Le sens du voyage pour le héros dans l’Odyssée d’Homère et le Satiricon de Pétrone
p. 23-34
Texte intégral
Introduction
1Qu’est-ce que voyager ? C’est passer du temps à parcourir des lieux et, plus encore, c’est être marqué par ce déplacement spatio-temporel. Aussi convient-il de rappeler la phrase de Claude Lévi-Strauss dans Tristes tropiques : “on court le monde d’abord à la recherche de soi”. Nous souhaitons ici appliquer cette phrase au voyage que fait Ulysse dans l’Odyssée ainsi qu’à celui d’Encolpe et de Giton dans le Satiricon. Les références à l’épopée homérique dans ce roman latin invitent à la comparaison de deux modèles différents de héros, ce qui nous amène à nous interroger sur la place du voyage. En effet, qu’il soit épique ou romanesque, le héros présente un certain nombre de caractéristiques qui le mettent au premier rang : singularisé par sa naissance, son enfance, son vécu à l’intérieur de la société ainsi que par des traits psychologiques, des valeurs et un mélange de valorisation et de faillibilité, le héros est souvent marqué par la solitude, même s’il évolue avec ses compagnons dans le monde, et si, autour de lui, intervient un univers féminin. Cette évolution correspond habituellement à un voyage, que celui-ci se réalise dans l’espace ou à l’intérieur du personnage. Nous étudierons donc dans une première partie le voyage d’Ulysse pris entre réalité et fiction, puis dans une seconde partie le rôle que Pétrone accorde au voyage dans le Satiricon.
Le sens du voyage pour le héros dans l’Odyssée
2Ulysse apparaît comme un héros modèle : il est le voyageur par excellence, comme le narre l’aède de l’Odyssée ; si nous observons le rôle des chants centraux, nous remarquons qu’ils sont tous axés sur le voyage : ι, κ et μ constituent les récits d’une navigation fantastique dans un monde donné comme réel, mais où sont présents mythe et surnaturel ; le chant λ représente le voyage par excellence puisque la navigation d’Ulysse emmène le lecteur au bout de la terre, dans l’au-delà. Mais c’est ce que le fils de Laërte apprend aux enfers qui permet le retour au réel dans le chant ν. Le héros ne part pas pour partir, il part pour revenir : chaque épisode est présenté comme un empêchement au retour1, comme une reconquête par le personnage de quelque chose qui était en sa possession. L’Odyssée ne relate pas un voyage d’exploration au cours duquel on avance, selon la formule baudelairienne, “Au fond de l’Inconnu pour trouver du nouveau”, mais un voyage de retour. Tout ce que raconte Homère, tout ce que raconte Ulysse, c’est le nostos, le parcours du héros qui veut rentrer chez lui et retrouver sa patrie. On examinera donc de quelle façon Homère compose le voyage d’Ulysse, mais aussi voir quel rôle il faut accorder à ce voyage.
Un voyage dans un espace géographique et réel ?
3Dès l’Antiquité, s’est posée la question du cadre géographique réel du voyage d’Ulysse : cela contribuait sans doute à ancrer le récit d’Homère dans une réalité géographique concrète, celle de la Méditerranée. À l’époque, les Anciens avaient donc associé aux étapes contenues dans les aventures d’Ulysse des équivalents réels : Hérodote situait les Lotophages sur les côtes de Libye et Aiaè, l’île de Circé, en Colchide (Asie Mineure). D’après Thucydide, Cyclopes et Lestrygons étaient les premiers habitants de la Sicile, et l’Île d’Éole se confondait avec les îles Lipari. Les Modernes ont également leur géographie de l’Odyssée : c’est d’abord Victor Bérard qui, en 1911, se lance à la poursuite du héros d’Homère, armant un navire afin de reconstituer précisément le parcours du personnage à partir du récit. Il rendra compte de sa recherche dans Navigations d’Ulysse, quatre ouvrages publiés de 1927 à 1930, suivis d’un ouvrage de photographies de F. Boissonas, Dans le sillage d’Ulysse, en 1931 ; puis Louis Moulinier, en 1958, dans Quelques hypothèses relatives à la géographie d’Homère dans l’Odyssée et, plus récemment, Le Périple d’Ulysse de Jean Cusenier paru en 2003.
4Il convient d’être prudent car il est impossible de parvenir à des certitudes absolues. Ainsi, si Bérard et Cusenier situent le pays des Lestrygons sur la côte sarde, Moulinier le place à Bonifacio ; de même, Bérard situe le pays des Cyclopes près du Vésuve, Moulinier près de l’Etna et Cusenier dans les îles Égades. Mais parfois aucune identification n’est possible : c’est le cas pour l’île de Circé. Le texte de l’Odyssée est le suivant :
Αὐτὰρ ἐπεὶ ποταμοῖο λίπεν ῥόον Ὠκεανοῖο
νηῦς, ἀπὸ δ᾽ἵκετο κῦμα θαλάσσης εὐρυπόροιο
νῆσόν τ᾽Αἰαίην, ὅθι τ᾽ Ἠοῦς ἠριγενείης
οἰκία καὶ χοροί εἰσι καὶ ἀντολαὶ Ἠελίοιο.
“Lorsque notre navire a quitté les courants du fleuve Océan, il rentre dans les flots de la vaste mer et touche à l’île d’Aiaè, où sont le palais et les chœurs de la divine Aurore et le lever de l’éblouissant Soleil”. (Hom., Od., 12.1-4)
5Le commentaire de Victor Bérard – “Il est impossible de dire ce que le poète entend par ces ‛maisons et chœurs de l’Aurore’ et par ce ‛lever de soleil’” – rend compte de son embarras : il a situé, en effet, le pays des Lestrygons sur la côte Sarde. Or, on ne peut placer la demeure de Circé à proximité du pays des Lestrygons qu’en situant ce dernier à l’Est, c’est-à-dire en rejetant les localisations occidentales de Bérard et de Moulinier2. Aussi Jean Cusenier a-t-il été plus prudent en proposant Monte Circeo (territoire tyrrhénien) et la Colchide, ce qui n’est pas incompatible puisqu’il suit la thèse proposée par Alain Ballabriga3, lorsqu’il écrit : “dans l’espace mi-mythique mi-maritime où les héros de l’Odyssée se meuvent, Colchide et Tyrrhénie sont proches au point de se confondre en un même et incertain septentrion, où levant et couchant cessent d’être diamétralement opposés comme en Méditerranée”4. Ces différences dans la géographie de l’Odyssée n’ont en fait guère d’importance : elles indiquent surtout que le monde dans lequel voyage Ulysse est un monde du doute, de l’incertitude, de l’errance, et nous pouvons même parler d’un monde partiellement imaginaire. Telle était l’opinion qu’avaient généralement les Anciens dans l’Antiquité si nous nous référons aux paroles d’Ératosthène, cité par Strabon : “On trouvera les lieux où Ulysse a erré quand on trouvera le cordonnier qui a cousu l’outre des vents”. C’est toujours, du reste, l’opinion qu’ont nos contemporains, et en particulier, Pierre Vidal-Naquet qui déclare, dans Le Chasseur noir, que “les voyages d’Ulysse ne relèvent pas de la géographie (…) il y a plus de réalité géographique dans les récits ‛mensongers’ faits par Ulysse à Eumée et à Pénélope que dans l’ensemble des récits chez Alcinoos”5. Force est de constater que dans l’Odyssée le parcours en zigzag accompli par Ulysse transforme la Méditerranée en une sorte de labyrinthe et qu’il amène le héros à passer tout près de chez lui mais à ne jamais atteindre Ithaque, comme s’il subissait un supplice semblable à celui de Tantale. Faut-il alors supposer que le voyage est nécessaire au héros pour se transformer, évoluer et accéder à un nouveau statut ?
Le voyage initiatique
6Dans l’Odyssée, on voit que la géographie est symbolique et qu’elle correspond moins à une réalité topographique6 qu’à un imaginaire fabuleux et mythologique. Les Enfers se situent en Cimmérie, au Nord, au-delà du fleuve Océan ; c’est un lieu froid pour les Méditerranéens et c’est la limite du monde connu, du monde humain. Le voyage d’Ulysse est donc un périple qui le mène à l’extrémité de la terre, et donc au bout de la vie ; il existe une correspondance parfaite entre l’espace géographique et la vie humaine. Ainsi, l’île de Calypso est habituellement située vers le Détroit de Gibraltar, c’est-à-dire aux fameuses Colonnes d’Hercule ; il s’agit du bord du monde connu pour les Grecs ; bien plus, la grotte de la nymphe se trouve à l’opposé d’Ithaque, à l’extrême Ouest de la Méditerranée, c’est-à-dire là où le soleil disparaît, là où le monde devient incertain ; or chaque jour, Ulysse regarde vers l’Est, dans la direction de sa patrie, Ithaque, et dans la direction de l’aube, du connu, du familier mais aussi de l’espoir et de la vie, même si celle-ci reste une vie humaine et donc limitée. Nous constatons également qu’après l’aventure ordinaire des Cicones, pendant laquelle le héros et ses compagnons font une razzia telle que les Grecs pouvaient en pratiquer, le navire d’Ulysse entre dans un autre monde, dans un univers merveilleux à l’intérieur duquel les hommes se font bien rares et laissent place à des créatures plus étranges les unes que les autres (Cyclopes, Sirènes, magicienne, etc.). Dans ce voyage de retour, les épreuves sont nécessaires afin qu’Ulysse, qui doit payer au même titre que les autres chefs Achéens les crimes commis lors de la prise de Troie, ne connaisse le même sort qu’eux (Ajax est foudroyé, Agamemnon assassiné par son épouse…). Le voyage d’Ulysse présente en effet certaines caractéristiques du voyage symbolique : le retour ne s’effectue que par la traversée d’un monde merveilleux, dans lequel Ulysse et ses compagnons affrontent des épreuves ; après avoir pénétré dans le monde de la démesure, le héros revient à la banalité du quotidien, ce qui nécessite un travail psychique proche du travail de deuil, à savoir la confrontation avec la perte et les angoisses de mort. Il nous revient donc de lire la traversée de ce monde du merveilleux comme un parcours jalonnant le renoncement à être un héros pour accepter, en fin de compte, de n’être qu’un simple mortel. Notre étude s’appuie sur un travail réalisé par Alessandra Lukinovich7. Nous nous contenterons ici d’évoquer les chants qui relatent le parcours dans le monde du merveilleux. Nous pouvons dénombrer douze épreuves fonctionnant entre elles selon une structure circulaire qui met en œuvre des analogies et des oppositions et qui pourrait avoir la représentation d’un cadran de pendule : cette structure a le mérite de mettre en évidence les épreuves III, VI et IX, ainsi que quatre quadrants contenant chacun un couple d’épreuves dont l’une opère dans le registre de la séduction et l’autre dans le registre de la dévoration8.
- Dans le 1er quadrant, la première épreuve, chez les Lotophages, est une épreuve de séduction : celle des paradis artificiels. Ulysse et ses compagnons arrivent chez les Lotophages ; ces derniers leur donnent à manger des feuilles qui les transportent vers des paradis artificiels et leur procurent l’oubli. Mais cet état ressemble à une mort et fait penser à un voyage dans l’Au-delà ; heureusement, Ulysse oblige ses compagnons à embarquer et à reprendre la mer. La 2e épreuve, chez le Cyclope, est une épreuve de dévoration : retenus prisonniers dans la grotte de Polyphème, Ulysse et ses hommes voient à chaque repas quelques-uns des compagnons disparaître dans le gosier du Cyclope. Les survivants en réchappent grâce à une ruse d’Ulysse ; à la fin de cette première section, le héros enregistre des pertes et commet trois erreurs : il défie le Cyclope, révèle son nom et défie Poséidon. La troisième épreuve est un moment clé qui correspond à un équilibre retrouvé : chez Éole, le maître des vents, Ulysse retrouve espoir et s’approche d’Ithaque, qu’il n’atteint pas à cause de la curiosité de son équipage.
- Dans le 2e quadrant, la 4e épreuve, chez les Lestrygons, est une nouvelle épreuve de dévoration. En très peu de temps, ces ogres et ogresses dévorent ou écrasent tous les compagnons d’Ulysse, mis à part ceux du navire sur lequel il était embarqué. La 5e épreuve, chez Circé, est une épreuve de séduction. Grâce à un charme, actif par la consommation d’une boisson, la magicienne transforme tous les compagnons, sauf Ulysse resté en retrait, en porcs. Il faudra, là encore, que le héros utilise la ruse et reçoive l’aide d’Hermès pour délivrer ses compagnons. À la fin de cette deuxième section, le héros enregistre de nouvelles pertes et se trouve déstabilisé par le temps passé auprès de Circé et la perte d’autorité et de crédit auprès de ses compagnons. La sixième épreuve est capitale puisqu’il s’agit de la descente au royaume des morts, chez Hadès, où Ulysse apprend de Tirésias sous quelles conditions il pourra retrouver Ithaque, de sa mère, il reçoit des nouvelles de Pénélope, de son fils et de son père, puis de héros de la guerre de Troie, il apprend quelle fut leur fin. Cette sixième épreuve est une véritable prise de conscience.
- Dans le 3e quadrant, la 7e épreuve, les Sirènes, est une épreuve de séduction. Les navigateurs, passant aux abords de leur île, ne peuvent résister aux chants qu’ils entendent : ils débarquent et restent là, envoûtés, oubliant de se nourrir, jusqu’à ce que mort s’ensuive. Les ossements des malheureux marins recouvrent les prairies de l’île. Ulysse ordonne à ses compagnons de se boucher les oreilles afin de poursuivre leur route et de passer à côté de l’île sans s’arrêter. La 8e épreuve, la confrontation avec Scylla, est une épreuve de dévoration ; le monstre cannibale à six têtes dévore six compagnons d’Ulysse au passage. La neuvième épreuve, l’île du Soleil, est un moment d’équilibre : cette épreuve a été présentée par Tirésias comme l’ultime. C’est encore un moment clé qui correspond à un équilibre retrouvé : Ulysse retrouve espoir puisque sa course doit s’achever. Mais son voyage l’éloigne encore d’Ithaque à cause de la désobéissance de son équipage, qui, poussé par la faim, tue les vaches sacrées du Soleil.
- Dans le 4e et dernier quadrant, la 10e épreuve, Charybde, est une épreuve de dévoration : cette grande bouche émerge par intermittence de l’eau et engloutit tout ce qui se trouve à la surface. Ulysse alors perd le reste de ses compagnons et son bateau. La 11e épreuve, chez Calypso, est une épreuve de séduction : Ulysse arrive seul chez la nymphe, belle séductrice, avec laquelle il est pris dans une relation de fascination mutuelle qui aurait pu durer éternellement. De fait, Calypso l’aurait gardé captif de ses charmes si les dieux n’étaient pas venus la contraindre à laisser repartir Ulysse. Les monstres dévorants qu’il a affrontés ont été de moins en moins humains et de plus en plus monstrueux : Charybde n’est même plus qu’une bouche ; masculins dans la première partie du parcours, ils se féminisent dans la seconde partie. Cette même féminisation se retrouve dans les épreuves de séduction : on part des paradis artificiels pour aller jusqu’à l’amante idéale, Calypso. La douzième épreuve, chez Alkinoos, est un moment d’équilibre : cette étape marque la rupture définitive avec le passé. C’est encore un moment clé qui correspond à un équilibre retrouvé : Ulysse peut terminer sa course car il n’est plus tenu par ses compagnons qui, après avoir été une aide, représentaient dans l’action les opposants à son retour ; le héros a, certes, perdu son rôle de chef militaire, sa suprématie, ses ressources : il se trouve désormais dépouillé de tout et doit compter sur l’aide des dieux. C’est donc à la fois Ithaque et de nouveaux compagnons, et Pénélope qu’il faut reconquérir.
7Les lieux mentionnés lors du périple sont, pour la plupart, des îles ; or, l’île est par excellence un lieu initiatique ; c’est un endroit isolé, à l’écart du monde, et pour l’atteindre il faut franchir un passage. De même, la demeure de Calypso est une caverne, comme la caverne de Polyphème, et en cela un lieu initiatique comme les cavernes crétoises. Le voyage, nous l’avons dit, est organisé en douze épreuves, dont Ulysse sort meurtri mais vivant : mais à l’issue de ces épreuves, il lui reste à regagner Ithaque ; c’est l’occasion pour Homère d’employer des triades trifonctionnelles indo-européennes : Ulysse reçoit de Pénélope un vêtement, une arme, des chaussures, objets propres à l’investiture royale indo-européenne ; il recouvre, comme le signalait Marcel Meulder9, son nom, son arc, son épouse. Cette triade apparaît déjà lors du séjour chez les Phéaciens mais dans l’ordre inverse : rencontre d’Ulysse avec Nausicaa, jeune fille nubile, puis invitation à des jeux (agôn sportif) et enfin révélation de son nom due au fait que les larmes d’Ulysse sont remarquées par Alkinoos10. Cette triade reçoit confirmation en étant doublée d’une autre séquence “vêtement, arme, chaussures”, trois objets liés au symbolisme de la trifonctionnalité, comme l’ont montré Dominique Briquel11 et Daniel Dubuisson12 : le nom et le vêtement représentent la première fonction, celle du pouvoir souverain et religieux ; changer de nom ou changer de vêtement permet de se cacher (Ulysse se fait appeler “Personne” ou Aithon le Crétois, sous l’aspect d’un mendiant) ; l’arme représente la deuxième fonction celle de la guerre (l’importance de l’arc) ; la chaussure et la femme représentent la troisième fonction, celle de la sexualité et de la production. À plusieurs reprises, dans l’Odyssée, intervient cette trifonctionnalité que le héros doit se réapproprier.
Le sens du voyage pour le héros dans le Satiricon
8Le voyage représente habituellement pour un héros une découverte du monde et une initiation. Ce voyage peut être volontaire, à la demande du héros, même si, en cours de route, son itinéraire peut être perturbé par un élément extérieur (Odyssée, Robinson Crusoë ou Le Tour du monde en 80 jours) ; c’est généralement l’occasion pour le héros d’affirmer ses qualités auprès de son entourage ; le retour représente souvent une étape dans la maturité du personnage. Pétrone a bien songé aux récits de voyage, en écrivant le Satiricon, car les héros ne cessent de parcourir le monde.
Le voyage d’apprentissage
9Encolpe, dans ce qui nous reste du roman, change continuellement de cadre et ainsi découvre le monde qui l’entoure. Il se caractérise très rapidement par une absence totale d’orientation :
Sed nec uiam diligenter tenebam quia nec quo loco stabulum esset sciebam. Itaque quocumque ieram, eodem reuertebar.
“Mais je ne connaissais pas vraiment la route parce je ne savais plus où était notre auberge. Aussi, quel que soit l’itinéraire que j’avais pris, je revenais sans cesse sur mes pas”. (Petr. 6.3)
10Il demande alors sa route à une vieille femme, qui, au lieu de lui montrer le chemin, le mène jusqu’à une maison close. Là il retrouve Ascylte, qui a connu une aventure similaire et qui lui confie :
Cum errarem, inquit, per totam ciuitatem nec inuenirem quo loco stabulum reliquissem, accessit ad me pater familiae et ducem se itineris humanissime promisit. Per anfractus deinde obscurissimos egressus in hunc locum me perduxit, prolatoque peculio coepit rogare stuprum.
“J’errais par toute la ville, sans retrouver l’endroit où j’avais laissé notre gîte, quand je fus accosté par un bon père de famille qui s’offrit fort obligeamment de me montrer le chemin. Puis, s’engageant dans une suite de ruelles aussi obscures que tortueuses, il me conduisit jusqu’en ce lieu, et là, pièces en mains, il me proposa la bagatelle” (trad. Ernout)13. (Petr. 8.2)
11Cet incident installe dès les premières pages une représentation de la ville très particulière : le cadre urbain où évoluent les jeunes gens est un lieu essentiellement hostile et trompeur, comme l’incarnent cette vieille femme et ce père de famille. Encolpe réussit à échapper aux propositions de la vieille entremetteuse et retrouve Giton dans l’auberge, puis, après avoir interrompu un culte en l’honneur de Priape, c’est Quartilla qu’il fuit alors qu’elle demande réparation. Il trouve refuge aux bains, rencontre Trimalcion, chez qui il est invité à un repas ; la maison de l’affranchi14 représente un lieu que le héros narrateur juge étrange : il découvre le parcours social et humain d’un affranchi ainsi que des codes de valeur différents des siens, et une société qui n’obéit pas exactement aux mêmes règles que la sienne. Au fil de la soirée, las de leur hôte, Encolpe, Giton et Ascylte connaissent encore l’errance dans la maison de Trimalcion, qui est assimilée à un labyrinthe. Le narrateur et ses acolytes, incapables de trouver l’issue, s’exclament :
Quid faciamus homines miserrimi et noui generis labyrintho inclusi ?
“Que pourrions-nous faire, pauvres diables enfermés dans ce labyrinthe d’un nouveau genre ?” (Petr. 73.1)
12Ils parviennent enfin à sortir et, après quelques péripéties, souhaitant échapper définitivement à Ascylte, Encolpe, Giton et Eumolpe embarquent sur un navire et décident de quitter le pays15. Mais assez vite les amants se rendent compte qu’ils naviguent sur un bateau qui appartient à Lichas, homme avec lequel ils ont eu maille à partir dans un passage antérieur et perdu du roman. Ils retrouvent la débauche des citoyens libres et leur exubérance. Après une tentative de fuite, c’est un naufrage qui les sauve des deux tyrans, Lichas et Triphène, mais qui les contraint à une dernière errance dans Crotone16, la ville des captateurs de testaments, Crotone, sorte de microcosme avec ses règles ; Encolpe se fait désormais appeler Poluaïnos – une des épithètes d’Ulysse – et fait la connaissance de Circé, une belle Crotoniate, dont il découvre les exigences et le libertinage. Mais les malheurs continuent et Encolpe doit avoir recours aux soins de la vieille Œnothée pour retrouver sa vigueur ; la maison d’Œnothée est consacrée à la sorcellerie et à la magie. Encolpe réussit à s’échapper de cette masure à la fin de ce qu’il nous reste du roman.
13Tous ces lieux sont autant d’expériences vécues par le héros qui devraient permettre à ce dernier d’évoluer dans son humanité et dans sa position au sein de la société. Or tout se passe comme si Encolpe était dépassé par cette formation. Loin de maîtriser l’expérience qu’il vit, le héros apparaît comme un homme qui subit son destin et ce qu’il traverse. Entre le début et la fin de cette œuvre lacunaire nous ne sentons aucune progression réelle dans le personnage. Le voyage, loin d’être formateur, ne s’effectue jamais du plein gré d’Encolpe et le héros ne semble avoir aucune maîtrise sur les événements qu’il rencontre.
Le voyage forcé
14Si les références à l’Odyssée17 sont nombreuses dans le Satiricon, Encolpe, Giton ou Ascylte sont cependant bien différents du modèle que constitue Ulysse. Nous retrouvons certes le thème du voyage qu’accomplissent les héros, mais ce voyage n’a rien d’initiatique ni de symbolique et ne constitue pas un retour ; les personnages, au gré de leurs aventures, sont dans une fuite constante. Prisonniers de leur impuissance à construire ou à repérer des structures, les héros du Satiricon sont pris dans un vertige de mouvements, dans une errance constante ; à la quête du héros épique se substituent les fuites ou les poursuites d’Encolpe et de ses compagnons. Ces personnages sont sans repère : la marginalité est leur quotidien et se manifeste dans le fait qu’ils sont sans domicile fixe, et qu’ils errent ou fuient tout au long du roman, sans but. Comme le remarque Joël Thomas, “à aucun moment, ils ne semblent avoir la possibilité – ni d’ailleurs le désir – de transformer ce mouvement en trajectoire”18.
15Encolpe et ses compagnons ne cessent au cours du roman de changer de cadre par la fuite : c’est en fuyant l’école de rhétorique (6.2 : opportune subduxi me et cursim Ascylton persequi coepi “Je m’éclipsai à cette occasion et commençai à courir à la recherche d’Ascylte”) – il revient malgré tout sur ses pas – qu’il tombe dans le monde des bas-fonds de la cité, lieu qu’il cherche à fuir (7.4 : et per medium lupanar fugere coepi in alteram partem “et à travers ce lupanar, je commence à fuir vers la sortie opposée”) ; après l’épisode du manteau, il fuit le marché (15.8 : et recuperato (…) thesauro in deuersorium praecipites abimus “et une fois notre bien récupéré, nous partons tête baissée jusqu’à l’auberge”). C’est encore par la fuite qu’ils échappent aux mains de Quartilla (26.7 : sed tot uulneribus confossis fuga magis placebat quam quies “mais percés de coups aussi nombreux, la fuite nous plaisait plus que le repos”), à Trimalcion et à sa maison à deux reprises (72.6 : dum illi balneum petunt, nos in turba exeamus “et pendant qu’ils s’en vont au bain, retirons nous dans la foule”) et après avoir refait le même trajet (78.9 : raptimque tam plane quam ex incendio fugimus “et nous fuyons précipitamment exactement comme nous l’aurions fait d’un incendie”) ; pour fuir Ascylte et la police, Encolpe et Giton embarquent sur le bateau de Lichas (chapitre 99) qu’ils cherchent plus tard à fuir de différentes manières (chapitres 102-103) ; ils échappent au naufrage grâce à des pêcheurs (chapitre 114). Le voyage à Crotone donne l’occasion à Encolpe d’être chassé par Circé (132.4 : extra ianuam eiectus sum “je fus jeté à la porte”) ; puis c’est la maison d’Œnothée qu’il fuit (138.4 : Euasi tamen omnibus digitis inter praecipitem decursum cruentatis “je m’évadai et mis mes pieds tout en sang en courant à toute vitesse dans cette descente”). Tous ces lieux sont autant d’expériences que le héros vit mal ; sa réponse est toujours la fuite, ce qui l’empêche de se construire et d’évoluer. Loin de maîtriser les expériences qu’il vit et de prendre du recul, le héros est un véritable fuyard. Il n’assume ni l’expérience personnelle, ni l’expérience sociale. Il reste enfermé dans sa condition première et de ce fait n’acquiert aucune grandeur. L’itinéraire des héros n’obéit donc pas à la cohérence d’une quête, mais à l’arbitraire de la fuite19. Le seul repère des personnages se trouve être l’auberge, vers laquelle leurs pas les ramènent immanquablement : c’est là en effet qu’ils vivent, dans ce lieu infamis s’il en est, occupé par des gens très peu recommandables, mendiants, ivrognes et amateurs de bagarres, condamnés comme ces derniers, semble-t-il, à la même marginalité. Ont-ils seulement un guide pour leur permettre d’évoluer ? Rien n’est moins sûr.
Le voyage guidé
16Le voyage qu’effectue Encolpe n’est jamais de son fait ; ce n’est pas un choix mais une échappatoire. De plus, à la façon d’un enfant, Encolpe est toujours guidé dans son voyage, même si souvent le guide n’en est pas un : c’est quelqu’un qui profite de la situation dans son propre intérêt ou celui de son maître : sexe et argent sont alors les motifs principaux de découvertes. Ainsi, ses guides sont successivement des tenancières de bordel, Quartilla, des esclaves portiers chez Trimalcion, l’aubergiste, un marin, Chrysis, Prosélénos, Œnothée. Tous ces personnages ont une condition ou une moralité inférieure à celle d’Encolpe et pourtant il les suit, un peu comme si les repères de sa société avaient disparu. Aussi n’est-il pas étonnant de voir que le héros ne maîtrise plus sa destinée : soit c’est l’affranchi qui est dépassé par un monde en pleine mutation et la parodie est alors critique, soit la critique s’adresse à un homme qui reste campé sur d’anciennes valeurs et qui ne voit pas dans les aventures qu’il vit le moyen d’évoluer et de faire évoluer sa société. Encolpe place son avenir entre les mains d’inconnus jusqu’à ce qu’il se rende compte de son erreur et qu’il la reproduise avec un autre inconnu. Jamais de sentiments, jamais de réflexions chez ces personnages, sans doute parce qu’Encolpe en manque lui-même. Giton, à l’inverse, est beaucoup plus à l’aise dans ce monde, non qu’il manque de morale, mais parce qu’il tente de se sortir des situations épineuses et parce qu’il a lui-même la figure d’un guide (c’est lui qui trouve comment sortir de chez Trimalcion, comment se repérer dans la ville)20. Encolpe confie davantage son destin à autrui parce qu’il ne sait plus se comporter en homme responsable à l’inverse d’un Trimalcion qui, entouré de conseillers et d’esclaves, garde quand même l’autorité sur son entourage. Encolpe et ses compagnons errent donc dans une société qui les décrie et les cantonne dans des espaces de seconde zone : ruelles obscures, lupanars, auberge poussiéreuse, taudis, ou, au mieux, la somptueuse maison de Trimalcion, véritable prison dorée. Ce brouillage structurel trouve sa correspondance spatiale dans le labyrinthe urbain à l’intérieur duquel les héros se perdent constamment. Nous sommes très loin du labyrinthe initiatique de l’épopée : l’espace dans le roman de Pétrone, opère comme un piège dont les niveaux se superposent pour égarer le héros ; le labyrinthe urbain renvoie au labyrinthe intérieur des personnages. Le Satiricon n’offre-t-il vraiment aucune occasion aux héros qui voyagent de s’initier ?
Le voyage motif d’initiation
17Le voyage dans le Satiricon se double d’occasions offertes au héros de s’initier. Ainsi, comme dans les religions à mystères, Encolpe, à plusieurs reprises, vit un rite d’initiation.
L’initiation à un culte
18Lors de son voyage, Encolpe est invité à participer à un rite d’initiation religieuse. Il est initié d’abord par Quartilla qui, en prêtresse de Priape, saisit l’occasion pour mettre en avant la pratique et profiter de la situation (chapitres 16 à 26) ; le texte est bien sûr parodique mais tous les ingrédients sont là : le dieu, les prêtresses, le culte, les cérémonies, etc. De même, plus tard, sur le bateau l’évocation de l’intervention divine lors de rêves renvoie à la religion :
Videbatur mihi secundum quietem Priapus dicere : “Encolpion quod quaeris, scito a me in nauem tuam esse perductum”. Exhorruit Tryphaena et : “Putes, inquit, una nos dormisse ; nam et mihi simulacrum Neptuni, quod Bais in tetrastylo notaueram, uidebatur dicere : ‛In naue Lichae Gitona inuenies’”. “Hinc scies, inquit Eumolpus, Epicurum esse hominem diuinum, qui eiusmodi ludibria facetissima ratione condemnat”.
“J’ai cru voir dans mon sommeil Priape qui me disait : ‘Ce cher Encolpe que tu cherches, sache que mes soins l’ont amené à bord de ton navire’. Un frisson saisit Tryphène : ‘On croirait, dit-elle, que nous avons dormi ensemble ; car moi aussi la statue de Neptune, que j’avais remarquée à Baïes dans le tétrastyle, m’est apparue pour me dire : ‛Dans le navire de Lycas tu retrouveras Giton’’. ‒ ‘Cela vous prouve, interrompit Eumolpe, qu’Épicure est un homme vraiment divin, lui qui fait justice de ces illusions de la façon la plus spirituelle’”. (Petr. 104.1-3 ; trad. Ernout)
19Enfin chez Œnothée, la religion se double de sorcellerie, mais sans que cela ne devienne inquiétant car le vin semble dominer la situation. Il est étonnant qu’Encolpe vive ces expériences sans prendre de la distance face aux événements, un peu comme si la religion romaine païenne l’obligeait à ne pas remettre en doute ce qu’il voit et ce qu’il entend dans un siècle où elle ne laisse plus beaucoup d’illusion.
Initiation sociale
20Encolpe et ses compagnons sont confrontés à la société de leur temps à travers ces multiples expériences : c’est l’école de rhétorique et son aspect désuet ; ce sont les bas-fonds de la cité et le marché qui sont autant de lieu de commerce ; ce sont les bains ; la maison de Trimalcion et ses codes étranges (entrée, repas, discussions d’affranchis, funérailles) ; c’est l’auberge qui apparaît comme un décor de théâtre ; le bateau de Lichas symbole d’une société d’affranchis qui s’achemine vers sa ruine et son naufrage ; la cité de Crotone et ses usages ; la société de Circé et ses règles ; autant d’expériences qui offrent à Encolpe l’occasion de méditer sur une époque en pleine mutation. Mais il n’en a pas les moyens. Il n’assume ni l’expérience personnelle, ni l’expérience sociale. Il reste enfermé dans sa condition première et, de ce fait, n’acquiert aucune grandeur. L’errance dans l’espace est une matérialisation symbolique de l’errance sociale des jeunes gens, qui n’ont d’autre moyen de survie que de voler ou tromper, comme le prouvent l’épisode du manteau volé21, ou celui de Crotone. Pour s’intégrer pleinement dans la société, il manque aux jeunes héros un élément fondamental, un état civil22. Le roman ne les décrit qu’au travers de leur sexualité et de leurs errements. Il est étrange, et même paradoxal, de voir ces personnages qualifiés de scholastici : au chapitre 10, ils se qualifient eux-mêmes par ce terme, et c’est en cette qualité qu’ils sont invités chez Trimalcion. L’unique initiation sociale est l’école mais ils la refusent et la fuient. Ce statut ne fait d’ailleurs qu’accentuer l’impression d’être face à une jeunesse inclassable, essentiellement ambivalente : bisexuels, intellectuels mais marginaux, ils échappent à la certitude, à la cohérence, et rendent caduque toute tentative d’identification.
L’initiation humaine
21La traversée de ces aventures pourrait conduire le héros à une progression dans son humanité. Mais nous remarquons qu’Encolpe ne change pas, comme s’il ne participait pas vraiment à ce qu’il traverse. Refermé sur lui-même, Encolpe est toujours dépendant. Ses sentiments pour Giton demeurent les mêmes (jalousie et passion sans un véritable amour). Son expérience semble se résumer à une virilité qu’il s’efforce de retrouver, mais cette virilité est symbolique et son rapport aux femmes plus qu’ambigu : il est charmé mais ne cesse de fuir ; son rapport aux hommes est identique. Certes, nous n’avons pas la totalité du roman, et il est difficile dans ces conditions d’être pleinement affirmatif mais le trajet que suit le personnage principal est beaucoup trop parodique pour qu’on puisse espérer voir dans ce voyage la progression d’Encolpe.
Conclusion
22Ainsi, la littérature nous a offert ici deux approches différentes du voyage et de l’impact qu’il a sur le héros. Si Ulysse fait d’abord un voyage de retour pour retrouver les siens et redevenir un homme après avoir été un héros, Encolpe ne cesse de fuir et incarne l’homme dans toutes ses faiblesses et dans tous ses doutes ; s’il n’offre au lecteur qu’une image bien terne, il représente cependant un citoyen romain confronté à une société dont les valeurs sont en pleine mutation. En cela, il est intéressant de remarquer que la ruse qui caractérisait Ulysse et rendait le héros attrayant pour le lecteur se rencontre chez Giton, l’affranchi. Le héros du Satiricon se retrouve avec un moi individuel, il recherche des valeurs absolues dans un monde où elles sont dégradées, dans un monde sans dieux, et il doit lui-même trouver un sens à sa vie. Même le regard critique qu’il porte sur la société est tourné en dérision car ce nouveau monde n’a plus de valeurs de référence : Encolpe est quelqu’un pour qui ni le bien ni le mal n’existe, il avance dans le néant des références intellectuelles et morales. Le thème du voyage fait donc apparaître l’opposition entre épopée et roman, ou, du moins, met en relief une dimension parodique entre ces deux genres : le voyage épique qui constitue la trame de la reconstruction et de la transformation du héros devient une absence de voyage véritable dans le roman et un retour du personnage à lui-même.
Bibliographie
Bibliographie
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Notes de bas de page
1 Sur la notion de retour/non retour, voir Pucci 1995, 181-195.
2 Voir à ce sujet, Moreau 1994, en particulier les pages 28 à 32.
3 Ballabriga 1998.
4 Cusenier 2003, 279.
5 Vidal-Naquet 2005, 46.
6 Les indications purement topographiques sont rares dans l’Odyssée.
7 Lukinovich 1998.
8 Voir Brandt 2011.
9 Meulder 2002.
10 Meulder 2002, 21.
11 Voir notamment Briquel 1983 et 1992.
12 Voir Dubuisson 1978.
13 Le terme “bagatelle” est la traduction que choisit Ernout pour stuprum, mais c’est bien sûr un euphémisme, stuprum désignant un rapport sexuel coupable, honteux, entaché de violence ou d’amoralité (pour une relation hors-mariage notamment).
14 Chapitres 27 à 77.
15 Chapitres 99 à 114.
16 Chapitres 119 à 140.
17 Le personnage d’Ulysse est mentionné 10 fois, le cyclope 4 fois, et Circé est un personnage du roman.
18 Thomas 1986.
19 Voir Thomas 1986, 90-105 ; Callebat 1974 et Grimaud 2010.
20 Sur l’ingéniosité de Giton, voir Brunet 2012, 315-332.
21 Chapitres 12 à 15.
22 Voir Thomas 1994, en particulier les pages 90 à 93.
Auteur
ISTA, Université de Franche-Comté
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