnellement long.... ce qu'aucune tradition n'atteste.
15 Cette vulgate est analysée par Martin 1982, 10-12.
16 Les manuscrits ajoutent en fin de phrase ut alternis imperarent. Mais cette subordonnée est, à juste titre, considérée comme une glose par tous les éditeurs (sauf Sherwin 1973) depuis l'édition de I. Gruner en 1757, elle n'apporte rien au sens.
17 Puccioni 1958, 160, n. 18 ; cf. aussi Ampolo & Manfredini 1988, 280.
18 Mommsen 1881, 21 ; Behrens 1923, 50 ; Fugmann 1990, 77.
19 Sur ce problème voir en dernier lieu Ampolo & Manfredini 1988, 277-278.
20 Cf. Varron apud Servius Daniel ad Aen. 2. 636 ; Scholia Verg.Veron. ad Aen. 2.717 ; Denys d'Hal Ant rom., 1.46.3-4 ; 47.4.
21 Martin 1982, 10 et n. 32.
22 Pour un état de la question, voir Richard 1983, 170
23 Id.
24 OGR. 19.4.
25 C'est l'opinion de Richard 1983, 169.
26 Plut., Rom., 9.1.
27 Cf. Plut., Rom., 17.5, qui s'inscrit en faux contre cette assertion d'Antigone – sans doute Antigone Gonatas (voir Ampolo & Manfredini 1988, 316).
28 Cf. Liv. 1.14.3 ; Plut., Num., 5.5 ; Orose, Histoires, 2.4.6 ; Augustin, Cité de Dieu, 3.13.
29 Arnaut-Lindet 1990, 205, n.5.
30 Sur cette tradition, voir Bruggisser 1987, 131-135.
31 Carter 1909-1915, col. 182, 26-28.
32 Cf. Schilling 1976.
33 Cf. Martin 1994, 408-411.
34 Seul Rothstein 1924, 2.192, pense que Properce 4.1.9-10 pourrait faire allusion à une phase de la légende postérieure à la fondation de Rome. Mais cette hypothèse n’est pas étayée.
35 Le groupe est représenté sur le didrachme frappé en 269 sous le consulat de Q. Ogulnius (cf. Thomsen 1961, 119 sq.). Sur la valeur idéologique de réconciliation nationale autour des mythes premiers de la cité cf. Martin 1994, 212.
36 Notamment Bruggisser 1987, 79-83.
37 Briquel 1980.267 ; cf. déjà Schilling 1960, 182-199.
38 Sur ce personnage mystérieux, voir Richard 1983, 180.
39 C'est abusivement que Bruggisser 1987, 134 sq., range ces témoignages sous la tête de chapitre “Partage du pouvoir entre Romulus et Remus”.
40 Martin 1982, 58-59 ; cf. Poucet 1967, 356.
41 Liv. 1.13.5 ; Denys d'Hal., Ant. rom., 2.46.2 ; Plut., Rom., 19.9.
42 Sur la “sabinisation” du Quirinal par la tradition, cf. Poucet 1967, 5-74.
43 Par anticipation sur l'octroi historique aux Sabins en 290 (cf. Velleius 1.14.6), selon Bruggisser 1987, 223. Peut-être convient-il de rapprocher cette notice d'une autre (Servius ad Aen. 7.657) où, selon Varron, Romulus aurait concédé aux Sabins l’Aventin, colline de la plèbe, c'est-à-dire des citoyens “de seconde zone’’, aux débuts de la République.
44 Cf. cependant supra n. 27.
45 Cf. dossier en annexe.
46 C’est en tout cas l’avis de Tite-Live 2.1.4.
47 O.c.
48 Si l’on admet le bien-fondé de l'analyse de Gjerstadt 1962, 42, qui voit dans les figures de Tatius et de Numa, dans une certaine mesure, des doublets sabins, notamment du point de vue de l'action religieuse. Contra Poucet 1967, 154.
49 Martin 1982, 55-67.
50 Martin 1982, 19-40.
51 Wiseman 1995, 128. Déjà Classen 1963 avait pensé à une utilisation antimonarchique du mythe dans cette période où Rome est confrontée à des tyrannies grecques et, de la même façon, en avait induit la création alors du mythe de la gémellité.
52 Cf. ce que nous disions, dans Martin 1982, 225 sq., des fondements mythiques de la légende.
53 Cf. Martin 1994, 294-296 ; 405-411.
54 Dion Cassius 44.6.3.
55 Dion Cassius 53.30.6 ; Tac., Ann., 2.83.1.
56 Cf. Bruggisser 1987, 136-138.
57 Bruggisser 1987, 148-153.
58 Bruggisser 1987, 154-160.
59 Nous empruntons ces expressions à Poucet 1985, 238 sq.
Auteur
Université de Montpellier.
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