Introduction
p. 257-258
Texte intégral
1Nous avons montré dans les pages précédentes que la reconnaissance publique séparant les meilleurs – ou ceux qui voulaient être reconnus comme tels – s’étendait aussi à certaines femmes de l’élite. Ce prestige acquis et justifié par une position sociale réelle ou prétendue se manifestait dans les monuments funéraires sous l’expression d’inscriptions illustrant des portraits. Il prenait la forme de ces mêmes portraits dans l’enceinte privée des maisons ou encore de textes épigraphiques et d’effigies en ronde-bosse dans les monuments honorifiques. Mais nous avons montré aussi que la commémoration de ces dames avait également pour objectif d’exalter le souvenir des hommes de leur famille et elles furent enterrées et glorifiées par les leurs d’abord pour servir leur réputation. Par ailleurs cette visibilité porteuse de prestige leur donnait également quelques devoirs ; elles devaient, elles aussi, rendre hommage à leurs défunts et signaler ce geste. Ainsi, à chaque étape de leur vie, les femmes devaient, pour des raisons démographiques et sociales, assumer des responsabilités différentes envers les leurs et, par conséquent, envers leurs concitoyens, en affichant la réussite de leur famille. Ces initiatives, dont témoigne la documentation hispanique, engageaient des moyens financiers importants et reflétaient le souci d’occuper l’espace public. De ce fait, leur relation avec la cité, leur présence et leur influence au niveau local eurent toute leur importance et c’est précisément cette influence des femmes dans les cités hispaniques du Haut-Empire que nous analyserons maintenant.
2À cette fin, il est nécessaire d’examiner les documents qui témoignent d’une relation directe entre les cités et les femmes, en prenant en compte d’autres canaux que ceux de l’autoreprésentation ou de l’intervention familiale. Ils sont de trois natures. Le premier concerne les évergésies des dames de l’élite dans la mesure où elles participaient, elles aussi, aux activités publiques de leur cité avec leurs propres ressources. Le deuxième regroupe les données concernant les prêtresses municipales ou provinciales, seules fonctions accessibles aux femmes. Le dernier prend en compte la reconnaissance publique de la cité envers certaines dames, soit par le biais d’hommages érigés aux frais de la communauté, soit par l’octroi de funérailles publiques. Dans tous ces cas, les femmes tenaient un rôle traditionnellement dévolu aux hommes et entretenaient une relation directe avec le pouvoir local. Mais qui étaient-elles et quels bénéfices, en terme de prestige et de pouvoir pouvaient-elles escompter retirer, en fonction des dépenses engagées ou de leurs initiatives ?
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