Les mysiens : du mythe a l’histoire
p. 135-146
Texte intégral
1Les Mysiens sont un peuple bien difficile à cerner pour les modernes1. La première impression est celle d’une relative abondance des sources qui concernent une zone assez étendue et qui par conséquent paraissent accréditer l’image d’une “Grande Mysie’’ occupant presque le quart nord-ouest de l’Anatolie. Cependant, un examen plus attentif montre que l’on rassemble sous ce nom générique des données très disparates, et surtout qu’il est fait fréquemment référence à un passé, plus ou moins lointain, dont on souligne qu’il est différent de la situation vécue par les auteurs. Il y a donc deux Mysies, l’une qui relève de la tradition mythique, sans doute réactivée pour des raisons conjoncturelles ; l’autre qui rend compte des avatars politiques de la région et que nous plaçons à l’époque de la domination perse ou dans la perspective des États hellénistiques jusque dans leur phase de disparition.
1. L’origine des Mysiens : sources et interprétation
2Homère est évidemment notre premier jalon. Dans le “catalogue troyen” du chant 2 il est fait référence (vers 858) aux chefs des Mysiens2 : Mυσῶν δὲ Xρόμις3 ἦρχε καὶ Ἔννoμoς oἰωνιστής. Ils apparaissent juste avant les Phrygiens qui tiennent la région autour d’Askania (2.862-863), puis viennent les Méoniens nés au pied du Tmolos (2.866). D’autres Mysiens sont mentionnés en Thrace qui sont réputés pratiquer le combat au corps à corps (13.5). Retenons déjà l’idée qu’il y a deux groupes de Mysiens : l’un en Europe, l'autre en Asie. Se pose alors la question de la date de composition du “catalogue troyen”. Elle est tout aussi problématique que celle du “catalogue des vaisseaux”4 dont il est le pendant. P. Wathelet5, l’un de ses derniers commentateurs, conclut qu’il s’agit d’un passage “ancien” sans pour autant qu’il remonte à l’époque mycénienne.
3Les Mysiens apparaissent également en tant qu’entité individualisée parmi les peuples soumis à Crésus (Hérodote 1.28). C'est chez eux, et plus précisément dans la région du Mont Olympe, que se situe l’épisode célèbre d’Adraste (Hérodote 1.36 sq.) et de la mort du fils de Crésus. Leur sujétion au roi lydien ressort à l’évidence du récit.
4La question des origines est abordée implicitement par le même Hérodote qui met en scène une expédition menée conjointement par les Mysiens et les Teucriens. Ceux-ci passent en Europe en franchissant le Bosphore (7.20)6 avec comme effet, en une sorte de mouvement circulaire, la migration en Asie de Thraces de la région du Strymon lesquels prennent alors le nom de Bithyniens (8.75).

5Hérodote souligne aussi les parentés ethniques entre divers peuples de l'Asie Mineure occidentale : les Mysiens sont des colons (apoikoi) des Lydiens que l’on appelait autrefois Méoniens (7.74)7. Ils peuvent participer au culte de Zeus Karios à Mylasa, comme aussi les Lydiens, parce qu’ils sont apparentés (kasignétoi) aux Cariens. Cela est justifié par les filiations mythiques : Lydos et Mysos sont des frères de Kar (1.171). La présence de ce thème chez Hérodote suppose une élaboration relativement ancienne de ces mythes. Elle est la conséquence de la réunion de tous ces peuples d’origines diverses sous la tutelle des Sardiens, mais montre aussi quels sont les peuples qui “comptent” à ce moment.
6A l’époque de Darius les Mysiens appartiennent au 2e nome (3.90). On doit observer qu'ils sont cités en premier et les Lydiens en second. Dans plusieurs autres cas l'ethnos principal est nommé ainsi en deuxième position, le premier étant un peuple grec ou en tout cas plus hellénisé.
7C’est en se référant, directement ou non, aux auteurs les plus anciens que Strabon reconstitue un schéma reproduit par la plupart des modernes. En 12.4.8, il s'appuie sur le témoignage de Skylax pour soutenir que la Bithynie a été d’abord colonisée par les Mysiens et aussi que les Phrygiens et les Mysiens se sont fixés autour du lac d’Askania. Le détroit entre Byzance et Chalcédoine s’est appelé Bosphore mysien avant d’être qualifié de thrace. Il en conclut que les Mysiens étaient des Thraces. Cela découle aussi de 7.3.2 et suivants où il affirme que Moesiens et Mysiens ont la même origine et se sont séparés en deux branches :
- L’une restée en Europe8, dans les régions danubiennes, dont il fournit une description complaisante des mœurs et rappelle le commentaire de Poseidonios au vers d’Homère (Iliade, 13.5) évoqué plus haut.
- L’autre installée en Asie entre Lydiens, Phrygiens et habitants de la Troade, d’origine thrace comme les Phrygiens parents des Briges. les Mygdoniens, Bébriciens, Médobithyniens, Bithyniens, Thyniens et, pense Strabon, les Mariandyniens9.
8A partir de là s’est établie une sorte de “vulgate”10 qui implique en particulier d’inverser l’ordre des mouvements évoqués par Hérodote, au moins pour les Mysiens, et de supposer que plusieurs peuples apparentés, ou en tout cas ayant séjourné préalablement dans la même région balkano-danubienne, traversent les détroits pour coloniser le quart nord-ouest de l’Anatolie. Strabon apporte une précision importante en indiquant que la région de l'Olympe serait, selon Artémidore, peuplée de Mysiens venant du Bas-Istros. Il suggère donc qu'il y a eu deux groupes de migrants et la prise en compte de la configuration géographique pourrait en effet laisser penser que les uns sont arrivés en traversant le Bosphore alors que les Mysiens pergaméniens auraient emprunté la route de l’Hellespont.
9Peut-on préciser la date de ces mouvements ? Comme l'ont observé aussi bien Poseidonios que Strabon, l'Iliade distingue Mysiens d'Europe et Mysiens d'Asie, indice de l’ancienneté de la migration, même si – nous l’avons vu plus haut – on ne peut attribuer de date trop précise au “Catalogue troyen”, Hérodote retient que ces événements ont eu lieu antérieurement à la Guerre de Troie. En l'absence de données archéologiques fiables les modernes ne se prononcent pas véritablement. Par exemple R. A. Crossland11 est très prudent sur la date à attribuer à ces déplacements à partir de la Thrace : premiers siècles du Ier millénaire, à moins que ce ne soit à la fin de l’Age du bronze. Un peu plus loin12, en proposant une équivalence entre les Muški des tablettes assyriennes et les Mysiens, il suppose que ces derniers sont arrivés en Anatolie antérieurement aux Phrygiens.

2. Pour une “géographie” de la Mysie
10Les témoignages seront considérés comme d’autant plus précieux qu'ils feront référence à des situations anciennes.
11Un premier ensemble d'informations concerne le nord du golfe d’Adramyttion et la région de l’Ida13. Le territoire d’Atarnée est en Mysie (Hérodote 1.160 ; cf. 8.106) mais au delà de l'Ida on est dans le pays d’Ilion [c’est à dire en Troade] (7.42). La plaine du Caïque est aussi en Mysie (7.28 et encore 7.42).
12Le texte du Pseudo-Skylax14 mérite d’être revisité. Ici comme ailleurs les toponymes ont été fort maltraités par les copistes, mais ce n’est pas une raison suffisante pour introduire des corrections violentes, qui par ailleurs ajoutent à la confusion : c’est le cas pour le début du § 98. Rappelons pour mémoire le texte des § 96 et 98 :
§ 96 Ἐντεῦθεν δ’ Aἰολὶς χώρα καλεῖται. Aἰoλίδες δὲ πóλεις ἐν αὐτῇ εἰσὶν ἐπὶ θαλάττῃ Κέβρην, Σκῆψις, Νεάνδρεια, Πετίεια, παράπλους Φρυγίας ἀπὸ Μυσίας μέχρις Ἀντάνδρου 15. [§ 97]. § 98 Ἀπ’Ἀντάνδρου καὶ τῆς Ἰνδίσης 16 (mss) τὸ κάτω17 (mss) ἦν πρότερον μὲν δι’ αὑτὴν ἡ χώρα Μυσία μέχρι Τευθρανίας, νῦν δὲ Λυδία, Μυσοὶ δ’ ἐξανέστησαν εἰς τὴν ἤπειρον ἄνω. Εἰσὶ δὲ πόλεις ἐν αὐτῇ Ἑλληνίδες καὶ ἐν τῇ Λυδίᾳ αἵδε Ἄστυρα, οὗ τò ἱερòν καὶ Ἀδραμύττιον. Ἥδε χώρα Λεσβία18.
“A partir de là le pays est appelé Éolide, les cités éoliennes qui y sont ‘sur mer’sont : Kébren, Skepsis, Néandreia, Pétieia ; côte de la Phrygie à partir de la Mysie jusqu'à Antandros. [§ 97 Lesbos], Lydie. A partir d'Antandros et du pays des Indei, le bas’était autrefois territoire de la Mysie sous ce nom jusqu’à Teuthrania19, maintenant c'est la Lydie. Les Mysiens ont reflué vers l’intérieur. Il y a là des cités grecques et en Lydie ce sont les suivantes : Astyra avec son sanctuaire et Adramyttion ; puis vient la chôra de Lesbos”.
13Le style est heurté mais il n'y a pas lieu de penser que le texte est incomplet. Je crois en effet qu’il convient de l'interpréter à la lumière de ce que nous savons de la géographie politique de l'Empire perse ἐπὶ θαλάττῃ du § 96 doit être lu en relation avec τò κάτω du § 98. Le premier concept n’est acceptable que s’il correspond à une classification administrative, sinon comment pourrait-on soutenir que Kébren, Skepsis sont “sur mer’ ?20 De même on sait que τò κάτω désigne la satrapie administrée depuis Sardes21. Disputée entre Sardes et Daskyleion, cette région a connu de multiples renversement de situation au ive s.22
14Il me semble que Ἰνδίσης ne doit nullement être transformé en Αἰολικῆς (Müller suivi par Peretti). Les pays des Indei est en effet fort bien documenté à la fois par les inscriptions et les monnaies23. On connaît depuis longtemps une série de monnaies impériales portant des légendes proches : ΙΝΔΕΙ, ΙΝΔΕΙ ΣΤΡΑΤΟΝΕΙ, ΙΝΔΙ ΣΤΡΑ. L. Robert relève aussi, dans des listes éphébiques pergaméniennes de la fin du iie s. et du début du ier s. av. notre ère, des étrangers (voisins) regroupés sous une rubrique ξένοι parmi eux un Ἐπικράτης Διυδώρου Στρατονικεὺς τῶν ἀπò Ἰνδειπεδίου.). Il existe donc à ce moment une Stratonicée de l'Indéipedion24. De la légende Ἰνδειπεδιατῶν sur des bronzes, complète ou abrégée (donc sans mention de Stratonicée), L. Robert tire argument pour supposer une forme de sympolitie entre les Indeipédiatai et Stratonicée. II paraît en tout cas irréfutable que la cité de Stratonicée a été fondée dans le pédion des Indéi25, lequel occupe la haute vallée du Caïque. Si notre interprétation est retenue, se trouve donc défini un triangle dont le Caïque serait approximativement la base et Antandros le sommet opposé ; pays autrefois mysien mais maintenant (c’est-à-dire à l’époque de la domination perse) lydien – en d’autres termes intégré à la satrapie de Sardes.
15On peut penser que cette situation correspond à la réalité politique du milieu du ives. mais il est probable qu’elle prend en compte, en particulier dans le repli “vers l'intérieur”, une situation plus ancienne avec l'existence d’un royaume mysien26 à l’époque du roi lydien Sadyatte (vers 610-560). Ce dernier cherche à épouser la fille du roi mysien qui tient Ardution27 dans la plaine de Thèbè, laquelle paraît être véritablement le centre de toute cette Mysie occidentale. Strabon souligne l’antiquité de l’occupation (par référence à Homère) de la région de Thèbè, qu’il dit en revanche être désertée de son temps. Mais pour bien montrer la complexité des situations, et en tout cas des récits mythologiques, observons que Xanthos28 met la fondation d’Adramyttion en relation avec le roi de Lydie Adramytès. De même pour Strabon la région a d'abord été lydienne avant d’être mysienne, alors qu'Astyra – et son sanctuaire célèbre d’Artémis – serait proprement mysienne, ce que confirment les listes du tribut attique où figure une entrée Astyrenoi Mysoi en 444/443 et 438/43729. Cette formulation implique une organisation de type koinon. Xénophon (Hell., 4.1.41) mentionne seulement le sanctuaire. Le Pseudo-Skylax la qualifie de polis (Tissapherne y bat monnaie). Pour Strabon (13.1.51) elle est un simple village (komè) mais il ajoute (13.1.65) qu'elle était autrefois une polichnè. La région fait l’objet de conflits aux multiples rebondissements entre les satrapes de Sardes et de Daskyleion30. Pour sa part Strabon (13.4.4), après avoir traité de Pergame et Apollonia, évoque une chaîne de hauteurs31 qui sépare la plaine du Caïque de Thyatire32, “colonie des Macédoniens et, aux dires de certains, limite des Mysiens”. En s’appuyant sur une source différente il écrit ensuite qu’au nord de Pergame [une vision par conséquent plus réductrice] il y a surtout des Mysiens, dans le pays qui est à droite des Abaïtes. Vers le sud les limites de la Mysie apparaissent à Strabon comme très incertaines : “la Phrygie Katakékaumènè qui est habitée par les Lydiens et des Mysiens”... (12.8.18) ou encore : “Après les Lydiens viennent les Mysiens et la cité de Philadelphie...”. (13.4.10) : “la Katakékaumènè... qui pourrait être appelée Mysie ou Méonie” (13.4.11). On rapprochera Ptolémée (5.2.21) à propos de la cité de Kadoi (cf. Strabon 12.8.12) qui est dite : Mαιονίας ἐν μεθορίοις Μυσίας καὶ Λυδίας καὶ Φρυγίας. Il est alors utile de verser au débat les vers 49-52 des Perses d’Eschyle33 : “Les voisins du Tmolos sacré se flattent aussi de jeter sur la Grèce le joug de l’esclavage, Mardon, Tharybis, enclumes de la lance, avec leurs Mysiens lanceurs de javelots”34.
16Il est donc tout à fait concevable que les Mysotimolitai dont il est question dans la grande inscription des conventus trouvée à Éphèse35 soient une relique de cette situation ancienne. Question identique, que sont les Mysomakédones de la haute vallée du Kaïstros : des Mysiens mêlés à des Macédoniens ou plus vraisemblablement des troupes mysiennes équipées à la façon de la phalange macédoniennes et installés là, comme colons vraisemblablement, par les Attalides ?36 A cette époque la région qui va de Kadoi à la Katakékaumènè et à Gordos au moins, relève de la Mysie Abbaïtide.
17A l’est, la chaîne de l’Olympe (Ulu Dağ) constitue un point d'ancrage aisément identifiable tout comme l’Ida à l’Ouest. Elle représente sans doute une zone refuge pour les Mysiens en cas de besoin37. Cette identification Mysiens-Olympe est ancienne (cf. Hérodote 7.74 : “du Mont Olympe, on les appelle Olympéniens”). Strabon (12.8.10) présente l’Olympe comme un point d’ancrage autour duquel s’articulent de nombreux peuples. Au nord, Bithyniens, Mygdoniens (jusqu’à Myrleia), Doliones (vaste région autour de Cyzique), le reste est partagé entre Mysiens et [Phrygiens] Épictètes. Le contraste est frappant avec 12.4.6, d’où il ressort que, selon lui, à l’époque d’Homère l’Aisèpos servait de frontière à la Troade et à la Mysie.
18Enfin la zone qui se trouve au nord de la chaîne de l’Olympe est également mysienne au témoignage du Pseudo-Skylax 93(76) : “Mysie. Après la Thrace, il y a le peuple de Mysie... On y trouve les cités grecques suivantes : Olbia et son port ; Kallipolis et son port, le cap du golfe de Kios et sur la gauche la cité de Kios et le fleuve Kios. 94(77) Phrygie. Après la Mysie, il y a le peuple de Phrygie et les cités grecques suivantes Myrleia...”. Cette assertion est largement reprise par la tradition érudite, par exemple Apollodore38. Un autre type de documents confirme de façon éclatante le point de vue du Pseudo-Skylax. Deux inscriptions, un décret hellénistique d'un dèmos39 et une inscription honorifique d’époque impériale avancée40, de la région de la moderne Yalova – donc sur la côte méridionale du golfe d'Olbia – signalent un culte de Zeus Pratomysien. Les habitants de la région se définissent donc eux-mêmes comme des Mysiens “originels”, Pratomysioi, par opposition à d’autres Mysiens, par exemple ceux de la région de Pergame ?
19Strabon est plus hésitant. Après avoir indiqué implicitement que Kios et Myrleia sont situées en Basse Phrygie, appelée Phrygie Épictète sous les Attalides, puisque Pruse de l’Olympe de Mysie est contiguë à la fois des Phrygiens et des Mysiens (12.2.4). Il poursuit : “il est difficile de définir les frontières entre les Bithyniens, les Phrygiens et les Mysiens”. Ailleurs (12.4.5), traitant de la région du lac d’Askania, il évoque d’abord une “grande Mysie”, de l’Aisèpos à l’Olympe et au lac susnommé, alors que la Phrygie Épictète l’entourerait à l’intérieur. Pour concilier les vers 2.862 (supra) et 13.792 de l'Iliade41, Strabon est même contraint de supposer l’existence des deux Askania, l’une phrygienne, l'autre mysienne42. En 12.4.6 il conclut que la tradition ancienne concernant les peuples (ethnè) ne rend pas compte des évolutions historiques qui ont entraîné de nombreux changements. Il attribue aux Phrygiens et aux Mysiens le leadership après la guerre de Troie, puis aux Lydiens (etc.). Les derniers maîtres romains43 ont provoqué la disparition des dialectes44 et même des noms de nombreux peuples. La vision très synthétique qui est proposée ici ne paraît pas si éloignée des réalités historiques.
3. Quelques problèmes historiques
20Je laisse de côté un certain nombre de questions délicates qui mériteront une étude détaillée (satrapie de Mysie, basileia de Kios) pour consacrer quelques lignes au problème des peuples. Dans la liste des nomes fournie par Hérodote, la Mysie apparaît en première position avant la Lydie, qui est pourtant le centre du deuxième nome, administré depuis Sardes. La question de la valeur historique de cette liste, et subsidiairement de sa relation avec les listes de peuples de l’épigraphie achéménide, a été maintes fois soulevée. Ce n’est pas le lieu d’aborder une question aussi complexe, énonçons simplement quelques observations simples : le seul dénominateur commun possible entre ces deux types de sources sont les peuples -ethné chez Hérodote, dahyu dans les listes perses. Il faut en effet considérer que notre point de vue a été assez largement faussé par notre perception hellénocentrique. L’entité individualisée qu’est la cité n’est pas l’interlocuteur le plus normal de l’autorité perse mais bien plutôt le koinon régional à raison d’un koinon pour chaque peuple. Conséquence induite le gouvernement satrapique ne saurait être perçu comme une entité territoriale homogène ni même obligatoirement composée de territoires contigus. C’est la seule façon de rendre compte par exemple de la présence dans le premier nome des Cabaléens-Lasoniens et des Hytennéens et, dans le cas qui nous occupe, de l’enchevêtrement des deux premiers nomes comprenant chacun deux parties de la Phrygie et deux parties de la Mysie. C'est, semble-t-il, de cette façon que l’on peut comprendre plusieurs passages de Strabon : 12.4.4 : διότι μὲν εῖναι δεῖ ἕκαστον φῦλον χωρίς ὁμολογεῖται, d’où le proverbe : χωρίς τὰ Μυσῶν καὶ Φρυγῶν ὁρίσματα ; “et il est admis que chaque peuple est ‘à part’ des autres [...], à part sont les limites des Mysiens et des Phrygiens”, ainsi que 12.8.1 où il est observé qu’il y a une “petite” Phrygie, celle de l'Hellespont et de l’Olympe, et une “grande” Phrygie intérieure. De même une Mysie de l’Olympe (Olympènè, contiguë de la Bithynie et de la Phrygie Épictète) est distinguée d’une autre centrée sur le Caïque et autour de Pergame.
21Pour les époques anciennes nous savons peu de choses sur la Mysie centrale. C’est à cette région que fait référence l’auteur des Helléniques d’Oxyrrhynque (16.1) : “εἰσι γὰρ οἱ πολλοὶ τῶν Μυσῶν αὐ [τονόμοι καὶ] βασιλέως οὐχ ὑπακούοντες”45. Le rapport de ces régions à l’hellénisme et à la transformation en cité a fait l’objet d’analyses divergentes au cours de ces dernières années. Dans un précédent article46 j’avais suggéré que les Mysiens avaient été les agents actifs de l’hellénisation dans la région au sud du Temnos. Les inscriptions grecques du cours supérieur de l’Hermos remontent au mieux au iie siècle avant notre ère mais sur la périphérie de la Mysie l’influence des cités grecques anciennement implantées s’est faite sentir plus tôt et dans la partie occidentale la présence de colonies militaires a dû jouer un rôle actif dès le iiie s. dans la diffusion de la langue et de la civilisation grecques47.
22A contrario la zone montagneuse et très boisée de la partie centrale est restée longtemps à l’écart48. C’est le pays des katoikiai mysiennes de Polybe 5.77 au cours de la campagne d’Attale ier en 21849. On pensera aussi à l’image que les Grecs de Bargylia ont des paysages de l’Abbaïtide avec leurs forteresses paraissant imprenables : τὰ ὀχυρώ[ματα πάντα] δοκοῦντα εἶναι δυσάλωιτα50. Tout l'intérieur de la Mysie conserve (et même développe) à l’époque hellénistique une organisation de mode tribal. C’est ici, comme en Carie, le koinon qui est l’agent fédérateur des villages. Le cas de l’Abbaïtide est à cet égard très bien documenté depuis quelques années. Deux décrets de Gordos qui émanent d’une subdivision des Mysiens de l’Abbaïtide ([ἔδοξε τοῖς ἐν] Γόρδῳ Μυσοῖς Ἀββαεῖται) qualifient cette entité de δῆμος (1.11)51. Rappelons aussi l’inscription toujours inédite trouvée dans la région de Silandos52 qui débute comme suit : ἔδοξε Μυσῶν Ἀβαιτῶν τῇ) βουλῇ καὶ τῷ δήμωι. Il semble bien qu’il s’agit là des instances de l’entité que l’inscription précitée de Gordos désigne sous le vocable de σύμπας δῆμος (κατασταθείς τε στρατηγός πλεονάκι τοῦ σύνπαντος δήμου). W. Waddington53 publiant une inscription de Kadoi, souligne que le phénomène de développement de la polis a dû être relativement tardif. Il allègue en particulier les monnaies à légende ΜΥΣΩΝ AΒΒAΙΤΩΝ54 (et celles de leurs voisins orientaux EΠIΚΤHΤΕΩΝ55) émises au moins jusqu’à la fin de la période hellénistique alors que celle des cités de la région ne débutent que sous Claude au plus tôt56. La réorganisation administrative de l’Asie avec la mise en place du système des conventus57 a dû contribuer à l’éclatement des anciennes structures58 et par conséquent favoriser le processus, déjà bien amorcé, de transformation en cités.
23L. Robert59 reconnaît dans plusieurs fragments de listes éphébiques pergaméniennes une abréviation dans le groupe de lettres ΜΕΛΛΗ...... qu’il interprète en Μ(ῦσος) Ἐλλη[σπόντιος]. Il rapproche de Strabon 12.4.10 : οἱ περὶ τòν Ὄλυμπον Μυσοί (οὓς Ὀλυμπηνοὺς καλοῦσί τινες, οἰ δ’Ἑλλησποντίους). Ces Mysoi apparaissent dans des listes d’étrangers parmi d’autres dont on précise la cité d’origine. Il me paraît que nous avons là l’attestation indirecte d’une organisation communautaire comparable à celle des Mysiens de l’Abbaïtide. Cette hypothèse est à mettre en relation avec le fait que la cité de Pruse de l’Olympe est fondée seulement par Prousias Ier60. Enfin, en ce qui concerne l’Abrettènè, elle était sous la tutelle de Zeus Abbrettènos et de son prêtre encore à l’époque de César au moins61. L’essentiel des créations de cités se place sous les Julio-Claudiens et les Antonins62.
Conclusion
24Comme le pressentait Strabon, l’histoire de l’Asie Mineure occidentale, et particulièrement celle de la Mysie, est faite de flux et de reflux. Les récits mythologiques ont comme caractéristique commune d’accorder à la Mysie une place qui est démesurée par rapport à son importance historique. Cette première impression doit être quelque peu nuancée lorsque l’on observe qu’elle est une entité tout à fait importante chez Homère et dans la tradition homérique. Le reflux se produit dans la deuxième partie de l'archaïsme avec l’émergence et l’apparition au premier plan d’autres peuples tels les Phrygiens et les Lydiens. A l’époque de la domination perse, c’est l’image d’une Mysie sauvage, insoumise, que véhicule Xénophon. Vision sans aucun doute incomplète puisque déjà s’organise autour de Pergame une entité géo-politique pleine d’avenir. Pour la suite il ne faut pas oublier que nous sommes à Pergame dans l’un des centres traditionnels de la Mysie. Il n’est pas question de refuser la qualité de “Grecs”63 aux habitants de la cité – ils ne le sont ni plus ni moins que les citoyens de nombre de cités asianiques – mais on doit souligner le poids “mysien” de leur environnement. On pourrait matérialiser ce fait par les listes éphébiques et, de façon plus banale, par le rôle des Mysiens dans l'armée pergaménienne. Il me paraît tout à fait plausible que cette dimension mysienne ait été exploitée à des fins idéologiques, à l’intérieur du royaume, comme élément d’unification et pour justifier l’expansion territoriale. En ce sens la bibliothèque de Pergame et ses érudits étaient les bienvenus lorsqu’ils mettaient en lumière le lustre passé de la Mysie.
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Notes de bas de page
1 Neumann 1979, c. 1529-1533. Il est significatif qu’il n’y ait pas eu d’article “Mysia” dans la Real Encyclopädie.
2 Ces mêmes Mysiens ont fait cadeau de mules à Priam (24. 275-278).
3 Le “souvenir” de ce héros a dû être ressuscité à l’époque hellénistique, cf. OGIS, 446 (LW 1001) : dédicace des Mysiens de l’Abbaïtide à leur πρoπάτωρ Chromios.
4 On sait sur ce point les positions “extrémistes” et contradictoires de Hope-Simpson & Lazenby 1970 et Giovannini 1969.
5 Wathelet 1988 ; cf. aussi Hope-Simpson & Lazenby 1970, 176-183.
6 Selon Hdt. 5.122, les Gerghites de Troade sont “les restes des anciens Teucriens”.
7 Il est très tentant de mettre cela en relation avec les épisodes sus-mentionnés où la Mysie appartient au royaume lydien, Daskyleion étant le lieu tout désigné pour le siège d’un gouvernement provincial.
8 Cf. encore Str. 10.3.14-17.
9 Cf. Str. 12.3.3 : “La plupart des historiens s’accordent à dire que les Bithyniens qui étaient auparavant des Mysiens reçurent leur nouveau nom des peuplades thraces immigrées dans le pays... Au reste on dit que les Mysiens eux-mêmes seraient des colons venus de Thrace et issu du peuple qui porte aujourd'hui le nom de Moesiens”.
10 Cf. par exemple Thomas & Stubbings 1962, 105 : ils seraient passés comme les Phrygiens des régions danubiennes à la Troade.
11 Crossland 1982. 837.
12 Crossland 1982, 849.
13 Pour un catalogue des sources, cf. Stauber 1996.
14 § 96 et 98 (Müller), réédité par Counillon 1986-1987, 56 ; cf. aussi Peretti 1979.
15 Str. 13.1.51 définit Antandros comme une cité lélège et à ce propos introduit un système binaire, Lélèges-Ciliciens, implicitement antérieur à celui décrit par Skylax : Éoliens-Lydiens.
16 Αιολικής Müller.
17 Cf. la note de Counillon et aussi Stauber 1996, 151 (τὰ κάτω Müller).
18 Les corrections des noms propres ne sont pas indiquées lorsqu'elles étaient évidentes.
19 C’est aussi ce que retient Photios, Lexicon, s.v.ἔσχατος Μυσῶν.
20 Petieia n’est pas localisée Cook 1973, 288.
21 On rapprochera de Thc. 8.5.4 : στρατηγòς τῶν κάτω où Weil & de Romilly 1972, 5, n. 2 entendent τῶν Kάτω comme un neutre (contra Andrewes, in : Gomme et al. 1981, 15).
22 Cf. aussi Xén., Hell., 3.10.
23 Robert 1935 (19622), 43-71. Robert 19622, a modifié sensiblement son opinion sur quelques points importants (essentiellement la chronologie des cistophores de Stratonicée).
24 Robert 19622, 52.
25 Mention d'un personnage désigné comme Ἰνδός (οu plutôt Ἰνδι(πεδιάτης) dans une liste éphébique d'Apollonis, Robert 19622, 70 sq. ; TAM, V.2, 1204 ; sur la racine ind dans de nombreux toponymes anatoliens Buresch 1898, 125-126 ; sur les Indeipediatai, Zgusta 1984, 199 § 235.
26 Himerios (cité par Stauber 1996, 126) : ό of- ὁ δὲ Ἀταρνεὺς Μυσῶν πόλις ... Μυσῶν βασιλέως.
27 Stauber 1996, 135, à propos de Nicolas de Damas FGrHist 90 F 47(6), suggère qu’il pourrait y avoir là une corruption du texte pour Adramyttion mais Étienne de Byzance, s.v., attribue la mention de ce toponyme à Xanthos, avec la même orthographe.
28 Xanthos, FGrHist 765 F 4 (Athénée 12.515 d-e) ; cf. aussi Nicolas de Damas, FGrHist 90 F 65. Étienne de Byzance s.v. Ἀδραμύτειον ; Str. 13.1.65.
29 IG, I3, 268 ; 273.
30 Sans prétendre à l’exhaustivité, Thc. 8.108 ; Xén., Hell., 1.1.25-26 ; 4.1.41 ; Hell. Ox. 16.1.
31 Robert 19622, 266, souligne de façon peut-être excessive la barrière ainsi créée entre Mysie et Lydie. Ce qui est dit ci-dessus à propos de Thyatire prouve qu’elle être contournée (même observation pour le Temnos plus à l’est).
32 Cf. Herrmann, TAM, V.2, 1989, ch. 21 (Testimonia), 306-307, même définition chez Étienne de Byzance, s.v. θυάτειρα qui ajoute qu’il s’agit d’une fondation mysienne ; Robert 1987, 147 place la frontière entre Lydie et Mysie à l’est de Thyatire.
33 Ce dernier était sans aucun doute bien informé sur les Mysiens auxquels il consacre une pièce du même nom, cf. Nauck 1889, 47 sq.
34 Trad. Mazon, CUF.
35 Ed. pr. Habicht 1975 (= IK, 11.1-Ephesos, 13).
36 Sur ces questions cf., avec les références, Debord 1985, 348-349 ; inscriptions, TAM, V.l, 444 ; 690.
37 Str. 12.8.8.
38 Apoll. 1.9.19 : Kios de Mysie fondée par Polyphème ; cf. 1.9.18 : arrivée des Argonautes au pays des Doliones dont Kyzikos est le roi ; ils passent ensuite en Mysie. L’identité mysienne de Kios étant déjà affirmée par Hdt. 5.122 ; elle est réitérée au ive s. par Xén., Hell., 1.4.7 et les Hell. Ox. 17.3.
39 Corsten 1991, 81.
40 Robert 1949, 35 sq. (=IK, 32-Apameia-Bithinien, 114).
41 A noter que Strabon – ou sa source – est amené à gloser sur les informations fournies par ce passage en signalant que Morys est le chef d’un contingent mysien (et en postulant qu’il y a deux personnages du nom d’Ascagne).
42 Cf. aussi Str. 12.4.8.
43 Cf. aussi Str. 13.4.12.
44 On se demandera si les inscriptions de Daskyleion. Bakir & Gusmani 1991, 157-164 ; 1993,136 sont en dialecte phrygien ou – plus vraisemblablement – en mysien (il n’est pas exclu que les deux aient été très proches).
45 Cf. aussi Xén., Hell., 3.1.13 ; Anab., 1.6.7 ; 9.14. ; 2.5.13 ; 3.2.23 ; Mém., 3.5.26.
46 Debord 1985,349.
47 Cf. e.g. TAM, V.2, 901 ; 1166 (Thyatire).
48 Robert 1987,133-148.
49 Robert 1937, 191-194 ; Robert 1987,537 sq.
50 Holleaux 1938, 180-181,1. 19-20, cf. aussi 1. 13-15 (époque de la guerre d’Aristonikos).
51 Malay & Petzl 1984, 157-165 avec le commentaire de Robert & Robert, Bull. 1984, 384, qui refusent l’équivalence dèmos-cité, globalement à juste titre dans la mesure où, à la différence de ce qui se passe en Carie dès le ive s., nulle part n’apparaît le terme de polis qui va justement commencer à fleurir à partir des Julio-Claudiens. Mais il convient de ne pas verser dans un manichéisme simpliste. Le dèmos tel qu’il fonctionne à Gordos emprunte l’essentiel de ses modèles à la Grèce, il s’agit là de l’ultime étape avant le passage à la cité (les “freins” pouvant être internes ou externes).
52 Drew Bear 1981, 119 n. 109.
53 Le Bas & Waddington 1870, no 1001, commentaire.
54 E.g. BMC Phrygia, 1-2, no 1-10, pl. II 1-3 ; SNG von Aulock 3929-3930.
55 E.g. BMC Phrygia, 200-201, no 1-9 ; SNG von Aulock 3567-3570.
56 Cf. les observations de Robert & Robert, Bull. 1984, 384-385 adoptant le point de vue de Waddington 1870 ; cf. aussi Debord 1985, 349 (à propos de Malay & Petzl 1984 et Malay 1983, 25-27).
57 Sur une discussion concernant la date de création des conventus, Debord 1985, 351 ; Sartre 1991,262.
58 Ainsi Str. 13.4.12.
59 Robert 19622, 80 sq.
60 Robert 1937, 232 ; Str. 12.4.3 situe la fondation à l’époque de Crésus, Étienne de Byzance s.v. Προῦσα propose celle de Cyrus.
61 Debord 1982, 332 n. 45 à partir de Str. 12.8.9. Ce serait sans doute une assez sérieuse erreur de perspective que d’attendre dans cette région très accidentée un État sacerdotal comparable aux Comana, etc. La création de cités a lieu seulement à partir de l’époque d’Hadrien.
62 Robert 19622, 266-268 ; Robert & Robert, Bull. 1984, 384.
63 A noter cependant les “complexes” de Dion de Pruse à propos de la parfaite grécité de sa cité : Or. 44.9-10.
Auteur
Université de Bordeaux III - Ausonius.
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