Les femmes dans les textes et les représentations funéraires
p. 65-102
Texte intégral
1Loca religiosa1 gérés par le droit privé2, les grandes sépultures sont les premiers objets de notre enquête, car certaines sont devenues dès la fin de la République et le début de l’Empire les premiers exemples de l’autoreprésentation des notables, parmi lesquels, des femmes. En effet, les spécialistes de l’architecture funéraire ont remarqué que, dans le contexte local italien, les grandes tombes de l’époque3, bien en vue à la sortie des cités, témoignent de la réussite de l’aristocratie locale et ensuite de ceux qui voulaient leur ressembler, comme les affranchis4. La perpétuation du souvenir impliquait dès la fin du iie s. a.C. la réalisation d’une épitaphe5 et d’un portrait du défunt. Il était ainsi représenté dans son ultime demeure pour être vu de tous, en quête d’immortalité au sein de la sphère publique, selon le sens actuel du terme. Les statues et les textes exposés avaient une ressemblance matérielle et symbolique avec les hommages publics contemporains ou postérieurs sur lesquels il faudra faire la lumière.
2L’exposition funéraire devenue usage, les femmes y ont tenu une place significative, à la fois comme défuntes et comme responsables de l’élévation des tombeaux familiaux. Aussi avons-nous cherché à préciser à quel moment et comment cette pratique avait gagné les provinces hispaniques, quand les femmes y étaient apparues, sous quelle forme et dans quel rôle. Il s’agissait, en somme, de mesurer la signification de la présence féminine dans les grands tombeaux et son évolution pendant tout le Haut-Empire. En plus des éléments épigraphiques, nous insisterons sur les données iconographiques.
Les premiers tombeaux
3L’archéologie témoigne de l’apparition, dès la fin du ier s. a.C. et tout au long de l’époque julio-claudienne, de sépultures de type italien dans les cités romaines ou fortement romanisées de la péninsule, et plus particulièrement de la Bétique, de la côte méditerranéenne et du sud de la Lusitanie6. Parmi ces tombes, outre des éléments de petite taille comme les stèles, les monuments funéraires des élites locales occupent une place remarquable par leurs dimensions imposantes qui traduisent la réussite des défunts et de leur famille. Leur forme copie celle des monuments italiens contemporains7 : d’une façon générale, plutôt de grandes constructions de type tumulus, dans la tradition du tombeau de Caecilia Metella, mais aussi d’hypogées (dans le sud8) et de sépultures turriformes (dans le nord9). L’autel funéraire de grandes dimensions10 est adopté partout11, mais les meilleurs exemples semblent se trouver dans la cité de Barcino12.
4Les cas les plus intéressants concernent, bien entendu, les monuments archéologiquement et morphologiquement bien connus et sur lesquels ou près desquels ont été recueillies inscriptions et statues de femmes. Aussi seront-ils exposés en premier, avant les données épigraphiques et iconographiques découvertes de façon isolée, parfois hors contexte.
Les dames dans les grands tombeaux
5Pour qui s’intéresse à l’architecture funéraire du début de l’Empire, la nécropole romaine de Carmona (Séville) est un site particulièrement instructif. L’une de ses tombes monumentales servira de point de départ à notre réflexion (fig. 1). À l’instar de nombreux autres exemples dans cette ville, il s’agit d’une sépulture semi-hypogée : dans la roche naturelle, est taillé un grand rectangle légèrement irrégulier de 24 x 17,6 m, dont le centre est occupé par un bassin ; le reste est à l’air libre. Les murs de pierre étaient entourés d’un double portique sur des colonnes ioniques sans base et une crypte souterraine se situait dans l’axe de l’ensemble. Dans la grande pièce à ciel ouvert, à droite, a été trouvée in situ la statue en marbre d’une femme13, encore posée sur son piédestal où il était inscrit : Seruiliae L(ucii) f(iliae) P(ublii) Mari (uxori). Le corps de la statue, privée de sa tête, reproduit le type classique bien connu de la “Grande Herculanaise”, utilisé pour représenter les princesses de la famille impériale14. On peut se faire une idée de l’aspect de la tête disparue à partir de cinq autres de la même époque, trouvées dans la même nécropole15.
6L’absence de cognomen dans la nomenclature de Servilia [68] et la paléographie du texte permettent de dater le monument du début de l’Empire16. La même chronologie peut être attribuée à toute la sépulture pour des raisons d’ordre architectural. L’ensemble est complété par d’autres fragments de sculptures, notamment la tête d’un jeune homme qui accompagnait Servilia dans la tombe. Ce portrait, très italique dans ses traits, daté de l’époque de Caligula, a été identifié comme celui de L. Servilius Pollio, probablement un parent de Servilia. On connaît son piédestal (aujourd’hui disparu) érigé par son épouse, Postumia Q. f. Prisca [67]17. La formule d(edit) se retrouve sur les piédestaux de Servilia et de L. Servilius Pollio.
7Cette sépulture montre que, dès le début de l’Empire, les dames de l’élite hispanique étaient représentées dans les grands monuments funéraires aux côtés des hommes de leur famille, sous la forme de statues en ronde-bosse. Ces effigies, tant le corps que la tête-portrait, suivaient les modèles de la sculpture classique, que les représentations des femmes de la domus Augusta avaient servi à diffuser. Si, comme il semble raisonnable de le penser, le piédestal de L. Servilius Pollio était dans la même sépulture que celui de Servilia, on en déduira que :
les femmes, souvent les survivantes du couple, étaient à l’initiative de l’autoreprésentation funéraire des notables : le piédestal de Servilia fut érigé par sa mère et celui de L. Servilius Pollio par son épouse.
la représentation des femmes était liée à leur statut d’épouse : pour définir la personnalité de la défunte, on adjoignait à sa dénomination celle de son mari, qui devenait partie intégrante de la sienne (Servilia L. f. P. Mari (uxor)), d’autant plus que, selon A. U. Stylow et H. Gimeno, Servilia avait été enterrée dans le tombeau de sa propre famille.
8Ces auteurs ont trouvé le dessin anonyme et manuscrit d’un piédestal de Carmona avec l’épitaphe d’Aelia L. f. [66] rédigé par Postumius Labeo18. L’absence de cognomen dans la nomenclature de la dame permet de dater ce monument à la première moitié du ier s. p.C. Si l’on suit les les arguments séduisants développés par A. U. Stylow et H. Gimeno, divers indices, archéologiques (le contexte de la grande nécropole de Carmona) et onomastiques permettent de penser qu’Aelia L. f. [66] et Postumius Labeo étaient les parents ou le frère et la belle-sœur de Postumia Q. f. Prisca [67] belle-sœur de Servilia. Par conséquent, on pourrait imaginer que cette nouvelle base faisait partie de la tombe de Servilia19, qui était en réalité la sépulture de la famille Servilia et de ses nombreuses ramifications.
9Ces mêmes auteurs attribuent une inscription sur piédestal trouvée dans le municipe anonyme de Castro del Río (Cordoue) à une base de statue appartenant à un monument funéraire disparu. L’inscription, Iuliae C(ai) f(iliae), marquée également par l’absence de cognomen, renverrait à la première moitié du ier siècle20.
10Les travaux de J. Beltrán et de L. Baena ont mis en évidence, dans une cité de Citérieure proche de la Bétique, la colonie de Salaria (Úbeda, Jaén), l’existence d’un grand monument funéraire du début du ier s. p.C. qui a fourni des données épigraphiques et iconographiques liées à une dame. Si leur proposition de reconstruction est correcte, il s’agirait d’un tombeau à deux niveaux, du type aedes sur podium (fig. 2). De la partie inférieure, de section quadrangulaire, il subsiste un fragment de la frise supérieure, avec des restes de masques bacchiques en relief et le début de l’épitaphe en deux colonnes. Une femme, Stlaccia [---] [586], aurait érigé le monument pour elle et les siens, notamment son mari. Son gentilice, un fossile onomastique, montre une origine italienne de la famille, d’autant plus que l’époux était inscrit dans la tribu Sergia21. Les auteurs de la publication proposent de restituer le même nomen pour celui-ci (M. St[laccius ---]), ce qui fait peut-être de la dame son ancienne esclave. De Stlaccia [---], subsiste le portrait en forme de statue en pied du type Pudicitia au visage fixé qui, avec celles des autres défunts, devait décorer le deuxième corps du monument22.
11L’exemple suivant se situe aussi en Hispanie citérieure, à la Calerilla de Hortunas, sur le territoire du municipe de Requena (Valence). Des fouilles réalisées en 1990 ont permis d’exhumer un autel funéraire monumental (fig. 3), dont on doit l’étude à A. Martínez Valle23. Au milieu de nombreux restes architecturaux est apparue la première pierre de taille de l’architrave, très décorée, qui montre un Éros semblant soutenir une tabula épigraphique ornée de chaque côté de motifs végétaux. Le texte, Domitia L. f. Iusta sibi et [---]24, est incomplet à droite. Nous pouvons supposer que les blocs suivants déclinaient l’identité des défunts de la famille. Comme tous les monuments de ce type trouvés dans la péninsule Ibérique, celui-ci est daté de la première moitié du ier s. p.C. et se distingue à la fois par sa grande richesse et par le fait qu’il est l’un des premiers à avoir été construit à l’initiative d’une femme. L’absence de vestiges urbains aux environs a fait naître l’hypothèse qu’il provenait d’un contexte rural, ce qui nous semble contestable pour plusieurs raisons. D’une part, il s’agirait du seul monument hispanique de ce type et de cette période située en dehors d’un cimetière urbain. D’autre part, l’endroit fut occupé ultérieurement par de nombreuses tombes, ce qui correspond mal à ce que montrent habituellement les sépultures d’une uilla. Enfin, il faut ajouter que, dans cette région, on ignore où se trouvaient les chefs-lieux de cité et que, par conséquent, l’un d’eux pourrait avoir existé non loin du tombeau en question. Quoi qu’il en soit, on retiendra qu’en la circonstance c’est une femme qui avait pris l’initiative de construire le monument funéraire familial, soit dans la nécropole urbaine d’une ville inconnue, soit, si l’on retient l’interprétation d’A. Martínez Valle, à côté d’une des premières grandes uillae de la côte méditerranéenne, comme dans l’exemple suivant.
Fig. 3. Reconstitution du monument funéraire de Domitia L. f. Iusta [555], d’après Martínez Valle 1995, 273. Les éléments conservés sont en grisé.
12La destruction d’une ferme moderne près de l’antique Baetulo (Badalona, Barcelone), au lieu-dit “Can Paxau”, a permis la découverte des vestiges d’une uilla habitée au moins dès l’époque augustéenne. Des nombreux restes de sa nécropole subsistent et notamment des éléments d’architecture appartenant probablement à un monument turriforme25. Il exposait aux passants, sans doute dans les entrecolonnements du premier étage, les représentations en ronde-bosse des défunts. Il subsiste la partie supérieure de deux togati26 et une représentation féminine27 en deux parties dont le mauvais état de conservation empêche l’identification du type d’iconographie. Les statues, datées de l’époque augustéenne, furent réalisées dans un grès local probablement stuqué. Une épitaphe retrouvée dans ces mêmes ruines est inscrite sur un bloc qui aurait appartenu au même monument funéraire que les statues28. Elle est attribuée à Propertia Iucunda [440]29, qui déclare avoir élevé le tombeau, à ses frais, pour Caecilius Anthidorus entre autres. Comme le gentilice Propertius/a indique un “fossile onomastique” directement arrivé d’Italie, on aurait donc affaire à une riche famille d’origine italienne30. Cependant, si l’on tient compte du cognomen grec du défunt, on peut imaginer que les personnes enterrées là étaient des affranchis qui géraient les propriétés hispaniques de la gens Caecilia. En tout cas, l’ambiance est totalement romaine ; les modèles iconographiques et architecturaux ont été pris directement à la source, en Italie. En outre, c’est une femme qui a érigé le tombeau de sa famille, dans lequel ses cendres devaient être déposées.
13L’exemple suivant provient d’Emerita Augusta. Il s’agit du cosidetto “Columbario” des Voconii. En réalité, ce n’est pas un columbarium, mais une construction funéraire en grand appareil, dans la tradition des grands autels du début de l’Empire. De plan quadrangulaire (3,56 x 3,12 m), elle n’a pas de charpente : l’intérieur est hypèthre, et, dans ses angles, les merlons rappellent les volutes des autels31. Sur la porte, une plaque de marbre mentionne le nom du dédicant, C. Voconius Proculus, celui de ses parents, C. Voconius et Caecilia Anus [238] et de sa sœur, Voconia Maria [252]. Des décorations militaires typiques des officiers subalternes de l’armée romaine, phalerae, armillae et torques32, ornent en relief la partie supérieure de l’inscription. La décoration extérieure, très sobre, contraste avec celle de l’intérieur : trois niches quadrangulaires, en couronnant d’autres, plus petites, destinées aux urnes, sont décorées de représentations peintes des défunts : à gauche, le fils (fig. 4c), au centre, les parents (fig. 4a), à droite, la fille (fig. 4b)33. Ces représentations copient les statues sur piédestal qui devaient souvent décorer les monuments funéraires dont les nécropoles – notamment celle de Mérida – ont offert de nombreux exemples34 : les hommes portent la toge ; les femmes sont vêtues de la tunique et couvertes de la palla. La position de leur bras gauche, croisé sur la poitrine, est semblable à celle des statues généralement présentes en milieu funéraire35, comme celles du type Formia36. La datation de ce monument a été controversée, mais les règnes de Tibère ou de Claude semblent être les hypothèses à retenir.
14Ce tombeau illustre la réussite d’une famille d’Emerita, dans la mesure où, au regard des décorations militaires et de la dénomination du père sans cognomen, on peut déduire qu’il s’agissait d’un des colons fondateurs, peut-être un centurion. Le fils tient dans la main droite un rouleau avec l’inscription Aug(usta) Emer(ita) (fig. 4d), des bandes pourpres décorent les bords de sa tunique. Selon J. Edmonson, ces symboles représentaient sa condition de décurion37. Les femmes sont présentes aussi, ce qui n’a rien d’exceptionnel, sauf que ces peintures, répétons-le, reproduisent les images que montrent les monuments sculptés où elles sont représentées à côté des hommes, parfois même sur des piédestaux doubles38.
Les femmes dans les inscriptions des monuments funéraires de la fin du ier s. a.C. et du ier s. p.C.
15Outre les épitaphes encore in situ, d’autres peuvent être associées, par la forme du support épigraphique, à une fonction architecturale dans une construction funéraire de grande taille et, par conséquent, très onéreuse. Néanmoins, elles ne nous apprennent rien sur la structure globale du tombeau. Attestées dès l’époque augustéenne, ces épitaphes monumentales sur plaques ou blocs sont nombreuses au milieu du ier siècle, puis leur nombre semble diminuer, sans pour autant disparaître complètement, dès la fin du ier siècle. Nous avons sélectionné les plus significatives, associées à celles qui ont été étudiées précédemment selon trois critères : le premier est, bien évidemment, la présence d’une femme dans le texte, le deuxième est l’indication explicite de l’appartenance de la famille à l’élite à travers l’expression des honneurs, le troisième, plus subjectif et peu retenu, est la taille de l’épitaphe, ce qui permet de déduire la richesse du monument funéraire et donc des défunts39. Les données sont résumées dans le tableau suivant :
Tableau n° 140. Les dames dans les épitaphes monumentales de la fin du ier s. a.C. et du ier s. p.C.
N° | Cité | Datation | Dédicants | Défunt(s) |
Bétique | ||||
1 | Vrgauo | avant Claude | Lucretia L. f. Sergieton [234] | M. Horatius M. f. Gal. Bodonilur, duumvir, son mari |
2 | Astigi | avant Claude | [---]mia P. f. Polla [44] | [Q. L]ucius Q. f. Pap., Aug. Firma, officiel subalterne et magistrat et [. L]ucius Q. f., ses enfants |
3 | Corduba | 31-70 p.C. | M. Marcius Gal. Proculus, originaire de Corduba et domicilié à Sucaelo, duumvir de Cordoue | M(arcia) Procula [14], sa fille |
4 | Astigi | milieu du ier s. | Sulpicia L. f. Anus [45] | C. Cosconius L. f. Pap. Taurus, magistrat, son mari |
5 | Epora | milieu du ier s. | Fulcinia L. f. Atunna [92] | L. Calpurnius L. f., l’un de premiers flamines de la cité, son mari |
6 | Ituci | après le 42 | Iulia M. f. Laet[a] [138], prêtresse municipale de Livie divinisée | |
7 | Astigi | seconde moitié du ier s. | M. Fuficius M. l. Lybicus, augustal Fuficia M. l. Maurilla [42] | Fuficius M. l. Quietus, augustal |
8 | Corduba | fin du ier s. | [--- l]ia Berulla [7] | [---]lius Pagan[us], président du collège qui honore les Lares Augustales, son mari |
9 | Caura | fin du ier s. | Blattia C. fil. Proc(u)la, flaminique [80] | |
10 | Ituci | fin du ier s. | Blattia Modesta [133] | M. Calpurnius [M. l.] Vernio, augustal, son mari, et la famille de celui-ci, sa première femme, |
Lusitanie | ||||
11 | Emerita Augusta | jusqu’à Claude | C. Voconius Proculus, magistrat | C. Voconius, ancien officier subalterne, son père, Caecilia Anus [238], sa mère, Voconia Maria [252], sa sœur |
12 | Emerita Augusta | ier s. | Helvia M. f. [---], flaminique de la province de Lusitanie [240] | |
13 | Emerita Augusta | ier s. | Volosinia Secundina [253] | L. Postumius L. lib. Gal. Apollonius, de Norba, augustal, son mari |
14 | Emerita Augusta | fin du ier s. | M’. Acilius Hymnus, augustal | Iulia Methè [241], son épouse |
15 | Emerita Augusta | fin du ier s. | Valeria Allagè [250] | C. Sulpicius C. f. Gal. Superstes, trois fois duumvir à Metellinum, son fils |
Hispanie citérieure | ||||
16 | Salaria | début du ier s. | Stlacci[a - - -] [586] | M. Stl[accius] Serg., probablement son mari |
17 | Barcino | première moitié du ier s. | L. Carpurnius L. f. Gal. Iuncus, magistrat, son père, Valeria L. lib. [487], sa mère, L. Calpurnius L. f. Gal. Iuncus, magistrat, son fils, Calpurnia L. f. Severa, sa petite-fille [452] | |
18 | Barcino | première moitié du ier s. | L. Cornelius G. f. Gal. Secundus, magistrat | G. Aemilius G. f. Gal. Niger, son frère, G. Aemilius G. f. Gal., son père, Cornelia [456], sa mère, Numitoria [472], sa grand-mère |
19 | Requena | première moitié du ier s. | Domitia L. f. Iusta [555] | Pour les siens |
20 | Emporiae | avant Claude | L. Rosius, son père, Rosia [528], sa mère, L. Rosius L. f. Ser. Rufus, magistrat, son fils | |
21 | Emporiae | avant Claude | L. Valerius, son père, V[aleria] [529], sa mère, C. [Vale]r[i]us L. f., magistrat, son fils | |
22 | Baetulo | milieu ier s. | Propertia C. [l.] Iuc(u)nda [440] | Caecil[ius - - -] Anthid[orus], son époux ? |
23 | Barcino | époque julio-claudienne | M. Cornelius M. lib. Euvenus, sévir augustal | M. Cornelius M. lib. Euvenus, sévir augustal, son mari, Coelia L. f. Severa [454], son épouse |
24 | Tarraco | époque julio-claudienne | L. Corneli[us ---], sévir, Cornelia L. l. [---], son épouse [341], Cornelia L. f. [---] [342], sa fille | |
25 | Tarraco | seconde moitié du ier s. | M. Volumnius M. lib. Primulus, sévir, son père, Septimiena Modesta, sa mère [394] M. Volumnius M. f. Modestinus et M. Volumnius Domesticus, leurs fils | |
26 | Barcino | ier s. | Q. Cornelius Sp. f. Secundus, de Carthage | Cornelia Quarta [458], sa mère, Geminia Quarta [466], son épouse, Q. Cornelius Seranus, magistrat, son fils, Cornelia Dubitata [457], Cornelia Tertulla [461], Cornelia Quartilla [459], ses filles Cornelia Sp. f. Tertulla [460], sa sœur, L. Maevius Rogatus, son neveu |
27 | Barcino | milieu du ier s. | C. Aemilius C. f. Gal. Antonianus, magistrat et Aemilia C. f. Optata [446] | |
28 | Barcino | milieu du ier s. | Caecilia L. l. Pieris [451] | L. Caecilius L. l. Crescens, sévir augustal, son mari |
29 | Barcino | milieu du ier s. | Pompeia Gn. lib. Glenè [479] | Q. Iulius [.] f. Gal. Nigellio, magistrat, son époux ? |
30 | Tarraco | antérieure à la fin du ier s. | T. Fisevius T. l. Pamphilus, sévir, Iuventia G. l. Prima [364], son épouse, C. Iuventius G. l. Quietus et Iuventia G. l. Prisca, les affranchis de la dame | |
31 | Barcino | antérieure à la fin du ier s. | C. Iulius C. l. Daduchus, sévir augustal | Iulia C. l. Coenè [468], son épouse |
32 | Barcino | seconde moitié du ier s. | Q. Calpurnius Q. lib. Nymphius, sévir augustal | pour lui et son épouse, [Marcia] Vrania [469] |
33 | Barcino | seconde moitié du ier s. | [---]us Q. f. Gal. Secundus, magistrat, [---]a Sex. f. Sexta [484], sa sœur | |
34 | Tarraco | seconde moitié du ier s. | M. Raecius Privatus, sévir et président du collège qui honore les Lares des empereurs | Raecia M. f. Liciniana [386], sa mère |
35 | Saguntum | seconde moitié du ier s. | Baebia L. f. Lepida [569] | M. Tettienus M. f. Gal. Pollio, magistrat, son mari |
36 | Saguntum | seconde moitié du ier s. | Fabia Marcellina [571] | C. Cornelius Maximus, magistrat, son époux |
37 | Barcino | fin du ier s. | [--- M]ontana [470] | [---]us M. f. Aniensi [---], magistrat, son époux |
38 | Barcino | fin du ier s. | [L. Pedanius Clem]ens, sévir augustal | [L. Pedanius G]ermanus, son père, [Pedania C]lementis [475], sa mère |
39 | Tarraco | fin du ier s. et iie s. | [---] | [---]cianus, adlectus inter quinquennales et juge de cinq décuries, son père, Fab[ia Lep]ida [348], sa mère |
16À la lecture de ce tableau, nous procéderons à deux constats : le premier concerne le volume relatif de ces données, au nombre de 39 après une stricte sélection, le second est la cartographie des lieux de découverte. Malgré la surreprésentation de la documentation de Barcino, favorisée par les conditions de conservation et de découverte41, les données du tableau renvoient sans surprise aux mêmes régions et lieux qui ont illustré les lignes précédentes : les cités de la Bétique et de la côte méditerranéenne de l’Hispanie citérieure, et tout particulièrement les colonies, comme Astigi, Corduba, Ituci, Urgauo, Emerita Augusta, Tarraco, Barcino et Salaria, où les modèles socio-architecturaux romains étaient plus présents, puisque les colons, les premiers à faire construire ces types de sépultures, étaient eux-mêmes Romains ou Italiens.
17Grâce à cette documentation, filtrée selon le critère de la présence féminine, il est possible de comprendre, en partie, qui étaient les commanditaires des monuments funéraires de type romain au début de l’Empire. Les familles des fondateurs de la colonie y sont bien représentées. C’est le cas de L. Calpurnius L. f. Iuncus, qui vécut au début du ier siècle à Barcino avec sa famille, sa femme Valeria L. lib. [487] et sa petite fille Calpurnia L. f. Severa [452], ou celui du magistrat de la même cité L. Cornelius G. f. Gal. Secundus, avec sa mère et sa grand-mère. D’autres colons de la première génération sont connus à Astigi comme [Q. Luciu]s Q. f. Pap., officier subalterne fils de [–––] Polla [44], ou comme C. Voconius à Emerita, un autre ancien centurion, époux de Caecilia Anus [238] et père de Voconia Maria [252] et du magistrat C. Voconius Proculus.
18Près de 55 % des hommes connus par ces textes indiquent leur statut de magistrat ou de prêtre local. En effet, ces tombeaux monumentaux du début de l’Empire furent érigés principalement pour inhumer les dirigeants locaux, comme C. Cornelius Maximus par exemple, l’époux de Fabia Marcellina [571] enterré à Sagonte, ou comme L. Rosius L. f. Ser. Rufus, magistrat d’Emporiae enterré avec ses parents L. Rosius et Rosia [528]. Signalons aussi le cas du IIvir Q. Cornelius Seranus, issu d’une famille originaire de Carthage, fraîchement installée à Barcino, enterré avec trois générations de sa famille, dont sa mère, Cornelia Quarta [458], sa sœur, Cornelia Sp. f. Tertulla [460], sa femme, Geminia Quarta [466], et ses filles, Cornelia Tertulla [461], Cornelia Quartilla [459] et Cornelia Dubitata [457]. Parmi ces magistrats, le plus souvent originaires d’Italie ou descendants d’Italiens, on mettra de côté M. Horatius M. f. Gal. Bodonilur, un des premiers duouiri de la colonie d’Urgauo, en Bétique, dont l’onomastique, ainsi que celle de son épouse (Lucretia L. f. Sergieton [234]), trahit l’appartenance au milieu indigène. De leur tombeau, ne subsiste que le bloc qui servait de linteau de porte, décoré de chaque côté de l’inscription par un relief représentant une charrue42.
19À côté des monuments funéraires consacrés aux magistrats et à leurs familles, commencèrent à surgir dans les nécropoles, au cours de la seconde moitié du ier siècle, à Tarraco43, à Corduba44, à Astigi45, à Ituci46, et certainement ailleurs, de grandes sépultures d’affranchis et de leurs femmes, essentiellement sévirs, augustales ou présidents du collège des Lares des empereurs (10 personnes, presque 25 % des attestations).
20Que dire des femmes ? Dans la plupart des cas, qu’il s’agisse de magistrats ou de sévirs, ce sont les épouses qui accompagnent leur mari dans la sépulture : dès son apparition en Hispanie, le monument funéraire de type romain est associé à la réussite d’un couple qui affiche ainsi son succès au vu et au su de la communauté. Dans ces tombeaux de famille, d’autres degrés de parenté féminine sont parfois représentés dans la sépulture, quand elle était destinée à accueillir plus d’une génération. Citons à nouveau, à titre d’exemple, le magistrat de Barcino L. Calpurnius L. f. Gal. Iuncus, enterré avec son épouse, Valeria L. lib. [487], son fils L. Calpurnius L. f. Iuncus, et sa petite-fille Calpurnia L. f. Severa [452]. Outre le rôle de défunte, les femmes étaient aussi les dédicatrices des monuments funéraires : plus de la moitié des sépultures (23 dédicants) furent érigées par les épouses. Si l’aspect démographique y était pour beaucoup (elles étaient souvent plus jeunes que leur époux), elles assumèrent très vite une responsabilité publique dans la préservation de la mémoire familiale.
Les statues féminines dans les monuments funéraires
21Dès le ier s. a.C., on l’a vu, les monuments funéraires des notables italiens étaient ornés de portraits des défunts en ronde-bosse et cette pratique gagna certaines cités de la péninsule Ibérique dès le milieu du même siècle. Il faut maintenant réfléchir au type de message délivré à la fois par les inscriptions et les caractéristiques iconographiques de ces statues, bien qu’il soit à noter que les exemples féminins sont moins nombreux que les masculins. Compte tenu de la difficulté d’étudier les statues féminines en ronde-bosse, corps et tête étant exécutés séparément47, rarement trouvés ensemble, nous sommes contraints de scinder l’exposé en deux. Il s’attachera d’abord aux corps, répliques de modèles bien établis, et ensuite aux têtes-portraits, pièces personnalisées au moment de la création définitive du monument funéraire. Nous veillerons, par ailleurs, à distinguer les découvertes dont le contexte est bien connu et celles dont la position funéraire, sans être établie avec certitude, apparaît néanmoins tout à fait probable.
Les corps sculptés féminins trouvés en contexte funéraire
22Selon C. Marcks, les représentations iconographiques de corps de femme trouvés de manière incontestable en contexte funéraire ne sont pas très nombreuses48, bien qu’il faille compléter ces constatations par de récentes découvertes. Les exemples de Tarraco, exhumés dans la nécropole paléochrétienne, s’avèrent particulièrement importants, car parmi eux, se trouve l’un des plus anciens exemples du corpus hispanique : il s’agit d’un corps de femme, de la fin du ier s. a.C., du type togata dans sa variante pallium49 (fig. 5a). Au même endroit ont été exhumés un deuxième du type Pudicitia50 (fig. 5b) daté du début du ier s. p.C., puis un troisième du type Formia daté du règne de Tibère51 (fig. 5c). Ajoutons que ces corps, taillés de façon rudimentaire dans du calcaire et recouverts d’enduit peint, suivent des modèles fréquents en Italie à la fin de la République52. H. von Hesberg considère53 que ces statues appartenaient à des monuments funéraires de type turriforme54. Nous avons déjà évoqué une effigie acéphale du type Pudicitia dans sa variante du type Philista55 exhumée dans la colonia Salaria56. L’inventaire de la Citérieure se poursuit avec un corps de femme vêtue, sans tête, découvert dans le territoire de Baetulo dans un monument funéraire associé à une grande uilla, décrit auparavant57 et avec un corps du type Pudicitia exhumé dans la nécropole nord-occidentale de Carthago Noua.
23Les exemples de la Bétique sont plus nombreux. Les plus anciens, à la lisière entre le monde indigène et le monde romain, sont également en calcaire et de facture archaïque58. L’un des plus significatifs est la représentation d’un couple assis qui ferait partie d’un monument funéraire turriforme de la cité d’Orippo, daté du milieu du ier s. a.C.59. Le corps de la dame, rigide, est entièrement couvert d’une palla. Elle donne la main à son époux, vêtu d’une tunique courte. Un deuxième exemple a été trouvé dans la nécropole de Conobaria. Il s’agit de statues assises de deux femmes le bras croisé sur la poitrine à la mode Pudicitia. L’une d’entre elles a la tête couverte par la palla. De facture rudimentaire, elles sont datées du troisième quart du ier s. a.C.60.
24Les exemples suivants, déjà du ier s. p.C., sont en marbre et de taille classique. Ils s’apparentent aux statues qui surmontent les hommages publics. Commençons par la statue de Servilia [68], trouvée in situ à Carmo61, dans la tombe décrite plus haut. Le corps de la femme, morte à la fin du règne d’Auguste, fut sculpté suivant un modèle grec du ive s. a.C. de l’atelier de Praxitèle ou de celui de Lysippe62, l’un des plus copiés dans la sculpture romaine (fig. 6)63. Il s’agit de la grande Herculanaise, caractérisée par un bras gauche plié retenant la palla au milieu de la poitrine, ce qui permet de créer un faisceau de plis qui s’évasent en triangle64. Ce type iconographique, aux connotations maternelles et suggérant une conduite aussi sévère qu’irréprochable, fut utilisé tant dans la sculpture funéraire que dans des contextes honorifiques pendant tout l’Empire65. Toujours en Bétique, notamment dans sa capitale, Corduba, les nécropoles66 ont fourni un corps d’adolescente d’époque augustéenne du type Eumachia-Fundilia, dans la nécropole occidentale67, et un autre, du type togata de l’époque de Tibère68, dans le cimentière septentrional69. La découverte récente d’un monument funéraire du type aedes sur podium de la fin de la République70 s’est révélée particulièrement marquante. En effet, parmi ces vestiges, on a trouvé un torse féminin en calcaire du type palliata71. Signalons aussi deux torses féminins du type Eumachia-Fundilia, du début de l’Empire, mis au jour dans le cimetière romain de la ville, situé sous l’actuel Alcolea del Río72.
25En Lusitanie, les vestiges iconographiques d’Emerita Augusta méritent également une attention particulière. Pour certains, le contexte est bien connu. Le premier est une statue du type Palliata, à qui le hasard a laissé la tête (fig. 7). Elle est datée du règne de Tibère et se trouve associée à un mausolée dans le secteur de la nécropole ouest73. Il faut mentionner aussi un corps sans tête du type Formia, découvert également parmi les vestiges d’une nécropole et dont la datation se situe entre les règnes d’Auguste et de Tibère. On peut surtout ajouter le fragment du type Korè, exhumé dans la fouille d’un tombeau daté par la stratigraphie du règne de Claude74. Sa position in situ confirme le caractère funéraire de cette statue dont le type est très souvent utilisé en Hispanie dans un contexte honorifique plus tardif75. Les données sur les corps de statues féminines ont été résumées dans le tableau suivant :
Tableau n° 2. Les statues féminines dans les monuments funéraires76
N° | Cité | Typologie | Chronologie | Bibliographie principale |
Bétique | ||||
1 | Orippo | en couple et sedens | milieu du ier s. a.C. | Noguera & Rodríguez Oliva 2008, 437 |
2 | Conobaria | double et sedentes de type Pudicitia | troisième quart du ier s. a.C. | Noguera & Rodríguez Oliva 2008, 438 |
3 | Corduba | Palliata | fin du ier s. a.C | Liébana & Ruiz Osuna 2006, 310 ; Vaquerizo 2010, 119 |
4 | Cordoba | Eumachia-Fundilia | sous Auguste | Marcks 2008, n° 12 |
5 | Cordoba | Togata | sous Tibère | Marcks 2008, n° 19 |
6 | Alcoléa del Río | Eumachia-Fundilia | début du ier s. p.C. | Marcks 2008, n° 1 |
7 | Alcoléa del Río | Eumachia-Fundilia | début du ier s. p.C. | Marcks 2008, n° 2 |
8 | Carmo | grande Herculanaise | début de l’Empire76 | Kruse 1975, n° 36 ; Bendala 1976, 73 ; Alexandridis 2004, n° 38 ; Marcks 2008, n° 8 ; Trimble 2011, n° 163 |
10 | Cordoba | Togata | fin du ier s. a.C. | Garriguet 2006, 211-212 |
Lusitanie | ||||
11 | Emerita Augusta | Formia | sous Auguste ou Tibère | Marcks 2008, n° 59 |
12 | Emerita Augusta | Palliata | sous Tibère | Nogales 1997a, 57, n° 39 en ce qui concerne la tête, et Marcks 2008, n° 58 |
13 | Emerita Augusta | Korè | sous Claude | Marcks 2008, n° 60 |
Citérieure | ||||
14 | Tarraco | Togata dans sa variante pallium | fin du ier s. a.C | Koppel 1985, n° 101 ; Baena 2000, 3 et 10 ; Marcks 2008, n° 93 |
15 | Tarraco | Pudicitia | début du ier s. p.C. | Koppel 1985, n° 100 ; Baena 2000, 3 ; nouvelle datation de Marcks 2008, n° 92 |
16 | Salaria | Pudicitia | début du ier s. p.C. | Marcks 2008, n° 46 |
17 | Baetulo | indéterminé | sous Auguste | Guitart 1976, n° 3, 163 ; Marcks 2008, n° 79 |
18 | Tarraco | Formia | sous Tibère | Marcks 2008, n° 91 |
19 | Carthago Noua | Pudicitia, variante du “Braccio Nuovo” | début de l’Empire | Marcks 2008, n° 84 |
Les corps sculptés féminins dans un contexte funéraire supposé
26Nombreux sont les vestiges iconographiques féminins d’origine funéraire supposée. En Bétique, les statues les plus nombreuses ont été trouvées à Cordoue : trois torses féminins de date haute, sans que l’on puisse certifier leur lieu de découverte77. Une statue Eumachia-Fundilia du début du ier siècle, trouvée à Acinipo78, s’inscrit elle aussi dans un contexte funéraire.
27En Lusitanie, il faut signaler les pièces d’Emerita Augusta79. Outre cellesqui ont été trouvées dans un contexte archéologique bien identifié, on retiendra deux corps du type Eumachia-Fundilia, conservés au Museo Nacional de Arte Romano, l’un d’époque tibérienne80 et l’autre daté de la période julio-claudienne81. On ignore le lieu de leur découverte. Il semble toutefois qu’ils aient été mis au jour à l’intérieur de la ville, sans plus de précisions. Les mêmes incertitudes entourent le fragment d’une statue du type Allia, réalisée sous les Julio-Claudiens82, d’une autre du type Formia du début du ier siècle83, d’une troisième du type Palliata84, et d’un fragment dont le type ne peut être identifié85. Un autre exemple du type Korè, daté du début de l’Empire, est apparu hors contexte à Mérida86.
28Dans la province d’Hispanie citérieure, les pièces issues de l’atelier identifié à Barcino présentent un grand intérêt. Selon I. Rodà, on y réalisa des éléments sculptés en grès de Montjuic pour les nécropoles de la ville et pour celles des alentours : le hasard a permis la conservation, à Barcelone même87, de deux corps de femmes, une togata du type Pallium de la fin du ier s. a.C.88 (l’un des plus anciens de la péninsule Ibérique avec ceux de Tarraco), un autre du type Korè daté d’Auguste ou de Tibère, un troisième, mutilé, d’Iluro, du type Formia89, daté du début du règne d’Auguste. Ces données ont été résumées dans le tableau suivant :
Tableau n° 3. Les statues féminines dans un contexte funéraire supposé
N° | Cité | Typologie | Chronologie | Bibliographie principale |
Bétique | ||||
1 | Obulco | Pudicitia | fin du ier s. a.C. | Marcks 2008, n° 37 |
2 | Corduba | Formia | sous Auguste | Marcks 2008, n° 21 |
3 | Corduba | Togata | sous Tibère | Marcks 2008, n° 18 |
4 | Acinipo | Eumachia-Fundilia | début du ier s. p.C. | Marcks 2008, n° 38 |
5 | Corduba | type Hüftbausch | milieu du ier s. | Marcks 2008, n° 20 |
Lusitanie | ||||
6 | Emerita Augusta | Formia | début du ier s. | Marcks 2008, n° 71 |
7 | Emerita Augusta | Eumachia-Fundilia | sous Tibère | Baena 2000, 10 ; Marcks 2008, n° 65 |
8 | Emerita Augusta | Eumachia-Fundilia | époque julio-claudienne | Baena 2000, 5 ; Marcks 2008, n° 68 |
9 | Emerita Augusta | Allia | époque julio-claudienne | Marcks 2008, n° 67 |
10 | Emerita Augusta | Palliata | époque julio-claudienne | Marcks 2008, n° 72 |
11 | Emerita Augusta | indéterminé | époque julio-claudienne | Marcks 2008, n° 66, 69, 70 |
Citérieure | ||||
12 | Barcino | Togata dans sa variante pallium | fin du ier s. a.C | Marcks 2008, n° 81 |
13 | Iluro | Formia | sous Auguste | Marcks 2008, n° 88 |
14 | Barcino | Korè | sous Auguste ou Tibère | Marcks 2008, n° 80 |
29L’impression qui se dégage le plus nettement des lignes et tableaux précédents (n° 2 et 3) est la relative abondance des données. En effet, les vestiges iconographiques féminins issus d’un contexte funéraire, certain ou probable, sont assez nombreux, en comparaison avec la période suivante d’une part, et avec les restes de nature honorifique de la même époque90 d’autre part. Les notables hispaniques ont, dès la fin de la République, mais surtout dès l’époque julio-claudienne, vu un intérêt social à se représenter dans les grandes sépultures, accompagnés de leur épouse. Le marbre fut le matériau le plus utilisé91. On rappellera cependant que les exemples les plus anciens, trouvés à Tarraco, Barcino, Baetulo, Conobaria ou Orippo, de facture archaïque, ont été réalisés en calcaire ou en grès revêtu d’enduit peint.
30Dès le ier s. p.C., ces statues féminines, déjà en marbre, permettent de mettre en évidence, répétons-le, l’existence d’un courant artistique qui prend ses sources dans des modèles grecs classiques ou hellénistiques adaptés à l’image de la femme romaine92. C. Marcks a montré que presque tous les types connus de femme vêtue ont été utilisés dans la statuaire funéraire de la péninsule Ibérique, surtout dans cette période de la fin du ier s. a.C. jusqu’à la fin de l’époque julio-claudienne. Mais le contexte funéraire semble privilégier les modèles destinés à montrer que la femme représentée était un modèle de vertu domestique : les corps féminins sculptés sont couverts en grande partie par la palla, soutenue pudiquement par un bras croisé sur la poitrine qui s’enfouit dans un faisceau de plis. C’est le cas des types Pudicitia93, la Grande Herculanaise, le type Eumachia-Fundilia, Palliata, la variante Allia-Berlin ainsi que le type Formia94.
Les têtes-portraits de femmes
31Les conditions de découverte des plus anciennes têtes-portraits féminines de la péninsule sont peu connues. Elles sont pourtant, si l’on compare à la période postérieure, relativement nombreuses à l’époque julio-claudienne. Parce qu’elles ont été retrouvées en général à distance de corps auxquels elles appartenaient, il est difficile de leur attribuer sans risque d’erreur une destination précise. Toutefois, dans certains cas, le contexte archéologique et leurs caractéristiques formelles permettent aux chercheurs de leur attribuer une fonction funéraire. C’est le cas de trois têtes exhumées à Segobriga, sous la basilique wisigothique, là où devait se trouver la nécropole. En calcaire et plus petites que nature, elles ont été datées de la fin du ier s. a.C. ou du début du ier s. p.C.95. Elles présentent le regard figé et des cils très longs typiques de l’époque96. Elles sont semblables à la tête-portrait découverte dans le monument funéraire de Salaria décrite plus haut97 et sont proches du portrait en calcaire d’une femme trouvée à Tarraco98.
32Dans la nécropole proche de l’amphithéâtre d’Italica a été trouvée une tête de femme portant le nodus typique de la coiffure féminine à l’époque augustéenne99. Toujours en Bétique, il faut mentionner le cas d’une tête de femme d’âge mûr en marbre blanc datée du début du règne de Tibère et dérivée des représentations d’Antonia Minor100 : découverte dans la nécropole de Carmona, elle pourrait appartenir à la statue de Servilia [68]. La même fonction funéraire doit probablement être assignée à d’autres portraits de femmes connues dans cette province ; certains ont une physionomie également proche de celle de la mère de l’empereur Claude et une chronologie augusto-tibérienne101, mais on connaît aussi des exemplaires un peu plus tardifs102.
33En Lusitanie, certaines têtes-portraits féminines d’Emerita Augusta peuvent être associées sans aucun doute à un contexte archéologique funéraire : deux d’entre elles, l’une d’époque augustéenne et l’autre du règne de Tibère, proviennent de la nécropole “del Albarregas”103, trois autres, datées de l’époque de Tibère ou Claude, de la nécropole orientale de la ville104. Toujours en Lusitanie, il faut mentionner une tête-portrait d’époque augusto-tibérienne, probablement d’origine funéraire, découverte hors contexte à Conimbriga105.
34En Citérieure, à Barcino, les portraits du ier siècle connus appartenaient, selon les chercheurs qui les ont étudiés, à des monuments funéraires démontés et réutilisés dans l’opus caementicium de la muraille du Bas-Empire où ils ont été retrouvés106. Tous les exemplaires conservés sont des représentations masculines de notables de Barcelone107, toutes issues d’un même atelier qui travaillait le marbre de Luni-Carrare et qui exportait vers d’autres villes avoisinantes. D’ailleurs, la tête féminine du milieu du ier siècle, trouvée à Iluro, est également considérée comme funéraire ; elle fut probablement sculptée à Barcino. Toujours dans l’Hispanie citérieure, tout particulièrement dans sa capitale, on a découvert une tête-portrait féminine, avec une coiffure en catogan du premier quart du ier siècle, pouvant appartenir à une sculpture funéraire108.
35À cette liste, il faudrait ajouter d’autres exemples, dont la fonction funéraire est fort probable, mais que les conditions de leur découverte et leur état fragmentaire empêchent d’attribuer à un lieu de découverte ou un contexte définitif109.
36Par son abondance relative, cette série de sculptures a permis à W. Trillmich de constater que les portraits funéraires féminins suivaient des lignes assez classiques (contrairement aux hommes dont les traits sont plus réalistes). À l’image des femmes de la famille impériale110 et des modèles de la sculpture grecque, elles portaient presque toujours les cheveux peignés avec une raie médiane et attachés derrière la nuque en catogan ou en nodus, à l’exemple de Livie. Ces particularités apparaissent également sur les rares têtes susceptibles d’être rattachées aux statues honorifiques111.
L’évolution des pratiques funéraires
37Les données archéologiques montrent que les monuments funéraires de la fin de la République et du début de l’Empire étaient le plus souvent ouverts vers l’extérieur. Les rituels funéraires et les représentations des défunts s’adressaient aux passants qui traversaient les nécropoles situées aux portes des villes : à l’heure de la mort, la communauté urbaine reproduisait sa hiérarchie sociale et étalait son prestige aux portes des cités, car le souvenir d’un défunt était étroitement lié à son rôle social et à celui de sa famille dans la cité. Les portraits en ronde bosse accompagnaient fréquemment les indications inscrites dans les épitaphes. Petit à petit, pour des raisons qui tiennent autant à l’évolution des mœurs, qui favorisait le noyau mononucléaire112, qu’à la complexité croissante de la vie politique locale, les grands monuments funéraires de l’aristocratie se sont refermés sur eux-mêmes. On assiste au phénomène que P. Zanker a dénommé “l’introspection de la sépulture”, qui se désolidarise de la sphère publique et passe de plus en plus à la sphère privée113. Dès lors, le souvenir des défunts dans leur sépulture appartient seulement à la famille.
38Cette évolution se reflète dans le changement de la typologie des monuments funéraires, ce que P. Gros a dénommé “l’inflexion de la fin du ier siècle”114. En effet, les tombeaux se font beaucoup plus rares en ville, en général, plus petits et moins originaux ; ils concernent souvent un grand nombre d’individus d’une même famille et présentent de nombreux éléments qui témoignent d’une forte activité rituelle. Les autels monumentaux réduisent leur taille et s’entourent d’un grand enclos, devenu le monument le plus en vue dans les nécropoles ; les aedes sur podium, destinées à mettre en valeur les portraits des défunts, deviennent moins fréquentes et ne présentent plus de décoration en ronde-bosse. Les portraits sont dès lors réalisés en bas-relief, sur des plaques ou des stèles, parfois en buste. Ensuite, même ce type de représentation semble disparaître petit à petit, à mesure que se font de plus en plus fréquents, à partir de la seconde moitié du iie siècle, l’inhumation et l’emploi des sarcophages115. De la même manière, les inscriptions sur les grands blocs des monuments funéraires en milieu urbain semblent se réduire en nombre et en taille116, pour quasiment disparaître dans les cités hispaniques où elles étaient auparavant fréquentes. Dorénavant, on commémore la mort de ses proches en privé, à l’intérieur d’un monument funéraire plus anonyme117 ou théoriquement isolé dans certaines zones rurales à côté de uillae118.
39Parallèlement, la rédaction des épitaphes se modifie : les inscriptions accordent moins d’importance au passant pour consolider le lien entre les morts et les vivants d’une même famille. Le caractère marqué du culte privé se révèle dans l’apparition quasi systématique de la consécration aux Dieux Mânes et dans la mention de plus en plus fréquente de caractéristiques affectives d’ordre familial, comme les épithètes au superlatif piissimus/a, carissimus/a, etc.
40Tous ces changements dans les modes funéraires ont eu diverses répercussions selon les régions : on voit ainsi la commémoration funéraire avec une épitaphe en latin gagner, au iie siècle, des secteurs de la péninsule, comme le centre et le nord-ouest où cette pratique “à la romaine” n’existait qu’à de rares exceptions. Inversement, la seconde moitié du iiie siècle en consacre la fin : l’absence d’épitaphe monumentale devient alors, semble-t-il, une pratique courante des enterrements des notables et de leurs épouses.
41Dans le processus d’évolution des monuments funéraires, le rôle des membres féminins au sein des familles est significatif. Une analyse descriptive des vestiges conservés permet de mesurer son importance et de cerner ses particularités.
La transition : de l’autoreprésentation funéraire à l’autoreprésentation honorifique des dames de l’élite
42L’inflexion funéraire de la fin du ier siècle, mise en avant par P. Gros119, est attestée dans la péninsule Ibérique en même temps que le développement de l’épigraphie honorifique dans les cités : l’autoreprésentation des notables dans les nécropoles urbaines diminue pour réapparaître avec force dans les espaces publics. Certains monuments funéraires, situés surtout dans les cités du Levant, donnent des pistes sur les modalités induites par ce changement. Comme la plupart des mausolées de cette époque, ils sont du “type temple”, autrement dit fermés, car le culte funéraire se rendait à l’intérieur et seule la famille pouvait y être présente. Cependant, la rédaction des épitaphes inscrites sur les parements extérieurs de la construction s’apparente aux hommages honorifiques : on y trouve tous les membres d’une même famille, notamment le couple et ses descendants. Par ailleurs, les noms au datif des défunts y sont suivis de la dénomination des dédicants, sans formules funéraires particulières. De plus, à l’instar des textes honorifiques, on peut compter plusieurs inscriptions pour un même défunt ; or, dans les exemples connus jusqu’à présent, les commanditaires de la construction étaient des femmes dont le père, le mari ou le fils avaient été des magistrats, parmi lesquels l’un d’entre eux au moins, L. Antonius Numida, était un chevalier120. Ce dernier fut enterré dans un monument funéraire exceptionnel découvert à Sagonte au xvie siècle. Recevant aujourd’hui la dénomination locale de “couvent” de la Trinidad, il fut décrit jadis par Accusius et étudié récemment par J. L. Jiménez121 et G. Alföldy122. Les éléments architecturaux et les inscriptions permettent de le dater de la fin du ier ou du début du iie siècle. Il s’agit d’une construction en opus quadratum, dont la décoration des façades extérieures est rythmée par une succession de pilastres à chapiteaux toscans et bases attiques. Celles des murs nord et sud sont décorées d’arcatures aveugles, encadrées par des pilastres à chapiteaux corinthiens (fig. 8a). Les inscriptions figurent dans la partie inférieure des arcs, cinq sur chacune des deux façades. Cette décoration d’arcatures, dénommée “Theatermotiv” par certains chercheurs123, rappelle celle des théâtres, ainsi que les portiques, monuments qui abritaient souvent des statues honorifiques.
43Les dix textes sont gravés sur des blocs, auxquels leur forme et leurs dimensions permettent d’attribuer une fonction architecturale au mur et de ne pas les interpréter comme des supports de statues124 : de forme longitudinale, ils mesurent environ 55/65 x 115 x 24 cm. La particularité du monument réside dans la nature et les caractéristiques des textes inscrits dans des champs épigraphiques non moulurés : ces textes sont conçus comme ceux des monuments honorifiques, car placés à l’extérieur, ils avaient une fonction d’hommage public, même dans le cadre du monument funéraire. Chacun des trois membres de cette importante famille reçut plusieurs textes de la part des parents ou des adfines, des amis et des affranchis (fig. 8b)125 : la plus jeune, probablement morte après ses parents, Antonia L. f. Sergilla [567], reçut deux inscriptions sur le mur méridional et deux autres sur le mur nord, toutes les quatre près de la porte ; la mère de celle-ci, Sergia M. f. Peregrina [579], bénéficia également de deux textes de chaque côté ; enfin, pour L. Antonius L. f. Gal. Numida, père de la première et époux de la seconde, on peut lire une épitaphe sur chacune des façades.
44Le monument suivant, dit des Antonii, a été découvert à Valentia ; on y conserve deux blocs architecturaux qui, comme ceux que nous venons de décrire, devaient décorer les parements extérieurs d’une construction funéraire de forme inconnue, mais dont la chronologie et les caractéristiques paléographiques permettent de lui imputer une forme semblable à celui de Sagonte126. Chaque bloc était divisé en deux parties par des reliefs verticaux d’Attis et, dans chacune d’elles, une épitaphe est adressée à un membre disparu de la famille. Toutes les références se rapportent à Iulia C. f. Maxima [606] : à la mort de son fils, le magistrat L. Antonius Crescens, la cité prit non seulement en charge les frais de la cérémonie, mais lui octroya également les honneurs funéraires publics avec l’éloge funèbre, le locus sepulturae et une statue. À côté de l’inscription qui rappelle ces honneurs127, Iulia Maxima fit inscrire en son nom, une épitaphe à son cher fils disparu128 (fig. 9a). Elle profita ainsi de l’opportunité qui lui était donnée d’enterrer dans ce monument offert en partie par la cité, son autre fils, L. Antonius L. f. Gal. Niger, et son propre père, C. Iulius C. f. Niger, ancien magistrat de la cité (fig. 9b).
45Ces deux monuments font écho au texte de Pline, souvent cité, pour qui l’exposition publique des honneurs, perpétuation des souvenirs des grands hommes129, avaient pour objet, comme leurs grands tombeaux, de célébrer la gloire des dynasties locales des magistrats. Dans ce cadre, les femmes trouvaient une place, mais elles étaient aussi les responsables et les supports familiaux de ces monuments, conçus comme des lieux de commémoration autant que de conservation des cendres.
Les monuments funéraires dans l’espace rural
46Au iie siècle, dans le processus dit “d’introspection funéraire”, les sépultures se fermèrent petit à petit au regard de la collectivité. Ainsi, en dehors des villes, on vit surgir des tombeaux-temples à côté des uillae. Les familles importantes et riches y enterraient leurs défunts, surtout les hommes et les enfants, en les élevant au-dessus de l’humanité moyenne à l’intérieur de grands monuments funéraires. En règle générale, les femmes construisaient ces monuments. Curieusement, ces nouveaux tombeaux n’apparaissent, à première vue, que dans quelques parties de la péninsule, essentiellement autour de Caesaraugusta et des cités proches, près de Tarraco et des cités du Levant méditerranéen et autour d’Emerita Augusta130. En réalité, cette répartition géographique trouve une explication assez prévisible : dans ces régions, les domaines agricoles étaient plus vastes qu’ailleurs, et ces manifestations funéraires de pietas familiale révélaient les rivalités de prestige qui animaient encore les notables.
47Le plus connu des grands tombeaux de ce genre est celui des Atilii à Sábada (Saragosse), peut-être dans le territorium de l’ancienne Tarraca. Une femme, Atilia L. f. Festa [594], érigea à elle-même, de son vivant, à son père, L. Atilius C. f. Quir. Festus, et à son grand-père C. Atilius L. f. Quir. Genialis, ce monument, dans leur grand domaine agricole, près de leur résidence (fig. 10). Il s’agit d’une construction en opus quadratum de structure rectangulaire (9,20 x 4,72 m), dont seul un mur est conservé en élévation. La décoration est complexe : sur un podium, on tailla cinq arcatures aveugles soutenues et encadrées par des pilastres corinthiens qui supportaient un entablement droit. L’arc du milieu et celui des deux extrêmes sont plus en relief que les deux autres. Les trois épitaphes furent inscrites dans leur frise ; leur rédaction est proche de celles des monuments décrits dans les lignes précédentes : les défunts, grand-père et père, sont au datif, avec leur dénomination complète (tria nomina avec la filiation et la tribu), mais sans spécification de leur probable prestigieuse carrière. La dédicante, Atilia Festa, suit, au nominatif, avec son degré de parenté avec le défunt, sans formule funéraire particulière.
48La chronologie de ce monument est controversée. R. Menéndez Pidal131, auteur de la première étude, le datait de la fin du iie ou du début du iiie siècle, en raison des particularités de la décoration, notamment la présence du trépan132. Plus récemment, H. von Hesberg situait sa construction à l’époque julio-claudienne133 pour deux raisons : d’une part, la décoration de la façade, analogue à celle de la tombe des Plautii à Tibur, construite sous Auguste, et d’autre part, la ressemblance des chapiteaux corinthiens avec ceux du théâtre de Tarraco. Si les parallèles proposés par le chercheur allemand sont tout à fait appropriés, nous forçant à avancer considérablement la date attribuée jadis par Menéndez Pidal, les particularités onomastiques des personnages, négligées jusque-là, obligent à abaisser la datation de quelques décennies. En effet, le père et le grand-père d’Atilia Festa étaient des citoyens romains inscrits dans la tribu Quirina, comme tous les citoyens romains de la cité de los Bañales. La cité avait donc reçu le droit latin sous Vespasien134. Par conséquent, le monument ne peut être que postérieur à la période flavienne : Atilia Festa faisait partie de la troisième génération des ciues Romani de sa famille. Même en supposant que son grand-père, C. Atilius L. f. Genialis, fut l’un des premiers magistrats de la cité de droit latin, un minimum de trente ans sépare cette époque de la fin du ier siècle de la construction du monument, car ce grand-père était alors décédé, de même que son fils après lui. Les particularités socio-onomastiques des personnages ne permettent pas de dater l’inscription avant la première moitié du iie siècle. En revanche, les mentions de la tribu et de la filiation suggèrent que le monument avait été édifié avant 150 p.C. Par conséquent, c’est dans la première moitié du iie s. p.C. qu’une femme, Atilia Festa, heres d’une grande famille locale, prit en charge l’entretien de la mémoire des grands hommes de sa famille, son grand-père et son père. Elle leur érigea un grand monument qui correspondait aux conceptions funéraires de l’époque : le mausolée, presque un temple, devait garder pour l’éternité les noms des défunts, ces citoyens dont on n’indiqua pas la carrière politique, étant donné le contexte privé des inscriptions. Si les épouses des défunts n’eurent pas le privilège d’y être enterrées, Atilia Festa, elle, put s’associer à l’événement malgré sa condition féminine, probablement parce qu’elle était la seule héritière.
49Par sa structure et sa décoration, le mausolée de Chiprana (Saragosse) peut être directement associé au précédent. Construit lui aussi dans la vallée de l’Èbre, un peu plus à l’est135 et, vraisemblablement, à la même époque, il est aujourd’hui la chapelle dite “de la Consolación” installée dans les vestiges du bâtiment romain. Il reste de ce dernier une partie de la façade nord, décorée de la même façon que le monument de Sádaba, avec cinq arcs aveugles soutenus et encadrés par des pilastres corinthiens. Les jeux de profondeur et la disposition des frontons sont également les mêmes. La frise portait les inscriptions, dont une seule a été conservée avec l’épitaphe d’une petite fille, décédée à 30 jours (fig. 11a). Il semble possible, à partir du témoignage de Lastanosa, érudit du xviie siècle, et des vestiges de lettres martelées, qu’une seconde épitaphe ait également été inscrite sur le monument (fig. 11b) : celle de sa petite sœur morte à 25 jours et dénommée elle aussi Fabia Severa [509]. Qu’il s’agisse de la duplication d’un même texte ou qu’il y ait effectivement deux épitaphes, cela n’affecte en rien notre analyse ; l’important réside dans le fait que ce monument témoigne de l’immense richesse d’une famille locale, qui fit bâtir une construction prestigieuse pour y enterrer au moins un bébé de seulement 30 jours, une fille, de surcroît. Nous sommes donc en présence d’un contexte d’amour familial exalté par une construction grandiose.
50Un autre enfant un peu plus âgé, décédé à huit ans, fut enterré dans une construction funéraire monumentale (fig. 12). Ce sont ses parents qui lui firent ériger une sépulture dans l’intimité de leur domaine agricole, près de l’actuelle Fabara (Saragosse)136. Le bâtiment, en opus quadratum, est dans un état de conservation presque parfait. Il copie la structure d’un temple in antis pseudo-périptère de 6,85 x 5,94 m : après le pronaos, on accède à la cella, où se trouve l’escalier qui descendait à la chambre funéraire ou conditorium. Inscrite en lettres de bronze doré, ce qui incite à dater le monument avant le règne d’Hadrien, l’épitaphe courait sur le fronton et la frise. La seule conservation des mortaises rend la restitution hypothétique, mais on peut assurer la présence de la mère, peut-être Domitia Severa [531], auprès de son mari, tous deux unis dans la douleur et l’amour familial.
51La suite de la documentation nous conduit jusqu’au territoire de Tarraco, où les recherches de ces dernières années137 ont permis d’établir une carte de localisation des uillae suburbaines. Certaines ont conservé les épitaphes qui décoraient les monuments funéraires de leurs propriétaires. La plus importante est celle d’un sénateur anonyme dont le tombeau fut érigé par son épouse, Claudia Atiliana [332], dans un moment indéterminé du iie siècle138. De même, dans la uilla de Numisia L. f. Victorina [371], sœur du magistrat, flamine provincial et chevalier L. Numisius L. f. Pal. Montanus, a été découvert l’autel funéraire de son mari, [.] Furius Montanus139.
52La liste s’achève avec les exemples des cités du Levant méditerranéen140, en particulier de Sagonte. Au iie siècle, surtout dans la seconde moitié, leur territoire se remplit de monuments funéraires au voisinage des uillae de notables locaux ; celui de la famille Voconia en est un exemple141. Nombreux sont ceux qui furent érigés par des femmes à la mémoire des hommes de leur famille142.
53Les dossiers précédents, notamment ceux de la vallée de l’Èbre, montrent que l’exaltation des morts, surtout celles des hommes et des enfants en bas âge, va de pair avec l’expression de l’amour familial, de plus en plus présent dans des rapports sociaux très conventionnels. De plus, pour les personnes distinguées, le deuil devient une affaire privée, surtout si la personne décédée n’avait pas tenu de rôle public143. Il fallait se montrer discret dans les manifestations de douleur et leurs commémorations funéraires. Pour ce faire, on privilégiait un emplacement privé, celui d’une sépulture monumentale à la campagne, dont la fonction était de rappeler pour l’éternité les noms des défunts à leur famille. Il faut aussi remarquer que les femmes étaient rarement les destinataires des tombeaux du iie siècle144. Au contraire, elles étaient souvent les commanditaires de leur construction, tout comme elles étaient les responsables de la mémoire familiale.
Les tombeaux et le retour à l’anonymat
54Les grands tombeaux ruraux, exaltation du souvenir et de la quasi divinisation des défunts, appartiennent à une période relativement courte. La pratique, en effet, semble décliner rapidement, vers la seconde moitié du iie siècle, au moins dans les cités orientales et méridionales de la péninsule (la Lusitanie constitue une exception que nous évoquerons plus loin). L’anonymat des défunts, quel que soit leur rang, devint progressivement la règle, en ville, mais aussi à la campagne. Le fait est confirmé de façon spectaculaire à la fin du iie siècle ou au début du iiie par la sépulture d’Acilia Plecusa [199], la femme la plus populaire de Singilia Barba, bien qu’elle ait probablement toujours été considérée comme une parvenue. En effet, l’ancienne esclave avait réussi à épouser, vraisemblablement à la mort de la première épouse, son ancien dominus, magistrat de la cité et préfet des ouvriers, à qui elle avait déjà donné un enfant. Après le décès de son mari, elle géra les biens et le prestige de sa famille en décorant, plutôt en inondant145, le forum de sa cité d’une galerie de portraits des siens et même de ses amis influents146.
55Or cet étalage d’autoreprésentation publique contraste avec la discrétion de sa sépulture, en pleine campagne, loin du centre public, probablement voisine d’une uilla147. Le monument est une construction de 10,5 m x 8,64 m en opus quadratum, dont subsiste une partie de la voûte, deux bancs et six loculi destinés à recevoir des urnes cinéraires non conservées148. Le tombeau semble avoir été réutilisé pour servir de sépulture à Acilia Plecusa dont les restes furent déposés dans un sarcophage en marbre sans décor. La sobriété est ici de rigueur et seul un modeste autel funéraire rappelle le nom de la maîtresse des lieux149. Son souvenir social était en ville et seuls ses proches se rendaient sur sa tombe pour se recueillir dans la solitude.
Autres régions, autres pratiques : les blocs funéraires du iie siècle
56Dans certains secteurs de la péninsule, notamment dans les cités du centre et du nord de la Lusitanie, ainsi que dans le centre et le nord-ouest de la Citérieure, régions qui étaient les plus éloignées de l’Italie, l’arrivée de population italique fut très rare ; les cités ont conservé, pour la plupart, leur condition stipendiaire jusqu’à l’époque flavienne et la réception du droit latin. La coutume de la pratique épigraphique s’est répandue plus tard qu’ailleurs. Là, les grands monuments funéraires de type italien du ier siècle, avec les statues et les inscriptions qui les décoraient, n’ont pas existé, car les pratiques funéraires locales étaient étrangères à une telle exposition. Au début de l’Empire, l’entretien de la mémoire dynastique et l’autoreprésentation des notables ne correspondaient pas à des besoins sociaux, ce qui explique aussi, dans ces cités, l’absence de données concernant les femmes de l’élite.
57Cependant, même dans ces régions en apparence excentrées, les épitaphes en latin sur pierre, sous la forme de plaques ou de stèles de types divers, commencent à être de plus en plus fréquentes dès 50 p.C. La datation des textes n’est pas si aisée, parce que les formules traditionnelles, surtout D. M., furent utilisées plus tard qu’ailleurs, souvent vers 150 p.C., avec les nouvelles conceptions funéraires qui les imposaient150. Au iie siècle, dans les nécropoles des cités de ce vaste espace, les stèles posées dans des enclos cohabitèrent avec des monuments de plus grande taille, sûrement plus riches. La forme de ces derniers est inconnue, mais ils pouvaient ressembler à des columbaria ; il s’agit, en tout cas, de petites constructions. Les urnes y étaient conservées, protégées par des plaques et, surtout, par des blocs architecturaux, typiques des cités de l’intérieur et du nord hispaniques, et qui portaient les inscriptions funéraires. Ces pratiques architecturales originales, qui ne sont qu’un reflet des pratiques sociales, vont de pair avec une autre particularité : dans les cités où sont fréquentes les épitaphes funéraires sur bloc, appartenant probablement à des monuments de plus ou moins grande taille, on trouve rarement des hommages in loco publico érigés aux notables locaux. Le contraire est aussi vrai : dans les cités où les vestiges de statues sur piédestaux sont nombreux au iie siècle et au début du iiie (encore une fois dans certaines ciuitates orientales de la Citérieure et en Bétique), les restes des épitaphes monumentales de la même époque sont peu significatifs : les gens distingués préféraient généralement les autels funéraires.
58L’épigraphie d’Igaedis illustre parfaitement ces particularités, que l’on peut étendre au reste des cités de l’Hispanie nord-orientale, même si les exemples y sont moins nombreux151. Si les piédestaux sont rares, les blocs funéraires en granit abondent. Les plus anciens datent de la seconde moitié du ier siècle, notamment du dernier quart ; les épitaphes sont au nominatif et le défunt est souvent de condition pérégrine. Ce type de support reste très fréquent au iie siècle, mais les noms des défunts sont inscrits au datif. Les textes sont toujours très simples : la dénomination de la personne décédée est suivie de celles des dédicants avec leur degré de parenté. Les formules (f(aciendum) c(urauit), ex testamento) et l’absence de la mention de l’âge pour le défunt les rapprochent des textes honorifiques. La consécration aux Dieux Mânes s’avère exceptionnelle, probablement parce qu’elle était exprimée ailleurs152 (fig. 13).
59Les monuments de ce type sont encore nombreux en Lusitanie à la fin du iie siècle et dans la première moitié du iiie. Ils transmettent les noms des notables et de leur épouse en indiquant même leur statut. Cette pratique fut favorisée par les promotions sociales qui, à partir de Septime Sévère, touchèrent les notables lusitaniens, dont certains étaient entrés au Sénat. Ils furent enterrés dans de grands tombeaux, que l’on construisait alors dans le centre et le sud de la province. C’est grâce à ces monuments (à la différence de ce qui se passe dans les autres provinces), que l’on connaît ici les noms de magistrats défunts, de prêtres et même de sénateurs.
60Comme par dans le passé, les femmes occupaient une place de choix dans ces sépultures. Les exemples les plus remarquables s’en trouvent à Ebora, où [---]lia Q. f. Avita [273] érigea le monument funéraire de son fils, jeune clarissime, mort très tôt. Dans la même cité, Calpurnia Sabina [274] fit élever le tombeau de son mari, Q. Iul(ius) Maximus, préteur désigné153, et de ses enfants, Q. Iul(ius) Clarus, c(larissimus) i(uuenis)154, et Q. Iul(ius) Nepotianus, c(larissimus) i(uuenis)155, tous deux quattuoruiri chargés de la voirie de Rome. Toujours à Ebora, Catinia M. fil. Aciliana [276] fit graver l’épitaphe de sa tante, Canidia Albina [275], sur un magnifique autel funéraire. Outre sa condition de clarissime, elle spécifia que la défunte était la mère du sénateur Catinius Candianus, également disparu. La liste des morts illustres d’Ebora se poursuit au iiie siècle avec le monument de Munnius Marcianus et de Iulia Candida [277], édifié pour leur fille, Munnia Marciana [281], et pour eux-mêmes. La carrière du père de famille n’est pas précisée, mais les dimensions importantes du tombeau et des portraits des défunts laissent imaginer une fortune considérable. Un autre monument de cette même cité a retenu tout particulièrement notre attention, car il était considéré comme la sépulture d’une clarissime, Calchisia, qui avait été flaminique de la province, et de sa famille. On a montré qu’en réalité elle s’appelait Memoria C. f. Calchisia [280] et que, si sa condition de flaminique ne fait aucun doute, elle n’était nullement une dame de l’ordre sénatorial.
61L’épigraphie funéraire d’Olisipo, riche elle aussi, fait connaître quelques autres familles distinguées. Ainsi, à la fin du iie siècle, Iulia M. f. Marcela [300] fit graver l’épitaphe de son époux, Q. Caecilius Q. f. Gal. Caecilianus, magistrat, et celle de son fils, M. Caecilius Q. f. Avitus. À la même époque et dans un monument semblable, Iulia Iusta [301] enterrait, avec son mari L. Iulius Reburrus, son fils, L. Iulius L. f. Iustus, édile, disparu à 28 ans. Un peu plus tard, au iiie siècle, la clarissime de Castra Caecilia, Iulia Decimi f. Casiana [298] fut enterrée à Olisipo par ses filles, Iulia Casiana [299] et Florica Sabina [297].
62Au total, l’analyse détaillée de la documentation funéraire de dames de l’élite hispanique permet de distinguer deux domaines géographiques. Comme nous l’avons souligné à plusieurs reprises, c’est dans la partie de la péninsule qui va de la Bétique à la façade méditerranéenne de l’Hispanie citérieure et au sud de la Lusitanie que les manifestations des dames de l’élite dans les monuments funéraires sont les plus remarquables. Dans ces régions, dès la fin de la République et surtout dès l’époque augustéenne, les tombeaux révèlent le même phénomène qu’en Italie : dynastiques, ils perpétuaient le souvenir d’une famille qui avait réussi localement. La documentation épigraphique met d’abord en avant les magistrats – généralement eux-mêmes d’origine italienne – et leurs épouses. Leurs tombeaux furent ensuite copiés par les sévirs et d’autres personnes en quête de reconnaissance sociale. Ces gens fraîchement enrichis et leurs femmes furent les principaux bâtisseurs des monuments de la seconde moitié du ier siècle, dont l’abondance et la banalité ont fini par marquer le déclin.
63Dans ce processus d’autoreprésentation venu d’Italie, et que l’on peut retrouver dans d’autres provinces où le degré de romanisation fut semblable, comme la Narbonnaise, les femmes occupèrent une place significative à la fois dans la maîtrise de la représentation et dans la réception du monument. En effet, elles étaient enterrées (et surtout représentées) au côté de leur mari, plus rarement avec leurs parents ; ce sont souvent elles qui étaient à l’origine de la construction de la tombe qui devait rappeler à la communauté le souvenir de leur famille. La rédaction des épitaphes, mais surtout la morphologie des statues féminines, permettent de déduire les raisons de cette présence : comme souvent dans le monde romain, les motifs sociaux étaient intiment liés aux raisons d’ordre idéologique, voire moral, elles-mêmes associées à la reconnaissance collective. La mort venue, face à la communauté, les femmes de l’élite jouaient un rôle de mémoire sociale imprégné de moralité : leur présence dans la sépulture signifiait publiquement l’honorabilité d’un notable dont l’épouse était un modèle de vertu domestique. De son portrait en pierre, elle regardait pudiquement les passants, la tête couverte et le corps caché par le manteau. Elle leur disait ainsi que son époux avait réussi aussi bien dans la sphère publique que privée, car il s’était bien occupé de son foyer.
64À la fin du ier siècle, la mémoire des notables, de leurs épouses et de leurs familles s’est d’une certaine manière dédoublée, à mesure qu’évoluaient les pratiques funéraires. Une partie du souvenir est demeurée dans la sphère privée, dans de nouveaux monuments funéraires, fermés au regard de la communauté ; l’autre alla peupler les espaces publics du centre de la cité, où proliférèrent les statues honorifiques. De ce passage de l’autoreprésentation funéraire à l’autoreprésentation honorifique témoignent quelques tombeaux conçus comme de grands monuments à la gloire d’une famille. Cependant, les effigies en ronde-bosse en sont absentes, comme dans la sépulture dite du “couvent de la Trinité” à Sagonte. Au même moment, les tombeaux des nécropoles urbaines sont réutilisés ou deviennent très modestes, tandis que sont fréquents les autels placés dans des enclos funéraires. Au iie siècle en Citérieure, et à la fin du iie siècle et au début du iiie en Lusitanie, les grands mausolées, assez rares, se situent non loin des uillae, et relèvent du contexte privé. Les femmes en furent les hôtesses, parfois les auteures, mais dans un souci constant de représentation convenue d’affect et d’amour familial.
65On constate ainsi que, en règle générale, plus forte fut la pratique honorifique dans une cité au iie siècle, moins connus sont les tombeaux de la même époque, probablement parce qu’on privilégia la réutilisation de monuments existants à la construction dans les nécropoles urbaines. A contrario, dans les régions où l’habitude d’honorer les siens par une statue sur piédestal en ville était quasi inexistante, les constructions funéraires semblent plus abondantes. Partout en revanche, l’évolution des mentalités et des convenances vers l’expression de sentiments plus intimes à l’heure de la mort d’un proche favorisa la présence des femmes et des enfants : dans les épitaphes, les protagonistes n’étaient plus les magistrats ou les membres de l’ordo equester, mais les êtres aimés et disparus : hommes, femmes et enfants.
Notes de bas de page
1 De Visscher 1963, 52-63, à partir de sources juridiques comme Dig., 11.7.2.5 et Gaius, Inst., 2.4.
2 Berendonner 2015, avec les données juridiques.
3 Sur l’apparition des grands tombeaux en Italie suivant l’influence hellénistique pour représenter le prestige des notables locaux ou des affranchis enrichis, voir Giatti 2011, passim.
4 Mouritsen 2005.
5 Sur la naissance de l’épitaphe à Rome, Berrendoner 2015.
6 Cancela 2001 ; Vaquerizo 2010, surtout p. 293-300.
7 Sur la parution de ce type des monuments en Italie, cf. à nouveau Giatti 2011.
8 Sur la typologie, von Hesberg 1992 [1994], 113-134 ; Gros 2001a, 422-435 ; Vaquerizo éd. 2001, 210.
9 Analyse dans von Hesberg 1992 [1994], 147-185 qui signale l’influence des monuments de la Gaule Narbonnaise ; Gros 2002.
10 Sur la typologie, von Hesberg 1992 [1994], 197-209 ; Gros 2001a, 392-398.
11 Beltrán Fortés 1990, 183-226 ; Vaquerizo éd. 2001, 125 et 211 ; Vaquerizo 2010, 293-294.
12 Gros 2001a, 395.
13 Bendala 1976, 73-78.
14 Voir supra annexe 1, p. 55-59 et fiche prosopographique n° [68].
15 León 2001, 263-291.
16 À partir de parallèles stylistiques, Kruse 1975, n° 36, Alexandridis 2004, n° 38 et plus récemment Trimble 2011, 272-276 et n° 163 datent la statue de la grande Herculanaise de Carmo de l’époque antonine. Si cette hypothèse s’avère certaine, ce qui ne nous semble point justifié par ses auteurs, la statue ne serait pas contemporaine de la sépulture ni de l’inscription dont toutes les caractéristiques morphologiques, paléographiques et onomastiques (Servilia n’a pas de cognomen) sont antérieures à 50 p.C. À cela doit s’ajouter le contexte archéologique. Il nous semble qu’il faudrait plutôt partir de cette constatation pour dater les caractéristiques stylistiques des autres statues du même type, et non l’inverse.
17 Trillmich 1993, 311-312 ; León 2001a.
18 Gimeno & Stylow, Polis, 1998, 120-121, n° 17 (AE, 1998, 734 ; HEp, 8, 397 ; AE, 2001, 1197). Pour le texte, se reporter à la notice Aelia L. f. [66].
19 Reste que les dédicants se disent amici, terme rare pour l’époque et le contexte. Peut-être faut-il admettre une possible erreur de lecture (dedit aurait été beaucoup plus logique étant donné la date et le contexte).
20 CIL, II, 1581 ; CIL, II2/5, 400 ; la disparition du monument empêche de vérifier le bien-fondé de cette hypothèse. Sur ces questions, on se reportera à la notice de Iulia C. f. [79].
21 Pour l’analyse du gentilice, se reporter à la notice de Stlacci[a ---] [586].
22 Beltrán & Baena 1996, 36-40 et 133-181 ; Beltrán 1997, 123, fig. 67.
23 Martínez Valle 1995.
24 Martínez Valle 1995, 167-172 (AE, 1991, 1107 ; HEp, 4, 919) ; IRET, 140 ; IRET2, 178.
25 Guitart 1976, 160, n° 1, fragment de frise dorique ; 163-164, n° 5, fragment de frise dorique ; fragments des colonnes, 164, n° 7 ; n° 6 et 9, autres restes architecturaux.
26 Guitart 1976, 160-161, n° 1 ; Marcks 2008, n° 186 et Guitart 1976, 161-162, n° 2 ; Marcks 2008, n° 187. Il s’agit de togati vêtus d’une toga exigua de type Pallium.
27 Guitart 1976, 163, n° 3 ; Marcks 2008, n° 79.
28 Guitart 1976, 165 associe, à notre avis à juste titre, l’inscription, les statues et le monument funéraire. Cependant, les auteurs des IRC (I, 147) pensent que l’épitaphe pourrait être un peu plus tardive (seconde moitié du ier siècle), ce qui n’empêche pas son emplacement sur le même monument funéraire. On a découvert plusieurs petits fragments de plaques funéraires de chronologie diverse associées à la uilla, IRC, I, 148-155.
29 IRC, I, 147.
30 Pour les commentaires onomastiques, se reporter à la notice de Propertia Iucunda [440].
31 Gros 2001a, 392-399.
32 Maxfield 1981, 89-93.
33 Les commentaires sur ces peintures dans Abad 1976, 79-80 et 354-355 ; Guiral 2002, 98-101.
34 von Hesberg 1993 ; Bendala 2002, 90-95 ; Márquez 2006.
35 Voir infra, p. 79-88.
36 Sur le type Formia, voir supra, annexe n° 1, p. 56.
37 Edmondson 2000, 302.
38 Sur les piédestaux doubles, voir partie I, p. 35-36.
39 Au vu de la complexité du dossier, nous n’avons pas tenu compte des dames indiquées dans les stèles avec l’indicatio pedaturae. La liste dans Vaquerizo 2010, 74-83. Par prudence en ce qui concerne leur chronologie et leur contexte urbain, nous n’avons pas retenu ici de données de l’épigraphie de Sofuentes, province de Saragosse, appartenant à une cité romaine inconnue (ERZ, 32, 33, 36-40), de Calomarde (E.R.Ter., 8 et 9), d’Hinojosa de Jarque (E.R.Ter., 14), et de Iglesuela del Cid (E.R.Ter., 15 à 18) peut-être l’antique Edeba dans la province de Teruel et du deuxième monument funéraire de Chiprana, Saragosse (ERZ, 17), où des femmes sont indiquées. Sur ces monuments funéraires, cf. Cancela 2001.
40 Ce tableau tient compte des épitaphes du ier siècle issues, plus la plupart, des nécropoles urbaines. Comme notre corpus prosopographique, les tableaux de synthèse commencent toujours par la Bétique, se poursuivent par la Lusitanie et finissent par la Citérieure. À l’intérieur de chaque province, les références aux femmes sont classées par ordre chronologique.
41 Sur les Italiens et les monuments funéraires à Barcino, une analyse récente dans Rodà 2011, 233-253. Rappelons que Barcino a livré de nombreux monuments du type autel datés de la première moitié du ier s. p.C.
42 Les hypothèses sur le type de monument funéraire dans Beltrán & Baena 1996, 93-95.
43 N° 24 et 25 du tableau.
44 [---l]ia Berulla [7] enterrée à la fin du ier siècle dans le même monument funéraire que son mari et patronus, [---]lius Pagan[us], [mag(ister) La]rum Aug(ustorum), CIL, II, 2233 ; CIL, II2/7, 327.
45 Fuficia M. l. Maurilla [42] érigea, avec ses enfants, le monument funéraire de son époux, M. Fuficius M. l. Quietus, augustal CIL, II, 1630 ; CIL, II2/5, 617.
46 CIL, II2/5, 424, épitaphe d’un affranchi augustal, M. Calpurnius [M. l.] Vernio, des enfants qu’il eut d’un premier mariage étant encore esclave, trois filles et un garçon (Calpurnia M. l. Nebris [134], M. Calpurnius M. l. Chryseros, Calpurnia M. l. Phyramis [135] et Calpurnia M. l. Vitalis [137]) et, de sa seconde femme, ingénue, Blattia Modesta [133].
47 À ce propos, voir chapitre 1, p. 47-51.
48 Il s’agit de n° de Marcks 2008 1 ; 2 ; 8 ; 12 ; 19 ; 46 ; 58 ; 59 ; 60 ; 84 ; 91 ; 92 ; 93 et 99. Commentaires sur les découvertes iconographiques dans Marcks 2008, passim.
49 Koppel 1985, n° 101 ; Baena 2000, 3 et 10 ; Marcks 2008, n° 93. La statue mesure 149 cm (sans la tête).
50 Cette sculpture a toujours été datée de la fin de la République, Koppel 1985, n° 99 ; Baena 2000, 3 et 10 ; on doit à C. Marcks n° 91 cette nouvelle datation. Elle mesure 180 cm.
51 Ce corps de femme avait également été daté à la fin de la République, Koppel 1985, n° 100 ; Baena 2000, 3 ; nouvelle datation de Marcks 2008, n° 92. Elle mesure 173 cm. D’autres statues de ce type, antérieures à l’époque flavienne, ont été découvertes dans la péninsule Ibérique dans un contexte peut-être funéraire : une à Emerita Augusta (Marcks 2008, n° 59) et une autre à Niebla, du début de l’Empire (Marcks 2008, n° 54). Un exemple de Cordoue, Marcks 2008, n° 19.
52 Kockel 1993 ; 2007.
53 von Hesberg 1993, 159-164, fig. 78a.
54 Une de ces sculptures pourrait avoir été surmontée d’une tête-portrait de femme en calcaire recouverte d’enduit (Koppel 1985, n° 115). Ces statues féminines ont été trouvées avec un togatus également en calcaire (Koppel 1985, n° 98). On ignore le lieu de découverte de trois autres togati taillés dans le même matériau.
55 Linfert 1976, 152 ; Marcks 2008, n° 46.
56 Description du monument, supra p. 68-70.
57 Description, supra p. 70-72.
58 Sur la sculpture à l’époque républicaine dans la péninsule Ibérique cf. Noguera & Rodríguez Oliva 2008, avec la bibliographie antérieure.
59 Noguera & Rodríguez Oliva 2008, 437.
60 Noguera & Rodríguez Oliva 2008, 438, avec d’autres exemples trouvés hors contexte de statues assises de cette époque.
61 Bendala 1976, 73 ; Marcks 2008, n° 8. Dans la même ville de Carmo, on a découvert une partie du corps d’une statue féminine du milieu du ier siècle qui aurait pu se trouver dans cette même nécropole, Marcks 2008, n° 9.
62 Trimble 2000, 45, n. 5 avec toute la bibliographie sur la question et 2011, 22, n. 18. Sur la création du prototype au ive siècle, probablement pour représenter Korè et Déméter, Funchs 1987.
63 Pour les précédents hellénistiques et les débuts romains, voir Trimble 2000, 48-50.
64 Sur ce type de statue féminine vêtue, il faut se reporter au tableau de l’annexe 1, p. 56.
65 Les vestiges conservés dans la péninsule Ibérique sont peu nombreux : à Astigi, dans un contexte inconnu (Baena 2000, 11 ; Marcks 2008, n° 22) ; à Emerita, probablement d’époque sévérienne et peut-être funéraire, Marcks 2008, n° 64 ; Trimble 2011, n° 164 ; à Pollentia, Trimble 2011, n° 165 probablement impérial, car la statue féminine a été trouvée à côté d’un togatus et d’une statue cuirassée. Deux variantes sont également à signaler, une à Mérida (Trimble 2011, n° 201) et une autre à Veleia, trouvée réutilisée près de la muraille (Trimble 2011, n° 202). Cf. Baena 2000, 3, avec la liste des exemples conservés dans la péninsule Ibérique (p. 9-10).
66 Un résumé de la sculpture funéraire à Cordoue et en Bétique en général dans Vaquerizo 2010, 293-298.
67 Marcks 2008, n° 12.
68 Marcks 2008, n° 19, de la variante bracchio cohibito avec sinus.
69 Une statue masculine togata du ier siècle a également été trouvée dans cette même nécropole (Marcks 2008, n° 117).
70 Il s’agit du monument dit de la rue Muñices : Liébana & Ruiz Osuna 2006, 310 ; Vaquerizo 2010, 119.
71 Garriguet 2006, 211-212.
72 Marcks 2008, n° 1 et 2. Variante Eumachia de Pompéi.
73 Nogales 1997a, 57, n° 39 en ce qui concerne la tête, et Marcks 2008, n° 58, en ce qui concerne le corps. On a découvert dans cette même nécropole un corps masculin en toge du règne de Tibère, Marcks 2008, n° 160. D’autres statues de type Palliata d’époque julio-claudienne ont été découvertes dans les cités hispaniques, mais hors contexte : une à Cordoue (Marcks 2008, n° 10) et une autre à Orippo (Marcks 2008, n° 44).
74 Marcks 2008, n° 60. Trouvé dans le mausolée dénommé El Prado.
75 Voir infra, p. 107-114, le début des monuments honorifiques et ses vestiges iconographiques. Il existe cependant d’autres statues type Korè datées des Flaviens dont le contexte est inconnu (à Obulco et à Nabrissa, augusto-tibérienne, respectivement Marcks 2008, n° 35 et 28 ; à Tarraco, sous Claude, Marcks 2008, n° 96 ; à Barcino, Marcks 2008, n° 80, augusto-tibérienne).
76 Sur la datation probablement erronée de Kruse, Alexandridis et Trimble de cette statue à l’époque antonine, voir supra p. 66, n. 16.
77 Togata variante Pallium, Marcks 2008, n° 18, tibérien ; type Hüftbausch du milieu du ier siècle, Marcks 2008, n° 20 ; Formia du début de l’Empire, Marcks 2008, n° 21. Deux têtes-portraits de femmes antérieures à l’époque flavienne ont été trouvées à Cordoue. On ignore cependant le contexte de leur découverte : León 2001a, n° 50, 52.
78 Marcks 2008, n° 38. Variante Eumachia de Pompéi. Autres statues du même type trouvées hors contexte : à Asido, tibéro-claudienne (Marcks 2008, n° 31) ; à Obulco, augusto-tibérienne, Marcks 2008, n° 35 ; à Italica, tibérienne, Marcks 2008, n° 42 ; à Asturica Augusta, datation inconnue, Marcks 2008, n° 78.
79 On ne retiendra ici que les pièces dont la datation ancienne est sûre. On exclut donc Marcks 2008, n° 69 et 70.
80 Baena 2000, 10 ; Marcks 2008, n° 65.
81 Baena 2000, 5 ; Marcks 2008, n° 68.
82 Marcks 2008, n° 67. Il s’agit d’une variante du type Berlin.
83 Marcks 2008, n° 71.
84 Marcks 2008, n° 72.
85 Marcks 2008, n° 66, 69, 70.
86 Baena 2000, 7 ; Marcks 2008, n° 63.
87 Rodà 2009, 516.
88 Marcks 2008, n° 81.
89 Marcks 2008, n° 88 ; Rodà 2009, 516.
90 Voir infra p. 111-114.
91 Vaquerizo 2010, 205 avec la bibliographie antérieure.
92 Smith 1988 ; Rose 1997, 3-7.
93 À l’exception d’un exemple trouvé dans le forum de Pollentia (Marcks 2008, n° 77), toutes les statues du type Pudicitia, sous ses différentes variantes, issues de la péninsule Ibérique, semblent appartenir à un contexte funéraire daté du ier siècle.
94 Marcks 2008.
95 Noguera 2012, n° 14, 15 et 16.
96 Noguera 2012, 222-225.
97 P. 68-70.
98 Koppel 1985, n° 114. Cette tête pouvait couronner une des statues en calcaire découverte dans la nécropole paléochrétienne.
99 León 2001a, 150-153, n° 39.
100 León 2001a, 160-163, n° 42 = 2001b, n° 7.
101 Il s’agit respectivement des n° León 2001a, 164-165, n° 43 = 2001b, n° 8 ; 2001a, 172-173, n° 46 = 2001b, n° 9 ; 2001a, 174-177, n° 47 ; 2001b, n° 10 et peut-être 2001a, 168-169, n° 45.
102 León 2001a, 182-185, n° 49 = 2001b, n° 11 ; 2001a, 188-191, n° 51 ; 2001b, n° 12, peut-être 2001a, 194-195, n° 53 = 2001b, n° 13 et 2001a, 212-213, n° 59 = 2001b, n° 14.
103 Respectivement les n° 29 et 31 de l’étude de Nogales 1997a.
104 Du même travail, n° 32, 37 et 39. Signalons la particularité du n° 37 que sa partie inférieure semble situer davantage sur un loculus funéraire. D’ailleurs, le n° 39 a précisément été trouvé encore avec son corps (voir fig. 7).
105 Rodríguez 2007, n° 47.
106 Rodà 1988, 456 avec la bibliographie antérieure, n. 14. Plus récemment, Rodà 2009.
107 García y Bellido 1949, n° 53.
108 Koppel 1985, 87, n° 114 ; Nogales 1997a, 58.
109 Signalons, entre autres, la tête féminine découverte dans la villa de la “Vynia del Taberner”, municipe de Sant Martí Sarroca, près de Tarraco. Trouvée vraisemblablement hors contexte, elle semble associée à une épitaphie, Gorostidi, Ager Tarraconensis, 2010, 21.
110 Trillmich 1993, 54 et 61.
111 Voir infra, p. 152-157 et 174-178.
112 Veyne 19912, 88-92.
113 Zanker 2002, 60-62. Voir aussi les exemples de la Cispadane dans Ortalli 2001.
114 Gros 2001a, 440-443.
115 Deux documents exceptionnels dans la nécropole de Munigua, Trillmich et al. 1993 ; Tafel 139 a, 355.
116 von Hesberg 1992 [1994], 231-232.
117 Gros 2001a, 444.
118 Cancela 2001a et b ; Gros 2001a, 444-454.
119 Voir supra n. 114.
120 Après avoir été praefectus fabrum, il fut tribun militaire de la Ière légion Italica (PME, I, A 141 ; des Boscs, Parti Hisp., 200). Selon Kolendo 1990, 128-133, il exerça ce poste en 66 p.C. environ.
121 Jiménez 1989.
122 Étude épigraphique dans CIL, II2, 14, 337-346 ; ajouter González Villaescusa 2001, n° 9, 174-176.
123 Gros 1987, 332. Elle a été utilisée en tout premier lieu dans le tombeau des Plautii à Tibur, où les arcades aveugles servaient de cadre monumental pour les épitaphes.
124 Accusius signalait la présence des petites mortaises dans la face supérieure des blocs et supposait qu’ils soutenaient des statues. Leur faible longueur empêche cette possibilité. Les mortaises avaient tout simplement une fonction de soutènement architectural d’un petit élément décoratif en bronze.
125 Les deux premières catégories semblent se situer plutôt sur la façade sud et les affranchis sur la façade nord.
126 Il nous semble que la proposition de J. L. Jiménez (1996, 181-194), qui considère qu’il s’agissait d’un monument du type autel ou du type tour, part d’une datation trop ancienne (fin du ier siècle) des inscriptions dont la paléographie et le genre d’hommage funéraire sont en réalité caractéristiques de l’époque de Trajan.
127 CIL, II2, 14/7, 1, 24 a.
128 CIL, II2, 14/7, 1, 24 b.
129 Plin., Nat., 34.9.17.
130 Graen 2008, 77.
131 Menéndez Pidal 1970.
132 Comme dans l’arc des Argentarii à Rome érigé en 204 (Pallotttino 1946 ; Daguet-Gagey 2005).
133 von Hesberg, in : Trillmich et al. 1993, 40.
134 Plin., Nat., 3.24.
135 Le tombeau devait être érigé dans le domaine de la famille, près de leur uilla, sur le territoire d’une cité dont on ignore le nom, ainsi que l’emplacement du chef-lieu. Des vestiges romains ont été découverts dans le voisinage de Dehesa de Baños, associés au passage d’une route importante.
136 Ici encore, le nom et le territoire de la cité ne sont pas connus.
137 Les résultats sont publiés dans Gorostidi, Ager Tarraconensis.
138 Voir la fiche prosopographique de Claudia Atiliana [332].
139 Voir aussi la fiche prosopographique de Numisia L. f. Victorina [371].
140 À Dianium, cf. Pompeia L. f. [---] [516], à Edeta, Postumia C. f. Aprulla [523].
141 Cf. la fiche prosopographique de Popillia L. f. Rectina [575].
142 Cf. Baebia L. f. Lepida [569], [Grat]tia Maximilla [572], Popillia L. f. Rectina [575], [Tere]ntia [---] [581], Varvia Sa[---] [584].
143 Gros 2001a, 448.
144 Un seul exemple de statue féminine pour la première moitié du iie siècle : il s’agit d’un corps de type Korè (Marcks 2008, n° 73), daté de l’époque de Trajan ou Hadrien qui a été découvert à la uilla rustica de Pisôes, district de Beja et probablement dans le territoire de Pax Iulia.
145 On doit cette expression à Stylow 2001a.
146 Sur la description des hommages d’Acilia Plecusa, il faut se reporter à la notice [199].
147 Nécropole de Las Maravillas, Bobadilla, Málaga.
148 Romero Pérez 1993-1994, 195-222.
149 Romero Pérez 1993-1994, 206-207 et CIL, II2/5 830. Voir photographie de l’autel dans la fiche prosopographie d’Acilia Plecusa [199].
150 Sur la chronologie des stèles du centre-nord de la péninsule Ibérique, Navarro Caballero 1998, 175-186.
151 Sur l’épigraphie d’Igaedis, Almeida 1956 et Ciuitas Igaeditanorum.
152 D’ailleurs, D. M. S. apparaît dans une inscription d’Igaedis (HEp, 13, 905), mais rajoutée dans la partie supérieure du bloc, en dehors du champ épigraphique en creux.
153 PIR2 I 424 : Étienne, EOS, 5 ; Caballos, Senadores, 90.
154 PIR2 I 294 ; Étienne, EOS, 6 ; Caballos, Senadores, 86.
155 PIR2 I 266 ; Étienne, EOS, 7 ; Caballos, Senadores, 92.
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Architecture romaine d’Asie Mineure
Les monuments de Xanthos et leur ornementation
Laurence Cavalier
2005
D’Homère à Plutarque. Itinéraires historiques
Recueil d'articles de Claude Mossé
Claude Mossé Patrice Brun (éd.)
2007
Pagus, castellum et civitas
Études d’épigraphie et d’histoire sur le village et la cité en Afrique romaine
Samir Aounallah
2010
Orner la cité
Enjeux culturels et politiques du paysage urbain dans l’Asie gréco-romaine
Anne-Valérie Pont
2010