Les Crétois entre révolte identitaire et perméabilité culturelle : quelques exemples médiévaux et modernes
p. 241-248
Texte intégral
1Les Crétois, on le sait, sont un peuple à forte identité. Cela se constate dès l’Antiquité et jusqu’à nos jours. À l’époque romaine par exemple, la spécificité crétoise était suffisamment manifeste aux observateurs extérieurs pour que, dans les Actes des Apôtres (Actes, II, 11-12), à côté des diverses nations qui sont décrites lors de la Pentecôte à Jérusalem, telles que les habitants de Perse, de Mésopotamie, d’Anatolie ou d’Égypte, les Crétois sont cités à part, associés aux Arabes (Κρňτες καì Άραβες). Cette identité très tranchée s’accompagnait d’ailleurs d’une réputation peu flatteuse qui, à travers une citation paulinienne (Tite, I, 12) fait dire à un philosophe grec du vie siècle avant notre ère : “Crétois : perpétuels menteurs, mauvaises bêtes, ventres paresseux”. Cette mauvaise réputation des Crétois s’amplifia à l’époque arabe lorsque des pirates venus d’Al-Andalus s’emparèrent de l’île et de Chandax, la future Candie, dont ils firent la redoutable base de leurs raids en Méditerranée1.
2L’identité crétoise fut également souvent menacée au cours de l’histoire de l’île laquelle fut occupée presque constamment par des puissances étrangères. Ainsi, sans parler de l’Antiquité, la Crète médiévale et moderne fut sous domination musulmane, soit arabe, soit turque, pendant plus de trois siècles, et sous sujétion vénitienne pendant quatre siècles et demi. Et toutes ces longues périodes furent ponctuées par des révoltes cycliques contre les occupants2. Ces longues oppressions entraînèrent également des transferts culturels qui forment l’autre face, quelque peu paradoxale, des résistances armées. Très réfractaire aux pressions politiques extérieures, l’identité crétoise fut cependant largement modelée par les civilisations successives qui la pénétrèrent.
L’attraction de l’islam et de l’occident italien : deux dynamiques incontestables
3Ainsi, par exemple, l’islamisation arabo-turque connut un grand succès dans la population insulaire ; ce qui fit que, aussi bien pendant le siècle de domination arabe (828-961) que lors de l’occupation turque (1669-1897/1898), de nombreux passages à l’islam sont enregistrés, à tel point que, pour l’époque arabe, les Byzantins, après la reconquête de l’île, furent obligés d’envoyer de fortes personnalités religieuses pour rechristianiser la Crète comme Nikon le Métanoïte3. Durant l’époque turque, l’identité crétoise fut de nouveau fortement marquée par l’islam, et le groupe de ceux qu’on appelait en turc les Giritli, des Crétois musulmans restés hellénophones, était massivement représenté dans l’île (Girit) jusqu’à son émigration, dans le premier quart du xxe siècle, vers d’autres provinces ottomanes (Libye, Égypte, Liban) et vers la côte égéenne de la Turquie (Ayvalιk, Bodrum, Antalya etc…)4. Quant à la latinisation partielle de l’île, elle commença au xiiie siècle et dura jusqu’à la fin de l’occupation vénitienne, période pendant laquelle les élites allaient souvent étudier en Italie. Tout en restant majoritairement de confession grecque orthodoxe, les intellectuels crétois adoptèrent largement la civilisation de l’Occident latin5 : au xve siècle, un philosophe crétois comme Georges Trapézundios dont nous allons reparler, était plus à l’aise en latin qu’en grec ; le célèbre peintre El Gréco, bien que formé par un iconographe de tradition byzantine, adopta pleinement les canons picturaux de la Renaissance italienne. Autant d’exemples qui montrent bien que les Crétois, tout en s’affirmant toujours dans leur particularisme insulaire, ont su aussi s’ouvrir à de multiples influences extérieures qui enrichirent la culture complexe qui est la leur.
4Il n’en reste pas moins que, malgré ces influences culturelles déterminantes, les Crétois restèrent totalement réfractaires au pouvoir des occupants musulmans ou italiens. Il n’est pour s’en convaincre que d’énumérer rapidement les grandes révoltes organisées par la population crétoise contre Venise puis contre les Ottomans. Entre 1212, quand un certain Haghiostephanidis se souleva contre les Latins, et la grande révolte de 1527, organisée par un certain Lissogiorghis, on compte au moins une demi-douzaine d’insurrections indépendantistes comme celle de 1363-1365 où fut proclamé l’éphémère “République de Saint-Tite”. À partir de 1669, le régime ottoman produira lui-aussi de nombreuses soulèvements crétois comme celui de Daskaloyannis (1770) ou celui consécutif à la révolution grecque de 1821 et qui fut réprimée par Mohammed Ali d’Égypte. Finalement, la grande insurrection de 1896 aboutit d’abord à la proclamation de l’autonomie de la Crète puis à son union avec la Grèce (1908), entérinée à Londres puis à Bucarest en 19136.
Entre la Porte et la Sérénissime
5Concernant les complexes rapports tripartites entretenus entre Crétois, Turcs et Vénitiens, une période est particulièrement déterminante : il s’agit du Quattrocento où le comportement des Crétois vis-à-vis des Turcs ottomans change radicalement, à cause d’une opposition religieuse de plus en plus virulente, face aux pressions exercées par la République de Saint-Marc.
6Cette époque, qui correspond à la disparition définitive de ce qui reste de l’Empire byzantin au profit des Turcs qui s’implantent solidement en Europe balkanique et méditerranéenne, est en effet un temps d’âpres controverses religieuses entre la chrétienté catholique et le monde gréco-orthodoxe. Cette division inter-chrétienne profite aux Turcs qui, bien qu’étant d’une autre religion, respectent généralement le particularisme de leurs sujets chrétiens, mieux, en tout cas, que les puissances catholiques qui cherchent sans cesse à assimiler dogmatiquement l’orthodoxie grecque.
Les voies individuelles du rapprochement créto-ottoman
7Les Crétois, farouches tenants de la tradition byzantine, vont avoir souvent un comportement anti-latin qui les amènera à se rallier par défaut au pouvoir turc pour échapper à la pression religieuse de l’Occident catholique. Nous en avons de nombreux exemples dans les archives de Venise, lesquelles dénoncent à la fois la défection de populations civiles fuyant la Crète vers les pays turcs, la trahison de soldats et de marins crétois se mettant au service des Ottomans et enfin la “turcophilie” de certains clercs orthodoxes opposés à la hiérarchie catholique implantée dans l’île. Ainsi ce document de juin 1400 qui déplore :
“…[qu’]un grand nombre de sujets crétois de la Seigneurie, accablés de dettes, tant à l’égard de l’État que des particuliers, s’enfuient vers les pays turcs et servent volontiers sur les navires de Turcs ; particulièrement informés de ce qui se passe dans les ports des territoires vénitiens, ils guident les Turcs et se livrent au pillage7”.
8À propos d’un moine crétois qui a été en contact avec le sultan, un regeste vénitien déclare :
“Il n’est pas bon qu’il y ait en Crète de tels individus, amis des Turcs (amici et benivoli Teucri…) puisque dévoués au patriarche de Constantinople que les Ottomans ont institué ; les autorités de Réthimo le feront arrêter ; de Candie, il sera transporté à Venise8”.
9Il est également question, dans un texte byzantin, d’un autre moine crétois, résidant à Chios, qui eut des relations étroites avec un derviche turc, relations qui allèrent, selon le chroniqueur grec, jusqu’à prier en commun :
“En ce temps-là, habitait dans l’île de Chios un vieil ermite crétois. Le faux moine (ψευδαββāς c’est-à-dire le derviche) envoya deux de ses apôtres vêtus d’une simple tunique, tête nue, rasés et les pieds sans sandales enveloppés d’un mauvais morceau de drap, pour saluer l’ermite et lui déclarer : je suis ton compagnon d’ascèse (συνασϰητńς) et ce Dieu que tu adores, moi aussi je me prosterne devant lui et je suis avec toi pendant la nuit, lorsque, sans bruit, je traverse la mer à pied. Ainsi le vrai moine, trompé par le faux, commença à rapporter sur ce dernier des choses étranges : vacant dans l’île de Samos, déclarait-il, (le derviche) devint mon compagnon d’ascèse, et maintenant, jour après jour, il fait la traversée et vient converser avec moi.”
10Ce derviche que l’on connaît par les sources turques également, s’appelait Börklüce Mustafâ et prônait un radical partage des biens entre tous : “Cet homme prêchait aux Turcs la pauvreté et leur enjoignait de mettre, excepté les femmes, tout en commun : la nourriture, les vêtements, les troupeaux et les terres”. Il avait, on vient de le voir, des contacts à Chios et à Samos avec un moine crétois, et cela se passait dans les années 1415-14169. Or, exactement à la même époque, le sénat de Venise enregistre dans un document daté du 23 septembre 1415 une révolte sociale des paysans de Crète qui réclament leur liberté en des termes proches de ceux du derviche dont il vient d’être question :
“la tranquillité de la Crète est menacée, parce que des hommes de condition vile (alguni malevoli homeni de vilissima condition…) parcourent les districts de Candie, de Réthimo et de Sitia, prêchant la révolte et enseignant que tous les vilains sont libres. De telles paroles sont extrêmement dangereuses pour l’autorité de la Seigneurie”10.
Un ami des Turcs et du Sultan : Georges Trapézundios
11Les cas avérés de “turcophilie” ne se limitent pas au monde paysan, marchand ou monastique, mais des intellectuels et humanistes crétois regardent vers le sultan ottoman avec une certaine sympathie.
12Le cas le plus spectaculaire est celui de Georges Trapézundios, célèbre philosophe aristotélicien, né en Crète en 1395, qui fit la majeure partie de sa carrière comme professeur de grec en Italie au service de plusieurs Papes, connaissant un succès européen pour ses enseignements philosophiques et linguistiques. Or ce professeur renommé risqua sa carrière et sa réputation en affichant, à partir de la prise de Constantinople par les Turcs (1453), un comportement si favorable aux Ottomans qu’il alla même dans plusieurs de ses écrits jusqu’à proclamer que le sultan turc était le seul maître légitime de l’Empire romain puisqu’il possédait désormais Constantinople, la capitale impériale. Non seulement Trapézundios encourageait par écrit les Turcs à envahir l’Italie, mais il fit même un voyage à Constantinople pour tenter de rencontrer le sultan. À cette occasion, le philosophe adopta une attitude politique particulièrement ambiguë puisque, à son retour à Rome, il fut interné au château Saint-Ange pour fait de trahison au profit des Turcs. Pendant son procès, Georges n’alla-t-il pas jusqu’à louer “… hautement le sultan et affirmait que Mehmed II devait être le Maître du Monde”11. Cette “bonne entente” ne résista guère aux réalités de l’occupation qui généra, dès la fin de la difficile conquête ottomane de la Crète qui dura vingt-cinq ans et la prise de Candie en 1669, par de nombreuses révoltes12.
Les Giritli : une communauté hybride exemplaire du monde balkanique ottoman
13Cette farouche opposition politique à l’occupation turque s’accompagna curieusement d’une grande perméabilité culturelle et religieuse qui eut, comme conséquence, l’islamisation progressive d’une partie de la population, les Giritli, que l’historiographie européenne nomme bien à tort les Turcs de Crète ou Turcocrétois. Leur identité composite, helléno-phone, insulaire et musulmane, n’est nullement singulière puisqu’on retrouve des hybridations culturelles composites chez d’autres groupes minoritaires balkaniques issus des étonnants mélanges linguistico-religieux de l’Empire Ottoman, tels, à côté du cas bien connu des Bosniaques, serbophones musulmans, les Pomaks, bulgarophones musulmans, ou bien les Gagaouzes et les Karamanlidhès, chrétiens orthodoxes turcophones, sans oublier les Dönme, judéo-musulmans hispanophones13 !
14Avant leur exode à la fin de l’Empire Ottoman, il y avait entre Crétois musulmans (Giritli) et Crétois chrétiens une grande symbiose culturelle de l’avis des musulmans eux-mêmes :
“Ce qui nous séparait, disait un Giritli nommé Hüseyn, n’était qu’un çarsaf (fichu porté par les musulmans). Au-delà du voile, tout ce que nous faisions, ils le faisaient aussi : nous étions des compères (κουμπáροι). Quand nos ennemis voulaient faire du mal aux chrétiens, nous étions capables de tuer ces ennemis. Les chrétiens aussi disaient : si vous osez faire quoique ce soit à Hüseyn, nous vous tuerons”.
15Les efforts de modernisation ottomans et les ingérences grecques et européennes finissent par faire du clivage religieux une ligne de fracture croissante, entretenue par des cycles de violences et de représailles dont les Turcocrétois sont à long terme les grandes victimes (fig. 1 et 3). En 1897, ceux que l’on appelle souvent ainsi, mais à tort, représentent un peu plus du quart de la population insulaire, soit 80 000 personnes. Totalisant 33 496 âmes en 1900, les musulmans crétois ne sont plus, à la veille de la Grande Guerre, qu’une infime fraction de la population rurale et moins de 10 % des habitants des principales villes portuaires de l’île14. Comptant encore 19 000 membres en 1923, l’islam crétois, né dans les circonstances tragiques de la guerre de Candie, a totalement disparu deux années plus tard, éliminé par les échanges des minoritaires qu’ont décidés les États grec et turc15.
16Et lorsque les Crétois musulmans furent obligés de quitter leur île natale, non seulement ils continuèrent à parler le grec mais ils furent toujours fortement attachés au souvenir de la Crète, comme le montre ce poème16 recueilli auprès d’exilés giritli installés sur la côte turque de la mer Égée :
“Ma citronette crétoise, où pourrais-je te planter ?
Je te planterai dans mon cœur (…)
Si tu vas dans la Crète crétoise
(στń Κρńτη Κρητιϰά),
Salue pour moi la Crète
(χαιρέτα μου τń Κρńτη).
(…)
Aucun ne pourrait égaler l’intelligence et la beauté (des Crétois).
Faites donc l’éloge des Crétois puisqu’ils le méritent
Car ils se sont prosternés sur le tapis de la mosquée17”
17Ce dernier vers fond résolument religion musulmane et origine crétoise en une identité forgée par une histoire, peut-être culturellement paradoxale, mais profondément enracinée chez les Giritli.
18Subissant sur de longues périodes, la domination politique, fiscale et culturelle des empires vénitien et ottoman, les élites et les populations crétoises ont été parfois très perméables à l’influence culturelle et spirituelle étrangère, allant même avec les Giritli, jusqu’à franchir la barrière de la conversion. Ces amitiés individuelles, ces contacts et ces hybridations dont la mémoire orale et les archives étatiques conservent les traces n’ont jamais toutefois débouché sur des identités plurielles et des métissages entravés par l’enracinement de l’helléphonie et de l’orthodoxie et par les violences d’une oppression coloniale. Autant de clivages et de haines dont les Giritli devaient être les grandes victimes à la fin de l’Empire Ottoman et dans les premiers temps de l’Union de la Crète à la Grèce.
Bibliographie
Sources
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— (1995) : “Des musulmans dans une île grecque : les Turcocrétois”, Mediterranean World, XIV, Tokyo, 1-16.
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Thiriet, F. (1959) : La Romanie vénitienne au Moyen Âge, Paris.
Notes de bas de page
1 On se reportera ici à la contribution de M. Giros.
2 Canard 1990.
3 Dagron 1993, 327 et 332-333. On se reportera également à la contribution de Mme Rosa Benoit-Meggenis.
4 Kolodny 1995, 1-16.
5 Thiriet 1959.
6 Logiadou-Platonos & Marinatos s. d., 39-46.
7 Thiriet 1971, 84.
8 Idem 1959, 230-231
9 Doukas 1834, 111-115
10 Thiriet 1959, 139.
11 Sur la biographie et la traduction des œuvres “turcophiles” de Georges Trapézundios, appelé aussi “de Trébizonde”, cf. Balivet 1997.
12 Logiadou & Platonos s. d., 39-46.
13 Balivet 1992, 11-20.
14 Kolodny 1968, 227-290 ; idem 1974, 1, 164-165.
15 McCarthy 1995 ; Çeniçik 2011 ; Greene 2010.
16 Özbayrι & Zakhos-Papazakhariou 1976, 70-86.
17 στοǔ τζαμιοǔ τό σιτζατέ ; termes empruntés au turc cami, mosquée et seccade, tapis de prière. Cf. figure 1.
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Afti inè i Kriti ! Identités, altérités et figures crétoises
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