L’Histoire ancienne de Charles Rollin : un ouvrage destiné à la jeunesse
p. 161-174
Texte intégral
1Charles Rollin (1661-1741), était un professeur français de rhétorique et de latin, mais aussi un homme d’Église, rattaché au mouvement des jansénistes. “Vous parlez en latin comme si c’était votre langue naturelle”, lui écrit le chancelier d’Aguesseau (1668-1751)1. Mais sa maîtrise de la langue grecque, qu’il a étudiée dès sa jeunesse, fait également de lui un helléniste remarqué : “Elle lui était si familière qu’il conversait en grec avec Boivin le cadet (1663-1726), son condisciple, son ami, et son collègue au Collège de France”2. Il a occupé, pendant dix ans, le poste de professeur de rhétorique au Collège du Plessis (collège de l’ancienne Université de Paris), qu’il a quitté à regret en 1693 pour raison de santé. Puis, en 1694-1696, il est nommé recteur de l’Université de Paris. Il devient principal du collège de Beauvais en 1696. Mais, en raison de ses liens considérés comme trop étroits avec les jansénistes, il est obligé de quitter le collège en 1712. Il prend alors sa retraite, au cours de laquelle il écrit deux ouvrages que nous allons présenter dans les pages suivantes.
2Rollin est une personnalité de l’enseignement universitaire de la fin du xviie et début xviiie siècle. Les témoignages de l’époque confirment qu’il est perçu comme un esprit éclairé, rigoureux et travailleur, doté d’une intelligence sensible qui se manifeste à travers l’affection qu’il porte à ses élèves, ses amis et ses collègues. Il défend les principes d’une éducation douce et humaniste à leur égard, une pédagogie qui le rapproche du modèle déjà développé par Jean de Gerson (1363-1429), lui-même prédicateur, théologien, philosophe et enseignant, qui demandait alors aux maîtres de porter une attention particulière aux humbles gens, et de renoncer aux châtiments corporels, soulignant que l’éducation était l’un des éléments fondamentaux de l’ordre social.
3L’humanisme est un trait commun à ces deux personnalités, sachant toutefois qu’au xviie siècle, un nouveau regard est porté sur l’enfance, qui était jusque-là perçue comme “un temps de transition, vite passé, et dont on perdait aussi vite le souvenir”3. En effet, la société française du xviie siècle s’engage soudain dans un mouvement en faveur de la protection de l’enfant et de son éducation.
4Jusqu’au xviie siècle, “dans leur forme traditionnelle, les petites écoles des villes et des campagnes vivent d’un ensemble de comportements […] [désordonnés et chaotiques où] le maître interroge l’un des enfants sous la menace de sa férule [tandis que] pendant ce temps les autres, de tous sexes et de tous âges, éparpillés aux quatre coins, jouent ou écrivent, lisent ou se chamaillent”4.
5Sous le règne de Louis XIV, le souci de l’enfant gagne du terrain au point que l’organisation d’un système de protection de l’enfance se met en place. Désormais, la famille, composée des parents et de leurs enfants vivant dans la même maison, prend un sens, tandis que l’école devient le lieu d’éducation des élèves5. Louis XIV instaure en 1694 la gratuité des études pour les étudiants et un traitement pour leurs maîtres6. Le projet de généralisation de l’instruction à tous les enfants du royaume de France est en marche.
6Rollin, qui meurt en 1741, donc avant la Révolution française, mène sa vie à l’écart du pouvoir monarchique. Ni courtisan, ni précepteur de prince, il s’adonne à ses deux passions : l’enseignement et l’Antiquité gréco-latine. Ses actions sont principalement consacrées à l’éducation de la jeunesse, sans distinction sociale. Le xviie est le siècle d’or pour les controverses religieuses entre catholiques et protestants, après les terribles guerres de religion. Bossuet (1627-1724) et Fénelon (1651-1715) s’affrontent dans des débats vigoureux, illustrés notamment par la querelle du Quiétisme. Ce climat, truffé d’antagonismes au niveau des interprétations des textes sacrés, révèle un vrai fossé entre l’humanisme de la Renaissance et le rigorisme religieux dicté notamment par le couvent de Port-Royal au nom du jansénisme. Dans ce contexte, la foi religieuse de Rollin est inébranlable et motive pour une large part, ses travaux de publications de livres. Ce sont ces passions-là qui animent sa vocation pédagogique, qu’il exprime durablement à travers deux ouvrages publiés, Le Traité des Études et l’Histoire ancienne7, qui obtiendront un succès prolongé jusqu’à la fin du xixe siècle.
7À travers ces deux publications, Rollin fait passer un message, qui justifie notre recherche, selon lequel la référence à l’Antiquité grecque est majeure :
”La Grèce a toujours été et sera toujours la source du bon goût. C’est là qu’il faut puiser toutes les connaissances, si l’on veut remonter jusqu’à leur origine. Éloquence, poésie, histoire, philosophie, médecine, c’est dans la Grèce que toutes ces sciences et tous ces arts se sont formés, et pour la plupart, perfectionnés, et c’est là qu’il faut les aller chercher” (p. 240, t. 25).
8Les lectures conjointes des deux ouvrages de Rollin permettent de décrypter une Grèce ancienne, dominée par les images récurrentes des dieux de la mythologie, des grands hommes héroïques, des deux cités emblématiques que furent Sparte et Athènes, mais aussi l’empire macédonien de Philippe et d’Alexandre.
L’Histoire ancienne de Rollin : un succès éditorial intergénérationnel
9L’histoire n’est pas à comprendre dans le sens que nous lui accordons aujourd’hui. Elle n’est pas une discipline de l’enseignement, c’est un tout. Rollin montre à la fois comment lire les auteurs anciens et comment apprendre l’histoire à partir de la lecture. Selon P. Payen,
“L’histoire considérée comme un genre rhétorique, doit servir à l’instruction du lecteur : elle est magistra uitae, selon la formule célèbre du De Oratore. L’histoire ancienne est alors tenue pour une réserve d’exempla destinée à l’instruction et à l’édification des lecteurs. Le modèle humaniste est omniprésent chez Rollin. Il s’accorde avec le perspective morale, chrétienne selon laquelle le registre de la vérité se confond avec celui du bien, mais ce modèle s’inscrit d’abord dans l’héritage de l’autorité de Cicéron dont le De Oratore est cité longuement glosé dans un passage théorique important : Ainsi l’Histoire quand elle est bien enseignée devient une école de morale pour tous les hommes”8.
10Bossuet (1627-1704), évêque de Meaux, prédicateur et écrivain, publie en 1681 le Discours sur l’histoire universelle, qui est rédigé à l’attention du Dauphin : “Quand l’histoire serait inutile aux autres hommes, il faudrait la faire lire aux princes”, précise-t-il dans son avant-propos. Pour lui, la vérité de l’Ancien Testament et la suprématie de la Providence sont des faits incontestables :
“La première époque vous présente d’abord un grand spectacle : Dieu qui crée le ciel et la terre par sa parole, et qui fait l’homme à son image. C’est par où commence Moïse le plus ancien des historiens, le plus sublime des philosophes et le plus sages des législateurs. […] il nous fait voir tous les hommes renfermés en un seul homme, et sa femme même tirée de lui ; la concorde des mariages et la société du genre humain établie sur ce fondement ; la perfection et la puissance de l’homme, tant qu’il porte l’image de Dieu en son cœur […]” (p. 11).
11Mais en même temps, il rappelle au prince son devoir de ne pas ignorer l’histoire de chaque pays et de chaque peuple. Le Discours sur l’histoire universelle, ayant pour vocation d’éduquer un futur roi, repose sur le socle du récit historique, représenté par l’Ancien et le Nouveau Testament. Cette remarque vaut pour le fond. Pour la forme, ce Discours multiplie des formulations de type injonctions, formulées à l’intention du prince, qui rappellent que le discours s’écrit dans une relation de communication entre le précepteur et le prince. “Étudiez-donc, monseigneur, mais étudiez avec attention cette suite de l’église qui vous assure si clairement toutes les promesses de Dieu” (p. 189).
12Rollin reprend à son compte l’idée de Bossuet selon laquelle le récit historique se définit uniquement par sa référence au passé. Dans ce sens, il écrit une histoire chronologique de l’Antiquité, à travers différents peuples, dont le peuple grec. Cet ouvrage publié en 1738, sous le titre d’une Histoire ancienne des Égyptiens, des Carthaginois, des Assyriens, des Babyloniens, des Mèdes et des Perses, des Macédoniens, des Grecs, en 13 volumes, est plus connu sous le titre d’Histoire ancienne. J. Tailhié (1700-1778), religieux et historien, élève de C. Rollin, publiera l’Abrégé de l’Histoire ancienne de Rollin en 5 volumes en 1744, destiné à la jeunesse. Cet ouvrage, rédigé pour la première fois en français, et non plus en latin, est le premier à instaurer un enseignement de l’histoire destiné aux jeunes élèves. Sa méthode consiste principalement à se référer aux auteurs anciens tout en insérant des remarques personnelles et des notes précisant, par exemple, les références des citations avec indication des pages de l’ouvrage, ou des numéros de livres.
“Mon dessein est, en donnant une histoire suivie de l’antiquité, de prendre dans leurs auteurs grecs et latins ce qui me paraîtra de plus intéressant pour les faits, et de plus instructif pour les réflexions. Je souhaiterais pouvoir éviter en même temps et la stérile sécheresse des abrégés, qui ne donnent aucune idée distincte, et l’ennuyeuse exactitude des longues histoires, qui accablent un lecteur” (p. 67 (Préface), t.1).
13Son Histoire ancienne est écrite à la première personne, soit le “je” du narrateur qui est donc l’auteur, cet emploi du “je” étant l’indice de la subjectivité du discours. Ce dernier est enrichi par un ensemble de notes, une méthode habituelle pour l’édition des travaux d’érudition des xvie-xviie siècles, sachant que les éditeurs, traducteurs, correcteurs, annotateurs travaillent de manière collective autour des œuvres de l’Antiquité grecque ou latine. Les notes sont destinées à enrichir et renforcer les informations à donner aux lecteurs soucieux de connaissances.
14Rollin raconte l’Histoire, c’est-à-dire ce qui s’est produit dans le passé, pour éclairer le temps présent du lecteur. Le temps du passé n’est pas si éloigné du temps présent. Et c’est à travers la mise en page du texte que Rollin traduit la non-distanciation entre passé et présent ; en effet, si on observe la mise en page du texte, donc sa forme, l’auteur juxtapose deux discours : la colonne de gauche est réservée à la chronologie : il y insère, de manière irrégulière, des dates, séparées par des espaces blancs ou vides. La colonne de droite est réservée au texte imprimé. Le fait d’organiser le récit en deux colonnes produit un effet de rupture dans la continuité de la parole, note A. Bruter : “ce qui reproduit le texte écrit et spatialise le temps, ne serait-ce que dans l’espace, qui va aboutir à la fameuse comparaison par Bossuet de l’Histoire universelle à une carte du temps”9.
15Le pédagogue écrit le récit d’une histoire convenable, organisée selon une continuité dans laquelle les événements, soigneusement sélectionnés, s’enchaînent d’une manière rationnelle. Dans ce récit, l’auteur ne retient que des événements ayant valeur de moralité, afin que l’histoire puisse participer à l’éducation de la jeunesse. L’Histoire ancienne n’est pas destinée aux savants, mais concerne surtout les jeunes élèves. Rollin privilégie donc la facilité de la lecture, et donc l’accessibilité au plus grand nombre.
16Son histoire est organisée à partir d’un corpus d’œuvres des auteurs grecs et latins. En s’appuyant sur ceux-ci, il témoigne de sa propre érudition. Mais dans cette position, il s’octroie des libertés, et notamment, il évite de faire la part des choses entre le vrai, le vraisemblable et le faux :
“Pour embellir et enrichir [mon histoire], je déclare que je ne me fais point un scrupule ni une honte de piller partout, souvent même d’en citer les auteurs que je copie, parce que quelquefois je me donne la liberté d’y faire quelques changements. Je profite, autant que je puis, des solides réflexions que l’on trouve dans la seconde et la troisième partie de l’Histoire universelle de Bossuet, qui est l’un des plus beaux et des plus utiles ouvrages que nous ayons” (p. 69 (Préface), t.1).
17Pour ce qui est du corpus des auteurs grecs ou latins auxquels Rollin se réfère, l’auteur, précisons-le, les traduit lui-même ou se sert de traductions françaises, qui circulent. Les sources qu’il utilise sont les suivantes : pour Les Vies de Plutarque, il adopte la traduction d’Amyot parue en 1572 ; pour l’historien Thucydide (c. 460-c. 395 a.C.), il se base sur la traduction de L’Histoire de la guerre du Péloponnèse de N. Perrot d’Ablancourt (1606-1664) (p. 140, t. 11) qu’il estime excellente. Il se réfère également aux réflexions du théologien irlandais H. Dodwell (1641-1711), éditeur de l’œuvre de Thucydide, historien de référence pour les jansénistes de Port-Royal.
18Comme l’écrit P. Payen, la méthodologie de Rollin consiste à s’appuyer principalement “sur une lecture directe et critique du texte”10. Les traductions françaises dont il se sert sont déjà largement connues des publics cultivés. Et Rollin est une personnalité intellectuelle ancrée dans son époque et dans sa génération. Son histoire s’inscrit dans le modèle humaniste qui, au xviie siècle, fait triompher, dans l’histoire de l’Antiquité, des exempla qui “subordonnent les registres politique et militaire aux catégories morales. Par ailleurs, le renforcement de l’absolutisme, à partir des années 1650-1670, laisse peu de place à la réflexion politique. Cette période donc en France sont le temps de Plutarque, non de Thucydide ou de Polybe”11.
19Plutarque est l’historien préféré de Rollin. C. Gros de Boze rapporte cette anecdote selon laquelle Rollin, ayant fait diviser en 6 volumes, un exemplaire des Vies de Plutarque imprimé par H. Estienne (1528-1598), “l’a fait réduire à une moindre forme ; afin de le rendre portatif ; il en faisait son compagnon de promenade le plus ordinaire” (p. 27). Le xviie siècle est un moment faste pour les traducteurs de latin et de grec en Europe depuis la découverte de la technique de l’imprimerie. Rollin accède donc aisément aux principaux auteurs grecs : Hérodote, Thucydide, Xénophon, Polybe, Plutarque, pour citer les plus connus.
20À partir de ce corpus d’auteurs, il expose les faits, les interprète, les commente, et ne manque pas l’occasion d’affirmer ce qu’il écrit comme vrai. Son histoire est sans doute aussi le fruit de ses conversations avec ses collègues, jansénistes ou pas. Ainsi G. de Broglie décrit les visites régulières de Rollin chez les Mauristes de Saint-Germain-des-Prés, qui demeure encore pour l’époque un lieu emblématique de l’érudition12 et où se réunissent les jansénistes de Port-Royal, Pascal, la Mère Angélique pour participer à “la flambée spirituelle qui illumine et réchauffe l’atmosphère morale de la France à l’orée du xviie siècle”13.
Composition de l’Histoire ancienne
21Rollin place la Grèce ancienne au sommet des pays de l’Antiquité. En raison de son patrimoine, de sa maîtrise de l’art de la guerre, de la force de ses lois, de l’importance de sa science, de la beauté de l’art, il considère que la Grèce “est devenue en quelque sorte l’école du genre humain” (p. 337, t. 2). Cette histoire ancienne se divise en quatre parties correspondant à quatre époques majeures. A. Bruter14 rappelle que le terme “époque” ne porte pas le sens actuel de période, mais celui de “point de repère chronologique”. Bossuet en avait donné une définition quand il écrivait que “dans l’ordre des siècles, il faut avoir certains temps marqués par quelque grand événement auquel on rapporte tout le reste. C’est ce qui s’appelle époque” (p. 4). C’est pourquoi le temps divisé en époques devient l’instrument de la mise en ordre des faits historiques. Cette chronologie se présente de la façon suivante :
le premier âge s’étend depuis la fondation des petits royaumes de la Grèce, en commençant par celui de Sicyone, qui est le plus ancien, jusqu’au siège de Troie, et comprend environs 1000 ans, depuis l’an du monde 1820 jusqu’à 2820 ;
le deuxième s’étend depuis la prise de Troie jusqu’au règne de Darius, fils d’Hystaspe, qui est le temps où l’histoire des Grecs commence à se rejoindre avec celle des Perses, et comprend 663 ans, depuis l’an du monde 2820 jusqu’à 3483 ;
le troisième s’étend du commencement du règne de Darius jusqu’à la mort d’Alexandre le Grand, qui est le beau temps de l’histoire des Grecs, et comprend 198 ans, depuis l’an du monde 3483 jusqu’à 3681 ;
enfin, le quatrième et le dernier âge s’étend de la mort d’Alexandre, où les Grecs commenceront à déchoir, jusqu’à ce qu’ils tombent enfin sous la domination des Romains ; et l’époque de la ruine entière des Grecs est, d’un côté, la prise et la destruction de Corinthe par le consul L. Mummius en 3858, et de l’autre l’extinction du royaume des Seleucides en Asie par Pompée, l’an du monde 3939, et de celui des Lagides en Égypte par Auguste, l’an 3974. Ce dernier âge comprend en tout 293 ans (p. 343, t. 2).
22Rollin adopte ainsi la chronologie d’Ussher, la vision linéaire du temps15. Suivant celle-ci, il donne comme point de départ des Grecs, le petit royaume de Sicyone et situe la fin de l’Antiquité grecque à partir de la domination des Romains.
Gouvernement de Lacédémone ; lois établies par Lycurgue (p. 361, t. 2)
23L’histoire des Lacédémoniens, qui correspond à une grande période de l’histoire des Grecs, est présentée par Rollin à travers le dispositif législatif de Lycurgue, dont la vie d’homme illustre est largement décrite par Plutarque, une source d’inspiration pour Rollin. Concernant l’histoire de Sparte, Rollin ne donne pas des informations chronologiques. Mais au contraire, il fait référence aux historiens qu’il a lus, et il introduit des citations qu’il a lui-même sélectionnées. Finalement, il fait parler les historiens anciens à sa place. Mais pour dire quoi ?
24Rollin cherche à présenter aux lecteurs des modèles de vie, puisés dans l’Antiquité, et qui ont chacun de bons et de mauvais côtés. Or Sparte est un exemple idéal puisque son histoire montre à la fois la grandeur et la décadence de la cité. Ce que Rollin présente comme une qualité, par exemple, c’est la force de l’État qui s’occupe de tout ce qui concerne la vie des citoyens, et notamment l’organisation juridique avec des lois extrêmement sévères à respecter et l’éducation de tous les jeunes. Mais en contrepartie, cet État qui organise tout, crée également des disparités entre les forts et les faibles. C’est un système politique qui forme ses citoyens à l’art militaire, non pas pour conquérir les terres des voisins, mais pour défendre les leurs. Il reconnaît au gouvernement de Sparte des qualités de sagesse et de prudence. Il voit dans les institutions de Sparte une organisation de type monarchique (p. 381, t. 2) notant que le conseil des Trente, autrement dit le Sénat, “était une véritable aristocratie” ; en revanche, il remarque que le pouvoir confié aux sénateurs, consistant à donner force aux lois, ressemble à “un gouvernement démocratique”. Il célèbre la ville de Lacédémone, comme étant la seule ville du monde qui maintient, quoi qu’il arrive, sa discipline et ses lois pendant un si grand nombre d’années16.
25Pour rédiger cette partie consacrée à l’histoire des Lacédémoniens, Rollin cite ses sources17. En faisant le décompte des références d’historiens sur lesquelles il s’appuie, on découvre qu’il présente Plutarque 29 fois, Hérodote 2 fois, Xénophon 2, Aristote 3, Cicéron 4, Platon 2, Polybe 1 et Thucydide 1. Ces références historiques utilisées sont bien confirmées par C. Gros de Boze (p. 27), qui indique que Rollin a lu “avec attention” les historiens grecs : Hérodote, Thucydide, Xénophon, Diodore de Sicile, Polybe, Denys d’Halicarnasse, Plutarque.
26Rollin, le pédagogue, porte un regard attentif sur l’éducation spartiate. Il apprécie le fait que le gouvernement veille à l’éducation de la jeunesse qui, en contrepartie, se montre reconnaissante envers la patrie (p. 385, t. 2). Il cite Aristote qui dit et répète que les enfants de la cité doivent être éduqués par l’État et selon les décisions de l’État (p. 385, t. 2). Rollin relève deux éléments positifs dans cette éducation : l’obéissance des élèves et le respect des “vieillards”.
27Mais il n’idéalise pas Sparte. Il désapprouve en partie le dispositif législatif de Lycurgue qui impose, par exemple, l’éducation strictement sportive, au détriment des arts et des connaissances : “Le grand défaut des lois de Lycurgue, comme Platon et Aristote l’on remarqué, c’est qu’elles ne tendaient qu’à former un peuple de soldats. Ce législateur parait en tout occupé du soin de fortifier les corps, nullement de celui de cultiver les esprits” (p. 388, t. 2) ; il dénonce une éducation quasi barbare des enfants et relève qu’à Sparte qui est une société guerrière, les mères contribuent à renforcer cet instinct guerrier par une éducation très dure. Autant d’exemples nombreux pour montrer à la fois le bon et le mauvais visage de Sparte.
28Sparte glorieuse, puis Sparte décadente. Rollin profite de cette dualité pour faire intervenir dans son texte des historiens qui vont, par le biais de citations, défendre des positions qui sont les siennes. Le principal d’entre eux est Plutarque, qui estime que la décadence de Sparte est liée à la responsabilité personnelle de Lysandre, qui met fin à la guerre du Péloponnèse. Plutarque rappelle que c’est lui qui introduit le luxe et la richesse dans la cité de Sparte alors même qu’elle est soumise par le législateur à une stricte moralité18.
29Polybe pense que Sparte correspond à un système fermé sur lui-même. Il est contre l’idée d’un partage égalitaire et soutient que ce système ne peut pas être compatible avec une politique étrangère dynamique. La lecture de l’Histoire ancienne, montre que l’auteur ne cesse de dialoguer avec les auteurs anciens, pour renforcer son projet d’éduquer les jeunes élèves. Le modèle de Sparte est mis en confrontation avec celui d’Athènes. À l’inverse du gouvernement de Sparte qui structure un État omniprésent dans la vie du citoyen, celui d’Athènes qui abolit la royauté confère aux Athéniens des libertés individuelles : “Chacun vivait maître chez soi, et dans une entière indépendance” (p. 392, t. 2).
Gouvernement d’Athènes ; lois de Solon
30Aux lois de Lycurgue à Sparte, s’opposent celles de Solon à Athènes. “Les malheurs instruisent. [Athènes] apprit enfin que la véritable liberté consiste à dépendre de la justice et de la raison. Cet heureux assujettissement ne pouvait s’établir que par un législateur” (p. 394, t. 2). Rollin dépeint le personnage de Solon avec des qualités rares, souligne-t-il, mettant en avant sa grande douceur, ainsi que l’affection et la vénération que lui portait la cité d’Athènes. “Il avait donné sa principale application à l’étude de la philosophie, et surtout à la partie de cette science qu’on appelle politique, et qui regarde l’art de gouverner” (p. 394, t. 2).
31Selon C. Grell, le législateur dans l’Antiquité grecque fait figure de héros qui assure “le double passage de la barbarie à la civilisation, de l’anarchie primitive aux débuts de l’État”19.
“Solon, habile et prudent comme il était, sentait bien les inconvénients de la démocratie, c’est-à-dire de la puissance populaire. Mais ayant étudié à fond et connu parfaitement le caractère et le naturel des Athéniens, il comprit qu’inutilement on ôterait le pouvoir souverain à la multitude…il se contenta donc de lui donner un frein par l’autorité de l’Aréopage et du Sénat des Quatre Cents” (p. 402, t. 2).
32Le législateur doit être capable de mettre en place des lois que le peuple peut comprendre. À titre de comparaison, la Monarchie française a imposé la figure du roi identique à celle du législateur, en ignorant la parole du peuple20.
“... laisser les charges entre les mains des riches comme elles y avaient été jusque-là ; mais de donner aussi aux pauvres quelque part au gouvernement dont ils étaient exclus […] je ne sais si Solon le prévit ; mais il avait coutume de dire que jamais le peuple n’est plus obéissant ni plus souple que lorsqu’on ne lui donne ni trop ni trop peu de liberté” (p. 267, t. 4).
33Rollin choisit la voie du milieu, une liberté raisonnée pour le peuple. C’est d’ailleurs un débat qui se développe chez les philosophes et les érudits, en France comme en Angleterre, aux Pays-Bas ou en Allemagne. Par exemple, le philosophe anglais T. Hobbes (1588-1679), traducteur de Thucydide, se montre sceptique à l’égard de la démocratie d’Athènes. Rollin, sans faire de commentaires politiques, questionne la relation entre égalité et liberté, à travers l’histoire de l’Antiquité grecque. Que signifie ἐλευθερια (“liberté”) pour Rollin ? C’est une question récurrente dans son exposé consacré à la cité d’Athènes.
34Le pédagogue est l’homme de la mesure. De la même manière qu’il n’a pas idéalisé le régime de Sparte, il n’idéalise pas non plus le régime d’Athènes. De cette “démocratie” athénienne organisée par les lois de Solon, Rollin passe sans transition à la présentation du régime autoritaire de Pisistrate qui succède à Solon. Ce dernier est un tyran qui a réussi à séduire le peuple grâce à la qualité de son éloquence. En s’appuyant sur les textes d’Hérodote et de Thucydide, il raconte sur un mode narratif et descriptif le règne du tyran à travers quelques faits marquants.
35Rollin se révèle sceptique par rapport à la liberté du peuple d’Athènes. Accorder la liberté au peuple n’ouvrirait-il pas la voie à la corruption ? C’est surtout le janséniste qui s’exprime, sachant que le jansénisme défend la Providence et le fait que la grâce de Dieu ne vient sauver que les élus. Dans ce contexte, Rollin semble ne pas être en capacité de comprendre réellement le sens de la liberté de la société d’Athènes. Certes, comme l’écrit C. Mossé, Rollin a largement contribué à familiariser les Français à l’histoire de la cité grecque d’Athènes21. Mais cela ne signifie pas pour autant qu’il adhère aux principes politiques de liberté et d’égalité. Il est plus à l’aise dans le récit d’une vie d’un législateur que dans l’analyse des institutions politiques mises en place par ce législateur. Rappelons à cet effet que les lectures de Plutarque sont pour lui des références majeures.
Guerres helléniques
36Les guerres helléniques constituent un volet important de l’historiographie de la Grèce ancienne. Il y a eu beaucoup de réflexions et de recherches sur les différents motifs qui font que les Grecs se sont illustrés à travers des conflits guerriers. En tant que stratèges, ils nourrissent également des ambitions d’expansion, de domination afin de devenir une puissance. C’est pourquoi Rollin recommande aux jeunes officiers les lectures des historiens grecs tels que Thucydide, Xénophon et Polybe parce que ces historiens “sont en même temps d’excellents capitaines” (p. 453, t. 2).
Guerres entre Perses et Grecs
37Avec cet épisode de l’histoire des Grecs, nous abordons un conflit guerrier qui met en valeur le courage des grands hommes qui témoignent des qualités de fins stratèges : “c’est dans les sièges et dans les combats, tels que ceux dont il est parlé dans la guerre que parait, véritablement toute l’habilité d’un général” (p. 452, t. 2). Ces batailles sont réglées par la prudence du chef qui met en marche les ruses, les stratagèmes, pour déstabiliser l’ennemi. Toute la bataille repose sur les tactiques militaires et ne laisse aucune place au hasard. Sur ce dernier point, Rollin adopte l’image machiavélique empruntée à Boèce selon laquelle le monde est dominé par le hasard, et il invite donc les chefs des armées à le maîtriser pour gagner le combat.
38Cette bataille entre Perses et Grecs fonde son origine sur l’ambition des Perses à vouloir dominer les Grecs et donc d’annexer leur territoire. Grecs et Perses sont des ennemis héréditaires. Ces guerres médiques sont engagées par Darius, puis par son successeur Xerxès en 480 a.C., et la conquête et la destruction de l’empire perse (334-323 a.C.) est l’œuvre d’Alexandre le Grand, roi de Macédoine, qui réalise le rêve de venger les maux que les Perses considérés comme des “Barbares” ont naguère infligés aux Grecs.
39Rollin se réfère principalement aux récits d’Hérodote et de Plutarque relatifs aux Guerres Médiques. Rollin passe de l’un à l’autre, au fil du récit, s’efforçant de faire coïncider les faits qu’il relate avec les objectifs de son histoire, qui sont surtout moraux. Rollin, agissant avant tout comme un pédagogue, veut donner des leçons d’histoire et non pas reproduire fidèlement le récit des historiens auxquels il se rapporte. On peut en prendre comme exemple l’épisode des hérauts de Darius. Rollin s’appuie sur Hérodote et Pausanias (p. 68, t. 3). Les hérauts qui vont à Sparte et à Athènes ne sont pas reçus favorablement : l’un est jeté dans un puits, l’autre dans une fosse profonde. Rollin d’ajouter : “Je serais moins étonné de ce traitement indigne, s’il ne s’agissait que d’Athènes : c’est une suite et un effet du gouvernement populaire, brusque, impétueux, violent, où rarement la raison est écoutée, et où l’on n’agit que par passion”. Rollin rédige finalement un commentaire politique.
Bataille de Marathon
40Cette bataille, décrite durant 14 pages environ (p. 69-83, t. 3), témoigne de la puissance de l’armée (10 000 hommes) d’Athènes, toute seule face à l’armée des Perses (100 000 hommes d’infanterie et 10 000 chevaux) commandée par Datis. Rollin décrit la guerre des chefs militaires, à travers des scènes de batailles. Il porte un regard attentif à la stratégie. Ainsi, il compare César qui, dans la bataille de Pharsale, “tient ses troupes immobiles” à Miltiade qui dans la bataille de Marathon choisit le combat en courant pour ses troupes. Deux chefs, deux méthodes, deux combats, et néanmoins deux grands hommes. “Je laisse aux gens du métier à décider entre ces deux grands capitaines” (p. 73, t. 3).
41Là encore, nous observons le même procédé chez Rollin, à savoir emprunter à la fois au texte d’Hérodote et à celui de Plutarque. Il utilise le Miltiade d’Hérodote, mais beaucoup moins le Miltiade de Plutarque qui ne donne aucun détail sur la place de Miltiade au combat. Miltiade de Plutarque peut devenir un exemple aux yeux de la jeunesse et Rollin, avec les bons mots, les anecdotes, les discours patriotiques et le récit des exploits, le rend nettement plus attrayant. Ce qui lui permet de construire l’image d’un grand homme qui a réussi grâce à son courage et son ardeur à vaincre les Perses.
Guerre du Péloponnèse
42La Guerre du Péloponnèse (431-404 a.C.) oppose Athènes et Sparte. Elle signe la fin de l’hégémonie d’Athènes au ve siècle, sous Périclès et s’achève avec la victoire de Sparte. Rollin s’inspire toujours des écrits de Plutarque, mais beaucoup plus largement de la Guerre du Péloponnèse de Thucydide. Ce dernier est, depuis la fin du xvie siècle, plutôt un auteur oublié : “l’Athènes de Thucydide n’intéresse que peu les historiens ou les penseurs du politique”22. Son œuvre est traduite en latin par Lorenzo Valla (1407-1457) en 1483, puis traduite en français par C. de Seyssel (1450-1520) en 1527. H. Estienne réédite la traduction de Valla en 1564.
43Rollin apprécie l’œuvre de Thucydide en faisant remarquer qu’elle ne comporte aucun élément qui soit inventé : il “ne songe point à l’embellir ni à l’égayer par des récits de faits et d’événements qui tiennent du merveilleux, et n’y fait point intervenir à toute occasion le ministère des dieux et des déesses par les songes, les oracles et les prodiges” (p. 145, t. 11). Thucydide établit une histoire politique, ce qui est différent de Plutarque, ou d’autres historiens anciens. Hobbes a dit de lui qu’il est un monarchiste convaincu, admirateur de Périclès. Rollin n’est pas loin de cet avis. Périclès est, selon lui, un chef illustre, mais avec quelques défauts, surtout quand il corrompt le peuple athénien avec le théâtre, un art dénoncé par les jansénistes :
“Périclès fut le premier qui fit partager aux citoyens les terres conquises, qui leur fit distribuer, pour leurs jeux et pour leurs spectacles, et qui leur attribua des salaires pour toutes leurs fonctions publiques ; de sorte qu’on leur donnait régulièrement de certaines sommes, tant pour leur place aux jeux que pour leur assistance aux tribunaux et au jugement des affaires. On ne peut dire combien, cette malheureuse politique devint funeste à la république” (p. 241, t. 3).
44Il témoigne ici comme ailleurs dans son Histoire ancienne, d’une difficulté à se représenter le système politique de la démocratie athénienne. On le voit clairement quand il soutient que “Périclès acquit un tel crédit sur l’esprit du peuple, qu’on pourrait dire que sous un gouvernement républicain, il s’était fait un pouvoir monarchique dominant avec une autorité absolue dans les assemblées” (p. 242, t. 3). Sur ce point, l’historien V. Azoulay note que la figure de Périclès demeure ignorée par les Modernes à la fin du xviie siècle : “dans la querelle des Anciens et des Modernes […] le stratège demeura largement hors champ, jugé indigne d’être comparé à Louis XIV”23.
45Néanmoins, Rollin mentionne brièvement l’Oraison funèbre de Périclès, alors que celle-ci tient une très large place chez Thucydide. On peut se demander pourquoi il fait peu de cas de cet éloge de la démocratie : est-ce qu’il ne le comprend pas ? est-ce qu’il le refuse ? Pour lui, il y a une double image, entre l’Athènes politique et l’Athènes culturelle. Il retient de la cité qu’elle est celle des arts, des métiers, de la culture des terres, du négoce, et de la marine (p. 307, t. 4). À son époque, on est encore loin de la représentation de l’Athènes bourgeoise telle qu’elle sera décrite par V. Duruy et G. Grote au xixe siècle. Ce qui importe pour Rollin, faut-il encore le rappeler, c’est la mise en valeur des vertus qui animent les peuples, depuis l’époque la plus ancienne que l’on connaisse. Partant de là, et sachant que la grande difficulté sans doute dont le pédagogue ne parle pas, mais qu’il doit éprouver au sens propre du terme, c’est que le monde grec n’est pas monothéiste, mais polythéiste. La providence n’entre pas en concurrence avec les expressions des mythologies. De ce fait, il écrit avec prudence, pour révéler ce qui peut l’être sans enfreindre le champ de la morale religieuse.
À propos de l’œuvre de Rollin
46Le succès éditorial de l’ouvrage, prolongé jusqu’à la fin du xixe siècle, repose en premier lieu sur le fait que les textes sont rédigés directement en français, sachant que dès le lendemain de la Révolution c’est le français qui doit être diffusé dans les établissements d’enseignement secondaire et les universités. En deuxième lieu, le jansénisme de Rollin constitue également un facteur déterminant dans le nouveau système de l’instruction des élèves du début du xviie siècle : le jansénisme, rigoureux au niveau des valeurs morales, assure à ceux qui le défendent une position de force en matière d’éducation des jeunes élèves. Enfin, en troisième lieu, l’histoire de la Grèce ancienne de Rollin élaborée sur le mode narratif, mêlant volontiers les références religieuses, les Évangiles ou l’Ancien Testament, disposant d’un appareil de citations empruntées aux auteurs anciens, finit par convaincre les publics lettrés. Nous avons tenté d’en extraire les points forts, compte tenu du fait que la démonstration originale de Rollin, pour son époque, consiste à esquisser le passé : cette manière nouvelle pour les lecteurs d’apprendre l’histoire ancienne est sans doute à l’origine du succès que rencontrent les ouvrages de Rollin tout au long du xviiie siècle. Entre 1800 et 1900, on ne compte pas moins de 49 rééditions de l’abrégé. Ces derniers visent à instruire la jeunesse et cet argument trouve un écho dans la nouvelle génération de ce début du xixe siècle qui fera de la transmission des savoirs un enjeu de progrès et de civilisation.
Bibliographie
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Notes de bas de page
1 Ferté 1902, 16. Henri François d’Aguesseau (1668-1751), magistrat et chancelier de France.
2 Ferté 1902, 16.
3 Aries 1974, 55.
4 Aries 1974, 55.
5 Belanger & Farmer 2004, 52.
6 Chateau 19806,163.
7 Sachant que l’œuvre de Rollin comprend plusieurs tomes et des milliers de pages j’aimerais rappeler que toute ma recherche est basée sur la version électronique de Gallica, qui a numérisé toute son œuvre. Pour la version présente sur Gallica lors de ma recherche, cf. bibliographie ; la cotation électronique est NUMM- 206121. Dans cet article, chaque citation de C. Rollin, est suivie du numéro de page, et de celui du tome mis entre parenthèses.
8 Payen 2007, 176.
9 Bruter 1997, 154.
10 Payen 2007, 180.
11 Payen 2007, 189.
12 Quantin 1990, 214.
13 Tessier 1957, 15.
14 Bruter 1997, 142.
15 James Ussher (1581-1656), archevêque d’Armagh et primat d’Irlande, entreprend de déterminer avec précision les dates des grands événements bibliques grâce à des recoupements entre textes historiques et sacrés, et cycles astronomiques. Ses calculs aboutissent ainsi à assigner au premier jour de la Création la date du 23 octobre 4004 a.C. (à midi), tandis qu’Adam et Ève sont chassés du paradis le lundi 19 novembre, que l’arche de Noé s’échoue au sommet du mont Ararat le 5 mai 1491 a.C., etc. Cité par la page de la BNF : http://expositions.bnf.fr/ciel/arretsur/origines/sciences/creation/index12.htm.
16 C’est en fait la théorie de la “constitution mixte” de Polybe, exposée au livre 6.
17 Selon l’ordre qui suit : Plutarque, Les vies des hommes illustres, Lycurgue, Agésilas, Ages, Apophtegmes Laconiens, Hérodote, Livre 7, Xénophon, Apologie de Socrate, Constitution des Lacédémoniens, Agésilas : Aristote, Politique, II ; Politique, VIII , De l’éducation dans la cité parfaite ; Cicéron, Tusculanes, livres 1, 2, 5, Plaidoyer pour L. Flaccus ; Platon, Lois, III, Pour l’établissement du Sénat ; Polybe, Histoires, VI, Pour la décadence de Sparte ; Thucydide, livre 4.
18 Gianotti 2001, 15.
19 Grell 1995, II, 497.
20 Les sources de Rollin pour Athènes : Plutarque, Solon ; Valère Maxime, livre 8 pour l’Aréopage ; Lucian Hermotimus – Aréopage ; Quintilien, livre 6 –Aréopage ; Hérodote livre 5, livre 6 ; Aristote, livre 5, Platon Hipparque ; Il faut noter ici que le dialogue Hipparque appartient à l’école socratique et pas à Platon ; Thucydide livre 6 ; Pline, Histoire naturelle livre 7 ; Diogène Laërte par Gilles Boileau- cartésien ; Cicéron.
21 Mossé 2013, 98.
22 Payen 2010, 619.
23 Azoulay 2010, 165.
Auteur
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