Introduction
p. 9-10
Texte intégral
1Sans doute Martial aurait-il désapprouvé le propos de ce libellus, et même condamné son principe : improbe facit qui in alieno libro ingeniosus est. Mais l’interprète, supposé qu’il soit ingeniosus, affirme n’avoir pas été malignus, et n’a péché que par outrecuidance ; il continue en lui dérobant une épigramme de son premier livre, adressée au consul suffect Stertinius Avitus, et lui fait porter jugement sur le livre d’autrui : “il y a du bon, quelquefois du moyen, la plupart du temps du mauvais dans ce que tu lis ici : autrement il n’y a pas, Avitus, de livre”.
2Bien qu’il soit né d’un sujet de thèse d’État, restée inaboutie malgré beaucoup de bon travail (nostra maxima culpa – nous avions sans doute sous-estimé ses difficultés), cet Essai ne répond pas à ce qu’on attend d’une thèse, qui doit être une synthèse (il ne l’est que partiellement) exhaustive, informée des derniers mots de la recherche ; nous avons entrepris autre chose, que nous intitulons “Essai”, sur le même sujet de “la société des Épigrammes” : nous entendons par là non pas la société objective, gibier de l’historien des mœurs et des mentalités (que nous ne sommes pas), et sur laquelle tant de points ont été traités dans la somme classique de la Sittengeschichte de L. Friedländer, mais, d’un point de vue plus littéraire, la société qui se choisit et se construit dans l’œuvre ; mais nous avons essayé de conjoindre à l’approche littéraire un point de vue historique ou mieux prosopographique ; la société en question, société relationnelle, repose sur des rapports personnels, et notre propos a été souvent d’identifier des personnes et de préciser leurs liens, en particulier de parenté. Nous avons accordé la plus grande attention que nous pouvions aux noms et à la disposition des pièces les unes par rapport aux autres : c’est par là que se bâtit cette société intérieure qui est notre objet, et là que s’exprime le plus simplement l’ambition si neuve de Martial de construire, à partir de ces grains de poésie que sont les épigrammes, des livres. Il nous montre la voie à suivre lorsqu’il écrit que c’est chose aisée que d’écrire de jolies épigrammes – on en fera des “couronnes”, des “bouquets” ou anthologies – mais ardue de faire naître un livre.
3Chaque partie de l’Essai est donc centrée sur un personnage qui cimente une aile de la bâtisse, que nous nous sommes diverti à nommer un “côté”, par un emprunt à une construction autrement monumentale. La première a pour cœur Terentius Priscus, dont le lien fraternel à une Aretulla permet de discerner quelques points de contact assez inattendus avec la personne de Plutarque. La seconde est unifiée par la figure de Faustinus, poète qu’il fallait identifier : l’étude de sa parentèle nous a paru conduire à deux personnages d’importance majeure, un Clemens et une Sabina. La troisième partie est consacrée à un versant ou côté assez différent (moins unitaire) de l’oeuvre : celui de Iulius et de son fils Marcellinus, qui relie ce dernier “côté” à celui de Faustinus, et d’autre part celui de Frontin, autour de qui gravitent Severus et son entreprise, le poète bien connu Stella, et l’énigmatique Flaccus dont l’identité qui reste imprécisée conduit à la parentèle de Martial lui-même. Il est à peine besoin de souligner qu’en ces domaines, la part de la conjecture est grande – assez assurée parfois, parfois hasardeuse.
4Les épigrammes, “self countained poems” ou monades, et en même temps éclats d’une poésie comme dispersée, restent extrêmement diverses – de genre, de thèmes, de traitement, de taille, encore que Martial se soit efforcé de donner à son œuvre de l’unité. Nous ne nous sommes pas astreints à respecter des équilibres qui auraient été purement formels dans nos études de textes, d’extension et de portée très variables ; ce sont essentiellement des analyses ; notre propos n’étant pas de fournir un commentaire ligne à ligne des poèmes, nous n’avons pas réglé nos études sur la longueur des textes : un simple distique peut appeler des commentaires plus étendus que de plus vastes compositions. Des développements étaient nécessaires parfois qui débordaient largement le cadre étroit de “l’explication de texte” ; quand ils risquaient de compromettre l’équilibre déjà imparfait des trois parties de l’Essai nous les avons reportés à la fin de chaque partie sous forme d’annexes et d’addenda.
5À la fin de la première Partie, on trouvera ainsi une annexe à l’étude de IX. 51 (Le platane de César, Annexe I. 1) ; à la fin de la deuxième Partie, une annexe à XI. 48.5 (à propos de Nepos, Annexe II. 1) ; à la fin de la troisième Partie, trois annexes (III. 1 sur la manus de Stella, III. 2 sur des figures de mariées à propos de Claudia Rufina XI. 53, III. 3 sur Iulius Secundus). Après la IIIe Partie et ses annexes, un addendum est consacré à Atticus et son environnement (Addendum III. 1). Enfin, un addendum porte en conclusion sur l’ensemble de l’Essai (III. 2) ; il examine, à propos de trois épigrammes, les relations entre réel, fiction et symbole : Maternus.
6Une série d’Appendices donne les poèmes étudiés (texte de l’édition Teubner de D. R. Shackleton Bailey, Stuttgart, 1990) et traduction personnelle pour les Épigrammes, texte établi et traduit par l’A. pour l’inscription de Faustinus à Sperlonga.
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