Les prêtresses hispaniques
p. 281-295
Texte intégral
1Dans notre quête des actions publiques des femmes de l’élite, il nous faut nous attarder sur la prêtrise, seule fonction en Occident (tout particulièrement dans la péninsule Ibérique), ouverte aux hommes et aux femmes. Les prêtresses hispaniques, flaminicae ou sacerdotes1, avaient la charge du culte impérial au féminin. Comparés à ceux du flaminat masculin, leurs devoirs, parallèles et complémentaires, consistaient à organiser et à surveiller le déroulement des rites en l’honneur des femmes de la famille impériale, notamment des diuae2. Elles tinrent ce rôle dans les cités dès le début de l’Empire, probablement dès le règne de Claude3. La création de la charge provinciale féminine4 fut plus tardive, vraisemblablement d’époque flavienne.
2Les spécialistes des affaires religieuses semblent s’accorder pour dire que les flamines et les flaminiques locales n’appartenaient pas à un collège : leur charge était individuelle, créée par le conseil de chaque cité et susceptible d’être modifiée. Leur mandat religieux durait probablement une année (sacerdos annua, dit une inscription de Castulo)5. Toutefois, en des circonstances exceptionnelles, une position sociale et un comportement particulièrement généreux pouvaient rendre cette nomination à vie. S’il s’agissait d’un titre probablement honorifique, il n’en est pas moins important, car il en est fait mention dans presque la moitié des documents concernant des flaminiques (21 sur 50)6. Les données de notre corpus montrent que le sacerdoce perpétuel était particulièrement apprécié par les flaminiques, notamment dans certaines cités comme Cartima.
3Dans cette enquête sur le rôle et l’influence publics des femmes de l’élite hispanique, il est nécessaire de s’interroger sur les conditions que devaient réunir les dames élues flaminiques par les cités et par les provinces. On a déjà mentionné leur richesse7 dans le chapitre précédent et, bien que leur rang ne soit pas toujours connu, on peut leur supposer une noble naissance. On reviendra ultérieurement sur cette question, même s’il faut d’ores et déjà avouer que les textes épigraphiques ne nous renseignent guère à ce sujet. À partir de ce contexte socio-économique, nous voudrions centrer notre enquête sur un point précis de la position de ces dames : le mariage, condition souvent considérée comme essentielle pour pouvoir assumer le poste de flaminique. En effet, compte tenu de la lex ciuitatis Narbonensis de flamonio prouinciae8, qui stipule les attributions de l’épouse du flamine provincial, on s’est souvent demandé si, dans les autres provinces, l’épouse du flamine était automatiquement la flaminique. Cette hypothèse a systématiquement été invalidée par les derniers travaux en histoire religieuse dans la péninsule Ibérique à la lumière du contenu de certaines inscriptions9. Il nous semble cependant qu’un nouvel examen attentif des sources épigraphiques permet d’apporter une réponse plus nuancée. Il s’agit en effet d’ouvrir à nouveau le débat sur la situation matrimoniale des prêtresses hispaniques. Pour ce faire, nous partirons d’une hypothèse selon laquelle les conditions nécessaires pour être flaminique, et par conséquent, l’état-civil des candidates, n’étaient pas le même pour les flaminiques des cités que pour les flaminiques provinciales. D’ailleurs, les chercheurs qui défendent la nécessité de l’existence d’un couple marié pour recevoir respectivement les titres de flamine et flaminique partent toujours de la documentation provinciale, notamment de la lex ciuitatis Narbonensis de flamonio prouinciae10. En revanche, ceux qui proposent le contraire justifient leurs conclusions par les données concernant les flaminiques des cités. On a donc affaire à deux documentations distinctes qui seront étudiées ici de manière séparée, en commençant par celle qui concerne les prêtrises dans une cité hispanique.
Les prêtresses locales
4On connaît 48 prêtresses locales dans la péninsule Ibérique (voir infra tableaux n° 35 et fig. 1) parmi lesquelles certaines occupèrent la fonction dans plusieurs cités. Des inscriptions qui les mentionnent, neuf sont des épitaphes et seize des commémorations évergétiques (dont sept sont des simulacra sur piédestal des divinités11). Mais les flaminiques sont surtout connues par les statues que l’on éleva en leur honneur in loco publico12 (faisant souvent partie d’un funus publicus13) ou celles qui furent élevées aux membres de leur famille (21 exemples). Ces données, classées par provinces et par ordre chronologique, sont réunies dans le tableau suivant.
Tableau 36. Les prêtresses locales. Province de Bétique
N° | Cité | Datation | Prêtresse |
1 | Ituci | après 42 | Iulia M. f. Laet[a] [138], sacerdos diua[e] Augustae |
2 | Tucci | après 42 | Iulia C. f. Laeta [219], flaminica domus Augustae |
3 | Nertobriga | entre 42 et 70 | [---a Fl]acci f. [163], sacerdos diuae Augustae |
4 | Cartima | sous les Flaviens | Iunia D. f. Rustica [71], sacerdos perpetua et prima in municipio Cartimitan[o] |
5 | Ossigi Latonium | fin ier s. | Vibia Felicula [178], ministra Tutelae Augustae |
6 | Caura | fin ier ou début du iie s. | Blattia C. fil. Proc(u)la [80], flaminica |
7 | Gades | fin ier ou début du iie s. | Mam[ilia ---] [96], sacerdos [---] |
8 | Iliberri | fin ier ou début du iie s. | Cornelia P. f. Severina [105], flaminica Aug(ustae) |
9 | Ossigi Latonium | fin ier ou début du iie s. | Aelia M. f. Senilla [174], domus Aug(ustae) sacerdos prima et perpetua |
10 | Cartima | début du iie s. | Vibia L. f. Turrina [76], sacerdos perpetua |
11 | Astigi | première moitié du iie s. | Aponia G. f. Montana [35], sacerd(os) diuar(um) Augustar(um) col(oniae) Aug(ustae) Fir(mae) |
12 | Corduba, Tucci (et Castulo) | première moitié du iie s. | Valeria C. f. Paetina (Tuccitana) [222], sacerdos coloniae Patriciae Cordubensis, flaminica coloniae Augustae Gemellae Tuccitanae, flaminica siue sacerdos municipi Castulonensis |
13 | Tucci | première moitié du iie s. | [---]sana [223], flamin(ica) perpetua |
14 | Abdera | iie s. | [---]lia L. f. Anulla [23], sacerdos [---] |
15 | Abdera | iie s. | Marcia C. f. Celsa [24], sacerdos perpetua domus D[iuinae] |
16 | Cartima | iie s. | Valeria C. f. Situllina [74], sacerdos perpetua |
17 | Gades | iie s. | Mam[ilia ---] [96], sace[rdos ---] |
18 | Iliberri | iie s. | [---]. f. Patricia [109], sacerdos |
19 | Iporca | iie s. | Cornelia Clementis f. Tusca [119], sacerdos perpetua |
20 | Isturgi | iie s. | Porcia Gamicè [124], [f]laminica m(unicipum) m(unicipii) Triumphalis |
21 | Barbesula | iie s. | Postumia C. f. Honorata, [172], sacerdos diuarum Aug(ustarum) --- |
22 | Turobriga | iie s. | Baebia G. f. Crinita [224], sacerdos |
23 | Corduba | seconde moitié du iie s. | [F]ulcinia L. f. [P]risca [11], flaminica |
24 | Sacili | seconde moitié du iie s. | Cornelia Q. f. Lepidina [190], flaminic(a) m(unicipi) S(aciliensis) |
25 | Saepo | seconde moitié du iie s. | Pomponia M. f. Rosciana [191], sacerdos perpetua diuorum diuarum [---] |
26 | Siarum | seconde moitié du iie s. | [---]ia L. f. Celerina [196], sacerdos |
27 | Tucci | seconde moitié du iie s. | Lucr(etia) L. f. Campana [220], flam(inica) perp(etua) domus Aug(ustae) |
28 | Iliberri, Ipsca et Ucubi | fin iie ou début du iiie s. | Licinia Q. f. Rufina [121], sacerdos perpetua in col(onia) C(laritate) Iul(ia) et in munic(ipio) C(ontributensi) Ipsc(ensi) et in munic(ipio) Flor(entino) Iliberrit(ano) |
29 | Ilipa Ilia | fin iie ou début du iiie s. | Agria Ianuaria [111] sacerdotia (sic) Ilipensis |
30 | Italica | fin iie ou début du iiie s. | Vib(ia) Modesta G. Vib(i) Libonis fil. [130], honore bis flaminica sacerd[os] |
31 | Tispi | fin iie ou début du iiie s. | Aelia Apra [214], sacerdos perpetua |
32 | Barbesula | fin iie ou début du iiie s. | Aelia Domitia Severiana [54], flaminica perpetua |
Province de Lusitanie
N° | Cité | Datation | Prêtresse |
33 | Caesarobriga | fin du ier s. | Domitia L. f. Proculina [262], flaminica prouinciae Lusitaniae, flaminica municipi sui prima et perpetua |
34 | Olisipo | fin du ier s. | [---]lia Vegeta [307], flaminica |
35 | Emerita Augusta et Salacia | iie s. | Flavia L. f. Rufina [310], flaminica prouinc(iae) Lusitaniae, item col(oniae) Emeritensis perpet(ua) et municip(i) Salacien(sis) |
36 | Emerita Augusta | iie s. | Val(eria) Viniciana [251], flamin(ica) perp(etua) |
37 | Bobadela, nomen ignotum | seconde moitié du iie s. | Iulia Modesta [259bis], flaminica |
38 | Ebora | seconde moitié du iie s. | Laberia L. f. Galla [272], flaminica municipi Eborensis et flaminica prou(inciae) Lusitaniae |
Province d’Hispanie citérieure
N° | Cité | Datation | Prêtresse |
39 | Tarraco | sous les Flaviens ou le début du iie s. | Munnia L. f. Severa [370], flaminica perpetua Concordiae Augustae |
40 | Tarraco | fin ier ou première moitié du iie s. | Popilia M. f. Secunda [379], flaminic(a) col(oniae) Tarrac(onensium) |
41 | Tarraco | première moitié du iie s. | Fulvia M. f. Celera [353], flaminica perpetua col. Tarrac. Concor(diae) Aug(ustae) et flaminica p. H. c. |
42 | Castulo, (Corduba et Tucci) | première moitié du iie s. | Valeria C. f. Paetina (Tuccitana) [222] sacerdos coloniae Patriciae Cordubensis, flaminica coloniae Augustae Gemellae Tuccitanae, flaminica siue sacerdos municipi Castulonensis |
43 | Caesaraugusta, Osicerda et Tarraco | entre 120 et 140 | Porcia M. f. Materna, d’Osicerda [381], [fl(aminica)] p.H.c. et postea Osicerd(ensis), Caesar[aug(ustana)], Tarrac(onensis) perpetua |
44 | Castulo | iie s. | Ignota [508], sacerdos annua |
45 | Laminium | iie s. | Licinia Macedonica [545], flaminica p(erpetua) |
46 | Tarraco | iie s. | Claudia Persina [333], sacerdos |
47 | Saetabis | milieu du iie s. | Postumia C. f. Aprulla [523], flaminica Saetab(itanorum) Aug(ustanorum) |
48 | Tugia | fin du iie ou du iiie s. | G(-) Rufina [599], flaminica |
5Les inscriptions hispaniques permettent d’affirmer que les flaminiques locales étaient élues par le conseil des décurions14 et que, comme l’on pouvait s’y attendre, elles appartenaient aux familles les plus importantes et les plus riches des cités. En effet, l’enquête épigraphique a apporté des données sur leur rang, généralement celui des notabilités locales, bien que les femmes de chevaliers ou les dames de l’ordo sénatorial soient également représentées. On apprend ainsi que les premières flaminiques connues étaient apparentées aux premiers magistrats de colonies, comme Iulia C. f. Laeta [138], flaminica domus Augustae, vers le milieu du ier s. p.C., fille C. Iulius L. f. Ser. Scaena, centurion de la IVe légion15 qui prit sa retraite à Tucci, où il fut duumuir. Toujours proches du pouvoir local, elles l‘étaient également des nouveaux membres de l’ordo equester, comme ce fut le cas de L(icinia) Macedonica [545], flaminique perpétuelle dans le municipium de droit latin de Laminium, sœur et mère de chevaliers16. L’une d’entre elles, Cornelia P. f. Severina [105], originaire d’Iliberri, fut même mère de l’éminent sénateur Valerius Vegetus. Si souvent leur naissance était moins prestigieuse, certaines dames pouvaient toujours compter sur la grande fortune de leur famille pour obtenir le flaminat local, notamment dans les cités de Bétique où la production et le commerce de l’huile étaient florissants. Ce fut le cas de la flaminique d’Astigi Aponia Montana [35], mariée à Caesius [-]17, dont la richesse, immense, était d’origine oléicole.
6Outre la mention de leur rang et leur fortune, les inscriptions des flaminiques locales les représentent souvent associées à d’autres membres de leur famille, notamment leur père et leurs fils. Mais il est frappant de constater que leurs maris sont quasi absents des textes épigraphiques, probablement parce qu’elles n’en avaient pas ou qu’il avait disparu18.
7Afin de justifier nos affirmations, prenons pour exemples les jeunes femmes célibataires dont la richesse des parents constituait pourtant un atout suffisant pour qu’elles soient élues flaminiques par leur cité. Notre premier exemple concerne la flaminique d’Ocurri, Postumia C. f. Honorata [172], originaire de Barbesula, dont le père, Postumius Optatus, remboursa l’hommage posthume de la cité, dans la mesure où elle était jeune, n’avait pas d’enfants et ne pouvait assumer une telle dépense. De la même façon, la statue de la flaminique de Cordoue [F]ulcinia L. f. [P]risca [11] fut élevée par son père, [L. Fu]lcinius Pacatus, duumuir de la colonie. Significatifs encore sont les cas de Lucr(etia) L. f. Campana [220], flaminique perpétuelle de la maison impériale, car elle était la fille de L. Lucretius Fulvianus, flamine des colonies immunes de Bétique et flamine de la province, et de Postumia C. f. Aprulla [523], flaminique municipale à Saetabis, enterrée par son père ; ni l’une ni l’autre n’avaient de mari. Relevons un exemple dans la cité de Barbesula où les décurions désignèrent comme flaminique perpétuelle une jeune femme, Aelia Domitia Severiana [54], vraisemblablement décédée peu après. La cité décida alors d’ériger en son honneur une statue d’argent de Junon Auguste qui reproduisait probablement ses traits. Ses parents, C. Iulius Aelius Theseus et Aelia Domitia Tertullina [55], et son frère, Q. Aelius Iulius Severus Optatianus, en assumèrent la dépense ; nous en déduirons qu’elle n’avait ni mari ni fils19.
8Parfois, les flaminiques étaient des mères de famille qui avaient perdu leur époux. Il s’agissait en effet de dames que le veuvage n’avait pas empêché d’accéder à la prêtrise. L’exemple le plus connu est celui de Iunia D. f. Rustica20 [71], première prêtresse perpétuelle de Cartima : dans les honneurs que l’ordo lui rendit, son fils apparaît à ses côtés. Elle en remboursa les frais et fit ajouter une effigie du père de son fils. Aelia M. f. Senilla [174], première prêtresse, et ensuite perpétuelle, d’Ossigi Latonium, veuve elle aussi, offrit un bâtiment à la cité avec son enfant, Q. Cornelius Longus Carvilius L. f. Gal. Rusticus ; Aponia G. f. Montana [35], flaminique d’Astigi, laissa, dans son testament, la charge de réaliser une donation à la cité au nom de son fils Caesius Montanus. Citons un autre exemple à Tugia : puisque le pater familias avait disparu, G (-) Rufina [599], l’une des dernières flaminiques connues, rédigea l’épitaphe de son fils, G(-) Rufinus. Enfin, Munnia L. f. Severa [370] était veuve au moment d’assumer le flaminat perpétuel de Tarraco. À sa mort, son fils, L. Fonteius Maternus Novatianus, rendit le montant des frais engagés dans l’hommage public à la cité.
9Le troisième cas de figure se compose de prêtresses dont les époux toujours en vie pendant l’exercice de la prêtrise, mais se trouvant sans héritiers, s’en remettaient à leurs proches21 ou à leurs affranchis pour se charger de leurs évergésies post mortem et de leurs hommages funèbres. Il s’agissait, pour la plupart, de dames très connues qui occupaient souvent la prêtrise dans plusieurs cités, jusqu’au flaminat de la province. C’est le cas de Porcia M. f. Materna [381], flaminique de la province et d’Osicerda, de Caesaraugusta et de Tarraco, mariée avec L. Numisius L. f. Pal. Montanus, magistrat de Tarraco, flamine de la Citérieure et membre de l’ordre équestre22. C’est la sœur de l’époux, Numisia L. f. Victorina [371], qui fut désignée héritière, car le couple n’avait pas d’enfants. Des circonstances similaires s’appliquèrent à Fulvia Celera [353], flaminique perpétuelle de Tarraco et de la province, et son époux23, C. Vibius C. f. Gal. Latro, magistrat de la cité24. Ils n’avaient pas eu d’enfants puisque les dispositions testamentaires de la flaminique25 furent exécutées par ses affranchis Fulvius Musaeus et Fulvius Moschus. Ce furent aussi les affranchis de la prêtresse de Laminium Licinia Macedonica [545], qui lui élevèrent une statue sur le forum26. Sa fille, Allia M. f. Candida [543], morte avant la mère, fut aussi honorée sur la place publique. La liste se termine par le témoignage de Laberia L. f. Galla [272], flaminique d’Ebora et de Lusitanie, probablement mariée avec L. Sulpicius Claudianus, et honorée post mortem par ses affranchis27.
10Il nous faut achever cette description par les flaminiques dont on connaît l’époux : ainsi, le duumuir L. Acilius Terentianus fut à l’origine de l’épitaphe de sa femme, la flaminique de Sacili, Cornelia Q. f. Lepidina [190]. Par ailleurs, dans un lieu public d’Olisipo, M. Gellius Rutilianus érigea un hommage à son épouse, [---]lia Vegeta [307], prêtresse de la cité.
11Malgré leur diversité, les documents énumérés concordent sur un point : la flaminique locale n’était point l’épouse du flamine. On pourrait même ajouter que la prêtresse était la plupart du temps une femme sans maritus ou sans enfants. La question qui se pose ensuite est de déterminer les raisons et les conditions sociales qui poussèrent ces dames à postuler à l’élection de flaminique ou à l’accepter, dans les cas où elles avaient été nommées par les décurions. Pour ce faire, il faut garder à l’esprit que les magistrats et les prêtres locaux, presque toujours mariés, jouissaient du prestige de leur rang, distinction sociale qui embrassait leur famille. On l’a vu dans les chapitres précédents, leurs épouses figuraient avec eux, bien qu’au deuxième plan, dans le processus d’autoreprésentation. La reconnaissance de ces femmes était secondaire, et n’avait pour autre fonction que de servir celle de leur mari. Elles ne devaient, en aucune manière, occuper la sphère publique seules, sans leur époux. A contrario, les dames qui occupaient les prêtrises locales du culte impérial pouvaient et voulaient une vitrine personnelle. Elles y étaient poussées par leur situation familiale : il s’agissait surtout de jeunes femmes encore célibataires, de dames divorcées ou veuves (deux circonstances qui, peu utiles au prestige, n’étaient pas exprimées dans les inscriptions). L’absence d’époux leur permettait d’adopter plus de latitude dans leur comportement et les poussait à défendre publiquement leur rang avec la réception des prêtrises, surtout pour les femmes veuves. Ces honores leur permettaient de participer à la vie publique grâce à de généreuses donations, entretenant ainsi un prestige qu’elles pouvaient transmettre à leur progéniture mâle. On remarque, en effet, que les enfants de flaminiques étaient souvent associés aux évergésies de leur mère. En échange de cette reconnaissance publique, elles apportaient à la cité une partie de leur richesse familiale, en attendant un nouveau mariage ou une entrée en fonction de leurs enfants. Il demeure que ces postes donnaient un vrai rôle aux dames de l’élite locale. D’ailleurs, le prestige personnel de la fonction explique à lui seul le fait que certaines dames sans enfants occupèrent plusieurs prêtrises dans différentes cités : sans descendance, elles pouvaient se permettre de dépenser leurs biens pour assouvir leur soif de reconnaissance, comme Porcia M. f. Materna [381].
12L’analyse de la situation familiale des flaminiques locales a permis de comprendre leurs motivations pour assumer ces honneurs, et ce faisant, de définir le pouvoir social qu’elles exerçaient réellement dans leurs cités : les flaminicae ou sacerdotes locales n’étaient donc pas les épouses de flamines, mais des femmes désireuses d’avoir un rôle public personnel, pour leurs proches, mais aussi pour elles-mêmes. Mais, qu’en est-il des flaminiques provinciales ?
Les flaminiques provinciales
13La documentation concernant les prêtresses du culte provincial a été résumée dans le tableau suivant :
Tableau n° 37. Les prêtresses provinciales. Bétique
N° | Cité d’origine | Datation | Prêtresse |
1 | Munigua | début du iiie s. | Quintia M. f. Flaccina [159], flaminica diuar(um) Aug(ustarum) splend(idissimae) prouinc(iae) Baetic(ae) |
Lusitanie
N° | Cité d’origine | Datation | Prêtresse |
2 | Olisipo | sous Vespasien | Servilia L. f. [305], flaminica prouinciae Lusitaniae |
3 | Caesarobriga | fin du ier s. | Domitia L. f. Proculina [262], flaminica prouinciae Lusitaniae, flaminica municipi sui prima et perpetua |
4 | Emerita Augusta | fin du ier s. | Helvia M. f. [---] [240], flamin(ica) prouinc(iae) [Lusitaniae] |
5 | Emerita Augusta | iie s. | Flavia L. f. Rufina [310], flaminica prouinc(iae) Lusitaniae, item col(oniae) Emeritensis perpet(ua) et municip(i) Salacien(sis) |
6 | Ebora | seconde moitié du iie s. | Laberia L. f. Galla [272], flaminica municipi Eborensis et flaminica prou(inciae) Lusitaniae |
7 | Ebora | seconde moitié du iie ou iiie s. | Memoria G. f. Calchisia [280], flam(inica) prou(inciae) Lusit(aniae) |
Hispanie citérieure
N° | Cité d’origine | Datation | Prêtresse |
8 | Tugia | 70-90 p.C. | Manlia [.] f. Silana [600], fla[minica] eiusdem prouinc(iae) |
9 | Tarraco | sous les Flaviens | Baebia T. f. Galla [322], flaminica prouinciae Hispaniae citerioris |
10 | Aeso | fin du ier s. ou début du iie s. | Aemilia L. f. Paterna [315], flaminica perpetua prouinciae Hispaniae citerioris |
11 | Tarraco | première moitié du iie s. | Fulvia M. f. Celera [353], flaminica perpetua col. Tarrac. Concor(diae) Aug(ustae) et flaminica p. H. c. |
12 | Bracara Augusta | iie s., peut-être après le règne de Trajan | Pomp(-) Maximina [376], flam(inica) (p. H. c. ?) |
13 | Osicerda | entre 120 et 140 | Porcia M. f. Materna [381], [fl(aminica)] p.H.c. et postea Osicerd(ensis), Caesar[aug(ustana)], Tarrac(onensis) perpetua |
14 | Amoca | milieu du iie s. | Paetinia Paterna Paterni fil. [373], flaminic(a) p. H. c. |
N° | Cité d’origine | Datation | Prêtresse |
15 | Tarraco | iie s., probablement entre 150 et 200 | Pro(-) Nigrina [496], flaminica prouinciae H[i]sp(aniae) citerior[i]s |
16 | Cara | vers 180 | Postumia Nepotiana siue Marcellina [383], flaminica (p. H. c. ?) |
17 | Pompaelo | vers 180 | Sempronia Fusci f. Placida [393], flaminica (p.H.c. ?) |
18 | Clunia | seconde moitié du iie et début du iiie s. | Aurelia Marcellina [321], flaminica [p.H.c.] |
19 | Segobriga | sous les Sévères | Val(eria) G. f. V. Fidi fil. Fida [400], flaminica (p. H. c.) |
14Afin d’étudier les conditions requises à l’accession au flaminat provincial, le seul dossier un peu fourni sur les prêtresses provinciales hispaniques est celui des flaminiques de la province d’Hispanie citérieure, avec les inscriptions trouvées à Tarraco28. Quant aux autres provinces hispaniques, soit le corpus est trop réduit – une seule inscription pour la Bétique –, soit, comme en Lusitanie29, les inscriptions concernent une période largement postérieure au flaminat, alors que la dame avait quitté la capitale provinciale.
15Pour comprendre le déroulement de l’élection du flamine et de la flaminique de la province, il convient de revenir sur la procédure des nominations des candidats et des candidates. Malheureusement, la documentation épigraphique ne comporte que peu d’informations à ce sujet. Comme P. Giraud30 l’a montré, cette élection avait lieu dans la capitale provinciale, autrement dit dans une sphère où les enjeux locaux disparaissaient devant le prestige et la richesse des candidats ainsi que devant les opportunités de progression vers Rome. Le rôle du consilium prouinciae, composé d’émissaires locaux élus par les cités entres les anciens décurions31, était essentiel. Pour l’Asie, on sait, grâce au témoignage d’Aelius Aristide, que l’assemblée faisait établir une liste de candidats masculins par ordre de préférence au poste de flamine. Dans son Quatrième Discours sacré, il raconte que les délégués de Smyrne y inscrivirent son nom, avant même qu’il ne donne son accord (en réalité les magistrats lui avait demandé publiquement et le peuple l’avait acclamé32). Dans le vote du koinon d’Asie, Aelius Aristide arriva en troisième ou quatrième position. C’est ensuite le proconsul qui élit et ratifia l’élection du flamine, non sans avoir accepté au préalable l’avis d’Aelius Aristide de ne pas assumer une telle responsabilité (d’autant qu’il n’était pas arrivé le premier !33). Plusieurs inscriptions complètent partiellement le témoignage d’Aelius Aristide. Un texte d’Aphrodisias nous informe que le flamine élu rentra en fonctions un an plus tard34. L’intervention du gouverneur n’est pas attestée en Occident, où le conseil provincial semblait avoir la décision finale35. Le durée du mandat semble avoir été la même pour toutes les provinces : une année36, pendant laquelle le flamine présidait les fêtes et les réunions du conseil37. Cette année écoulée, le flamine devenait membre des flaminales38.
16Les cités, quand elles le pouvaient, cherchaient à proposer un candidat au conseil réuni dans la capitale. Quant aux flaminiques, si l’on part de l’hypothèse qu’elles n’étaient pas nécessairement les épouses des flamines, il faut imaginer l’envoi à Tarraco, par les ciuitates, de candidates, susceptibles d’être élues par le conseil. Certaines dames abandonnaient-elles leur famille pendant toute une année, ce qui semble contraire à l’image officielle des femmes telle que nous avons pu la décrire jusqu’ici. Il convient de remarquer qu’à la différence des flaminiques locales, aucune donation évergétique ne pouvait être attribuée aux prêtresses de la province. Les témoignages hispaniques concernant les époux des flaminiques de la Citérieure apportent une réponse à la question de l’ouverture des candidatures à la fonction de flaminique provinciale. 39
Tableau n° 38. Les couples de flamines provinciaux de l’Hispanie citérieure
N° | Datation | Flaminique p.H.c.40 | Flamine p.H.c. |
1 | sous les Flaviens | Baebia T. f. Galla [322] | Q. Licinius M. f. Gal. Silvanus Granianus |
2 | sous les Flaviens | Manlia [.] f. Silana [600] | L. Postumius Q. f. Serg. Fabullus, duumuir de Salaria |
3 | après le règne de Trajan | Pomp(-) Maximina [376], du conventus de Bracara Augusta | M. Ulpius Reburrus C. f. Quir., du même conventus que son épouse |
4 | sous le règne d’Hadrien | Porcia M. f. Materna [381], d’Osicerda | L. Numisius Montanus, de Tarraco |
5 | première moitié du iie s. | Fulvia M. f. Celera [353] | C. Vibius Latro |
6 | milieu du iie s. | Paetinia Paterna Paterni fil. d’Amoca, du conventus de Clunia, chez les Cantabrès [373] | L. Antonius Modestus, d’Intercatia |
7 | vers 180 | Postumia Nepotiana, originaire de Kara [383] | T. Porcius Verrinus |
8 | seconde moitié du iie ou début du iiie s. | Aurelia Marcellina [321], du conventus de Clunia | [.] Licinius Sparsus |
9 | sous les Sévères | Val(eria) G. f. V. Fidi fil. Fida [400], de Segobriga | L. Caecilius Porcianus |
17Le tableau 37 montre l’existence de couples de flamine et flaminique dans la Citérieure. De ces inscriptions se dégage l’idée que, en dépit de ce que l’on a souvent pu affirmer, comme en Narbonnaise, les flaminiques de la Citérieure (les données ne concernent que cette province) étaient les épouses des flamines provinciaux, ce qu’avait déjà supposé D. Fishwick40 et suggéré M. D. Mirón41. Il n’y avait donc pas de candidatures féminines “indépendantes”. Nommées avec leur mari, la même année, elles les aidaient dans les rites célébrés en l’honneur de l’impératrice et des diuae. L’élection d’un flamine était, la plupart du temps, celle d’un couple. Sans être obligatoire, cette double nomination facilitait l’accomplissement des obligations religieuses. En outre, elle s’accordait avec les pratiques et les conceptions sociales romaines : en dehors de leur patrie, les femmes restaient auprès de leur époux.
18Nous nous heurtons toutefois ici à une difficulté : certaines épouses de flamines provinciaux n’indiquent pas leur condition de flaminique. C’était le cas d’Aelia Flaviana [4], épouse du chevalier et flamine de la Bétique L. Iulius M. f. Q. nep. Gal. Gallus Mummianus, ou Propinia Severa [256], mariée à G. Iulius Vegetus, flamine de la Lusitanie. Soit la règle connaissait des exceptions, soit on n’indiquait pas le poste des femmes pour des raisons diverses, souvent parce que le texte était bien postérieur au flaminat.
19Notons qu’il était fréquent que le couple flaminal ait des origines différentes42. Les flamines provinciaux et, par conséquent, leurs épouses et flaminiques provinciales, faisaient en général partie d’une couche particulièrement élevée de l’élite hispanique, le niveau provincial, dont les intérêts dépassaient les frontières des cités. Ces notables se fréquentaient déjà dans les manifestations sociales des capitales de conuentus, comme celui de Clunia, par exemple, et de la capitale provinciale. L’élection d’un couple dans lequel mari et femme étaient issus de villes distinctes sanctionnait cette appartenance au plus haut degré de l’élite provinciale, tout en honorant conjointement deux cités43.
20La documentation de la Citérieure irait donc dans le sens de la lex ciuitatis Narbonensis de flamonio prouinciae44 qui associe l’épouse au flamine provincial : uxor flaminis ou flaminique45. Cette concordance permet de suggérer la même pratique pour d’autres provinces : la flaminique provinciale était l’épouse du flamine provincial. Le faible nombre de documents conservés invite cependant à la prudence.
21Pour conclure, les dames de l’élite hispanique occupèrent le flaminat parce qu’il s’agissait d’un honneur, mais surtout parce qu’elles étaient socialement et moralement poussées à le faire. Certaines conditions, toujours associées à la position et aux ambitions de leurs familles, devaient être réunies. Mais ces circonstances différaient selon le type de flaminat, local ou provincial. Les inscriptions prouvent ainsi que, comme certains chercheurs le supposaient, les flaminiques locales n’étaient pas les épouses de flamines des cités, mais des dames seules, célibataires ou veuves. Leur fonction religieuse, associée à une conduite publique et généreuse envers leurs communautés, permettait de conserver le rang et d’entretenir le prestige de la famille, préparant ainsi la carrière des hommes plus jeunes, frères ou enfants. On remarque encore une fois que le rôle et les actions des femmes dans la sphère publique étaient en partie déterminés par l’absence d’hommes. En retour, les dames qui occupaient les prêtrises recevaient une vraie reconnaissance personnelle et jouissaient d’une influence considérable, probablement la plus importante pour un membre du genre féminin dans les cités romaines d’Hispanie et d’ailleurs. Il n’est donc pas étonnant qu’elles aient appartenu aux familles les plus en vue des cités, celles des notables locaux souvent liés aux membres de l’ordre équestre, voire sénatorial.
22Dans la sphère provinciale, les conditions n’étaient pas les mêmes. L’importance était donnée au flamine provincial qui, après avoir quitté sa cité pendant une année, pouvait aspirer non seulement à terminer sa carrière sur ce succès, mais aussi à élargir ses horizons politiques. Malgré tout ce que nous ignorons faute de sources épigraphiques, malgré les exceptions qui purent apparaître dans les différents sanctuaires provinciaux, malgré l’existence de dames à la personnalité exceptionnelle, la prêtrise provinciale féminine doit être analysée à la lumière de ce que l’on sait des dames romaines. Sa présence publique ne pouvait se justifier sans le soutien de la morale familiale de l’époque. L’incursion d’une dame dans l’espace public était, en principe, assujettie au prestige des siens. Par conséquent, en dehors de leur cité et de leur domus, la compagnie d’un époux était nécessaire. En d’autres termes et en dépit des exceptions, la fonction de flaminique provinciale n’était socialement admissible pour une femme que si elle l’occupait pour accompagner son mari, comme le prouvent les inscriptions hispaniques.
23En résumé, les inscriptions des flaminiques hispaniques, locales ou provinciales, témoignaient de leur prestige. Mais, s’il est vrai qu’on ne peut nier l’existence de femmes à l’influence considérable – pensons à nouveau à la personnalité de Porcia M. f. Materna [381] –, la nomination des flaminiques hispaniques ou d’autres provinces romaines ne peut se comprendre qu’en lien avec le devoir familial qui en motivait l’acceptation, dans leur cité ou dans la capitale provinciale. Une telle responsabilité était adaptée à la parenté des dames : les prêtresses locales étaient souvent des femmes sans époux qui agissaient moralement comme matres familias46 ; les flaminiques provinciales étaient des dames mariées qui accomplissaient leur devoir en accompagnant leur époux dans la prêtrise. L’accomplissement du devoir familial qui, dans le cas des flaminiques, les engageait à prendre de telles responsabilités, était le plus grand mérite de ces femmes dévouées à leur famille, et dont les actes égalaient la grandeur de ceux des hommes : adnotasse uideor facta dictaque uirorum feminarumque alia clariora esse alia maiora47.
Notes de bas de page
1 La liste des titres des prêtresses, présentée dans le tableau 35 montre que, dans la majorité des cas, les titres de flaminica et de sacerdos étaient équivalents et que leur attribution dépendait généralement des cités : ainsi, le titre sacerdos est souvent utilisé dans les cités de la province de Bétique, comme Abdera, Astigi, Cartima, Saepo, Tispi, Ucubi, ou Ipsca. Une inscription de Castulo semble vouloir indiquer que les titres flaminica ou sacerdos étaient des synonymes : flaminica siue sacerdos municipi Castulonensis (CIL, II, 3278 ; CILA Ja, 104), ce qui explique que l’on trouve les deux mentions dans certaines cités : Castulo, Tarraco, Corduba, Iliberri. Il nous faut apporter une petite nuance encore : une inscription d’Italica montrerait que, dans cette cité, les deux postes existaient, peut-être en alternance, honore bis flaminica sacerd[os] (CILA Se, 358 : fin du iie siècle-début du iiie).
Signalons aussi la petite charge de Vibia Felicula, ministra Tutelae Augustae [178], Ossigi Latonium, Bétique ; fin du ier siècle.
2 Le titre de certaines prêtresses confirme cette hypothèse : Astigi (PB) : sacerd(os) diuar(um) Augustar(um) col(oniae) Aug(ustae) Fir(mae), CIL, II, 1471 (ILER, 432) ; CILA Se, 687 ; CIL, II2/ 5, 1162 ; (AE, 1988, 724 ; HEP, 1993, 344) ; CILA Se, 696 ; CIL, II2/5, 1166, première moitié du iie siècle ; Ituci (PB) : sacerdos Diua[e] Augustae, CIL, II, 1571 ; CIL, II2/5, 421, seconde moitié du ier siècle. Ocurri (PB) : sacerdos diuarum Aug(ustarum) --- , CIL, II, 1338 (ILER, 1667) ; IRPC, 531, iie siècle.
3 Une inscription d’Ituci, en Bétique parle d’une sacerdos diua[e] Augustae dont la responsabilité était d’accomplir les exercices rituels en l’honneur de Livie divinisée, ce qui permet de la dater de la seconde moitié du ier siècle (CIL, II, 1571 ; CIL, II2/5, 421).
4 Voir la liste de prêtrises dans le tableau 36.
5 CIL, II, 3279 ; CILA Ja, 105.
6 Sur l’état des discussions, Delgado 1998, 151-152.
7 Voir supra p. 275.
8 CIL, XII, 6038.
9 À partir de l’ouvrage de Toutain 1907, 141-143 ; Delgado 1999 ; 2001 ; González Herrero 2002a et b ; Mirón 1996 ; 2007.
10 Cette idée est défendue, entre autres, par Pailler 1989, 187-188 et Fishwick, Imperial Cult, III, 2, p. 7.
11 Ce sujet a été traité en détail supra p. 271-274, dans le cadre des évergésies.
12 Vd. Navarro Caballero 2001 ; 2003 ; 2004 ; 2006 ; 2016, passim ; Melchor 2010 ; Ortiz de Urbina 2006.
13 Cf. Dardaine 1992 ; Wesch-Klein 1993 ; Cesari 1998 ; Melchor 2006b.
14 Quelques inscriptions hispaniques confirment le fait : ainsi, à Barbesula en Bétique, pour Aelia Domitia Severiana [54] ; à Cartima, au iie siècle, pour Valeria C. f. Situllina [74] ; ou encore à Salacia, pour Flavia L. f. Rufina [310], d’Emerita Augusta flaminique de la province de Lusitanie, ainsi que flaminique perpétuelle de la colonie d’Emerita et du municipe de Salacia. Ailleurs, on citera cet exemple d’une flaminique de Vienne en Narbonnaise (ILN Vienne, 88), que corrobore le nom de flaminica designata de Caecilia Aprulla (CIL, XII, 690 ; cf. Rémy & Mathieu 2009, 132).
15 Ritterling, RE, 12, 1925, s.u. “legio”, col. 1555 ; Le Roux 1982, 74 n. 315, 293 et 301.
16 Il s’agit de P. Licinius P. f. Gal. Maximus y P. Licinius P. f. Gal. Licinianus ; sur ces personnages, cf. PME, II, L 13 ; des Boscs, Parti Hisp., 220. CIL, II, 3230 et PME, II, L 11 ; des Boscs, Parti Hisp., 219 respectivement.
17 Plusieurs tituti picti du Testaccio mentionnent Caesii, CIL, XV, 3797-3802.
18 Cette constatation semble également possible dans le dossier africain, cf. Bassignano 2005, 399-430.
19 Rodríguez Oliva, Baetica, 1978, 207 (AE, 1979, 339) ; IRPC, 80. Sur le côté droit du piédestal, une femme porte une cape et tient dans ses bras un bébé, ce qui a donné à penser qu’elle était morte en couches. Dans ce cas, il s’agirait une jeune veuve.
20 Donahue 2004 ; Navarro Caballero 2016, passim.
21 Ainsi pour Porcia M. f. Materna [381], flaminique d’Osicerda, Caesaraugusta et Tarraco dont l’héritière, Numisia L. f. Victorina [371] était la sœur de son mari. Dans un exemple de Tucci, c’est le consobrinus de la flaminique qui se chargea de la dédicace à Iulia C. f. Laeta [219].
22 Curchin, Magistrates, n° 907 ; Alföldy, Flam. H.C., 48 ; des Boscs, Parti Hisp., 244.
23 Alföldy, Flam. H.C., 104.
24 Curchin, Magistrates, n° 891.
25 Statue à Fulvia Celera [353], Camacho 1924, 15-19 (AE, 1928, 197 ; ILER, 1644) ; RIT, 322 ; CIL, II2, 14, 2, 1179 ; statue à C. Vibius Latro, son époux, CIL, II, 4253 ; RIT, 312 ; CIL, II2, 14, 2, 1172.
26 Sur le forum de la cité, cf. Cebrián 2008 ; le texte dans CIL, II, 3231 ; Gozalbes Cravioto 2004, 67-68, nº 6.
27 CIL, II, 114* ; IRCP, 373a.
28 La description du monument dans TED’A 1989. Sur la disposition des statues Navarro Caballero 2003 ; Ortiz de Urbina 2006.
29 Delgado 1999, 443-444, anejo 2.2.
30 Giraud 1887, 84.
31 Dig., 50.7.5.4.5.
32 Quatrième discours sacré, 100.
33 Cf. Deininger 1965, 38-41.
34 CIG, 2741.
35 hic prouinciae Baeticae consensu flamini<s> / munus est consequutus peracto honore / flaminico e<i> CIL, II, 2344 (ILER, 1725) ; Stylow 1987, 100-103, n° 71 (AE, 1987, 530 ; HEp, 2, 328) ; CIL, II2/7, 799 ; (AE, 1999, 901 ; HEp, 9, 294) à Mellaria, inscription disparue et transcrite avec des erreurs.
36 La formule huic consummato honore flamoni est attestée dans trois inscriptions pour décrire la fin de la prêtrise provinciale : 1: CIL, II, 2221 ; CIL, II2/7, 295 ; 2: ILPGr, 131 (AE, 1966, 181) CIL, II2/7, 293 ; 3: CIL, II2/7, 291.
37 Guiraud 1887, 120-127.
38 Dans une inscription de Tarraco qui décrit les statues des anciens flamines provinciaux (CIL, II, 4248) ou dans une autre d’Italica, sur les mêmes statues (CILA Se, 343) ou pour qualifier les anciens flamines de la Bétique : L. Octavius Licianus (CIL, II2/7, 297) et G. Varinius Pietas (CIL, II, 983).
39 G. Alföldy dans CIL, II2/14, 2, 1185 invoque la négligence pour expliquer le manque d’indications sur le flaminat provincial de certaines dames : ex negligentia frequenter omissa sunt.
40 Fishwick, Imperial Cult, III, 2, p. 306.
41 Mirón 2007, 104.
42 Par ex., Paetinia Paterna [373] venait d’Amoca, tandis que son époux, L. Antonius Modestus, était d’Intercatia.
43 Sur ce type de mariages entre notables de cités différentes, voir supra p. 221-225.
44 CIL, XII, 6038.
45 Vêtements, attributions et interdictions y sont bien spécifiés : [--- Uxor fla]minis ueste alba aut purpurea uestita f[estis diebus, ---] / [---] neue inuita iurato, neue corpus hominis mor[tui --- attingito neue locum ingreditor] / [in quo bustum crem]ati hominis erit eique spectaculis publicis eius [--- interesse liceto], traduit par “sera revêtue, aux jours de fête, d’un vêtement blanc ou couleur de pourpre [---], ne sera pas astreinte à prêter serment ; elle ne touchera pas un cadavre ; elle ne [---] si ce n’est celui d’un parent. Dans les spectacles publics de cette province, une place [---] lui sera réservée”. Voir Rémy & Mathieu 2009, 130-131. Le titre de flaminique de Narbonnaise est connu par une seule inscription : [---]a Iullina (ILN Vienne, 730), qui porte le titre de flaminica prouinc[iae Narbonensis].
46 Saller 1999.
47 Plin., Ep., 3.16.1.
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