Les prières des voyageurs dans le monde romain
p. 57-67
Texte intégral
1Les prières des voyageurs ne constituent qu’une petite partie du corpus des prières latines, lui-même bien limité1. Les occasions de s’adresser aux dieux par la prière étaient nombreuses pour les Romains en voyage, compte tenu des conditions dans lesquelles s’effectuaient ces déplacements ; les voyages maritimes, en particulier, comportaient bien sûr plus de dangers encore que les voyages terrestres2.
2Les prières des voyageurs, si l’on exclut les magistrats ou les généraux qui se déplacent officiellement, relèvent du culte privé et de la piété personnelle. Certains dieux sont plus particulièrement liés aux voyages : Neptune, Mercure, Hercule, les Lares, Fortuna redux, Hécate Trivia. On dispose, à défaut de textes rituels, d’un certain nombre de témoignages littéraires sur les prières des voyageurs ; en particulier, les personnages des comédies sont amenés à invoquer les dieux pour leurs voyages et le théâtre de Plaute va fournir un certain nombre d’éléments, souvent parodiques.
3La prière relève aussi du carmen et des genres littéraires, et il existe dans la poésie augustéenne un genre poétique qui consiste à prier les dieux en faveur d’un ami qui entreprend un voyage lointain par voie de mer, un voyage qui peut éventuellement s’avérer périlleux : ce genre est le propempticon. Ces deux élaborations littéraires de la prière vont nous permettre de préciser ce qu’étaient les prières liées aux voyages dans le monde romain.
Dans les rituels du départ et du retour
4Dans le cadre du voyage, le départ et le retour ont une importance particulière et sont liés à la notion de territoire et de franchissement d’une limite. Le franchissement d’un passage, d’une frontière, d’une limite, d’un obstacle naturel est nécessairement entouré de précautions religieuses. Tout déplacement, tout voyage implique une rupture qui par définition expose à des risques ; cela est vrai d’un prêtre comme le flamine de Jupiter qui ne peut s’absenter de Rome que sous certaines conditions3, cela est vrai également du simple citoyen en tant que priuatus. Portes, passages, frontières, limites sont systématiquement pris en compte.
5Le voyageur franchit tout d’abord le seuil de la demeure. Sont concernés, au moment du départ et de l’arrivée, les Lares et les Pénates en tant que divinités étendant leur protection sur la demeure et son territoire4. Le traité de Caton nous a conservé un précieux témoignage concernant le pater familias : lorsqu’il arrive dans sa villa, le pater familias adresse un salut au Lar familiaris. Si l’on sort du cadre de la domus, le ritus Romanus connaît des divinités qui veillent sur les étendues marines, les Lares permarini, dont l’importance est attestée par la présence d’un temple au Champ de Mars : il s’agit du temple D du Largo Argentina5.
6Au moment de partir en voyage, les personnages de Plaute adressent une prière au Lar familiaris : cette prière revêt la forme d’une salutatio6 ; ils lui annoncent qu’ils vont s’installer dans une autre demeure7 et invoquent par la même occasion les Lares des carrefours, en tant que Lares viales, qu’ils vont croiser en chemin8. Des sacrifices sont offerts au Lar familiaris lorsqu’un membre de la famille que l’on croyait disparu retrouve, presque miraculeusement, le foyer domestique9. Toute installation dans une nouvelle demeure est accompagnée d’une prière aux Lares10, comme on le voit, en particulier, dans le cortège nuptial : la jeune épousée dépose, en plus de celui qu’elle remet à son époux, un as sur l’autel des Lares familiares à l’aide de son pied, et un autre, placé dans une bourse, sur l’autel des Lares compitales de quartier11. Les funera étaient conçus comme le départ pour la dernière demeure dans l’outre-tombe : les funérailles comportent un sacrifice, piaculum, au Lar familiaris12.
7L’analogie entre le départ du simple priuatus et celui du chef d’armée qui rejoint ses légions n’a pas manqué d’être relevée13 : un départ non conforme au rite entraîne un piaculum générateur de défaite, comme ce fut le cas pour Flaminius en 217 avant le désastre de Trasimène14. Ainsi, les supplications propitiatoires mettent en jeu d’une certaine manière le thème du voyage. Attestée pour la première fois à l’occasion de la déclaration de guerre contre Carthage en 21815, le rituel fut renouvelé en 200, lors de la déclaration de la deuxième guerre de Macédoine contre Philippe V16, et en 194 lors de l’entrée en guerre contre Antiochus de Syrie17.
8Les prières pour la victoire et le succès d’une entreprise ont leur spécificité mais on voit que le départ et le retour sont deux notions qui se dégagent et se rapprochent de l’idée d’un voyage. On en trouve une expression achevée dans la prière que Tite-Live attribue à Scipion, le futur Africain, lorsqu’il s’embarque avec ses troupes et quitte le sol italien pour aller affronter Hannibal sur son propre territoire, de l’autre côté de la Méditerranée. Scipion s’adresse aux dieux qui habitent les terres et les mers pour qu’ils assurent le succès d’une expédition périlleuse et même contestée. Dans l’invocation à caractère général qui ouvre cette prière18, les espaces maritimes, terrestres et fluviaux sont clairement définis et énoncés et Scipion demande aux dieux d’accorder aux Romains un retour victorieux ; le retour et la victoire sont étroitement liés. La prière accompagne un sacrifice où les entrailles de la victime sont jetées à la mer.
Diui diuaeque, qui maria terrasque colitis, uos precor quaesoque uti quae in meo imperio gesta sunt geruntur postque gerentur, ea mihi populo plebique Romanae, sociis nominique Latino, qui populi Romani quique meam sectam imperium auspiciumque terra mari amnibusque secuntur, bene uerruncent, eaque uos omnia bene iuuetis, bonis auctibus auxitis ; saluos incolumesque uictis perduellibus uictores, spoliis decoratos, praeda onustos triumphantesque mecum domum reduces sistatis ; inimicorum hostiumque ulciscendorum copiam faxitis ; quaeque populus Carthaginiensis in ciuitatem nostram facere molitus est, ea ut mihi populoque Romano in ciuitatem Carthaginiensem exempla edendi facultatem detis. Secundum has preces, cruda exta caesae uictimae, uti mos est, in mare proiecit tubaque signum dedit proficiscendi.
“‘Dieux et déesses, qui habitez les mers et les terres, je vous prie et demande que ce qui, sous mon commandement, s’est fait, se fait et se fera, pour moi, pour le peuple et la plèbe de Rome, pour les alliés et les Latins, pour ceux qui suivent le parti du peuple romain et le mien, mes ordres et mes auspices, sur terre et sur mer, ainsi que sur les fleuves, que cela tourne bien ; tout cela, puissiez-vous le favoriser, le faire prospérer par un développement prospère, puissiez-vous dans nos maisons ramener mes soldats et moi-même sains et saufs, ayant vaincu les ennemis, en vainqueurs, ornés de leurs dépouilles, chargés de butin et triomphants ; rendez-nous possible la vengeance contre ceux qui nous veulent du mal et qui nous font la guerre, et tout le mal que le peuple de Carthage s’est efforcé de faire à notre État, donnez-nous, au peuple Romain et à moi, le pouvoir de le faire, de façon exemplaire, à l’État carthaginois’. Après cette prière, il jeta à la mer, selon l’usage, les entrailles crues de la victime que l’on avait sacrifiée, et fit donner par la trompette le signal du départ”. (Liv. 29.37.1)
9À rapprocher de la supplication propitiatoire sont les vœux prononcés pro reditu. La Fortuna, comme maîtresse de l’étendue liquide19, est spécialisée en redux20 pour rendre propice et favoriser les voyages individuels ; le culte impérial l’affecte en particulier au voyage des princes. Horace invoque Fortuna en faveur d’Auguste, lorsque celui-ci prépare une expédition en Bretagne21, pour la protection et le retour du chef. Le culte rendu à la Fortuna redux fut officialisé par Auguste qui lui dédia un autel à la Porte Capène, en 19 a. C., à son retour d’Orient22. Dans les Actes des Arvales23, on trouve des vœux formulés au début de chaque année pour le salut de l’Empereur, qui mentionnent son retour victorieux : uota pro salute et reditu et uictoria imperatoris.
10Ainsi, une vivante illustration de ce thème se trouve dans les vœux prononcés en 101 et 105 à l’occasion des guerres menées par Trajan24 ; ces vœux mettent en valeur les trois adjectifs, incolumis, redux et uictor :
Ex is locis prouincisque, quas terra marique adierit, bene adque feliciter incolumem reducem uictoremque facias earumque rerum ei, quas nunc agit acturusque est, bonum euentum des, adque in eo statu quo nunc est aut eo meliori eum conserues eumque reducem incolumem uictoremque primo quoque tempore in urbem Romam sistas.
“Des lieux et provinces où il se rendra sur terre et sur mer, fais-le revenir sain et sauf, vainqueur, dans des conditions bonnes et heureuses, et accorde-lui une issue heureuse pour ce qu’il entreprend et entreprendra, maintiens-le dans son état actuel, ou dans un état meilleur que l’état actuel, et fais-le revenir sain et sauf, vainqueur, à Rome, le plus tôt possible”. (CIL, VI, 2074 et 2075 [= Appel 39])
11Le rythme ternaire qui définit un uotum, qui est aussi une prière, repose sur l’association de ces trois adjectifs où la uictoria est toujours citée en dernier lieu. Au terme de cette véritable prière, se trouve exprimé le uotum proprement dit, par lequel l’auteur du vœu s’engage à sacrifier un bœuf aux cornes dorées (ast tu ea ita facsis, tum tibi nomine collegi fratrum Arualium boue aurato uouimus esse futurum).
12Dans les vœux adressés à Junon, Minerve, Jupiter Vainqueur, Salus, Mars Vainqueur, Victoria, Fortuna redux, Vesta, Neptune et Hercule, la demande est résumée dans une formule où les trois adjectifs sont repris par trois substantifs qui résument le contenu de la prière : Quae in uerba Ioui Optimo Maximo pro salute et reditu et uictoria imperatoris… uouimus esse futurum, quod hodie uouimus, ast tu ea ita…
Dans la comédie
13Ce sont surtout Neptune et les dieux de la mer qui sont invoqués par les Romains dans des prières dont nous avons des témoignages littéraires à travers deux genres différents : les prières parodiques des comédies latines, plautiniennes en particulier, et le propempticon, un genre illustré plus particulièrement par la poésie augustéenne.
14En ce qui concerne le retour du voyageur, le thème du navigateur qui regagne sain et sauf le port et qui témoigne sa reconnaissance aux dieux, en particulier à Neptune, est un thème traditionnel que l’on rencontre bien en situation dans de nombreuses intrigues de comédies, où l’on trouve des prières qui relèvent de la parodie mais n’en sont pas moins le reflet d’une certaine réalité religieuse. Le corpus plautinien offre trois exemples de prières parodiques, dans le Trinummus, le Rudens, la Mostellaria25.
15Dans la comédie des Trois écus, imitée du Trésor de Philémon, comme le précise l’auteur dès son Prologue, Charmidès est parti en voyage pour tenter de restaurer la fortune familiale et a laissé à Athènes son fils Lesbonicus qui a dilapidé tout ce qui restait des biens de famille. Au début de ce qui correspond au ive acte, Charmidès revient de son long voyage et remercie Neptune de lui avoir permis de regagner sain et sauf sa patrie. Cette prière de remerciements constitue la plus longue prière gratulatoire du répertoire comique. Cette prière se développe à travers une vingtaine de vers harmonieusement répartis en plusieurs ensembles.
16Tout d’abord, une invocation s’adresse à l’ensemble des éléments marins qui constituent l’empire de Neptune :
Salsipotenti et multipotenti Iouis fratri Nereique Neptuno
laetus lubens laudes ago et grates gratiasque habeo, et fluctibus salsis
quos penes mei potestas, bonis meis quid foret, et meae uitae
quom suis med ex locis in patriam + urbis cumam+ reducem faciunt.
“Puissant maître de l’élément salé, tout puissant frère de Jupiter et de Nérée, Neptune, je te rends grâces d’un cœur joyeux, je t’exprime louanges et reconnaissance, à toi et aux flots salés : alors qu’ils avaient tout pouvoir sur moi, mes biens et ma vie, vous m’avez permis de quitter votre domaine pour revenir dans ma patrie sain et sauf”. (Pl., Trin., 820-823)
17Puis, les remerciements s’adressent plus précisément à Neptune lui-même, en tant que dieu qui épargne les humbles et ne se montre sévère qu’envers les riches et les puissants :
Atque ego, Neptune, tibi ante alios deos gratias ago atque habeo summas.
Nam te omnes saeumque seuerumque atque auidis moribus commemorant
spurcificum, immanem, intolerandum, uesanum, contra opera expertus :
nam pol placido te et clementi, meo usque modo, ut uolui, usus sum in alto.
Atque hanc tuam gloriam iam ante auribus acceperam, nobilest apud homines,
pauperibus te parcere solitum, diuites damnare atque domare.
Abi, laudo. Scis ordine, ut aequumest tractare homines ; hoc dis dignumst.
Semper mendicis modesti sint…
“Mais c’est à toi, Neptune, avant tous les autres dieux, que j’adresse mes remerciements et ma profonde gratitude. Oui, tout le monde prétend que tu es cruel, sévère, d’un naturel cupide, que tu souilles les choses, que tu es inhumain, insupportable, furieux, mais je t’ai trouvé tout à fait opposé, car, par Pollux, j’ai trouvé en toi quelqu’un de paisible et de clément, conforme à mes souhaits, sans cesse, en haute mer. D’ailleurs, cette gloire qui est la tienne, était déjà parvenue auparavant à mes oreilles, et il est bien connu parmi les hommes que tu épargnes les humbles et que tu sévis contre les riches et les soumets. C’est bien, je t’en félicite, tu sais traiter les hommes comme il convient, selon leur rang. Voilà qui est digne des dieux, qui doivent toujours se montrer indulgents pour les malheureux…” (Pl., Trin., 824-831)
18Ensuite, Charmidès remercie Neptune de lui avoir été fidèle et d’avoir exercé sagement son autorité sur les forces placées sous ses ordres et poursuit par une plaisante description de tempête :
Fidus fuisti, infidum esse iterant, nam absque foret te, sat scio, in alto
distraxissent disque tulissent satellites tui me miserum foede
bonaque omnia item una mecum passim caeruleos per campos.
Ita iam, quasi canes, haud secus, circumstabant nauem turbines, uenti,
Imbres fluctusque atque procellae infensae frangere malum
Ruere antennas, scindere uela, ni tua pax propitia foret praesto.
“Tu as été digne de confiance, et l’on répète partout que tu es perfide, car, si ce n’avait pas été toi, je le sais bien, tes sous-ordres m’auraient mis en pièces, en haute mer, et auraient de façon horrible emporté le malheureux que j’étais dans la tempête, dispersant tous ses biens et lui avec, sur la plaine azurée. Déjà, tout comme des chiens, les tourbillons de vent entouraient mon navire ; les rafales de pluie, les vagues et les bourrasques s’acharnaient à briser le mât, à jeter bas les antennes, à déchirer les voiles, si ta bonté propice n’était venue à mon secours”. (Pl., Trin., 832-837)
19Enfin, la prière s’achève par le serment excessif par lequel l’orant s’engage à ne plus naviguer :
Apage me, sis, deinde hinc certum’st otio me dare ; satis partum habeo.
Quibus aerumnis deluctaui, filio dum diuitias quaero !
“Reste désormais loin de moi, si tu le veux bien ; dorénavant, je suis décidé à me consacrer au repos. J’ai acquis assez de bien. Que de peines j’ai endurées, en cherchant à enrichir mon fils”26 ! (Pl., Trin., 838-839)
20On relèvera dans cette prière parodique surtout les épiclèses de l’invocation, où Plaute donne libre cours à la fantaisie verbale, en créant les adjectifs salsipotens et, peut-être, si l’on corrige la forme classique multipotens, mulsipotens27 : les épithètes s’appliquent alors au double pouvoir de Neptune, sur les eaux marines salées (salsipotens) et sur les eaux douces (mulsipotens). On notera encore, dans cette prière, l’association des termes grates et laudes28 : on trouve dans l’expression laudes gratesque agere un écho de la gratulatio solennelle de la supplication d’actions de grâces29. L’expression est en tout cas remarquable par son caractère allitératif et redondant.
21Dans la comédie du Rudens, la mer est omniprésente, sur la côte de Cyrène ; la scène se déroule face à la mer, où un pêcheur, Gripus, remercie Neptune de lui avoir accordé un butin (la cassette où se trouvent les bijoux de la fille de son maître) : comme le général vainqueur, il rentre chargé d’un butin magnifique, après avoir affronté les plus grands dangers :
Neptuno has ago gratias meo patrono
qui salsis locis incolit pisculentis
cum me ex suis locis pulchre ornatum expediuit
templis reducem, plurima praeda onustum
salute horiae, quae in mari fluctuoso
piscatu nouo me uberi compotiuit.
“Je rends grâces à Neptune, mon protecteur, qui habite les profondeurs salées peuplées de poissons, de m’avoir laissé quitter son domaine avec un beau butin, sain et sauf, chargé d’une bonne prise, dans ma barque, qui, sur les vagues de la mer, m’a permis de faire une belle pêche, d’un genre nouveau”. (Pl., Rud., 906-911)
22Dans la même comédie, l’épithète lepidus appliquée à Neptune, alors qu’elle convient traditionnellement à Vénus, est également parodique : après cette invocation, l’esclave Trachalion félicite Neptune d’être un excellent joueur de dés et d’avoir joliment lancé son coup en faisant périr un parjure :
O Neptune lepide, salue !
Nec te aleator nullus est sapientior : profecto
nimis lepide iecisti bolum : periurum perdidisti.
“Ô gentil Neptune, je te salue ! Personne n’est plus habile que toi aux dés ; vraiment, tu as gentiment lancé ton coup : tu as fait périr un parjure”. (Pl., Rud., 358-360)
23Les mêmes éléments de majesté cocasse se retrouvent dans la Comédie du fantôme ou Mostellaria, où le vieux Théopropidès regagne le Pirée après une longue absence de trois années et se trouve repoussé de sa maison où son fils mène une vie de débauche par l’esclave Tranion qui invente une sombre histoire de fantôme. Théopropidès rend grâces à Neptune, dans une prière qui est un démarcage d’un thème tragique et qui prend le ton d’une imprécation parodique :
Habeo, Neptune, magnam gratiam tibi
quom mes amisisti a te uix uiuom domum.
Verum si posthac me pedem latum modo
scies imposuisse in undam, hau causast ilico
quod nunc uoluisti facere quin facias mihi.
Apage, apage te a me : nunciam post hunc diem
quod crediturus fui, omne credidi.
“Je te dois, Neptune, une grande reconnaissance, de m’avoir laissé enfin regagner vivant ma patrie, mais si dorénavant tu apprends que j’ai posé, ne fût-ce que la largeur d’un pied sur tes ondes, je ne m’oppose pas à ce que tu me fasses ce que tu as voulu me faire maintenant. Reste, reste loin de moi, désormais, toute la confiance que je devais t’accorder, je te l’ai accordée, c’est fini”30. (Pl., Most., 431-437)
24Neptune n’était pas le seul dieu invoqué par les mercatores. Les marchands sacrifiaient à Hercule propter uiam, quod est proficiscendi gratia31 :
propter uiam fit sacrificium, quod est proficiscendi gratia, Herculi aut Sanco, qui scilicet idem est deus.
“Pour le voyage, on célèbre un sacrifice, en vue du départ, en l’honneur d’Hercule et de Sancus, qui est le même dieu”. (Fest. 254, 12-14 L)
25Le culte de Mercure occupe aussi une place importante dans les préoccupations des mercatores. Ovide, décrivant dans ses Fastes le rituel des ides de mai, a caricaturé un patron du petit commerce satisfaisant les médiocres trafiquants32. Plaute dans le prologue de son Amphitryon33, qui met en scène Mercure dans une intrigue où le dieu prendra les traits de Sosie, met en valeur un autre caractère du dieu : la formule peregrique et domi suggère qu’il veille sur les échanges commerciaux à l’extérieur comme en Italie et qu’il prend en charge les opérations du commerce maritime, qu’il exerce son patronage sur les grandes voies commerciales, maritimes et terrestres, fondement de l’économie et de la puissance romaine.
Dans le propempticon
26Le thème du voyage, entre prière aux dieux et élaboration poétique, est surtout illustré par un genre particulier, bien défini, le propempticon. Le genre du propempticon trouve ses origines dans la poésie épidictique grecque, où sont célébrés les arrivées et les départs de grands personnages34 : on en relève les premiers échos chez Théocrite et dans des fragments de Callimaque (on pourrait aussi mentionner Sappho) : le souhait de bon voyage est un des thèmes de la poésie érotique35, qui sert de prétexte à l’expression du sentiment et à la narration mythologique : on accueille, on accompagne un voyage, ami ou illustre, en composant des vers à son intention, on demande aux dieux de le protéger. L’itinéraire du voyageur peut être inséré dans le poème sur le mode prospectif. La description du périple, avec ses références mythologiques et historiques, est une façon de mettre en valeur le personnage.
27On connaît quatre fragments (formant un total de sept vers) d’un poème d’Helvius Cinna, un des potae noui du cercle de Catulle, qui est connu par ailleurs pour avoir consacré neuf années de sa vie à un petit poème intitulé Zmyrna à la fin de la République ; le poème sur le voyage est adressé à Pollion, le futur protecteur de Virgile, qui effectue un voyage en Grèce en 5636. Parfois prétexte à développement mythologique, le propempticon revêt plusieurs formes chez les poètes augustéens et se trouve le plus souvent associé à la condamnation des périlleuses aventures lointaines, comme on la trouve formulée au début du principat par Properce, quand il évoque la mort en mer de son ami Pétus37. Sur ce sujet, Horace a composé une ode célèbre38, où il demande que les dieux se montrent favorables au voyage maritime que Virgile entreprend, ou projette d’entreprendre, en Grèce et sur la date duquel nous sommes peu renseignés. Virgile invoque Vénus, née de la mer et protectrice des navigateurs, les Dioscures, à qui Poséidon a accordé de commander aux flots et aux vents, et Éole, le dieu des vents, en formulant une authentique prière (precor), qui s’ouvre par l’expression d’une condition et l’adverbe sic39, et où s’épanche son amitié pour le grand poète. Il s’agit sans doute d’un exercice littéraire, mais néanmoins sincère : il compose un propempticon40. On a pu certes considérer ce poème comme une allégorie littéraire, dans laquelle le voyage et ses dangers ne seraient que l’entreprise littéraire et l’audace celle du poète épique41 ; on retrouve en tout cas dans la prière d’Horace les thèmes traditionnels de la poésie latine, à travers une condamnation des entreprises maritimes et des voyages lointains qui, comme le voyage des Argonautes, rompent l’équilibre naturel et expriment l’hybris des hommes.
28Une autre ode aborde de manière indirecte le même thème : le prochain départ d’une jeune femme, appelée Galatée, pour une longue traversée, est pour Horace le prétexte d’un récit mythologique, celui de la fable d’Europe, il est aussi l’occasion pour le poète d’évoquer, sous la forme du propempticon, les signes qui peuvent la détourner de partir : le pivert, la corneille, l’orfraie redoublant son cri, la louve gris fauve, le serpent qui coupe la route42.
29Il existe une forme inverse de prière, sous forme d’exécration lancée contre un ennemi, où l’on souhaite sa perte au cours d’un voyage. L’épode composée par Horace contre un ennemi de Virgile, le poète Maevius43, en offre une illustration44. Cette pièce apparaît comme la contrepartie de l’ode au vaisseau de Virgile. Derrière l’exercice littéraire se dissimule le contenu d’authentiques prières formulées aux dieux. De telles exécrations peuvent se lire sur des tabellae defixionum. De même Ovide formule dans son Ibis des malédictions et souhaite à son ennemi que la terre, que la mer ne lui offrent plus de chemin45.
30Précisément, le genre du propempticon est aussi illustré par Ovide, qui formule les mêmes souhaits de bon voyage qu’Horace et compose un poème pour que son amie Corinne ait une heureuse traversée46. Stace formule le même souhait pour l’un des destinataires des Silves, son ami Mettius Celer, qui s’embarque pour l’Orient47 : embarquant à Baies, Mettius Celer longera les côtes de Lucanie, franchira le détroit de Sicile, naviguera sur l’Adriatique puis gagnera l’Égypte et la Syrie, où il doit prendre le commandement d’une légion48. À côté des divinités traditionnellement invoquées, le poème de Stace s’achève sur une invocation finale à Isis, la déesse égyptienne, ce qui traduit un élargissement des croyances traditionnelles. L’exercice d’Ovide est tout artificiel et imprégné d’hellénisme : il évoque le voyage des Argonautes, Nérée et les Néréides, Galatée. Plus sincères sont les accents du poète, lorsque, dans le livre 1 de ses Tristes, il fait le récit de son voyage vers la terre d’exil et au moment où il affronte, durant le mare clausum, une tempête hivernale49. Ovide nous permet à l’occasion de la tragique traversée qui doit le conduire sur les lieux de son lointain exil de comprendre et d’apprécier les prières qu’un voyageur peut formuler aux dieux. Derrière les vers du poète, se retrouvent les accents du malheureux livré aux dangers de la mer.
31C’est la pièce de Stace qui fera office de référence, de modèle, en particulier lorsque le genre sera théorisé par Ménandre le Rhéteur50, qui insistera sur les topoi, comme les plaintes sur le départ qui peuvent aller jusqu’aux reproches (schetliasmos). On en retrouvera les échos dans le propempticon de Paulin de Nole qui célèbre, en 410, le départ de Nicétas, évêque des Daces, qui retourne dans sa patrie après s’être recueilli sur le tombeau de saint Felix51.
Conclusion
32La mentalité romaine apparaît donc dominée par l’angoisse des voyages en mer et le risque de ne pas connaître de sépulture. Neptune est la divinité qui est au cœur de la pietas des voyageurs. Le souci du retour accompagne aussi les préoccupations du Romain attaché à sa domus, à sa terre natale. On retrouve tout au long de la tradition la condamnation des entreprises lointaines et des voyages lointains. L’attachement au sol, à la petite et à la grande patrie est fondamental. Aux côtés de Neptune on retrouve les dieux du commerce comme Mercure.
33Les témoignages littéraires donnent une place importante à Neptune dans la pietas des voyageurs, un dieu qui n’a pas de mythologie autre que celle de Poséidon, un dieu dont la fête est célébrée le 23 juillet, au plus fort de la sécheresse et qui possède un temple dans la vallée du Grand Cirque entre le Palatin et l’Aventin52. Les Romains ont aussi élevé un temple aux Tempêtes53, qui confirme la place de cette angoisse dans leur mentalité religieuse. Sous le maniérisme et derrière les contradictions du Siècle d’Auguste, on retrouve cette angoisse profondément ancrée.
Bibliographie
Bibliographie
Alvar, J. (1985) : “Matériaux pour l’étude la formule siue deus siue dea”, Numen, 32, 236-273.
Appel, G. (1909) : De Romanorum precationibus, Religionsgeschichtliche Versuche und Vorarbeiten, VII, 2, Giessen.
André, J.-M. et M.-F. Baslez (1993) : Voyager dans l’Antiquité, Paris.
Baehrens, E. et W. Morel (1963) : Fragmenta poetarum Latinorum, Stuttgart, rééd. Teubner.
Basto, R. (1982) : “Horace’s Propempticon to Vergil : a Re-examination”, Vergilius, 28, 30-43.
Cahen, É. (1948) : Callimaque. Épigrammes. Hymnes, Paris.
Chambert, R. (2005) : Rome : le mouvement et l’ancrage. Morale et philosophie du voyage au début du principat, Latomus, 288, Bruxelles.
Chevallier, R. (1988) : Voyages et déplacements dans l’Empire romain, Paris.
Clark, R. J. (2004) : “Horace on Vergil’s Sea-Crossing in Ode I, 3”, Vergilius, 50, 4-34.
Coarelli, F. [1974, 1980] (1994) : Guide archéologique de Rome, (traduction française par R. Hanoune de la Guida Archeologica di Roma, Rome, Mondadori, 1ère éd. 1974, 2e éd. Rome-Bari, Laterza, 1980) Paris.
Corpus des prières grecques et romaines (2001) : textes réunis, traduits et commentés par F. Chapot et B. Laurot, Recherches sur les Rhétoriques religieuses 2, Turnhout.
Degrassi, A. (1963) : Inscriptiones Italiae, vol. XIII, Fasti et Elogia, fasc. 2, Fasti anni Numani et Juliani, Instituto Poligrafico dello Strato, Rome.
Dubourdieu, A. (1989) : Les origines et le développement du culte des Pénates à Rome, coll. EfR 118, Rome.
Dumézil, G. [1966 ; 1987] (1974) : La religion romaine archaïque, 2e éd., (1ère éd. 1966 ; rééd. 1987) Paris.
Ernout, A. (1973) : Recueil de textes latins archaïques, Paris.
Étienne, R. (1989) : Le Siècle d’Auguste, coll. U2, 2e éd., Paris.
Fedeli, P. (1996) : “Propemptikon”, in : Orazio. Enciclopedia Oraziana, Istituto della Enciclopedia Italiana, Rome, II, 732-734.
Fraenkel, E. (1922) : Plautinisches im Plautus, Berlin, Weidmann [trad. Italienne, Elementi plautini in Plauto, Florence, 1960].
Guittard, C. (1991) : “Formes et fonctions de la prière chez Plaute et Térence”, in : Actes du XXIVe Congrès de l’APLAES (Tours, mai 1991), 75-99.
— (1997) : “Questions sur la divination étrusque : les formules dans la tradition latine”, in : Les Étrusques, les plus religieux des hommes (XII Rencontres de l’École du Louvre), Paris, 399-412.
— (1998) : “Invocations et structures théologiques dans la prière à Rome”, REL, 76, 71-92.
— (2002) : “Siue deus siue dea : les Romains pouvaient-ils ignorer la nature de leurs divinités ?”, REL, 80, 25-54.
Henzen, W. (1874) : Acta Fratrum Arualium quae supersunt, Berlin.
Kleinknecht, H. (1937) : Die Gebetsparodie in der Antike, Stuttgart-Berlin, Tübinger Beiträge zur Altertumswissenschaft 281, Kohlhammer.
Lockyer, C. W. (1967) : “Horace’s Propempticon and Virgil’s Voyage”, CW, 61, 42-45.
Lyne, R. O. A. M. (1995) : Horace behind the public Poetry, New Haven-Londres.
Moussy, C. (1966) : Gratia et sa famille, 2e série, fasc. XXV, Paris.
Pernot, L. (1986) : “Les topoi de l’éloge chez Ménandros le Rhéteur”, REG, 99, 33-53.
— (1996) : La rhétorique de l’éloge dans le monde gréco-romain, Paris.
Russell, A. et N. G. Wilson (1981) : Menander Rhetor Edited with Translation and Commentary, Oxford. de Saint-Denis, E. (1965) : Essai sur le rire et le sourire des Latins, Paris.
Scheid, J. (1990) : Romulus et ses frères. Le collège des frères Arvales, modèle du culte public dans la Rome des empereurs, BEFAR 275, Rome.
Soler, J. (2005) : Écritures du voyage. Héritages et inventions dans la littérature latine tardive, Paris.
Notes de bas de page
1 Appel 1909. Cf. maintenant Corpus des prières grecques et romaines 2001.
2 André & Baslez 1993, 77-118 (Antiques préjugés et tabous à Rome) ; Chevallier 1988 ; Chambert 2005 ; Soler 2005.
3 Gell., Noct. Att., 10.15.
4 Sur les Pénates, cf. Dubourdieu 1989.
5 Coarelli 1994, 198. Cf. Liu. 40.52.4.
6 Pl., Mil., 1339 : Etiam nunc saluto te, Lar Familiaris, priusquam eo.
7 Pl., Merc., 836-837 : Ego mihi alios deos penates persequar, alium larem/ aliam urbem, aliam ciuitatem…
8 Pl., Merc., 864-865 : Inuoco/ uos Lares uiales, ut me bene tutetis…
9 Pl., Rud., 1206-1207 : Atque adorna, ut rem diuinam faciam, cum intro aduenero/ Laribus familiaribus, cum auxerunt nostram familiam.
10 Pl., Trin., 39-41 : Larem corona nostrum decorari uolo/ uxor, uenerare ut nobis haec habitatio/ bona fausta felix fortunataque euenat.
11 Varr., ap. Non. P. 852 L : Nubentes ueteri lege Romana asses tres ad maritum uenientes solebant peruehere atque unum, quem in manu tenerent, tamquam emendi causa, marito dare ; alium quem in pede haberent, in foco Laruml familiarium ponere, tertium, quem in sacciperio condidissent, compito uicinali solere personare.
12 Cic., Leg., 2.22.55 : neque necesse est edisseri a nobis, quae finis funestae familiae, quod genus sacrificii Lari ueruecibus fiat, quemadmodum os resectum terra obtegatur, quaeque in porca contracta iura sint, quo tempore incipiat sepulcrum esse et religione teneatur.
13 Appel 1909, 56 et 62.
14 Liv. 21.63.
15 Liv. 21.17.4 (le décret ordonnant la supplication est lié à la déclaration proposée au peuple).
16 Liv. 31.8.2 : Vt quod bellum cum Philippo populus iussisset, id bene ac feliciter eueniret.
17 Liv. 36.1 : Vt eas res senatui populoque Romano bene ac feliciter eueniret. Sur ces formules, cf. Guittard 1997, 399-412.
18 Guittard 1998, 71-92 ; 2002, 25-54.
19 Hor., O., 1.35.6-8 : Te dominam aequoris/ quicumque Bithyna lacessit/Carpathium pelagus carina.
20 Appel 1909, 108-109.
21 Hor., O., 1.35.29-30 : Serues iterum Caesarem in ultimos/orbis Britannos…
22 Selon l’indication des Fastes d’Amiternum : cf. Degrassi 1963, 199, dans les Fasti Amiternini, à la date du 15 décembre ; Étienne 1989, 142.
23 Henzen 1874, 89-126 ; Appel 1909, 19-26, no 34-39 ; Scheid 1990, 289-380.
24 Cf. Henzen 1874, 123.
25 Cf. Guittard 1991.
26 Cf. Kleinknecht 1937, 167.
27 Fraenkel 1922, 207 [= 1960, 175] ; Kleinknecht 1937, 166-167 ; Corpus des prières grecques et romaines 2001, 246-248.
28 Moussy 1966, 50-51.
29 Liv. 7.36.7 ; 26.4.3 ; 27.13.2 ; Tac., H., 2.55.2.
30 Cf. de Saint-Denis 1965, 242 ; Collart 1970, 97, relève avec justesse “la pesante abondance de syllabes longues aux vers 432 et 433”.
31 Fest. 254.12-14 L : propter uiam fit sacrificium, quod est proficiscendi gratia, Herculi aut Sanco, qui scilicet idem est deus.
32 Ov., F., 5.663-692. Le marchand, le jour des ides de mai, remplit une urne à la fontaine de Mercure, près de la Porte Capène, trempe dans cette eau une branche de laurier, asperge ses denrées, humecte et demande pardon pour ses parjures.
33 Pl., Amp., 1-49.
34 Pernot 1996, 95.
35 Thcr. 7.52-89 ; Call., frag. 114 Schneider (en asclépiades majeurs) = Cahen 1948, 176-177.
36 Baehrens & Morel 1963, 87-88.
37 Prop. 3.7.
38 Hor., O., 1.3. Cf. Corpus de prières grecques et romaines 2001, 283-284 ; Fedeli 1996, II. 732-734.
39 Cf. Tib. 2.5.121-122 ; 3.6.1-2 ; Ov., Am., 2.13.12-14 ; Tr., 5.2b. 5-10 ; 3.35-44 ; Pont., 2.8.39-50 ; Sen., Phaed., 418-423 ; Mart. 9.42.
40 Lockyer 1967 ; Basto 1982 ; Clark 2004, 4-34.
41 Lyne 1995, 79-81.
42 Hor., O., 3.27.
43 Virg., B., 3.90.
44 Hor., Ep., 10.
45 Ov., Ib., 112 : nec tibi det tellus, nec tibi pontus iter.
46 Ov., Am., 2.11.
47 Stat., S., 3.2.
48 Stat., S., 3.2.83-89 ; 101-120 ; 135-141.
49 Ov., Tr., 1.2 (Prière aux dieux de la mer et du ciel, pour que le vaisseau arrive à bon port à Tomes) ; ibid., 1.4 (Prière aux dieux pendant une tempête en mer ionienne) ; ibid., 1.10 (Prière aux dieux pour qu’ils protègent le navire).
50 Russell & Wilson 1981 ; Pernot 1986.
51 Paul.-Nol., Carm., 17 ; cf. Soler 2005, 332-340.
52 Liv. 28.11.4 ; cf. Dumézil 1974, 393-394.
53 Temple dédié par Lucius Cornélius Scipion, consul en 259, ainsi qu’il est rappelé dans l’elogium qui lui consacré : dedet Tempestatebus aide mereto [d] ; cf. Ov., F., 6.193-194 ; CIL, I2, 9 ; Ernout 1973, 14.
Auteur
Université Paris-Ouest-Nanterre
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Tradition et innovation dans l’épopée latine, de l’Antiquité au Moyen Âge
Aline Estèves et Jean Meyers (dir.)
2014
Afti inè i Kriti ! Identités, altérités et figures crétoises
Patrick Louvier, Philippe Monbrun et Antoine Pierrot (dir.)
2015
Pour une histoire de l’archéologie xviiie siècle - 1945
Hommage de ses collègues et amis à Ève Gran-Aymerich
Annick Fenet et Natacha Lubtchansky (dir.)
2015