Au pays des dieux. La géographie religieuse d’Arnobe dans l’Aduersus nationes
p. 47-56
Texte intégral
1Je commencerai par quelques rappels biographiques, mais qui, nous le verrons, ne sont pas étrangers à notre sujet. Arnobe est un rhéteur africain, à la charnière des iiie-ive s.1. Il enseignait à Sicca Veneria, la ville de Vénus. Converti sur le tard au christianisme, sa formation intellectuelle est donc celle d’un homme du iiie s., même s’il déborde quelque peu sur le ive. Mon propos sera le suivant : quels sont les dieux d’Arnobe, citoyen de l’Afrique romaine, écrivain latin, homme de culture qui savait le grec, et de quels pays viennent ces dieux ? Ce qui conduira, en dernier ressort, à se poser le problème de l’africanité d’Arnobe2.
2Où faut-il situer les dieux dans l’espace ? en quel point du monde ? Nous ne sommes plus au temps d’Homère, où les dieux étaient installés sur l’Olympe. Leur séjour est dans le ciel, où se trouvent aussi les astres3. Ils y vivent, faut-il dire dans une ? ou des ? demeures somptueuses, qui ressemblent aux palais impériaux, dans de vastes appartements dorés où se presse leur foule4. Combien sont-ils ? 1000, 5000, 100 000, ou davantage5 ? Tertullien disait trois cents, c’est-à-dire une infinité6 : trois cents n’a d’autre sens que “innombrables” (autant que les jours de l’année). Arnobe dit la même chose en d’autres termes, avec une inflation verbale et numérique qui est bien dans sa manière. Ne regardons que les principaux d’entre eux, les douze grands dieux, Jupiter, Junon, Minerve, etc. Car le monde des dieux est une société de classes, comme toutes les sociétés antiques. Il a son souverain et sa famille princière ; il a son sénat et sa plèbe, les dieux modestes des campagnes, des rustres comme Picus et Faunus, à demi animaux, et qui, première distorsion, ne vivent pas dans les séjours célestes, mais dans les forêts, au bord des sources7.
3Ce qui surprendra davantage, c’est la liberté des mœurs divines et, aussi, les occupations de ces divinités, indignes de leur statut céleste. Loin d’abriter de perpétuels oisifs, les palais du ciel bruissent d’activités, mille spectacles s’y offrent à la vue. Les déesses s’y promènent à demi nues ou du moins légèrement vêtues8. Le pluriel est sans doute augmentatif, et ne doit s’appliquer qu’à la seule Vénus9 : on voit mal Junon, Minerve, la chaste Vesta, en aussi simple appareil. Les dieux ont froid, ils ont besoin de vêtements, chauds en hiver, légers en été. Que Minerve s’occupe à les tisser10 n’est pas déshonorant : filer et tisser les vêtements de la maisonnée, c’est l’activité ancestrale de la matrone romaine, avec ses servantes, il est vrai, qu’Auguste avait remise en honneur dans sa famille. Vulcain, comme Héphaïstos qui reçoit la visite de Thétis, comme le dieu de l’Énéide qui reçoit celle de son épouse Vénus, travaille de ses mains dans sa forge de Lemnos ; mais, dans l’épopée, c’est pour fabriquer des armes héroïques ou de merveilleux automates. Le Vulcain d’Arnobe qui confectionne des instruments pour les dieux de l’agriculture a des activités moins élevées11. Quand Junon Lucina joue les sages-femmes auprès de déesses qui accouchent dans la douleur, qui se tordent et l’appellent à grands cris12 ; quand Esculape soigne ses congénères13, nous ne sommes plus dans la haute société romaine. Les dieux d’Arnobe, soumis à toutes les contraintes de l’anthropomorphisme le plus littéral, ont deux caractères principaux : ce sont des dieux gréco-romains, qui constituent un panthéon mixte parfaitement assimilé, où Jupiter ne fait qu’un avec Zeus, Junon avec Héra, etc. ; d’autre part, ils forment, à eux tous, une cité céleste complète, double surnaturel de la cité terrestre. Il n’y a là rien d’original : tout Romain cultivé le sait et s’en moque depuis Cicéron et le De natura deorum, auquel la critique d’Arnobe doit beaucoup14.
4Dans ce monde gréco-romain qui est celui de la théologie des poètes, diffusée dans toutes les couches de la société par la littérature et les arts figurés, s’introduit cependant un étranger mal élevé, qui n’a pas droit de cité dans la religion romaine : c’est Priape, venu du lointain Hellespont. Dieu phallique, dieu des jardins où il sert d’épouvantail, il a su, chez Arnobe, se faire une place dans les palais dorés du ciel, peuplés d’une société plus civilisée, au moins en apparence, auprès d’adultes respectables et d’éphèbes jeunes et beaux, où il exhibe sans la moindre gêne un sexe plus grand que lui15. Priape, même marginal, est finalement reçu parmi les divinités gréco-romaines de vieille souche. D’autres dieux, ceux de son Afrique natale, apparaissent-ils chez notre apologiste ? Arnobe n’est guère prodigue de confidences sur sa conversion ni sur sa religiosité d’avant la conversion. Il nous dit seulement, au livre 1, que “naguère” encore, nuper, il vénérait les simulacra de bronze, d’ivoire, comme des dieux véritables ; qu’il avait le culte des arbres où pendent des bandelettes et celui des pierres ointes d’huile d’olive16. Paysage sacré de l’Afrique que nous voyons aussi chez Apulée, où voisinent les arbres vénérés et les bétyles ancestraux17. Les dieux propres de l’Afrique, berbère (libyque) ou punique, tiennent-ils chez lui quelque place ? Sa conscience religieuse, du temps qu’il était encore païen, était-elle celle d’un pur Romain cultivé, imbu de culture grecque ? ou peut-on parler à son propos d’une religiosité “africaine” ? Si controversé que soit le sujet18, je répondrai sans ambages par la négative.
5Le grand dieu de l’Afrique est Saturne19. Il tient effectivement, dans le traité d’Arnobe, une place non négligeable (17 occurrences). Mais sous quels traits ? Le contexte est plus probant que les statistiques. C’est un Saturne exclusivement gréco-romain. Il a dans l’Aduersus nationes une double physionomie : celle du Cronos grec, qui dévore ses enfants et qui fut mutilé par Jupiter-Zeus avec la complicité de son épouse Ops-Rhéa ; et celle du dieu civilisateur qui, détrôné par son fils et exilé dans le Latium, s’y “cacha” (latere, Latium)20, et fit régner l’Âge d’or dans l’Italie primitive, Saturnia tellus. Du Saturne africain, héritier du Ba’al punique, destinataire de l’affreux sacrifice molk, Arnobe ne dit rien, à la différence de ses compatriotes Tertullien et Augustin, qui connaissent les immolations d’enfants, entre autres horreurs du paganisme21.
6Vénus, traînée dans la boue par l’apologiste, incarnation des voluptés obscènes, prostituée divine dont on ne compte plus les amants ou les maris (Anchise)22, avait donné son nom à la ville où il enseignait, Sicca Veneria (sans qu’on sache si c’était également son lieu de naissance). Dans le temple qu’elle possédait à Sicca se pratiquait, ou s’était pratiquée, la prostitution sacrée, comme pour l’Astarté phénicienne, puis punique. Valère Maxime le savait23. Mais Arnobe ? Vraisemblablement, la pratique était, de son temps, tombée en désuétude (Valère Maxime en parle au passé, à la différence des veuves exemplaires et toujours actuelles de l’Inde). Mais cet amateur de curiosités religieuses, connaisseur érudit du passé grec et romain, pouvait-il l’ignorer ? Il me paraît peu croyable qu’aucun habitant de Sicca, au iiie s. p. C., n’en ait gardé le souvenir. Arnobe, pourtant, n’en dit mot : on tiendra donc son silence pour volontaire. Les seules spécificités religieuses de l’Afrique dont il fasse état sont les noms de “dieux maures”, joints, il est vrai, aux “dieux syriens, éclos de leurs œufs”24, qu’il semble mieux connaître : il leur accorde deux mots de commentaire, mais, paradoxalement, n’en octroie aucun aux dieux africains – ignorance ? mépris ? Toutes les interprétations sont possibles.
7Ces “dieux syriens”, nommés pompeusement au pluriel augmentatif, sont en fait la seule Atargatis (identifiée à Vénus-Aphrodite-Astarté), issue d’un œuf prodigieux, miraculeusement sauvé des flots de l’Euphrate25. Les Tisianes et Bucures (je garde le texte des manuscrits) sont aussi, sans nul doute, au pluriel augmentatif. Qui sont ces dieux, et est-il possible de les identifier parmi les divinités connues de l’Afrique préromaine ? Le célèbre relief de Béja26 (l’antique Vaga, dont Jugurtha fit massacrer la garnison romaine en 109 a. C.)27 représente sept dieux, figurés et nommés, parmi lesquels, en position centrale, comme le plus important, se trouve Bonchor. C’est certainement lui qu’il faut reconnaître à travers le Bucur, singulier restitué, d’Arnobe. Les Titanes, correction, sont plus délicats et n’ont certainement rien à voir avec les Titans. Les deux manuscrits donnent la forme tisianes. On connaît deux dieux, Matilam et Mastiman, qui pourraient peut-être offrir une solution, même si le rapport avec le texte conservé est plus lointain. On restera donc très réservé et l’on se bornera à noter la quasi indifférence d’Arnobe à l’égard de ces dieux berbères ou puniques : ce ne sont guère pour lui que des noms, peu dignes d’intérêt. Joint aux remarques que nous formulions tout à l’heure sur un Saturne qui n’a rien d’“africain”, une Vénus qui a perdu toute attache avec la ville de Sicca, ce silence en dit long sur la conscience africaine d’Arnobe : il vit, il pense en Romain de l’Empire, nourri des lettres latines et de la culture grecque. De ses origines ethniques, nous ignorons tout ; mais, s’il descendait d’ancêtres berbères, ou puniques, il semble l’avoir bien oublié.
8Une autre région de l’Afrique est également présente, même si c’est brièvement, dans l’Aduersus nationes : c’est l’Égypte avec l’énigme de ses dieux animaux28 et, surtout, le couple de ses grands dieux, Isis et Sérapis. Au contraire des dieux gréco-romains, vilipendés pour leur indécence, ils sont exceptionnellement bien traités. Ils forment un couple fidèle, exemplaire et malheureux : quand l’époux meurt, Isis, veuve édifiante, recherche ses membres épars jusqu’en Éthiopie29. Pourquoi cette indulgence ? On se rappellera, même si c’est contradictoire avec la hargne que suscite chez Arnobe l’anthropomorphisme hérité de la mythologie grecque, qu’Isis et Sérapis ne sont pas de vrais Égyptiens : ce sont, comme les Ptolémées, des Grecs “naturalisés” dans la vallée du Nil. C’est à Varron qu’Arnobe doit ces informations savantes, sur lesquelles Augustin est plus disert.
9L’histoire singulière d’Apis, devenu Sérapis, résume leurs vicissitudes. Apis, un Apis bien anthropomorphe, “né dans le Péloponnèse et qu’en Égypte on appelle Sérapis”, comme dit Arnobe, est, sous son nom originel, un roi argien ; mort et déposé dans un cercueil, en grec σορός, il prit le nom de Sorapis, puis, “en changeant une lettre, comme cela arrive souvent” (sic), Sérapis30. Quant à son épouse, elle n’est autre que Io, métamorphosée en vache et, après maintes épreuves, rendue à sa forme humaine et déifiée sous le nom d’Isis31 : Arnobe n’en fait pas état, mais il a certainement lu la notice de Varron sur Isis-Io, de même qu’il lui a emprunté l’histoire et l’étymologie hasardeuse du nom de Sérapis.
10Voilà qui nous ramène, une fois encore, à l’hellénisme : à la différence des religions “barbares”, africaines ou orientales, les mythes grecs sont omniprésents dans l’Aduersus nationes. Vaste réservoir d’aventures toutes plus obscènes et scandaleuses les unes que les autres que cette histoire des dieux, qu’Arnobe connaît par trois canaux distincts : la culture générale du Romain éduqué, familier des poètes, et deux sources grecques, l’une perdue – il s’agit de Timothée –, l’autre aisément accessible, puisque c’est le Protreptique de Clément d’Alexandrie. Arnobe leur doit trois des mythes horrifiques ou répugnants rapportés au livre 5 de son traité, le livre des mythes, plutôt que des mystères. C’est chez Timothée, “théologien des plus réputés”32, que lui-même ou plutôt sa source a lu la version dite “phrygienne” de l’histoire d’Attis33, aimé de l’androgyne Acdestis aussi bien que de la Mère des dieux (Cybèle). Attis, qui s’est émasculé, meurt tragiquement des suites de sa blessure ; et Acdestis, qui s’est lui aussi mutilé, est le premier des Galles eunuques voués au culte de la Mère et d’Attis, dont il est le fondateur. L’Asie sauvage n’est avare ni de sang, ni de mutilations ; encore ai-je passé sous silence la jeune femme qui se coupe les seins et les personnages atteints de folie furieuse. Timothée lui-même nous intéresse davantage : c’était un Eumolpide, de la grande famille sacerdotale d’Éleusis et il avait été appelé à Alexandrie comme conseiller religieux par Ptolémée Ier Sôter, vers 300 a.C., pour organiser le culte, précisément, de Sérapis. On peut penser que sa version “phrygienne” du mythe d’Attis et de la Mère des dieux devait aussi être passablement colorée d’hellénisme.
11Quant à Clément d’Alexandrie, source constante d’Arnobe, quoi qu’on en ait dit, pour les mythes et les mystères grecs, il offrait à notre apologiste latin quelques récits scandaleux que son lecteur, loin de les édulcorer, a encore pimentés de divers détails opportunément choisis. Ces deux mythes, dont la relation crue a beaucoup choqué les lecteurs français du début du xxe s., ont pour héros Liber (Dionysos) et un certain Prosymnos34, et, plus connue, l’arrivée de Cérès (Déméter) à Éleusis où, accueillie par Baubô, elle est réconfortée et, finalement, déridée par elle35 : l’aventure homosexuelle de l’un, l’exhibitionnisme de l’autre sont parmi les temps forts du livre 5 (au contraire d’Arnobe, je n’insiste pas sur les trois viols doublés d’inceste dont Jupiter se rend coupable, au cours du même livre, sur la personne des déesses, sa ou plutôt ses mères, la Mère des dieux, puis une Cérès-Déméter, Mère elle aussi, plus ou moins assimilée à Cybèle, enfin sa fille, Proserpine)36. On se demandera pourquoi Arnobe s’intéresse si peu aux dieux de son pays natal et à ce point à des mythes grecs marginaux. Sans doute, ils offrent les audaces sexuelles qui sont pain bénit pour le polémiste. Mais je ne crois pas que l’explication soit suffisante. L’Afrique n’offre que des exemples locaux, confinés à leur petite patrie. L’hellénisme, devenu partie intégrante de la romanité dans un empire qui s’étend au monde habité, a valeur universelle : il parle à tous les hommes de l’œcoumène. C’est en ce sens qu’il est le plus redoutable adversaire du christianisme qui, lui aussi, adresse aux hommes un message universel37.
12L’attitude d’Arnobe, chrétien d’Afrique, est-elle isolée ? Je ne le crois pas. Tertullien, Augustin, sont plus sensibles que lui aux réalités de leur Afrique natale. Mais nous lisons les lettres que le grammairien Maxime de Madaure – un compatriote d’Apulée – et Augustin échangèrent vers 390, un siècle donc après Arnobe. La lettre 16 est celle de Maxime ; la lettre 17 est la réponse d’Augustin. Maxime est alors âgé, comme Arnobe au moment de sa conversion. C’est l’un de ces païens syncrétistes38 qui tendent la main, en vain, aux chrétiens39 : nous honorons le même dieu, “père commun de tous les hommes”. Mais c’est le même Maxime qui s’indigne que les chrétiens préfèrent aux noms des grands dieux païens ceux de leurs martyrs, Miggin, Sanaé, Namphamo, Lucitas40, aux noms barbares41. Augustin le lui reproche avec vivacité : tu es Africain, tu écris pour des Africains, nous sommes tous deux installés en Afrique, et tu fais la chasse aux noms puniques42 !
13Géographie religieuse, géographie culturelle se rejoignent. L’un (Maxime) a beau être demeuré païen, l’autre (Arnobe) est un chrétien converti. Mais, pour tous deux, le pays des dieux, le pays des lettres reste le monde gréco-romain, dépositaire de toute civilisation. Maxime de Madaure, Arnobe de Sicca ont la même attitude, de condescendance, de mépris, d’ignorance, à l’égard de “l’autre” – qui, à leurs yeux, reste un barbare. Qu’il s’agisse des dieux, qu’il s’agisse des hommes, la position de ces deux lettrés est la même. Leurs dieux, vrais ou faux, honorés par la religion d’État ou fiction mensongère des poètes, sont ceux de la Grèce et de Rome. Les hommes sont citoyens d’un empire romain qui va de l’Occident à l’Orient. Tous unis dans le même monde socio-intellectuel, qui se déploie sur les trois continents connus, Europe, Afrique, Asie.
14Aux marges de cet univers, régi par une civilisation commune, qu’y a-t-il d’autre, qui ne soit négligeable ? Le monde extérieur n’a qu’une existence relative. Trois cas de figure sont possibles. Les barbares sont soit romanisés, soit menaçants, soit, déjà, évangélisés. Le premier cas est celui des provinces de Germanie, désormais intégrées dans le moule commun de l’empire et traitées à égalité avec les plus anciennes provinces43. Qu’en est-il des deux autres cas ? Tout ce qui se passe au-delà des frontières de l’empire, dans les contrées extrêmes du nord, du sud, de l’Orient, ne retient le regard d’Arnobe, fugitivement, que dans une même optique : pour la défense ou l’apologie de la religion chrétienne, lavée des fautes dont on l’accuse ou glorifiée, puisqu’elle seule est la vraie religion.
15La pression des barbares, Germains et Scythes, s’exerce sur l’empire du iiie s., exposé à des attaques dont les païens rendent responsables les chrétiens qui n’honorent plus les dieux44. Mais ce monde lointain est lui-même gagné par la prédication chrétienne, il se convertit à la religion du Christ, ce qui permet à l’orateur de beaux mouvements d’éloquence, à la faveur de ces listes qui, mieux qu’une démonstration en forme, entraînent l’adhésion du lecteur. Une première liste énumère Alamans, Perses et Scythes, au même titre que les habitants des provinces, Asie, Syrie, Espagne, Gaule, pour revenir à l’Afrique et à ses confins barbares, peuplés de Gétules, de Maures et de Numides45. Nouvelle liste, au livre 2, de ceux jusque chez qui s’est répandu le bruit des miracles du Christ46 : Inde, Sères, Perses et Mèdes, Arabie, Égypte, Asie, Syrie, Galates, Parthes et Phrygiens, Achaïe, Macédoine, Épire, toutes les îles et toutes les provinces, jusqu’à Rome elle-même, maîtresse du monde47. Le voyage d’Arnobe, qui part de l’Orient fabuleux48 et ne s’attarde guère dans les confins de l’Occident, revient fatalement, par un tropisme tout romain, au cœur de l’empire. Sauf quand, comme au livre 6, l’apologiste s’évade, à la recherche de quelque dieu inconnu, jusqu’aux îles Canaries, à Thylé, qui est au bout du monde, chez les Sères ou les noirs Garamantes, c’est-à-dire aux quatre points cardinaux49. La géographie d’Arnobe dilate l’espace et donne de l’éclat au discours. Mais elle reste superficielle et largement factice : elle relève du procédé plus qu’elle ne prouve un intérêt réel pour le monde comme il va. L’artifice rhétorique est patent, et Arnobe a tôt fait de regagner, dans les chapitres suivants (6, 6-7), son terrain de prédilection : les grands temples grecs et le Capitole50. Même environné de païens contre lesquels il compose son apologie, Aduersus nationes, c’est là seulement qu’il est chez lui, c’est le seul domaine où il se sente à l’aise. Hors de l’espace culturel gréco-romain, celui de l’empire en voie de christianisation, point de salut !
Bibliographie
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Bibliographie
Cabouret, B. et M.-O. Charles-Laforge, éd. (2011) : La Norme religieuse dans l’Antiquité, CEROR 35, Lyon, 245-264.
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Le Glay, M. (1961-1966) : Saturne africain. Monuments, I-III, Paris.
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Mastandrea, P. (1985) : Massimo di Madauros (Agostino, Epistulae 16 e 17), Padoue.
Sebaï, M. (2011) : “Les dieux ancestraux d’Afrique proconsulaire. Une catégorie hors-norme ? À propos de quelques reliefs de Numidie proconsulaire”, in : Cabouret & Charles-Laforge 2011, 245-264.
Simmons, M. B. (1995) : Arnobius of Sicca. Religious Conflict and Competition in the Age of Diocletian, Oxford.
Notes de bas de page
1 Arnobe écrit sous Dioclétien (284-305). On dit en général vers 300. S’il fallait donner une fourchette chronologique, indiquer des dates, je proposerais, pour la rédaction de l’Aduersus nationes, entre 297 et 304-305, approximativement. Mais, à quelques années près, cette chronologie peut être discutée.
2 Les textes d’Arnobe sont cités d’après les deux éditions de référence : CUF, Paris, Les Belles Lettres, livre 1, par Le Bonniec 1982 ; III, par Champeaux 2007 ; VI-VII, par Fragu 2010 ; IV-V, que je prépare ; pour le livre 2, éd. C. Marchesi2, Turin, 1953.
3 3.4.2-3 : Vnde uobis compertum est uel quibus rationibus conprehensum hine di sint in caelo quos esse existimatis et colitis ?… Neque enim caeli aliquando subuolastis ad sidera, singulorum facies atque ora uidistis et, quos esse memineritis illic deos, eosdem hic colere tamquam notos instituistis ac uisos.
4 3.10.4 : in chalcidicis illis magnis atque in palatiis caeli deos deasque conspicere (voir infra, n. 8) ; 4.33.1 : adscribuntur dii uestri in tricliniis caelestibus atque in chalcidicis aureis cenitare, potare et ad ultimum fidibus et uocum modulatione mulceri. Un chalcidicum (terme toujours difficile à définir) est un espace de dégagement ou de circulation : galerie, salle des pas perdus ? Les éblouissants chalcidica aurea imaginés par Arnobe me font irrésistiblement penser à la galerie des Glaces.
5 3.5.2 : Fingamus enim uos deos mille percolere uel milia potius quinque : at in rerum natura potest forsitan fieri ut deorum milia centum sint, potest ut hoc amplius, immo, quod diximus paulo ante, potest deorum summa esse nulla nec numerabili circumscriptione finita.
6 Les 300 Jupiters de Varron, chez Tert., Nat., 1.10.43 ; Apol., 14.9 ; les 365 dieux d’Orphée, chez Lact., Inst., 1.7.7, qui explique : si eos multitudo delectat, non duodecim dicimus aut trecentos sexaginta quinque, ut Orpheus, sed innumerabiles esse. Cf. Catul. 9.1-2 : omnibus e meis amicis/… milibus trecentis ; etc.
7 5. 1.4 : duodecim iuuenes apud aquam celasse cum uinculis, ut cum Faunus et Martius Picus ad id locorum uenissent haustum – nam illis aquandi sollemne iter hac fuit – inuaderent, constringerent, conligarent.
8 3.10.4 : O pura, o sancta atque ab omni turpitudinis labe disparata atque abiuncta diuinitas ! Hauet [et] animus atque ardet in chalcidicis illis magnis atque in palatiis caeli deos deasque conspicere intectis corporibus atque nudis, ab Iaccho Cererem, Musa ut praedicat Lucretia, mammosam, Hellespontiacum Priapum inter deas uirgines atque matres circumferentem res illas proeliorum semper in expeditionem paratas.
9 6.12.2 : Venus nuda et aperta, tamquam si illam dicas publicare, diuendere meritorii corporis formam ; 6.25.3 : ad libidinem concitans Venus nuda.
10 3.21.5 : Vestis indigent tegmine, ut uirgo Tritonia curiosius stamen neat et qualitate pro temporis aut trilices tunicas aut de serico det imponere.
11 3.21.5 : Rem rusticam tractant aut curant militaria munera, ut flammis potens Vulcanus fabricetur his enses aut ruris ferramenta procudat.
12 3.10.5 : Hauet, inquam, uidere deas grauidas, deas fetas gliscentibusque per dies aluis, intestini ponderis morositate cunctari, parturire alias tractu longo et manus obstetricias quaerere, illas telis grauibus et dolorum acuminibus fixas heiulare, tortari et inter haec omnia suppetias Iunonis implorare Lucinae ; 3.21.4 : Parturiunt, pariunt, ut difficiles puerperiorum tricas Iuno mulceat corripiatque Lucina.
13 3.21.4 : Corripiuntur dii morbis et uulnerari, uexari aliqua ex re possunt, ut, cum exegerit ratio, auxiliator subueniat Epidaurius.
14 Voir l’article de Le Bonniec 1984.
15 3.10.4 (supra, n. 8) ; 6.25.3 : Mulciber fabrili cum habitu aut Fortuna cum cornu pomis ficis aut frugibus autumnalibus pleno, semitectis femoribus Diana aut ad libidinem concitans Venus nuda, Anubis canina cum facie aut genitalibus propriis inferior Priapus.
16 1.39.1 : Venerabar, o caecitas, nuper simulacra modo ex fornacibus prompta, in incudibus deos et ex malleis fabricatos, elephantorum ossa, picturas, ueternosis in arboribus taenias ; si quando conspexeram lubricatum lapidem et ex oliui unguine sordidatum, tamquam inesset uis praesens, adulabar, adfabar et beneficia poscebam nihil sentiente de trunco, et eos ipsos diuos quos esse mihi persuaseram adficiebam contumeliis grauibus, cum eos esse credebam ligna, lapides atque ossa aut in huius <modi> rerum habitare materia.
17 Apul., Flor., 1.1-4 : Vt ferme religiosis uiantium moris est, cum aliqui lucus aut aliqui locus sanctus in uia oblatus est, uotum postulare, pomum adponere, paulisper adsidere… neque enim iustius religiosam moram uiatori obiecerit… aut quercus cornibus onerata aut fagus pellibus coronata… uel truncus dolamine effigiatus uel cespes libamine umigatus uel lapis unguine delibutus. Tout ce qu’on ne voit pas sur les terres de son accusateur, l’impie Aemilianus : Apol., 56.6, negant uidisse se qui fuere unum saltem in finibus eius aut lapidem unctum aut ramum coronatum.
18 Simmons 1995, 184-215, voit dans le Saturne d’Arnobe le grand dieu de Carthage, le Ba’al punique.
19 Voir Le Glay 1966 et 1961-1966.
20 Cf. Virg., En., 8.322 sq. : Latiumque uocari / maluit, his quoniam latuisset tutus in oris.
21 Tert., Apol., 9.2 et 4 : infantes penes Africam Saturno immolabantur… quos quidem ipsi parentes sui offerebant, et libentes respondebant et infantibus blandiebantur, ne lacrimantes immolarentur ; Aug., Civ., 7.19, p. 297 D : deinde ideo dicit a quibusdam pueros ei solitos immolari, sicut a Poenis (d’après les Antiquités divines de Varron, frg. 244 Card.) ; 7.26, p. 307 D : deuorauit ille filios… sed quod ei Poeni suos filios sacrificati sunt, non recepere Romani ; également Minuc. 30.3 : nam Saturnus filios suos non exposuit, sed uorauit ; merito ei in nonnullis Africae partibus a parentibus infantes immolabantur, blanditiis et osculo comprimente uagitum, ne flebilis hostia immolaretur ; Lact., Inst., 1.21.9-11 : Nam de infantibus qui eidem Saturno immolabantur propter odium Iouis, quid dicam non inuenio. Tam barbaros, tam immanes fuisse homines, ut parricidium suum, id est taetrum atque exsecrabile humano generi facinus, sacrificium uocarent, cum teneras atque innocentes animas, quae maxime est aetas parentibus dulcior, sine ullo respectu pietatis extinguerent immanitatemque omnium bestiarum, quae tamen fetus suos amant, feritate superarent ! O dementiam insanabilem !
22 4.27.1 : post Vulcanum, Phaethontem, Martem, in Anchisae nuptias ipsam illam Venerem ; cf. supra, n. 9.
23 Val. Max. 2.6.14-15 : Indico tamen rogo nihil eorum praeferes, quem uxoris pietas in modum genialis tori propinquae mortis secura conscendit. Cui gloriae Punicarum feminarum, ut ex comparatione turpius appareat, dedecus subnectam. Siccae enim fanum est Veneris in quod se matronae conferebant atque inde procedentes quaestum dotis corporis iniuria contrahebant, honesta nimirum tam inhonesto uinculo coniugia iuncturae.
24 1.36.5 : Titanes et Bocchores (dans l’édition de Le Bonniec) Mauri et ouorum progenies dii Syri. Les deux manuscrits, P et B, ont tisianes et bucures.
25 Hyg., Fab., 197 : In Euphraten flumen de caelo ouum mira magnitudine cecidisse dicitur, quod pisces ad ripam euoluerunt, super quod columbae consederunt et excalfactum exclusisse Venerem, quae postea dea Syria est appellata… et ob id Syri pisces et columbas ex deorum numero habent, non edunt.
26 En particulier Camps 1990. Plus récemment, Sebaï 2011.
27 Sall., J., 66-67.
28 Arn. 3.15.4 : Aegyptiorum ridetis aenigmata, quod mutorum animantium formas diuinis inseruerint causis… ; 6.25.3 Anubis… (supra, n. 15).
29 1.36.6 : Apis Peloponensi proditus et in Aegypto Serapis nuncupatus ; Aethiopicis solibus Isis furua maerens perditum filium et membratim coniugem lancinatum.
30 Pour comprendre comment l’on passe d’Apis à Sérapis, il faut se reporter à Augustin, Civ., 18.5, p. 262 D, qui explique, d’après Varron, qu’Apis, roi d’Argos, vint en Égypte où, après sa mort, il fut divinisé sous le nom de Sérapis, “le plus grand des dieux égyptiens”. Le changement de nom s’explique par une étymologie toute varronienne : σορός, le “sarcophage”, plus Apis ; d’où Sorapis, puis Sérapis : His temporibus rex Argiuorum Apis nauibus transuectus in Aegyptum, cum ibi mortuus fuisset, factus est Serapis omnium maximus Aegyptiorum deus. Nominis autem huius, cur non Apis etiam post mortem, sed Serapis appellatus sit, facillimam rationem Varro reddidit. Quia enim arca, in qua mortuus ponitur, quod omnes iam sarcophagum uocant, σορός dicitur Graece, et ibi eum uenerari sepultum coeperant, priusquam templum eius esset extructum : uelut soros et Apis Sorapis primo, deinde una littera, ut fieri adsolet, commutata Serapis dictus est. Ensuite seulement Augustin (Varron) traite du taureau Apis.
31 Aug., Civ., 18.3, p. 260 D : Nam et Io filia Inachi fuisse perhibetur, quae postea Isis appellata ut magna dea culta est in Aegypto.
32 Arn. 5.5.1 : Timotheum, non ignobilem theologorum uirum. Cf. Tac., H., 4.83.
33 Arn. 5.5-17.
34 Arn. 5.28-29 ; cf. Clém., Protr., 2.34.2-5.
35 Arn. 5.24-27 ; cf. Clém., Protr., 2.20-21.
36 Arn. successivement 5.5.3 ; 5.20-21.
37 2.12.2 : tel fut le pouvoir des miracles du Christ et de ses disciples, inaudita illa uis rerum… ad unius credulitatis adsensum mente una concurrere gentes et populos fecit et moribus dissimillimas nationes (cf. infra, n. 46).
38 Aug., Ep., 16.4 (éd. A. Goldbacher, S. Lancel et E. Bermon, “Bibliothèque augustinienne”, 2011) : Post haec non dubito, uir eximie qui a mea secta deuiasti, hanc epistulam aliquorum furto detractam flammis uel quolibet pacto perituram. Quod si acciderit, erit damnum chartulae, non nostri sermonis cuius exemplar penes omnes religiosos perpetuo retinebo. Dii te seruent, per quos et eorum atque cunctorum mortalium communem patrem uniuersi mortales quos terra sustinet, mille modis concordi discordia ueneramur et colimus.
39 Arn. 3.2.1 : Subiciunt enim haec : “Si uobis diuina res cordi est, cur alios nobiscum neque deos colitis neque adoratis nec cum uestris gentibus communia sacra miscetis et religionum coniungitis ritus ?”.
40 Aug., Ep., 16.2-3 : Sed impatientem me esse tanti erroris dissimulare non possum. Quis enim ferat Ioui fulmina uibranti praeferri Migginem, Iunoni, Mineruae, Veneri, Vestaeque Sanaem et cunctis, pro nefas ! diis immortalibus archimartyrem Namphamonem ? Inter quos Lucitas etiam haud minore cultu suspicitur atque alii interminato numero, diis hominibusque odiosa nomina, qui, conscientia nefandorum facinorum specie gloriosae mortis scelera sua sceleribus cumulantes, dignum moribus factisque suis exitum maculati reppererunt. Horum busta, si memoratu dignum est, relictis templis, neglectis maiorum suorum manibus, stulti frequentant… Sed mihi hac tempestate propemodum uidetur bellum Actiacum rursus exortum, quo Aegyptia monstra in Romanorum deos audeant tela uibrare minime duratura. Sed illud quaeso, uir sapientissime… quis sit iste Deus, quem uobis Christiani quasi proprium uindicatis et in locis abditis praesentem uos uidere componitis. Nos etenim deos nostros luce palam ante oculos atque aures omnium mortalium piis precibus adoramus et per suaues hostias propitios nobis efficimus et a cunctis haec cerni et probari contendimus.
41 Ce sont les “martyrs de Madaure”, dont la date et la personnalité même sont discutées. Voir la problématique de Mastandrea 1985, en particulier 27-31. Namphamo est dit “archimartyr” parce qu’il aurait été le premier chrétien à avoir été supplicié en Afrique. Inscrit au martyrologe romain de 1586 ; fête le 4 juillet.
42 Aug., Ep., 17.2 : Nam quod nomina quaedam mortuorum Punica collegisti, quibus in nostram religionem festiuas, ut tibi uisum est, contumelias iaciendas putares, nescio utrum refellere debeam, an silentio praeterire. Si enim res istae tam uidentur leues tuae grauitati quam sunt, iocari mihi non multum uacat… Neque enim usque adeo te ipsum obliuisci potuisses, ut homo Afer scribens Afris, cum simus utrique in Africa constituti, Punica nomina exagitanda existimares.
43 Arn. 5.24.1 : Romanus, Gallus, Hispanus, Afer, Germanus, aut Siculus.
44 1.4.3 : Nam quod nobis obiectare consuestis bellorum frequentium causas, uastationes urbium, Germanorum et Scythicas inruptiones, cum pace hoc uestra et cum bona uenia dixerim, quale sit istud quod dicitur calumniarum libidine non uidetis.
45 1.16.1-3 : Quamquam istud quod dicitur quale sit explicabili non potest conprehensione cognosci. Si Alamannos, Persas, Scythas idcirco uoluerunt deuinci quod habitarent et degerent in eorum gentibus Christiani, quemadmodum Romanis tribuere uictoriam, cum habitarent et degerent in eorum quoque gentibus Christiani ? Si in Asia, Syria idcirco mures et locustas efferuescere prodigialiter uoluerunt, quod ratione consimili habitarent in eorum gentibus Christiani, in Hispania, Gallia cur eodem tempore horum nihil natum est, cum innumeri uiuerent in his quoque prouinciis Christiani ? Si apud Gaetulos, Tinguitanos, huius rei causa siccitatem satis ariditatemque miserunt, eo anno cur messes amplissimas Mauris Nomadibusque tribuerunt, cum religio similis his quoque in regionibus uerteretur ?
46 2.12.1-2 : Argumenta uos nobis et suspicionum argutias proferatis : quibus ipse si Christus… Virtutes sub oculis positae et inaudita illa uis rerum, uel quae ab ipso fiebant palam uel ab eius praeconibus celebrabantur in orbe toto, ea subdidit adpetitionum flammas et ad unius credulitatis adsensum mente una concurrere gentes et populos fecit et moribus dissimillimas nationes.
47 2.12.3 : Enumerari enim possunt atque in usum computationis uenire ea quae in India gesta sunt, apud Seras Persas et Medos, in Arabia, Aegypto, in Asia, Syria, apud Galatas Parthos Phrygas, in Achaia Macedonia Epiro, in insulis et prouinciis omnibus quas sol oriens atque occidens lustrat, ipsam denique apud dominam Romam, in qua cum homines sint Numae regis artibus atque antiquis superstitionibus occupati, non distulerunt tamen res patrias linquere et ueritati coalescere Christianae.
48 L’Orient est la terre de l’occultisme et de la magie ; 4.13.2 : Aegyptios, Persas, Indos, Chaldaeos, Armenios interroget omnesque illos alios qui in interioribus uiderunt et cognouerunt haec artibus ; celle d’où Dionysos revint en conquérant de l’Inde, 4.29.2 quibus dolis Liber Indorum affectauerit regnum.
49 6.5.2 : Constituamus enim noscendae rei causa templum numinis alicuius esse apud Canarias insulas, eiusdem apud ultimam Thylem, eiusdem apud Seras esse, apud furuos Garamantas et si qui sunt alii quos ab sui notitia maria montes siluae et quadrini disterminant cardines.
50 6.6-7 : Quid quod multa ex his templa… Athenis in Mineruio… in Cereris Eleusiniae… in Apollinis… Delii… Paphi… in Veneris templo… Regnatoris in populi Capitolium.
Auteur
Université Paris IV-Sorbonne
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