Jules Martha et la controverse sur l’origine de l’étrusque
p. 273-280
Résumé
The archeologist Jules Martha spent more than twenty years working on what he thought would be the masterpiece of his scientific career, La langue étrusque. In fact, this book in which he claimed that Etruscan was an Finno-Ugric language was very badly received, which eventually ruined his hopes of becoming a member of the Académie. This article is dealing with this crucial moment of Jules Martha’s career, when the young archeologist he was discovered and finally adopted this rather peculiar theory about the origin of the Etruscan tongue. But strangely enough, he made his choice more for archeological than linguistic reasons.
Texte intégral
1En 1913, Jules Martha (1853-1932) faisait paraître La langue étrusque. Publié vingt-cinq ans après L’art étrusque, ce livre fut le fruit ultime et ô combien amer de la véritable obsession qu’il avait développée pour tout ce qui avait trait aux anciens Toscans. Après avoir étudié leur art, il s’était donné comme dernier défi de percer le mystère de leur langue. Cet ouvrage dans lequel il exposait sa propre théorie sur l’origine de l’étrusque devait être le couronnement de son œuvre. Mais au lieu de lui ouvrir les portes de l’Institut, il fut le fossoyeur de sa carrière.
2J. Martha fut l’une des nombreuses victimes de la controverse sur l’origine de la langue étrusque. Cette question n’était certes pas nouvelle, mais elle fut relancée au milieu du xixe s. avec le développement de la linguistique scientifique, et notamment la linguistique comparée. Après le magistral ouvrage de Franz Bopp consacré aux langues indo-européennes publié entre 1833 et 1849, la parenté entre la plupart des langues vivantes et anciennes du continent européen n’était plus à démontrer. Les langues finno-ougriennes eurent aussi leurs champions en la personne de József Budenz et de Otto Donner, auteurs, le premier, d’un Dictionnaire comparé magyar-ougrien1, puis d’une Grammaire comparée des langues ougriennes (completée par Zsigmond Simonyi2), le second, d’un Dictionnaire comparé du finno-ougrien3. Pour la plupart des linguistes de l’époque, l’étrusque étant une langue européenne, il devait forcément appartenir à l’un des deux groupes. C’est donc dans ce contexte que J. Martha prit position – nous verrons pourquoi – contre les tenants de l’origine indoeuropéenne et pour les partisans de l’origine finno-ougrienne.
3Pour mieux comprendre le choix de J. Martha, il faut pour commencer essayer de se représenter le climat d’excitation et de rivalité intellectuelle qui prévalait en cette seconde moitié de xixe s. Nous nous proposons donc, dans un premier temps, de décrire l’état des recherches linguistiques en matière étruscologique à l’époque où J. Martha commença à s’intéresser à ce sujet. Nous verrons ensuite par quelles circonstances il fut, pour son malheur, conduit à arrêter son choix.
La controverse sur l’origine de l’étrusque
Éclosion des travaux sur la position de l’étrusque
4À partir des années 1840-50, le nombre d’ouvrages linguistiques consacrés à l’étrusque connaît une véritable explosion. L’on cherche alors à rapprocher l’étrusque de toutes sortes de langues. En 1842, William Betham (1779-1853) croit reconnaître dans l’étrusque un dialecte celtique. En 1843, Ludwig Steub (1812-1888) penche pour un dialecte de type rhéto-roman. En 1858, Johann Gustav Stickel (1805-1896) veut prouver la nature sémitique de la langue. En 1861, Robert Ellis (1820-1885) tente de démontrer les liens entre l’étrusque et l’arménien. En 1872, Alexander W. Lindsay, comte de Crawford (1812-1880), établit une parenté entre l’étrusque et le gothique.
5Ces quelques exemples prouvent certes l’énorme fascination que la langue des anciens Toscans exerçait sur les savants de cette époque, mais ils indiquent également la licence excessive de leur imagination. De simples rapprochements phonétiques sont souvent l’occasion d’interprétations des plus fantaisistes.
6À partir des années 1870, toutefois, la question de l’origine de la langue étrusque cessa d’être un simple jeu où toutes les opinions, même les plus farfelues, se valaient. L’affaire devint de plus en plus sérieuse et personnelle, et ses conséquences prirent parfois une tournure véritablement tragique. Les polémiques les mieux connues et les plus emblématiques sont celles qui opposèrent Wilhelm Deecke d’abord à Wilhelm Corssen, puis à Carl Pauli.
Wilhelm Corssen et Wilhelm Deecke
7En 1874 paraissait le premier volume du Über die Sprache der Etrusker de W. Corssen (1820-1875), où l’auteur présentait l’étrusque comme un dialecte italique. Alors que le second volume était encore sous presse, un autre grand philologue allemand, W. Deecke (1831-1897), qui travaillait alors à la réédition du Die Etrusker de Karl Otfried Müller (1797-1840), fit paraître un opuscule de 39 pages, daté du 30 avril 1875, dans lequel il réussit avec méthode et persuasion à démonter les arguments de W. Corssen. Ce dernier en fut si meurtri qu’il en mourut deux mois plus tard4. À cette époque, W. Deecke n’avait pas encore d’idée préconçue sur la position linguistique de l’étrusque. Tout juste peut-on lire, à la fin de sa première livraison des Etruskische Forschungen, un petit passage qui n’échappa pas à J. Martha, puisqu’il le cite en français dans la préface de sa Langue étrusque5:
“Und da will ich denn nicht verschweigen, daß die finnischen Sprachen, mit | denen ich mich seit mehr als zwanzig Jahren in Mußenstunden beschäftigt habe und deren allgemeiner Bau mir wohl bekannt ist, nicht nur die schlagendsten Analogien zu diesem Schwanken zwischen Casus-und Wortbildungssuffix darbieten, sondern daß auch speciell das l in ihrer Casus-und Wortbildung eine große Rolle spielt. Dennoch halte ich, andrer großer Schwierigkeiten wegen, das letzte Wort über die Verwandschaft der Etrusker noch zurück6”.
8Voici la traduction qu’en donne J. Martha:
“À ce propos, je crois devoir dire que les langues finnoises, dont je me suis occupé depuis plus de vingt ans dans mes heures de loisir, et dont le système général m’est bien connu, présentent, par une analogie des plus frappantes, le même phénomène d’un suffixe pouvant servir tantôt à marquer une fonction casuelle, tantôt à marquer des mots dérivés : j’ajoute que dans ces langues la lettre l en particulier joue un grand rôle dans la formation des cas et dans la composition des mots”.
9À cette date, W. Deecke suspend encore son jugement sur l’origine de l’étrusque, comme il le précise dans la phrase conclusive – signalée par nous en italiques – et que J. Martha, sans la traduire, commente en ces termes: “Mais en dépit de ces affinités apparentes et à cause de certaines difficultés qu’il n’indique pas, Deecke n’alla pas plus loin”.
10Une chose est sûre: en 1875, pour W. Deecke, comme il le répète à la fin de sa critique sur l’ouvrage de W. Corssen:
“die etruskische Frage ist demnach noch nicht gelöst, und Theodor Mommsen hat recht gethan, wenn er in der neuesten Auflage der Römischen Geschichte seine alte Auffassung unverändert festgehalten hat. Die Etrusker sind und bleiben ein den übrigen italischen Stämmen fremdes Volk”7.
11W. Corssen fut donc la première victime de ce débat de plus en plus violent, aux accents de plus en plus personnels. Mais le plus étrange dans cette histoire est que W. Deecke, après s’être résolument opposé à la théorie faisant de l’étrusque une langue italique, finit, sept ans plus tard, par se dédire, ce qui déclencha une seconde polémique, cette fois avec Carl Pauli (1839-1901).
Wilhelm Deecke et Carl Pauli
12Après avoir écrit les quatre premiers volumes de ses Etruskische Forschungen entre 1875 et 1880, W. Deecke décida de s’associer avec C. Pauli qui, de son côté, avait publié entre 1879 et 1880 trois volumes d’Etruskische Studien. Cette association, qui prit le nom synthétique de Etruskische Forschungen und Studien, fut de courte de durée. Le premier volume, dû à la plume de C. Pauli, sortit en 1881. En 1882, cependant, à l’occasion de la sortie du second volume, écrit cette fois par W. Deecke, un désaccord profond se fit jour entre les deux hommes. Alors que C. Pauli était convaincu que l’étrusque n’était pas indo-européen, W. Deecke, par un étrange revirement, avait fini par se ranger à l’idée qu’il avait longtemps combattue; pour lui, l’étrusque était bel et bien une langue indo-européenne, appartenant qui plus est au rameau italique. Le sous-titre du premier des deux articles contenus dans ce second tome (souligné par nous) ne laissait aucune place au doute: “Der dativ larθiale und die Stammerweiterung auf-ali: die etruskische Sprache Indogermanisch-Italisch”.
13Le volume III des Etruskische Forschungen und Studien, sorti la même année et consacré aux noms de nombres en étrusque, servit de tribune à C. Pauli pour répondre à son partenaire. Dès les premiers mots, le ton est à la polémique :
“Die Frage nach der ethnographischen Stellung der Etrusker oder genauer die nach den Verwandtschaftsverhältnissen ihrer Sprache – denn beides braucht sich ja nicht notwendig zu decken – ist noch immer eine offene. Alle bisherigen Verusche, sie zu beantworten, sind mit Entschiedenheit als verfehlt zu bezeichnen. Vorstehende, lange vor dem Erscheinen von Deeckes neuestem Heft niedergeschriebenen Sätze muß ich auch jetzt nach dem Erscheinen desselben und dem darin erneuten Versuch, die Etrusker als italische Indogermanen zu erweisen, unverändert lassen”.
14Le désaccord était en fait si grave que les deux hommes durent mettre fin à leur collaboration. En 1883, en préambule au volume IV, dont il confia la rédaction au linguiste norvégien Sophus Bugge (1833-1907), W. Deecke écrivit un avis laconique (Bemerkung) par lequel il signifiait son incapacité de poursuivre son association avec C. Pauli.
“In Folge des Gegensatzes in Auffassung des Etruskischen, der sich zwischen meinem Mitarbeiter Herrn Rector Dr. C. Pauli und mir herausgestellt hat, ist Ersterer von der Redaction der “Etruskischen Forschungen und Studien” zurückgetreten. Dafür habe ich in Herrn Professor Sophus Bugge in Christiana einen auch durch Forschungen auf dem Gebiete der italischen Sprachen rühmlichst bekannten Forscher als Mitarbeiter wieder gewonnen”.
15Tel était l’état de la controverse linguistique en 1883, un an avant la parution du premier livre de J. Martha consacré aux Étrusques, son Manuel d’archéologie étrusque et romaine.
Jules martha et l’origine finno-ougrienne de l’étrusque
La théorie finno-ougrienne avant J. Martha
16J. Martha n’est pas le fondateur de cette théorie. En 1874, le philologue anglais Isaac Taylor (1829-1901), dans ses Etruscan Researches, avait déjà tenté de démontrer l’origine ouraloaltaïque non seulement du peuple étrusque mais aussi de sa langue. Dans une argumentation assez confuse et pleine d’approximations, il rapproche le nom grec des Étrusques, Tyrrhénoi, et le nom donné par les Iraniens à une peuplade turque voisine, Turan8. Selon lui, loin d’être une coïncidence, la ressemblance entre ces deux mots prouve sans aucun doute que les Étrusques étaient des Turcs arrivés par hordes en Italie du fin fond de leur Turkestan natal. D’un autre côté, sans que cela le gêne le moins du monde, il n’hésite pas à parler de l’origine finnoise des Étrusques, affirmant même que le Kalevala, l’épopée des anciens Finnois, offrait de remarquables similitudes avec la mythologie étrusque9. Pour lui, Turcs et Finnois étaient de toute façon de la même race, la race turanienne. À sa sortie, le livre d’I. Taylor fut beaucoup décrié. J. Martha était d’ailleurs parfaitement conscient des “inductions archéologiques… parfois spécieuses” de Taylor, et de “ses observations linguistiques…, au témoignage de Sayce, inadmissibles”10.
17Le petit passage des Etruskische Forschungen I déjà cité dans lequel W. Deecke établissait un début d’analogie entre l’étrusque et le finnois semble en revanche avoir eu un grand impact sur J. Martha. S’il est déçu que le philologue allemand, pour qui il avait manifestement conçu beaucoup d’admiration, ne soit pas allé plus loin dans sa démarche, il se console en attribuant cet abandon à un manque de matériel bibliographique. Comme le constate J. Martha, à l’époque où W. Deecke s’exprimait ainsi, aucun des grands dictionnaires et autres grammaires comparées des langues finno-ougriennes (mentionnés dans notre introduction) n’était encore paru. Il n’en faut pas plus à J. Martha pour essayer de gagner, à titre posthume, le grand savant allemand à sa cause: “Si Deecke avait eu ces instruments à sa disposition, peut-être n’aurait-il pas renoncé à l’idée qui l’avait hanté quelque temps”11.
Les prémices de la théorie finno-ougrienne chez J. Martha
18Si J. Martha attendit l’année 1913 pour faire paraître La langue étrusque, il semble que son opinion sur l’origine de l’étrusque ait été arrêtée dès le courant des années 1880. Dans son Manuel d’archéologie étrusque et romaine, publié en 1884, le jeune Jules Martha – il a tout juste 30 ans – est encore très prudent dans son jugement, comme le prouve le passage suivant où il parle de l’identité et de l’origine des peuplades de l’Italie primitive :
“Les théories pourtant n’ont pas manqué, et toutes plus ingénieuses les unes que les autres. Mais cette dépense de sagacité et d’imagination n’a abouti qu’à des solutions à peine vraisemblables, souvent fantastiques. C’est ainsi que les Étrusques, dont l’origine est encore inconnue, ont été successivement rattachés à toutes les races et à tous les pays. On en a fait des Italiens indigènes, des Slaves, des Basques, des Celtes, des Chananéens, des Arméniens, des Égyptiens, des Tartares, etc. Tel a soutenu avec Hérodote que c’étaient des Pélasges-Tyrrhéniens partis des côtes de la Lydie et arrivés par mer en Italie. Tel autre, avec Denys d’Halicarnasse, a prétendu reconnaître en eux une tribu issue des Alpes Rhétiques. Cependant nul n’a réussi à percer les brouillards où se perd le passé de ce peuple énigmatique”12.
19Ici, nulle trace de la théorie finno-ougrienne. Et si au détour d’une note, il établit un pont entre la culture villanovienne, très présente en Étrurie, et la Hongrie13, il affirme quelques pages plus loin, à propos de la civilisation étrusque: “Une chose frappe tout d’abord, c’est que cette civilisation n’a rien de commun avec celle de Villanova”14. Rien ne laisse donc présager sa position à venir.
20En 1889, quand paraît L’art étrusque, une évolution manifeste a eu lieu dans l’esprit de J. Martha. Dans le premier chapitre intitulé “L’Étrurie et les Étrusques”, il s’interroge sur l’origine du peuple et de la langue étrusque. Sur l’identité linguistique des Étrusques, J. Martha est encore hésitant. S’il balaye d’un revers de la main l’hypothèse “tristement fameuse”, selon ses propres termes, de W. Corssen, et s’il s’amuse de “l’histoire piquante de MM. Deecke et Pauli”, il convient qu’“en l’état actuel de la science linguistique l’on est en présence d’éléments inconnus, sur lesquels la philologie comparée n’a point de prise et qui demeurent irréductibles”15. L’anthropologie ne lui donnant pas plus de pistes à suivre, il finit par conclure à propos du peuple étrusque :
“On peut se demander si le terme Étrusques correspond à une entité ethnographique bien définie et si par hasard ce ne serait pas simplement une expression politique, désignant un peuple mixte, formé du mélange de plusieurs races, au même tire par exemple que les termes de Français, Autrichiens, Anglais, Américains”.
21Préfiguration étonnante de l’hypothèse que Massimo Pallottino défendra soixante ans plus tard16.
22Incapable de se prononcer sur la position linguistique de l’étrusque, c’est par le biais de la question de la migration des Étrusques que J. Martha fut amené à faire ses premiers pas en direction de la théorie finno-ougrienne, qui devait devenir la sienne.
De la migration étrusque à la théorie finno-ougrienne
23La troisième et dernière partie de son second chapitre porte en effet comme titre “La migration étrusque”. Reprenant toutes les traditions antiques et toutes les hypothèses modernes sur l’arrivée des Étrusques en Italie, il finit par s’arrêter longuement sur la théorie de l’origine nordique des Étrusques. Mise au point par le grand historien Barthold Georg Niebuhr (1776-1831)17, développée par l’archéologue allemand Wolfgang Helbig (1839-1915)18 puis affinée par l’archéologue norvégien Ingvald Undset (1853-1893)19, cette théorie voulait que les Étrusques fussent arrivés en Italie par les Alpes rhétiques, poussés par d’autres peuples. Voici le résumé que J. Martha donne de l’hypothèse de I. Undset:
“Après avoir constaté qu’en Toscane on trouve des antiquités appartenant à la plus ancienne forme de la civilisation dite de Villanova, il compare ces antiquités à celles des terramares du nord de l’Italie et montre qu’elles dérivent directement de celles-ci. Ces antiquités des terramares à leur tour se relient à d’autres qui ont été recueillies dans le bassin du Danube et notamment en Hongrie20. On retrouve ainsi au cœur de l’Europe les éléments primitifs et comme les antécédents d’une civilisation dont le terme est en Italie. Cette civilisation a donc marché du nord-est au sud-ouest et a dû être entraînée vers la Péninsule par le courant d’une seule et unique migration”21.
24Au paragraphe suivant, J. Martha conclut :
“Pour nous qui avons repris à notre tour l’examen détaillé des antiquités récemment découvertes en Toscane, nous ne pouvons que souscrire à l’opinion de MM. Helbig et Undset”.
25Alors que dans son Manuel d’archéologie étrusque et romaine, paru en 1884, J. Martha avait écarté tout lien entre la culture villanovienne (avec ses extensions danubiennes) et la civilisation étrusque, la lecture des travaux de W. Helbig et de I. Undset, publiés après la sortie de son Manuel, semble donc avoir eu raison de ses réticences. Converti à l’idée de l’origine nordique des Étrusques, J. Martha était désormais mentalement prêt à mettre en relation leur langue avec celle des Hongrois, dont certaines antiquités présentaient une similitude à ses yeux tout autre que fortuite avec les terramares de la plaine padane et le villanovien d’Étrurie.
26Le choix de J. Martha, au milieu de la controverse sur l’origine de l’étrusque, ne fut donc pas dicté par des considérations d’ordre linguistique, mais archéologique. C’est la thèse développée par W. Helbig et I. Undset sur la migration étrusque à partir de l’Europe danubienne vers la péninsule italique qui le convainquit du bien-fondé de la théorie finno-ougrienne. Il est intéressant de constater que ce sont les mêmes motifs qui, près d’un siècle après J. Martha, ont entraîné le linguiste italien Mario Alinei à emprunter la même voie. C’est en effet sur la base des recherches archéologiques de Hugh Hencken (1902-1981) et de Lawrence Barfield (1935-2009) sur la culture villanovienne, celle des terramares et leurs ramifications danubiennes que M. Alinei a essayé, dans un ouvrage extrêmement controversé, de prouver que l’étrusque n’était rien d’autre qu’une forme archaïque de hongrois22. Assez bien accueilli par les finno-ougristes, très mal reçu chez les étruscologues, le livre de M. Alinei prouve en tout cas que l’esprit de J. Martha, qui passa plus de vingt ans à travailler sur sa Langue étrusque sans en recevoir aucune reconnaissance, n’a pas fini de déranger le petit monde de l’étruscologie.
Bibliographie
Bibliographie
Alinei, M. (2003): Etrusco: una forma arcaica di ungherese, Bologne.
Betham, W. (1842): Etruria-Celtica: Etruscan Literature and Antiquities investigated, or the Language of that ancient and illustrious People compared and identified with Iberno-Celtic and both shown to be Phoenician, Dublin.
Corssen, W. (1874-75): Über die Sprache der Etrusker, Leipzig.
Deecke, W. (1875a): Corssen und die Sprache der Etrusker: Eine Kritik, Stuttgart.
— (1875b): Etruskische Forschungen I, Stuttgart.
— (1882): Etruskische Forschungen und Studien II, Stuttgart.
Ellis, R. (1861): The Armenian Origin of the Etruscans, Londres.
EGA. 20, avec J. Gran-Aymerich (1985) : voir “Bibliographie d’Ève Gran-Aymerich”, supra, p. 21.
Helbig, W. (1884): “Sopra la provenienza degli Etruschi”, Annali dell’Instituto di corrispondenza archeologica, 56,108-188.
Lindsay, A. W., Earl of Crawford (1872): Etruscan Inscriptions analysed, Londres.
Martha, J. (1884) : Manuel d’archéologie étrusque et romaine, Paris.
— (1889) : L’art étrusque, Paris.
— (1913) : La langue étrusque, Paris.
Niebuhr, B. G. (1811-32): Römische Geschichte, Berlin.
Pallottino, M. (1947): L’origine degli Etruschi, Rome.
Pauli, C. (1881): Etruskische Forschungen und Studien I, Stuttgart — (1882): Etruskische Forschungen und Studien III, Stuttgart.
Pfister, R. (1982): “Das Etruskische und Kleinasien in der Geschichte der Forschung”, in Serta Indogermanica. Festschrift für G. Neumann zum 60. Gerburstag, Innsbruck, 265-271.
Steub, L. (1843): Über die Urbewohner Rätiens und ihren Zusammenhang mit den Etruskern, Munich.
Stickel, J. G. (1858): Das Etruskische durch Erklärung von Inschriften und Namen als Semitische Sprache erwiesen, Leipzig.
Taylor, I. (1874): Etruscan Researches, Londres.
Undset, I. (1885): “L’antichissima necropoli tarquiniese”, Annali dell’Instituto di corrispondenza archeologica, 57, 4-105.
Notes de bas de page
1 Magyar-ugor összehasonlító szótár, Budapest, 1873-1881.
2 Az ugor nyelvek összehasonlító alaktana, Budapest, 1884-1894.
3 Vergleichendes Wörterbuch der finnisch-ugrischen Sprachen, Helsinki, 1874-1888.
4 Cf. Pfister 1982,265.
5 Cf. Martha 1913, V.
6 Cf. Deecke 1875b, 82-83.
7 Cf. Deecke 1875a, 39.
8 Cf. Taylor 1874, 24.
9 Cf. Taylor 1874, 6.
10 Cf. Martha 1913, IV.
11 Cf. Martha 1913, V.
12 Cf. Martha 1884, 8.
13 Cf. Martha 1884, 17. Passage cité dans EGA. 20 (1985), 81.
14 Cf. Martha 1884, 27.
15 Cf. Martha 1889, 14.
16 Cf. Pallottino 1947.
17 Cf. Niebuhr 1811-1832, I, 109 sq.
18 Cf. Helbig 1884,108 sq.
19 Cf. Undset 1885,4 sq.
20 Les italiques sont de nous.
21 Cf. Martha 1889, 27-28. Passage cité dans EGA. 20 (1985), 81.
22 Cf. Alinei 2003.
Auteur
Maître de conférences de latin, Université Lumière-Lyon 2 ; jean.hadaslebel@gmail.com
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