La campagne de Crète au miroir des musées publics crétois, australiens et néo-zélandais
p. 279-295
Texte intégral
1“The possession of Crete, however, should not be considered as just territorial gain, nor can it be imagined as a purely strategic holding – the possession of Crete historically coincides with the ‘zenith’of its possessor, and its loss with that power’s lapse”1.
2La campagne de Grèce, engagée le 28 octobre 1940, se solde par l’évacuation des troupes britanniques, néo-zélandaises et australiennes vers la Crète à partir du 24 avril 1941. L’île se trouve alors sur la ligne de front en Méditerranée orientale. La bataille s’engage le 20 mai et s’achève à la fin du mois : onze jours de combat sur les six années de la Seconde Guerre mondiale.
3Si l’on comprend aisément que cet épisode tienne une place de choix dans les musées crétois2, des espaces muséaux et mémoriaux lui sont également consacrés en Australie et en Nouvelle-Zélande. Ces deux pays du Pacifique Sud sont entrés en guerre en même temps que la Grande-Bretagne. Leurs troupes ont combattu séparément puis ensemble en Grèce et en Crète où elles ont connu les mêmes revers. L’Australian New Zealand Army Corps (ANZAC) reformé le 12 avril 1941 sous le commandement du général australien Thomas Blamey (1884-1951), les Britanniques et les Grecs battent en retraite devant l’invasion allemande en Grèce continentale et en Crète3. Échec du baptême du feu le 25 avril 1915, nouveau désastre pour sa reformation en 1941 : l’ANZAC serait-il maudit ? ! Pourtant la défaite alliée en Crète est commémorée non comme un tragique revers, mais comme une lutte désespérée pour des idéaux de liberté et qui contribua à la victoire finale du Bien.
4Si la représentation de cette campagne dans les espaces muséaux publics crétois, australiens et néo-zélandais est revisitée au prisme de l’histoire nationale, voire locale, les différentes thématiques de ces institutions mémorielles influencent aussi grandement le discours et la scénographie d’un musée d’histoire généraliste (Héraklion), d’un musée de localité (Auckland), de musées d’armes (Sydney et Waiourou), d’un établissement muséal militaire (Canberra) et d’un musée naval et maritime (La Canée), sans perdre de vue les mémoriaux en Crète comme en Océanie anglo-saxonne. L’ambition de cet article sera de dégager les traits propres de ces lieux de mémoire institutionnels, d’en signaler les amnésies, les “trophées” et les “piloris”4 pour saisir les politiques mémorielles, avouées ou non, qui sont à l’œuvre.
L’exaltation de l’identité insulaire dans les espaces muséaux crétois
5La bataille de Crète tient une place notable dans les musées institutionnels insulaires qui n’ont pas le monopole des scénographies mémorielles : plusieurs musées privés5 mais également monastiques6 comme de nombreux mémoriaux portent plusieurs discours sur cette guerre, souvent intégrés aux discours concernant les luttes passées contre les Ottomans. On s’attachera ici aux seuls musées institutionnels : le musée d’histoire de la Crète (Héraklion), réorganisé récemment et dont la scénographie est très proche des normes continentales (agrandissements photographiques retouchés, symbolisme des couleurs, décors allusifs, mise en valeur d’un expôt), l’exposition de la bataille de Crète, scénographiée, il y a plus de deux décennies, et logée au musée maritime de La Canée depuis la fermeture du musée militaire, enfin la section Seconde Guerre mondiale du musée maritime de La Canée.
Un combat désespéré
6Le ton est donné au musée naval et maritime de La Canée7 – Maritime Museum of Crete (MMC) – par le titre de la salle dédiée à la campagne : “Self sacrifice for the freedom” : “Se sacrifier pour la liberté”8. Se sacrifier signifie, dans l’évocation d’une guerre, un combat que l’on sait désespéré9 où l’on se bat sans esprit de recul, ce qui érige automatiquement les morts vaincus en héros10. La liberté fait référence à une valeur universelle et intemporelle, idée renforcée par l’intervention volontaire de soldats du bout du monde, ni les “Aussies11” ni les Maoris engagés en Crète n’étant des conscrits12. De plus, si la campagne fut une défaite, la victoire en 1945 entérine le bon droit des Alliés.
7Le choix des mots dans les musées crétois fait écho aux musées néo-zélandais qui emploient “invasion”13 pour caractériser le débarquement allemand. Ce terme sous-entend la supériorité numérique de l’ennemi, ce qui est inexact : 29 040 soldats allemands participent à l’opération Merkur dont 22 750 arrivés par les airs. Face à eux, le 20 mai 1941, 31 200 soldats du Commonwealth, dont la majorité étaient les vaincus de la campagne de Grèce, et 30 000 combattants helléniques14. Pourtant moitié moins nombreux, les Allemands l’emportent sur les Alliés par leur équipement, la supériorité de leur aviation, leur bravoure désespérée et leur réactivité. L’explication de la défaite alliée souligne moins ces vertus combattantes que le poids des contraintes subies par les Grecs et leurs partenaires. Les pertes s’élèvent à 671 Néo-Zélandais – le plus gros tribut en nombre et en pourcentage sur les effectifs nationaux engagés –, 274 Australiens, 612 Britanniques15, auxquels s’ajoutent les 2 000 morts ou blessés de la Royal Navy. Revers important dont les causes réelles sont bien connues désormais. Épuisées physiquement et moralement par les combats en Grèce, les forces alliées, moins aguerries que leurs adversaires, ont combattu dans un environnement que les musées crétois présentent comme impossible à défendre. Quatre chaînes de montagne rendent tout déplacement de troupes difficile d’Est en Ouest et du Nord au Sud. Comble de malchance, les ports, aérodromes et routes stratégiques se trouvent sur la côte nord de l’île, au plus près de l’ennemi, qui, désormais maître de la Grèce, peut frapper les voies, les ponts et les bases ennemies.
La Crète résistante sauve l’honneur de la Grèce
8La mise en scène de la campagne de Crète distingue les insulaires des autres Grecs et bâtit un discours réduisant le rôle combattant de la Grèce, mais exaltant l’héroïsme insulaire. Quoi de bien étonnant ? L’identité crétoise, insérée certes dans l’histoire nationale hellénique, conserve en 1941, voire au-delà, la trace d’anciens clivages historiques, le souvenir de l’autonomie (1897-1913), comme la tradition vénizéliste, démocratique et républicaine. Le gouvernement grec qui se réfugie en Crète, n’a alors pas le beau rôle. Il porte la responsabilité de l’emploi de troupes crétoises sur le continent16. N’est-il pas douloureusement ironique de voir la Grèce mal protéger et perdre sa dernière position nationale, alors que des étrangers, venus des antipodes, défendent votre patrie ? Dès lors les musées crétois ne se privent pas de montrer le Crétois “mythique”, sous la figure du paysan ou du berger, affrontant le soldat allemand à coup de bâton et de fourche, et dans le même temps, de présenter les soldats grecs comme des jeunes recrues inexpérimentées, en leur imputant presque la responsabilité de la défaite. Cet opprobre n’est pas propre à la Crète : si les Grecs constituent la moitié des forces alliées, aucun musée (y compris dans le Pacifique) ne cite leur action17. À ces ressentiments locaux et à ces préjugés, dont l’armée grecque est victime, s’ajoute le poids des mythes combattants contemporains. En “invitant” les batailles au cœur des populations civiles, la Seconde Guerre mondiale a permis la renaissance du mythe de l’auto-libération, du bâton face aux mitraillettes18. La population peut faciliter ou ralentir la marche des évènements, mais victoire comme défaite restent l’apanage des troupes régulières. En Crète, l’image d’une résistance civile atavique s’inscrit dans une histoire faite d’invasions multiples et d’insurrections chroniques (1770, 1821, 1866, 1878, 1896), toutes célébrées dans les musées nationaux, les monastères, les places publiques et les villages19. Mais il n’est pas fait état des tortures et mauvais traitements que les civils infligèrent à leurs prisonniers allemands, encore moins des clivages internes entre les différents mouvements de résistance20. Certes le MMC expose la collaboration, mais précise qu’elle fut le fait de Greek people et non pas des Crétois ! Sa muséographie se concentre sur des photographies très peu légendées qui forment une sorte de story board tapissant les murs au détriment des témoignages et d’une analyse critique21. Ainsi comment savoir la proportion des collaborateurs, leurs actions et leur impact durant l’occupation allemande ?
La place des combattants du Commonwealth entre hypermnésies et amnésies muséales
9Dans la scénographie d’une bataille, mettre en avant les populations et les combattants ordinaires participe d’une histoire d’en bas, une “subaltern history” tandis que mettre en avant le commandement met en scène une “histoire d’en haut”, privilégiée au MMC, conçu dans les années 1970. Le portrait serré d’un vieux maquisard22, à la fonction toute allégorique, y fait face à d’anonymes mannequins en uniforme. Parce que le Néo-Zélandais Bernard Cyril Freyberg (1889-1963) commande la défense de l’île, protège le gouvernement grec et organise la survie des 400 000 civils crétois, les “Kiwis23” occupent une place de choix dans les musées crétois. Les Australiens, relégués au second plan comme les SAS détachés dans les derniers jours de la bataille, ont pourtant été les derniers à lutter et eurent le plus fort taux de prisonniers24. L’évacuation des troupes, le 28 et 29 mai 1941, donne en revanche à l’Australie une place d’honneur. Alors que Freyberg n’espérait ramener que le quart du contingent anglo-saxon, l’escadre de la Méditerranée où des unités australiennes sont intégrées, réussit, au prix de pertes énormes, à enlever 60 % du corps expéditionnaire25. Le MMC exploite cette thématique pour rendre hommage à l’Australie en exposant le pavillon du destroyer Napier offert par l’union des vétérans australiens. Pour les musées crétois, la campagne de mai 1941 est aussi le prologue de l’occupation allemande26 ou l’épilogue de bombardements (MH), une semaine avant les parachutages27. La célébration de ce Dunkirk Spirit à la crétoise perd toutefois de vue une réalité dérangeante, si l’on considère la place que les musées insulaires accordent aux souffrances civiles : les Crétois et les troupes grecques ont été abandonnées à l’occupant nazi, les forces navales ayant en outre prioritairement secouru les troupes du Commonwealth.
10Si l’on envisage la place attribuée aux armes engagées dans cette bataille, les tensions ordinaires entre amnésies et hypermnésies sont notables. L’aviation alliée est ainsi la grande absente des musées insulaires. Côté allié, la Crète n’a certes plus d’avions à partir du 19 mai 194128, mais l’appui aérien, venu d’Égypte, à l’évacuation des troupes pouvait être évoqué29. Le discours sur l’aviation allemande se résume au transport des parachutistes30 et, au MH uniquement, aux missions de bombardement, alors que la chasse allemande a joué un rôle déterminant lors des évacuations. Là encore, les musées déprécient considérablement le rôle de cette arme qui dirige l’opération Merkur et neutralise tout renfort de l’ennemi au sol. En revanche, les combats sur mer sont abondamment présentés au musée naval et maritime de La Canée qui expose des photos d’époque, des maquettes de bateaux, des cartes et des peintures récentes des combats navals et aéronavals.
11Autre enjeu : à travers cette campagne, les musées crétois se veulent les garants des liens à toute épreuve (unbreakable) entre les peuples unis dans une même lutte31. Les mémoriaux en Crète, mais aussi la reproduction d’un monastère crétois à Prevelly Park en Australie occidentale matérialisent cette volonté. C’est ainsi qu’en 1991, pour le cinquantième anniversaire de la bataille de Crète, le musée de La Canée présente le projet d’un mémorial international, inexistant à ce jour, dont les maquettes et plans sont toujours exposés. Une célébration de l’allié donc au risque du poncif. Nous avons ainsi été frappé de voir dans l’espace du bataillon maori, la maquette d’une pirogue maorie offerte par le consul général honoraire néozélandais d’Athènes. Si l’expôt rappelle que les Maoris et les Crétois, peuples insulaires, ont une longue tradition maritime, pourquoi distinguer les Maoris des autres Néo-Zélandais ? Est-ce pour leurs “heavy casualties” ? Il serait toutefois hasardeux de comparer les résultats des unités, voire leurs pertes puisque chacune a disposé d’un terrain précis à défendre donc de configurations particulières. Est-ce pour leur marginalité, voire une commune singularité coloniale32 ? Ainsi ce cartel risque d’enfermer les Néo-Zélandais dans les seuls identité et stéréotypes du Maori33…
Discours sur la campagne de Crète dans les musées militaires et navals australiens et néo-zélandais
12La campagne de Crète ne constitue pas un enjeu mémoriel majeur dans l’identité “kiwie” et “aussie”. Leurs musées nationaux (Te Papa Tongarewa Museum et National Museum of Australia) n’évoquent pas cette campagne. Outre Gallipoli, bataille phare de l’identité australienne, Maria Hill rappelle que la campagne de Kokoda en Nouvelle-Guinée éclipse toutes les autres campagnes de la Seconde Guerre mondiale34. La peur des Australiens d’être envahis par les Japonais justifierait ce choix. L’historien(-ne) déplore qu’aucune reconnaissance, ni médaille australienne n’aient été attribuées aux vétérans de Crète et Grèce. On leur refusa même le droit de porter les médailles grecques pendant les commémorations jusqu’en 199435 ! Dans les deux pays du Pacifique Sud, la Crète reste donc cantonnée à l’histoire et à la mémoire des institutions navales et militaires : en Australie, au Musée-mémorial de la Guerre à Canberra et au Centre Patrimonial de la Marine Royale Australienne ; en Nouvelle-Zélande, au musée-mémorial de la guerre d’Auckland, au musée de l’armée de terre de Waiourou (National Army Museum) et au mémorial national de la Guerre à Wellington.
En Nouvelle-Zélande : Auckland War Memorial Museum, National Army Museum et National War Memorial
Someone has blundered : but who ?
13Parler de la campagne de Crète en Nouvelle-Zélande, c’est inévitablement se confronter aux lourdes responsabilités nationales dans ce revers. Depuis le 30 avril 1941 et durant la bataille, les Néo-Zélandais commandent la Creforce36. Composée de multiples maillons, la chaîne de commandement ne facilite pas la coordination des moyens37. Commandant – théoriquement – l’ensemble des forces alliées en Crète, le général Freyberg a généralement porté le poids de la défaite38. Alors que ses états de service lui avaient valu de devenir en 1917 le plus jeune général de l’armée britannique39, sa stratégie défensive en Crète lui fut ainsi reprochée. Les musées “kiwis”, eux, énumèrent les autres facteurs de la défaite, comme si dédouaner Freyberg ôtait l’opprobre jetée sur toute la Nouvelle-Zélande. Le National Army Museum (NAM) accuse les communications déficientes et l’état de fatigue des soldats après la campagne de Grèce (20 000 hommes). Au National War Memorial (NMW), des clichés pris au début de la campagne, font écho à une photo de la fin des combats montrant des hommes mal vêtus et mal rasés au pied d’un arbre dans le maquis en train de se reposer, légendée : “exhausted field engineers awaiting evacuation at Sfakia”. Bon nombre de “photos souvenirs” exposées à l’Australian War Memorial (AWM) témoignent d’une perception exotique ou touristique du monde méditerranéen par ces hommes du Pacifique Sud qui posent ainsi devant le Parthénon. La faiblesse de l’équipement est également mise en cause. Ainsi beaucoup d’expôts allemands en vitrine ont été pris sur les morts et, précise-t-on, utilisés par les Alliés. Le manque d’appui aérien pénalisa leur système de défense40. Des erreurs individuelles sont enfin admises.
14L’Auckland War Memorial Museum (AWMM) mentionne la tragique bévue d’un officier “kiwi” qui, sans nouvelles de la situation et de sa hiérarchie, décida de battre en retraite et abandonna trop vite la zone de Maleme, laissant l’aérodrome aux Fallschirmjäger (parachutistes) de Kurt Student (1890-1978)41. Décision malheureuse permettant aux forces ennemies de sortir de l’impasse puis de reprendre l’offensive et qu’expliqueraient la répugnance d’un engagement à fond comme l’obsolescence de l’expérience militaire acquise en 1914-1918. En 1941, la Nouvelle-Zélande est un pays peu peuplé – 1 600 000 habitants – où la perte d’une unité n’a pas le même impact (médiatique et militaire) que pour de grandes nations comme la Grande-Bretagne. Par conséquent, les officiers, dont Freyberg, réfléchissent en tant que commandants nationaux et pas toujours comme stratèges alliés42. De plus, les subordonnés de Freyberg, en particulier les Néo-Zélandais, sont des vétérans de la Première Guerre mondiale qui se montrent souvent dépassés par la vitesse des attaques menées au début de la Seconde Guerre mondiale. Autant d’éléments de retenue auxquels s’ajoutent les frictions d’une coopération militaire délicate. Bien que ces dernières constituent la majorité des forces anglo-saxonnes en Crète, le général Sir Archibald Wavell (1883-1950) tient les unités des dominions comme un réservoir de troupes britanniques43 et n’implique pas ainsi le commandement ANZAC, Blamey ou Freyberg, dans l’élaboration des opérations. L’AWMM rajoute enfin que les ANZACs étaient “ reluctant” (réticents) à cette opération, mais sans en préciser les raisons44…
Merkur au musée
15Petite particularité des musées “kiwis” : ils exposent souvent les multiples visions de l’Histoire. Le National War Memorial et l’AWMM montrent ainsi clairement la préparation de l’opération Merkur du côté allemand45. Ce dernier musée est le seul à évoquer la supériorité des troupes aéroportées allemandes, unité d’élite d’une armée déjà puissante46. Cette campagne doit sa renommée à l’emploi à grande échelle de parachutistes représentés en peintures ou photos par un essaim dans le ciel. Le NAM pousse à son paroxysme la symbolique en assimilant les parachutistes à un nuage de mort sur les peacefull oliviers crétois ; message manichéen qui contredit l’effort de double lecture de l’histoire.
16Dans l’historiographie (et par ricochet dans les discours muséaux), la campagne de Crète fut davantage analysée au prisme des vainqueurs de la guerre, donc en tant qu’échec allié, plutôt que succès allemand. Les pertes infligées aux forces de l’Axe – 3 352 morts ou disparus47 – sont présentées comme une victoire dans le message muséal néo-zélandais ou à défaut servent de “compensation” à la défaite subie48. Spectaculaire, l’opération Merkur peut, à juste titre, apparaître comme une “victoire à la Pyrrhus”, cette meurtrière campagne étant la dernière grande opération aéroportée nazie en territoire ennemi49. Les Allemands ont sous-estimé les forces alliées (5000 hommes maximum selon eux), manqué de temps pour préparer leur opération et se sont mépris sur l’attitude des Crétois qu’ils ont espéré favorable ou neutre comme l’avait été l’accueil de bien des Grecs50. Ils ont annulé l’effet de surprise indispensable à la réussite de l’opération en organisant deux vagues de parachutages. Enfin, le soutien naval s’est avéré insuffisant. Toutes ces erreurs cumulées et la résistance initiale offerte par les Alliés et les civils entraînent des pertes très lourdes que les musées néo-zélandais mettent spectaculairement en scène. Le NAM propose un diorama grandeur nature d’un parachutiste atterrissant en Crète tandis que l’AWMM montre des soldats alliés embusqués tirant sur l’armada aéroportée comme un gigantesque tir au pigeon. Au National War Memorial, des photos du cimetière allemand établi en 1974 précèdent celles du cimetière allié installé dans la rade de La Sude dès juin 1945. Encore une fois, les “Kiwis” sont sensibles à l’équilibre entre les pans d’histoire et de mémoire. “Crete was the grave of the German parachutist”, citation du commandant le 17 German Air Corps et reproduite au NAM de l’officier51.
17À la lecture des pertes allemandes et devant l’évocation spectaculaire de ces “tirs au pigeon” que les Alliés ont infligés à ces soldats suspendus à leur toile, le visiteur peut légitimement s’interroger : comment a-t-on perdu cette campagne52 ?
Les Crétois : les seuls frères d’armes des “Kiwis” ?
18Sans être propre aux musées néo-zélandais, la place très inégale accordée aux différents combattants alliés ne manque pas de surprendre.
19Les effectifs des troupes grecques, quasi invisibles, n’apparaissent pas à l’AWMM où l’utilisation du “we”53 inclut-elle les Australiens, Britanniques et Grecs ou, a minima, la participation de toutes les forces “kiwies” ? Aucun des combattants maoris n’est visible alors que leur bataillon s’illustre brillamment à Maleme54. Force est également de constater que la marine (exclusivement britannique et australienne) est à peine citée dans ce musée et de façon moins étonnante au musée de l’Armée de Terre “kiwie” (NAM)55.
20L’AWMM souligne en revanche le courage des Crétois dans le cartel people of Crete. La population aide les soldats alliés à s’exfiltrer (300 selon le musée, 600 pour le monument aux morts de Chora Sfakion56) et subit de lourdes représailles. Son sort n’a rien à envier à celui des soldats prisonniers décrit dans les musées. Ainsi le lien mémoriel le plus revendiqué dans ces espaces muséaux unit les Néo-Zélandais aux Crétois et non à leurs frères d’armes australiens. Ce silence muséal enregistre ici une mémoire combattante fragmentée. Il est vrai que les “Aussies” et les “Kiwis” n’ont pas combattu ensemble en Crète contrairement à Gallipoli. En 1941, les Néo-Zélandais protègent la zone de Maleme, les Australiens Réthymnon et les Britanniques Héraklion. Ainsi les trois nations ne peuvent disposer d’une mémoire commune de la campagne de Crète. Les forces des deux Dominions furent en outre engagées sur des fronts séparés pour le reste de la guerre.
La bataille de Crète à l’Australian War Memorial et au Royal Australian Navy Heritage Center : une vision toute nationale dominée par la thématique de la captivité
21Les musées qui traitent de la bataille de Crète (AWM et RANHC) assument une vision sommaire de la bataille de Crète, australo-centrée qui passe par l’omission des autres partenaires et tend à privilégier, comme dans de nombreux musées anglo-saxons contemporains, les thématiques longtemps tabous que sont la désobéissance et la captivité.
22Plus encore qu’en Nouvelle-Zélande et en Crète, la mise en contexte de la bataille de Crète est sommaire : aucune mise en perspective de l’île dans les stratégies alliée et allemande ni sur les lignes de front de l’époque57, aucune présentation de la Crète avant l’arrivée des contingents alliés. Les Alliés apparaissent peu et pour cause : l’une des raisons de la perte de l’île relève du manque de cohésion et de liaison entre les unités, les ponts jalonnant la route sur la côte nord étant régulièrement détruits par l’aviation ennemie. Dans les musées “aussies”, l’armée grecque n’apparaît pas : veut-on venger ainsi par ce silence les pertes subies par les Australiens en raison de l’inertie des soldats grecs dans la contre-attaque à Réthymnon58 ? La population crétoise, pourtant admirée par les vétérans, n’a elle non plus aucune place. La défaite est principalement imputée aux Britanniques, les réels décisionnaires sur ce front59. D’autres facteurs sont cités, mais jamais la responsabilité du commandement australien y compris pour la défaite en Grèce continentale60…
23Qu’en est-il alors de l’implication de la marine australienne dans les eaux crétoises ? Cette dernière a investi la zone, dès 1940, en coulant trois bateaux italiens, puis a participé à la bataille du cap Matapan61 au large de la Crète (27-29 mars 1941), avant de coopérer au ravitaillement des troupes en Grèce continentale et en Crète comme à leur évacuation. En dépit de ce rôle notable, les musées australiens n’évoquent pas ce rôle ni la dureté des combats navals de la bataille de Crète qui, livrés dès les premiers bombardements de l’île, coûtent neufs navires alliés en moins de dix jours62. Si la contribution de la jeune marine australienne (8 navires sur la trentaine engagés) est importante, le Royal Australian Navy Heritage Center (RANHC) tait l’obsolescence et la taille réduite de la flotte63 et ne donne pas la mesure de l’implication des huit navires de la Royal Australian Navy déployés en Méditerranée orientale. Indifférent aux aspects tactiques, ce musée naval présente alors la Crète dans sa dimension exclusivement maritime et stratégique. Être une île devient pour la Crète, sa défense, son atout et l’enjeu de sa conquête. La Crète n’a d’intérêt que pour la tête de pont qu’elle constitue afin de prendre pied sur un continent, qu’il soit européen ou africain64. Elle permettrait aussi de menacer les champs de pétrole roumains exploités par l’industrie de guerre allemande même si Wavell préféra défendre le pipeline d’Irak. Churchill espérait que cette campagne serait la première victoire du tournant de 1941. Cet échec coûta d’ailleurs au général Wavell son commandement de la région Moyen-Orient (ce qui corrobore la mainmise britannique sur cette opération), mais aussi rejaillit sur la carrière du Premier ministre australien Menzies avec la chute de son gouvernement65. Si la Méditerranée est un théâtre majeur en cette année 1941-1942, les victoires de Rommel en Libye monopolisent l’attention de l’état-major allié jusqu’en avril 1941.
24Contrairement aux musées crétois dont la scénographie plus ancienne donne le primat aux amiraux comme aux aspects tactiques, bien difficiles à suivre pour les non-inités, ce sont les bâtiments et les destins individuels qui ont la vedette au RANHC. Seul le lieutenant Hinchliffe dispose d’un cartel biographique pour sa décoration lors de l’évacuation des troupes sur la plage de Sfakia. Il incarne à lui seul l’action du Napier. À l’AWM, un canot de sauvetage du Sydney, disparu en mer au large de l’Australie occidentale en novembre 1941, trône au milieu de la pièce à côté du cartel RAN in the Mediterranean. Cette association prête à confusion. Le HMAS Sydney est certes intervenu en Crète en 1940 mais non pendant la campagne de 1941, mais les dates de son engagement ne sont pas précisées. L’expôt devenu relique du Sydney rappelle étrangement l’embarcation du débarquement à Gallipoli en 1915 à l’entrée du musée… Le mythe ANZAC reste en filagramme d’une histoire militaire tragique voire victimaire, la captivité tenant à l’AWM une place importante.
25Une fois l’évacuation arrêtée le 1er juin 1941, la moitié du contingent australien est piégée en Crète où la panique des soldats avant et pendant l’évacuation, l’indiscipline et les sanctions infligées aux délinquants sont bien connues des historiens66 qui en relativisent l’importance – “the Australians, like the Cretans, had a tradition of social banditry”67 ! Dans ce désastre, quelques faits d’armes restent une fierté pour la nation “aussie”. Ainsi les hommes de Campbell à Réthymnon ont couvert, sans le savoir, l’évacuation des autres unités, dès le 28 mai, avant de devoir, coupés de leurs partenaires, se rendre le lendemain. Si les musées australiens (mais également crétois) taisent ces désordres, la capture et l’emprisonnement forment une thématique largement exploitée, un sort que 7 000 Australiens subissent entre l’Afrique du Nord, la Grèce et la Crète pendant toute l’année 1941 selon l’AWM68. C’est le plus important ratio allié pour cette campagne bien que les Britanniques les surpassent en valeur absolue, avec 5 315 captifs sur les 17 000 soldats faits prisonniers. Certains soldats vivront quatre années sur les six de la guerre de hardship, boredom et frustration pendant leur captivité.
Conclusion
26Premièrement, la victoire allemande en Crète n’a pas été exploitée à sa juste valeur après cette campagne. Écartelant ses forces entre le front de l’Est et les théâtres nord-africain et proche-oriental, le IIIe Reich subit les inconvénient d’une stratégie démesurée. La campagne a peut-être retardé l’opération Barbarossa, même s’il est plus probable d’en attribuer le mérite aux conditions climatiques. Impossible pour autant de mesurer l’impact de ce délai. Néanmoins, la prise de la Crète a mobilisé des troupes allemandes d’élite alors nécessaires pour affronter le géant soviétique.
27Deuxièmement, les campagnes de Grèce et de Crète se trouvent dans les musées ANZAC réunies mais ne sont aucunement mentionnées dans l’Hellenic Museum de Melbourne, seul musée de la communauté grecque d’Australie. Pourtant il est plus pertinent de montrer les différences entre ces deux fronts et les spécificités de la Crète que de les amalgamer sous d’apparentes similitudes.
28Enfin, la vision des Allemands dans cette analyse muséologique manque indubitablement. Car cette opération Merkur peut être vue tantôt comme une victoire, un succès mitigé, un lourd tribut pour un objectif secondaire ou encore comme la première remise en question de l’emploi stratégique et tactique de l’arme aéroportée. Il manque également l’approche britannique avec la fermeture partielle de l’Imperial War Museum de Londres pour le centenaire de la Grande Guerre. Or les soldats britanniques forment presque la moitié des forces anglo-saxonnes en Crète même si “Possibly there would have been no Greece and Cretan campaign if there had been no Australians and New Zealanders in the area”69.
29Tandis que chacun cherche les causes d’une défaite alliée pourtant annoncée, les Crétois se penchent davantage sur ses conséquences. Plus de 6 000 civils périrent70. Les musées restent prisonniers de leur statut dans l’ensemble : du discours national(-iste ?)71 jusqu’à la réécriture de l’histoire au prisme unique de l’arme exposée. Leurs discours évoquent tout de même le tournant que fut cette campagne dans les relations entre Grande-Bretagne et le tandem Australie/Nouvelle-Zélande : “losing them the confidence of the dominions governments”72.
Bibliographie
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Louvier, P., J. Mary et F. Rousseau, éd. (2012) : Pratiquer la muséohistoire. La guerre et l’histoire au musée. Pour une visite critique, Outremont.
Manera, B. (2011) : “Jump onto Retimo airfield”, Wartime, 54, 44-46.
Moulton, J. L. (n. d.) : “Les ‘Stuka’ maîtres de la Méditerranée”, Historia Magazine Seconde Guerre mondiale, no 27.
Prestigdge-King, C. (2007) : “The Battle of Crete : A Re-evaluation”, in : Cross-sections The Bruce Hall Academic Journal, III, 117-131.
10.1080/10314617708595567 :Robertson, J. (1977) : “Australian war policy 1939-1945”, Historical Studies, 17, 69, 489-509.
Staunton, A. (2011) : “A star over Crete ?”, Wartime, 54, 47.
Notes de bas de page
1 Prestigdge-King 2007, 117.
2 Si l’on omet le Musée historique d’Héraklion, les musées de guerre en Grèce ne mentionnent pas l’action alliée sur leur sol et il existe très peu de monuments commémoratifs de 39-45 (Hill 2010, 16-17 et fig. 1). Comparées aux quatre siècles d’occupation ottomane, les quatre années sous les Nazis paraissent anecdotiques. Les musées ont ainsi privilégié la révolte de 1821.
3 Qualifiée de second Gallipoli par Hill (2010, 23).
4 Par “trophée” et “pilori”, la muséohistoire désigne des procédés scénographiques visant soit à exalter soit à flétrir la mémoire d’un groupe. Cf. Louvier et al. 2012.
5 On se reportera ici à la communication de F. Rousseau sur le musée militaire d’Askifou.
6 Au monastère de Moni Toplou à l’est de l’île, on peut voir une salle dédiée aux luttes passées : “Room of Historical precious souvenirs of struggles for freedom”, exaltant la place des moines dans les résistances.
7 Le quartier-général de la Creforce s’installa à La Canée.
8 Outre les collections permanentes du MMC et les salles spécifiquement consacrées à la Second Guerre mondiale au premier étage que l’on peut dater de l’ouverture du musée au milieu des années 1970, le musée accueille sur le même niveau les collections du musée militaire fermé aujourd’hui, mais dont les expôts et la scénographie ont été rassemblés pour le 50e anniversaire de la bataille de la Crète. La scénographie a été maintenue, mais certains dépôts récents ont modifié l’allure de quelques sections telles que celle consacrée au bataillon maori.
9 AWM, cartel Crete “After ten days of desperate fighting (…)”.
10 MMC, cartel The monumental building of the battle of Crete.
11 L’adjectif est apparu en 1910 par contraction du mot Australian. Le terme “Aussie” en tant que nom désigne un soldat australien pendant la Première Guerre mondiale. Il signifie plus génériquement les Australiens aujourd’hui (voir le site du Oxford English Dictionary : http://0-www-oed-com.catalogue.libraries.london.ac.uk/view/Entry/13261?redirectedFrom=aussie#eid). Nous l’emploierons ici comme synonyme d’australien.
12 Seule ombre à cette alliance : le Tanais, cargo coulé par la Navy en juin 1944, transportait au Pirée des prisonniers civils, essentiellement juifs dont un grand nombre d’enfants qui, précisent les musées locaux, devaient être déportés à leur débarquement.
13 National Army Museum, salle Greece and Crete, cartel Crete-Invasion et Auckland War Memorial Museum, salle Greece, Crete, Egypt, cartel The Battle of Crete, témoignage de Clarence Moss.
14 Long 1986, 315-316 ; Hill 2010, 196. L’armée grecque compte 300 000 hommes pour 7 millions et demi d’habitants.
15 Hill 2010, 412.
16 MH, salle Seconde Guerre mondiale, cartel the Battle of Crete. Historical Museum of Crete (HMC, n.d., 23).
17 HMC n.d., 23 et Hill 2010, 196, 197, 219.
18 NMC, vitrine présentant un pistolet, une hache, un bâton de berger à côté d’une mitraillette et d’un couteau ; voir aussi la peinture au NMW sur le même thème. Hill 2010, 359 ; HMC n.d., 43-44.
19 MH, cartel sur l’occupation vénitienne et portraits de chefs insurgés de la révolution de 1821 et 1878.
20 HMC n.d., 57-60.
21 MH, salle Seconde Guerre mondiale, cartel The Battle of Crete.
22 HMC n.d., 56-57.
23 L’étymologie de ce terme est maorie et il apparaît pendant la Première Guerre mondiale en 1918 pour désigner un soldat néo-zélandais. Il signifie plus génériquement aujourd’hui les Néo-Zélandais d’origine européenne (voir le Oxford English Dictionary : http://0-www-oed-com.catalogue.libraries.london.ac.uk/view/Entry/103797# eid39965956).
24 Voir la plaque du monument aux morts de Chora Sfaxion et Davin, 527.
25 17 500 hommes pour Bliss (2006, 122), 16 500 pour Long (1986, 315-316).
26 MMC, photos de drapeaux au fronton des bâtiments, de troupes militaires dans les rues et d’exécutions sommaires.
27 Les photos en noir et blanc rappellent le tableau Guernica de Picasso (HMC n.d., 38-39 ; p. 52-95 le livret évoque l’après bataille de Crète jusqu’à la fin de la guerre).
28 Davin 1968, 515 et Gilbert 2011, 30.
29 Battle of Crete : May 20-June 1 1941, Special Bulletin no 35, Washington, War department, 15/10/1941, p. 15.
30 Excepté une peinture de l’attaque du HMS Orion par la Luftwaffe.
31 MMC, section maorie, voir le cartel de la pirogue, la pierre de communautés prévue au nouveau mémorial, les dessins d’enfants et le panneau de photos des commémorations. Le NAM évoque l’hospitalité actuelle des Crétois envers des Néo-Zélandais. Les liens restent au niveau des peuples et ne sont pas politiques (Hill 2010, 368-370) même si le 16 décembre 1941, l’Australie facilite les conditions d’immigration pour les Grecs via le Greek war Relief Fund commitee.
32 Le Haka cité avant une charge à la baïonnette le 27 mai. On n’oserait avancer l’hypothèse de la sympathie entre peuples dominés à la forte tradition guerrière (maoris et crétois)….
33 A contrario, un diorama de l’AWMM représente deux tireurs du 28e bataillon maori par des mannequins BLANCS !
34 Hill 2010, 6.
35 Ibid., XIII ; Staunton 2011, 47.
36 Nom désignant les forces alliées dévolues à la défense de l’île. Terme uniquement cité dans le NAM. Sept commandements se succèdent en six semaines jusqu’à Freyberg.
37 La photo dans l’AWMM de Freyberg, Wavell et Churchill donnent l’impression d’une pyramide hiérarchique claire, mais en réalité Freyberg ne commande que les troupes terrestres. Ainsi l’aviation relève de l’Air Marshall Sir A. Longmore et la marine à l’amiral Sir Cunningham ; le tout centralisé à Londres.
38 BLISS 2006.
39 http://www.dnzb.govt.nz/en/biographies/5f14/freyberg-bernard-cyril.
40 AWMM, espace The battle for Crete, témoignage de Monse du 27 machine gun battalion. Voir Freyberg 1991, 249.
41 S’agit-il du commandant de la 5e brigade, Hargest ou de son supérieur, le colonel Andrew (Davin, 516-519, Biank 2003, 62) ? Maria Hill accuse également le brigadier Puttick (2010, 198-199).
42 Bliss 2006, 116.
43 Freyberg 1991, 266.
44 AWMM, salle Greece and Crete 1941. Davin 1968, 514 ; Biank 2003, 45. Hill (2010, 197) emploie cet adjectif pour Wavell face aux directives de Churchill !
45 NMW et MMC, photos de l’embarquement des parachutistes allemands. Des cartes allemandes à l’AWMM. En Crète voir les archives reproduites dans le livret du musée (HMC n.d., 24, 28).
46 Cartel : “cream of the german armed forces”. Mais en quoi les Allemands sont-ils supérieurs, en quantité ou qualité ?
47 Antill 2005, 8-12.
48 AWM, cartel victory and defeat : les succès en Libye-Syrie et les échecs en Grèce-Crète équilibrent le bilan de l’année 1941 ; le cartel Crete cite “these men inflicted heavy casualties on the Germans (…)”. Voir James 2011, 25 ; Davin, 524 et le NMW à Wellington.
49 AWM, cartel Crete. La seule opération aéroportée allemande d’envergure menée après 1941 fut l’attaque (ratée) contre le repère de Tito de Drvar en Bosnie où les pertes allemandes (700 hommes environ) furent considérables.
50 En Grèce continentale, les civils hésitent à soutenir les Alliés, contrairement aux Crétois (Hill 2011, 34-38).
51 Kurt Student selon Antill (2005, 20-21). Il y eut davantage de soldats allemands morts en Crète que pour toute la campagne des Balkans. Pourtant Hitler accepta les opérations aéroportées à Leros en 1943 et dans les Ardennes en 1944.
52 La nuit du 22 mai, 1 450 parachutistes allemands sur 2000 sont tués contre 50 Britanniques et Australiens. Hill 2010, 196 ; Manera 2011, 46.
53 AWMM, espace Greece and Crete 1941, cartel defending Greece.
54 Davin, 525-526.
55 AWMM, cartel no 13 “evacuation”. Au NAM, seul un gros titre du quotidien Crete news indique l’échec du débarquement par la mer des Allemands (“Navy smashes nazi sea landing”) sans expliquer l’intervention bénéfique de la Marine.
56 NMW : seule exposition à montrer les prisonniers dans les maquis. HMC, n.d., 66-67 : listes de 62 civils exécutés (avec mention de leur profession, pour renforcer leur statut civil ?).
57 AWM, cartel Crete : “(…) a major defeat for the British Commonwealth forces”. Major pour ses pertes, mais peut-on le dire de son importance stratégique ?
58 Hill 2010, 240-241.
59 Le cartel Greece amorce déjà l’accusation : “(…) the British government having promised assistance”, “the brief campaign had been a poorly conceived commitment that ended in failure”. Le cartel Year of batlle : “ poorly conceived and ill-fated Greek and Crete campaigns (..)”. Blamey pour la campagne de Grèce regrettait déjà que le commandement soit donné aux Britanniques minoritaires par rapport aux ANZACs. Cet argument a-t-il joué dans la décision de nommer le “Kiwi” Freyberg au commandement de la Creforce (Hill 2010, 54) ? Où est-ce par souci d’équité que la Nouvelle-Zélande récupère le commandement de l’ANZAC après Blamey en Grèce ?
60 Hill 2010, 9 et 236 ; Gilbert 2011, 31.
61 Seuls les musées australiens mentionnent cette bataille navale dans le même espace que la Crète.
62 Moulton 731 (carte). Seul le musée maritime de La Canée dispose d’un espace sur les forces navales au combat.
63 Contrairement à l’AWM, cartel RAN in the Mediterranean.
64 Seul le monument aux morts de Chora Sfakion en Crète le précise : Davin 1997, 272. Le 28 octobre 1940, les Allemands proposent des forces supplémentaires aux troupes italiennes pour envahir la Crète. Mussolini refuse et, trois jours plus tard, les Britanniques débarquent sur l’île. La bataille, si elle avait eu lieu en octobre 1940, n’aurait pas pour autant été plus facile pour l’Axe puisqu’il aurait affronté 15 000 soldats crétois (Beevor 1991, 72).
65 Hill 2010, 4, 56.
66 Ibid., 229-230. 19 affaires de crimes commis par l’AIF sont signalées (AWM 52 2/8/37, 2/7th Australian Infantry battalion, diary, avril-juin 1941).
67 Hill 2010, 303.
68 Ibid., 346. Ils seront exactement 7 700 dont 3 967 capturés en Crète.
69 Robertson 1977, 503.
70 Harokopos 1993, 282.
71 HMC n.d., 10 : la chronologie commence en 1940 et non en 1939 dans le livret du MH.
72 Hill 2010, 376 et 378-379.
Auteur
Maître de Conférences, Université de la Nouvelle-Calédonie
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