La toile de Pénélope : ruse inutile ou épreuve qualifiante ?
p. 129-136
Texte intégral
Les Textes
1La toile de Pénélope est un des passages les plus célèbres de l’Odyssée et l’aède lui-même appréciait suffisamment la ruse pour mentionner l’épisode trois fois, avec de légères variantes ; d’abord dans le dialogue entre les Prétendants et Télémaque :
93. ἡ δὲ δόλoν τόνδ’ ἄλλoν ἐνὶ φρεσὶ μερμήριξε…
96. Κoῦρoι ἐμoὶ μνηστῆρες, ἐπεὶ θάνε δῖoς Ὀδυσσεύς
μίμνετ’ ἐπειγόμενoι τὸν ἐμὸν γάμoν εἰς ὅ κε φᾶρoς
ἐκτελέσω…
99. Λαέρτῃ ἥρωι ταφήιoν…
104. ἔνθα καὶ ἠματίη μὲν ὑφαίνεσκε μέγαν ἱστόν
νύκτας δ‘ ἀλλύεσκεν ἐπὴν δαίδας παραθεῖτo
ὣς τρίετες μὲν ἔληθε δόλῳ καὶ ἔπειθεν Ἀχαιoύς
ἀλλ’ ὅτε τέτρατoν ἦλθε (Ϝ) ἔτoς καὶ ἑπήλυθoν ὧραι
καὶ τότε δή τις ἔειπε γυναικῶν ἣ σάφα ᾔδη
καὶ τήν γ’ ἀλλύoυσαν ἐφεύρoμεν ἀγλαὸν ἱστόν
“Voici une des ruses qu’elle imagina dans son esprit…
‘ Mes chers jeunes prétendants, certes le divin Ulysse est mort mais veuillez attendre, malgré votre désir de m’épouser, que j’aie terminé ma toile… un linceul pour Laërte…’
Et le jour, elle tissait une grande toile mais la nuit, quand on avait apporté des torches, elle la défaisait. Et ainsi, pendant trois ans sa ruse échappa aux Achéens, elle sut leur inspirer confiance. Mais quand vint la quatrième année et que revint la belle saison, une de ses femmes, qui était au courant, la dénonça et nous la surprîmes en train de défaire la brillante toile”. (Od., 2.93-109)
2Ce récit est repris, avec la même phraséologie, en Od., 19.149-150 (récit de Pénélope elle-même) et 24.139-140 (récit des Prétendants, descendus aux Enfers). Pendant longtemps, on a voulu voir dans cet épisode un corps étranger mal intégré et finalement inutile puisque cette ruse n’a aucune incidence sur le déroulement des événements. Depuis quelques décennies, les recherches ont montré l’importance de la toile, à la fois préalable à un remariage et affirmation d’une aptitude à la ruse1.
3Il peut paraître paradoxal, dans le cadre d’un symposium sur l’invitation au voyage, d’analyser un récit statique, qui respecterait presque les trois unités, de temps : une journée, de lieu : Ithaque, entre la place publique où se réunit l’assemblée et le palais où se déroulent les banquets, et d’action : le thème central est le dilemme de Pénélope, entre sa fidélité à Ulysse et la pression de son entourage qui l’incite à choisir un prétendant.
4Et pourtant, dans cette journée de joute verbale autour du thème de l’hospitalité et de son corollaire, savoir qui prend les décisions à Ithaque, le voyage est omniprésent, d’abord par le thème récurrent des errances et du retour espéré d’Ulysse, ensuite par la décision qu’a prise Télémaque de partir pour Pylos afin de recueillir des informations sur son père. Voyages aussi, mais virtuels, pour Pénélope, qui devra retourner chez son père avant d’épouser l’un des prétendants (Od., 2.130-136) ; et pour ceux des prétendants qu’elle n’aura pas choisis, il leur faudra quitter Ithaque et regagner leur pays.
5Nous voudrions montrer ici que la toile, loin d’être un motif erratique mal intégré et retenu uniquement comme ornement d’une narration qui n’en a pas besoin, est une étape indispensable dans un processus de reconquête de Pénélope par Ulysse, selon un rite de mariage qui a des parallèles ailleurs et singulièrement en Inde.
La lecture des Prétendants
6Dans son adresse aux Prétendants, Pénélope apporte une information importante : elle considère désormais qu’Ulysse est mort (2.141) ; mais une question subsiste, pourquoi tisser un linceul pour Laërte, qui n’a ni pouvoir, ni rôle politique à Ithaque ?
7Tisser un linceul pour Ulysse se comprendrait, comme un dernier hommage à l’époux tant aimé ; mais ce serait admettre définitivement qu’il est mort et surtout le rite resterait inutile, en l’absence du corps.
8Laërte apparaît donc comme le substitut d’Ulysse et Pénélope peut ainsi justifier le tissage. Tout semble indiquer la fin des relations de Pénélope avec Ulysse et sa famille et les Prétendants peuvent envisager un retour prochain de Pénélope chez son père, pour relancer le rituel du mariage.
9Pénélope n’évoque pas le rôle prénuptial du tissage ; ce qui rend moins convaincante l’analyse de J. Scheid et J. Svenbro (1994, 77-79), quand ils expliquent le faire et le défaire de la toile comme un symbole des hésitations de Pénélope devant son mariage avec un des prétendants ; motivation inconsciente peut-être, mais le but premier de Pénélope semble bien de gagner du temps et nous verrons plus loin que la mort d’Ulysse est symbolique ; s’il est l’époux de Pénélope, il ne peut rivaliser avec les Prétendants ; il doit donc perdre son statut de roi et d’époux, par une mort sociale, telle qu’on en connaît dans les rites d’initiation.
10Conséquence du tissage, Pénélope redevient une νύμφη, statut social transitoire entre enfance et mariage ; pour certaines divinités, comme Calypso ou Circé, c’est un état permanent ; elles sont à la fois nubiles et libres.
11Qu’elle soit déesse ou femme, la νύμφη est dangereuse pour son entourage, les amours entre nymphe et mortel sont malheureuses et il a fallu l’intervention des dieux pour qu’Ulysse échappe aux philtres de Circé ou à l’île prison de Calypso2.
12Quand il s’agit d’une femme, la νύμφη fait naître la rivalité et répand souvent la mort parmi ses prétendants. L’oubykh, langue caucasique du nord-ouest, l’a bien compris : pxadək°’ “jeune fille” s’analyse en/fille, élément féminin de la famille (px´a) + causatif (d) + tuer (k°’)/, soit “la fille qui fait tuer”, c’est-à-dire “celle pour qui on tue (ses rivaux)”. D’une certaine manière, un jeune homme a le droit de tuer ses rivaux pour pouvoir épouser une νύμφη.
13Redevenir une νύμφη grâce au tissage est donc une étape nécessaire ; Pénélope annule en quelque sorte vingt ans de mariage et ouvre la compétition qui permettra à Ulysse de la (re)gagner après avoir éliminé ses rivaux.
Le retour de la ruse à Ithaque
14Si on va au-delà d’une lecture superficielle et volontairement trompeuse, le discours de Pénélope annonce une nouvelle phase qui va certes trouver son aboutissement dans un mariage, mais pas celui dont rêvaient les Prétendants. Ils sont les premiers à employer δόλoς “ruse” (2.93) ou κέρδεα εἰδέναι, dans le discours d’Antinoos à Télémaque (2.88) :
… ἀλλὰ φίλη μήτηρ ἥ τoι περὶ κέρδεα oἶδεν.
“(Ce ne sont pas les Prétendants qui sont responsables de tes difficultés) mais ta mère qui connaît les ruses mieux que tout le monde”. (Od., 2.88)
15Mais, pour leur malheur, ils ne saisissent pas l’importance de ces mots, annonciateurs du retour de la ruse à Ithaque. Plus exactement, après avoir découvert la toile détissée la nuit, ils pensent avoir remporté une victoire décisive en annulant la ruse de Pénélope.
16La lecture de Pénélope, et de l’auditeur qui sait qu’Ulysse est revenu, est bien différente ; tous les mots, tous les actes semblent avoir une double signification.
La ruse de Pénélope
17On a reproché à Pénélope la vanité de ses ruses ; M.-M. Mactoux (1975, 25)3 écrit :
“Alors que les ruses d’Ulysse sont toujours efficaces, celles de Pénélope ne le sont jamais. La ruse de la toile ne sert à rien ; le stratagème découvert, les prétendants continuent à courtiser la reine en acceptant qu’elle diffère son remariage”.
18Pour justifier un tel décalage entre capacité et réalisation, elle suppose une forme ancienne de la légende :
“Ce caractère rusé n’aurait-il pas été imposé par la tradition et ne se serait-il pas manifesté plus efficacement dans une autre forme de la légende ?4”
19Il est toujours dangereux d’imaginer qu’un texte cohérent a perdu sa cohérence primitive lors de sa transmission aux générations suivantes. Évaluer l’efficacité d’une ruse doit tenir compte du but que s’est fixé son auteur. Pénélope ne peut se débarrasser des Prétendants ; seul Ulysse en serait capable ; elle peut seulement espérer gagner du temps ; de même, les Prétendants ne peuvent forcer le destin ; une initiative individuelle pour forcer Pénélope à choisir un des Prétendants se heurterait à l’hostilité des autres.
20Pénélope se montre ainsi, par anticipation, la digne épouse d’Ulysse. Même si l’aède n’emploie pas μύθoυς… ὑφαίνειν “tisser des paroles”, qui semble relever de l’art rhétorique plus que de la ruse “ourdie”5, Pénélope sait elle aussi tisser des mensonges.
21Pour évaluer les capacités de Pénélope, il faudrait pouvoir répondre à une question : quand Pénélope a-t-elle reconnu le mendiant ? sa première apparition a-t-elle fait naître le doute dans son esprit ?
22Un exemple cristallise l’ambiguïté (voulue ?) du texte : en Od., 23.86, l’expression φίλoν πόσιν est susceptible de deux interprétations : πόσιν “époux” est une information donnée par l’aède, qui connaît ce que Pénélope ignore encore ; mais Pénélope pourrait le prononcer en son for intérieur, si elle sait déjà ce qu’elle refuse d’admettre ouvertement. M. Katz (1991) et M. Steinrück (2003) donnent des réponses opposées.
23De la réponse à cette question dépend la lecture qu’on fait de la reconnaissance des deux époux ; le test du lit a-t-il été décisif pour Pénélope ou bien s’agissait-il d’une incertitude jouée ?
24Quand Pénélope organise, sur les conseils d’Athéna, un concours pour départager les prétendants, on ne peut échapper à une question : tout en respectant la part d’initiative qui revient à Athéna, organiser un tel concours a-t-il un sens si Pénélope ne soupçonne pas le mendiant d’être Ulysse ?
25Bien sûr Pénélope peut simplement espérer, en organisant l’épreuve de l’arc, que les Prétendants échoueront et prouveront ainsi qu’aucun d’entre eux n’est l’égal d’Ulysse ; c’est bien le sentiment d’Antinoos avant l’épreuve (Od., 21.91-95). Il s’agirait alors d’une manœuvre dilatoire comme le tissage de la toile, mais le temps du concours n’est pas malléable, contrairement à celui du tissage ; ce serait donc une ruse bien médiocre s’il s’agit simplement de gagner du temps.
L’arc et le mariage
26Le scénario agonistique du mariage est connu ailleurs dans le monde grec : des courses ont été organisées pour faire une sélection parmi les prétendants ; ce fut le cas pour Icarios quand il voulut marier sa fille Pénélope et pour Danaos qui avait plusieurs filles à marier6.
27À Ithaque, le choix se porte sur une épreuve de tir à l’arc, qui fournit un étalon de force selon lequel les Prétendants pourront mesurer leurs qualités.
28En Grèce, l’arc est l’arme des dieux Apollon et Artémis ; c’est aussi une arme de chasseurs, peu noble pour un guerrier qui respecte le code héroïque ; un traître comme Pandare se sert d’un arc que lui a offert Apollon (Il., 2.827) pour perturber le duel entre Ménélas et Pâris (Il., 4.93-147).
29On rappellera que la prise de Troie a été possible quand la ruse est venue au secours de la force ; amorcée par la Dolonie, poursuivie par l’enlèvement du Palladium, la ruse triomphe avec le cheval de bois ; à chaque fois c’est Ulysse qui joue le rôle principal, alors qu’il n’est pas un des grands héros.
30Dans cette fin de guerre, l’arc joue un rôle important, qu’il s’agisse de celui de Philoctète, indispensable pour prendre Troie, ou de celui de Pâris, responsable de la mort d’Achille.
31L’arc d’Ithaque est un cadeau fait à Ulysse, jadis en Messénie, par Iphitos fils d’Eurytos (Od., 21.31-41) ; ce n’est pas une arme de guerre puisqu’Ulysse l’a laissé à Ithaque.
32L’épreuve de l’arc est complémentaire du tissage. Un double processus se met en marche, d’abord le parcours normal qui conduit au mariage, tissage pour la femme, épreuve physique pour l’homme. Ensuite, un parcours personnel, une sorte de concours de ruses entre le héros polymètis, polytropos et son épouse qui ne lui est pas inférieure dans ce domaine ; la reconnaissance finale couronnera ces parcours convergents.
L’arc d’Ulysse et le svayaṃvara indien
33En Inde, les héros Rāma (R. 1, 67) et Arjuna (MBh 1, 179) conquièrent leurs épouses Sītā et Draupadī (Allen 2002) dans un svayaṃvara “libre choix”, qui prend la forme d’un concours d’adresse au tir à l’arc, selon un rituel vraisemblablement hérité du monde indo-iranien7.
34Apollon, dont les flèches véhiculent les épidémies (Il., 1.43-52), a un parallèle indien dans le dieu archer, Rudra (véd.) / Śiva (class.) :
“L’archer à la houppe noire,/ à mille yeux, qui conquiert le butin,/ Rudra qui décime les populations,/ puissions-nous ne pas nous heurter à lui.
Tu portes un arc jaune, un arc d’or,/ qui frappe mille, qui tue cent, ô Dieu à la houppe./ Elle erre la flèche de Rudra, arme des Dieux :/ hommage à elle en toute région y compris celle où nous sommes”. (AV, 11, 2, 7 et 12)
35Dans le svayaṃvara, comme dans les concours grecs, les deux personnages centraux sont un roi, organisateur du concours et dispensateur de richesse, et sa fille, prix du concours.
36Mais dans l’Odyssée, la situation est brouillée : Pénélope a un mari, absent depuis vingt ans ; le père de Pénélope est loin et a donné sa fille à Ulysse vingt ans auparavant, au terme d’un concours régulier. Le père d’Ulysse, Laërte, est vivant mais n’est pas roi et, semble-t-il, ne l’a jamais été. Enfin, Pénélope a un fils, Télémaque, trop jeune pour s’affirmer face aux prétendants et surtout pour influencer sa mère.
37Le monde d’Ithaque est déstructuré, l’absence d’Ulysse fait que le centre, responsable de la cohésion de l’ensemble, est vide, sans que la place soit libre aussi longtemps que le sort d’Ulysse reste incertain. Ni Laërte, retiré dans son jardin, ni Télémaque ne peuvent occuper la fonction royale.
38Une réécriture du svayaṃvara était donc nécessaire, où Pénélope joue à la fois son propre rôle d’épousée (tissage) mais aussi celui du roi organisateur du concours (apport de l’arc).
39Les Prétendants conservent certes le rôle qu’ils avaient dans le scénario primitif8 mais ils sont perturbés par la double fonction de Pénélope. Paradoxalement, c’est à Télémaque, dont ils souhaitent la mort, qu’ils s’adressent pour l’inciter à renvoyer sa mère chez son père ; l’ordre serait rétabli, avec un roi organisateur et une jeune fille enjeu du concours.
Un mythe dégradé en conte – dimension cosmique
40En Grèce, le thème de la toile de Pénélope pourrait fournir un exemple de réinsertion d’un mythe oublié. Le mythe cosmique du jour et de la nuit tendus alternativement sur des poteaux appartient à la couche la plus ancienne des mythes indo-européens (Christol 2008, 213-278) : le ciel diurne a été conçu comme un voile lumineux tiré (tendu) le matin par le soleil, de la même façon que les ténèbres sont conçues comme un voile sombre qu’on tire (tend) le soir et que le soleil replie le matin.
41En Inde, où tan- “tendre” a pris le sens technique de “tendre les fils (pour tisser)”, ce mythe a été réinterprété comme un tissage cosmique. Les poteaux de la hutte cosmique deviennent alors les poteaux du métier à tisser (Christol 2008, 241).
42La question se pose de l’origine d’un tel thème en Grèce, car le passage de “tendre” à “tisser” est indien (skt. tan- <i.-e. *ten) et motive le tissage cosmique. En Grèce, on n’a rien de comparable dans l’histoire du lexique et ὑφαίνω “tisser” reste indépendant de τείνω “tendre”. On ne peut donc exclure que le tissage cosmique soit un emprunt, direct ou indirect, au monde indo-iranien.
43Dans son nouveau cadre, l’acte de Pénélope prend une des fonctions du tissage dans la société contemporaine, l’ouvrage qu’une jeune fille doit accomplir avant le mariage. Tant que le métier est dressé, le mariage est impossible. L’ancien mythe cosmologique est intégré dans un réseau idéologique nouveau, celui du monde grec héroïque.
44Une dernière question : pourquoi un tel schéma narratif, issu d’un mythe cosmique, est-il venu s’intégrer à l’histoire de Pénélope ? On a relevé9 une double attraction lexicale, à la fois de l’oiseau πηνέλoπ- “tadorne”, symbole du couple fidèle, et de l’outil πήνιoν “navette” qui évoquait le tissage. On aurait là un exemple des relations que les locuteurs aiment établir entre les anthroponymes et le comportement des personnes qu’ils désignent. Pénélope est encore aujourd’hui l’archétype de la fidélité conjugale et celle qui tisse et détisse une toile sans fin.
Conclusion
45Cette brève étude avait un double but, montrer comment un mythe ancien est recyclé dans un cadre idéologique nouveau et comment, dans le récit des retrouvailles d’Ulysse et de Pénélope, le tissage permet leur (re)mariage.
46En tissant un linceul pour Laërte, Pénélope dit adieu à la famille d’Ulysse mais, contrairement à ce qu’espéraient les Prétendants, c’est pour y revenir par un nouveau mariage. Ce linceul est en fait celui de sa vie conjugale antérieure ; Laërte occupe ici la place du père que la jeune fille quitte pour entrer dans une nouvelle famille, celle de son mari ; une nouvelle fois l’aède a dû concilier le schéma traditionnel : père-roi, princesse et prétendants, avec la situation propre à Ithaque : absence de roi et de père, épouse-reine sans époux et courtisée par des prétendants. Les personnages doivent jouer plusieurs rôles qu’on peut juger incompatibles, et plus particulièrement Pénélope, épouse fidèle à un mari absent, mère, reine et jeune fille à marier.
47Le tissage est une étape nécessaire puisqu’il permet à Pénélope de redevenir une jeune fille avant le concours de sélection.
48La ruse déjouée, et apparemment inefficace, devient qualifiante et ce par la faute des Prétendants, qui obligent Pénélope à achever la toile ; on retrouve là un trait des héros tragiques ; en voulant forcer le destin, ils ne font qu’accélérer leur perte.
Bibliographie
Des DOI sont automatiquement ajoutés aux références bibliographiques par Bilbo, l’outil d’annotation bibliographique d’OpenEdition. Ces références bibliographiques peuvent être téléchargées dans les formats APA, Chicago et MLA.
Format
- APA
- Chicago
- MLA
Bibliographie
Allen, N. (2002) : “Pénélope et Draupadī : la validité de la comparaison”, in : Hurst & Letoublon 2002, 305-312.
— (2008) : “L’Odyssée comme amalgame : Ulysse en Ithaque et comparaisons sanskrites”, Gaia, 12, 79-102.
Assaël, J. (2002) : “Tisser un chant, d’Homère à Euripide”, Gaia, 6, 145-168.
10.2143/JA.293.2.2011776 :Bader, F. (2005) : “Songes jumeaux de l’avestique et clé des songes aux portes jumelles de l’Odyssée”, JA, 293, 393-457.
Bakkert, E. et A. Kahane, éd. (1997) : Written voices, spoken signs, Cambridge (ma).
Brulé, P. (2001) : Les femmes grecques à l’époque classique, Paris.
Christol, A. (2008) : Des mots et des mythes, Rouen.
Dumézil, G. (1979) : Mariages indo-européens, Paris.
10.4159/9780674020467 :Foley, J. M. (1997) : “Traditional signs and Homeric art”, in : Bakkert & Kahane 1997, 56-82.
Frontisi-Ducroux, F. (2009) : Ouvrages de dames. Ariane, Hélène, Pénélope..., Paris.
Germain, G. (1954) : Genèse de l’Odyssée, Paris.
10.3998/mpub.93231 :Heitman, R. (2005) : Taking Her Seriously : Penelope and the Plot of Homer’s Odyssey, Ann Arbor.
Hurst, A. et F. Letoublon, éd. (2002) : La mythologie et l’Odyssée – Hommage à Gabriel Germain, Genève.
Katz, M. A. (1991) : Penelope’s renown, Princeton.
Mactoux, M.-M. (1975) : Pénélope : légende et mythe, Paris.
Nagy, G. (1994) : Le meilleur des Achéens, Paris [Trad. fr., par J. Carlier et N. Loraux, de Nagy, Gregory, 1979, The best of Achaeans : concepts of the hero in Archaic Greek poetry. Baltimore-Londres].
Papadopoulo-Belmehdi, I. (1994) : Le chant de Pénélope, Paris.
10.4000/books.septentrion.66218 :Pucci, P. (1995) : Ulysse polutropos, Lille.
Sauzeau, P. (2002) : “À propos de l’arc d’Ulysse : des steppes à Ithaque”, in : Hurst & Letoublon 2002, 287-304.
Scheid, J. et J. Svenbro (1994) : Le métier de Zeus, Paris.
10.3406/gaia.2003.1423 :Steinrück, M. (2003) : “Pénélope descend l’escalier”, Gaia, 7, 283-293.
Notes de bas de page
1 Papadopoulo-Belmehdi 1994, 27-48.
2 Sur les relations étroites d’Ulysse avec les nymphes, voir Papadopoulo-Belmehdi 1994, 95-110 ; Christol 2008, 409.
3 Dans un chapitre intitulé Une sagesse stérile.
4 Od., 24.146-149.
5 Hélène l’emploie, quand elle décrit la réception des Grecs à Troie : μύθoυς… ὔφαινoν (Il., 3.212) ; mais l’expression reste rare chez Homère. Voir Scheid & Svenbro 1994, 121.
6 Pausanias, 3.12.1-2 ; Scheid & Svenbro 1994, 74-78.
7 Dumézil 1979, 31-45, énumère les divers modes de mariage selon la typologie indienne. Le svayaṃvara est réservé à la classe des guerriers (seconde fonction).
8 Pour les multiples similitudes entre l’épisode homérique et le mariage d’Arjuna avec Draupadi, voir Allen 2008, qui fait le bilan des recherches initiées par G. Germain.
9 Voir Bader 2005, 404-411.
Auteur
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Tradition et innovation dans l’épopée latine, de l’Antiquité au Moyen Âge
Aline Estèves et Jean Meyers (dir.)
2014
Afti inè i Kriti ! Identités, altérités et figures crétoises
Patrick Louvier, Philippe Monbrun et Antoine Pierrot (dir.)
2015
Pour une histoire de l’archéologie xviiie siècle - 1945
Hommage de ses collègues et amis à Ève Gran-Aymerich
Annick Fenet et Natacha Lubtchansky (dir.)
2015