La première chaire d’Étruscologie à l’Université de Rome
p. 39-63
Texte intégral
1En avril 1873, Giancarlo Conestabile della Staffa (Pérouse 1824-1877)1 exprimait très clairement son opinion sur l’enseignement de l’archéologie en Italie :
“Non credo di recare offesa ai miei concittadini, se oso affermare che in Italia la scuola di archeologia e qualsivoglia insegnamento cattedratico relativo alle Antichità monumentali, scritte e figurate, che pervennero sino a noi, riguardansi generalmente come cosa di lusso, buona per pochissimi, e perciò superflua ed inutile alla grande maggioranza. E questo giudizio, in fin dei conti, trova anche una parte delle sue ragioni in due fatti che si presentano nei regolamenti governativi, vale a dire, l’assenza completa di ogni ammaestramento archeologico dalle scuole secondarie classiche, ed il modo in cui sono ordinati i corsi della Facoltà di lettere nelle nostre Università”2.
2Avec cette analyse, l’archéologue de Pérouse brossait le tableau de la situation de l’archéologie italienne. À la Faculté des Lettres, l’enseignement n’était donné que lors de la quatrième année et il se révélait tout à fait insuffisant pour les étudiants et les professeurs qui étaient libres d’organiser leurs cours comme ils le voulaient :
“Là ne avete uno che si occupa di una sola parte del corso, lasciandone ignorare il resto ai suoi ascoltatori, che, s’intende, dovrebbero essere anche in questo da lui ammaestrati : qua ne trovate invece un altro che tratta alla meglio un po’di tutto, un po’di arte, un po’di epigrafia, un po’di numismatica, un po’di costumi, ecc.”3.
3Il proposait un certain nombre d’améliorations :
“Nelle Università poi, almeno nelle principali, si suddivida e si determini chiaramente nelle sue partizioni l’insegnamento, che ora è tutto compreso in quel Corso di Archeologia del solo quarto anno del corso generale di lettere (…), si stabilisca in primo luogo un corso il cui argomento sia l’arte greca e romana (architettura, scultura, pittura, glittica, ecc., e arti affini) e insieme l’etrusca e l’antico-italica sì perché in Italia non possono nemmen queste lasciarsi in obblìo, e sì per i legami che esse hanno con la Grecia, con Roma, con il Lazio”4.
4Conestabile exposait les modèles de promotion des études classiques réalisés à l’étranger5, et il concluait en soulignant le besoin urgent de réformer la Faculté de Lettres et de Philosophie, “allo scopo di non rimanere troppo lungo tempo discepoli delle altre nazioni, alle quali avemmo in passato l’onore di esser maestri”6.
5En effet, les trois dernières décennies du xixe siècle marquent un tournant dans l’enseignement de l’archéologie, en particulier à l’Université de Rome.
6En 1889, Emanuel Löwy (Vienne 1857-1938)7 (fig. 1), personnage de grande envergure, a été choisi comme nouveau professeur d’archéologie et d’histoire de l’art antique, et selon l’avis de Ranuccio Bianchi Bandinelli, “fino al conflitto del’14 fu il maestro di tutti coloro […] che possono dirsi la prima generazione di archeologi di formazione europea e non più soltanto di erudizione locale”8. Giulio Quirino Giglioli, lors de la commémoration du savant à l’Académie des Lincei, ne s’exprimait pas différemment : “tutta la presente generazione che occupa in Italia cattedre universitarie o direzioni di musei e di uffici scavi, è, tranne qualche eccezione, uscita dalla sua scuola”9.
7Löwy, avec ses collègues Federico Halbherr (Rovereto 1857-Rome 1930), professeur d’épigraphie grecque, et Luigi Pigorini (Fontanellato 1842-Padova 1925), titulaire de la chaire de Palethnologie10, avec qui les rapports sont conflictuels, est l’animateur de l’École d’Archéologie, qui est associée à l’Université de Rome depuis 1896. Il devient en effet le maître de générations d’archéologues italiens et son influence continue bien au-delà de la période de l’enseignement romain11 – prodigué jusqu’en 1915, quand il fut forcé de quitter précipitamment Rome, quelques jours avant l’entrée en guerre12 – grâce au travail de ses élèves, parmi lesquels Lucio Mariani, Roberto Paribeni, Luigi Savignoni, Pericle Ducati, Giulio Quirino Giglioli et Alessandro Della Seta, ces deux derniers étant les figures clés dans la naissance de la discipline étruscologique à la Sapienza13. En 1925, sont fondées deux nouvelles chaires (Topographie de l’Italie antique et Étruscologie et archéologie italique) dont les noms rappellent l’Italie ancienne et s’accordent au climat nationaliste de l’époque (cf. Appendice 1, 2).
8La chaire d’Étruscologie et archéologie italique à l’Université de Rome est créée pour Alessandro Della Seta (Rome 1879-Casteggio 1944) (fig. 2), figure très importante de l’archéologie de cette période, auquel un colloque a été consacré récemment14. Il est l’assistant de son maître Löwy en 190515, et il devient maître de conférences en 1909. La même année, Della Seta commence à travailler dans le musée de la Villa Giulia et il entre en contact de plus près avec des disciplines qui, à l’époque, étaient considerérées de moindre importance, comme l’archéologie étrusque et italique. Il fait ses premières expériences de fouilles et il découvre le rapport direct avec les objets archéologiques. Les travaux scientifiques de ces années donnent lieu à la publication de la Collection Barberini de Praeneste16 (fig. 3), récemment acquise par le musée et, des années plus tard, de celle du guide du musée de la Villa Giulia17, qui, comme il a été remarqué par Maurizio Harari, marque la transition de la “fase essenzialmente tassonomica, positivistica, degli studi” à la “grande stagione etrusca della critica d’arte in Italia, negli anni Venti e Trenta” : le guide du musée est “un tipico (e ottimo) prodotto della cosiddetta archeologia ʽfilologicaʼ”18. Il s’agit d’une présentation très analytique et exemplaire pour cette époque, des objets de l’un des principaux musées nationaux créés au moment de l’unification de l’Italie, comprenant une introduction à l’histoire de la Villa et du musée. Dans cet ouvrage, Della Seta exprime des idées originales sur le développement de l’architecture du temple et de ses décorations en terre cuite.
9L’expérience à la Villa Giulia se termine en 1913 quand il obtient la chaire d’Archéologie et histoire de l’art antique à l’Université de Gênes. Dans son discours d’ouverture au cours de la première année, la nouveauté d’une approche globale de la discipline est évidente :
“Archeologo è lo scavatore, colui che ritrae materialmente alla luce dal sottosuolo gli avanzi delle passate civiltà. Dall’ascia di pietra alla pittura pompeiana e al sarcofago cristiano, ogni prodotto d’industria e d’arte, che torna a noi dopo millenni o dopo secoli, è una conquista dell’archeologia. Archeologo è colui che investiga sul soprassuolo le modificazioni apportate dall’uomo nell’originario aspetto della natura, è il topografo che ricerca la posizione delle antiche città, che ne determina il giro delle mura, il corso delle strade, il sistema degli acquedotti, il tipo degli edifici. Ed archeologi sono tutti coloro che fanno materia d’indagini particolari, tecniche, scientifiche e storiche, le singole classi di oggetti e di monumenti scavati dal sottosuolo o rimasti sul soprassuolo. Così archeologo è il paletnologo, che scandaglia gli strati più antichi della civiltà umana, è lo storico dell’arte, che rivolge i suoi studi alla scultura e alla pittura, all’architettura e alle arti minori, è il numismatico, è l’epigrafista”19.
10Il s’agit d’une réflexion profonde sur l’identité et sur le but de l’archéologie ; les nouvelles disciplines contribuent à préciser la méthode de fouilles et l’étude, et elles donnent lieu ainsi à une analyse historique des civilisations anciennes qui ne néglige pas les documents les plus humbles, la céramique avant tout, “quel manufatto che solo rende possibile una cronologia relativa degli strati”, comme il la définit dans l’essai sur la Collection Barberini20. Un profond renouvellement des études archéologiques à travers l’élargissement des limites de la discipline dans le temps et l’espace est rendu nécessaire, car “l’archeologia preistorica ha donato (à l’archéologie classique) un nuovo metodo di scavo”. Il est clair cependant que “riconoscere i limiti che le circostanze esteriori pongono alla nostra ricerca può essere salutare avviso a non chiedere ai monumenti più di quello che essi possano dire”, comme il l’avait déjà affirmé dans le très important essai sur le disque de Phaistos publié en 1909 dans les Rendiconti dei Lincei.
11Un autre facteur de grande importance du point de vue méthodologique est le fait que Della Seta, en abordant la question des origines, introduit le concept de “formation”, qui sera développé par Massimo Pallottino avec des résultats essentiels pour l’étude moderne de la civilisation étrusque21. Dans sa monographie Italia antica (1922), Della Seta affirme :
“di fronte a questa irreducibilità della lingua al gruppo italico rialza il capo timidamente la storiografia per affermare che forse non è tutta favola il racconto erodoteo, lo solleva più arditamente l’archeologia per mostrare che questa civiltà etrusca realmente esiste con manifestazioni sue proprie, diverse dalle altre civiltà italiche. Solo il problema va spostato di piano: più che un problema di origine, è un problema di formazione della civiltà”22.
12Le point culminant de l’activité de Alessandro Della Seta se place entre 1919 et 1938, quand il devient directeur de l’École italienne d’archéologie à Athènes – qui était vacante après le départ de Luigi Pernier en 1916 –, une charge fondamentale dans l’organigramme de l’archéologie italienne, particulièrement délicate puisque l’École joue un rôle culturel très important en Méditerranée orientale, là où l’Italie a des intérêts politiques et économiques (fig. 4). En effet, Della Seta se révélera extrêmement compétent dans l’organisation de l’École ainsi que dans la promotion et l’affirmation d’un important institut culturel italien à l’étranger. Marcello Barbanera a souligné que ce fut le nationalisme qui mènera Della Seta à adhérer au fascisme, jusqu’au moment où, en 1938, en raison des lois raciales, il sera expulsé par le régime23.
13Mais revenons à l’événement qui nous intéresse le plus. En 1925, le ministre de l’Éducation nationale Pietro Fedele émet un décret-loi (D. L. 22 nov. 1925 n ° 2028) qui lui permet le transfert de professeurs vers des chaires créées dans d’autres universités, sans que l’avis des Facultés concernées soit nécessaire. À l’initiative personnelle du ministre, sont alors d’emblée mis en place trois nouveaux cours pour l’historien de l’art Pietro Toesca de l’Université de Florence, ainsi que pour les deux archéologues Giulio Quirino Giglioli de l’Université de Pise et Alessandro Della Seta, déjà professeur à Gênes, qui est muté à la Faculté des Lettres de Rome, où la chaire d’Étruscologie et archéologie italique est créée pour lui (cf. Appendice 1, 2). Ce choix n’est pas indolore. Selon le témoignage de Giorgio Levi Della Vida, lorsque le doyen de la Faculté, Giuseppe Cardinali, annonce la nouvelle des trois transferts, Giovanni Gentile “rosso in viso (...) protestò a gran voce che quelle nomine erano una patente sopraffazione della libertà di scegliersi i propri membri che la legge garantiva alle facoltà e un’illecita intrusione del Ministro in materia estranea alla sua competenza : la Facoltà aveva il dovere di elevare formale protesta contro questa inaudita violazione dei suoi diritti”24. Gentile, reconnaissant dans cette mesure une atteinte à l’autonomie des universités, convainc la majorité de ses collègues – et même le doyen – de voter contre (cf. Appendice 1). Cependant, “nella seduta successiva il Preside lesse mogio mogio una nota del Rettore, il quale comunicava che non aveva inoltrato il voto della Facoltà, in quanto che il Ministro aveva fatto uso dei poteri che la legge gli accordava”25 (cf. Appendice 2).
14En réalité, l’étruscologie ne sera jamais enseignée dans des salles de cours par Della Seta, alors directeur de l’École d’Athènes, mais on peut dire qu’il l’enseigna sur le terrain et d’une manière indirecte, puisqu’il poursuit ses recherches en étruscologie, en lançant en 1926 des fouilles systématiques dans l’île de Lemnos (cf. Appendice 3, 4, 5). Le but de l’entreprise était de mieux définir la culture locale exprimée par la stèle “thyrrénienne” de Kaminia (fig. 5), liée à la question, toujours actuelle pour Della Seta, de l’origine de la civilisation étrusque, sujet qu’il avait déjà traité dans un essai de 191926. C’est le moment où Luigi Pareti écrit Le origini etrusche (1926) et Della Seta, tout en étant bien conscient de la distinction entre origine ethnique et formation culturelle, ressent le besoin de mener des enquêtes sur un sujet de recherche étroitement lié à l’histoire de l’Italie : “Pur senza nutrire l’illusione di poter risolvere in Lemno la questione etrusca, la Scuola Italiana ha considerato come suo compito naturale e doveroso quello di ricercare lo strato di civiltà appartenente ai Tirreni”27.
15On a observé à juste titre que c’est Della Seta lui-même qui admet avoir poursuivi pendant de nombreuses années, même pendant la guerre, son “chemin tyrrhénien”28 : “Ai tenebrosi etruschi avevo dato un addio nell’autunno del 1918 dal Montello, strada due, licenziando per impegno di mestiere, in qualche ora piovosa di tregua, le ultime bozze di un loro libro. (...) Ma, destinato a rincorrerne almeno l’ombra, sbarcavo nella primavera del 1923 in Lemno per vagolare, fra altrettante tenebre, dietro i Tirreni, i loro omonimi di Egeo”. À son avis, “siccome è da escludere che i Tirreni dell’Egeo siano colonia dei Tirreni d’Italia, dev’essere probabile il contrario”29.
16Dans le programme de recherches systématiques sur l’île de Lemnos, devenue le siège de l’activité de l’École (fig. 6), Della Seta démontre pleinement sa capacité d’étruscologue ouvert aux méthodologies des disciplines proto-historiques. Au cours des cinq campagnes de fouilles, il est entouré d’élèves comme Luciano Laurenzi et Domenico Mustilli, ensuite Giacomo Caputo, Achille Adriani et Filippo Magi (fig. 7) ; suivront bientôt les deux essais Iscrizioni tirreniche di Lemno et Arte tirrenica di Lemno (1937). Les fouilles à Lemnos durent pendant plusieurs années, ainsi que les fouilles du site de l’établissement de Poliochni, daté du début de l’âge du bronze et choisi entre autres par Della Seta pour des raisons pédagogiques “perché lo scavo in terreno preistorico obbliga ad una costante e precisa osservazione dei dati di fatto”30.
17Lorsque, en 1938, il sera forcé de quitter sa fonction de directeur de l’École d’Athènes, lui succédera Guido Libertini, désigné après le refus de Ranuccio Bianchi Bandinelli31.
18Le 1er juin 1944, l’Université de Rome décide de réintégrer Alessandro Della Seta dans ses fonctions de professeur, mais ses parents affirment qu’ils ne sont pas en mesure de fournir des nouvelles de lui, l’archéologue se trouvant en zone encore occupée. En raison des difficultés de communication, personne ne savait encore qu’il était tombé malade entre-temps, et décédé le 20 septembre de la même année.
19En 1944, l’occasion est offerte à Bianchi Bandinelli d’être muté de Florence à Rome pour occuper la chaire qui avait été celle de Della Seta ; dans une lettre à Pietro Toesca – professeur d’Histoire de l’art médiéval et moderne à La Sapienza – il souligne cependant que l’enseignement avait été créé spécialement pour Della Seta, et il s’exprime clairement contre l’autonomie de la discipline dans l’organisation des cours universitaires :
“Per quanto io potessi avervi qualche titolo, ritengo un duplicato inutile la cattedra di archeologia etrusca accanto a quella di archeologia classica, che dovrebbe comprendere anche quella (e infatti l’origine della cattedra fu personale e non scientifica). Sicché, se dovessi dare un consiglio obiettivo e privo di considerazioni personali, consiglierei di sopprimerla”32.
20D’ailleurs, Bianchi Bandinelli avait déjà refusé en 1935 de passer de Pise à Florence pour occuper la chaire d’Étruscologie, que le recteur avait proposé de fonder au ministre de l’Éducation nationale Cesare Maria de’ Vecchi di Val Cismon (une preuve supplémentaire de l’intérêt du régime pour cette discipline). Bianchi Bandinelli critique une fois de plus le système de la “chiamata ad personam” et il admet que personne ne soutiendra sa candidature : “Chi avrebbe potuto aiutarmi presso il Ministro ? Il Gentile non di certo, il Giglioli avrebbe certamente preferito Pallottino, che gli è stato più fedele”33.
21Comme mentionné ci-dessus, l’autre chaire établie en 1925 à la Sapienza est celle de la Topographie de l’Italie antique, occupée en 1925 par Giulio Quirino Giglioli34, qui était très intéressé par l’art et la civilisation des Étrusques, et qui fut auteur de la découverte sensationnelle de grandes statues en terre cuite de Véies (1916) et de la publication rapide des fouilles (fig. 8)35. C’est une découverte qui sera cruciale dans le renouveau d’intérêt en Italie pour les formes d’art non classiques. L’envergure de cette découverte est bien illustrée par une série d’événements qui ont lieu à partir de cette date. En 1926, se tient à Florence le Premier Congrès National Étrusque, organisé par le “Comité permanent de l’Étrurie” fondé à l’automne de 1925 au sein de l’Ente per le Attività Toscane et qui contribue à jeter les bases d’une discipline scientifique qui commence à devenir autonome.
22Puis, deux années plus tard, a lieu le premier Congrès International Étrusque, auquel participe à seulement 19 ans Massimo Pallottino (fig. 9). D’autre part, dans ces années, sont publiées les premières œuvres systématiques sur l’art et la civilisation des Étrusques : Pericle Ducati publie en 1925 Etruria antica, en 1927 paraît Storia dell’arte etrusca, et la même année Arte etrusca, un livre essentiellement pédagogique, écrit en collaboration avec Giglioli. La production étrusque restera toujours l’un des principaux domaines d’intérêt de Giglioli, comme en témoigne le plus complet répertoire d’images disponibles à cette époque, L’arte etrusca (1935), caractérisé par une présentation claire et globale des objets archéologiques, qui donne la priorité à l’aspect éducatif.
23Même en faisant abstraction de sa prise de position à l’égard du fascisme (fig. 10), il faut reconnaître que Giglioli a été sans aucun doute l’un des hommes les plus influents, non seulement dans le domaine de l’archéologie italienne de la première moitié du xxe siècle, mais aussi dans la vie de la Faculté des Lettres de Rome pendant son long enseignement. À partir de 1935, par décret ministériel, il devient titulaire de la chaire d’Archéologie et histoire de l’art grec et romain qui avait été celle de Giulio Emanuele Rizzo36. Il est titulaire de l’enseignement jusqu’en 1956, avec un intervalle entre 1944 et 1946, quand il fut suspendu, soumis à l’épuration et déporté à Padula.
24L’apparition d’une nouvelle génération d’archéologues (Rizzo, Ducati, Della Seta, Giglioli) qui participent au débat historique et artistique, ainsi qu’une plus grande conscience de l’importance d’une bonne exécution des fouilles, sont les résultats les plus importants apportés par l’École d’Archéologie de Rome, grâce à la formation de professeurs de l’envergure de Löwy pour l’archéologie classique et de Pigorini pour la préhistoire.
25Il est essentiel d’ailleurs de tenir compte de la situation des sciences humaines à l’Université de Rome (fig. 11) où, depuis le début du siècle, l’élargissement des disciplines enseignées à la Faculté des Lettres était ressenti comme une nécessité. En effet, les professeurs devaient non seulement faire place à leur propre matière, mais aussi accorder du temps à d’autres disciplines, voisines, ainsi qu’à leurs élèves. Cette exigence contribue au développement du phénomène des Écoles, des “îles” qui restent dépendantes de la Faculté et du Recteur, mais dans lesquelles il est toutefois possible de donner des cours spécifiques de spécialisation et qui deviendront des instruments très importants pour la formation de jeunes générations de chercheurs37. Pour la Faculté des Lettres de Rome, la Première Guerre mondiale et la montée du fascisme sont des moments difficiles qui voient la disparition de toute la génération des “pionniers”, les maîtres de l’archéologie et de l’histoire antique ayant pris leur chaire entre 1870 et 189038, alors que les enseignements traditionnels ont du mal à remonter la pente : il faudra des années d’incertitude pour arriver à avoir en qualité de professeurs en 1933 Giuseppe Lugli pour la Topographie romaine, en 1936 Gaspare Oliverio pour les Antiquités grecques et romaines et, en 1938, Ugo Rellini pour la Palethnologie.
26La création de la chaire d’Étruscologie et archéologie italique à l’Université de Rome, la seule parmi les universités italiennes et étrangères, s’ajoute à la naissance d’autres neuf nouvelles chaires, soit une augmentation significative dans le domaine de l’archéologie et de l’antiquité. Particulièrement frappante est la volonté de renforcer la Faculté des Lettres dans le cadre du renforcement global de l’Université de Rome39. En 1926, le recteur Giorgio Del Vecchio souhaite que l’Université devienne la “prima Università del Regno” et il reçoit l’approbation de Benito Mussolini qui, à l’occasion de l’inauguration de l’année académique 1926-1927, se déclare “lieto di constatare che in un anno di rettorato fascista sotto la sua guida alacre (l’université) ha preso un impulso che è sicura promessa per l’avvenire. L’Università di Roma può e deve essere il centro massimo degli studi d’Italia. Il governo fascista guarda con fede e con amore all’Ateneo romano, sorgente perenne di energie per la patria”40. En même temps, Del Vecchio se plaint à plusieurs reprises de l’insuffisance des financements de l’État, en raison de laquelle “il nostro Ateneo, è ben lungi da avere l’attrezzatura necessaria all’Università della capitale, di una nazione nel pieno rigoglio delle sue energie”41. La construction de la “cité universitaire” (fig. 12-14), et son inauguration en 1935 (fig. 15-17), répondent à ces besoins de renforcement, qui concernent également l’offre pédagogique. En 1939, illustrant le rôle joué par les Facultés des Lettres en Italie qui souhaitent maintenir l’organisation des enseignements, Giuseppe Cardinali, longtemps doyen de la Faculté romaine, souligne que les discussions ont été centrées autour des deux principes : l’insertion de nouveaux cours dans le cadre traditionnel et la reconnaissance du droit de l’étudiant à la “liberté de choix” en matière de disciplines nouvelles.
27Dans son livre sur l’Université de Rome, Nicola Spano, directeur administratif de l’Université depuis 1933, nous signale qu’à la Faculté des Lettres, après l’année 1922, dix enseignements donnés par des professeurs qui occupent une chaire sont établis : parmi ceux-là – outre l’Histoire médiévale, l’Histoire de l’art de la Renaissance et de l’âge moderne, l’Histoire et géographie de l’Asie de l’Est, l’Histoire des religions, l’Histoire romaine, la Topographie de l’Italie antique, la Langue et littérature polonaise, la Langue et littérature hongroise, la Religion de l’Extrême-Orient – apparaît aussi l’Étruscologie et archéologie italique42.
28Les Archives historiques de la Sapienza conservent la documentation qui nous permet d’affirmer qu’à la Faculté des Lettres, la création des chaires fut accompagnée d’une expansion significative des suppléances et des charges de cours, ce qui a produit un renforcement substantiel de l’offre pédagogique. En 1938, Massimo Pallottino assure d’abord une charge de cours et dans un second temps il est chargé d’enseigner l’Étruscologie et archéologie italique ; en même temps on fonde une charge de cours de Topographie romaine et d’autres suppléances pour l’Ethnologie, l’Archéologie de l’Afrique romaine, l’Archéologie chrétienne, l’Épigraphie grecque : on observe presque un élan, à la veille de la Seconde Guerre mondiale, afin de mieux représenter un secteur archéologique élargi43.
29Il ne s’agit pas seulement d’une augmentation quantitative, mais du poids réel que ces disciplines prennent dans l’organisation des études. Le rôle des institutions et des écoles de formation qui existent au sein de la Faculté est symptomatique : tandis que l’École orientale était florissante, l’École italienne d’archéologie, dirigée par Giuseppe Cardinali44en 1924-25, offre seulement cinq cours45, qui deviennent neuf, dix ans plus tard, auxquels s’ajoutent l’Histoire romaine, la Topographie de l’Italie antique, la Numismatique grecque et romaine, l’Épigraphie italique et l’Étruscologie et archéologie italique. L’École est devenue triennale, elle prévoit une thèse finale, la participation aux fouilles et un stage de perfectionnement à l’École italienne d’archéologie d’Athènes46 dirigée par Alessandro Della Seta, professeur d’Étruscologie, au moins “sulla carta”, à la Faculté de Rome. L’année suivante, en 1935-1936, l’Institut d’archéologie dirigé par Giulio Quirino Giglioli est divisé en sections pour prouver l’expansion du secteur archéologique : ce sont les sections de Numismatique, d’Archéologie de l’Afrique romaine, de Topographie romaine, de Topographie de l’Italie antique et d’Étruscologie et archéologie italique, ces dernières étant dirigées par Della Seta.
30C’est dans ce cadre que s’inscrit l’activité de Massimo Pallottino à la Sapienza, où, déjà en 1934 – probablement à l’initiative de Giglioli – il y avait une tentative de créer un enseignement de l’Épigraphie étrusque, mais la demande avait été rejetée par le Conseil supérieur du ministère47. En 1938, Pallottino, devenu l’année précédente maître de conférences en Étruscologie et archéologie italique, donne une charge de cours et les deux années suivantes, il est chargé d’enseigner non seulement pour la Faculté, mais aussi pour l’École Nationale d’archéologie48. Cela permet de lancer pour la première fois à l’Université de Rome l’enseignement de cette discipline, qui était vacante, comme nous l’avons vu, depuis 1926, l’année de sa création pour Alessandro Della Seta. Il n’est pas dans mon intention d’esquisser la biographie intellectuelle de Pallottino : beaucoup de chercheurs l’ont déjà très bien fait, en particulier Filippo Delpino49. Il vaut mieux mettre en évidence certains aspects de sa personnalité, utiles pour exposer l’activité à l’Université de Rome La Sapienza du premier véritable professeur d’Étruscologie qui fut en mesure de donner au sujet la dignité et la méthode d’une discipline historique, en abordant avec la même compétence l’aspect linguistique comme les aspects historiques et archéologiques. Élève de Giglioli à l’époque où il enseignait la Topographie de l’Italie antique, Pallottino obtient le diplôme en 1931 avec une thèse sur Tarquinia et il partage avec son maître sa vision de la recherche et de l’enseignement. Entre 1935 et 1937, une expérience très importante pour sa future vocation est sa collaboration avec Giglioli pour l’organisation de la Mostra Augustea della romanità (fig. 18), expérience exaltante de vulgarisation de la recherche à laquelle Pallottino a contribué de manière décisive50.
31Comme l’a souligné F. Delpino, le jugement largement positif de la commission d’examen pour la remise du titre de maître de conférences exprime déjà les caractéristiques du chercheur et du futur professeur : “… Particolarmente degno di nota è il criterio del candidato di considerare integralmente la civiltà etrusca, cercando di illuminarne una con l’altra le varie esplicazioni”51.
32En tant qu’inspecteur de la Surintendance, mais désormais aussi en tant que professeur d’Étruscologie, il est engagé durant ces années dans les fouilles de Caeré et Véies, où, à Campetti et surtout à Portonaccio, il effectue d’importantes découvertes52 sur les traces de Giglioli (fig. 19), tout en écrivant son premier livre d’étruscologie, Gli Etruschi, publié en 1939, suivi en 1942 par la première édition de Etruscologia. En 1940, il obtient la chaire d’Archéologie et histoire de l’art grec et romain à Cagliari, tandis que, tout de suite après la guerre, dans l’année scolaire 1945-1946, lui est accordée une mutation à la Sapienza de Rome pour occuper la chaire d’Étruscologie et archéologie italique – dont le nom est changé en Étruscologie et antiquités italiques – vacante à la mort d’Alessandro Della Seta en 1944. C’est ainsi qu’a commencé l’enseignement qui a fait de Pallottino l’un des professeurs les plus prestigieux de la Faculté romaine, enseignement qui a duré sans interruption pendant 35 ans (fig. 20).
33Massimo Pallottino a eu le mérite de procurer l’espace et le personnel adéquats en créant à partir du seul institut d’archéologie – qui, à compter de 1949, a publié à son initiative et à celle de Giglioli la revue Archeologia classica – un nouvel institut autonome d’Étruscologie et antiquités italiques (fig. 21), avec sa bibliothèque, des archives, des laboratoires et aussi un musée didactique : ce sont tous des instruments essentiels pour l’éducation des étudiants. Grâce à ces structures, il a lancé une très grande variété de programmes et d’activités, dont une partie est encore en cours, tels que le répertoire des sources littéraires sur l’histoire et la civilisation des Étrusques, la publication des nécropoles villanoviennes de Véies, le corpus d’inscriptions étrusques pour la réalisation du Thesaurus Linguae Etruscae, le catalogue des bronzes étrusques et italiques de la Collection Gorga, les fouilles de Pyrgi qui ont formé des générations de jeunes archéologues depuis 1957.
34Il convient de mentionner en conclusion le Musée des Antiquités étrusques et italiques (fig. 22), conçu à partir de 1955 en utilisant l’espace résultant de l’expansion de la Faculté des Lettres, dans le sillage de la grande exposition sur l’art et la civilisation étrusque qui, entre 1955 et 1956, a rencontré un grand succès à Milan, Zurich, et dans de nombreuses autres villes européennes (fig. 23)53. Grâce à sa capacité exceptionnelle de créer de la culture par la vulgarisation (“La cultura è quanto è conosciuto per sempre”, dit il en 1954, au cours d’introduction dans sa classe54) et en utilisant les maquettes des grandes villes de l’Étrurie méridionale, créées pour les expositions de Zurich et Milan, il a illustré la relation inséparable entre la topographie et le développement des cités, par une sorte de “didattica tattile”, selon la définition de Paola Baglione55. L’intérêt pour la topographie, que Pallottino avait manifesté depuis l’époque de sa thèse, et pour les prospections, est ici encore entièrement visible et marque un élément de rupture par rapport aux autres musées plus anciens de la Faculté, c’est-à-dire la Gypsothèque créée par Emanuel Löwy depuis 1892 (fig. 24)56 et le Musée “des Origines” fondé par Ugo Rellini en 1942, même s’il en est de fait le complément logique. La maquette d’un temple étrusque (fig. 25), conçue sur la base de la reconstruction du temple de Véies-Portonaccio, est probablement le résultat d’une longue élaboration personnelle de Pallottino, comme en témoigne l’esquisse attribuée à sa main (fig. 26)57.
35La conception d’un musée didactique dédié spécifiquement à l’illustration de toutes les manifestations de la civilisation des Étrusques et des Italiques, avec une approche approfondie de la langue, de l’art, de l’histoire, des institutions politiques, de la vie quotidienne, de la religion (fig. 27), semble illustrer symboliquement les caractéristiques de l’enseignement de Pallottino à la Sapienza de Rome, comme il nous a été transmis, à nous les élèves de ses élèves (fig. 28).
Fig. 23. Couverture du catalogue de la Mostra dell’Arte e della civiltà etrusca (Milano 1955).
Fig. 24. La Gypsothèque de l’Université de Rome au siège de Via Marmorata (Picozzi 2014, fig. 14).
Annexe
Appendice
158.
La seduta è aperta alle ore 16.
Sono presenti i proff. Cardinali, Credaro, Venturi, Gentile, Giri, Guidi, Ceci, Vacca, Halbherr, Levi della Vida, Festa, Beloch, Federici, Gabetti, Pettazzoni, De Lollis. Il prof. Nallino e il prof. Rossi si sono scusati, essendo impegnati nel Consiglio Superiore.
Comunicazioni - Il Preside comunica una lettera del Ministro trasmessa dal Rettore in cui il Ministro informa di aver provveduto in base all’art. 3 del R.D. Legge 22 nov. 1925 n° 2028 a coprire due delle cattedre di nuova istituzione di archeologia disponendo i trasferimenti dei proff. Al. Della Seta, per la cattedra di Etruscologia e Archeologia italiana; G. Q. Giglioli per la Cattedra di Topografia dell’Italia antica ; Pietro Toesca per la cattedra di Storia dell’Arte Medievale...
…. omissis….
Il prof. Gentile osserva che il D.L. di cui nella lettera Ministeriale viene a ferire un principio di cui la Facoltà deve essere gelosa, il principio dell’autonomia, perché l’autonomia sancita per Legge investe la Facoltà ed essa sola del potere di fissare le proprie cattedre nel suo statuto. La cosa è anche più grave pel fatto che il D.L. non tiene conto della proposta fatta dalla Commissione nominata ad hoc, di cui facevano parte il Preside e il Direttore della Scuola di Archeologia e di Storia dell’Arte. Si aggiunge che il provvedimento Ministeriale toglie alla Facoltà il diritto di iniziativa sui provvedimenti per le cattedre suddette. Inoltre si fa notare che uno dei trasferimenti viola il disposto del Regolamento Universitario, in quanto si applica ad un professore non stabile che è trasferito ad una cattedra che non è parte della materia da lui propinata: onde è da ritenersi che in questa parte il Decr. L. non potrà essere approvato dalla Corte dei Conti. Il Prof. Gentile crede che la Facoltà non possa esimersi dall’esprimere al Ministro, che è membro della Facoltà, il proprio rammarico per l’offesa recata al principio che la Facoltà deve gelosamente difendere. Propone che la Facoltà voti un ordine del giorno nel senso suddetto.
…. omissis….
Il Prof. Gentile concreta il suo pensiero nel seguente ordine del giorno che presenta alla Facoltà: “La Facoltà, nel ricevere la comunicazione di cui nella rettoriale del 2 dic. n° 06129, dichiara di non poterne prendere atto senza esprimere, come fa, il suo vivo rammarico per la doppia ferita inferta da S.E. il Ministro della P.I. sia col definire nel R.D. 22 nov. 1925 n° 2028 il titolo delle nuove cattedre assegnate alla Facoltà, sia e soprattutto col nominare egli stesso i titolari di queste cattedre : uno dei quali è non stabile e non trasferibile a norma di legge a cattedra diversa”.
L’ordine del giorno, messo in votazione dal Preside, è approvato da tutti i presenti, tranne due astenuti: si sono astenuti i proff. Federici e Levi Della Vida.
259.
Verbale del Consiglio della Facoltà di Lettere e Filosofia, Seduta del 14 dicembre 1925
La seduta è aperta alle ore 17.
Sono presenti i proff. Cardinali, Gentile, Rossi, Giri, Nallino, Guidi, Ceci, Halbherr, Levi della Vida, De Lollis, Almagià, Beloch, Buonaiuti, Federici, Gabetti, Credaro, Pettazzoni. Si è scusato per lettera il prof. Pais.
…. omissis….
Il Preside prof. Cardinali dà lettura di due lettere dei proff. Giglioli e Toesca i quali, informati ufficialmente del loro trasferimento alla Facoltà di Roma, esprimono la loro soddisfazione e mandano il loro saluto ai colleghi. Il Preside aggiunge di aver risposto ai proff. Giglioli e Toesca esprimendo il suo personale compiacimento per la loro nomina.
Il Preside legge una lettera del Rettore in data 9 corr. in cui il Rettore fa conoscere che, nel trasmettere, come di dovere, al Ministero l’ordine del giorno votato dalla Facoltà nella seduta del 3 corr. relativo ai provvedimenti presi da S.E. il Ministro in base al R.D.L. 22-XI-1925 n° 2028, egli non può non osservare che la doglianza ivi espressa non è fondata in diritto, e che in ispecie non sussiste l’asserita illegalità del trasferimento di un professore non stabile.
Il prof. Gentile riconosce la inconsistenza delle asserzioni di illegalità relativa al trasferimento di un professore non stabile. Quanto all’altra parte della lettera rettoriale osserva che nessuno può mettere in dubbio la legalità del Provvedimento ministeriale, ma ciò non deve impedire alla Facoltà di esprimere il suo rammarico pel provvedimento stesso in quanto priva la Facoltà dell’esercizio della sua autonomia.
Il Preside riferisce che in un colloquio da lui avuto col Rettore, il Rettore si è dichiarato gelosamente rispettoso dell’autonomia universitaria, come pure ha dichiarato di non voler rimproverare la Facoltà per l’impressione suscitata in essa dal recente provvedimento ministeriale. In sostanza, aggiunge il Preside, il Rettore ha voluto affermare il suo dissenso dal punto di vista giuridico.
…. omissis….
Dopo osservazioni dei proff. Nallino, Ceci, Cardinali, il Prof. Ceci presenta questo ordine del giorno: “La Facoltà, vista la lettera del Rettore in merito al recente provvedimento ministeriale, osserva che non di legalità essa ha inteso o intende far questione…”.
Il Prof. Levi Della Vida espone le ragioni per cui egli voterà l’ordine del giorno Ceci, nonostante che nella seduta del 3 dic. egli si sia astenuto.
Posto in votazione l’ordine del giorno Ceci, è votato da tutti i presenti con due astensioni. Si sono astenuti i proff. Federici e Buonaiuti.
360.
Atene, 12 luglio 1929 – anno VII –
OGGETTO – Ripartizione del fondo delle sopratasse di esame di profitto e di laurea
All’Illustre Signore
Prof. FEDERICO MILLOSEVICH
Rettore magnifico della R. Università di
ROMA
Ringrazio vivamente la S. V. I. per la comunicazione fattami con foglio del 5 c. m. n. 3771. Per altro, se non interpreto male il parere emesso dal Consiglio di Stato, questo pronuncia una norma generale per i professori i quali non impartiscono l’insegnamento: ad essi nega il diritto di partecipare alla ripartizione del fondo di cui all’articolo 100 del Reg. Gen. Universitario. Mi sembra cioè che non abbia contemplato il mio caso particolare.
Mi permetto quindi di riassumere la mia posizione. Io sono professore della Facoltà di Filosofia e Lettere di Roma e la mia cattedra è tra quelle istituite per la R. Scuola Italiana di Archeologia. Per decreto ministeriale io sono incaricato della direzione della R. Scuola Archeologica Italiana di Atene ed io impartisco presso di essa il mio regolare corso di lezioni. Lo impartisco a studenti della R. Università di Roma perchéè obligo per gli allievi della R. Scuola Italiana di Archeologia di Roma frequentare nel terzo anno i corsi della R. Scuola Archeologica Italiana di Atene. Quindi non è spezzato tra me e la Facoltà di Filosofia e Lettere il mio dovere di insegnante: di conseguenza non vedo su quale elemento possa fondarsi il diritto della R. Università di Roma di togliermi il compenso spettante a questo insegnamento.
Comprendo che non possa essermi corrisposta la quota parte spettante per il numero degli esaminati, ma ritengo che mi spetti la quota fissata per l’insegnamento impartito.
Considero cioè il mio caso essenzialmente diverso da quello dei professori che ricevono incarichi con i quali cessa il loro dovere dell’insegnamento agli allievi della R. Università di Roma o che pure questo insegnamento impartiscono presso altra Università straniera e con retribuzione a parte. Faccio infatti notare che nessuna retribuzione io ho per questo insegnamento impartito presso la R. Scuola Archeologica Italiana di Atene perché l’assegno che percepisco è chiaramente detto a me dovuto quale rimborso di spese di rappresentanza.
Voglio confidare, Illustrissimo Rettore, che qualora il Consiglio di Stato non si sia particolarmente pronunciato sul mio caso – e desidererei allora conoscere questo parere – la S. V. vorrò compiacersi di far presente queste mie ragioni alla superiore Autorità Ministeriale e, qualora questa non possa decidere in proposito, voglia chiedere ad essa quale via io possa adire per sostenerla giuridicamente.
Gradisca i sensi della mia più devota osservanza
Alessandro Della Seta
461.
30-7 1929 Ministero della Pubblica Istruzione
Risposta al Foglio del 23 luglio 1929 N° 3981
Oggetto: Prof. Alessandro Della Seta – Propine d’esame
In relazione al foglio sopraindicato si comunica che la condizione del Direttore della Scuola Archeologica di Atene prof. Alessandro Della Seta, agli effetti della ripartizione delle propine d’esame, s’identifica con quella dei professori contemplati nella circolare 22 giugno 1929 n. 11394, e ciò in conformità del parere espresso dal Consiglio di Stato, il quale, dopo avere concluso nei riguardi dei professori di ruolo i quali non abbiano impartito l’insegnamento e non siano stati componenti di commissioni di esame (conclusioni riportate nella circolare anzidetta), così testualmente soggiunge :
“I principi fin qui esposti, valgono anche per il 2 quesito riguardante il Direttore della Regia Scuola Archeologica di Atene.
Il fatto messo in rilievo che il Direttore della R. Scuola di Atene è professore all’Università di Roma, nella Facoltà di lettere e filosofia, e che della scuola stessa sono alunni, per l’art. 5 del Regolamento 18 gennaio 1914, n. 260, gli alunni della Scuola Italiana di Archeologia annessa alla Facoltà di lettere e filosofia della R. Università di Roma, non può certo far ritenere presente di fatto nelle Commissioni giudicatrici a Roma, il Direttore della R. Scuola di Atene, che è legittimamente sostituito nell’insegnamento e nelle Commissioni a Roma. Ed è ovvio che i certificati di studio rilasciati agli alunni, che frequentano la scuola di Atene, non autorizzano a far considerare il Direttore stesso come Professore ed esaminatore a Roma per la evidente contraddizione dei termini”.
Pregasi V.S. di voler fare le opportune comunicazioni all’interessato.
IL MINISTRO
562.
Kaminia (Limnos), 2 ottobre 1935 – A. XIII.
A S.E. il Prof.
PIETRO DE FRANCISCI
Rettore Magnifico della R. Università
ROMA
ECCELLENZA,
Ritelegrafatomi da Atene il suo telegramma mi giunge qui soltanto oggi e le ho subito risposto con eguale mezzo.
Desidero per altro esporle un po’ più distesamente il mio pensiero. Se la proposta del mio trasferimento alla cattedra di Archeologia classica verrà fatta dal Consiglio Accademico e sarà accolta da S.E. il Ministro sarà questo un onore per me: uniformarmi a tale decisione sarà inoltre un dovere perché potrò portare nell’insegnamento l’esperienza degli anni dedicati alla conoscenza diretta dei monumenti greci.
Ma un analogo sentimento, quello degli obblighi che ho verso l’ufficio affidatomi, mi renderebbe difficile troncare all’improvviso i lavori in corso della Scuola Archeologica, specialmente gli scavi nell’isola di Lemno che io ho iniziati e ai quali mi sono appassionatamente dedicato. Considero un mio impegno la loro sistemazione sul terreno e la raccolta dei dati per la pubblicazione, tanto più che, assumendo la cattedra di archeologia classica, che è di puro insegnamento, sarebbe posto un termine per sempre alla mia attività di esplorazione e di scavo, cioè all’attività principale della mia vita.
Prendendo quindi l’impegno di adempiere per la nuova cattedra a tutti i doveri che ne derivano (lezioni, assistenza agli allievi, esami) desidererei tuttavia che mi si concedesse di conservare la direzione della R. Scuola di Atene per quel tempo necessario a concludere l’opera iniziata. I due uffici non sono inconciliabili in quanto che tutta l’attività della Scuola di Atene si svolge dalla Pasqua al principio di novembre, cioè coincide solo in piccola parte con il periodo di attività universitaria. È opportuno inoltre notare che nella stessa Facoltà di Roma e presso altre Università vi sono professori i quali hanno analoghe missioni ed incarichi all’estero, specialmente di natura archeologica, anche in regioni più lontane della Grecia che per via aerea dista da Roma meno di dieci ore.
Gradisca, Eccellenza, i miei più distinti saluti
Alessandro Della Seta
Verbale del Consiglio della Facoltà di Lettere e Filosofia, Seduta del 3 dicembre 1925
Notes de bas de page
1 Nogara 1931.
2 Conestabile 1872-73, 541 ; cf. Barbanera 1998, 57-59 et Picozzi 2014, 57-58. À propos de l’enseignement de l’archéologie en Italie dans les années après l’unification, cf. Barbanera 2013.
3 Conestabile 1872-73, 542.
4 Conestabile 1872-73, 547-549.
5 Le modèle de référence est essentiellement allemand : Settis 1993, 303-307 ; cf. aussi Torelli 2007, 90-91.
6 Conestabile 1872-73, 551.
7 À propos de Emanuel Löwy, cf. Picozzi 2014, avec bibliographie.
8 Bianchi Bandinelli 1941, 19.
9 Giglioli 1938, 463.
10 Colonna 1994, 11. Créée avec R.D. 28/03/1875, l’École italienne d’Archéologie est agrégée à la Faculté de Philosophie et Lettres avec RD 12/08/1878. Cf. aussi Monsagrati 2000, 413-414 ; Staderini 2000, 471.
11 À propos du magistère de Löwy à l’Université de Rome et l’extraordinaire aversion manifestée à son égard par des collègues de la Faculté (Pigorini, Monaci et Beloch), cf. Monsagrati 2000, 420-421, 424 ; Harari 2012a, 413-414 ; Palombi 2014.
12 Cf. Palombi 2014, 41-45.
13 Barbanera 1998, 74-75.
14 Beschi et al. 2001. À propos de Della Seta, cf. aussi Manacorda 1989 ; Barbanera 1998, 114-116 ; Harari 2012a, 414-415 ; Barbanera 2012a. À propos de ses activités en tant que directeur de l’École archéologique d’Athènes, Beschi 1986, 111-117.
15 À propos de l’influence des enseignements de Löwy sur Della Seta, cf. particulièrement Calandra 2001, 135-139.
16 Della Seta 1909.
17 Della Seta 1918.
18 Harari 2001, 49.
19 Della Seta 1913 ; cf. Barbanera 1998, 115 ; Manacorda 1989.
20 Della Seta 1909, 161.
21 Cf. Briquel 2007 ; Torelli 2007, 93-95.
22 Della Seta 1922, 159-160. Cf. Harari 2001, 53 ; Beschi 2001, 116.
23 Barbanera 2003, 153-155 ; Barbanera 2012a.
24 Levi Della Vida 1966, 233 ; Barbanera 2009, 17, nota 6 ; Barbanera 2012a, 108. Sur les problèmes engendrés par les interférences de plus en plus pressantes du ministère sur les universités : Cerasi 2000, 520-523, 526. Sur les rapports contradictoires entre Cardinali et Gentile à propos des stratégies de gestion de la Faculté : Cerasi 2000, 533-534.
25 Levi Della Vida 1966, 234.
26 Della Seta 1919. En particulier : Beschi 1986, 112-113 ; Beschi 2001 ; Paltineri 2001. Sur l’identité des Tyrrhéniens de Lemnos, cf. Agostiniani 2012.
27 Cf. Beschi 1986, 113 ; Beschi 2001, 117-118.
28 Paltineri 2001, 104.
29 Della Seta 1922, 160.
30 Atti della Scuola, in Annuario della Scuola archeologica italiana di Atene, XIII-XIV, 1930-31, 502.
31 Barbanera 1998, 134 ; Barbanera 2003, 153-155 ; Barbanera 2012a, 112-117.
32 Barbanera 2009, 17.
33 Barbanera 2003, 107 ; Barbanera 2009, 28-29.
34 Cf. en particulier : Barbanera 2000 ; Harari 2012a, 415-416.
35 Giglioli 1919.
36 Cf. Barbanera 1998, 140-142.
37 Staderini 2000, 471.
38 Colonna 1994. Voir aussi le cadre de l’enseignement de l’archéologie à la Faculté des Lettres de la Sapienza tracé récemment par Palombi 2014.
39 Cerasi 2000, 510-511.
40 Spano 1935, 294-295 ; Cerasi 2000, 513.
41 Cerasi 2000, 513.
42 Spano 1935, 210.
43 Cerasi 2000, 524.
44 Maître de conférences en Épigraphie et antiquités romaines et d’Histoire romaine depuis 1931, longtemps doyen de la Faculté des Lettres et pro-recteur de l’Université au moment crucial du transfert de la Sapienza à la Cité Universitaire, après la guerre recteur de l’Université : cf. Colonna 1994, 14.
45 Épigraphie et antiquités grecques (Federico Halbherr), Épigraphie et antiquités romaine (Giuseppe Cardinali), Palethnologie (Giovanni Pinza), Topographie romaine (Alfonso Bartoli), Archéologie (Giuseppe Lugli).
46 Spano 1935, 229.
47 Delpino 2007, 7.
48 Colonna 2007b, 80.
49 Delpino 2007.
50 Colonna 2007a, 74.
51 Delpino 2007, 8.
52 Les fouilles de Pallottino dans le sanctuaire de Véies-Portonaccio sont publiées dans Colonna 2002 ; à propos du rapport entre Pallottino et Véies : Bartoloni 2007.
53 Colonna 1984 ; Baglione 2007.
54 Baglione 2007, 166.
55 Baglione 2007, 171.
56 Sur le “Museo di Gessi” cf. Barbanera 1995 et Picozzi 2014.
57 Baglione 2007, 171, fig. 11.
58 Sapienza Università di Roma, Archivio Storico, Verbale della Facoltà di Lettere, Seduta del 14 dicembre 1925.
59 Sapienza Università di Roma, Archivio Storico, Verbale della Facoltà di Lettere, Seduta del 14 dicembre 1925.
60 Sapienza Università di Roma, Archivio Storico, Fascicolo Della Seta Alessandro, posizione A.S. n. 398.
61 Sapienza Università di Roma, Archivio Storico, Fascicolo Della Seta Alessandro, posizione A.S. n. 398.
62 Sapienza Università di Roma, Archivio Storico, Fascicolo Della Seta Alessandro, posizione A.S. n. 398.
Auteur
Università di Roma, Sapienza ; laura.michetti@uniroma1.it
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