Principes de publication
p. 83-86
Texte intégral
Division géographique
1Les inscriptions sont présentées par provinces en suivant l’ordre géographique du CIL : Lusitanie, Bétique, Espagne citérieure, Bretagne, Narbonnaise, Aquitaine, Lyonnaise, Belgique, Germanie supérieure, Germanie inférieure. À l’intérieur de chaque province, nous avons repris le classement par cités adopté par les auteurs du Corpus de Berlin.
Ordre des inscriptions
2Quand nous disposons de plusieurs inscriptions dans une même cité, ce qui est rare, les inscriptions sont classées selon l’ordre traditionnel suivant :
Inscriptions sacrées (ordre alphabétique des divinités).
Autres inscriptions non funéraires.
Épitaphes : magistrats municipaux ; autres épitaphes dans l’ordre alphabétique du nom du défunt, ou, à défaut, de l’auteur de l’inscription.
Fragments d’épitaphes qui ne livrent aucun nom (ordre alphabétique de la première lettre de chaque fragment).
Fragments d’inscriptions dont la nature est indéterminée (ordre alphabétique de la première lettre de chaque fragment).
Présentation du texte des inscriptions
3La rédaction de chaque notice est conforme au plan suivant :
Numéro dans la publication, commune de découverte du document (en caractères gras) et présentation succincte du texte, qui tient lieu de titre.
Description de la pierre : indication de la nature du support et du matériau, état de conservation du monument, éléments de décoration...
Date, circonstances, lieu et contexte local de découverte ; lieu et institution de conservation du monument avec indication (éventuelle) du numéro d’inventaire dans le musée ou la collection.
Dimensions du monument, en centimètres, dans l’ordre suivant : hauteur, largeur, épaisseur.
Description du champ épigraphique, avec la (ou les) face(s) du support où se trouvent le champ, les dimensions (éventuellement), la hauteur des lettres.
Bibliographie : comme dans les Inscriptions Latines de Narbonnaise. V. Vienne (3 vol., Paris, 2004-2005), sauf exception (inscriptions perdues, dont le texte pose problème), la bibliographie antérieure au CIL n’est pas donnée. Conformément aux principes établis par L. Robert, les lemmes sont génétiques : les éditions secondaires (sans révision du support) sont indiquées entre parenthèses à la suite de l’édition principale dont elles dépendent. L’indication “Vu” signale que l’inscription a été revue, au moins sur photo, même si ma lecture ne modifie pas celle de mes prédécesseurs. Viennent ensuite les commentaires importants relatifs au texte dans l’ordre chronologique.
Texte : Je donne d’abord ligne par ligne, avec alignement à gauche, le texte en capitales avec les signes séparatifs (points, hederae…), les apices et les ligatures. J’ai utilisé les caractères “Latin épigraphique”, mis au point par A. Bresson et l’équipe d’Ausonius qui rendent très bien à l’impression. Cet état majuscule exclut toute tentative de reproduire la forme des lettres authentiques et ne prétend donc pas restituer l’aspect de l’inscription sur la pierre ou le bronze, mais il permet de se faire une idée claire de ce qui a été lu et doit être considéré comme un état de l’information scientifique.
4Toutefois, au fil des années de préparation du corpus viennois, il m’est apparu qu’il était possible d’améliorer encore la présentation du texte en capitales et de fournir un texte lu avant toute interprétation. J’ai donc introduit trois changements très simples au système utilisé dans les ILN, Vienne :
je n’ai pas séparé les mots par des espaces qui n’existent pas sur la pierre.
Ex. : Les auteurs écrivent ordinairement MATRI CARISSIMAE, alors que l’espace entre le I de MATRI et le C de CARISSIMAE n’est pas plus important que celui qui existe entre les autres lettres des deux mots. J’ai écrit MATRICARISSIMAE.Je n’ai pas mis de points pour indiquer le nombre de lettres manquantes d’une lacune, car cette restitution du texte dépend d’une interprétation et non des données objectives fournies par la pierre.
Ex. : MAT[..] CARI[…] MAE. J’écris : MAT[---] CARI[---] MAE et je restitue mat[ri] cari[ssi] mae dans le texte en minuscules.Je n’ai pas restitué une lettre pointée en capitales, lorsque son identification paléographique n’est pas certaine. J’ai préféré mettre une croix.
Ex. : j’ai choisi de ne pas restituer le T pointé de PATRI, alors que n’est conservée sur la pierre que la partie inférieure de la haste verticale. J’écris donc PA+RI. Le P pourrait éventuellement être pointé dans le texte en minuscules, mais ce serait sans doute une complication inutile. La lettre pointée n’est utilisée que lorsque la lettre endommagée se lit dans l’absolu avec certitude.
5J’ai aussi décidé de remplacer le sic des anciennes éditions qui indiquaient une graphie non classique ou une faute du lapicide par un point d’exclamation entre parenthèses : ( !).
6Les lettres en capitales italiques ne sont plus visibles, mais ont été vues de façon certaine par les auteurs antérieurs. La numérotation des lignes a été faite quatre par quatre, ce qui assure une plus grande lisibilité. Vient après un commentaire sur la mise en page, la définition de l’écriture, la forme et la qualité des lettres (s’il y a lieu).
7Je transcris ensuite, ligne par ligne, avec alignement à gauche, l’inscription en minuscules, sans redonner les signes séparatifs, mais avec la ponctuation ordinaire d’un texte littéraire latin. Comme l’a montré O. Salomies (1987, p. 28-30), il faut développer le C du prénom en Gaius. En grec, Gaios s’écrit d’ailleurs avec un gamma. L’abréviation en C a vu le jour à une époque où la lettre G ne faisait pas encore partie de l’alphabet latin. Par la suite, malgré l’introduction du G, l’habitude a maintenu l’abréviation C. Les croix des lettres incertaines sont remplacées par des lettres en fonction de la restitution du texte. Si je ne pouvais pas faire de proposition, j’ai laissé les croix. J’ai fait le choix réfléchi d’être très prudent dans les restitutions, notamment pour les noms mutilés des hommes et des femmes. Quand un nom est très hypothétique, je ne le restitue pas dans le texte en minuscules, mais je fais souvent des propositions dans le commentaire. Je ne l’intègre pas non plus dans l’index, car l’expérience montre qu’un nom conjectural indexé perd rapidement son point d’interrogation dans les listes d’occurrences. De simples suggestions deviennent des certitudes dans les études ultérieures Lorsqu’il s’agit de fragments impossibles à restituer, j’ai reproduit seulement le texte en capitales.
8Vient ensuite l’apparat critique, où ne sont pas données les lectures antérieures au CIL, sauf lorsqu’un problème se pose pour l’établissement du texte des inscriptions aujourd’hui perdues.
Traduction : elle a été soignée pour essayer de rendre toutes les nuances du latin.
Commentaire : j’ai attaché une importance toute particulière au commentaire de chaque inscription, qui est entièrement rédigé. Ainsi, ai-je essayé d’apercevoir la personnalité du dieu honoré dans les dédicaces, de déterminer le statut juridique et social des hommes et des femmes qui figurent dans les inscriptions, de comprendre leurs liens familiaux. Une grande place a été accordée à l’étude de la dénomination pour tenter d’apprécier le degré de latinisation des médecins d’Occident, ce qui n’est pas toujours facile. D’une part, dans ces provinces où le fond indigène était globalement celtique ou germanique, il est parfois très délicat de faire la distinction entre noms celtiques et latins, puisque les deux peuples étaient indo-européens et que, même si la langue celtique a son phonétisme particulier et sa propre morphologie, les deux langues avaient beaucoup de points communs. Ainsi, uerus (vrai) a son correspondant celtique uiros, avec-i-long D’autre part, depuis les travaux pionniers de L. Weisgerber (1968 et 1969) en Allemagne, R. Marichal (1988) en France et M.-Th. Raepsaet-Charlier (1995) en Belgique, les historiens s’interrogent sur l’emploi des noms latins dans les Gaules et les Germanies et sur leurs combinaisons dans les nomenclatures avec les noms celtiques. Dans une perspective de romanisation, avec M.-Th. Raepsaet-Charlier (1995), il est possible d’envisager, au moins à titre d’hypothèse qu’un nom “‘d’apparence latine’ puisse ‘recouvrir’ un nom indigène assonant ou traduire une racine celtique”. J’ai donc essayé de faire la distinction entre noms indigènes, noms latins “italiens” et noms latins “régionaux”. Parmi ces derniers, il semble possible de distinguer au moins trois catégories :
les noms latins “homonymes”
9Pour désigner des noms latins qui pourraient avoir été choisis pour leur ressemblance phonétique avec des noms celtiques, j’ai utilisé jusqu’ici l’expression noms latins “d’assonance” (notamment dans les ILN, Vienne), ce qui a été critiqué par J. Gascou (AE, 2001, 89), car “le terme d’assonance se réfère uniquement à la ressemblance d’un élément vocalique et non à l’élément consonantique d’un vocable” et par P.-Y. Lambert “Onomastique celtique et épigraphie gallo-romaine : à propos de l’onomastique de la cité des Allobroges” in A. Daubigney, P.-Y. Milcent, M. Talon, J. Vital (éd.), De l’âge du Bronze à l’âge du Fer en France et en Europe occidentale (xe-xiie siècle av. J.-C.) et la moyenne vallée du Rhône aux âges du Fer. Actes du XXXe congrès internationnal de l’AFEAF, tenue à Saint-Romain en Gal 26-28 mai 2006, 27e suppl. à la RAE, 2009, p. 39-48). Plutôt que “noms homophones”, expression proposée par J. Gascou (Ibid.), j’ai préféré suivre une suggestion de P.-Y. Lambert en les appelant noms latins “homonymes”. Ces noms pourraient “recouvrir” des noms celtiques bien réels ou les éléments indigènes d’un nom. Ce pourrait être le cas de Lucceius (no 37) [racine celtique luk/luco- : X. Delamarre, 2003, p. 210] – de Marcus (no 24) : ce prénom latin devient surnom ou nom unique, par référence au nom celtique du cheval *marko (P.-Y. Lambert, loc cit) – de Verinus (no 43) [racine gauloise : uer-/uera- (M. Dondin-Payre, 2001a, p. 302-305 ; X. Delamarre, 2003, p. 307, 314 et 317), qui a servi à former un bon nombre d’anthroponymes en Narbonnaise] – de Vireius (no IVb) [racine gauloise : wiro- “homme”, avec un -i- bref, ou viro- “vrai”, avec un -i- long (X. Delamarre, 2003, p. 321-322 ; P.-Y. Lambert, loc cit)]. Verinus et Vireius sont bâtis sur des hypocoristiques gaulois.
Les noms de traduction
10D’autres noms latins, notamment des cognomina ou des noms uniques, pourraient être la simple traduction de noms celtiques connus et employés à l’époque impériale, où la population qui faisait graver des inscriptions, comprenait encore couramment les langues indigènes, les parlait (peut-être) et maîtrisait bien le latin. Il est plausible de penser à Albanus (no 66), possible traduction de Vindulus, “blanc” et aux noms de numérotation des enfants, comme Quarta (no 35) et Sextus (no II).
Les gentilices de formation patronymique
11Ils ont été fabriqués par les indigènes, lors de leur accession à la citoyenneté romaine, en rajoutant le suffixe-ius ou-inius au nom unique latin de leur père. C’est très vraisemblablement le cas d’Albanius (no 10), formé sur Albanus – Avitius (no 58), sur Avitus – Frontinius (no 14), sur Frontinus – Geminius (no 48), sur Geminus – Ingenuius (no 55), sur Ingenus – Peregrinius (no 48), sur Peregrinus – Rufius (no 49) sur Rufus – Sabinianius (no 64), sur Sabinus.
12Il est très probable que les notions de noms latins “homonymes” et de noms de traduction ont bien existé à l’époque impériale en Occident, puisqu’ils se retrouvent ailleurs dans les provinces du monde romain : en Afrique (A. R. Birley, “Names at Leptis Magna”, Libyan Studies, 19, 1988, p. 1-19) : en Égypte, où “un même individu peut y être, selon les circonstances, dénommé sous une forme égyptienne originelle, ou sous une forme traduite en grec” (M. Dondin-Payre, M.-Th. Raepsaet-Charlier, 2001a, p. IV, à propos de l’article de Fr. Colin, “Onomastique et société. Problèmes et méthodes à la lumière des documents de l’Égypte hellenistique et romaine”, in M. Dondin-Payre, M.-Th. Raepsaet-Charlier (éds), 2001, p. 3-15).
13Cependant, il est nécessaire de les manier avec la plus extrême prudence, car il est toujours très difficile – voire impossible – de vérifier leurs modalités d’application dans la dénomination des provinciaux. Leur adoption suppose que les indigènes maîtrisaient assez le latin pour être capables de comprendre le jeu sur les mots au passage d’une langue à l’autre. Or le contexte familial qui est primordial dans le choix d’une dénomination est très rarement connu. Certains provinciaux ont choisi l’un ou l’autre des noms de ce modeste corpus de noms latins “régionaux”, parce qu’ils les percevaient comme des noms latins “homonymes” ou des noms de traduction. Ils manifestaient là une volonté d’intégration dans la civilisation latine, associée au souci de conserver le souvenir du passé indigène. D’autres ont opté pour ces mêmes noms, parce qu’ils leur plaisaient, alors qu’ils les considéraient comme de “simples” noms latins. Il nous est impossible de trancher au cas par cas et nos propositions doivent toujours rester des hypothèses de travail.
14Dans la notice individuelle de chaque médecin, j’ai essayé de replacer sa dénomination (gentilice et surnom pour le citoyen romain ; nom unique et patronyme pour les pérégrins) dans le fonds onomastique régional en m’appuyant sur les travaux de B. Lörincz, de J. M. Abscal Palazón (pour la péninsule Ibérique) et de A. Kakoschke (pour les Germanies). Toutefois, il est bien évident que ces statistiques régionales n’ont qu’une valeur indicative et qu’il faut les manier avec les plus grandes précautions, puisque nous ne connaissons qu’une infime partie du stock onomastique utilisé dans les inscriptions sur pierre. De plus, comme le l’a fait remarquer J.-P. Bost, “les graffiti fournissent un second annuaire onomastique qui ne recoupe pas nécessairement l’annuaire sur pierre” (opinion orale voir, par exemple, J.-P. Bost, G. Fabre, ILA, Pétrucores, Bordeaux, Ausonius, 2001).
Datation : dans la mesure du possible, je propose à la fin du commentaire une tentative argumentée de datation des textes (voir livre I, p. 29-30 pour les critères de datation). Sauf avis contraire, les dates indiquées sont postérieures à la naissance de Jésus-Christ.
Index : j’ai souhaité que l’index soit le plus complet possible, aussi ai-je indexé le maximum de mots certains dans les notabilia uaria.
Signes critiques
(abc) | Résolution d’abréviation |
[[abc]] | Martelage |
<abc> | Inclusion de lettres qui n’étaient pas présentes sur la pierre |
{abc} | Exclusion de lettres gravées par erreur sur la pierre |
[abc] | Correction par l’éditeur de lettres gravées par erreur sur la pierre |
(!) | Graphie non classique (équivalent du sic des anciennes éditions) |
+ | Lettre non identifiable |
[..] | Lacune de deux lettres |
[---] | Lacune de longueur indéterminée dans une ligne ou ligne manquante, mais certaine |
--- | Ligne (s) manquante (s) non restituable (s) en nombre indéterminé |
· | Point de séparation |
Hedera | |
ẸṬ | Lettre pointée : lettre qui ne se lit pas entièrement sur la pierre |
(RE) | Lettres en ligatures |
F | Lettre vue par un éditeur précédent, mais disparue. |
15En dépit de tous mes efforts, ce corpus n’est peut-être pas exhaustif, merci à ceux qui pourront m’aider à le compléter.
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