Grécité réelle et grécité fantasmée à Spina et à Adria
p. 45-62
Texte intégral
1Aborder aujourd’hui la question de la grécité de Spina et d’Adria peut sembler peu original, tant la grécité de ces deux sites d’Étrurie padane possède un caractère d’évidence. Les vases grecs abondent dans l’habitat et dans les nécropoles1 et les deux sites sont qualifiés de grecs par plusieurs auteurs antiques2. Malgré les apparences, pourtant, la grécité de ces deux sites ne va pas de soi, car par ce mot, on rassemble deux faits différents : une présence grecque révélée par l’existence d’inscriptions rédigées en grec et un rattachement voulu à une culture grecque qui déborde la présence minoritaire d’une population s’exprimant en grec dans les inscriptions. Au sein de la production épigraphique locale très diverse (grecque, étrusque, vénète, celtique), le nombre d’inscriptions funéraires grecques est en effet bien inférieur à celui des inscriptions étrusques. Quel rôle joue donc la référence grecque à Spina et à Adria ? Pour tenter de le déterminer, on essaiera de voir, en comparant la production épigraphique des nécropoles à celle de l’habitat, si l’on peut s’appuyer sur l’existence d’inscriptions funéraires grecques pour déduire la présence d’une composante grecque de la population de Spina et d’Adria. Puis, on s’intéressera à la façon dont le mobilier funéraire de Spinètes et d’Adriates qui ne s’expriment pas en grec dans des inscriptions funéraires révèle qu’ils ont voulu vivre et mourir à la grecque. Enfin, on verra comment ces Spinètes et ces Adriates ont développé un imaginaire grec de l’art de vivre et de mourir qui s’écarte des normes grecques.
Les Grecs à Spina et à Adria
2Qu’est-ce qu’être Grec à Spina et à Adria ? Y a-t-il des Grecs à Spina et à Adria ?
3Il n’est jamais simple de déterminer la présence d’un type de population sur un site : on sait combien les objets, même inscrits, circulent dans le monde antique et les sites de Spina et d’Adria ne fournissent pas de grandes quantités d’inscriptions grecques3. Le nombre total des inscriptions est restreint pour la superficie de territoire couverte et par rapport au nombre de restes découverts.
4Si l’on essaie malgré tout de mesurer la présence épigraphique grecque, on obtient les résultats suivants :
Sites | Nombre total d’inscriptions | Nombre d’inscriptions grecques | Pourcentage |
Spina | 217 | 23 | 9, 4 % |
Adria | 120 | 8 | 15 % |
5On notera tout de suite qu’en nombre d’inscriptions, Adria fait figure de parent pauvre en comparaison de Spina. L’habitat antique d’Adria est en effet enfoui à une grande profondeur sous le centre moderne, dans la zone sud-ouest de la cité4.
6De quel type d’inscriptions s’agit-il ? La plupart des inscriptions de Spina et d’Adria, toutes langues confondues, proviennent de contextes funéraires, mais les inscriptions grecques ne sont pas forcément présentes dans les contextes funéraires dans les mêmes proportions5.
Sites | Nombre total d’inscriptions, tous contextes confondus | Proportion des inscriptions de nécropoles par rapport au nombre total d’inscriptions | Proportion des inscriptions grecques de nécropoles par rapport au nombre total d’inscriptions |
Spina | 217 | 47 % | 6, 9 % |
Adria | 120 | 42, 8 % | 0 % |
7On a mis à part les cas de signatures d’artisans et de sigles commerciaux, qui, à notre avis, ne permettent pas d’établir la présence ou l’absence d’une population.
8La situation d’Adria, où aucune inscription grecque n’a été trouvée dans la nécropole, alors que le nombre d’inscriptions découvertes dans un contexte funéraire est conséquent, est particulière. Cette absence d’inscriptions grecques en contexte funéraire signifie-t-elle qu’Adria n’abritait pas de population grecque ?
9Si l’on différencie maintenant les cas des nécropoles et de l’habitat pour voir s’il existe une spécificité des nécropoles du point de vue de l’épigraphie grecque, on obtient les résultats suivants :
Sites | Proportion des inscriptions grecques de l’habitat | Proportion des inscriptions grecques des nécropoles | Proportion d’inscriptions trouvées ailleurs que dans l’habitat et dans les nécropoles |
Spina | 3, 2 % | 96, 8 % | 0 % |
Adria | 1 % | 92, 4 % | 6, 6 % |
10À Spina, le nombre d’inscriptions grecques de l’habitat est bien inférieur à celui des inscriptions grecques des nécropoles, mais on observera que le nombre d’inscriptions grecques de l’habitat est inférieur en proportion au rapport entre inscriptions de l’habitat et inscriptions des nécropoles. Il faut ajouter aussi qu’à Spina, au moins, la superficie de l’habitat fouillé est très réduite, plus réduite en tout cas que celle des nécropoles6.
11À Adria, en revanche, la présence épigraphique grecque est localisée ailleurs que dans l’habitat et dans les nécropoles, du côté de S. Maria Assunta della Tomba, dans le secteur sud-est de la cité antique7. Pour caricaturer, on peut dire qu’à Spina, on meurt en grec mais on ne vit pas en grec, tandis qu’à Adria, au contraire, on vit en grec (sur son territoire, ailleurs que dans l’habitat) mais on ne meurt pas en grec.
12Si l’on croise maintenant la provenance et la date des inscriptions, on obtient les résultats suivants. On entend par date d’inscription pour l’instant la dernière date d’utilisation et on a relevé toutes les inscriptions que l’on peut dater.
Sites et datation | vi e | v e | Fin v e | iv e |
Spina | ||||
Nécropoles | 1 | 6 | 2 | 1 |
Habitat | ||||
autres | ||||
Adria | ||||
Nécropoles | 1 | |||
Habitat | ||||
autres | 4 | 1 |
13Un décalage chronologique sépare les inscriptions grecques de Spina et d’Adria.
14À Spina, les inscriptions grecques se répartissent entre le ve siècle et la fin du ive siècle et le début du iiie siècle a. C. avec un pic à la fin du ve siècle a. C. et le grec est employé de façon continue. À Adria, l’emploi du grec dans les inscriptions se concentre sur le plein ve siècle a. C., puis il réapparaît au ive siècle a. C. Cette différence traduit-elle des modes d’“occupation” du territoire différents, un maintien d’une population grecque ou des arrivées successives de Grecs ? Pour le savoir, on peut tenter de se faire une idée de l’origine des scripteurs par l’alphabet, par la morphologie et par l’onomastique utilisées.
Dates | Alphabet | Morphologie | Onomastique |
ve siècle a. C. | 1 en aphabet athénien | 4 dorismes | |
Fin du ve siècle a. C. | 6 en alphabet milésien de la koinè | 1 génitif dorique | 4 noms athéniens |
ive siècle a. C. | 1 dorisme (syracusain) |
15Les situations de Spina et d’Adria présentent peu de rapports entre elles. À Adria, les inscriptions sont majoritairement éginètes au ve siècle a. C.9, puis syracusaines au ive siècle a. C. En revanche, à Spina, la présence attique est majoritaire, comme en témoigne la profusion de noms propres attestés en Attique (Tychandros, Kritôn, Xanthippos, Apelles, Ikesios), mais l’on distingue aussi peut-être le passage du fameux marchand éginète, Sostratos, sur un cratère laconien de la tombe no 499 de Valle Trebba (ΣΟ) et des traces de présence syracusaine dans un génitif dorique (Ἑρµᾶ).
16On peut se demander si la différence de localisation des inscriptions grecques dans les deux sites correspond à des intentions différentes.
Sites | Épitaphes | Dédicaces à une divinité | Formules de possession | Indéterminé |
Spina | ||||
Nécropoles | 5 | 8 | 1 | |
Habitat | 2 | |||
Adria | ||||
Nécropoles | ||||
Habitat | 2 | |||
Autres | 4 |
17On pourrait s’étonner de ne pas trouver d’épitaphe parmi les inscriptions funéraires grecques de Spina, mais les Spinètes ne paraissent pas avoir rédigé d’inscriptions de ce type. En revanche, à Adria, des dédicaces sont majoritaires et elles ont été trouvées ensemble, sans inscription étrusque parmi elles. Pour G. Colonna10, elles proviendraient d’un sanctuaire situé à l’écart de la cité et accueillant les Grecs venus à Adria s’approvisionner en esclaves, en blé et en métaux. L’accumulation d’inscriptions grecques et la découverte de nombreux fragments de céramiques grecques à cet endroit nous paraissent justifier cette hypothèse.
18Les supports fournissent aussi des informations sur les rédacteurs des inscriptions. Le matériel inscrit se révèle très varié même si les coupes attiques à vernis noir sont bien représentées. La plupart de ces supports ont une origine attique. C’est le cas pour les coupes, pour les skyphoi, pour les plats et pour les kylikes. Beaucoup des vases servent aux libations. Une seule inscription, de Spina, est gravée sur du matériel local ou étrusque, une assiette de production volterrane11. On notera qu’en général, les inscriptions ont une graphie soignée, qu’elles sont dextroverses et gravées sur le fond externe, donc elles sont réalisée après la cuisson, au moment de l’emploi et spécifiquement pour des Grecs résidant à Spina.
19Ces Grecs de Spina et d’Adria ne semblent pas se différencier des Étrusques par la richesse du mobilier inscrit : ils paraissent même d’un niveau social équivalent. On est en effet frappé par la modestie du matériel inscrit, commune aux inscriptions étrusques : en général, sont porteurs d’une inscription grecque des vases et des plats de petit format et de peu de prix. Un seul cratère est gravé d’une inscription grecque qui ne soit pas une signature d’artisan ou un sigle commercial12. Pour autant, il paraît difficile de préciser le statut social des Spinètes et de trancher un débat qui dure depuis plus de vingt ans entre ceux qui voient dans les Spinètes des couches subalternes (F. H. Massa-Pairault13) ou des couches moyennes (M. Torelli14) ? Les tombes de Grecs, à Spina, en tout cas, ne se distinguent pas des tombes d’Étrusques par leurs richesses : peut-être appartiennent-elles à des représentants de commerce, à des commis dépêchés par de riches Athéniens, mais ces petits employés ne cherchent pas à se vanter de leurs origines ou de leur statut auprès d’Étrusques qui, finalement, leur ressemblent par bien des points.
20Spina et Adria ont donc donné l’hospitalité à des Grecs sous deux modes différents. À Adria, dans un espace à l’écart de la cité qui semble leur avoir été réservé, à Spina, aux côtés des Spinètes, dans la vie comme dans la mort. Malgré cette différence de traitement des Grecs, les tombes et les inscriptions des Spinètes et des Adriates témoignent d’un goût commun pour les objets grecs.
Parler étrusque, s’équiper grec
21La grécité de Spina et d’Adria n’est pas propre à ce noyau des Grecs car il existe aussi une grécité diffuse, faite d’appropriation d’éléments de la culture grecque par une population qui s’exprime en étrusque dans l’épigraphie funéraire. Quels éléments de la culture grecque les populations de Spina et d’Adria ont-elles emprunté ? Peut-on constater des différences entre les deux sites, où le même sort n’est pas réservé à la population grecque ?
22Il y a d’abord une hellénisation diffuse de la langue et de la graphie dans les inscriptions étrusques de Spina.
23Beaucoup plus encore qu’Adria, Spina a connu une vaste hellénisation linguistique qui couvre des formes variées, qui vont de la transcription du grec à l’étrusque (ET-Sp 2.62 : θais), à la formation de noms étrusques sur une racine grecque (M. Pandolfini, SE, 58, 1992 (1993), p. 275-276 : platunalu). Ces deux types de passages du grec à l’étrusque datent de la fin du ive siècle ou du début du iiie siècle a. C., tandis que la bilingue remonte au premier quart du ve siècle a. C. (ET-Sp 2.32). Pour autant que nos chiffres puissent être révélateurs, il semble y avoir eu une séparation nette entre les deux langues au ve siècle a. C. : on écrit soit en grec, soit en étrusque. Il faut attendre cinquante à soixante-quinze ans pour qu’un mélange des deux langues se produise, mélange dans lequel c’est la langue étrusque qui sert de réceptrice à des éléments étrangers. À l’inverse, on ne trouve pas d’“étrusquisme” en grec ou d’étrusquisation du grec.
24Que cela signifie-t-il ? Que des mariages mixtes se sont produits dans lesquels c’est la langue du territoire d’accueil qui l’a emporté ? que les petits-enfants des Grecs du début du Ve siècle a. C. ont étrusquisé leur nom, comme Platon devenu platunalu ? Ou est-ce un effet de mode qui a touché des individus sans ascendance grecque ? Il est difficile de trancher : les inscriptions ne fournissent pas d’informations sur les filiations. Constatons d’abord à Spina une sorte de revendication de grécité qui passe par avant tout par l’usage du grec et par l’emploi de traits grecs dans la langue étrusque.
25À Adria, contrairement à Spina, le nombre d’intégrations de mots ou de formes grecques dans la langue étrusque est réduit et il n’existe pas d’exemple de bilingue. Surtout, le Grec est désigné comme un étranger, en fonction de son origine, ainsi Kraiku, “le Grec”, dans la tombe 43 de la nécropole de Ca’ Garzoni15, ce qui n’est pas le cas à Spina. Faut-il y voir une confirmation de l’exclusion de la communauté grecque à Adria ? Au moins, on discerne peu de mixité linguistique, sinon peu de mixité entre individus. À Spina, en revanche, la population de langue grecque est dispersée dans les nécropoles, même s’il existe des noyaux de concentration grecque, plutôt à Valle Trebba d’ailleurs qu’à Valle Pega. Non seulement les Grecs semblent présenter une certaine homogénéité sociale et économique avec les Spinètes, mais leur intégration pourrait avoir été facilitée par l’installation de familles sur place. Dans une tombe d’enfant, la tombe no 600 de Valle Trebba, on lit l’inscription Βλεπαιος ou Βλεπυρος sur un skyphos attique16 et une tombe de femme, la tombe no 409 de Valle Trebba, abrite une dédicace en grec à Dionysos sur une coupe à vernis noir17.
26Dans beaucoup de tombes, l’attachement des Spinètes aux valeurs grecques passe par le dépôt d’objets grecs utilisés dans le monde grec pour marquer les rites de passage dans les différents âges de la vie et qui, d’ordinaire, ne sont pas destinés au commerce. On trouve dans les tombes de Spina des choai attiques, ainsi deux dans la tombe no 1007 de Valle Trebba de 425-400 a. C. représentant des enfants tenant ou tentant d’attraper un chous18. La décoration des vases évoque deux étapes d’un rite de passage de la fête des Anthestéries lors duquel l’enfant laisse son jouet pour s’approprier ensuite l’un de ces petits vases. En Attique, on déposait un de ces petits choai dans la tombe d’un enfant mort avant l’âge de trois ans pour remplacer de manière symbolique le petit chous que l’enfant recevait, à ses trois ans, pendant la présentation devant sa phratrie l’une des journées des Anthestéries appelée hoi choes. Sont aussi déposés des dons de noces typiquement grecs, comme un lébès nuptial, servant à contenir de l’eau recueillie au printemps pour le bain de la future épouse dans la tombe no 1166 de Valle Trebba.
27Mais les indicateurs de rites grecs sont évidemment les plus nombreux dans le domaine funéraire. Les Spinètes utilisent des objets grecs pour les soins et pour la conservation des restes du corps du défunt. Certains cas sont un peu douteux, comme les lécythes attiques à fond blanc, dont on ignore exactement l’utilisation. Spinètes et Adriates ont-ils réellement mis dans ces vases l’huile dont ils enduisaient le corps du défunt ? Les ont-ils destinés à contenir les cendres des défunts ? Pas dans tous les cas au moins, car l’inhumation est le traitement du corps le plus fréquent19 et des lécythes attiques à fond blanc ont été découverts dans des tombes à inhumation. On peut donc s’interroger sur les fonctions pratiques d’un tel vase en Étrurie padane. D’autres cas, en revanche, sont incontestables. Les restes du corps du défunt étaient aussi parfois conservés dans des urnes en marbre directement importées du monde grec. Dans la tombe no 485 de Valle Trebba du début du ve siècle a. C., le corps du défunt a été exceptionnellement incinéré et les cendres enfermées dans une urne en marbre fabriquée dans une île de la Mer Égée, datée de la fin du vie siècle a. C., et accompagnée de mobilier attique. Quand Spinètes et Adriates ne se contentent pas de faire venir des objets du monde grec, ils vont jusqu’à imiter les objets de la vie quotidienne des Grecs, ainsi, l’epinetron grec, sorte de tuile en forme de cylindre creux et qui servait aux femmes grecques à filer la laine. En dehors de Grèce, il n’y a qu’à Spina et à Adria que l’on trouve des epinetra ailleurs que dans des sanctuaires. Dès la fin du ve siècle a. C., moment des premiers témoignages de présence grecque, des epinetra de production locale sont utilisés dans des tombes ou dans l’habitat de Spina et d’Adria20.
28De ces importations et de ces imitations de matériels grecs, on peut distinguer deux niveaux :
29– Il y a une volonté de suivre fidèlement des usages grecs. Au cours du ve siècle a. C., l’utilisation ds choai pour le rite des Anthestéries se diffuse en dehors de l’Attique, en Grèce, en Grande Grèce, en Sicile, et dans le monde italique, sans être forcément liée à la présence d’individus attiques21, mais au moins, la présence de choai signale l’adhésion des Spinètes à un modèle religieux attique22.
30La reproduction des epinetra grecs indique la volonté d’exalter le rôle féminin de fileuse de la laine d’une manière étrangère à la péninsule italienne. C’est une façon de reconnaître la supériorité des techniques grecques en matière de filage de la laine.
31– il y a aussi une volonté d’ostentation dans la possession d’objets grecs et le maniement de la langue grecque.
32On note cependant que l’insistance sur les effets de langue est minoritaire par rapport à l’ostentation de biens matériels grecs et que l’absence de mention de filiation grecque dans les inscriptions étrusques et grecques montre que Spinètes et Adriates ne semblent pas avoir voulu se donner des origines grecques. Ce qui est revendiqué, c’est un mode de vie, la possession et l’utilisation d’objets grecs dans une population qui s’exprime en étrusque. La tombe no 168 de Valle Trebba d’entre la fin du ive siècle a. C. et le début du iiie siècle a. C. abrite un bouchon de lécythe à vernis noir et un plat à vernis noir avec l’inscription étrusque venuś puliuś mi23. Dans la tombe no 485 de Valle Trebba, où les cendres du défunt sont conservées dans une urne qu’on a fait venir de Grèce, le prénom vel est inscrit deux fois sur un pied de coupe attique24. Cette revendication de “grécité” est commune à tous ou presque, car il y a des objets grecs dans toutes les tombes retrouvées. Elle ne se limite pas à des cas que l’on pourrait expliquer comme ceux de familles mixtes étrusco-grecques.
33En soi posséder un objet grec dans sa tombe n’est donc pas un instrument de différenciation sociale, mais c’est l’accumulation et le choix d’objets grecs particuliers qui fait la différence, non pas de coupes attiques qui sont assez communes, mais d’hydries, de cratères, de pyxides, de vases de peintres réputés ou de vases rares25, comme l’amphore panathénaïque dans la tombe no 11 C de Valle Pega, du second quart ou du milieu du ve siècle a. C., vase public que la cité d’Athènes commandait aux ateliers athéniens et qui était rempli de l’huile des oliviers sacrés d’Athènes26. La valeur attribuée à ces vases rassemblés dans des tombes sans être liés entre eux par une thématique iconographique commune27 devait être importante parce qu’ils sont conservés longtemps, parfois réparés et déposés une ou deux générations après leur fabrication. Plutôt que de continuer à les employer, lors des banquets, et à les thésauriser, on les déposait donc à un moment donné dans la tombe d’un parent pour marquer une différenciation d’ordre économique et social. La tombe no 11 C de Valle Pega contient ainsi un riche service de vases attiques dont certains éléments ont soixante ans de différence : deux kylikes du Peintre d’Érétrie de 430 a. C., trois oinochoai attribuées à Polion de 420 a. C., un dinos de Cléophon de 430 a. C., un dinos de Polygnote de 440 a. C., un cratère à volutes du Peintre des Niobides de 460 a. C., deux kylikes du Peintre de Koropi de 460-450 a. C. et l’amphore panathénaïque du Peintre de Berlin de 480-470 a. C. La plupart de ces vases toutefois, à l’exception du cas de l’amphore panathénaïque, n’avaient de valeur qu’aux yeux des populations de l’Adriatique. Beaucoup de ces céramiques coûtaient des sommes modestes. L’accumulation de vases grecs – pour beaucoup, des vases de pacotille aux yeux des Grecs de Grèce – avait donc avant tout une valeur idéologique et culturelle propre aux Spinètes et aux Adriates.
Mourir à la grecque, mourir en grec ?
34Malgré cette ostentation de produits et de pratiques grecs, les Spinètes et les Adriates ne se conforment pas à toutes les habitudes grecques.
35On notera, par exemple, que les mobiliers de nécropoles de Spina et d’Adria contiennent peu de témoignages de la pratique du sport. Comme les Étrusques des autres zones de l’Étrurie jusqu’au ive siècle a. C., les Padans de Spina et d’Adria ont utilisé peu de strigiles28, peu de louteria et aucun disque n’a été retrouvé sur place. De même, l’idéologie héroïque, bien qu’elle apparaisse à de très nombreuses reprises dans l’iconographie des vases des mobiliers funéraire, est peu représentée dans la fonction des objets déposés dans la tombe. On a découvert une seule arme dans les milliers de tombes que comptent Spina et Adria. Encore cette arme – une lance – est-elle placée dans la tombe no 747 de Valle Trebba de Spina qui appartient à un défunt qui paraît d’origine grecque puisque le mobilier compte une coupe gravée du nom grec Apelles, deux choai attiques et que le corps, contrairement aux habitudes spinètes, a été incinéré29.
36L’intérêt des Spinètes et des Adriates pour le monde grec est donc bel et bien sélectif. Il s’oriente principalement vers les pratiques de table, mais cet intérêt s’exprime de façon très différente de celui des Grecs. Plus encore qu’ailleurs en Étrurie, en effet, à Spina et à Adria, les éléments de service à banquet foisonnent dans les tombes, mais à Athènes, dans les tombes, les mobiliers standards sont les lécythes, et non pas les vases à banquet comme les coupes et les cratères30. Dans le monde grec, en effet, il existe une nette distinction entre le monde du banquet et le monde de la mort31. Pour les Grecs d’époque classique, la mort marque la fin de la vie : au vie siècle et au ve siècle a. C., en Grèce, le banquet s’efface du contenu de la tombe et du rituel32.
37Pire, à Spina et à Adria, les services à banquet indiquent le rang du défunt et ils manifestent une volonté d’ostentation du luxe qui est impensable dans l’Athènes de Périclès où sévit une obligation égalitaire, surtout en contexte funéraire. Les riches pouvaient étaler leur luxe par des offrandes précieuses dans des sanctuaires publics, mais ils ne pouvaient le montrer dans le cadre privé de leur tombe33.
38Les Grecs opéraient aussi une nette distinction entre boire et manger et ils ont privilégié l’action de boire, de l’alcool notamment34, et les rituels en rapport avec l’action de manger étaient plutôt de l’ordre de la distribution plutôt que de la consommation35. L’objet d’une ritualisation élaborée est la consommation de vin au symposion, après le deipnon : le mélange du vin et de l’eau surtout, les objets à utiliser pour le symposion, le service des boissons, l’ordre et la façon de chanter ou de parler. Or, à Spina, au moins, on peut se demander si le vin était effectivement consommé autant qu’en Grèce, au moins jusqu’à une époque avancée. La présence de vin est effectivement attestée au ve siècle a. C. par des amphores de transport dans six tombes seulement de Spina36. La plupart des amphores trouvées dans les nécropoles de Spina proviennent de tombes d’entre la seconde moitié du ive siècle a. C. et le début du iiie siècle a. C., quand sont finies les importations attiques37. Encore sont-elles peu nombreuses : on trouve des amphores commerciales dans 310 sépultures spinètes, alors que les nécropoles de Spina comprennent en tout 4 124 tombes. En même temps la production locale de vin semble modeste38. À Adria, la situation semble identique. La mention par Pline l’Ancien39 de uina Hadriana provenant ab intimo sinu Maris se réfère en réalité à Atri, dans le Sud du Picénum40. Les cratères sont d’ailleurs assez peu représentés comparativement au nombre de tombes. À Spina, de plus, les amphores ne sont utilisées ni comme cinéraires, ni comme enchytrismoi. De fait, les amphores sont placées près de la tête du défunt, rarement aux pieds et, dans le cas des incinérations, juste à côté d’objets de plus grand prestige.
39Spinètes et Adriates se démarquent aussi de leurs modèles grecs par la participation des femmes au banquet. Les femmes de Spina et d’Adria ne sont pas représentées, comme les Tarquiniennes, par exemple, au banquet, mais les tombes de femmes n’abritent pas moins que celles des hommes des vases de banquet. Dans la tombe no 579 de Valle Trebba, identifiée comme une tombe féminine en raison de la présence d’un collier et d’une boucle d’oreille dans le mobilier, on découvert un grand cratère à volutes, deux skyphoi à figures rouges attiques et deux oinochoai. Le redoublement de certains objets dans de nombreuses tombes de Spina pourrait même correspondre à la pratique du banquet en couple hétérosexuel. Dans la tombe no 128 de Valle Trebba, se trouvaient deux kylikes du Peintre d’Érétrie, deux oinochoai en forme de tête humaine41. Dans la tombe no 11 C de Valle Pega, il y avait deux dinoi du Peintre de Cléophon et de Polygnote et deux oinochoai attiques à figures rouges.
40Enfin, les Spinètes et les Adriates, contrairement aux Grecs, éclairent les banquets par des candélabres et des kreagreai déposés dans les tombes avec les vases à banquet42. Beaucoup de ces candélabres ont été fabriqués à Vulci et découverts dans des tombes riches datant d’entre la fin du ve siècle a. C. et la première moitié du ive siècle a. C. Dans la tombe no 128 de Valle Trebba de 480-470 a. C., par exemple, les candélabres sont au nombre de deux et ils voisinent avec des céramiques attiques de très grande qualité43. Certes, on peut considérer les candélabres comme des biens précieux qui se transmettaient par héritage44, mais on observera que les Spinètes et les Adriates en dotent leurs service à banquet au moment où la tombe devient en Étrurie l’entrée symbolique dans une outre-tombe peuplée de démons.
41D’autres écarts avec les pratiques grecques peuvent s’expliquer par la volonté des défunts d’être accompagnés d’objets aux pouvoirs apotropaïques et immortalisants. La tombe spinète no 409 de Valle Trebba abrite ainsi une assiette du ive siècle a. C. gravée d’une dédicace à Dionysos45. Or, il semble par une allusion d’Hérodote46 et une autre de Platon47 qu’il fût interdit chez les Grecs de prononcer le nom de Dionysos dans un contexte funéraire. On a longtemps pensé qu’il s’agissait d’une dédicace déposée d’abord dans un sanctuaire, puis finie par hasard en contexte funéraire48. Nous n’écartons pas l’idée de cette première destination, mais nous croyons que la dédicace a pu subir une refonctionnalisation en contexte funéraire à Spina. On sait en effet que le dieu étrusque Fufluns a été interprété à la grecque comme Dionysos avec l’épiclèse de Pachie à Vulci dans une période qui va d’un peu avant le milieu du ve siècle a. C. à la fin du ve siècle a. C. ou au début du ive siècle a. C. sur un groupe de quatre vases attiques à figures rouges portant l’inscription fuflunsl pachies velclthi49. La cité de Spina dont de nombreuses tombes abritent des objets vulciens (les candélabres notamment) connaissait sans doute au ive siècle a. C. le culte de Dionysos Bakchios ou Bakcheios. L’assiette avec la dédicace à Dionysos a donc pu être déposée dans une tombe d’un membre d’un thiase dionysiaque. On observera d’ailleurs que le destinataire du dépôt de l’assiette avec dédicace est une femme et l’on sait que les femmes ont exercé un rôle de choix dans les associations dionysiaques50. L’extase dionysiaque est représentée sur des vases grecs de tombes spinètes : un fragment de dinos attribué au Peintre de Méthyse du milieu du ve siècle a. C. découvert dans la tombe no 374 de Valle Trebba montre des femmes dans une procession dionysiaque qui marchent dans une attitude extatique, la femme du centre marchant en cadence, la tête légèrement inclinée.
42Pourquoi ces écarts ? Pourquoi, par exemple, les femmes de Spina et d’Adria filent-elles à la grecque et banquettent-elles à l’étrusque, par exemple ? Faut-il mettre cette attitude sur le compte d’une simple méconnaissance des usages grecs ou sur le compte d’une volonté de combiner une identité propre à partir d’éléments étrangers ?
43La méconnaissance de la valeur idéologique de certaines images a été soulignée avant moi par F. Lissarrague contre F. H. Massa-Pairault51. Dans la tombe no 18 C de Valle Pega, les Spinètes n’auraient pas compris la signification et la portée idéologique de la grande kylix du Peintre de Penthésilée, liée au retour de Cimon à Athènes52. Pour autant, la façon dont Étrusques et Spinètes combinent des éléments grecs et étrusques ne nous paraît pas relever d’une improvisation totale ; Adriates et Spinètes s’affranchissent consciemment du modèle culturel grec. Ils pouvaient difficilement ignorer la place de la femme dans la société grecque puisque de nombreux vases, notamment le lébès de la tombe no 1166 de Valle Trebba, montrent des scènes de gynécée et ils n’avaient pas pu ne pas noter l’absence de femmes de bonnes mœurs dans les nombreuses scènes de banquet sur les vases. Ils voyaient aussi comment se comportaient les Grecs, hommes et femmes, admis chez eux ou à proximité. Ils ont donc choisi de combiner ensemble des éléments hétérogènes pour construire leur identité mixte, voire double.
44Il faut donc bien distinguer être grec et mourir à la grecque à Spina et à Adria. Il y a plusieurs façons d’être grec à Spina et à Adria. Il y a d’abord les Grecs de Spina et d’Adria qui sont bien différents : à Spina, les Grecs vivent et meurent, à côté des autres Spinètes de langue étrusque, dans des familles parfois mixtes et dans une société multi-ethnique, ouverte aux étrangers, à Adria ils vivent cantonnés à part, dans ce qui ressemble à un sanctuaire d’emporion, situé à l’écart de la cité. Il y a ensuite les étruscophones de Spina et d’Adria qui semblent avoir tous cherché à mourir à la grecque, en s’entourant d’un mobilier grec ou d’imitation grecque, mais qui s’écartent des normes grecques de vie et de mort, qu’ils exhibent pourtant en modèles, au point d’avoir accompli certaines pratiques qui auraient choqué des Grecs. Hérodote53 rapporte ainsi que, quand Amyntas offrit un repas aux Perses, les Perses voulurent la présence des épouses, ce qui les mit aux yeux des Grecs du côté des peuples les plus barbares, “ceux chez qui règne la promiscuité sexuelle”54. Quand les Étrusques de Spina et d’Adria suivent un modèle grec de vie et de mort, ils mettent en acte non pas une ascendance grecque, puisqu’elle n’est nulle part mentionnée dans les formules onomastiques funéraires grecques ou étrusques, mais une suggeneia, une parenté de race si souvent proclamée par des textes grecs mais sur laquelle nous n’avons pas le point de vue adriatique et spinétique, sinon le témoignage archéologique d’un trésor des Spinètes déposé à Delphes55. Cette parenté qui est ravivée par des échanges constants avec les Grecs, de l’Attique, d’Égine, de Corinthe, de Syracuse est vécue différemment à Spina et à Adria. Les Adriates font coexister attachement pour la grécité et méfiance des Grecs, soit une conscience de copier les Grecs sans être complètement grecs, tandis que pour les Spinètes, les Grecs sont aussi certains des leurs et peut-être un peu d’eux-mêmes. Dans les deux cas, pourtant, c’est une grécité padane, filtrée, qui ne devait pas tromper les Grecs de passage, et qui était sûrement destinée autant à faciliter les relations commerciales avec les Grecs qu’à assurer à l’intérieur une prééminence sur les autres Étrusques d’Étrurie, en particulier d’Étrurie padane, et sur leurs concitoyens spinètes et adriates. Le degré de maîtrise des valeurs dominantes, grecques en l’occurrence, et l’acquisition d’un certain standing, avec les vases grecs de banquet surtout, remplaçaient le critère de naissance qui, dans d’autres cités étrusques, permettait d’acquérir et de justifier une supériorité sociale. On comprend donc pourquoi les inscriptions de possession l’emportent de loin en nombre sur les épitaphes. Il fallait avoir pour être, et non être pour avoir.
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Notes de bas de page
1 Sur les vases grecs de Spina, voir entre autres Guzzo 1993a ; Morel 1994 ; Guermandi 1994.
2 Pour Spina, cf. Str. 5.1.7 ; Ps. Scyllax, Peripl., 17. Voir aussi Plin., Nat., 3.120 ; Justin 20.1.11. Sur les légendes de fondation de Spina, cf. Torelli 1993 ; Braccesi & Coppola 1993, 75-77 ; Colonna 1994, 131-135. Pour Adria, cf. Justin 20.1.19.
3 Sur les inscriptions grecques de Spina, cf. Colonna 1994, 135-137. Sur les inscriptions grecques de Spina, cf. Colonna 1974.
4 Sur l’habitat antique d’Adria, voir Dallemulle 1977, 166-191 ; Bonomi 1993a, 75 sq. ; la synthèse de Donati & Parrini 1999, 567-614 sur les fouilles du xixe siècle.
5 Sur le nombre des inscriptions grecques dans les nécropoles de Spina, voir, par exemple, les appréciations diverses de Colonna G., in Rebecchi 1994, 127-128 ; Torelli M., in Rebecchi 1994, 140.
6 Cf. Sassatelli 1993, 188 ; Gras 1994, 59 ; Pupillo 1994.
7 Cf. Colonna 1974. Sur les inscriptions grecques d’Adria, cf. aussi Antonetti 2005.
8 On a mis en gras, dans le tableau, ce qui se rapporte à Adria.
9 Pour l’idée d’une fondation d’Adria par les Éginètes, cf. Colonna 1974, 15.
10 Cf. Colonna 1974.
11 Cf. R. Mambella, in SE, 52, 1984, p. 175-177, no 3.
12 Cf. Curti 2004, 127.
13 Cf. Massa-Pairault 1994, 146-148.
14 Cf. Torelli 1981, 190.
15 Cf. Mangani 1982, 82, no 20.
16 Cf. S. Patitucci, REE, 57, 1991, no 12, p. 253.
17 Cf. R. Mambella, in SE, 52, 1984, p. 175-177, no 3 ; Locatelli 1993a, no 837.
18 Sur les choai en général, cf. Van Hoorn 1951 ; Hamilton 1992. Sur les choai de Spina, cf. Berti 1991, 17-53, spec. 28
19 Cf. Guzzo 1993b, 220.
20 Sur la production locale, cf. Patitucci & Uggeri 1973, 168 ; Baldoni 1986, 15. Sur les epinetra, cf. Bakalakis 1960 ; Mercati 2003 ; Badinou 2003.
21 Voir le chous de Banzi. Sur celui-ci, cf. Bottini 1991, 160-161.
22 Pour Bruni 2004, 99, pour la même époque, on connaît un seul autre exemple de chous dans la tombe 36 de Pianello di Castelbellino.
23 ET-Sp 2.56.
24 Cf. S. Patitucci, REE, 57, 1991, no 11, p. 252
25 Pour Adria, voir le point de vue de Bonomi 2003.
26 Cf. Valavanis 1986, 453-460.
27 Cf. Gilotta 2004, 140-141.
28 Il existe notamment un seul strigile marqué d’une inscription grecque à Adria, nécropole de la via Spolverin, dans la tombe 57. Cf. Bonomi 1993b, 101, no 20.
29 Locatelli 1993b, 344-347.
30 Cf. Kübler 1976, 193-194 ; Knigge 1976, 14-15.
31 Cf. Murray 1988.
32 Cf. Luce 2003.
33 Cf. Morris 1992, 108-127. Sur la législation funéraire en général, cf. Ampolo 1984 ; Garland 1985, 121 ; Morris 1987, 50-52 ; Sourvinou-Inwood 1995, 439-441 ; Small 1995, 163-167 ; Frisone 2000, 18 sq., 167, 171 sq.
34 Cf. Murray 1990, 6.
35 Cf. Detienne & Vernant 1979.
36 Cf. Bertani 1995.
37 Cf. De Luca de Marco 1979, 586. Selon Desantis 2004, 60, 310 sépultures spinètes abritent des amphores commerciales, mais la moitié des amphores de type gréco-oriental date de la dernière phase de la cité.
38 Pour Empereur & Hesnard 1987, 11, note 16 et 22, il n’y a pas de production locale.
39 Cf. Plin., Nat., 14.7.
40 Cf. Braccesi 1979, 218.
41 Sur le mobilier de cette tombe, cf. Parrini 1993, no 270, 271, 273, 274.
42 D’après Cornelio Cassai 2004, il y aurait 150 candélabres en tout.
43 Cf. Parrini 1993, no 290, 291.
44 Ces candélabres de fabrication étrusque semblent avoir joui d’une grande réputation dans le monde grec. Cf. Athen. 15.701 b.
45 Cf. Locatelli, no 837. Sur le culte de Dionysos à Spina, cf. Malnati 1993, 166.
46 Cf. Hdt. 2.86.2.
47 Cf. Plat., Men., 238b.
48 Cf. Cristofani 1983, 252 ; Torelli 1993, 66.
49 Cf. TLE², 336 = Rix, ET-Vc 4.1.
50 Cf. Jacottet 2003, 90 sq.
51 Cf. Lissarrague 1987, 261-269 ; 1994, 72 ; Massa-Pairault 1994, 149-150.
52 Sur cette kylix, cf. Paoli 1993, 94-95 ; Guzzo 1993c, no 783.
53 Cf. Hdt. 5.18-21.
54 Cf. Schmitt Pantel 1992, 467.
55 Cf. Polemos apud Athen. 18.606 A ; Str. 5.1.7 ; 9.3.8 ; Plin., Nat., 3.16.
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ENS Paris - UMR 8546
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