La Crète des frères Reinach
p. 165-179
Texte intégral
1Joseph, Salomon et Théodore, les frères Je-Sais-Tout1 des chansonniers de Montmartre et les fils d’Hermann Reinach, homme d’affaires et patron de presse influent, ont, chacun, croisé dans leur vie la Crète. L’aîné, Joseph l’a envisagée alors qu’il rêvait dans sa jeunesse d’ambassades et de carrière diplomatique : les affaires crétoises furent pour l’homme politique un aspect de la question d’Orient2. Sans jamais visiter l’île, Salomon l’a inlassablement décrite comme celle de toutes les surprises, la terre promise des archéologues3. De cet experimentarium, il fit, au début du xxe siècle, le laboratoire de ses idées. Quant à Théodore, c’est en touriste qu’il a découvert le pays au cours d’une croisière, en 1904. Mais ce moment de détente que s’accorda le bâtisseur de la Villa Kérylos4 et le numismate, professeur au Collège de France, fut aussi un voyage d’études. Mieux, ce périple auquel participa son neveu décida d’une vocation. Adolphe, le fils de Joseph, choisit de faire de la Crète son domaine de prédilection. Il avait déjà largement réalisé toutes les ambitions que nourrissaient pour lui son père et ses deux oncles, quand les combats des Ardennes, l’arrachèrent, le 31 août 1914, à ce monde5.
2Dans la très longue série des “Commentaires de Polybe”, chroniques parues dans Le Figaro, reprises en dix-neuf volumes, et relatant les événements de la Première Guerre mondiale, Joseph Reinach n’évoque qu’incidemment la Crète : pour faire le portrait d’un grand homme, Vénizélos, qui participa à différents gouvernements provisoires de l’île de 1908 à 1910. Lorsqu’il est à la tête de La République française – le quotidien que possède son père et que l’aîné des Reinach contrôle à partir de 1885 –, le député de Digne parle peu des affaires crétoises. Elles n’occupent pas, il est vrai, le premier plan de l’actualité. Lorsqu’elles prennent un tour dramatique, à partir de 1896, quand les violences confessionnelles, dont les chrétiens sont les premières victimes, font craindre des massacres qui ne pourront malheureusement être évités, Joseph a cédé toutes ses parts de La République française et il s’est engagé dans un autre combat : celui de la défense du capitaine Dreyfus6. Celui qui fut le secrétaire de Gambetta, au temps du Grand Ministère de 1881, n’a d’ailleurs jamais changé d’avis sur la Crète. Il l’a exposé, dès 1879, dans un récit de voyage fort apprécié à l’époque. Ce journal de bord (en deux volumes) se termine par un essai sur la question d’Orient. Les pages sur la Crète ne sont pas inspirées par un contact direct avec l’île : il ne l’a jamais parcourue. Il la voit depuis le sommet du Pentélique, dont il a fait l’ascension le 11 octobre 1878. Au-delà du semis des îles de l’Égée, il distingue “une tache azurée qui est l’Ida de Crète”7. Il plaide pour un rattachement de l’île au royaume de Grèce ; il s’est forgé cette conviction à partir de ses lectures et des conversations conduites à Athènes ou à Paris avec des amis grecs. Ceux-ci sont méfiants : les Occidentaux semblent toujours prêts à soutenir les musulmans, et, quand ils songent au sort des chrétiens dans les Balkans, ils n’envisagent que le sort de la minorité catholique. “Il faut développer l’hellénisme en réunissant successivement au royaume constitué en 1830 l’Épire, la Thessalie, la Crète, la Macédoine et les îles”8. Parallèlement, il faut concentrer la Turquie sur le Bosphore et la détacher de l’influence russe. “Par l’histoire, par la double géographie du sol et des races”9, la Crète est une terre grecque. Elle n’a pas été “rendue à la mère patrie”10 au Congrès de Paris de 1856 par l’action de la Russie qui, “entretenant l’anarchie et le désordre”, s’est liguée avec la puissance ottomane “pour désespérer le génie hellénique”11.
3Dans la correspondance échangée entre Joseph et Salomon (près d’une centaine de courriers), si les affaires diplomatiques et militaires de la Grèce trouvent leur place, le dossier crétois n’est jamais abordé. Il illustre pourtant, aux yeux du cadet des frères Reinach, la question d’Orient, mais, comme le souligne un titre d’article, “La question d’Orient en anthropologie”12. L’archéologie crétoise est, pour Salomon, le miroir du temps présent. Elle se comprend comme “une affaire d’émancipation”. Le combat contre les savants aveuglés en Crète par le mythe des influences orientales est de la même nature que celui mené par les intellectuels contre les anti-dreyfusards. Moderniste en matière religieuse, Reinach fera endosser à la déesse de Cnossos les habits encore neufs du primitivisme : il reconnaît derrière les cultes d’animaux en Crète les survivances de cultes totémiques. Persuadé qu’au xxie siècle les hommes affirmeront leur féminité et que les femmes porteront pantalons, Reinach se saisit de l’iconographie minoenne et mycénienne pour disserter sur la jupe. Elle ne se réduit pas à la jupe-cloche aux sept volants de la déesse aux serpents de Cnossos, que Salomon étudie en 1904 avec le concours du couturier Jacques Doucet (1853-1929). Plusieurs gemmes crétoises, une peinture de la villa d’Haghia Triada démontrent que la libération des femmes crétoises va jusqu’au port non seulement de la jupe-culotte, mais aussi du pantalon. Ce qui provoque la forte réaction de Miss Harriet Boyd Hawes (1871-1945), pionnière de l’archéologie américaine qui fouille à Gourna et s’émeut d’une telle “horreur”. Pour Reinach, les Crétoises de l’époque minoenne osent librement ce que Jane Dieulafoy (1851-1916), archéologue et épouse d’archéologue, ne fait que par l’autorisation d’un arrêté de la préfecture de police13. Salomon – liant archéologie minoenne et sport contemporain – est persuadé que parmi les dames de la cour, représentées en costume d’apparat sur les fresques de Cnossos, il faut en distinguer certaines qui portent “une sorte de jupe divisée, analogue à celle de nos bicylistes”. Une pierre gravée montre de même “une femme en jupe divisée – on dirait en pantalon”. Sur la fresque d’Haghia Triada, la jupe “se termine sur les jambes en large culotte, tout en s’appliquant très exactement sur les hanches”14. Ce serait donc aux Variétés, comme l’écrit le belge Edmond de Bruyn15, se moquant de Reinach, qu’on a le mieux pu entrevoir le plus ancien idéal grec. Au pays du roi Minos, la Belle Hélène dansait le French Cancan !
4Les découvertes archéologiques faites en Crète à partir de 1896 – notamment grâce aux travaux d’Arthur Evans – permettent aux yeux de Salomon Reinach de se dégager du “mirage oriental”16 et d’affirmer une identité européenne. L’impact de l’Égypte sur la plus grande des îles de l’Égée est moindre qu’il n’y paraît ; l’hypothèse phénicienne est aussi insoutenable que l’hypothèse aryenne : la civilisation en Europe n’est pas venue d’Asie centrale, ni de Sidon ou de Tyr. Les écritures syllabiques crétoises témoignent de cette indépendance. Reinach partage avec Evans le sentiment que “la Crète est le poste avancé du génie européen en lutte contre le joug de l’Asie”17. Hier et aujourd’hui. Et les fouilles du palais de Cnossos, à partir de 1900, sont, pour Reinach, comme l’illustration de ses théories. La correspondance avec Arthur Evans18 montre que les deux savants se servent l’un de l’autre. Evans s’emploie à faire de Reinach son scribe ; captant son pouvoir d’influence, le premier encourage le second à servir sa gloire en lui offrant les matériaux de chroniques diffusées dans la Gazette des Beaux-arts, la Revue archéologique et L’Anthropologie. Reinach joue le jeu, en s’appliquant à montrer que les découvertes de l’archéologue anglais confortent son rôle de visionnaire et assurent l’idée d’une Europe fondatrice. La rupture viendra le jour où l’Anglais, contestant l’authenticité des tablettes de Glozel, refuse au Français l’arme d’une preuve décisive. Pire, Evans s’affranchira de l’influence de Reinach en la niant, et en faisant comprendre au conservateur de Saint-Germain-en-Laye qu’il n’a été qu’une simple utilité. Un porte-voix à l’ombre du Minotaure qui l’a dévoré.
5Ce serait oublier que l’intérêt de Salomon pour la Crète est bien plus ancien que sa rencontre avec Evans. L’archéologie crétoise est d’actualité pour Reinach dès l’époque de son séjour à l’École d’Athènes. Quand il y arrive en avril 1880, Bernard Haussoullier revient d’un voyage de trois mois dans l’île19. De septembre à novembre 1879, il a amassé une riche moisson épigraphique dont un fragment du code de Gortyne. Il en prépare la publication, mais il ne néglige pas de faire connaître dans la Revue archéologique de 1880 quelques vases mycéniens20 – les premiers du genre exhumés sur le site de Cnossos. Reinach manifeste d’autant plus de curiosité qu’il est en contact régulier avec un Américain, William J. Stillman (1828-1901). Ce consul, journaliste et futur directeur de The Nation, veut en effet, dès le printemps 1880, fouiller à Gortyne et à Cnossos. Encouragé par Photiadès, le gouverneur de l’île, Stillman – qui est marié à une Grecque, Marie Spitali – arrive en janvier 1881, à Héraklion, pour préparer sa double exploration. Il ne peut toutefois obtenir un permis de fouilles et se trouve même contraint de quitter l’île. L’administration turque s’est rappelée que l’ancien consul des États-Unis en Crète avait soutenu, de 1866 à 1868, les insurgés chrétiens21. En 1881, Stillman a eu cependant le temps de visiter l’édifice en partie déblayé par Kalokaerinos. Il en a reconnu l’originalité du plan ; il a identifié l’écriture syllabique crétoise, en la considérant comme bien antérieure à l’alphabet grec de l’époque archaïque. Grâce à un courrier du 13 mars 188122, expédié de Florence où Stillman est en poste, Reinach eut la primeur de cette découverte, bien avant sa publication dans un mémoire de l’Institut archéologique américain.
6Deux mois plus tard, la Crète cause une frayeur au jeune fouilleur de la nécropole de Myrina, toute proche d’Ali-Aga. Avec la complicité du commandant de Montesquiou, Salomon a réussi à faire transporter sur le Bouvet, navire de la Royale, un lot de terres-cuites. C’est une partie d’un “musée secret” qui, à la barbe des autorités turques, doit rejoindre Athènes. Amédée Hauvette23, un camarade athénien, doit récupérer au Pirée ce précieux chargement. Mais, au soir du 16 mai 1881, rien ne se passe comme prévu. La douane et l’octroi grecs se montrent plus tatillons qu’à l’ordinaire. Hauvette, après avoir pris en charge les “trois caisses”, est contraint de les faire revenir à bord de l’aviso. Pire, le navire reçoit l’ordre de partir pour la Crète. Le Bouvet, posté en renfort dans la baie de la Sude, entre la péninsule d’Akrotiri et le cap Dhrapano, est requis pour participer aux opérations militaires qui aboutiront à la signature, le 12 mai 1881, du traité du Bardo et à la mise en place d’un protectorat français sur la Tunisie. Hauvette se désole, le 17 mai : “Qui sait quand il en reviendra ! Mais à moins qu’il ne fasse naufrage, nous retrouverons toujours nos terres cuites !” Une semaine plus tard, le commandant de Montesquiou essaye de rassurer Salomon. Le 24 mai, il lui adresse un courrier, du Bouvet, en rade de la Sude ; il a reçu ordre de se tenir prêt, mais de ne pas bouger. Les caisses “sont en sûreté, mais je crois que vos terres cuites, fatiguées d’un aussi long enterrement, ont besoin de se dégourdir les jambes. Depuis qu’elles sont à bord, elles ne me laissent plus un instant de repos”. Sous couvert de persiflage, Montesquiou est contraint d’avouer qu’il lui a été impossible de transférer le butin archéologique sur la Provence, bâtiment lui aussi mobilisé. L’affaire se dénoue heureusement le 1er juin ; Hauvette l’annonce à Reinach : “Le commandant de Montesquiou a rapporté lui-même les trois caisses à l’École ; nous sommes tranquilles maintenant”.
7En 1882, la Crète est toujours à l’horizon intellectuel de Reinach. Il en côtoie les œuvres, lorsqu’il compose, pendant trois mois passés à Constantinople comme secrétaire personnel de l’ambassadeur Tissot24, le catalogue du musée impérial des antiquités : l’Athénien commente plusieurs pièces de sculpture d’origine crétoise et souligne l’intérêt d’une inscription : le serment prêté par les éphèbes de Dréros, s’engageant à soutenir leurs alliés de Cnossos et à faire le plus de mal possible aux gens de Lithos.
8Après la mission qu’il a conduite en Tunisie en 1883, Reinach abandonne tout projet d’archéologie militante ; il se fait désormais l’apôtre d’une archéologie de cabinet : elle se consacre à l’histoire des découvertes faites sur le terrain et à leur interprétation. Cette ambition se concrétise par la publication dans la Revue archéologique d’un bulletin annuel. Les Chroniques d’Orient sont nées. Elles font une large place aux trouvailles réalisées en Crète. Dès janvier 1884, Reinach attire l’attention sur une Aphrodite Anadyomène, signalée dans une revue allemande, mais dont on ignore où elle a été transportée. Reinach ajoute un commentaire de son cru : “La Crète a eu son Verrès et une profonde obscurité n’a cessé d’envelopper les découvertes qu’on y a faites dans ces dernières années”25. C’est une attaque à peine voilée contre Photiadès, le gouverneur de l’île, qui a ruiné les ambitions de Stillman et “qui aime beaucoup les antiquités, au point d’en acheter et d’en vendre”26. Autre manière d’épicer ce bulletin : souligner le lien entre l’événement rapporté et l’actualité. Ainsi, à partir d’un récit donné dans l’Academy de 1895, Salomon évoque le voyage entrepris au printemps par Evans et Myres en Crète : ils ont rayonné autour de la grande forteresse de Goulas et les anciennes acropoles destinées à la défense des routes. Ces fortifications sont si nombreuses que les deux voyageurs, “au milieu de leurs montagnes crétoises, se sont souvenus de l’aspect actuel des Vosges”27. Et Reinach de conclure : Eadem, sed aliter.
9La correspondance de Reinach, telle qu’il en a assuré la transmission par le legs qu’il en a fait à la Bibliothèque Méjanes d’Aix-en-Provence, souligne trois intérêts majeurs : la sauvegarde et la publication du code de Gortyne, le déroulement des négociations pour la fouille de Cnossos et la question des faux.
10C’est un passage d’une chronique qui provoque parfois une réaction et le début d’un échange épistolaire. D’Athènes, le 9 avril 1892, l’archéologue grec André Skias [mort en 1927] se récrie28 : il n’a pas été compris et il redoute la mauvaise réputation que va lui valoir une publication très appréciée. Reinach lui fait dire que les lois de Gortyne ne sont pas antérieures au ive siècle. L’auteur a exprimé un point de vue tout différent et il le démontre avec force citations. Beau joueur, Reinach profita de la publication de ces chroniques en un volume pour rectifier le tir.
11Reinach ne reçoit pas que des courriers d’auteurs mécontents du compte-rendu donné à leurs travaux. La correspondance a le plus souvent précédé la mention d’un travail sur la Crète dans les Chroniques d’Orient. La plus ancienne lettre conservée par Reinach de Federico Halbherr date ainsi d’octobre 189029. Il n’y est pas question de la Crète. Le savant est à Berlin et regrette de n’avoir pas rencontré Salomon, lors d’un séjour à Paris où il a été en relations avec Haussoullier à propos d’une signature de Praxitèle trouvée à Vérone. En décembre 1893 – date du second courrier conservé –, c’est depuis Héraklion qu’Halbherr fait signe à Reinach à l’occasion des fêtes de fin d’année. C’est une lettre de circonstance multipliant les bons vœux, mais où se trouve annoncée la décision prise par le Syllogos de sauver de la destruction les plaques inscrites de Gortyne, en les achetant à leur propriétaire et en transportant les blocs à Héraklion. Cette entreprise demande des moyens importants. Halbherr informe son correspondant qu’il compte adresser une circulaire faisant appel à la générosité des institutions et musées européens. À titre de remerciement pour leur contribution, une reproduction du monument sera adressée à chaque bienfaiteur. Halbherr fait appel à la fibre patriotique de Reinach : “La France a le plus grand intérêt à la conservation de cette inscription”. L’École française d’Athènes tirera d’autant plus de prestige de ce sauvetage qu’elle est à l’origine de la découverte des premiers blocs du code de Gortyne. On ignore quelle fut la réponse de Reinach. La Chronique d’Orient de 1895, à l’occasion de la mention d’un don de terrain par le patriarche de Jérusalem pour la construction d’un nouveau musée à Candie, rappelle le projet d’un transfert des inscriptions de Gortyne à Candie, aujourd’hui Héraklion. Ce fut, écrit Reinach, l’occasion d’une querelle entre le “Sylloge” et le pacha, mais “l’affaire s’est heureusement arrangée”30. Des travaux pour préserver le mur inscrit de Gortyne, en détournant le cours d’eau qui le menaçait, ont été programmés aux frais du gouvernement ottoman sous la surveillance d’un membre du Syllogos.
12L’École d’Athènes était bien placée pour engager l’exploration du site de Cnossos, après la mort de Schliemann en 1890. Quatre ans auparavant, l’inventeur de Troie et de Mycènes avait échoué, victime de l’appétit du propriétaire des lieux, de la mauvaise volonté du pouvoir ottoman et de la situation politique troublée de l’île. Reinach a raconté que Schliemann lui avait fait part, un an avant sa mort, au congrès archéologique de Paris, “des regrets que cette impossibilité d’agir lui avait laissés”31. Sans jamais évoquer toutefois les ultimes tractations, conduites en cette même année 1889. Elles furent suspendues parce que Schliemann compta sur le terrain trois fois moins d’oliviers que n’en dénombrait l’acte de vente que l’archéologue allemand s’apprêtait à signer. Schliemann disparu, la France pouvait remporter la partie.
13Reinach le croit. Il se fait l’écho dans sa Chronique d’Orient de 1891 de la volonté de Théophile Homolle, nouveau Directeur de l’École d’Athènes, “d’instituer” des fouilles françaises en Crète. Il rend compte de l’activité d’un jeune athénien dépêché sur place. André Joubin a étudié les divers sites de la région de Cnossos ; il a relevé, dans les musées locaux, les objets appartenant au style mycénien et photographié nombre d’œuvres d’art. Preuve de sa bonne intégration, il a obtenu, pour publication, la communication par un certain Triphillis, de Rhétymno, de plusieurs lamelles d’or inscrites, provenant de la nécropole d’Éleutherna.
14Malgré cela, les négociations piétinent. Le 1er mars 1892, revenu à Athènes, André Joubin remercie Reinach de l’envoi de la dernière Chronique d’Orient. L’essentiel est ailleurs. Au dos de la page, Joubin écrit : “Je suis arrivé hier de Crète où je suis les négociations pour fouiller à Cnosse. J’ai peu de chances de réussir. J’ai rencontré de la part du Syllogé une mauvaise volonté évidente et un entêtement absolu à créer des difficultés à quiconque voudra travailler là-bas. Et le gouverneur a trop besoin des Grecs pour les mécontenter. Que voulez-vous que je fasse quand le métropolitain de Candie fait circuler dans la ville des listes de protestations que l’on adresse ensuite au pacha ?”32 Deux ans plus tard, les choses n’ont guère avancé. Joubin remercie, le 8 mars 1894, Reinach de l’envoi d’un article paru dans L’Anthropologie sur la question mycénienne. “J’espère pouvoir, pour ma part, contribuer à éclairer la question. J’ai fait deux longs voyages en Crète, et je crois que des négociations engagées à Candie pour fouiller Cnosse vont aboutir”. Cette confiance fut déçue, déjouée notamment par les intrigues de l’Anglais Evans. Salomon ne donna aucune publicité aux espoirs de l’Athénien. Son courrier n’eut pas non plus les honneurs d’une publication – même partielle. Peut-être parce que son contenu heurtait les convictions de Reinach ? Plutôt parce que l’auteur de la Chronique d’Orient ne voulait pas porter tort au jeune archéologue en diffusant ses idées.
15Reinach a également correspondu avec un proche du Père de Cara – qui était leur ami commun –, Luciano Mariani33. Ce dernier n’a cessé de traquer dans les musées de Venise des monuments crétois. Il a effectué des recherches sur le site de Tylissos en 1894 et conduit, l’année suivante, un voyage d’études en Crète avec Halbherr. Le 29 novembre 1895, depuis Rome, Mariani remercie le savant français de son intérêt pour ses travaux. Il profite de son courrier pour aborder la question de la multiplication de faux crétois, une nouvelle dont Reinach s’inquiète. C’est Clermont-Ganneau qui lui a parlé de ses falsifications. Mariani est formel : “Elles ne touchent pas à nos intérêts préhelléniques ; il s’agit de quelques objets importés, surtout à la Canée pour les marchands de la ville ; c’est-à-dire des statuettes hellénistiques, des monnaies et des vases peints de style attique”.
16Ces propos n’étaient pas de nature à rassurer Reinach. Ce dernier avait mené un combat courageux pour dénoncer un ensemble de fausses terres-cuites, figures isolées ou groupes dits d’Asie Mineure34. Ces statuettes d’argile constituaient une part très importante – pour ne pas dire la totalité – de la collection Lecuyer qu’Auguste Cartault, spécialiste de la trière athénienne et professeur à la Sorbonne, avait publiée avec enthousiasme. Cela ne pouvait être, pour Reinach, que le jugement d’un naïf ayant mauvais goût et vantant, pour ainsi dire, la margarine à Isigny, une cité bien connue pour son beurre de qualité ! Dans la polémique qui s’en suivit et qui connut sa plus grande virulence dans un article publié par The Nation35, Salomon suggéra de réfléchir sur l’origine de ces objets et fit quelques hypothèses. En ajoutant : “la provenance d’Héraclée en Crète ne serait pas non plus à dédaigner, mais il ne s’agit pas de la Crète du temps d’Épiménide”36. Cette idée, il la devait à son ami Démosthène Baltazzi qui l’avait assisté sur le chantier de Myrina, près d’Ali-Aga. Ayant entendu le directeur du Musée Impérial, Hamdy Bey, vanter les terres cuites dites d’Asie Mineure et la collection de son ami belge, van Branteghem, Démosthène avait mené l’enquête. De Smyrne, le 4/16 janvier 1886, il adressa à son Excellence un rapport sur l’activité des faussaires dans l’Empire ottoman. “Le coroplaste du groupe Branteghem habitait l’île de Crète, il était originaire d’Athènes, ayant assassiné un homme au Pirée, il s’était sauvé dans cette île et comme il était très fort dans l’art de la plastique il s’était adonné à cet art. C’est le fabricant des terres cuites de Lawson [–autre victime de ce trafic –]. Il y a à peine un an qu’il est mort. Il demeurait à Héraclée”. Reinach avait reçu dans la foulée, une copie de ce courrier qui avait suffi à le convaincre37.
17Comme Salomon qui lui réserve une place de choix dans son Traité d’Épigraphie (1885), Théodore s’est passionné pour le Code de Gortyne. Avec Dareste et Haussoullier, il en a assuré la traduction, le commentaire et la publication dans le premier volume du recueil des inscriptions juridiques grecques en 1898. Savant prodigieux, Théodore n’est pas celui que l’on croit : le personnage, souvent facétieux, ne se montre jamais ni austère, ni ennuyeux. En créant la villa Kérylos, l’homme ne se complaît pas, comme on le croit, au spectacle d’une Grèce idéalisée ; il savoure la modernité d’un pastiche et met en scène une forme de vie domestique qu’il invente : l’opéra-comique pour érudits. Son rapport à la Crète – qu’il est le seul des trois frères Reinach à avoir visité – est orienté par un double mouvement : désir de produire une science impeccable et aptitude joyeuse à se moquer des savoirs et de lui-même.
18À Pâques 1904, il s’est embarqué en touriste avec une partie de sa famille – dont son neveu, Adolphe – sur L’Ile-de-France, yacht-paquebot de 114 m. 50 de longueur. Du 27 mars au 16 avril 1904, Théodore participe à un voyage consacré “Aux villes mortes d’Orient”, périple organisé par la Revue générale des Sciences et son propriétaire Louis Olivier, qui consacra sa vie et sa fortune à la vulgarisation scientifique. Les principales étapes de cette croisière savante38 furent Malte, Santorin, Naxos, Délos, Rhodes et Chypre, mais aussi la Crète : on y débarqua pour visiter les fouilles de Cnossos, en compagnie d’Evans, et l’on mouilla sur le chemin du retour, au large de Matala, pour visiter Phaestos et ses environs.
19Le groupe des voyageurs – à peine 80 passagers – était conduit par Gustave Fougères, ancien athénien et maître de conférences à la Sorbonne. La partie ne fut sûrement pas facile pour le conférencier, qui souffrit de la concurrence du passager hors-norme qu’était Théodore Reinach. Lors des excursions à terre, il débusqua, retrouva ou relut plusieurs inscriptions grecques inédites. C’est au cours de la dernière escale en Crète, que fut découverte une autre “Parisienne”, que l’on admire aujourd’hui au musée du Louvre. En route pour la visite du palais de Phaestos, un passager, Maurice Feuillet, fit l’acquisition dans un village d’un souvenir archéologique : un fragment de peinture murale minoenne, montrant le profil d’une femme39. Ce passager était un proche des Reinach. C’est l’Affaire Dreyfus qui l’avait rapproché de la famille. Chroniqueur judiciaire et dessinateur de talent, c’est lui qui avait interviewé Zola au sortir de son procès et lui avait arraché ces mots, alors que la foule conspuait l’auteur du fameux J’accuse : “Tous des cannibales”. Il devint plus tard le collaborateur de la Gazette des Beaux-arts dirigé par Théodore Reinach. Revenu à Paris, Maurice Feuillet revendit sa trouvaille au Musée du Louvre dans le courant de l’été 1904. Théodore Reinach était intervenu : il avait fait remarquer à son ami que le fragment, s’il avait été découvert dans la plaine de Messara, avait moins de chance de provenir du palais de Phaistos où aucune peinture décorative n’avait été découverte – ce qui est encore aujourd’hui vrai –, que de la villa d’Haghia Triada.
20La croisière de 1904 se termina comme à l’ordinaire par une grande fête, qui était destinée à recueillir de l’argent pour les œuvres de la Marine. Théodore Reinach écrivit pour l’occasion une pochade : Cérigolo ! dont le titre se comprend pour qui sait que l’île de Cérigo fut jadis Cythère et pour qui reconnaît un jeu de mot facile : Cérigo-lo !, comprenons c’est amusant. Ce spectacle était une “Express-revue”. Donnée “par une société de savants et d’ignorants”, elle fut le soir du jeudi 14 avril au large de Cythère.
21Théodore Reinach – qui fit publier luxueusement et à ses frais le texte de sa pièce (accompagnée d’aquarelles et de dessins de Maurice Feuillet) – interprète le personnage de “L’Archéologue” ; Gustave Fougères participe au spectacle dans son propre rôle : il joue “Le Conférencier”. Cette pièce en un acte raconte les aventures de deux naufragés. Pour les aider à passer le temps, Le Conférencier, habitué à commenter des projections, leur présente une série de tableaux vivants inspirés par les fouilles de Cnossos. Ce sont : “La Femme à l’accroche-cœur” (Marie-Louise Anglada) ; “La charmeuse de serpents” (Alice Fougères) ; “le roi Minos” (Charles de Galland, directeur du petit Lycée d’Alger, ville dont il fut maire) ; “Le Vasophore” (Adolphe Reinach).
22La croisière s’amusa beaucoup. Elle fit naître également une vocation. Cette croisière détermina Adolphe, le fils de Joseph, à rejoindre en 1908 l’École française d’Athènes. Pendant trois ans, il en fut un “membre libre” – on dirait aujourd’hui un “chercheur associé”. Dans un article de 191140, Adolphe reconnaît ce qu’il doit à la croisière faite en compagnie de Théodore. C’est à Phaistos, qu’il a fait ses débuts d’épigraphiste, copiant avec son oncle, la dédicace d’un habitant de Cyrène sur une base. L’oncle Salomon n’a pas oublié, lui, l’influence de Gustave Fougères. Rappelant le destin tragique de son neveu, jeune lieutenant mort en héros dans les Ardennes, Salomon écrit dans la Revue archéologique de 1919 : “Un long voyage en Grèce, qu’il fit à dix-huit ans avec M. Fougères, le décida à vouer sa vie aux choses de ce pays”41.
23L’oncle exagère : le périple à bord de L’Ile-de-France dura quinze jours et il n’y eut que deux escales en pays crétois. C’est à la fois peu et beaucoup à l’échelle d’une vie brisée à 27 ans. La biographie pleine d’émotion que Salomon a consacrée à son neveu souligne la force de travail d’un savant qui, à sa mort, avait à son actif 190 publications. Aucun domaine n’était étranger à ce brillant esprit, voyageur infatigable, archéologue doué : il était à la fois historien, anthropologue, ethnologue, spécialiste de la sculpture comme de la peinture grecque et romaine, épigraphiste… Nulle province des antiquités ne lui échappait : Gaule, Égypte, Grèce. À la Crète, Adolphe Reinach consacra une vingtaine de monographies, issues de sa fréquentation de l’île entre 1909 et 1911, selon un calendrier annuel récurrent : environ un mois au début de l’été. Durée en gros équivalente au temps qu’il passe à Thasos, mais inférieure aux deux mois pleins d’hiver qu’il consacre à ses fouilles égyptiennes.
24En 1909, Bernard Haussoullier dans son rapport sur l’activité de l’École française d’Athènes, insiste avec une rare méchanceté sur la liberté dont cet Athénien peu ordinaire “a largement usé”. Il a établi son quartier général à Londres pour y retrouver dans les collections publiques et privées des monuments déliens ; il a multiplié les voyages ; il a publié à tout va. Le rapporteur termine par un souhait celui qu’Adolphe Reinach, pour faire honneur au nom de ses deux oncles, membres de l’Académie, “mène tous ces travaux à bonne fin, avec un plus grand ordre, et peut-être moins de fièvre”42. Haussoullier, injuste, omet le plus important : le séjour dans l’île de Minos d’un archéologue qui, au début de l’été 1909, ne ferme pas les yeux au temps présent. C’est la leçon de l’ouvrage qu’Adolphe Reinach publia, l’année suivante, sous le titre : La question crétoise vue de Crète43. La préface fixe le cadre chronologique de la première exploration conduite par Adolphe. Assez rapide, comme toutes les stations du jeune homme en Méditerranée orientale, elle dura quatre semaines ; elle se termina le 15 juin 1909 à La Canée. Sur le chemin du retour, et jusqu’à la fin du mois, vint le temps de l’écriture. Le 18 août, la préface est bouclée à Saint-Germain-en-Laye. Dès le 1er septembre et jusqu’au 15 octobre, les trois premiers chapitres du livre vont paraître en bonnes feuilles dans La Revue des idées.
25Cette enquête sur les événements qui ont suivi la demande faite en octobre 1907 aux puissances occidentales de la reconnaissance de l’Union à la Grèce, s’inscrit dans la lignée des combats de Joseph Reinach en faveur de la liberté des peuples à disposer d’eux-mêmes. Talis pater, qualis filius. Le livre a une autre filiation : le récit prend le relais de celui rédigé par Victor Bérard sur Les Affaires de Crète, ouvrage achevé en février 1898 et réédité en 1901 chez Armand Colin comme l’édition originale. La réflexion sur l’identité crétoise accompagne d’autre part le mouvement de la découverte des monuments antiques par le jeune savant. Ses visites de sites de grande ou de moindre importance nourrissent trois livraisons du Journal des savants. Adolphe se montre de la sorte à l’école de Salomon publiant sa Chronique d’Orient. Avec une différence majeure : il parle de ce qu’il a vu. Comme son oncle, le neveu a conscience que la situation matérielle présente de la Crète est indissociable de l’histoire de son passé lointain. Et ce qui unit l’une à l’autre, c’est l’espoir que fait naître le développement d’un tourisme archéologique. “Les Crétois ont su comprendre l’importance des trésors que renferme le sol de l’île de Minos”44. Ils ont encouragé les travaux anglais, italiens, américains et français. Ils en ont désormais entrepris à leur propre compte ; ils se sont dotés d’un musée où l’argent d’un mécène français s’est joint aux contributions des habitants de l’île. Voilà un élément de leur prospérité future, au même titre que les palais de Knossos et de Phaestos, les villes de Palaiokastro et de Gournia.
26C’est Théophile Homolle qui rendra compte devant l’Institut des travaux d’Adolphe Reinach au cours de sa deuxième année athénienne. Son “insatiable curiosité” et sa “débordante activité” démontrent qu’il se sent “à l’étroit dans les limites du monde grec”45. Non seulement, il a conduit une première campagne à Coptos en Égypte, mais il a séjourné à Délos, parcouru les îles de la mer Thrace, mené une expédition en Galatie, fouillé à Latô et Dréros, “sur les traces de Joseph Demargne”. Le séjour crétois de 1910 s’est déroulé en juin, sans que l’on puisse fixer exactement sa durée. Autour de quatre semaines sans doute, comme l’année précédente. Reinach fit plusieurs sondages dans la ville de Latô ; ils venaient en complément des travaux de Joseph Demargne, membre de l’EFA en 1896, mort en 1909 et dont il continuait officiellement l’œuvre scientifique.
27“Ado” travaille vite. La durée d’une autre fouille conduite avec une douzaine d’ouvriers sur le même site de Latô – celle des vestiges du Mont Phylakas qui n’avaient jamais été explorés – se réduit à une journée de travail : le dimanche 19 juin. Au débouché du sentier, “quelques épis s’agitaient au vent, entre des broussailles. Sur ce plateau, on remarquait deux amas de pierres, l’un au sommet absolu, à l’extrémité Est ; l’autre, un peu en contrebas, au Sud-Ouest”46. L’œil du connaisseur a vu tout de suite juste et les trouvailles se succèdent, ce qui laisse les ouvriers ébahis.
28Une lettre inédite, tirée des archives familiales et que m’a communiquée France Beck, peu de temps avant sa disparition, fournit un témoignage exceptionnel sur l’activité de son père en Crète pendant l’été 1911. Le courrier, posté d’Héraklion, est daté du vendredi 23 juin. Adolphe Reinach s’adresse à ses parents. Il regrette de partir sans nouvelles d’eux. Cela l’ennuie d’autant plus qu’il part pour trois jours d’excursions. Il va rejoindre Haghios Nikolaos, le port de Latô, par un chemin qu’il ne connaît pas encore : celui qui passe à la fameuse grotte de Zeus, presque au sommet du [mont] Dikté. C’est le bon moment pour cette petite expédition : “plus tard, il serait trop tard” – c’est-à-dire que les chaleurs seraient sans doute trop fortes.
29Ado profite de l’occasion pour préciser son calendrier pour la fin juin et le mois de juillet. Il passera une semaine pour moitié à Haghios Nikolaos et pour moitié à Latô. Il pourra de la sorte revoir ses notes et faire quelques recherches complémentaires. Il se rendra ensuite, par mer, au cap Sidéro, qu’il présente avec pédagogie pour ses correspondants “comme la pointe Nord-Est de la Crète”. Là, c’est-à-dire à Itanos, il veut “compléter également la description d’un temple fouillé, il y a 12 ans, par [s] on prédécesseur [Joseph] Demargne”. Ce travail sur le terrain lui permettra de boucler un dossier qui a déjà bien avancé. Car Adolphe “vien[t] d’envoyer à l’impression un groupe important d’inscriptions”. C’est toujours par voie maritime qu’il retournera en Crète. Avant de quitter l’île pour Athènes, “sans doute le 13 juillet”.
30Ce programme d’exploration de quatre semaines a été précédé par cinq jours passés à Héraklion. Adolphe commence à s’y plaire : “Candie devient de plus en plus vivable. Il y a de la glace tous les soirs à l’Hôtel et une troupe d’opérettes italienne joue en ville”. Cette notation pittoresque suit un paragraphe décrivant son travail. L’archéologue s’est consacré à l’étude du matériel qui, découvert à Latô, a été transporté au musée d’Héraklion. Adolphe a trié, nettoyé, retourné en tous sens des terres cuites afin de reconstituer des pièces à partir de membres épars. “Cela a épuisé ce que j’ai de patience disponible”. Mais il est satisfait du résultat : “J’ai vu non sans plaisir s’ordonner, série par série, étiqueté bien et dûment dans 14 tiroirs ce que j’avais trouvé dans force paniers ou sacs”. Plus de la moitié du contenu a été éliminé, mais il reste “une collection de figurines archaïques reliant le Mycénien au Grec, qui, malgré la pauvreté individuelle des objets, est d’une grande importance pour l’histoire de la sculpture grecque”. Adolphe n’a pas encore effectué “le travail de description individuelle”, tâche qu’il serait du reste plus sûr, plus rapide et plus agréable de faire à deux. Mais l’essentiel a été accompli : tout est à l’abri. Adolphe sait ce qu’il reste à faire et cela peut attendre. D’autant que le musée d’Héraklion est toujours en pleins travaux. On achève de construire une aile nouvelle. Mais rien n’est encore vraiment terminé. La grande vitrine qu’on lui promet pour accueillir ses trouvailles n’est pas encore à l’ordre du jour. Il ne la verra jamais.
Bibliographie
Sources imprimées et manuscrites
La Chronique des arts et de la curiosité
CRAI
L’Anthropologie
La Licorne, recueil de littérature et d’art
Revue archéologique
REG
La revue mondiale
The Nation
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Reinach, J. (1879) : Voyage en Orient, 2 t., Paris.
Reinach S. (1891) : Chroniques d’Orient : documents sur les fouilles et découvertes dans l’Orient hellénique de 1883 à 1890, Paris.
— (1896) : Chroniques d’Orient. Deuxième série, documents sur les fouilles et découvertes dans l’Orient hellénique de 1891 à 1895, Paris.
Fonds Salomon Reinach, Bibliothèque Méjanes (Aix-en-Provence).
Ont été exploités pour cette contribution les lettres et les feuillets déposés dans les boîtes no° 76, 79, 88, 105, 157 et 160.
Bibliographie
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— (1999) : “La villa Kérylos, le rêve fou de Théodore Reinach”, L’Histoire, no° 231, 26-27.
— (décembre 2002) : “Aventure archéologique et amitié épistolaire : Edmond Pottier, Salomon Reinach et les fouilles de Myrina”, Journal des savants, 379-440
— (2003) : Le Voyage en Grèce, Paris.
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Zink, M., J. Jouanna et H. Lavagne, éd. (2013) : La Grèce antique dans la littérature, les arts de la Belle époque aux années trente, Paris.
Notes de bas de page
1 Duchêne 1996.
2 Duchêne 2003.
3 Duchêne 1996. Voir l’index des Chroniques d’Orient 1891 ; idem 1896.
4 Duchêne 1999.
5 Rouveret 1985.
6 Duchêne 2006.
7 Reinach, J. 1879, II, 72.
8 Ibidem, 403.
9 Ibidem, 241.
10 Ibidem, 392.
11 Ibidem, 389. Le point de vue de Joseph Reinach est discutable. Patrick Louvier me fait remarquer per epistulam : “L’accusation laisse dubitatif tant la Russie avant mieux à faire ailleurs. Je vois ici surtout la main de la France et du Royaume-Uni bien décidés à punir le roi Othon de son attitude inamicale durant la guerre de Crimée. La cession des îles Ioniennes au nouveau roi Georges marque pour un temps l’arrêt de cette surveillance inquiète de nouveau sensible en 1866-1867 comme en 1897”.
12 L’Anthropologie 1896, 7, 686-693.
13 Gran-Aimerich 1990.
14 L’Anthropologie 1904, 15, 268-269 et 283.
15 “De la jupe divisée et de l’idéal grec”, in La Licorne, recueil de littérature et d’art 1912, vol. 1, cahiers II et III, 9-63.
16 Titre de la brochure de Reinach, publiée par G. Masson en 1893 et reprise à la fin du tome 2 des Chroniques d’Orient, p. 510-565.
17 L’Anthropologie 1896, 7, 693
18 Duchêne 2005.
19 Radet 1901.
20 “Vases peints archaïques découverts à Knossos (Crète)”, RA 40 (1880), 359-361.
21 May 1944. Tout particulièrement la p. 289.
22 Fonds Salomon Reinach, Bibliothèque Méjanes (Aix-en-Provence), Boîte no 160.
23 Ibidem, Boîte no 79.
24 Duchêne 2008.
25 Reinach, S. 1891, 1, 79.
26 Ibidem.
27 L’Anthropologie 1895, 6, 698 ; RA 1895, 355.
28 Fonds Salomon Reinach, Boîte no 157.
29 Ibidem, Boîte no 76.
30 Reinach 1896, 463-464.
31 La Chronique des arts et de la curiosité 1901, 182.
32 Fonds Salomon Reinach, Boîte no 88. Je remercie Philippe Ferrand, conservateur des fonds patrominaux de la bibliothèque Méjanes, de m’avoir permis de travailler dans les meilleures conditions sur la correspondance ici présentée.
33 Ibidem, Boîte no 105 (4 lettres, 7 feuillets). Premier courier : Lettre de Luciano Mariani, Rome, 29 novembre 1895, second courrier, Lettre de Frederic Halbherr, Candie (Héraklion), 26 décembre 1893.
34 Duchêne décembre 2002, 436.
35 20 septembre 1888, “Forged Asiatic Terracotas”.
36 RA 1896, p. 160, n. 1.
37 Fonds Salomon Reinach, boîte no 88.
38 Duchêne 2013.
39 Bradfer-Burdet & Driessen 2004.
40 Reinach, A. 1911, “Inscriptions d’Itanos”, REG 24, 413, n. 2.
41 RA 1919, 191-192.
42 CRAI 1910, 597.
43 Reinach, A. 1910.
44 La Revue mondiale 1909, 82, 90.
45 CRAI 1911, 628.
46 RA 1913, 282.
Auteur
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