Les théories voyageuses : l’accueil britannique réservé aux connaissances sur le Paléolithique nées en France au cours de la première moitié du xxe siècle
p. 281-299
Résumé
Scholars have paid scant attention to the question of how the theories and scientific practices of a discipline become internationalised. In this article, this issue will be examined by looking at the connection between the French archaeologist, Abbé Henri Breuil, and the British Palaeolithic archaeologists, Mary Boyle, Dorothy Garrod and Miles Burkitt. After some exploration of how and when each of these British archaeologists was in touch with Breuil, and what the nature of their relationship was, an assessment will be made of the effect this had on the development of Palaeolithic archaeology in the United Kingdom in the first half of the xxth century.
Note de l’auteur
Je souhaiterais remercier Sara Fairén pour son travail d’archives au CUL-BP concernant la documentation relative à Miles Burkitt. Je remercie également Yann Pottin pour m’avoir envoyé la documentation du Fonds Breuil (MHN-FB). Le texte a été traduit de l’espagnol par Valérie Espinasse (pour la société Cosmos, Barcelone). Cet article a été finalisé à Barcelone, où je travaille comme ICREA Research Professor
Texte intégral
1Le 5 mars 1962, une émission de radio de la BBC Network Three intitulée The Archaeologist (L’archéologue) et produite par John Irving rendait hommage à l’abbé Henri Breuil, décédé peu de temps auparavant. Il y est décrit comme le doyen de l’archéologie préhistorique et le plus grand expert en cet art, en particulier de l’époque paléolithique1. Les invités de cette émission étaient Mary Boyle, Dorothy Garrod, Miles Burkitt, Kenneth Oakley et Henry Field, le médiateur étant Glyn Daniel2. À l’exception de ce dernier, qui travaillait au musée Peabody de Harvard, les autres invités étaient britanniques. Les trois premiers ont en commun d’avoir été accueillis par l’abbé Breuil à un moment important de leur formation professionnelle et le quatrième, même s’il était plus jeune que les autres, avait passé une trentaine d’années aux côtés du maître. Henry Field avait lui aussi rencontré Henri Breuil à Oxford en 1926 et, comme les autres, lorsqu’il lui fit part de son désir d’apprendre la Préhistoire, il reçut une invitation pour accompagner l’abbé dans ses recherches3. Les quatre Britanniques ont tous connu son appartement de Paris, les cendriers pleins à ras bord et l’amoncellement de livres, et ils pouvaient raconter de nombreuses anecdotes sur lui. Ce que n’analysait pas l’émission de radio, c’est la nature des relations entre deux des invités et le préhistorien, ainsi que les répercussions de ces relations sur les connaissances en archéologie préhistorique. L’objectif premier de cet article est donc de présenter l’enseignement que Burkitt, Boyle et Garrod ont reçu de Breuil, ainsi que les conséquences de cet enseignement sur le développement en Grande-Bretagne de la discipline, en particulier pour l’époque paléolithique. Avec cet exemple, nous souhaitons proposer une réflexion plus générale sur la façon dont certaines circonstances permettent à certaines théories et démarches scientifiques d’être perçues positivement et même d’être entièrement acceptées par d’autres membres de la communauté scientifique, y compris à l’échelle internationale.
Miles Burkitt (1890-1971)
2Un jeune homme chanceux. L’étape d’apprentissage de Miles Burkitt en Espagne et en France
3En 1912, Henri Breuil (1877-1961) accompagna Marcellin Boule (1861-1942), directeur de l’Institut de paléontologie humaine (IPH, 1910-), au pays de Galles, où ils explorèrent plusieurs grottes4 : il mentionna la possibilité de l’existence d’art paléolithique dans la cavité de Bacon Hole5. Tout semble indiquer qu’à cette occasion il se rendit également à Londres, où il fit une conférence6, et à Cambridge7, où il était invité par les anthropologues James G. Frazer (1854-1941) et Alfred C. Haddon (1855-1940). À ce moment-là Miles Burkitt (1890-1971), le fils du Norrisian Professor of Divinity à Cambridge, Francis C. Burkitt (1864-1935), travaillait bénévolement au musée Sedgwick d’Histoire naturelle de l’université de Cambridge. Miles, qui avait alors 22 ans, ne nourrissait pas de grands idéaux, mais il affichait une certaine curiosité concernant la nature de pièces lithiques taillées découvertes parmi les collections du musée. C’est pour cette raison qu’il fut invité au dîner organisé en l’honneur de l’abbé Breuil. La rencontre entre le jeune Britannique et le préhistorien changea radicalement la vie du premier et marqua profondément les premières années de l’institutionnalisation de l’archéologie préhistorique à Cambridge. Henri Breuil suggéra à Miles de s’initier à ce domaine scientifique à l’étranger et celui-ci accepta8.
4L’abbé envoya tout d’abord le jeune Burkitt rendre visite à des chercheurs français qui lui montrèrent plusieurs sites en France, puis il lui demanda d’apporter sa collaboration aux fouilles réalisées dans la grotte El Castillo à Puente Viesgo, en Espagne, dirigées depuis 1910 par l’Allemand Hugo Obermaier (1877-1946), ami et collègue de l’abbé à l’IPH. Burkitt se rendit au Périgord et en Dordogne, puis rendit visite à Émile Cartailhac (1844-1921) à Toulouse. Il annonça à ses parents, en se référant à cette visite, qu’Émile Cartailhac allait lui montrer “tout le musée (en 2 heures !)9”. À son arrivée en Espagne le 2 mai 1913, Obermaier l’attendait à la gare de Puente Viesgo10. Lors des fouilles, il fit la connaissance de l’Américain Nels C. Nelson (1875-1964)11, du père Pierre Teilhard de Chardin (1881-1955) et du jeune Alsacien (qui était alors allemand) Paul Wernert (1889-1972) (fig. 1). Breuil ne travaillait pas en permanence sur le site des fouilles, mais il se rendait fréquemment sur le chantier où il étudia par la suite l’industrie lithique d’El Castillo et les omoplates gravées12. Il semble plutôt qu’il se consacrait alors au relevé par calque de l’art rupestre de grottes paléolithiques, alors que le travail d’Obermaier était centré sur les fouilles d’El Castillo. En compagnie de l’abbé, Miles Burkitt visita plusieurs gisements archéologiques situés au nord de l’Espagne13.
5Trois mois plus tard, en août 1913, les parents de Miles Burkitt vinrent lui rendre visite et ils firent ensemble un voyage en France dans l’intention de voir de l’art paléolithique. En compagnie d’Émile Cartailhac, ils visitèrent Niaux, Le Portel et Tuc d’Audoubert, où ils rencontrèrent le propriétaire de la grotte, le comte Begouën, archéologue amateur, et ses enfants14. Burkitt rencontra également d’autres préhistoriens français, tels que Louis Capitan (1854-1929) et Denis Peyrony (1869-1954), qui travaillaient avec l’abbé Breuil à Font-de-Gaume et Les Combarelles, ainsi que le Dr Gaston Lalanne (1862-1924). Au cours des années suivantes, Burkitt eut des échanges épistolaires avec tous.
6Alors que Miles Burkitt se trouvait en France au mois d’août, Cartailhac l’invita à participer aux fouilles de la grotte de Gargas qu’il dirigeait15, ce que fit Burkitt dès le mois de septembre16. Il semble qu’à ce moment-là, Burkitt était parvenu à se passionner pour la nouvelle science, car Cartailhac écrivit ces mots au père de Miles : “Je suis particulièrement enchanté d’avoir trouvé en votre fils un ami sincère et sérieux de la science qui a occupé toute ma vie”17. L’excellente impression que Burkitt eut de Cartailhac dura jusqu’à la mort de celui-ci18. Lors des fouilles de Gargas, Burkitt fit également la connaissance d’un autre membre de l’IPH, Henri Neuville (1872-1946), anthropologue physicien.
7Après un court séjour en Angleterre, Miles Burkitt se rendit de nouveau en Espagne au début du mois de janvier 191419. Cette fois, il alla au sud de l’Espagne, où Willoughby Verner (1852-1922), colonel britannique à la retraite, résident à Algésiras et passionné d’ornithologie20, avait découvert plusieurs grottes abritant des peintures, dont les peintures paléolithiques de La Pileta. Au cours des trois mois suivants, Burkitt accompagna l’abbé Breuil au cours d’un intense voyage qui les conduisit de Gibraltar en Andalousie, à Murcie, à la Meseta Sur, en Aragon et en Catalogne, pour finir à Puente Viesgo. En chemin, ils visitèrent de nombreuses stations rupestres, principalement d’art schématique et du Levant. Miles Burkitt releva cet itinéraire dans ses notes21, qui indiquent qu’ils firent une halte d’un mois et demi (du 6 janvier au 22 février 1914) dans la région du détroit de Gibraltar et documentèrent de nombreux gisements. Ces informations furent publiées quelques années plus tard sous le titre Paintings of Southern Andalusia22. Ensuite, ils travaillèrent du 23 février au 3 mars dans la région de Vélez Blanco, à Almería, et dans la région voisine de Lorca, en Murcie. Ensuite, Burkitt resta seul et il semble que le rythme de ses déplacements augmenta23. En effet, il resta trois jours à Alpera et Yecla, où il affirma avoir découvert Cantos de la Visera24, même si ce site fut localisé pour la première fois en 1912 par Julián Zuazo y Palacios, un érudit local (et il est fort probable que Burkitt fut conduit à cet endroit pour cette raison). Après un arrêt touristique à Madrid et aux environs, il se rendit une journée à Albarracín (11 mars), une après-midi et une matinée à Cogul (14-15 mars) avant de se rendre en Cantabrie, au nord de l’Espagne, où il visita du 17 au 21 mars les gisements de Mazaculos et Peña Tú et où il participa probablement aux fouilles d’El Castillo. Le 25 mars, il commença son voyage de retour25.
8Des années plus tard, Burkitt allait décrire ainsi le travail réalisé au cours de la première partie de son voyage avec l’abbé Breuil :
“Notre principale tâche consistait à étudier et à relever avec un calque le troisième groupe de peintures appartenant à l’âge du bronze qui se trouvaient sur les murs des parois rocheuses. Nous avons commencé à travailler à Tajo Figuras, à proximité de l’extrême nord de la Laguna de la Janda. Les peintures sont conventionnelles et représentent des animaux, des êtres humains, etc.”26.
9Après un nouveau séjour en Angleterre, Burkitt eut encore l’énergie suffisante pour se rendre au nord de la Russie afin de documenter des gravures rupestres27. Il dut s’interrompre brusquement car la Première Guerre mondiale venait d’éclater. Il passa quelque temps en France, où il travailla pour la Croix-Rouge, avant de se charger du classement de la collection lithique de Gaston Lalanne. En 1916, il revint à Cambridge où il reçut une lettre de Gaston Lalanne l’informant que l’abbé Breuil s’était rendu en Espagne28, où il allait travailler pour l’ambassade de France29.
10Burkitt cessa son travail sur le terrain; les expériences vécues au cours de ces années allaient être cruciales pour sa compréhension postérieure de la Préhistoire.
Burkitt : l’écho de la vision française sur le paléolithique à Cambridge
11En 1914, il commença à donner des cours intitulés L’exploration de grottes en France et en Espagne, ce qui laisse penser que leur contenu se limiterait à rendre compte de ses expériences dans ces deux pays au cours de l’année 1914 et de l’année précédente. Miles Burkitt allait être professeur à Cambridge pendant les quarante-trois années suivantes, tout d’abord par intervalles, en raison de la Première Guerre mondiale, puis avec un salaire à partir de 1920, avant de devenir titulaire en 1926. Plusieurs de ses élèves, dont Grahame Clark et Glyn Daniel, furent les préhistoriens des générations suivantes. Pour ses cours, il se servait de ses manuels qu’il rédigea sur plus d’une dizaine d’années : Prehistory (1921, dont une deuxième édition fut publiée en 1925), suivi de Our Forerunners (1923), Our Early Ancestors (1926) et, pour terminer, The Old Stone Age, publié en 1933 et réédité en 1949 et 1955. Les dates des publications et des éditions postérieures indiquent que Burkitt fut un personnage influent pendant toute la période où il fut professeur, tout au moins jusqu’à ce qu’il prît sa retraite en 1957.
12L’analyse de ces œuvres ne laisse aucun doute quant à l’empreinte que les expériences sur le terrain ont laissé sur ses enseignements et, par conséquent, sur l’influence que l’archéologie française eut sur l’archéologie britannique par l’intermédiaire de l’abbé Breuil. Il n’est pas surprenant que ses collègues français, ou pro-Français, les aient accueillies chaleureusement, comme le montrent les nombreux commentaires enthousiastes dans les lettres que reçut Burkitt à propos de son premier livre, Prehistory, alors qu’il n’en était qu’à une étape préparatoire30. L’auteur écrivit en réponse plusieurs critiques sur les travaux réalisés par ses collègues31, et il leur rendit hommage par la suite dans des rubriques nécrologiques32. Néanmoins, en Grande-Bretagne et en Afrique du Sud (où Burkitt fit un voyage d’études en 1928), la plupart des Britanniques se montrèrent critiques vis-à-vis de ses ouvrages, même si plusieurs de ses collègues en parlaient en termes élogieux33. Ses détracteurs lui reprochaient de ne pas fournir suffisamment d’informations sur l’archéologie des îles Britanniques et de mentionner simplement les dernières nouvelles provenant de l’IHP, d’exposer un grand nombre d’informations sur l’art et de ne pas en donner suffisamment sur d’autres aspects34, ainsi que de ne pas mentionner d’informations relatives à l’âge des métaux35. Quelques années plus tard, ils le critiquèrent également car le contenu d’une réédition (Old Stone Age de 1949) était devenu obsolète36.
Miss Mary Boyle (1881-1974)
13Miss Boyle offre un cas très différent de celui de Miles Burkitt. Née en Écosse, Mary était fille de militaire (Rear-Admiral R. H. Boyle) et elle reçut une éducation chez ses parents en même temps que ses deux sœurs. Orpheline à l’âge de dix-huit ans, elle partit pendant deux ans faire des études de langues et d’art en Suisse et en Italie. De santé délicate, elle vécut ensuite chez Walter Smith, qui était selon toute probabilité le poète et religieux de l’Église libre d’Écosse Walter Chalmers Smith (1824-1908). Celui-ci encouragea la jeune femme à utiliser sa bibliothèque37, ce qui pourrait expliquer la parution de plusieurs œuvres littéraires portant la signature de Mary Boyle. Il n’est pas certain que ces ouvrages aient été rédigés par elle, car d’autres livres portant sur les chevaux et les animaux domestiques furent publiés sous ce nom en 1890,1896 et 1905 et, si elle était vraiment leur auteur, cela signifierait qu’elle était d’une précocité hors du commun. Outre ces ouvrages, d’autres furent publiés après une parenthèse d’une dizaine d’années, entre 1915 et 192338, dates qui semblent plus appropriées à son âge. Comme toutes les personnes de sa génération, sa vie fut profondément bouleversée par la Première Guerre mondiale. Elle devint infirmière (Belgian matron) dans un centre de réfugiés de Glasgow et il semble qu’au moins l’un de ses frères décéda39. Après le conflit, elle fit des études de littérature française à l’université de Grenoble40.
14Lors de son séjour en Italie à la fin des années 1800, Mary Boyle fit la connaissance du père de Miles Burkitt et, au cours d’une visite à la famille de celui-ci en 1920, elle rencontra l’abbé Breuil41. Elle était alors la secrétaire de Miles Burkitt à Cambridge42. Breuil lui proposa de lui enseigner tout ce qu’il savait sur la Préhistoire si elle devenait sa secrétaire. Elle accepta et ce fut le début d’une période de trente-six ans au cours desquels Mary Boyle accompagna Breuil partout. Sa relation avec ce dernier la conduisit à publier des ouvrages sur la Préhistoire, le premier, intitulé Man before History, datant de 1924. Apparemment, ce livre se vendit des deux côtés de l’Atlantique et il fut utilisé par la Parents National Educational Union avant d’être réédité en 193743. En 1925, l’abbé lui demanda d’écrire un ouvrage sur la grotte de Barma Grande, près de Menton44, et, plus tard, elle écrivit In Search of our Ancestors, ouvrage de Préhistoire générale, présentée en remontant dans le temps45. Celui-ci, loin d’être populaire, comme semble l’avoir indiqué l’auteur elle-même46, est par ailleurs extrêmement dense. Mary Boyle accompagna Breuil dans ses travaux de la grotte de La Mouth (Les Eyzies, Dordogne) et dans l’étude des allées couvertes de Bretagne47.
15En 1931, au lieu de le suivre en Chine48, Mary Boyle s’installa à Madrid, où elle fit des études universitaires aux côtés du professeur Hugo Obermaier, de l’université de Madrid, et se consacra à la traduction en anglais de l’édition relative à la grotte d’Altamira et financée par le puissant Duc de Alba, dont Obermaier était l’aumônier49. La conférence qu’elle présenta lors d’un congrès à Bruxelles en 1935 sous le titre “The Iberians and their Art” est en étroite relation avec son séjour en Espagne50.
16La rubrique nécrologique du journal The Times indique que c’est grâce à Mary Boyle que l’abbé Breuil put se réfugier en Afrique du Sud pendant la Seconde Guerre mondiale avec la complicité du maréchal (Field Marshal) Smuts, le Premier ministre sud-africain. L’abbé, qui s’était déjà rendu dans ce pays en 1928 (la même année que Burkitt !)51, se trouvait alors au Portugal. Pour atteindre sa destination, il passa par Lourenço et, une fois arrivé, il étudia avec Mary Boyle l’art rupestre (fig. 2)52.
17De retour en France en 1951, tous deux parvinrent à publier le livre de Breuil intitulé Quatre cents siècles d’art pariétal en anglais et en français (Breuil 1952a; b), ainsi que plusieurs autres ouvrages sur l’art sud-africain (Breuil 1955-66). L’abbé Breuil mourut en 1961 aux côtés de Mary Boyle (Boyle 1975).
L’autre disciple de l’abbé Breuil : Prof. Dorothy Garrod (1892-1968)
18Miles Burkitt et Mary Boyle ne sont pas les seuls archéologues britanniques sur lesquels Henri Breuil exerça une forte influence directe : les idées de ce préhistorien voyagèrent jusqu’en Angleterre et de façon beaucoup plus fructueuse pour la recherche grâce à Dorothy Annie Elizabeth Garrod53. Cadette de Burkitt de deux ans, son apparition dans le monde de la préhistoire est postérieure, car sa relation avec l’abbé Breuil ne débuta qu’en 1922, une dizaine d’années après le premier voyage de ce dernier avec Burkitt en Espagne.
19Dorothy Garrod provenait d’une famille aisée. La Première Guerre mondiale constitua un tournant dans sa vie car ses trois frères y périrent, ce qui la marqua profondément. À la même époque, en 1916, elle obtint un diplôme d’Histoire au Newham College de Cambridge, institution réservée aux femmes dans cette université. En 1919, elle se trouvait à Malte avec son père, Sir Archibal Garrod, directeur des hôpitaux de guerre sur l’île. Pour la distraire, il l’encouragea à s’intéresser aux antiquités54. La guerre terminée, son père obtint en 1920 un poste de professeur de médecine à Oxford et Dorothy Garrod s’inscrivit dans la même université, où elle obtint le diplôme d’Anthropologie (équivalent à un Master actuel, ce cours comportait un apprentissage en archéologie préhistorique55) avec la note maximum. Après avoir terminé ses études en 1922, la bourse de voyage qu’elle reçut de son université de Cambridge (car lorsqu’on est membre d’une université de Cambridge ou d’Oxford, on l’est à vie) lui permit d’étudier aux côtés de l’abbé Breuil pendant deux ans à l’IPH. Cette formation eut une influence considérable sur le reste de sa carrière56. Dorothy Garrod commenta par la suite que l’abbé étudiait à cette époque les industries et les sédiments de la Somme57 et qu’au cours de son séjour à Paris, elle était sa seule élève58. Pendant qu’elle se trouvait en France – et jusqu’en 1934 – elle participa aux fouilles de La Quina, Isturitz et Chapelle-aux-Saints (Corrèze) en tant qu’assistante d’Henri Martin, Saint-Perier et Bouyssonie59. Néanmoins, rien de ce que l’on sait de Dorothy Garrod – et même s’il reste beaucoup à apprendre sur elle – ne semble indiquer sa présence dans des fouilles en Espagne (il est peut-être important de rappeler qu’après la Première Guerre mondiale, les fouilles de El Castillo ne furent pas reprises).
20Comme nous l’avons dit, les recherches du préhistorien français eurent une influence cruciale sur Dorothy Garrod. Dans la biographie que Grahame Clark lui consacra, il indique que l’ombre de l’abbé Breuil survolait tous les sujets auxquels s’intéressa Dorothy au cours de sa carrière scientifique, y compris le Paléolithique inférieur et moyen, son attirance pour l’évolution humaine en général et les Néandertaliens en particulier, ainsi que sa déclaration : “L’Europe n’est dans tous les cas qu’une péninsule de l’Afrique et de l’Asie”60. Il signale toutefois que même si, dans un premier temps, Dorothy Garrod suivit fidèlement son maître, elle fit partie par la suite de ceux qui critiquèrent son système, ce qui n’a rien de surprenant car la proposition du savant datait de 1912 et son élève commença à le critiquer en 1938.
21Auparavant, et comme cela avait été le cas pour Miles Burkitt, Henri Breuil encouragea Dorothy Garrod à annoter les résultats de ses recherches, ce qui la conduisit à rédiger un ouvrage sur le Paléolithique britannique61. Ainsi, Henri Breuil souhaitait “voir réunis en une publication d’ensemble convenablement raisonnée les résultats acquis depuis plusieurs générations par vos compatriotes”62. Le résultat en est le travail qu’elle publia en 1926 sous le titre The Upper Palaeolithic Age in Britain (“Le Paléolithique supérieur en Grande-Bretagne”), ce qui lui permit de devenir licenciée ès sciences (BSc ou Bachelor of Sciences) le 22 janvier 1925 en présentant l’original du livre sous le titre The Upper Palaeolithic Age in the British Isles (fig. 3)63. Si elle obtint ce diplôme à Oxford et non à Cambridge, c’est parce que l’université d’Oxford avait décidé d’accorder ce diplôme aux femmes en 1920, alors que celle de Cambridge s’y opposa jusqu’en 1958. Dans cet ouvrage, Dorothy Garrod suivit le schéma du Paléolithique français, même si elle inventa des noms nouveaux qui, selon elle, reflétaient mieux la particularité des industries britanniques. Elle écarta ainsi le Magdalénien, qu’elle remplaça par le Creswellien (en référence au gisement de Creswell Craggs). Quelques années plus tard, elle suggéra de remplacer les termes d’“Aurignacien inférieur” et “Aurignacien supérieur”, proposés par Breuil, par ceux de “Châtelperronien” (en référence à la Grotte des Fées à Châtelperron) et “Gravettien”64.
22Pour ce qui est du Paléolithique moyen, elle suivit également l’abbé dans un premier temps. En 1926, celui-ci publia dans Man, le bulletin de l’Institut anthropologique de Londres, un article sur les industries d’éclats en indiquant qu’elles étaient contemporaines à celles des bifaces. Il suggérait ainsi qu’il y avait des relations entre les éclats et les outils et qu’il fallait les rattacher à l’industrie moustérienne, en correspondance chronologique avec les dernières industries acheuléennes. Sa théorie permettait de comprendre ce qui, jusqu’alors, était considéré comme une aberration : la découverte d’éclats dans des strates inférieures à celles de bifaces dans le gisement de High Lodge et, en France, dans le Levalloisien de Montières. Lors de sa conférence en tant que président devant la Société préhistorique d’East Anglia en 1928, Dorothy Garrod soutint la thèse d’Henri Breuil en distinguant trois lignes convergentes, représentant chacune des industries du Cheuléen-Acheuléen d’une part, du Levalloisien d’autre part et du pré-Moustérien. Néanmoins, après avoir défendu les points de vue du Français, elle quitta le devant de la scène et se pencha sur des industries lithiques plus tardives et des sites éloignés de ceux fréquentés habituellement par celui-ci65.
23À partir de 1928, Dorothy Garrod réalisa des fouilles de préférence hors d’Europe. En 1924, elle commença son travail sur le terrain de façon indépendante en explorant plusieurs grottes de la Torbryan Valley à Devon. Après une tentative infructueuse de réaliser des fouilles dans la Kent’s Cavern66, elle se lança, suivant les conseils d’Henri Breuil, dans les fouilles de Devil’s Tower, où elle demeura pendant sept mois au cours de la période 1925-192767. À Gibraltar, elle découvrit les restes d’un enfant néandertalien dans des strates où, jusqu’alors, seuls des vestiges de l’industrie lithique moustérienne avaient été trouvés68. Par la suite, elle reprit brièvement des travaux sur le terrain en Angleterre, plus exactement à Langwith Cave, dans le Derbyshire (1927).
24En 1928, lors d’une conférence devant la Société préhistorique d’East Anglia, Dorothy Garrod affirma que l’archéologie devrait être comprise comme de l’histoire culturelle et non comme de l’histoire naturelle, et que l’étude de la variabilité culturelle devrait être entreprise en réalisant, en particulier, des fouilles hors d’Europe. Cette opinion reflète l’expansion de ses propres horizons. À partir de cette année-là, elle centra son travail sur la Palestine69 et le Kurdistan irakien (1928), avant de revenir en Palestine, dans le Mont-Carmel (1929-1934), où elle trouva de nouveau des traces de la présence de Néandertaliens. Ce fut la première découverte de ce type hors d’Europe70. Ses recherches itinérantes se poursuivirent pendant une année en Bulgarie (1938). Il est important de signaler que le début de sa carrière internationale correspond au moment où le statut de chercheur à Newnham lui fut concédé (1929-1932), statut qui fut consolidé grâce à l’obtention d’une bourse de la fondation Leverhulme (1932).
25En 1939, Dorothy Garrod fut choisie pour occuper la prestigieuse chaire d’archéologie Disney à Cambridge. Elle avait postulé à cette chaire en disant : “Je ne l’aurai pas, mais je pense que je vais amener les membres du jury à s’efforcer de gagner leur salaire”71. Après avoir été sélectionnée, elle mentionna qu’elle était peinée que ni son père, ni “les autres” (c’est-à-dire ses frères) ne fussent vivants pour fêter cet événement à ses côtés72. Après plusieurs années difficiles à Cambridge, dont les six premières furent hantées par la Seconde Guerre mondiale et les sept suivantes se caractérisèrent par un retour à la normale, Dorothy Garrod décida de renoncer à son poste et de quitter la cité universitaire en 1952. Elle laissa derrière elle de précieux acquis. En effet, au cours des années qu’elle passa à Cambridge, elle parvint à améliorer le statut académique de l’archéologie et permit en 1948 la création d’une formation en archéologie et anthropologie en augmentant le nombre de cours permettant de couvrir les Parties I et II des Archaeological and Anthropological Tripos. Elle établit enfin des liens avec la formation de Lettres classiques et de Langues orientales (ce qui ne se produisit à Oxford que quarante ans plus tard)73. Miles Burkitt74, Grahame Clark (qui avait commencé à donner des cours en 1935 et la remplaça à cette chaire) et Glyn Daniel (à partir de 1948) travaillaient dans le même département qu’elle, où le paléontologue Charles McBurney entra après son départ.
26Après la Seconde Guerre mondiale, Dorothy Garrod réalisa en parallèle des fouilles à Angles sur l’Anglin (1948-1963) et au Liban (1958-1963)75. Elle continua à approfondir sa position critique vis-à-vis des enseignements de l’abbé Breuil, déjà exprimée avant la Seconde Guerre mondiale76. Ses critiques rencontrèrent l’opinion de Movius77, Leakey, Paterson et Caton-Thompson. Ils ont tous rejeté la dichotomie proposée dans les années 20 et 30 entre les industries de noyaux et celles des éclats et ont aussi critiqué la grande influence exercée par la séquence du Paléolithique occidental qui s’était formée en Europe occidentale sur l’interprétation de l’industrie lithique dans d’autres parties du monde78. Tous ces auteurs proposèrent de cesser de mettre l’accent sur la typologie et la chronologie pour permettre l’émergence d’une interprétation de la diversité de l’activité humaine au cours des périodes les plus anciennes de l’humanité par rapport à son milieu de résidence79.
Les paroles du maître ou la transmission des connaissances en archéologie
27Comment se transmettent les connaissances en archéologie? Comment les idées, les théories et les hypothèses sont-elles diffusées entre chercheurs? De nombreuses façons, dont les deux principales sont : oralement (enseignements, cours, conférences, congrès) et par écrit (écrits publics tels que publications, comptes-rendus et citations, et écrits privés, par exemple les lettres). Toutefois, l’efficacité de ces moyens ne peut être comprise sans mentionner les relations personnelles. En effet, celles-ci jouent un rôle essentiel dans la transmission car, comme le disait Childe dans un autre contexte, “mêmes les hommes de science sont prédisposés en faveur de ce qu’ils ont vus et écouté”80. Dans un travail où elle étudie les effets de l’amitié sur les progrès de la science, Anne Rasmussen a analysé le rôle fondamental de l’amitié dans les congrès scientifiques internationaux81 : il s’y crée un sentiment identitaire de communauté, renforcé par des réseaux d’amitié entre scientifiques et qui est manifeste non seulement dans les activités scientifiques proprement dites (par exemple, citations lors d’une conférence), mais également dans les activités ludiques (hospitalité des uns envers les autres, dîners, esprit de camaraderie, etc.). Elle résume cela par l’adage “se connaître pour s’entendre”82.
28Dans cet article, nous avons mentionné toutes les méthodes de transmission des connaissances d’un pays à un autre (enseignement, conférences, lettres, comptes-rendus, etc.), et nous pourrions dire qu’il manque un élément permettant de comprendre comment une telle transmission a pu être possible : l’existence d’une infrastructure préexistante de communication facilitant les échanges. Même si une telle infrastructure n’est pas indispensable, son existence permet de créer de nouveaux réseaux. Ainsi, nous pouvons indiquer que dans nos exemples, les échanges réalisés par Émile Cartailhac dans les années 1870 jouèrent un rôle crucial pour les échanges que son disciple Breuil mit en place à partir des années 1910. Les relations qui se nouèrent lors des congrès internationaux d’archéologie préhistorique du xixe siècle, où les archéologues français étaient en première ligne, avaient elles aussi une importance essentielle83. Néanmoins, il est important de souligner que l’existence d’infrastructures n’explique pas en elle-même la continuité. En effet, d’autres périodes plus récentes n’en ont pas bénéficié, ce qui n’empêcha pas l’archéologie allemande de s’imposer et l’université de Berlin de devenir le centre du savoir. En revanche, Paris demeure la capitale du Paléolithique.
29Notre cas d’étude s’est centré sur l’abbé Henri Breuil, préhistorien qui travailla à l’Institut de paléontologie humaine de Paris dès sa fondation en 1910 et qui exerça une influence cruciale dans le développement de l’étude du paléolithique. Le Français voyageait continuellement84 et nous savons qu’il se rendit à plusieurs reprises dans les îles Britanniques, où il donna des conférences et put rencontrer de nombreux homologues intéressés par l’archéologie préhistorique. Ces rencontres ont produit les relations que nous décrivons dans cet article. Dans les trois types de relations que nous avons analysées, les relations entre l’abbé Breuil et les débutants britanniques, à qui il apprit à interpréter les traces archéologiques paléolithiques, commencèrent toutes de la même façon : lors d’un voyage d’Henri Breuil en Angleterre, un jeune lui faisait part de son intérêt pour la Préhistoire et se voyait proposer d’accompagner l’abbé lors de ses voyages de recherche et/ou de passer quelque temps à ses côtés à l’IPH. Cette stratégie adoptée par Henri Breuil vis-à-vis de ces jeunes Britanniques, et probablement de nombreux jeunes d’autres pays – Pericot en étant un exemple espagnol85 –, lui permit de s’assurer, peut-être pas consciemment, mais dans tous les cas avec une grande efficacité, que ces idées allaient être reprises par ces jeunes qui avaient un long avenir devant eux dans la profession.
30Après avoir planté la graine de la connaissance, il ne reste plus qu’à attendre. Dans le cas qui nous occupe, les résultats furent inégaux, ce qui est en vérité assez logique étant donné la nature multidimensionnelle de la profession d’archéologue et les personnalités diverses des jeunes. À une période où les connaissances relatives à l’archéologie préhistorique commencèrent à devenir institutionnalisées dans les universités, deux des jeunes, dont nous avons étudié la trajectoire, occupèrent des postes de professeurs d’université, alors que l’autre n’y songea même pas. Quoi qu’il en soit, les trois jeunes, après avoir terminé leur période d’apprentissage, écrivirent des ouvrages dans lesquels ils retransmirent les idées de l’abbé Breuil. Les lecteurs de ces livres constituaient un public hétérogène. En effet, alors que les ouvrages produits par les professeurs d’université – Miles Burkitt et Dorothy Garrod – furent largement utilisés par les nouvelles générations, essentiellement à Cambridge, université où ils enseignèrent tous deux, les livres de Boyle n’eurent pas un impact aussi important et ne laissèrent aucune trace dans la mémoire de cette discipline. La raison en est simple : Burkitt et Garrod eurent la possibilité d’être en contact avec des étudiants à qui ils demandèrent de lire leurs propres livres. En revanche, Boyle n’établit aucune relation avec de jeunes universitaires et, par conséquent, ses ouvrages ne parvinrent pas aux mains de ceux qui auraient pu par la suite retransmettre à d’autres ses connaissances sur l’archéologie préhistorique.
31Néanmoins, la comparaison entre Burkitt et Garrod ne peut tenir que jusqu’à un certain point, car tous deux présentaient d’importantes différences provenant essentiellement de leurs personnalités respectives. Alors que Miles Burkitt assimila ce qu’il avait appris lorsqu’il était aux côtés de l’abbé Breuil et n’alla pratiquement pas au-delà, Dorothy Garrod possédait un esprit critique de chercheur qui la conduisit, une dizaine d’années après avoir accompagné l’abbé – soit à partir de la fin des années 30 – à réfuter plusieurs des propositions d’Henri Breuil, en proposant par exemple des changements importants dans le système de division du Paléolithique supérieur, créé par celui-ci une vingtaine d’années auparavant, en 1912. Contrairement à Dorothy Garrod, la capacité de pensée critique de Burkitt était très limitée, et celui-ci préféra synthétiser le travail des autres, en franchissant parfois les limites du public académique. Ainsi, Henri Breuil fut profondément irrité à l’encontre de Burkitt à l’occasion de la publication des peintures rupestres du sud de l’Andalousie, car le nom de l’un des principaux auteurs de ce travail, Willoughby Verner (1852-1922), décédé au moment de la publication, n’était cité que comme collaborateur alors que le nom de la personne qui avait servi de traducteur (Sir Montagu Pollock) apparaissait en lettres plus grandes à titre de collaborateur86. Avec cet ouvrage, Burkitt apparaît comme l’auteur d’un travail publié à l’origine par l’abbé Breuil87, et il est nécessaire de connaître les difficultés financières de cette période – l’absence de fonds de l’IPH après la guerre et le décès du prince Albert Ier de Monaco (1848-1922) – pour comprendre les raisons pour lesquelles Henri Breuil accepta de publier le livre en anglais chez Oxford University Press88. Burkitt se montra peu scrupuleux sur des détails considérés comme superficiels dans le monde académique et il omit de remercier le soutien financier de l’IPH. Cette information dut être ajoutée après l’impression du livre et avant sa reliure en tant qu’errata. Ce n’est pas le seul problème de ce type que rencontra Burkitt. En effet, une autre polémique vit le jour à la même époque à propos de son ouvrage sur la Préhistoire sud-africaine89.
32Néanmoins, si Miles Burkitt oublie de mentionner les autres, personne ne reprocha à Henri Breuil la façon dont il se référait à Mary Boyle dans nombre de ces travaux, en parlant d’elle comme s’ils étaient unis par le mariage. À cette époque, il semble assez courant que les archéologues mariés employaient leurs épouses, dont la plupart avaient suivi une formation semblable à la leur, comme assistantes, collaboratrices, dessinatrices et écrivaines : ils ne mentionnaient ni leur travail ni leur nom dans un grand nombre de publications (la liste serait très longue, mais citons simplement les exemples d’Hilda Petrie et de Tessa Wheeler, toutes deux nées plus ou moins à la même période que Boyle). Katheleen Kenyon (1906-1978) considérait qu’il était “extrêmement difficile de concilier le statut de femme mariée avec une vie professionnelle au sommet”90, même si elle admettait qu’il existait des “super-femmes” (super-women) qui y parvenaient. Son “sentiment [était] que de nombreuses femmes mariées, qui étaient d’excellentes étudiantes, n’ont pas atteint le rang éminent elles auraient dû avoir, car la vie de femme mariée et de mère occupait une partie importante de leur temps”91. L’abbé Breuil et Mary Boyle n’étaient évidemment pas mariés, mais leurs relations professionnelles présentaient tous les ingrédients d’un mariage de professionnels, même si Henri Breuil évoquait généralement Mary Boyle comme sa fidèle assistante. Elle joua un rôle important dans la vie de l’abbé car, grâce à elle, il put entrer en contact direct avec le monde britannique et anglophone sans recourir à des traducteurs. Nous ne pensons pas que cela répondait à une stratégie préméditée, mais cela constituait évidemment un avantage pour lui en raison de l’importance croissante de la langue anglaise, encore peu étendue, mais de plus en plus utilisée, en raison de la puissance croissante des États-Unis. Mary Boyle était sa traductrice, sa secrétaire, sa rédactrice et elle lisait des publications qu’il n’avait pas le temps de consulter. Lui la protégeait et écrivait des prologues pour ses ouvrages – tout comme il le faisait pour ses deux autres disciples. Il se référait à elle comme sa secrétaire, son assistante et sa collaboratrice92. Lorsqu’il la mentionnait en tant qu’auteur, dans des ouvrages, le nom de Mary Boyle suivait le sien. Malgré tout, Henri Breuil continuait à avoir besoin de Miles Burkitt et Dorothy Garrod car, étant tous deux professeurs d’université, ils avaient la possibilité de faire connaître à leurs étudiants ses propres ouvrages.
33La question de fond abordée dans cet article consiste à chercher à connaître la façon dont les idées sur le Paléolithique, nées en France, ont été transmises au Royaume-Uni au cours des premières décennies du xxe siècle, au moment où cette discipline commença à être institutionnalisée, et comment ces idées furent acceptées pendant plusieurs dizaines d’années comme un modèle – malgré les quelques modifications qui y furent apportées – pour l’interprétation de la séquence lithique des périodes préhistoriques les plus anciennes au Royaume-Uni. Notre travail a permis d’identifier Henry Breuil comme le personnage essentiel de ce processus. Celui-ci, comme nous l’avons indiqué dans les pages précédentes, poursuivit le travail réalisé par d’autres avant lui et continua à transmettre des idées nées en France sur le Paléolithique, ce qui ne fut pas le cas pour des époques postérieures de la Préhistoire et de la Protohistoire – probablement en raison du décès de Joseph Déchelette (1862-1914) lors de la Première Guerre mondiale. Henri Breuil parvint à être très influent essentiellement en consacrant du temps et des efforts à la formation de nouveaux apprentis dans son domaine d’étude. Grâce à son travail, ses idées – et celles de ceux qui l’avaient initié dans le domaine de l’archéologie préhistorique, pour la plupart des préhistoriens français – allaient être accueillies au Royaume-Uni – grâce à ses élèves Burkitt, Boyle et Garrod – par les nouvelles générations. Celles-ci, grâce aux relations qu’elles établirent par la suite, permirent à leur tour la transmission de ces idées. Cette transmission fut interrompue en raison du décès de l’abbé Breuil en 1961, mais aussi par l’apparition de l’influence de la nouvelle archéologie au Royaume-Uni dans les années 70. Les détails sur les conséquences de ceci sur la transmission des idées entre un pays et un autre dépassent les limites de ce travail.
Abréviations
34CUL-BP = Cambridge University Library, Dept of Manuscripts and University Archives : Burkitt Papers.
35IHP = Institut de paléontologie humaine (Paris).
36MHN-FB = Bibliothèque centrale du musée d’Histoire naturelle de Paris : Fonds Breuil.
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Notes de bas de page
1 Boyle et al. 1963, 12.
2 Boyle et al. 1963.
3 Boyle et al. 1963, 14.
4 Danion 2006, 32 ; Smith 2009 ; Díaz-Andreu 2013.
5 The Times, 14 Octobre 1912, 10.
6 Breuil [1921] 1925, xiv.
7 Il semble que Cartailhac ait également visité la grotte de Paviland en 1912 et que sa visite ait inspiré les fouilles de Sollas (Aldhouse-Green 2001, 22).
8 Boyle et al. 1963, 13.
9 CUL-BP, Box 1 : Miles Burkitt à ses parents, 2-5-1913.
10 Ibid.
11 Voir White 2006.
12 Cabrera Valdés et al. 1996,183.
13 Breuil [1921] 1925, xiv.
14 CUL-BP, Box 3 : Cartailhac à Burkitt, s. d. Voir aussi Burkitt 1922.
15 Foucher et al. 2007, 23.
16 CUL-BP, Box 1 : Burkitt à ses parents, 19-9-1913.
17 CUL-BP, Box 3 : Cartailhac à Francis Burkitt, s. d.
18 Burkitt 1922.
19 CUL-BP, Box 1 : M. C. Burkitt à ses parents, 6-1-1914.
20 Rodríguez Oliva 2007.
21 CUL-BP, Box 1 : Burkitt 1914, notes. Une liste relativement semblable a été publiée dans Breuil et al. 1914.
22 Breuil & Burkitt 1929. Henry Field explique qu’en 1926, l’abbé Breuil l’avait invité à venir travailler à ses côtés à la Lagura de la Janda pendant les vacances de Pâques (Boyle et al. 1963, 14). Cela semble indiquer que la préparation du livre de 1929 était en cours.
23 Aucune autre ville n’est mentionnée dans l’article de Breuil et al. 1914.
24 MHN-FB : Burkitt à Breuil, 4-4-1914.
25 À partir du 5 mars, le jour du mois et le jour de la semaine ne correspondent pas dans les notes de Burkitt. Pour ce travail, nous avons tenu compte des jours de la semaine que nous avons transposés au mois. Si notre hypothèse est fausse, toutes les dates devraient être avancées de trois jours par rapport aux indications du texte. Le fait que Burkitt décrive Cantos de la Visera le 4 mars (MHN-FB, Burkitt à Breuil, 4-4-1914) nous donne à penser que notre hypothèse est bonne.
26 Burkitt 1964.
27 Burkitt 1961a et b.
28 CUL-BP, Box 3 : Lalanne à Burkitt, 12-2-1916.
29 Breuil [1921] 1925 ; Garrod 1961.
30 CUL-BP : correspondance de Cartailhac, s. d. ; Obermaier 28-1-1920 et 26-6-1921 ; Lalanne 7-7-1921 ; Capitan 16-8-1921.
31 Burkitt 1925a ; 1932 ; 1933b ; 1935 ; 1936 ; 1959.
32 Burkitt 1922 ; 1929 ; 1947 ; 1964.
33 Childe 1934 ; Deacon 1989 ; Malan 1957.
34 Peake 1921.
35 Keith 1925 ; Keith 1927 ; Peake 1922.
36 Cornwall 1950.
37 Boyle 1975.
38 Boyle 1915 ; 1916 ; 1920 ; 1922 ; 1923. Le nom de Mary Boyle étant relativement commun, nous ne pouvons pas écarter la possibilité qu’une autre femme du même nom soit l’auteur des ouvrages littéraires cités, aussi bien ceux datés de 1890 à 1905 que ceux de 1915 à 1923.
39 Boyle 1916.
40 Boyle 1975.
41 Boyle 1975.
42 Boyle 1924, 5.
43 Boyle [1924] 1937.
44 Boyle 1925.
45 Boyle 1927.
46 Boyle 1975. Selon Luis de Mora Figueroa (Mora-Figueroa 1974-1975,321), Mary Boyle rédigea son propre article de nécrologie pour le journal The Times et, bien que nous ayons considéré ici que cela était certain, nous signalons que cet article nécrologique n’est en réalité pas signé.
47 Boyle 1975.
48 Breuil 1939.
49 Breuil & Obermaier 1935.
50 Mora-Figueroa 1974-1975,320.
51 Boyle et al. 1963, 15 ; Breuil 1930.
52 Breuil 1949 ; Breuil et al. 1955 ; Breuil et al. 1957 ; Breuil 1960.
53 Glyn Daniel la décrivait comme l’élève la plus prestigieuse d’Henri Breuil (in Boyle et al. 1963, 18).
54 Caton Thompson 1969,342.
55 Read 1906.
56 Bar-Yosef & Callander 2004,383 ; Clark 1989, 11 ; 1999.
57 Garrod 1961,206.
58 Breuil & Burkitt 1929, 14.
59 Price 2009, table 1.
60 Clark 1999,402 ; Smith 2009, 73.
61 Breuil 1926b.
62 Breuil 1926b, 7.
63 Gazette du 23 décembre de 1924,269. Ce n’est qu’en 1937 que l’université d’Oxford lui concéda le diplôme de docteur (D. Sc) sur la présentation de sept publications datées de 1925 à 1937 (University archives local Control : 11839146, Bodley BOD Bookstack D. Sc. d. 78 (1-6) et Bodley BOD Bookstack D. Sc. d. 78 (7) (Colin Harris, comm. pers. 9 de juin 2011).
64 Garrod 1936 ; 1938.
65 O’Connor 2007,281 et 288.
66 Smith 2009, 73.
67 Elle n’est pas la seule à qui l’abbé Breuil avait donné ce conseil. En effet, deux ans plus tard, en 1929, le jeune professeur Luis Pericot commença des fouilles dans la Grotte del Parpalló pour les mêmes raisons (Pericot 1965,274).
68 Garrod et al. 1928.
69 Shukba 1928.
70 Hooton 1950.
71 Caton Thompson 1969,340.
72 Caton Thompson 1969.
73 Clark 1989,59 et 61.
74 Voir supra.
75 Bar-Yosef & Callander 2004 ; Price 2009, table 1.
76 Oakley & Leakey 1937.
77 Garrod 1946 ; Movius 1953b.
78 Movius 1953a, 164.
79 O’Connor 2007,324.
80 Archiv Santa Olalla ASO/28 – 78, 30-4-1952.
81 Rasmussen 1997.
82 Rasmussen 1997, 85-86.
83 Kaeser 2001 ; Müller-Scheessel 2001 ; Wiell 1999,141-142.
84 Balout 1963.
85 Pericot 1965 ; 1978 ; Díaz-Andreu 2012.
86 Breuil & Burkitt 1929.
87 Breuil 1920 ; Breuil et al. 1914.
88 Ripoll Perelló 1994,124.
89 Burkitt 1928 : voir Schlanger 2003.
90 Kenyon 1970,115.
91 Kenyon 1970. Voir Díaz-Andreu & Sørensen 2008, 7, 14-15.
92 Breuil 1955-1966, vol. 1 (1955), viii.
Auteur
ICREA Research Professor, Facultat de Geografia i Història, Universitatde Barcelona; m.diaz-andreu@ub.edu
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