VIII - Aristote et le theorikon : sur le rapport entre trophè et misthos1
p. 79-84
Texte intégral
1Au livre VI de la Politique, Aristote envisage les divers moyens susceptibles d’assurer la sauvegarde d’une politeia démocratique. Cette préoccupation du Philosophe peut surprendre a priori. Elle s’inscrit cependant dans une démarche logique qui tient le changement pour le mal par excellence, et donc la permanence d’un régime, quel que soit le jugement que l’on porte sur lui, comme préférable à sa destruction. Parmi ces moyens, il en est un qui mérite qu’on s’y arrête quelque peu, car il évoque une institution typique de la démocratie athénienne du ive siècle : celle du fonds des spectacles ou theorikon. L’existence de ce fonds particulier est attestée par un certain nombre de textes littéraires et des inscriptions1. On ne sait exactement à quelle date il faut en faire remonter l’institution. Pour certains, s’appuyant sur une notice d’Harpokration, c’est Agyrrhios qui l’aurait créé en même temps que le misthos ekklèsiastikos. Pour d’autres, le theorikon aurait été institué seulement dans les années cinquante du ive siècle par Eubule qui allait en présider pendant huit ans de 354 à 348 l’administration2. Alimenté par les excédents de revenus, ce fonds des spectacles allait très vite apparaître comme un fonds d’aide aux plus pauvres. C’est en partie parce qu’il tenait cette aide pour inefficace que dès 349 Démosthène avait demandé l’affectation des fonds du theorikon à la caisse militaire des stratiôtika. Sans succès apparemment, puisque le décret proposé dans ce sens par son ami Apollodoros fut attaqué en illégalité3. Démosthène devait revenir sur la question dix ans plus tard, dans les mois qui précédèrent Chéronée, et il semble qu’il ait alors obtenu satisfaction. Plus encore que dans la Troisième Olynthienne, le lien était, dans le discours qu’il prononça à cet effet, souligné entre l’affectation des excédents des fonds publics à la caisse des spectacles et l’assistance aux plus pauvres 4. Après Chéronée, le theorikon fut rétabli, et Aristote, dans l’Athenaiôn Politeia cite les trésoriers chargés du theorikon parmi les magistrats qui ne sont pas désignés par le sort, mais élus5. Il est donc légitime de penser que c’est au fonds des spectacles et à son affectation que fait allusion Aristote dans le passage qu’il nous faut maintenant examiner de plus près.
2Aristote commence par poser le principe de base de son raisonnement ; dans une démocratie totale, ceux qui participent aux assemblées sont nombreux, et, comme il n’est pas possible de les réunir sans leur verser un misthos, cela implique que la cité dispose des revenus nécessaires (prosodoi). Si ces revenus font défaut, il faut éviter de recourir aux moyens habituels, eisphorai, confiscations liées à la corruption des tribunaux, et par conséquent limiter au maximum le nombre des réunions de l’assemblée et des tribunaux. Si au contraire ces revenus existent, il faut se garder d’imiter les démagogues d’aujourd’hui qui distribuent les excédents, et chercher à mettre fin à la pauvreté de la masse par d’autres moyens : “on doit faire une masse commune des revenus et la répartir en totalité entre les pauvres, avant tout si cela est possible pour l’acquisition d’un petit domaine, si la somme est suffisante, et sinon comme moyen d’entreprendre une affaire commerciale ou une exploitation agricole”6.
3Il n’est pas douteux que, sous l’apparence d’une distinction logique entre deux situations différentes, l’un et l’autre exemple renvoient au modèle athénien. C’est à Athènes et à Athènes seule que la présence aux séances de l’assemblée du peuple est rétribuée par un misthos. C’est à Athènes et à Athènes seule que cette assemblée compte dans ses rangs un grand nombre de pauvres7. Les exemples abondent qui prouvent que dans la première moitié du siècle, il fallut multiplier les eisphorai et les confiscations, les premières pour assurer les dépenses de guerre, les secondes pour couvrir les dépenses occasionnées par le paiement des différents misthoi8. Quant à la corruption des juges, elle est également dénoncée. Et il suffit d’évoquer ce plaideur incitant les juges à confisquer les biens de l’accusé s’ils voulaient recevoir leur salaire, pour être convaincu que la cité sans prosodoi est bien l’Athènes de la première moitié du siècle9. Mais on sait aussi que la politique menée à partir de 355 par Eubule et ses amis eut pour effet de rétablir les finances athéniennes10. C’est pourquoi aussi il est tentant de supposer que c’est alors seulement, et parce que la politique “pacifique” d’Eubule privait une partie du dèmos des avantages qu’il tirait des expéditions militaires, que les excédents des revenus furent affectés à la caisse des spectacles. La cité disposant de revenus que les démagogues distribuent à fonds perdus, c’est donc aussi Athènes, mais l’Athènes de la seconde moitié du siècle, celle dont Aristote a pu voir fonctionner les institutions, et sur laquelle il porte un jugement dénué d’indulgence. Or, que suggère Aristote ? Que les fonds, au lieu d’être distribués sans obligation, soient attribués aux pauvres avec obligation de les utiliser soit pour l’acquisition d’un bien fonds qui les transformerait en propriétaires, soit comme mise de fonds (ἀφορμή) pour entreprendre une affaire commerciale ou prendre à ferme une terre. Il y a là de quoi surprendre, et à bien des égards.
4En premier lieu, l’attribution d’une somme en espèces pour l’acquisition d’un petit domaine est révélatrice de la profonde mutation des mentalités qui s’opère au ive siècle. Car si l’objectif fondamental, reconstituer une société de petits propriétaires, s’inscrit dans un schéma traditionnel, celui en gros de la “République des paysans”11, et marque le lien étroit entre la citoyenneté et la terre, le moyen pour y parvenir ne laisse pas de surprendre. On voit bien qu’il y a là un moyen de prévenir ce mal qui menace les cités grecques au ive siècle, le partage des terres et ses corollaires habituels, mesures qui sont traditionnellement liées à la politique des tyrans12. On ne peut pas ne pas penser ici à Platon qui envisageait le problème au livre V des Lois : constatant que la propriété de la terre est source de conflits quand l’inégalité foncière devient trop patente, il remarque en effet : “Quand elle se voit contrainte de légiférer à ce sujet, une cité ancienne ne peut ni laisser les choses en l’état, ni non plus y toucher de quelque manière ; il ne lui reste pour ainsi dire que la ressource des souhaits et d’un changement léger et précautionneux, qui répartisse les progrès sur un long espace de temps comme celui-ci : qu’il y ait des novateurs pourvus eux-mêmes de terres considérables, pourvus aussi de débiteurs nombreux, et disposés dans un esprit de conciliation à communiquer une part de leurs biens aux plus misérables, tantôt remettant (des dettes), tantôt distribuant (des terres), de toute façon attachés à la modération et persuadés que l’appauvrissement consiste moins dans une diminution de richesse que dans un accroissement de convoitise” (736 d-e). Mais ce que Platon envisage comme alternative au partage des terres, c’est tout autre chose qu’une distribution d’argent destinée à permettre l’achat d’une terre. C’est dans la générosité privée des riches, et sans passer par l’intermédiaire de la cité, qu’il place son espoir d’une solution pacifique au problème de l’inégalité foncière. Et sur ce point, il rejoint un autre écrivain du ive siècle, Isocrate qui dans l’Aréopagitique, 32, évoque les temps heureux d’autrefois quand “les possesseurs de la richesse, au lieu de mépriser les gens dont la situation était plus embarrassée, pensaient que la détresse de leurs concitoyens était une honte pour eux, et ils les secouraient dans leurs besoins, confiant aux uns des terres à cultiver pour un fermage modéré, envoyant les autres faire du commerce au dehors, fournissant à ceux-là des ressources pour les autres genres de travaux”. Mais la comparaison ne vaut que pour une commune référence à la générosité privée des riches. Car rien dans le texte d’Isocrate n’évoque un abandon par les riches d’une partie de leurs terres. Ils se contentaient de les confier aux pauvres ἐπὶ μετρίαις μισθώσεσιν ou de faire à ceux-ci une “avance” pour leur permettre de se livrer au commerce maritime.
5Or, c’est avec l’octroi d’argent pour l’acquisition de terre l’autre solution proposée par Aristote, dans le cas où la somme allouée serait insuffisante13. Et l’on ne peut manquer d’être frappé par le fait qu’on trouve chez Isocrate comme chez Aristote mises sur le même plan la γεωργία, l’agriculture et l’ἐμπορία, l’activité marchande, le commerce maritime. Contrairement en effet à J. Aubonnet14, je ne pense pas qu’Aristote emploie emporia pour kapeleia. Il ne s’agit pas de permettre aux pauvres d’acquérir un “petit commerce”, mais bien en se livrant à l’emporia, c’est-à-dire au commerce maritime, de retirer une rente de l’apport initial. Lemporia est une activité à laquelle peut se livrer un citoyen, et contrairement à ce qu’on affirme encore trop souvent, il n’était pas nécessaire d’être riche pour être un emporos15.
6La comparaison de ces trois textes me paraît révélatrice des courants qui alors se manifestaient chez les écrivains d’Athènes. Platon et Isocrate exprimaient, l’un sous la forme d’un souhait, l’autre d’un regret nostalgique, la persistance d’une même idée de la cité : une communauté au sein de laquelle les plus riches prenaient en charge la trophè, la subsistance des plus pauvres. Pour Platon, ennemi de tout ce qui venait de la mer, seule la terre était concernée. Isocrate, plus proche des réalités de l’Athènes de son époque, moins théoricien, incluait l’emporia et même les autres ergasiai parmi les activités que la générosité des riches permettait aux pauvres. En cela, il annonçait Aristote. Mais ce dernier se distinguait à la fois de Platon et d’Isocrate en faisant de la cité l’intermédiaire nécessaire entre les riches et les pauvres. Non seulement ce seront les prosodoi, les revenus de la cité qui seront ainsi répartis, et non des largesses privées. Mais encore, s’il n’est pas possible de distribuer à tous en même temps des sommes suffisantes pour leur permettre soit d’acquérir une terre, soit d’en prendre une à ferme, soit de se livrer au commerce maritime, alors il faudra à tour de rôle en faire bénéficier les tribus ou tout autre division de la cité. Les riches quant à eux ne seront pas quittes pour autant. Il leur faudra εισφέρειν τον μισθόν pour les assemblées indispensables.
7On voit donc se dessiner une double opération. D’une part, les revenus (prosodoi) de la cité permettront d’assurer aux pauvres leur trophè, d’autres part les eisphorai versées par les riches assureront le paiement des misthoi16. Aristote distingue donc ici de façon très nette les mesures destinées à remédier à la pauvreté d’une partie des citoyens, de celles qui ont pour objet de rétribuer leur activité civique. Or, un texte antérieur d’une vingtaine d’années à la Politique posait le problème dans des termes un peu différents : il s’agit des Poroi de Xénophon, qui ont fait l’objet récemment d’un commentaire historique de Ph. Gauthier17. Celui-ci montre de façon particulièrement convaincante que, contrairement à ce qu’ont affirmé nombre de commentateurs de ce texte célèbre, l’objectif de Xénophon n’était pas de donner une nouvelle impulsion à l’économie athénienne, mais de rechercher les moyens (poroi) d’assurer à la cité des revenus (prosodoi) tels que puisse être versé à chaque Athénien, dans un avenir plus ou moins lointain, le triobole quotidien. Il est significatif que pour y parvenir Xénophon lui aussi envisageait une eisphora. Cette eisphora payée par les riches permettrait, par un achat, échelonné sur une période assez longue, d’esclaves publics, d’assurer “au dèmos abondance de trophè” (6.1). Pour Gauthier18, cette trophè ne saurait être conçue que “comme un misthos-indemnité versé en contrepartie d’une activité publique et non pas comme une allocation de subsistance”. D’où son caractère utopique dans la réalité athénienne de la seconde moitié du ive siècle, où l’effondrement de l’empire n’exigeant plus un service régulier des citoyens, il faudrait imaginer une Athènes où l’assemblée se réunirait quotidiennement. Gauthier pense néanmoins que tel était l’objectif à long terme de Xénophon et conclut : “Dans l’Athènes idéale de Xénophon, les Athéniens devraient eux aussi (comme les homoioi de la Sparte de Lycurgue) n’être plus que des citoyens, réunis tous les jours dans les assemblées, les tribunaux, les fêtes, les gymnases et les garnisons. Le triobole quotidien symboliserait l’accomplissement total de l’homo politicus19”.
8Que tel ait été l’idéal de Xénophon, on n’en saurait douter. Mais je me demande si l’on peut à partir de là conclure, comme le fait Gauthier, que dans l’Athènes démocratique trophè et misthos étaient deux notions qui se recoupaient et qui l’une comme l’autre renvoyaient à la fonction de citoyen20. L’exemple du theorikon me semble prouver au contraire qu’entre le modèle théorique et la réalité il y avait une distance assez grande, et que misthos et trophè ne coïncidaient pas toujours. C’est du moins ce que me paraît impliquer le texte d’Aristote, qui prend bien soin de distinguer comme on l’a vu les mesures propres à assurer la trophè des plus pauvres de celles qui doivent permettre de payer à tous les misthoi. On pourra m’objecter que la proposition d’Aristote s’inscrit dans le cadre d’un raisonnement logique qui n’est pas nécessairement l’expression d’une réalité. Mais ce qui me frappe, c’est au contraire que la distinction faite par Aristote entre trophè et misthos s’éclaire quand on la confronte au célèbre développement de la Troisième Olynthienne de Démosthène. L’orateur en effet, mettant en cause le theorikon, qui partagé entre les citoyens ne leur est d’aucune utilité21, propose d’en faire la rétribution d’un service public, en l’occurrence d’un service militaire. La distinction est ici nettement faite entre la réalité (le theorikon assurant la trophè des plus pauvres), et ce qui devrait être (le theorikon versé en échange d’un service civique, devenant par là même un misthos).
9La démonstration de Gauthier est vraie au niveau de la cité idéale élaborée par Xénophon dans les Poroi. Elle reste vraie au niveau de l’imaginaire de la cité auquel se réfèrent les orateurs. Mais dans la réalité concrète, la nécessité d’assurer aux pauvres les moyens de vivre vide la trophè-misthos de son contenu civique. À la limite, il n’est pas sans intérêt qu’Aristote, écrivant après la défaite des Grecs à Chéronée, en vienne à distinguer aussi nettement trophè et misthos, dans une proposition dont le but est d’assurer le maintien d’une politeia démocratique, en quoi il se distingue à la fois d’Isocrate, évoquant la patrios politeia, et de Platon, élaborant la politeia d’une cité imaginaire, la plus proche possible de la cité idéale. Il n’est pas non plus indifférent que l’octroi de cette assistance qui devra assurer la trophè des plus pauvres passe par la cité et ses cadres traditionnels (les phylai en particulier), et ne relève pas de la seule générosité des riches. Ce qui implique qu’avec la rupture de la communauté civique que suppose le fossé grandissant entre une minorité de riches et une majorité de pauvres, la fonction de la cité en tant qu’État tend à s’affirmer22. Un État, notons-le en passant, où le paiement des misthoi sera assuré par les eisphorai des riches, désormais libérés des “liturgies inutiles” (ἀφιεμένους τῶν ματαίων λειτουργιῶν). S’agit-il là d’une construction imaginaire, déduite d’un pur raisonnement logique, ou bien Aristote exprime-t-il les réalités nouvelles de son époque23 ? J’hésiterai à me prononcer de façon catégorique, puisqu’aussi bien ces réalités nouvelles allaient avorter : dans les cités hellénistiques, ce n’est pas l’impôt qui allait assurer le paiement des misthoi, pour la raison très simple que les misthoi allaient disparaître. Quant aux liturgies, expression de la solidarité entre les membres de la communauté civique, elles allaient faire place à l’évergétisme, symbole de son éclatement.
10Sur le theorikon et sa fonction dans la seconde moitié du ive siècle, voir la discussion dans J. Ouhlen, “La société athénienne” dans Le monde grec aux Temps classiques. T. II : le IVe siècle (P. Brulé – R. Descat éd.), Paris 2004, 347-349.
Notes de bas de page
1 Buchanan 1962.
2 Esch. 3.25 ; Buchanan 1962, 53 sq.
3 [Dém.] 59.3-9.
4 Dém. 10.37 sq.
5 Arist., Const. Ath., 43.1 ; 47.3.
6 Arist., Pol., 1320 a 36 - 1320 b 1.
7 C’est du moins ce que affirment tous les adversaires de la démocratie, en particulier l’auteur anonyme de l’Athenaion Politeia, 1.2 sq.
8 Mossé 1962, 306 sq. ; Will et al. 1976, 141 sq. ; cf. également Thomsen 1964.
9 Lysias 27.1.
10 Dém. 6.38 ; Théopompe, FGrHist. 99 : les revenus annuels qui étaient tombés à moins de 130 talents au lendemain de la guerre des Alliés remontèrent à 400 et même à 600 talents dans les années suivantes.
11 J’emprunte l’expression à Goossens 1950.
12 Cf. Mossé 1969, 134 sq.
13 Il est frappant de constater que les deux auteurs emploient le même terme ἀφoρμή pour désigner cette “avance” qui permettait (ou permettrait) aux pauvres de prendre à ferme une terre ou de se livrer à l’emporia.
14 Aubonnet 1973, 278 n. 12.
15 Cf. Will et al. 1976, 114 sq.
16 Il faut sur ce point faire une double remarque : d’une part les prosodoi proviennent d’autres sources que l’eisphora. Cela n’est pas pour surprendre, l’eisphora n’étant pas une source de revenus normale. Mais cette même eisphora, destinée à couvrir le paiement des misthoi, cesse d’être une levée exceptionnelle en temps de guerre et devient désormais un impôt permanent.
17 Gauthier 1976.
18 Gauthier 1976, 20 sq.
19 Gauthier 1976, 244.
20 Gauthier 1976, 248 : “Dans la cité démocratique de 355/354, la trophè est l’équivalent du misthos, indemnité versée au citoyen en échange d’une activité définie. Elle vise à indemniser l’animal politique, non à nourrir l’homme qui se cache derrière tout citoyen”. Ce n’était pas parce qu’il était citoyen par son statut, mais parce qu’il en exerçait la fonction que l’Athénien recevait de la cité une trophè-misthos. Et Gauthier d’ajouter : “même le theorikon dans cette optique était justifié” (ibid.).
21 Dém. 3.33 sq. On remarquera la comparaison établie par l’orateur entre l’attribution du theorikon et les rations données à leurs malades par les médecins, rations qui ne leur donnent pas de forces, mais tout au plus les empêchent de mourir.
22 Ce problème est abordé par Gauthier (1976, 251 sq.), qui souligne à ce propos l’opposition entre les cités grecques démocratiques et Rome : “Il y avait un État à Rome ; il n’y en avait point dans les démocraties grecques... Le citoyen athénien n’avait pas en face de lui un État, mais une foule d’autres lui-même”. Cela est certainement vrai au niveau de l’imaginaire de la cité. Mais dans la réalité concrète de la seconde moitié du ive siècle ?
23 Faut-il inclure dans ces réalités nouvelles l’institutionnalisation de l’eisphora qui devient permanente à Athènes après 338 ? Le maintien du cadre des symmories pour sa levée et sa répartition dit assez que l’on n’est jamais vraiment parvenu à la notion d’un impôt permanent et payable par tous en fonction du revenu annuel. Sur l’ensemble des problèmes évoqués ici, et singulièrement sur les transformations de la fin de l’époque classique et sur le parallèle avec Rome, on se reportera à deux ouvrages qui, parus presqu’en même temps que le livre de Ph. Gauthier, abordent également la question de la trophè des citoyens, celui de Veyne 1976, 186 sq. et celui de Nicolet 1976, 250 sq.
Notes de fin
1 Φιλίας χάριν. Miscellanea in onore di Eugenio Manni, Rome 1979, 1605-1612
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