Sédentarité et mobilité gréco-romaines : deux anthropologies de l’espace différentes ?
p. 13-19
Texte intégral
1Il est classique, en usant d’un cliché facile, d’opposer au Romain terrien, casanier, attaché à la terra mater, symbole de ruralité féconde et d’enracinement, le Grec, mobile, adossé à des reliefs montagneux peu propices à l’agriculture, et partant ouvert à l’immensité des mers, promesse de lucre, de colonisation et d’aventures : c’est le mercator uagus de la poésie latine, l’”oiseau migrateur” des agronomes latins, que la culture grecque elle-même définit comme un thalassoporos ou comme un philapodèmos. L’image de la romanité primordiale n’est valable, malgré la persistance des archétypes passéistes tenaces, phénomène de rémanence culturelle, que pour la période qui précède les guerres puniques et la “conquête romaine”. Il s’agit du “siècle des Scipions”, cher à P. Grimal, de ce deuxième siècle avant notre ère où quelques générations de légionnaires-paysans ont pratiquement conquis et romanisé tout le pourtour de la Méditerranée. Cette expansion fulgurante a ébloui le Grec Polybe. Dans une interaction des causes et des conséquences, il en est résulté une curiosité “œcuménique” porteuse de géopolitique nouvelle, l’élargissement maritime de l’“art militaire”, et une ouverture au mercantilisme international qui abolit l’autarcie rurale, et sa “médiocrité” rassurante.
2Partons des paramètres primordiaux de Rome : la définition de l’espace des dieux, des vivants et des morts, structurée par l’antinomie juridique sacrum/profanum (Gai., Inst., 2.2 à 11) : elle régit aussi bien la propriété rurale que l’urbanisme primitif de la “fondation”, les droits des dieux, les espaces “publics” tels que “murs” et “portes”, les rites funéraires et les entreprises militaires. Tout n’est pas d’une clarté diaphane : portes et murs sont comme choses sanctae quodam modo diuini iuris – et distinctes des res publicae humani iuris. Le grand problème juridique posé à Rome par l’espace est de délimiter les zones “profanes” et les zones “sacrées” ; un cas concret est illustré par les fleuves et sources, qui ont leur secteur navigable et “baignable” et leur secteur protégé par la religio.
3Toute étude de l’espace romain devrait partir du De lingua Latina de Varron, “le plus savant des Romains”, le philologue et l’archéologue de la République finissante : il a exploré les espaces sacrés de l’ancienne Rome, des Sept Collines et de leurs lieux vénérables. Le début du livre 5 nous propose d’analyser, dans une perspective philosophique – celle de l’espace comme “cadre du mouvement” –, la lexicographie “qui concerne l’espace et les choses qu’on y voit” (5.13). Varron est très sensible à la distinction capitale pour les juristes romains du “sacré” et du “profane”, avant et après les Instituta de Gaius.
4L’opposition fondamentale concerne l’espace des dieux, des hommes et des morts. Les deux premiers se partagent un espace romain primordial, sacralisé par le bâton des augures et les signes de l’avispicine, observés dans un espace délimité. La cohabitation des dieux et des hommes dans l’espace consacré de l’Urbs domine le grand discours de Camille, dans le livre 5 de Tite-Live (5.51.5). Le périmètre délimité par le labour sacré initial de Romulus, la Roma quadrata et son pomœrium, dont Varron rappelle l’archéologie, est l’espace protégé par les auspices où se déroulent les comices, actes majeurs de la vie politique ; l’espace civique est un espace augural (5.52.15). L’espace des morts, qui relève d’une topographie indécise avant l’adoption de la mythologie infernale grecque et de son Hadès souterrain, semble se circonscrire pour la Rome archaïque, au gouffre maléfique de l’Orcus, qu’on ouvre rituellement pour éviter l’invasion vengeresse des ombres : il existe un tabou localisé qui recoupe la hantise du contact physique avec la mort et les morts. La loi des XII Tables a édicté comme règle de cohabitation entre les vivants et les morts (Tab. X, conservée par le De legibus cicéronien, 2.23.58) qu’on “ne doit ni ensevelir ni incinérer homme mort dans la ville” – c’est-à-dire à l’intérieur du pomœrium ; l’interdit sera répercuté dans tous les actes de fondation de la colonisation romaine, dans les lois municipales de la Ville ou de la Péninsule ibérique. Or le “tabou” initial, aux yeux du rationalisme latin, comme la désignation divinatoire du site de fondation, se laïcise, si l’on peut dire, pour devenir exigence de sécurité et de salubrité (crainte de l’incendie et de l’épidémie). Vitruve osera écrire que les prodiges favorables et les “belles victimes” de l’haruspicine s’expliquent par la salubrité du milieu nutritionnel. Même la propriété divine, c’est-à-dire les espaces consacrés des dieux, obéira à certains tabous primordiaux réinterprétés. Il suffit de rappeler chez Vitruve la localisation extra muros des sanctuaires, de Vénus, de Vulcain et de Mars : l’exégèse rationaliste soulignera les impératifs de la sécurité et de l’ordre social (sensualité ; incendie ; violence armée ; voir 1.7.30). Mais qu’il s’agisse des morts comme des dieux, un des archétypes de la mentalité romaine semble être leur droit de propriété sur un espace, maléfique ou consacré. Ainsi la mythologie du dieu Terminus chez les annalistes (Liv. 1.55.2 et 5.54.7, après Varr., L., 5.21 et 74) : garant de la propriété rurale et des sacro-saintes limites, il refuse d’être délogé par le temple de Jupiter Capitolin. La grande idée du dictateur Camille, dans le discours livien, sera que les dieux, enracinés dans leurs temples, ont des droits imprescriptibles sur le sol et sur le site. Leur templum bâti est la projection terrestre, géométrique, d’un espace céleste. Avec l’évolution “séculière” et “laïque” du droit funéraire, le ius sepulcrorum consacrera à la fois le caractère “religieux” du tombeau et le droit de propriété éternel du défunt. Il n’est que de confronter les sanctions de la législation de sepulcro uiolato (Dig., 40.7.12) et les interdits posthumes de la formule qui protège le propriétaire défunt du tombeau, par exemple H M N S H1, “le monument ne suivra pas le sort de l’héritage”. L’idée que les morts restent attachés à la “terre mère” est si puissante que, dans l’évolution des rites funéraires, l’incinération préserve un os resectum qui, soustrait à la dépouille, sera enseveli (iniectio glebae), car l’évolution du droit funéraire intégrera l’incinération et définira le “sépulcre” comme le lieu ubi corpus ossaue hominis condita sunt.
5La volonté de maîtriser l’espace est si évidente qu’elle se transfère dans le droit des tombeaux, le mort définissant les mensurations de sa demeure éternelle, en façade et en profondeur, in frontem/in agrum. On pourrait y voir un instinct rural de propriété : celui qui interdit de déplacer les bornes ; il nourrit les litiges de mitoyenneté dans le droit civil, primitif et religieux des “actions de la loi”, rappelées par le Commentarius quartus de Gaius (11 sq.), ou dans le droit civil laïcisé du Digeste (actio aquae pluuiae arcendae, ou “action” en revendication de propriété). De toute manière, la table VII des XII Tabulae est dominée par les problèmes de propriétés publique et privée : des eaux de ruissellement per publicum locum jusqu’à l’empiétement des arbres sur la propriété voisine (FIRA, I, 48 sq.). La ruralité primitive, l’enracinement terrien du Romain explique l’importance des agrimensores, des arpenteurs civils, dont les délimitations coexistent dès les origines avec les délimitations religieuses des augures : le groma de l’arpenteur est frère du lituus de l’augure ! Le souci de précision “métrique”, qui survit dans les inscriptions funéraires, est attesté, au-delà des XII Tables, par les lois agraires d’époque classique. Exemple remarquable, la loi dite Baebia de 110 a. C. (Rotondi 1990, 322-323) : elle précise les modalités du lotissement de l’ager publicus populi Romani in terra Italia, les limites de l’“assignation”, ainsi que du droit de possession et d’usage, construction et droit de pacage (dix têtes de bétail). La minutie “cadastrale” d’un peuple terrien explique un corollaire annexe, un reste de primitivisme : la crainte de voir les pratiques magiques (XII Tables, VIII. 8), sans déplacement des bornes, attirer par sortilège les récoltes des parcelles mitoyennes. Sensible dans le droit “sépulcral” et dans ses divers interdits, comme on a vu, le souci de l’arpentage qui permet de dominer l’espace public et de quadriller par la centuriation l’ager publicus réparti aux vétérans, régit également la “castramétation” qui encadre l’établissement du camp romain ; les écrivains militaires en détaillent les normes.
6Il est banal d’observer que l’urbanisme romain est certes dominé par les théories hellénistiques qui fixent l’utilisation fonctionnelle de l’espace urbain – en dehors des collines sacrées –, espace sacré ou profane, public ou privé, et l’aménagement social de l’espace civique : zone du forum, avec ou sans temples, théâtre et portiques de dégagement. Un des problèmes cruciaux de l’extension urbaine sera certes d’harmoniser le périmètre urbain habité et les zones publiques, qui tendront, avec le principat, à grignoter l’espace populaire. Le dogme de la magnificentia publica et de l’utilitas publica, défini par Vitruve et par les jurisconsultes officiels, entrera dès l’époque augustéenne en conflit avec les paramètres démographiques (environ un million d’habitants) et les exigences de l’habitat populaire. Auguste a dû limiter les dimensions de son forum pour ménager l’espace habitable du quartier populaire de Subure, voisin. Le conflit sera récurrent pendant tout l’Empire : on verra la protestation populaire dénoncer la Maison d’Or de Néron, dévoreuse d’espace habitable, aussi bien chez Suétone (Ner.), que dans le Liber de spectaculis de Martial, qui note qu’on voit dans la Rome flavienne tous les édifices de la mégalomanie néronienne s’inscrire en filigrane sous la Capitale ultérieure. Mais l’urbanisme volontaire et maîtrisé dont Vitruve a tracé les principes conserve les paramètres de la ruralité – les “espaces verts” – et de la religiosité primitive ; même les exigences “modernes” de salubrité trahiront ce conservatisme des mentalités terriennes. Il est banal de constater que les Romains conservent le respect révérenciel du pomœrium, dont l’extension se justifie certes par l’extension démographique, mais qui doit respecter les règles politico-juridiques de l’imperium : pour preuve la Lex curiata de imperio Vespasiani de 69-70, qui confère au vainqueur de la guerre civile le même droit qu’à Auguste, Tibère et Claude. Pour limiter l’exégèse de ce grand texte épigraphique, le concept d’utilitas publica interfère, en la matière, avec la clause générale d’omnipotence qui applique à la gestion de l’espace urbain la souveraineté sur “les choses divines et humaines, privées et publiques”. La conjonction des facteurs religieux et des exigences sociologiques de sécurité et de salubrité a été notée pour la localisation extra-pomériale des tombeaux et bûchers. Observons ici que le concept rural de locus pestilens, à la fois “malsain” et “maléfique”, est assumé par le Digeste (27.9.13 ; 43.8.2)2.
7Or la gestion de l’espace urbain, essentielle dans une colonisation qui se confond avec l’urbanisation, est si cruciale à Rome que l’urbanisme horizontal fait place, chez Vitruve et avec le principat d’Auguste, à un urbanisme vertical, celui des insulae collectives, si bien localisées par L. Homo (1951). Vitruve (2.7.52) a noté, à propos des lois publiques qui fixent les dimensions maximales des “murs porteurs”, que l’extension verticale des immeubles est devenue une nécessité sociologique, que “la multiplicité des étages et des parois permet au peuple romain d’avoir sans difficulté de belles habitations” – dans lesquelles la superposition des appartements concilie l’utilité maximale et la “vue d’en haut”. Une loi agraire de Cicéron vante une Rome “suspendue en l’air par l’étagement de ses appartements”.
8Un aspect intéressant de la doctrine de l’“espace vital” romain serait la confrontation entre un impérialisme œcuménique et l’enracinement latin et italien des origines. Il est inutile de reprendre les débats académiques sur l’origine de l’impérialisme, fortuit ou systématique, théorisé après coup par le Cercle de Scipion Émilien avec des cautions grecques. Qu’il suffise de constater que la conquête du bassin méditerranéen prend appui sur l’extension de la culture géographique à Rome ; que cette géographie, rien moins que désintéressée, converge vers une géopolitique qui fait du Mare nostrum un espace de pouvoir et de légalité romaine – le droit public, le droit civil, le droit fiscal, ne s’appliqueront pas moins aux provinces constituées qu’aux collectivités, “colonies” ou “municipes”. Le cas limite est fourni par la préfecture d’Égypte : le Gnomon de l’Idiologue, de l’époque antonine, prouve que les dispositions “caducaires” des lois matrimoniales d’Auguste s’y appliquaient (sanctions successorales et fiscales du célibat) !
9La géographie des Romains, qui se développe après la fin de la République, avec Pomponius Mela, Agrippa et Pline l’Ancien, restera toujours, comme la géographie foncière, liée à la maîtrise politique et stratégique de l’univers. Dans un débat sénatorial du IIe s. a. C., des ambassadeurs grecs considèrent que les imperatores ont de l’univers une connaissance à la fois visuelle et cartographique. Les travaux géographiques d’Agrippa, l’épée du principat naissant, étaient liés à la détermination des distances, visualisées par les bornes militaires d’un réseau routier d’extension mondiale : le réseau routier d’Agrippa, centré sur le “milliaire d’or” du Forum (Pline 3.17), était tracé sur une carte antique de l’Oikoumenè – peut-être la matrice de la célèbre Table de Peutinger3. La curiosité géographique demeure géopolitique, même dans sa dimension ethnographique et sociologique, comme chez Pline : entraînés dans le vertige impérialiste, les Romains veulent connaître les “mœurs”, le climat et la “situation” des peuples lointains, jusqu’à l’Asie et à l’Inde. Cette découverte des espaces lointains est à rapprocher des Res Gestae, le “Mémorial” d’Auguste : de la section diplomatique (26 et 31) au bilan, il s’agit de délimiter les “provinces du peuple romain”, avec le souci de sécuriser leurs confins. Or l’espace lointain, comme l’espace germanique exploré par la flotte de Drusus et l’espace nordique, se révèle inquiétant, voire hostile. Même conquis, le monde n’est pas toujours sécurisé pour un Romain, malgré la foi dans la “paix romaine”. Rappelons le grand discours prononcé en 195 a. C. par Caton le Censeur, dans lequel “le passage en Grèce et en Asie, contrées remplies de toutes les séductions du vice”, menace non seulement la vertu et l’austérité romaines, mais aussi et surtout la sécurité de l’enracinement : elle implique de laisser “les dieux demeurer dans leurs domiciles”. Cette idée-force s’éclaire par une théorie du De republica cicéronien : l’antithèse est absolue (2.4.7 sq.) entre les civilisations terriennes enracinées et les “cités maritimes”, aux habitants aussi instables que leurs mentalités, vouées à toute espèce de “fluctuations”, contaminées par les “mœurs étrangères”, sapées dans leurs “institutions ancestrales” et travaillées par le goût du vagabondage maritime et de l’évasion imaginaire. Rome est tiraillée entre une géopolitique de l’ouverture et la tentation permanente du repli sécurisant sur le Latium et l’Italie. À mi-chemin des deux lignes de force de la romanité, Auguste n’avait-il pas dans son testament (Tac., An., 1.11) conseillé à ses successeurs “de comprimer l’empire à l’intérieur de ses limites” ? Tout s’éclaire par une géopolitique qui repose sur une géographie discriminante de la planète, dominée par l’opposition physique, climatique, et même sociologique, entre les zones extrêmes, glacées ou torrides, inhumaines, et les zones médianes, centrées sur la Méditerranée, tempérées, dynamiques ; telle est l’image de la planète dans le Songe de Scipion cicéronien (Rep., 6.20-21). En matière de localisation spatiale, la position médiane jouit d’une supériorité géométrique et anthropologique, pour la terre au centre du cosmos, pour les zones médianes de la planète. Il est significatif que Vitruve, en conjuguant géométrie planétaire et déterminisme climatologique – après Hippocrate et avant Montesquieu – écrive dans un texte remarquable et trop peu commenté (6.138), que “la providence divine a localisé la cité romaine dans une région excellente et tempérée, pour lui permettre d’exercer l’empire du monde”. L’astronomie de Manilius, avant la théorie de Pline (37.201), corrobore la thèse géographique et climatique, qu’on retrouve aussi dans le De ira sénéquien (2.15) : l’impérialisme dévolu aux peuples qui jouissent d’un climat plus tempéré. Cet italocentrisme peut paradoxalement servir de support à l’expansion impérialiste contenue par la géographie (Tac., An., 1.9.7 :… mari Oceano aut amnibus longinquis saeptum imperium…) et à son contraire, complémentaire, le culte de la Péninsule, havre de prospérité agraire, de fraîcheur et de verdure – la Terra mater du relief de l’Ara Pacis, la fertilis frugum pecorisque Tellus de l’image horatienne, la terre qui inspire tous les Fortunatos nimium agricolas… de Virgile et du lyrisme augustéen ; l’Italie de ce nationalisme augustéen, la terre bénie de l’éloge virgilien (G., 2.136-160) est, non seulement un terroir fertile, familier et sécurisant, qui s’oppose aux “paradis lointains”, aux “mirages lointains” de l’exotisme poétique4, mais aussi un cadre de beauté géographique, avec ses fleuves, ses lacs, ses contours maritimes.
10L’ouverture du monde, confondu avec l’espace habité et civilisé, concilie donc l’enracinement et la sédentarité, dans la mentalité romaine, sécurisée dans le culte de “la terre et des morts”. Mais n’y a-t-il pas eu un dépassement de l’échelle terrestre dans un sens métaphysique et spirituel ? La connaissance contemplative de l’univers, l’appel des espaces inconnus, de l’invisible qui est l’arrière-monde visible dans les Questions naturelles de Sénèque, élargissent l’espace de la pure connaissance. Au-delà même de l’intuition d’un personnage de tragédie sénéquien qui entrevoit la découverte du “nouveau monde” transocéanique, la curiosité humaine est sollicitée, et inquiétée à la fois, par les ingentia spatia des caelestia : ils prolongent les terrena et inspirent à la fois l’enthousiasme et la révérence craintive, sans que l’homme antique aille jusqu’à l’angoisse métaphysique d’un Pascal devant “le silence de ces espaces infinis”. Du reste, l’espace infini de l’homme antique n’est pas toujours silence oppressant : le pythagorisme, un des rapports de la spiritualité antique à la romanité, exalte un univers d’harmonie, avec la musique céleste des sphères. Sa cosmologie spirituelle, celle de la mens universi, se prolonge en une eschatologie qui dépasse et sublime les antiques croyances d’outre-tombe, et même la géographie infernale des mythes.
11Le pythagorisme antique a apporté à Rome une ferveur qui accompagne la découverte des espaces cosmiques. La nature est le temple du divin, dont les sages et les savants, communiant dans une sapientia, sont les desservants – image de Sénèque. Mais chez le sage de Crotone comme dans la lecture romaine, celle du Songe de Scipion ou celle des Consolations de Sénèque, des problèmes de l’éternité, les âmes échappent au gouffre de l’Hadès souterrain et aux métaphores matérialistes de l’au-delà, pour gagner les hauteurs sublimes de l’empyrée, ou de la Voie Lactée. L’espace infini et immatériel de l’immortalité élimine, pour les grandes âmes et les esprits éclairés de l’Empire, l’espace céleste restreint, délimité jadis par le lituus de l’augure…
Bibliographie
Bibliographie
André, J.-M. (2006) : La médecine à Rome, Paris.
André, J.-M. et M.-F. Baslez (1993) : Voyager dans l’Antiquité, Paris.
Homo, L. (1951) : Rome impériale et l’urbanisme dans l’antiquité, Paris.
Rotondi, G. (1990) : Leges publicae populi Romani, Hildesheim.
Riccobono, S., éd. (1968) : Fontes iuris Romani Antejustiniani, Leges, 1, Florence.
Notes de bas de page
Auteur
Paris IV-Sorbonne
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Tradition et innovation dans l’épopée latine, de l’Antiquité au Moyen Âge
Aline Estèves et Jean Meyers (dir.)
2014
Afti inè i Kriti ! Identités, altérités et figures crétoises
Patrick Louvier, Philippe Monbrun et Antoine Pierrot (dir.)
2015
Pour une histoire de l’archéologie xviiie siècle - 1945
Hommage de ses collègues et amis à Ève Gran-Aymerich
Annick Fenet et Natacha Lubtchansky (dir.)
2015