La diffusion de la recherche archéologique espagnole en France. Raymond Lantier et les cours à l’École du Louvre, 1939-1943
p. 301-319
Résumé
This paper begins with a text of P. Mitter referred to the Western criticism of the Indian art from classical criteria in the colonial period. It criticizes the common error in postcolonial studies of forgetting that such critics are part of a more general European debate on the capabilities of their respective ancestors. National models required to prove the continuity of the ancestors and their abilities to meet the challenge of the artistic and intellectual superiority of Greece and the political domination of Rome. Some French authors (Albertini, Jullian, Paris) are commented, particularly their contrasting views of Celts and Iberians, and T. Mommsen.
Note de l’éditeur
Nous voulons remercier ici Mme Fabienne Queyroux, conservatrice de la section des manuscrits de la bibliothèque de l’Institut de France [aujourd’hui conservatrice à la bibliothèque de l’INHA – note des éditeurs], pour son aide inestimable dans la consultation du fonds Raymond Lantier.
Texte intégral
1Pere Bosch Gimpera (Barcelone, 1891-Mexique, 1974) est probablement le préhistorien et archéologue espagnol le plus important de la première moitié du xxe siècle. Professeur de la chaire de Préhistoire à l’université de Barcelone depuis 1916 jusqu’à son exil en 1939, doyen de la faculté des lettres (1931-1933), puis recteur (1933-1939), il a contribué de façon décisive à l’organisation de la recherche préhistorique en Espagne et en Europe avant la deuxième Guerre mondiale. Ministre de la Justice au gouvernement de la Catalogne pendant la guerre d’Espagne (1937-1939), il dut s’exiler d’abord en Grande-Bretagne (1939-1940) et peu après au Mexique (1941-1974) où il enseigna comme professeur à l’Université. Figure d’un grand prestige international, il œuvra encore comme directeur de la Division de la philosophie et des sciences humaines à l’UNESCO (1948-1952) et joua un rôle de premier plan dans la création d’abord des Congrès internationaux des sciences préhistoriques et protohistoriques (CISPP, 1931) puis de l’Union internationale des sciences préhistoriques et protohistoriques (UISPP, 1956), et dans l’adhésion de celle-ci au Conseil international de la philosophie et des sciences humaines (CIPSH)1.
2Sa relation professionnelle avec Raymond Lantier (1886-1980) a commencé à la fin de la décennie de 1910, c’est-à-dire après que le préhistorien français eut achevé ses obligations militaires à la suite de la Première Guerre mondiale comme lieutenant au Service de Restitution à Wiesbaden entre 1919 et 19212. Élève de Pierre Paris, d’Henri Breuil et d’Henri Hubert, Lantier avait voyagé pour la première fois en Espagne en 1915, travaillant durant quelques mois avec Breuil à Batuecas, Avila3 et Albacete4 : cette période lui permit de réaliser ses premières études d’archéologie espagnole5 dont il allait devenir un expert reconnu. Le lien entre le Français et le Catalan s’établit au travers du musée des Antiquités nationales de Saint-Germain-en-Laye dont Lantier était le conservateur adjoint depuis 1926, conjointement à Hubert et sous la direction de Salomon Reinach, après avoir occupé l’Inspection des antiquités et des arts de Tunisie entre 1921 et 19266. Au fil des années 20, les voyages d’étude, les conférences ainsi que les relations entre les musées de Saint-Germain et de Barcelone créèrent des liens d’amitié et de respect professionnel qui allaient demeurer fixés à partir de l’automne 1926. Le prestige de Bosch en France, où il participera peu après à la Commission d’experts internationaux désignés par le congrès de l’Institut d’anthropologie d’Amsterdam pour déterminer l’authenticité du site de Glozel, aux travaux de laquelle il prendra part aux côtés des chercheurs français Robert Forrer du musée de Strasbourg, l’abbé Fevret d’Épinat, Didier Peyrony, conservateur du musée des Eyzies et M. Champion7, restaurateur du musée des Antiquités nationales de Saint-Germain-en-Laye et collaborateur de Lantier8, fera de lui une référence indispensable pour qui, comme Lantier, s’intéressait aux problèmes de l’archéologie espagnole. Mais ce ne fut pas seulement avec Bosch : son principal disciple, Luis Pericot, commença à se mettre en relation professionnelle avec Lantier en 1923, quand l’échange de tirés à part leur permit de connaître leurs travaux respectifs9. C’est pour cela que lorsque Pericot, déjà professeur de chaire à l’université de Saint-Jacques-de-Compostelle, se proposera de réaliser un long voyage d’études dans divers pays d’Europe pour découvrir les collections ainsi que les matériaux des principaux musées et centres de recherche, le musée de Saint-Germain-en-Laye sera une de ses principales destinations, et Lantier son introducteur10 dans une institution dont il sera nommé responsable principal en 193311.
3Lantier sollicita de Bosch et de Pericot des listes bibliographiques et de publications pour se maintenir à jour de la recherche12 mais, rapidement, vinrent s’ajouter aux contacts professionnels des liens personnels13 – auxquels s’ajouta une étroite relation entre les épouses des deux premiers, Yvonne Chevalier-Lantier et Josefina García de Bosch – qui se maintiendra pendant des décennies, amitié que le couple français exprima aussi à Pericot. Invité par Bosch, Lantier participa aux séances du IVe Congrès international d’archéologie classique qui se tint à l’université de Barcelone en 192914 (fig. 1), mais pas au suivant, qui eut lieu à Alger l’année suivante15.
4Son séjour à Barcelone eut trois résultats importants : rassembler des connaissances avec certains des chercheurs espagnols de plus grande renommée, comme Blas Taracena, relations qui perdurèrent elles aussi ; visiter les sites ibériques fouillés par Bosch dans le Bas Aragon, dont les données deviendront des références essentielles pendant des années dans ses cours sur la culture ibérique (“L’exploration des cantons montagneux de l’Est et du Centre de la Péninsule a été organisée méthodiquement : P. Bosch Gimpera et J. de C. Serra-Rafols ont déblayé les ruines des villages ibériques aragonais”)16 ; et entamer les premiers contacts pour la structuration d’une organisation internationale qui réunirait les préhistoriens séparés des chercheurs de l’archéologie classique. Les conversations continuèrent à Berlin sur la proposition de Gerhard Bersu, le 2 octobre 1930, pendant la réunion commémorative du centenaire de l’Institut archéologique allemand : Bosch, Gerhard Bersu, Wilhem Unverzagt et Lantier définissant les bases d’un projet qu’ils décidèrent de poursuivre quelques mois plus tard au cours d’une réunion qui se tint au MAN de Saint-Germain-en-Laye. Le 24 février17, les quatre personnes mentionnées, auxquelles vinrent s’ajouter Hugo Obermaier, constituèrent le noyau initial de travail, appelé par la suite Comité ou Groupe des Cinq, bien qu’aux réunions participèrent aussi Roland Vaufrey et, trois jours plus tard, le 27 février, Sir John Myres, arrivé de Londres pour une ultime consultation qui se tint dans les bureaux du musée du Louvre et qui garantit l’appui des préhistoriens britanniques. Des conversations surgit l’idée d’une réunion large, convoquée par Bosch Gimpera, qui aurait lieu au Bernisches historisches Museum de Berne entre le 27 et le 30 mai 1931 ; au cours de celle-ci fut constitué le Congrès international des Sciences préhistoriques et protohistoriques, dont la première réunion eut lieu à Londres en 1932, sur la proposition de Myres. Il s’agit sans doute de la base de l’organisation internationale de la science préhistorique qui existe encore de nos jours comme UISPP (Union internationale des sciences préhistoriques et protohistoriques). Ce succès fut attribué par des chercheurs tels que G. Heuten, dès 1934, à la montée de l’archéologie espagnole : “C’est un archéologue de Barcelone, M. Bosch Gimpera, qui convoqua et présida en 1931 à Berne une conférence destinée à rétablir les congrès internationaux de préhistoire et protohistoire : rien ne pouvait mieux manifester l’importance considérable prise en Espagne par ces disciplines”18.
5En 1930, Lantier revint en Espagne pour donner une série de conférences : tout d’abord à Madrid, le 11 février, où il fut l’hôte de Pierre Paris, Hugo Obermaier et José Ramón Mélida à la Residencia de Estudiantes, sous le titre Les fouilles de Carthage, et ensuite à Barcelone, où il la répéta le 17 mars, devant les membres du Conferentia Club dont Bosch était vicesecrétaire, puis le jour suivant à l’Institut français, où il parla à cette occasion sur L’art celtique19. Pendant son voyage, il rendit visite aussi à Pericot, professeur de la chaire de Valence depuis 1927, qui lui expliqua les trouvailles d’art mobilier dans le site d’El Parpalló, au sujet duquel Lantier demanda un article pour la nouvelle revue, Préhistoire, qu’il se proposait d’éditer – requête à laquelle Pericot ne pourra pas répondre à cause de son engagement aux côtés du Servicio de Prehistoria de la Diputación de Valencia20 – et ils s’entendirent même pour reprendre ensemble les fouilles dans la zone du Bas Aragon21 que Bosch avait dû abandonner en 1923 à cause de l’instauration de la dictature de Primo de Rivera.
6Bosch, invité par Lantier, donna à son tour une conférence à l’École du Louvre le 15 mars 1934 sur le thème Les Celtes et la civilisation post-hallstattienne en Espagne22, dans laquelle il proposa sa thèse sur l’existence de deux vagues migratoires vers la péninsule Ibérique au cours du premier millénaire a.C., idée qu’il développa par la suite dans son ouvrage Two Celtic waves in Spain, dans lequel il reprit les conférences qu’il donna, à l’invitation de Frederick Kenyon en 1939, au Memorial Lecture on Celtic Archaeology de la British Academy. En octobre 1934, alors que Boch Gimpera était détenu, en sa qualité de recteur de l’université de Barcelone, sous l’accusation de connivence avec la proclamation indépendantiste du président de la Generalitat Lluís Companys, les chercheurs français, avec à leur tête Albert Grenier et Raymond Lantier, à la demande de Josefina García et de Bosch lui-même, intercédèrent en sa faveur auprès du gouvernement espagnol23, qui décrétera sa libération au mois de décembre. Lantier, en outre, fut l’un des rares chercheurs, conjointement à Élisabeth de Manenville, à se rendre à la convocation de la Commission internationale pour la préhistoire de la Méditerranée en septembre 1935 que Bosch organisa suite à la proposition faite par le Ier Congrès international des sciences préhistoriques et protohistoriques à Londres en 1932. Il rompit ainsi, par conviction personnelle, le boycott non écrit que décrétèrent les Britanniques, les Allemands et les Italiens dû à ce qu’ils supposaient être la position politique extrémiste de Bosch (fig. 2).
7Des années avant le thème qui nous occupe, en 1927, Lantier fut nommé professeur à la chaire de la section Antiquités nationales et préhistoire de l’École du Louvre à la suite de son maître Henri Hubert, poste qu’il assuma jusqu’à l’année universitaire 1951-1952 où il sera à son tour remplacé par Claude Schaeffer. Bien qu’il ait dédié ses premiers cours de 1927-1928 et 1928-1929 à des thèmes en rapport avec l’art et les typologies matérielles du Paléolithique et du Néolithique, il commença en deuxième année à donner des conférences sur Les époques d’Hallstatt et de la Tène, principalement en France et dans la péninsule Ibérique, ce qu’il développa dans le cours de 1931-1932 sous le thème Les civilisations épipaléolithiques, néolithiques, et de l’âge du bronze, principalement en France et dans la péninsule Ibérique. Les années suivantes, et jusqu’en 1937-1938, il traita, dans diverses perspectives, de la problématique de la chronologie et des typologies des âges du bronze et du fer dans plusieurs zones d’Europe, Bosch étant son invité dans le cours de 1933-1934, L’âge du bronze (fin) et le premier âge du fer. Parallèlement, il consacra ses cours à l’Institut d’études hispaniques de l’Université de Paris au cours de l’année universitaire 1936-193724 à des thèmes d’archéologie péninsulaire englobant, sous le titre Archéologie de l’Espagne antique, quatre séminaires consacrés aux différents thèmes suivants : Les industries et arts du Paléolithique. Les civilisations néolithiques ; Le Néolithique et l’âge du bronze ; Les âges du fer et la civilisation ibérique ; et L’Espagne romaine et wisigothique. Le grave accident que Lantier subit le 28 juin 1937, en tombant dans les escaliers du Palais de Tokyo où il se fractura gravement le genou, l’empêcha de continuer son travail d’enseignement car il demeura immobilisé ou en convalescence hospitalière jusqu’en septembre 1938.
8Peu avant son accident, Lantier avait publié un compte-rendu enthousiaste du principal ouvrage de Bosch paru avant la Guerre civile, Etnología de la península Ibérica25 :
“Nul mieux que lui n’était aussi bien préparé à écrire ce gros livre, qui vient à son heure pour ‘faire le point’, préciser la nature et le caractère des découvertes archéologiques de ces trente dernières années, aussi bien que le grand rôle tenu par la Péninsule dans l’élaboration des civilisations primitives de l’Europe occidentale. La précision qui apparaît dans la mise en œuvre d’une documentation surabondante contribue à faire de ce volume une œuvre excellente et durable”26.
9Dans son analyse, il acceptait la plupart des thèses de Bosch quant aux diverses étapes de la Préhistoire péninsulaire. En plus des étapes relatives aux âges du bronze et du fer, il est intéressant de signaler comment Lantier jugea positivement la position de son ami en ce qui concernait la date de la colonisation phénicienne :
“La conclusion la plus importante est celle qui oblige à avancer la date de la première apparition des colons phéniciens sur les côtes d’Espagne, apparition qui ne peut être antérieure au viiie siècle avant J.-C. La belle époque du commerce phénicien correspond ainsi au viie siècle ; à partir du vie, il est en décadence et, dans les dernières années de cette période, commence une nouvelle phase avec l’arrivée des Carthaginois qui, eux, apparaissent comme les véritables colonisateurs”.
10Bosch maintint ces idées pendant des décennies et Lantier les accepta, vu qu’elles constituaient un des thèmes des communications que Bosch réalisa à l’Académie, Précédents et étapes des Phéniciens en Occident, en 1972, où il put réaffirmer que ses idées étaient valides plus de quarante ans après : “En outre il semble que la fondation de Cadiz est impossible le 1.000 et dans une des dernières publications d’Albright – qui y tenait – se penchait aussi vers plus tard, comme j’ai fait toujours [sic]”27.
11La relation entre les deux chercheurs et leurs familles se poursuivit pendant la Guerre civile, et de manière fluide jusqu’en août 1940 pendant la première étape de l’exil de Bosch en Grande-Bretagne, période au cours de laquelle, face à la menace allemande du début de la Deuxième Guerre mondiale, ils ne purent que comparer la situation politique avec les flux migratoires et les invasions de la Préhistoire :
“Il semble qu’ils aient fait un certain séjour en Touraine d’où ils se seraient dirigés vers l’Espagne. Du Rhin, il semble qu’ils soient sortis les uns par la Moselle et la Lorraine, et seraient passés vers la Loire et la Touraine, et les autres seraient venus de Belgique par la voie normale Saint-Quentin-Paris-Chartres. Ces mouvements sont aussi conformes avec les invasions d’Angleterre au temps des Deverel-Rimbury et All-Canning Cross (et plus ou moins parallèles aux Jogasse) qui représentent le résultat des premières pressions germaniques du temps du Rauhtopf. Le climax de la pression dans tous les sens s’opérant à la foi par le Harz, par la ligne Teutoburg-Kassel en direction du Main et par le Rhin en direction de Cologne-Aix-la-Chapelle-Belgique qui a produit l’émigration des Celtes en Espagne. Il semble que les Allemands n’aient pas cessé depuis les temps les plus anciens d’embêter (j’allais dire d’emmerder) le monde, spécialement vous et nous”28.
12À partir du cours de 1939-1940, une fois rouverte l’École du Louvre pendant les premiers mois de la Deuxième Guerre mondiale29, Lantier consacra ses cours à expliquer la protohistoire de la péninsule Ibérique, et tout spécialement la culture ibérique, avec un double objectif : d’une part, faire connaître à ses étudiants une période et une aire géographique peu diffusées jusqu’alors en France, et d’autre part, disposer d’une base de comparaison chronologique et culturelle qui lui permette de traiter la phase ibérique du Sud-Est français et ses relations avec l’impact colonial grec. En outre, Lantier traita la protohistoire péninsulaire comme contrepoint de l’expansion celtique en Europe centrale, autre axe essentiel de son discours didactique.
L’ acceptation des thèses de Bosch dans le séminaire de 1939-1940
13Sous le titre L’âge du fer en Espagne30, il indiqua dans sa première leçon, le 21 novembre 1939 :
“Mon intention est de diviser ce cours en deux grandes parties. 1) Dans la première, je m’efforcerai de vous familiariser avec un matériel archéologique assez différent de celui du reste de l’Europe et qui présente une originalité incontestable. Les découvertes archéologiques faites en Espagne depuis une cinquantaine d’années nous ont fait connaitre, depuis le Paléolithique supérieur jusqu’à la conquête romaine, une suite de civilisations dont l’importance historique est de premier plan pour l’explication de l’histoire du monde occidental avant la conquête de Rome sur ces territoires. 2) Dans la seconde partie, nous chercherons à délimiter le domaine celtique et ibérique et à caractériser, aux points de vue social, économique et religieux, l’un et l’autre de ces groupes. Mais avant d’aborder l’étude de ces civilisations, il est de toute nécessité que je vous entretienne des colonisateurs, carthaginois, grecs, étrusques, dont les établissements ont exercé sur la civilisation ibérique une influence qu’on a eu tendance à exagérer, mais dont l’attention cependant ne saurait être négligée.”
14Ces objectifs précis montrent un net distanciement des présupposés français concernant l’archéologie espagnole et s’alignent clairement sur le contenu et les lignes de travail définies par Bosch Gimpera.
15Lantier, de surcroît, ne laissa pas passer l’occasion pour réaliser un résumé élogieux de l’évolution de la recherche archéologique en Espagne durant la première moitié du xxe siècle :
“Avec les six années qui suivirent 1900, l’archéologie espagnole se crée de toutes pièces et dans ce grand œuvre nous trouvons encore des Français. En 1903, Pierre Paris publie le tome I de son ouvrage Essai sur l’art et l’industrie de l’Espagne primitive. Henri Breuil et Hugo Obermaier, avec Juan Cabré Aguiló, commencent l’exploration des grottes et abris sous roche des peintures du Paléolithique supérieur et du Néolithique. Un Allemand, Adolf Schulten, commence les recherches à Numance, recherches qui seront continuées par José Ramón Mélida. Un mécène espagnol, le marquis de Cerralbo, fouille les nécropoles post-hallstattiennes des provinces de Soria et Guadalajara. Le musée de Barcelone travaille à Ampurias. Le gouvernement espagnol promulgue alors une loi sur les fouilles et crée la Junta des fouilles et antiquités31. Sous l’active impulsion de cet organisme, le pays se couvre de chantiers de fouilles, dont les résultats sont publiés rapidement. L’exemple est suivi par les Diputaciones provinciales, nos Conseils généraux, qui créent leurs centres de recherches. Celle de Barcelone, avec l’Institut d’Estudis Catalans [(IEC)], instituera le Service des recherches archéologiques pour la Catalogne et les Baléares, celles de Valence et de Soria feront la même chose pour le Levant et la Castille ; les musées de Solsona et de Vic, en Catalogne, travaillent avec le service de recherches. L’Ayuntamiento (municipalité) de Madrid organise un Service de recherches préhistoriques. L’École des hautes études hispaniques de Madrid, en accord avec ces organismes, entreprend elle aussi des campagnes de fouilles. Les musées de Madrid et de Barcelone [sic]. En un quart de siècle, l’Espagne a rattrapé son retard et à cette œuvre s’attachent les noms de Bosch Gimpera, Serra Ráfols, Colominas Roca, Castillo Yurrita ; Obermaier et Breuil, et Schulten parmi les étrangers. C’est une masse de documents merveilleux qui nous ont été rendus, dont l’importance, nous l’avons déjà vu, a eu une influence considérable sur notre connaissance de l’histoire ancienne de l’Occident européen”.
16Les chercheurs cités montrent bien que Lantier était tout particulièrement lié aux membres de l’École d’archéologie de Barcelone dirigée par Bosch Gimpera ; par ailleurs, il ne cite pas d’autres chercheurs avec lesquels il était en relation ou dont il connaissait les travaux, comme c’est le cas de Juan Cabré, de Blas Taracena ou d’Antonio García y Bellido. Obermaier, en dépit de sa nationalité espagnole et du fait qu’il effectuait ses recherches et son enseignement en Espagne depuis 1914, était considéré comme un étranger, de même que Schulten, avec lesquels Lantier avait maintenu une correspondance régulière pendant les deux décennies précédentes, en rapport avec les fouilles à Numancia et à Huelva pour le second, et de manière beaucoup plus personnelle avec le premier, relations qui se poursuivront jusqu’au départ en exil d’Obermaier à Fribourg en 1939. C’est pour cela qu’il est logique que la majeure partie de la bibliographie que le savant français recommandait soit constituée d’ouvrages de Bosch Gimpera32, en commençant par Etnología de la Península Ibérica, dont il dit : “C’est un ouvrage indispensable et que vous ne devez négliger de lire, la plume à la main33”. Conjointement à ces livres, comme travaux généraux, il recommandait les écrits de Pierre Paris34, José Ramón Mélida35 et Manuel Gómez Moreno36, ainsi que ses propres publications37. Les rapports des interventions provenaient des revues : Anuario de la Sociedad española de antropología, etnografía y prehistoria (1933) ; Memorias de la Junta superior de excavaciones y antigüedades ; Comisión de investigaciones paleontológicas y prehistóricas ; des petites études monographiques fournies aux participants au IVe Congrès international d’archéologie classique tenu à Barcelone en 192938 ; des travaux du Seminario de estudios galegos dirigé par Florentino López Cuevillas et Joaquín Lorenzo ; des périodiques Archivo de prehistoria levantina ; Annuari de l’Institut d’Estudis Catalans ; Boletín del Seminario de arte y arqueología de la Universidad de Valladolid (1931) ; Anales de la Asociación española para el progreso de las ciencias ; Investigación y progreso ; et Archivo español de arte y arqueología (jusqu’en 1936). En ce qui concerne les études d’autres chercheurs, il cita des travaux spécifiques de Pericot39, Taracena40, Sandars41, Mendes Correia42, Leite de Vasconcellos43, Rhys Carpenter44 et Schulten45.
17À partir des travaux indiqués, ses positionnements furent plus clairs, couvrant la protohistoire péninsulaire sur la base de l’analyse des sources classiques, pour lesquelles il utilisa les trois fascicules des Fontes Hispaniae antiquae éditées par Bosch et Schulten et parues jusqu’à ce moment-là, avec une référence spéciale à l’Ora marítima d’Avienus :
“Ce sont donc des documents qui nous permettent ensuite de tenter de replacer sur la carte les populations dont les noms nous sont donnés par les auteurs grecs et latins. Pour plus de facilité, j’ai regroupé ces documents sous trois grandes rubriques : 1) les établissementsvilles-villages-campements ; 2) les cimetières ; 3) les sanctuaires (…) nous en profiterons pour étudier les mobiliers domestiques et funéraires, les objets de culte, les céramiques, les équipements, les harnachements, etc. Bien entendu, ce tableau ne sera pas complet. Il n’existe pas encore de manuel comparable, mais je m’efforcerai de vous en faire connaître l’essentiel. Cela sera à vous de compléter les indications que je vous donnerai par les lectures que je vous indiquerai et surtout de regarder des ‘images’”.
18L’information essentielle pour couvrir ces objectifs furent les textes de Bosch Gimpera et, parmi eux, les résultats des fouilles développées par le Servei d’investigacions arqueològiques de l’IEC dans le Bas Aragon entre 1915 et 1923. Bien que Bosch ne fut jamais en mesure de publier une monographie des interventions, tout spécialement des travaux réalisés dans le village de San Antonio de Calaceite, Lantier put cependant utiliser les informations qu’il dut obtenir, petit à petit, de manière ponctuelle dans divers travaux, offrant ainsi des généralités dépourvues, en de nombreuses occasions, de contenu spécifique, ce qui entraîna des erreurs et des hyper-généralisations par manque d’analyse critique :
“P. Bosch Gimpera a très justement attiré l’attention sur le fait que dans l’Est de l’Espagne, l’âge du fer commence par une période de caractère archaïsant vers les viie-vie siècles, persistant au ive en Aragon, dans le Sud de la Catalogne et dans une partie du royaume de Valence. Ce sont là les premiers témoins de la civilisation ibérique. Et, fait important, celle-ci est encore imprégnée des éléments dus aux Almériens qui occupaient le pays à l’âge du bronze. De lui, du début de la Tène, à Valence, en Bas Aragon, et en Catalogne méridionale, le même mélange de céramique sans décor almérien, parfois avec des profils argariques et des reliefs, rappelant les cultures des grottes de l’Énéolithique. Du Bas Aragon, des récipients de type almérien et des pointes de flèches en bronze argariques, les haches de bronze tubulaires au Villalonc de Calaceit et des moules des Escondines Baixes de Maçalió”.
19Lantier définit l’existence de deux grands groupes culturels, les Ibères qu’il situa sur la côte orientale de la Péninsule, la vallée de l’Èbre, la Catalogne et le Sud-ouest de la France, avec des prolongations vers le Nord de la meseta espagnole et, même, le Portugal. Il inclut aussi, parmi les principales tribus, les Édetains, les Llergetes, les Carpétains, et les Aquitains ainsi que les “éléments ibériques”, Celtibères et Lusitains, idée qui découlait de la classification zonale primitive de la céramique ibérique réalisée par Bosch Gimpera en 1913-1915 qu’il employait encore comme valide alors qu’elle avait été largement dépassée. Le deuxième grand groupe de populations était celui des Tartessiens, qui englobait toutes les tribus de l’aire andalouse. Dans ce cas, son explication ne prenait en considération ni les sources classiques ni les travaux de Schulten, vu qu’il unifiait dans une même structure culturelle Tartessiens et Ibères, sans définir les ruptures chronologiques et conceptuelles qui avaient déjà été envisagées. Comme il a été indiqué, le principal intérêt de Lantier résidait dans l’expansion celtique vers l’Europe occidentale et méridionale, raison pour laquelle, à son avis :
“C’est ce double groupement que les Celtes ont failli unifier sous leur domination, au cours des deux vagues qui ont déferlé sur la Péninsule : l’une vers 1000 a.C. a amené en Catalogne et sur l’Èbre les gens des Urnenfelder ; l’autre vers 600, la plus importante, a envoyé des tribus jusqu’en Galice et au Portugal septentrional et méridional, en Estrémadure, sur la meseta (plateau central) et dans la Sierra Morena. Ce mouvement a donné naissance aux Celtibères de la Meseta, où l’élément celtique, comme le remarque Hubert, apparaît en position de chefs. Mais ces exploits n’ont pas eu de suite durable et, au moment de la conquête romaine, l’ibérisation de l’Espagne est un fait accompli, mais c’est là un fait de civilisation et non de politique. On ne saurait attacher au nom d’Ibérie aucune caractéristique raciale. Ce n’est là qu’un terme géographique parvenu jusqu’à nous par l’intermédiaire des Grecs, qui semble être une expression générique du nom d’une tribu péninsulaire primitive”.
20Après l’unification des populations par la superposition des communautés celtiques, on distingua, à partir des typologies matérielles, quatre grands groupes, Ibères, Tartessiens, Celtes et Celtibères, qui auraient occupé respectivement : Valence, le Bas Aragon, la Catalogne, l’aire de la Galice méridionale ainsi que diverses zones de la moyenne vallée de l’Èbre pour les premiers ; la zone du Sud-Est, Alicante, Murcie et Albacete, pour les deuxièmes ; l’Andalousie, pour les troisièmes ; et la vallée de l’Èbre, Numancia, la Galice et le Portugal, pour les derniers.
21La dépendance de Lantier envers les thèses de Bosch se reflétait tout spécialement dans l’explication du système d’organisation et l’architecture des villages ibériques :
“Le village ibérique est caractérisé par un ensemble de maisons ou de cabanes indépendantes les unes des autres, mais réunies par un mur d’enceinte qui leur assure une véritable unité. La maison isolée n’existe pas. Quelle que soit la petitesse de l’agglomération, à la Gessera par exemple, les différentes habitations gardent une vieille indépendance les unes des autres et sont nettement distinctes. Cette organisation de l’habitat est la représentation la plus simple de l’organisation politique ibérique dans ces régions, dont la tribu est l’expression assez effanente. Celle-ci réunit, à ce qu’il semble, les divers villages d’une même région, apparentés par les liens ethniques, dont les origines sont fort anciennes. Mais l’union de la même tribu où celle des tribus voisines est rare, éphémère, et nombre de villages sont restés en dehors. En réalité, chaque agglomération doit le souffle à elle-même et se défendre par ses propres moyens. Ces faits, tant humains que politiques, expliquent le caractère peu aventurier et non conquérant des groupes ibériques, très différents en cela des Celtes ou des Germains”.
22L’archéologie du peuplement ibérique fut essentiellement pour Lantier celle des travaux du groupe de Bosch, avec quelques exceptions très ponctuelles comme les travaux de Cabré à Azaila ou les interventions du Servicio de Investigaciones Prehistóricas de la Diputación de Valencia à Sant Miquel de Llíria – l’Edeta des sources classiques –, fouille qui, de fait, était directement en rapport avec Pericot. En plus des villages du Bas Aragon, il expliqua les interventions de Serra Ràfols dans le village de Puig Castellar (Santa Coloma de Gramanet), et celles de Colominas à Tossal del Mort (Tárrega), Sant Martí de Maldà (Mollerusa) et Tossal de les Tenalles (Sidamon), ainsi que celles du four ibérique de Fontscaldes (Tarragone). À cellesci, il ajouta des références à d’autres lieux qu’il appela la “côte catalane” bien qu’ils se soient trouvés très à l’intérieur des terres : Anseresa (Olius), Castellvell et Sant Miquel (Sorba). Un exemple de la dépendance mentionnée envers les thèses de Bosch se trouve dans l’analyse que Lantier réalisa des murailles cyclopéennes de Tarragone, dont la chronologie, romanorépublicaine, fut datée postérieurement à la prise de la Kesse ibérique par Scipion en 218 a.C. Mais, pour Lantier comme pour Bosch, ces constructions auraient été plutôt en rapport avec les typologies constructives des villages ibériques du Bas Aragon – tout spécialement La Gessera – et dans une moindre mesure avec les peuplements talayotiques des Baléares. Il data en conséquence la muraille du vie siècle a.C. et il reprit les diverses hypothèses sur son origine :
“Quels furent les constructeurs de cette muraille qui reste si monumentale malgré la rudesse de sa construction? Les hypothèses ne manquent pas et tour-à-tour on en a fait honneur aux Celtes, aux Tyrrhéniens ou aux Phéniciens, aux Ibères venus de l’Hindoustan, aux Pélasges, aux Mycéniens, aux Phocéens, aux Étrusques et même aux Romains. Il n’y a rien à retenir de ces hypothèses, dont seule la mycénienne par des savants qualifiés. Toutefois, la balance semble pencher en faveur des Ibères. Bosch a signalé le parallélisme architectural de l’enceinte de Tarragone avec les murs des bourgades ibériques de La Gessera (Gandesa, dans le Nord-ouest de la province de Tarragone, sur la rive droite de l’Èbre) et du Bas Aragon, explorés par lui, et qui appartiennent aux viiie-ve siècles avant notre ère. On ne saurait également oublier que le Périple du vie siècle, utilisé par Avienus, cite Callipolis (Tarragone) et que si la mention des murailles appartient bien, selon l’opinion de M. Bosch (contre M. Schulten) au texte du Périple, et n’est pas une addition d’Avienus, la preuve est faite de l’existence des murs cyclopéens à cette date. (…) Cette hypothèse des Ibères constructeurs est encore renforcée par le fait que son aménagement correspond au moment de la plus grande extension de la puissance de ces populations dont le Périple signale la domination sur les régions du Sud-est de la France. Rien ne s’oppose d’autre part à admettre la collaboration des Grecs qui entretenaient alors des relations d’amitié avec les Ibères. Mais, en réalité, c’est à de nouvelles fouilles qu’il faut demander la confirmation ou la rectification des hypothèses d’Hernández Sanahuja sur la stratigraphie la plus ancienne de Tarragone. (…) À la muraille primitive succède une construction caractérisée par l’emploi de blocs parfaitement équarris, taillés à bossages et portant une marque empruntée à l’alphabet ibérique. Elle repose directement sur les murs cyclopéens qui lui servent de fondations. Les pierres sont disposées dans le sens de la longueur, en rangées parfaitement horizontales, et c’est uniquement par hasard qu’une pierre est posée de champ. (…) De nouveau se pose le problème des constructeurs : Mélida en fait la muraille de la Cose préromaine ; Hübner et Puig y Cadafalch l’attribuent aux restaurations exécutées par les indigènes sur l’ordre des Scipions et expliquent les lettres ibériques par des marques de chantier. De toute manière, cette reconstruction se place entre le début et la fin du iiie siècle ; c’est l’œuvre des indigènes comme en témoignent les lettres ibériques. Nous pensons que la solution de la question est liée à celle des murs cyclopéens. Les restaurations de l’époque romaine sont presque impossibles à dater”.
23Hors de Catalogne, il ne consacra une attention spéciale qu’aux fouilles d’El Tolmo (Minateda) et de Numancia, en citant comme étant de moindre intérêt les bourgades de Meca (Albacete) et d’Osuna (Séville) ainsi que divers lieux dans la zone des provinces de Soria et de Logroño à partir, une fois de plus, des travaux de Bosch et de Taracena.
La péninsule ibérique pendant l’âge du fer. Cours de 1940-1941
24Il consacra à nouveau son enseignement de l’année suivante, 1940-1941, à l’Archéologie de la péninsule Ibérique pendant l’âge du fer46, en l’envisageant comme une continuation des leçons de l’année antérieure. Dans le premier cours, donné le 6 janvier 1941, il répéta la bibliographie apportée l’année précédente en introduisant, cependant, une intéressante nouveauté : l’article de Bosch “Les Celtes et la civilisation des urnes en Espagne”, que luimême venait d’éditer dans les pages de la revue Préhistoire. C’est pour cela qu’il put expliquer des fouilles caractéristiques du premier âge du fer, la nécropole d’Agullana et les grottes du Cau del Duc (Ullà) ; Els Encantats (Serinyà) ; Bora Tuna (Llorà), et Cau San Vicens dans la province de Gérone ; les nécropoles de Can Missert (Terrassa) et Can Roqueta (Sabadell), et la Cova Freda (Montserrat) dans la province de Barcelone ; et la Cova Fonda (Salamó) dans la province de Tarragone. Toutefois, et à la différence de l’année antérieure, il inclut un nombre plus important de fouilles péninsulaires pour expliquer le peuplement protohistorique, en insistant sur l’analyse qu’il réalisa d’El Redal, Roquizal del Rullo, Las Cogotas, ainsi que de la première phase de Numancia. Il continua cependant à employer l’Etnología comme base de l’analyse de la culture ibérique, en incluant d’intéressantes affirmations aussi bien sur son origine que par rapport aux typologies matérielles :
“Quant aux Ibères, leurs racines remontent à la préhistoire de la Péninsule. Il y a longtemps qu’ils sont installés dans la région où nous les signalent les historiens et les géographes de l’Antiquité : céramiques faites à la main non décorées et décorées ; forme des tombes qui se rattache à l’ancienne civilisation d’Almeria ; persistance de l’emploi de bronze pour la fabrication des pointes des flèches et des haches ; tout cela au début de l’âge du fer. Mais encore, nous l’avons vu, emprunts réciproques au domaine celtique et aux Tartessiens. Cela tendra, au milieu du ive siècle à se confondre avec la culture tartessienne. En somme, elle est fournie d’éléments fort divers par un peuple qui tient le pays depuis longtemps”.
25Contrairement à son réductionnisme sur les habitats, l’analyse des nécropoles fut beaucoup plus plurielle, d’une extrême logique due à ses propres expériences concernant ce thème, depuis ses premiers séjours en Espagne dès 1915, et son discours fut donc beaucoup moins dépendant des ouvrages de Bosch. Lantier présenta à ses étudiants les nécropoles d’Osuna et de Carmona (Séville), d’Almedinilla (Cordoue), de Peal de Becerro (Jaén), de Galera (Grenade), de Villaricos (Almeria) et d’El Molar (Alicante), ainsi que les sanctuaires de Castillar de Santisteban et de Collado de los Jardines.
26Pour l’année universitaire 1941-1942, il proposa à nouveau un thème hispanique : L’art ibérique et l’art celtique47. Une fois de plus, la base de son travail d’enseignement était l’Etnología de la península Ibérica, à laquelle il joignit un autre travail de Bosch, le catalogue de l’exposition sur l’Espagne primitive, œuvre qu’il qualifia aussi d’exceptionnelle :
“C’est un recueil de documentation capital pour l’histoire de l’art ibérique à l’occasion de l’Exposition de Barcelone, en 1929, ayant réuni au Palais national les œuvres principales de l’art espagnol, depuis les origines jusqu’à notre époque. Pour les périodes qui nous occupent, cette exposition était comparable à celle qui avait été réunie en 1937 au Palais de Tokyo, sous le titre Chefs-d’œuvre de l’art français”.
27Comme dans les années précédentes, il insista pour présenter les problèmes de l’archéologie espagnole à partir d’une seule vision, celle de Bosch Gimpera. En traitant à nouveau la question des murailles de Tarragone, il introduisit deux nouvelles références bibliographiques, à nouveau des travaux de Bosch : Problemes d’historia antiga i d’arqueologia tarragonina (1926) et Relaciones entre el arte ibérico y el griego (1929). Bien que dans son exposé Lantier ait montré un certain éloignement des liens entre les constructions cyclopéennes qu’il étudiait et l’architecture talayotique des Baléares, la ligne interprétative ne présentait aucune variation essentielle, en insistant sur son origine ibérique, alors même qu’il admettait la nécessité d’analyser les influences possibles de l’architecture coloniale grecque :
“La tradition est de rechercher les origines dans l’œuvre de populations étrangères, Pélasges, Hittites et Étrusques. Peut-être, tout en écartant ces noms y a-t-il dans cette tradition le reflet d’une influence étrangère qu’il nous faudra retrouver. Quoi qu’il en soit, ces constructions sont caractéristiques d’une certaine époque de l’histoire de l’Espagne préromaine. Dès l’abord, on est tenté de comparer ces enceintes d’énormes blocs aux monuments découverts aux Baléares, talayots et navettes qui présentent la même technique : grands blocs de pierre, soucieux, fort inégaux, disposés en alignement coregontaux. Mais, une première dissemblance apparaît : si l’on retrouve dans les monuments de Majorque et de Minorque les parties surmontées d’une architecture de l’enceinte de Tarragone, l’architecture baléarique ne connait pas les tours flanquant les portes de Tarragone. À Capocorp Vell, on a pu reconnaître tout à fait que deux talayots carrés étaient deux tours adossées à la muraille, mais les dimensions et les formes sont très différentes. S’il y a une ressemblance de technique avec les Baléares, il ne faut pas oublier que ces monuments sont contemporains de la fin du bronze, soit environ 1200-1000 av.
J.-C. Il n’est donc pas facile d’interpréter une action exercée par les talayots sur l’architecture catalane du second âge du fer. D’autre part, la pauvreté de la civilisation catalane ne permet pas de penser à des relations de civilisation entre ces deux régions à la fin de l’âge du bronze. Aucun renseignement quant à la date des autres enceintes de la Catalogne et du royaume de Valence, de Gérone ou de Sagonte, ne peut nous être donné par ces constructions. C’est au contraire à Tarragone que nous devons demander la solution du problème. Mais nous allons avoir des documents plus précis qui nous seront donnés par les villages les plus anciens du Bas Aragon et qui remontent aux ve-ive siècles avant notre ère48. Ces établissements forment un ensemble très homogène, aussi bien par les types de construction que par leur civilisation, bien qu’ils soient d’un caractère bien inférieur à l’enceinte de Tarragone (…) C’est donc avec les établissements du Bas Aragon, et aux ve et ive siècles que nous sommes amenés à comparer les murailles cyclopéennes de Tarragone, dont elles ne différent que par leur ampleur et leur importance, mais la technique est la même. (…) Mais quelle date faut-il assigner à l’enceinte de Tarragone? La stratigraphie de Tarragone apporte des éléments intéressants.
Sur la roche même, la couche la plus ancienne n’a donné que de la céramique faite à la main que l’on peut rapprocher des tessons des ve-ive siècles av. J.-C. des villages du Bas Aragon. Et nous pouvons ainsi établir un parallélisme entre les divers groupes et Tarragone. Mais ce n’est pas tout : un certain parallélisme peut encore être noté entre l’enceinte de Tarragone et la muraille de la colonne grecque d’Ampuries, ou l’on constate l’existence de tours carrées défendant la porte de la cité. La technique de la construction est bien loin de présenter la perfection de l’appareil polygonal que l’on pouvait espérer retrouver dans une muraille grecque du vie siècle ou même du ve. Elle présente au contraire une construction grossière, en quelque sorte cyclopéenne, qui contraste avec les autres constructions emporitaines (…) En conclusion, nous sommes amenés à reconnaitre dans la technique cyclopéenne une période de construction indigène, ibérique. De là, les ressemblances avec les talayots des Baléares, malgré le long espace de temps qui sépare la fin du bronze des ve et ive siècles. Ces hypothèses cadrent également avec ce que nous connaissons de l’histoire de la péninsule Ibérique. Dans la seconde partie du vie siècle av. J.-C., le Périple d’Avienus49 parle de Tarragone-Callipolis comme d’une ville forte, dans un territoire qui entretient des relations suivies avec les Grecs.
La question de contemporanéité ou non des murs de Tarragone et d’Emporion ne peut être résolue, car nous n’avons pas d’éléments nous permettant de faire pencher la balance dans un sens ou dans l’autre : Tarragone, puis Empúries, ou Emporion, puis Tarragone. Le Bas Aragon va encore nous permettre de suivre l’évolution de la technique architecturale des Ibères”.
28L’année universitaire suivante, 1942-1943, dont le premier cours fut donné le 16 novembre 1942, Lantier proposa le même thème : L’art celtique et l’art ibérique50. Ses présupposés étant identiques à ceux des années antérieures, la variation la plus intéressante était constituée par l’assomption de l’idée des influences méditerranéennes dans le développement de l’art ibérique, tout spécialement dans la sculpture en pierre. Étrusques et Grecs, c’est-à-dire les hypothèses de Schulten et Bosch, furent affirmés comme les supports documentaires de son discours d’exposé ; discours dans lequel il nia aussi bien les influences orientales sur l’art ibérique que l’existence même d’une dynamique pleinement autochtone dans sa formulation. Dans son cours du 9 mars 1943, il indiqua notamment :
“Vous connaissez déjà mon sentiment sur la question. Dans la dernière leçon je crois vous avoir projeté sur l’écran des comparaisons assez suggestives et assez probantes de l’action exercée par l’Étrurie sur la sculpture ibérique. Il est bon cependant de faire justice de certains témoignages orientalisants. Des animaux comme le taureau androcéphale de Bazalote n’ont rien à voir avec la Chalcidie, rien également avec l’Asie antérieure. Ceux d’entre vous qui ont suivi mes leçons depuis trois ans savent combien l’archéologie phénicienne ou carthaginoise est pauvre dans le bassin occidental de la Méditerranée. Ce ne sont que pacotilles de marchands, mêlées d’objets qui n’ont rien de punique ou de phénicien (…). C’est de la Grèce et de l’Étrurie qu’il faut parler et de ces deux uniquement”.
29L’incluant dans le chapitre de la manifestation artistique plutôt que dans celui de la culture matérielle, Lantier traita aussi la problématique des productions céramiques ibériques, en employant tous les travaux publiés par Bosch, depuis sa thèse de doctorat en 1913. Il n’inclut, comme éléments de comparaison et de réaffirmation de ces postulats, que les études de Cabré sur les matériaux d’Azaila et celles de Pericot sur les ensembles de San Miquel de Lliria51.
30Bien qu’à partir du cours de 1943-1944 Lantier cessa de consacrer ses leçons de manière spécifique à la péninsule Ibérique, en les centrant sur divers aspects de l’archéologie de la Gaule, ce n’est pas pour autant qu’il abandonna son intérêt pour les thèmes espagnols. Ainsi, en mai 194552, il consacra trois interventions dans les Troisièmes Journées de synthèse historique organisées par la Commission des Musées nationaux sur les thèmes suivants : Les deux vagues celtiques en Espagne, claire présentation de l’étude de Bosch ; Celtes et Ibères, Contribution à une étude des rapports de Civilisation ; et Parallèles de l’archéologie celtique en Espagne. Toutefois, après la Deuxième Guerre mondiale, et avec une distribution d’intérêts politiques très différente de celle qui existait en 1939, les relations de Lantier avec les archéologues espagnols se modifièrent. À Barcelone, il conserva son amitié avec Pericot53, qu’il retrouva lors de multiples congrès ainsi que dans les réunions du Comité permanent du CISPP-UISPP (fig. 3) ; de son collègue catalan, il traduisit La España primitiva sous le titre L’Espagne avant la conquête romaine54 en 1952, texte très intéressant pour suivre les modifications des relations personnelles, vu que Pericot ne citait pas, dans la bibliographie de son ouvrage, l’Etnología de Bosch, tout en mentionnant un travail postérieur paru au Mexique en 194455. En revanche, Pericot citait dans son ouvrage comme leaders de la recherche préhistorique en Espagne Julio Martínez Santa Olalla et Martín Almagro Basch, laissant entendre que les théories de Bosch pouvaient être considérées comme dépassées. Lantier se distancia du reste des membres de l’École de Barcelone, à l’exception précisément de Martín AlmagroBasch, successeur de Bosch à la tête du Musée archéologique56, avec qui il entra en contact grâce à Élisabeth deManneville à la fin de l’année 193957. Il maintint d’ailleurs avec celui-ci une relation personnelle et scientifique cordiale et réalisa en 1950 un tardif mais élogieux compte-rendu de son ouvrage Introducción a la Arqueología. Las culturas prehistóricas europeas (1941) en indiquant même : “Quelles que soient les retouches que le temps apportera à cet essai, le manuel de Martin Almagro reste de beaucoup le plus intéressant et le plus neuf qu’il nous ait encore été donné de lire58”.
31Mais c’est vers Madrid qu’à partir de cette époque il orienta de préférence ses relations, tout particulièrement avec Blas Taracena Aguirre, directeur du Musée archéologique national, et Antonio García y Bellido, professeur de la chaire d’Archéologie de l’université de Madrid et directeur de l’Institut Diego Velázquez du CSIC (Consejo Superior de Investigaciones Científicas), qui avait déjà publié une étude de Lantier en 1941 sur les relations entre les cultures ibérique et celte59. Dans ce travail, Lantier citait seulement deux travaux de chercheurs espagnols, les deux de Bosch, l’Etnología et “Les Celtes et la civilisation des urnes en Espagne”, paru dans Préhistoire la même année60. Ce geste marquait évidemment sa position et ne passa pas inaperçu. Après que Taracena eut insisté pour qu’il vienne à Madrid pendant le printemps 194461, quelques mois après la fin de la guerre, le 19 novembre 1945, et en dépit des réticences politiques des vainqueurs vis-à-vis du régime de Franco, Lantier prononça à l’Institut Diego Velázquez de Madrid une conférence qui avait pour titre Les sanctuaires et la religion celtiques du Midi de la France62 et il devint, à partir de ce moment-là, un participant assidu aux séances des Congrès nationaux d’archéologie et, en général, des réunions scientifiques qui se tenaient en Espagne, comme le IVe Congrès archéologique du Sud-Est espagnol (1948)63. Ce lien est d’ailleurs présent dans la bibliographie de ses cours ainsi que dans les comptes rendus qu’il réalisa pour la Revue archéologique, les mentions des ouvrages cités y étant fréquentes.
32Toutefois, l’amitié entre Bosch et Lantier perdura bien au-delà des circonstances de l’exil, tout d’abord au travers de la correspondance, expédiée successivement depuis la Grande-Bretagne, la Colombie et le Mexique, et par la suite de Paris quand Bosch occupa, entre 1948 et 1952, le poste de directeur de la Division de philosophie et sciences humaines de l’UNESCO. Et cette relation se maintint bien vivante jusqu’au décès du premier en 1974. Lantier fut aussi le diffuseur de l’œuvre de Bosch en France, après une première tentative avortée – à cause des circonstances politiques de 1939 – d’édition de L’homme fossile64, ouvrage de Bosch datant de l’année 1916 dont Lantier ne parvint à rédiger que la table des matières65. Mais il traduisit pour Payot, en 1961, El problema Indoeuropeo66 sous le titre Les Indo-Européens, et en 1967 L’Amérique avant Christophe Colomb : Préhistoire et hautes civilisations – qui constitua une primeur compte tenu du fait que la version espagnole ne sera éditée que de nombreuses années plus tard67. Dans les deux cas, l’entreprise fut menée à terme de son initiative propre et il réalisa personnellement les démarches auprès de l’éditeur, ce qui est encore plus significatif car il s’agit d’éditions qui n’eurent pas de succès commercial bien qu’elles satisfirent Bosch, tout particulièrement la traduction réalisée par son ami de son ouvrage sur les Indo-Européens68. Élu en 1946 membre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, il présenta, pendant l’année universitaire 1954-1955, la première des trois communications – dont le texte définitif sera édité en 195869 – que Bosch fit à l’Académie et dont le titre Encore le problème de la céramique ibérique et de sa chronologie70 était, davantage que l’annonce des résultats de nouvelles recherches, la référence explicite à une relation personnelle qui s’inscrivait déjà dans une période de presque 40 ans.
Abréviations
33BC, Pericot = Bibliothèque de Catalogne (Barcelone), Legs Lluís Pericot BIF, Lantier = Bibliothèque de l’Institut de France (Paris), Fonds Raymond Lantier.
34CISPP = Congrès international/aux des sciences préhistoriques et protohistoriques.
35MAN = Musée des Antiquités nationales (Saint-Germain-en-Laye).
36UISPP = Union internationale des sciences préhistoriques et protohistoriques.
Bibliographie
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Notes de bas de page
1 Gracia 2010 ; Gracia 2011a ; Gracia 2011b ; Gracia 2013.
2 BIF, Lantier, ms. 7976 : Carrière administrative. Service de la restitution artistique de Wiesbaden-Allemagne (1919-1921). Duval 1981 ; Turcan 1994.
3 Lantier & Breuil 1930.
4 Breuil & Lantier 1945.
5 Lantier 1916.
6 BIF, Lantier, ms. 7976 : Carrière administrative. Inspection des antiquités et des arts de Tunisie (1921-1926).
7 Archives de l’Académie des inscriptions et belles-lettres (Paris), Fonds René Dussaud, ms. Reg 449/7 : Glozel. La grande mystification de Glozel III. Les travaux de la Commission internationale.
8 Gracia 2011a.
9 BC, Pericot, lettre Lantier-Pericot du 20 juillet 1923.
10 BC, Pericot, lettre Bosch-Pericot du 21 novembre 1926.
11 BIF, Lantier, ms. 7979 : Rapport sur l’Administration et la Conservation des Musées nationaux pendant
12 BIF, Lantier, ms. 8022, lettre Bosch-Lantier du 21 octobre 1926
13 BIF, Lantier, ms. 8022, lettre Bosch-Lantier du 07 juin 1930.
14 Graells & Zuferri 2001.
15 BIF, Lantier, ms. 8022, lettre Bosch-Lantier du 25 mai 1930.
16 BIF, Lantier, ms. 7995 : Documents et notes pour l’article “Trois villes ibériques”.
17 BIF, Lantier, ms. 8023, lettre Lantier-Bersu du 15 juillet 1959.
18 Heuten 1934.
19 BIF, Lantier, ms. 8013 : Conférences. Notes de voyage de Mme Lantier.
20 BC, Pericot, lettre Lantier-Pericot du 20 mai 1930.
21 BC, Pericot, lettre Lantier-Pericot du 23 avril 1930.
22 BIF, Lantier, ms. 8022, lettre Bosch-Lantier sd. ; ibid., ms. 7983 : Cours année 1940-1941.
23 Archives du musée des Antiquités nationales (Saint-Germain-en-Laye), Fonds correspondance, lettre Josefina García-Lantier du 29 octobre 1934 ; ibid., lettre Albert Grenier-Lantier du 30 octobre 1934 ; ibid., Lettre Lantier-Josefina García du 11 novembre 1934 ; ibid., lettre Josefina García-Lantier du 19 novembre 1934. BIF, Lantier, ms. 8022, lettre Bosch-Lantier du 07 novembre 1934.
24 BIF, Lantier, ms. 7983 : Cours année 1936, Institut d’études hispaniques, Université de Paris.
25 Bosch Gimpera 1932.
26 Lantier 1937.
27 BIF, Lantier, ms. 7990, lettre Bosch-Lantier du 08/04/1972.
28 BIF, Lantier, ms. 8022, lettre Bosch-Lantier du 29/09/1939.
29 Fonkenell 2009,113.
30 BIF, Lantier, ms. 7983 : Cours année 1939-1949, fol. 162-248.
31 Il fait ici référence à la Junta Superior de Excavaciones y Antigüedades.
32 Bosch Gimpera 1928 ; 1915 ; 1929.
33 BIF, Lantier, ms. 7983 : Cours année 1941-1942, fol. 400-639.
34 Paris 1903-1904.
35 Mélida 1929.
36 Gómez Moreno 1928.
37 Lantier 1917-1918 ; 1935.
38 Bosch Gimpera, P. (La Cultura Ibérica del Bajo Aragón) ; Cabré, J. (Azaila) ; González Simancas, M. (Sagunto) ; Taracena Aguirre, B. (Numancia) ; Bosch Gimpera, P. y Serra Ràfols, J. de C. (Emporion) ; Navascués, J. M. (Tarragona).
39 Pericot 1934.
40 Taracena 1924.
41 Sandars 1913.
42 Mendes Correia 1924.
43 Leite de Vasconcellos 1892.
44 Rhys Carpenter 1925.
45 Schulten 1930 ; Schulten 1928.
46 BIF, Lantier, ms. 7983 : Cours année 1940-1941.
47 BIF, Lantier, ms. 7983 : Cours année 1941-1942.
48 C’est une erreur de Lantier : les premiers villages du Bas Aragon peuvent être datés du viiie siècle a.C.
49 Le Périple d’Avienus est une œuvre du ive siècle p.C., mais la plus grande partie du texte est une élaboration d’un périple massaliote ou phénicien du vie siècle a.C.
50 BIF, Lantier, ms. 7983 : Cours année 1942-1943.
51 Pericot 1936.
52 BIF, Lantier, ms. 7988 : Commission des Musées nationaux.
53 BC, Pericot, lettre Lantier-Pericot du 17 juillet 1939.
54 BIF, Lantier, ms. 8008, lettre Lantier-Pericot du 25 septembre 1951.
55 Bosch Gimpera 1944.
56 Gracia 2012.
57 BIF, Lantier, ms. 8022, lettre Almagro-Lantier du 22 février 1940.
58 BIF, Lantier, ms. 8008 : Comptes-rendus de la Revue archéologique, 1950.
59 Lantier 1941.
60 Bosch Gimpera 1941.
61 BIF, Lantier, ms. 8023, lettre Lantier-Breuil du 25 mars 1945.
62 BIF, Lantier, ms. 8013 : Conférences à l’étranger (1928-1948).
63 BIF, Lantier, ms. 7987. Lantier 1949.
64 Il s’agit d’un titre provisoire du travail de Bosch Gimpera 1916.
65 BIF, Lantier, ms. 8008, document du 25 juillet 1939.
66 Bosch Gimpera 1960.
67 Bosch Gimpera 1975.
68 BIF, Lantier, ms. 7990, lettre Bosch-Lantier du 15 mars 1965.
69 Bosch Gimpera 1958.
70 BIF, Lantier, ms. 7990 : Communication sous le patronage de Raymond Lantier : Pedro Bosch Gimpera.
Auteur
Professeur de préhistoire, Département de préhistoire, histoire ancienne et archéologie, Universitat de Barcelona ; fgracia@ub.edu
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