Les fourches patibulaires en Dordogne. État des lieux et premières pistes de réflexions archéologiques sur la justice médiévale et moderne
p. 121-138
Texte intégral
1Depuis quelques années en France, l’intérêt pour les équipements de la justice médiévale et moderne, et plus particulièrement pour les fourches patibulaires s’est renouvelé1. À l’instar des recherches européennes, qui ont fait de l’histoire et de l’archéologie des sites d’exécution un champ historiographique à part entière2, les dernières publications françaises s’ouvrent à l’interdisciplinarité. Longtemps appréhendées au sein de l’histoire de la mort pénale, les fourches patibulaires sont désormais étudiées pour elles-mêmes au travers des textes3, de l’iconographie4 et à la lumière des premières investigations archéologiques menées sur le territoire français5.
2Aujourd’hui, la nature multiple des fourches patibulaires semble bien établie : supports de l’exécution par pendaison et de la peine d’exposition qui la complète presque toujours, les fourches patibulaires sont aussi des marqueurs matériels et symboliques du droit de haute justice6. Enfin, les lieux patibulaires accueillent parfois les corps des suppliciés et servent ainsi d’espace d’inhumation7.
3Pour autant, quelques aspects des fourches restent méconnus : leur fonctionnement usuel, par exemple, n’a été que rarement abordé dans l’histoire des recherches, au profit d’une dimension symbolique que l’on a reconnue assez tôt8. De même, si les caractéristiques topographiques des lieux patibulaires sont régulièrement mises en avant dans les publications9, leur répartition à l’échelle d’un territoire n’a jamais fait l’objet d’une étude de synthèse.
4En France particulièrement, peu de structures ont été étudiées, et de manière très sporadique. Si les structures emblématiques, comme le gibet royal de Montfaucon, ont longtemps polarisé l’attention10, les fourches moins fameuses n’ont souvent fait l’objet que de recensements menés au gré des données locales11. Le regain d’intérêt de ces dix dernières années a donc permis de multiplier les travaux et d’appréhender ces instruments de justice à une échelle plus large : celle d’une juridiction12, ou même de toute une région13.
5Dans la lignée de ces recherches, l’exemple du Périgord permet d’interroger les structures coexistant sur un même territoire et de répondre aux problématiques de la spatialisation du pouvoir au travers de ses instruments de justice. Au sein d’un espace où différentes autorités sont en place, et sont souvent en conflit à propos de leur emprise juridictionnelle, la manifestation matérielle du droit de punir est en effet fondamentale. Les fourches ancrent au sol un pouvoir ; identifier les lieux patibulaires permet donc de reconstituer le paysage juridictionnel médiéval et moderne, ainsi que de questionner la procédure pénale au regard de l’implantation des lieux d’exécution.
6Le cadre chronologique retenu a été imposé par les sources : si les premières mentions de fourches périgourdines datent du tout début du xive s., elles restent assez rares jusqu’à la multiplication des actes de la pratique judiciaire au xvie s. Dresser une cartographie de ces instruments de justice nécessite donc d’embrasser une grande quantité de documentation du Moyen Âge à l’Époque moderne afin de pouvoir identifier un maximum de structures, et donc de lieux de pendaison. L’article suivant présente à la fois notre méthodologie et nos résultats.
7Quelques considérations générales sur les fourches patibulaires du Périgord seront d’abord établies d’après les sources écrites utilisées. Puis, la spatialisation de la justice au travers de ses instruments sera questionnée à l’échelle du territoire. Enfin, l’apport des données toponymiques et topographiques à la compréhension du paysage judiciaire sera démontré à l’échelle d’une juridiction.
Les fourches patibulaires du Périgord (xive-xviiie s.) : considérations liminaires
8Au tout début du xive s., où nous plaçons le point de départ de nos recherches14, le comté de Périgord ne représente qu’une petite moitié de la Dordogne actuelle (fig. 1). Le territoire comtal, qui a subi plusieurs remaniements successifs, comprend de nombreuses enclaves dont la propriété passe de main en main au gré des hommages et des ventes de terres15.
9À l’image de ce territoire morcelé, les juridictions sont nombreuses et variées : ici et là, les droits de haute justice sont concédés, acensés, ou même partagés entre le comte et d’autres autorités. Le cas de Périgueux illustre tout à fait cet imbroglio juridictionnel. Au début du xiiie s., la haute justice a été acensée par le comte aux maires et aux consuls16. Ces derniers exercent leur juridiction sur la ville ainsi que sur certains domaines situés à sa périphérie, moyennant une rente annuelle et quelques conditions restrictives17. Le comte se voit réserver les crimes commis par ses gens et tous les cas d’homicides : les maires et consuls sont tenus de présenter les criminels devant la porte de l’aula comtale, afin que le comte lui-même ou ses sergents puissent procéder à l’exécution. Par ailleurs, depuis 1317, le comte partage aussi sa juridiction avec le chapitre Saint-Front sur quelques domaines situés à la périphérie de Périgueux. Cette dernière dispose de ses propres infrastructures judiciaires, et possède une prison et des fourches patibulaires18.
10Au Moyen Âge, le territoire sur lequel les comtes de Périgord exercent une pleine juridiction est donc assez restreint, et les nouvelles concessions reçues des mains du roi au cours du xive s.19 ne modifient pas en profondeur le domaine. En 1400, lorsque le comté est finalement confisqué et remis aux mains du duc d’Orléans20, il est encore morcelé par de nombreuses enclaves.
11Cette situation favorise de tout temps les conflits au sein du territoire comtal, ainsi qu’à ses marges : le comte doit d’autant plus défendre et manifester ses droits de justice qu’il s’éloigne de ses terres et se confronte à d’autres autorités. De leur côté, les hautes justices seigneuriales ou municipales font de même sur leur domaine. Ainsi, le paysage périgourdin, à mesure des conflits ou des démonstrations de pouvoir, s’emplit de fourches patibulaires. À cet égard, l’identification et la localisation des fourches au-delà du domaine comtal permet de rendre compte de l’utilisation de l’espace juridictionnel par les différents pouvoirs en place. Dans le cadre de cette étude, notre regard s’est porté jusqu’aux limites de la Dordogne actuelle.
12Bien qu’ayant un rôle fonctionnel et symbolique indéniable, les fourches patibulaires sont peu mentionnées dans les textes : sur toute la période considérée, une quarantaine de structures seulement a été recensée21. Au Moyen Âge, les fourches sont évoquées dans les actes de la pratique judiciaire et les sources de gestion à proportion égale. Les premiers documents font surtout état de conflits de juridiction, dans lesquels les fourches ont un rôle central. Si leur érection et leur usage peuvent se révéler être des arguments juridiques lorsqu’il s’agit pour leur détenteur de prouver ses droits de haute justice22, le lieu de leur implantation est également d’une grande importance. Dans ces actes en effet, les fourches ont souvent le rôle de marqueurs de l’emprise territoriale de la juridiction. Cette fonction n’est en revanche presque jamais évoquée dans les documents de gestion. Les registres de comptes de Périgueux, qui ont fourni pour les xive-xve s. le plus grand nombre d’occurrences, permettent surtout d’appréhender les structures dans leurs fonctions les plus usuelles, comme supports de l’exécution, de l’exposition des corps, et parfois comme espaces d’inhumation23.
13À l’Époque moderne, le développement de l’arsenal judiciaire du pouvoir monarchique favorise la multiplication des actes de la pratique. Les registres des sénéchaussées puis des présidiaux de Périgueux24, de Sarlat25 et de Bergerac26 compilent des documents allant de 1524 à 1790. Pourtant, sur l’ensemble de ces registres, on dénombre seulement 11 mentions de fourches patibulaires. Comment expliquer cette faible représentation quand, sur la même base documentaire, plus de 60 cas de pendaisons sont recensés ?
14En réalité, les sentences qui font état d’une pendaison révèlent que le support matériel le plus souvent utilisé est la potence. Presque jamais citée dans les sources médiévales, elle paraît dorénavant concentrer la plupart des exécutions. Les fourches patibulaires, elles, ne sont mentionnées qu’en tant que supports d’une exposition prolongée, et sont utilisées indépendamment de la peine appliquée, après une exécution qui s’est produite ailleurs27. Il est difficile de savoir quand cette procédure en deux temps – exécution/exposition – qui implique le recours à deux instruments patibulaires différents s’est fixée, mais la documentation semble faire état d’une évolution entre le xve et le xvie s. Si au Moyen Âge, les lieux de pendaison – à l’exception des fourches – sont méconnus, à l’époque moderne, la procédure pénale peut être modélisée comme suit : l’exécution prend place à une potence dressée dans la ville, puis une courte exposition du corps mort s’y tient28. Dans un deuxième temps, le corps est transféré aux fourches patibulaires, situées en dehors de l’espace urbain.
15Au Moyen Âge comme à l’Époque moderne, l’emplacement des structures patibulaires est donc stratégique et significatif. Si le parcours judiciaire met en lumière la place des équipements de justice dans la trame urbaine, la répartition des structures à plus large échelle permet d’appréhender les problématiques de la manifestation matérielle du pouvoir.
16Sur l’ensemble de la documentation consultée, la quarantaine de mentions recensées a permis d’identifier 22 structures. Afin de répondre aux problématiques spatiales évoquées, il a fallu localiser les lieux de leur implantation.
La répartition des fourches patibulaires sur le territoire périgourdin
17Si les fourches patibulaires sont peu évoquées dans les sources, il est encore plus rare de trouver des informations sur les lieux où elles sont implantées. Ainsi, les mentions qui permettent de localiser (plus ou moins précisément) certaines structures proviennent surtout de registres terriers ou d’actes de vente qui requièrent une description des lieux (2 cas sur 41 dans notre corpus). Les cas de structures dont on connaît l’implantation exacte, comme les fourches de la juridiction consulaire de Périgueux situées sur la colline d’Écornebœuf, restent exceptionnels29.
18Les problématiques liées à la spatialisation des fourches doivent donc être appréhendées à plusieurs échelles, en fonction de la possibilité ou non de localiser précisément les sites.
19Pour étudier la répartition des sites sur le territoire comtal et à ses limites, une localisation par commune et une première cartographie établie d’après les sources écrites suffisent à mettre en évidence quelques caractéristiques (fig. 2)30. Les mentions permettant le plus souvent d’identifier les détenteurs des fourches, on saisit au premier regard le visage multiple de la haute justice périgourdine : les justices royales, municipales et seigneuriales coexistent, se partageant parfois une même juridiction (cas de Périgueux).
20À l’intérieur du domaine comtal, les différentes structures identifiées illustrent bien le morcellement juridictionnel. Les fourches comtales ne sont pas nombreuses (deux structures connues à Périgueux et Atur) et sont concentrées autour de Périgueux, où le comte rendait ses assises. Les fourches patibulaires des hautes justices ecclésiastiques et seigneuriales semblent rayonner autour de ce centre névralgique : il est fort probable en effet que c’était à proximité de structures déjà en place que d’autres étaient érigées et manifestaient un pouvoir coexistant, si ce n’est concurrent.
21Aux marges du comté du Périgord, la répartition des structures exprime le même phénomène : dans la vicomté de Turenne, les fourches se dressent autour de la ville où siège le vicomte (Eyvigues), les conflits de juridiction ayant favorisé leur érection. En 1309 par exemple, un conflit éclate entre le vicomte de Turenne lui-même et le seigneur Geoffroy de Pons à propos des limites juridictionnelles de l’un et de l’autre. Ces derniers mènent alors des attaques armées particulièrement violentes dans leurs territoires respectifs. Bien que les excès commis fussent nombreux31, l’acte qui nous est parvenu sur l’affaire ne mentionne très précisément qu’un seul fait : les hommes du seigneur dépendent un homme des fourches patibulaires d’Eyvigues, et le rependent aux fourches de Geoffroy de Pons, à Carlux32.
22Le vicomte mène alors une opération afin de récupérer le corps, et le fait rependre à Eyvigues33. Mais, le seigneur de Pons réitère l’opération, reprend une deuxième fois le corps, le repend à ses propres fourches à Carlux et, au passage, détruit celles du vicomte de Turenne.
23L’arrêt du Parlement de Paris, devant lequel fut portée l’affaire par le sénéchal du Périgord, condamne le vicomte de Turenne à une amende de 100 livres. Geoffroy de Pons, lui, est condamné à 1000 livres, et doit reconstruire les fourches patibulaires qu’il a abattues. Leur destruction est donc hautement condamnée, plus que le vol du corps, car elle constitue une attaque directe contre le droit de justice, celui du vicomte qui plus est.
24Dans cet exemple, les fourches sont à la fois des symboles de la haute justice et des marqueurs juridictionnels ; le lieu de leur implantation est donc significatif. La topographie des structures patibulaires est celle de la communication et de l’évidence visuelle : dans un contexte où les juridictions sont nombreuses au sein d’un même territoire, on manifeste donc bien ses droits par leur matérialisation.
25Cette manifestation matérielle semble être favorisée dans deux cas en particulier : quand l’emprise juridictionnelle d’une autorité est floue et donne donc lieu à contestation ou revendication, ou quand l’attribution ou la cession d’un droit doit se faire connaître et justifie l’érection d’une structure. Ailleurs sur le territoire en effet, les quelques fourches qui ont pu être identifiées d’après les sources périgourdines témoignent de l’existence de hautes justices concédées ou acensées, et dont les actes de cession comportent un paragraphe qui accorde le droit d’ériger des fourches34.
26Dans les zones où la juridiction du comte ou d’autres seigneurs semble s’appliquer sans heurts, aucune structure n’a été identifiée, soit qu’elles n’aient laissé aucune trace dans les sources écrites, soit qu’elles n’aient tout simplement pas existé. Le rôle de marqueur matériel et symbolique des fourches patibulaires est donc à nuancer quelque peu, à l’échelle du territoire tout au moins. En effet, la volonté de manifester ses droits de justice n’est pas systématique. Pour preuve, les cas qui rapportent un prêt de fourches entre deux autorités bien distinctes.
27À Périgueux en 1332, un procès-verbal rapporte que le sénéchal du Périgord admet que le maire et les consuls lui ont prêté leur prison et leurs fourches35. Pourquoi le roi, qui est à cette époque en plein processus de récupération de ses droits sur son domaine, ne fait-il pas ériger ses propres fourches pour affirmer la supériorité de sa juridiction sur Périgueux ? L’argument économique paraît peu probable.
28Il faut en réalité, pour répondre à cette question, penser le territoire en termes d’espace vécu. Ses limites, qui sont abstraites d’autant qu’elles sont mouvantes, ne sont admises comme telles que par la reconnaissance des hommes d’une autorité exercée sur eux36. Bien que les fourches patibulaires aient eu un rôle didactique certain, il est fort à parier que même sans leur présence, l’habitant ou le justiciable en devenir savait très bien à quelle autorité il était soumis. Dans ce contexte, la multiplication des signes de la haute justice ne répondait à aucune nécessité absolue. Le roi n’avait donc pas besoin d’ériger ses propres fourches à Périgueux pour faire valoir ses prérogatives, tout comme le comte de Périgord n’eut jamais borné tout son territoire : une seule structure pouvait suffire, pourvu qu’une exécution de temps à autre rappelle à chacun que la justice était rendue par qui de droit.
29À l’échelle d’une juridiction, l’implantation des fourches répond en revanche à d’autres exigences. L’identification des autorités judiciaires n’étant pas forcément nécessaire au sein même de la communauté, c’est un autre rôle que les fourches investissent alors. Juchées loin de l’espace urbain mais visibles du plus grand nombre, elles sont les vecteurs de communication d’une justice efficace, qui répond elle-même à certains codes exprimés spatialement.
L’implantation des fourches patibulaires à l’échelle d’une juridiction
30L’identification des lieux patibulaires à plus petite échelle permet de rendre compte de leurs caractéristiques topographiques. Ces dernières sont à penser en rapport avec l’espace urbain, qui concentre les autres infrastructures de la justice : lieux de jugement, de détention et aussi lieux d’exécution. Pour aller plus loin dans ces problématiques spatiales, et dans la perspective d’investigations archéologiques, la localisation précise des sites est donc essentielle. En l’absence de données fournies par les sources écrites, il faut alors considérer l’apport de la toponymie37.
31Sur la vingtaine de lieux identifiés à l’échelle du département, seules cinq correspondances entre sources écrites et toponymie existent. Elles concernent les villes de Bergerac (Les piles ; Les fourches), d’Issigeac (Les justices), de Domme (La justice), de Nontron (Les justices) et de Mandacou (Le terme du pendu). Nous pouvons ajouter à cette liste le cas particulier de Lalinde, dont les fourches patibulaires, bien que ne faisant pas l’objet de mentions écrites, sont représentées sur la carte dite de Cassini38. Le toponyme “Les justices” a en effet été recensé sur cette commune.
32Pour chacun de ces sites, une première étude topographique a été menée afin de déterminer si les lieux désignés par les toponymes correspondaient à ce que l’historiographie admet communément sur l’implantation des structures. Notre recherche s’est donc focalisée sur les limites et les altitudes, et sur la présence de voies de communication à proximité des sites39.
33Prenons les exemples d’Issigeac et de Lalinde, les seuls pour lesquels les lieux-dits sont représentés à la fois sur les cartes anciennes et sur les cartes IGN.
34Dans le cas de Lalinde, la ville est située au nord de la Dordogne, première limite naturelle. Le toponyme “Les justices” est situé légèrement au nord-est de l’ancienne bastide, à moins d’un kilomètre (fig. 3). En revanche, il ne se situe à aucune des limites actuelles de la commune. La présence d’un toponyme “Le Terme” situé à proximité immédiate du lieu-dit “Les justices” suggère cependant qu’une limite de paroisse pouvait exister à l’époque moderne. Ce toponyme est d’ailleurs indiqué sur la carte de Cassini, sous la forme “La Borie du Terme”.
35La ville d’Issigeac s’est développée au sud du cours de la Banège. Le toponyme “Les justices” se trouve par-delà la rivière, au nord-est de la ville, à moins d’un kilomètre (fig. 4).
36Le toponyme ne se trouve pas aux limites actuelles de la commune. Les communes limitrophes actuelles situées au plus près du toponyme sont Montaut au nord-est et Monsaguel au nord-ouest. Leur représentation sur la carte de Cassini par rapport au toponyme “La justice” semble indiquer que le lieu-dit était en effet aux limites des trois villes.
37Si la question des limites médiévales et modernes est difficile à appréhender, on peut penser la position des fourches par rapport à la ville en termes de marges ou de confins. À cet égard, il apparaît assez clairement que les toponymes sont situés en effet aux marges du centre urbain. Quand la trame urbanistique médiévale ou moderne est encore visible aujourd’hui (les villes d’Issigeac et de Lalinde se sont développées à l’intérieur de remparts), on identifie facilement les toponymes comme étant situés à l’extérieur des villes.
38À supposer que les toponymes désignent bien les anciens lieux d’exécution et l’emplacement des fourches patibulaires, on retrace alors en partie le parcours judiciaire qui menait jusqu’à eux. Dans les deux cas étudiés, il fallait d’abord sortir des murs de la ville, puis parfois traverser des limites naturelles avant d’arriver au lieu patibulaire. Ce parcours restait cependant assez court, faisant moins d’un kilomètre à pied. Les fourches restent donc assez proches de l’espace urbain. Cette distance réduite permettait-elle une meilleure visibilité des structures, ou cette dernière pouvait-elle s’imposer autrement ?
39L’implantation des fourches patibulaires dans des lieux élevés est privilégiée par les autorités judiciaires dans un but didactique et symbolique40. Le message de la justice distillé par les structures doit être visible partout et de tous. C’est pourquoi le choix d’espaces situés en hauteur paraît être le plus évident. Pour autant, ce choix n’est pas toujours possible.
40À ce sujet, les deux exemples de Lalinde et d’Issigeac sont tout à fait enrichissants. Dans le cas de Lalinde, la position du toponyme “Les justices” correspond à ce que l’on admet communément sur l’implantation des fourches. Situé en hauteur par rapport au lieu de vie de la communauté urbaine, le lieu-dit culmine à 112 m d’altitude, tandis que le centre de la ville se situe à une quarantaine de mètres. Le profil altimétrique établi entre ces deux points rend bien compte de la topographie des lieux (fig. 5). Le cas d’Issigeac est tout à fait différent. Si le lieu-dit est bien en marge du centre urbain, à l’extérieur des murs de la ville, il n’est en revanche pas situé sur une quelconque hauteur, la topographie des lieux ne le permettant simplement pas. Issigeac se trouve en effet dans la vallée de la Banège, et le profil altimétrique reliant la ville au lieu-dit “Les justices” montre une totale absence de relief (fig. 6).
41Si le lieu-dit désigne bien l’emplacement des fourches patibulaires d’Issigeac, force est de constater que ces dernières ne se situaient pas du tout en hauteur. Pourtant, on sait qu’une grande visibilité était recherchée. Celle-ci peut donc se traduire autrement que par la disposition en hauteur des structures, et être induite par un autre choix stratégique d’implantation.
42Les lieux situés à proximité des axes de passage sont en effet propices à une communication visuelle. Fréquentées autant par les habitants de la ville et de sa périphérie que par les gens de passage, les routes qui traversaient le territoire et les différentes juridictions favorisaient la diffusion du message de la justice au plus grand nombre. Ainsi, les toponymes en rapport avec la justice se situent souvent à proximité des grands axes. Les cas de Lalinde et d’Issigeac répondent à cette dernière caractéristique : les lieux-dits sont en effet à proximité immédiate d’une voie de communication importante. La route qui mène vers “Les justices” de Lalinde porte même le nom de “côte des justices”.
43Si une étude complète des toponymes en rapport avec la justice recensés sur le département de la Dordogne n’a pu être menée dans le cadre de ce travail41, l’examen de la localisation de ces derniers par rapport aux voies de communication est formel : aucun toponyme ne se trouve éloigné d’une route. Si ce constat peut paraître évident au regard du besoin impérieux de mener les condamnés jusqu’aux fourches par une voie qui peut être empruntable facilement, il a le mérite d’orienter d’éventuelles opérations de prospection ou de diagnostic : les structures ne sont pas à chercher trop loin de ces axes.
44Les exemples étudiés ont permis de faire écho à ce que l’on connaît de l’implantation des structures et du parcours judiciaire dans les sources écrites : un emplacement stratégique impliquant une bonne visibilité semble en effet privilégié, et est toujours choisi à l’extérieur du centre urbain.
Les fourches patibulaires dans le parcours judiciaire : l’exemple de Périgueux
45Les observations faites d’après les sources écrites et les aspects topographiques des lieux patibulaires ont permis de faire le lien entre les fonctions usuelles des fourches et leur emplacement. Si au Moyen Âge, les fourches peuvent être le support de la pendaison, elles semblent surtout être le support privilégié pour l’exposition du corps des suppliciés, quelle qu’ait été leur peine. À l’Époque moderne, en revanche, aucune mention ne décrit une exécution faite aux fourches patibulaires. Les fourches sont utilisées dans le deuxième temps de la procédure pénale, qui intervient après l’exécution à la potence et une courte exposition à celle-ci. Les actes mentionnent alors clairement un transfert du corps vers les fourches patibulaires pour une exposition prolongée : les éléments d’ordre topographique et toponymique permettent en effet d’identifier les structures à l’extérieur de la ville.
46Au Moyen Âge comme à l’Époque moderne, la principale constante de ce parcours judiciaire – qui a souvent été décrit pour son côté infamant et parfois spectaculaire – semble donc d’exporter le condamné vivant ou mort au dehors de l’espace communautaire. L’exemple de Périgueux, documenté pour les deux époques, illustre bien ce processus.
47Au Moyen Âge, les lieux de jugement et de détention connus se trouvent tous deux au consulat. Le jour de l’exécution, le condamné part de l’hôtel consulaire et commence son parcours, qui peut être ponctué de plusieurs arrêts facultatifs. Il s’arrête éventuellement devant la maison du comte, si le crime commis est un homicide, puis en divers lieux de la ville si une peine infamante ou afflictive a été prononcée en complément de la peine capitale. Enfin, il est conduit jusqu’aux fourches patibulaires pour y être pendu ou son corps exposé42, sachant que dans quelques cas (qui impliquent un démembrement), seuls des morceaux de corps peuvent être exposés en divers endroits.
48Cette schématisation du parcours judiciaire médiéval ne peut bien sûr être appliquée de manière systématique à chaque exécution, mais elle met en évidence plusieurs caractéristiques d’ordre spatial. En premier lieu, les lieux de justices investissent la ville de multiples façons : infrastructures représentant l’autorité (maison consulaire, maison comtale), places publiques, portes (et donc limites) de la ville, sans qu’un lieu en particulier paraisse impliquer des équipements pérennes ni être spécifiquement dédié aux manifestations judiciaires. Ensuite et surtout, le deuxième temps du parcours judiciaire est consacré à l’exportation du criminel et de son crime, et donc du trouble fait à l’ordre public, vers l’extérieur de la ville. Cette relégation a lieu que l’exécution se produise ou non intra muros. En effet, bien que ce constat paraisse évident, il est bon de préciser qu’aucun exemple issu de nos sources ne mentionne un parcours inverse : quelles que soient les peines appliquées, le parcours judiciaire n’implique jamais un retour en arrière.
49À l’Époque moderne, ce parcours évolue peu : les sentences prononcées par la sénéchaussée de Périgueux, qui traite désormais la majorité des affaires criminelles, évoquent également une translation vers l’extérieur. Les lieux de jugement et de détention restent les mêmes ; mais l’exécution a maintenant lieu à l’intérieur de la ville43, sur une potence dressée pour l’occasion sur la place publique de la Clautre. Une courte exposition est ensuite prévue à la potence même, entre quatre heures et vingt-quatre heures, puis le corps est transféré aux fourches patibulaires pour l’exposition prolongée. On connaît d’autres lieux plus rarement utilisés dans la ville pour les exécutions (place du Coderc) et pour les expositions de morceaux de corps (porte de Taillefer).
50Les lieux utilisés par la justice moderne ont donc peu évolué depuis le Moyen Âge. En réalité, les changements opérés entre les deux époques se tiennent surtout dans les procédures. La proportion des exécutions menées à l’intérieur de la ville par exemple, a augmenté indéniablement, investissant de manière plus affirmée les espaces publics urbains ; les supports de la pendaison semblent aussi s’être cristallisés sous la forme de la potence. Mais le parcours du condamné implique toujours un cheminement depuis l’intérieur de la ville vers l’extérieur.
Réflexions conclusives : les fourches patibulaires, une topographie de l’exclusion ?
51Si l’historiographie a souvent laissé une place au fameux parcours d’infamie, les lieux du parcours et leur implantation à l’échelle de la ville ou de la juridiction n’ont que rarement été abordés en tant que tels44. Pourtant, une analyse de ces lieux met en lumière une certaine spatialisation de la justice, qui semble répondre à un schéma que l’on retrouve ailleurs en France et en Europe. A. Reynolds a mené pour l’Angleterre médiévale une étude sur les paysages du pouvoir séculier, impliquant les structures et infrastructures de la justice et analysant leur relation à la lumière de leur implantation sur le territoire45. Il détermine alors une sorte de modélisation de l’activité judiciaire à l’échelle d’une circonscription territoriale, dont les caractéristiques sont à la fois l’investissement de l’espace public par les infrastructures et les structures judiciaires, ainsi que la volonté de reléguer le trouble au dehors de celui-ci.
52Les exemples des juridictions consulaires et royales de Périgueux ont mis en lumière cette tendance générale, valable pour un espace urbain médiéval et moderne. Un examen rapide à l’échelle du département a d’ailleurs permis de valider ce modèle46.
53Il existe cependant quelques cas particuliers qui mentionnent des lieux de justice dédiés à l’exécution ou à l’exposition qui se tiennent hors du cadre urbain47. Ces espaces nuancent l’existence d’un modèle systématique de répartition des lieux de justice. Nul doute en effet que la justice pouvait se rendre dans des lieux et sur des supports multiples selon les circonstances : il est fait mention dans les textes de poteaux où on exécute, de potences où on expose, de gibets où l’on pend et de fourches laissées vides. Les cas de pendaisons à des arbres prouvent même que l’instrument patibulaire n’était pas indispensable48.
54En punissant le crime partout, même en dehors des limites de la ville, les juridictions urbaines diffusent le message d’une justice qui n’a pas forcément besoin de lieux spécifiquement dédiés à son exercice ; plus encore que les infrastructures, ce sont les rituels judiciaires qui marquent l’espace du sceau symbolique de la justice49. Malgré tout, ces derniers exportent encore une fois le trouble au dehors de la ville.
55Il existe donc indubitablement une tendance générale que l’on a exprimée à la fois au travers du parcours judiciaire et par la topographie spécifique des fourches patibulaires. À cet égard, l’apport de l’archéologie est indéniable : les exemples de sites d’exécution connus par ailleurs en Europe ont permis de mettre en évidence une certaine symbolique des marges. Le gibet, toujours situé hors du centre urbain et/ou communautaire, parfois proche d’espaces dédiés à des activités infamantes (comme la découpe d’animaux par exemple50) exprime à tous égards une relégation du crime et du criminel. Espaces de la mort pénale et de l’exposition qui prolonge indéfiniment l’outrage fait au supplicié, les fourches peuvent également être la dernière demeure du corps51. Dès lors, les fourches ne sont plus seulement le reflet allégorique d’une justice qui exporte le trouble aux marges de l’espace urbain. À l’image de la mort pénale et sociale du condamné, elles marquent aussi son exclusion physique et spirituelle, entretenant ainsi une sorte de mémoire négative à but didactique autour du criminel et du lieu patibulaire.
56À l’échelle d’un territoire ou d’une juridiction, l’implantation des fourches patibulaires est donc sans aucun doute stratégique. Les structures sont le reflet de la haute justice en tous points. Marqueurs matériels, elles communiquent au besoin l’identité de leur détenteur et l’emprise de sa juridiction. Dans leurs fonctions primitives, elles utilisent aussi la symbolique spatiale. Supports d’une exécution qui marque la fin d’un parcours infamant, punitif et excluant définitivement le criminel de la communauté urbaine et chrétienne, leur topographie spécifique leur confère une dimension symbolique qui n’est plus à démontrer.
Bibliographie
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Notes de bas de page
1 L’Université de Bordeaux Montaigne tout particulièrement a accueilli de nombreuses manifestations autour de la mort pénale et de la pendaison ces trois dernières années, notamment le premier colloque international entièrement dédié aux fourches patibulaires : “Les fourches patibulaires du Moyen Âge à l’Époque moderne. Approche interdisciplinaire”, colloque dirigé par M. Charageat et M. Vivas, tenu à la MSHA les 23 et 24 janvier 2014, et publié en ligne sur le site criminocorpus.fr.
D’autres manifestations ont également réservé une large place aux gibets. Entre autres : “Pendre, suspendre et dépendre”, journée d’études organisée par M. Vivas et M. Charageat, tenue à la MSHA le 15 février 2016 ; “Corps en Peine. Manipulations, usages et traitements des corps dans la pratique pénale depuis le Moyen Âge”, colloque international organisé par M. Charageat, B. Ribémont, M. Soula et M. Vivas, tenu à la MSHA de Bordeaux, du 7 au 9 décembre 2016.
2 Pour un rappel sur l’historiographie des sites d’exécution, voir Vivas 2012 ; Charageat & Vivas, dir. 2015.
3 Vivas 2012 ; id. 2015 ; Bubenicek 2015 ; Challet 2015 ; Mauclair 2015 ; Régina 2015.
4 Voyer 2015 ; Prétou 2015.
5 Voir les contributions respectives de M. Vivas, C. Clairici et M. Faure, et de P. Blanchard, M. Gaultier et F. Mauclair dans le présent opus.
6 Bubenicek 2015 ; Sabaté 2015.
7 Vivas 2014 ; id. 2016 ; Mašková & Wojtucki 2016.
8 L’aspect technique et fonctionnel des fourches patibulaires n’a été abordé que récemment dans l’historiographie : Demaret 2012 ; Salvi 2012 ; Rousseaux 2012 ; Vivas 2015. Sur la dimension symbolique des fourches, on peut se référer entre autres à Régina 2015 pour l’Époque moderne.
9 Il est communément admis que les fourches patibulaires sont situées en marge du centre urbain, à proximité des voies de communication et de préférence en hauteur. Sur la topographie des fourches patibulaires, voir Mauclair 2014 ; Voyer 2015 ; Prétou 2015.
10 Au xixe s., plusieurs travaux sont consacrés au gibet royal de Montfaucon : de La Villegile 1836 ; Viollet-le-Duc 1861 ; Firmin Maillard 1863 ; quelques historiens et érudits locaux s’intéressent par ailleurs aux fourches patibulaires de leur région : Prioux 1861 sur le gibet de la butte des croix dans l’Aisne ; Molinier 1868 sur les fourches patibulaires de Toulouse.
11 Marmier 1881 pour le Sarladais.
12 Bépoix 2010 ; Vivas 2012 ; id. 2015 ; id. 2016.
13 Mauclair 2014 ; id. 2015 ; Challet 2015 ; Bubenicek 2015.
14 La première mention de fourches périgourdines provient des registres du Parlement de Paris et date de 1301 : Archives Nationales (AN) X1A4, OLIM IV, f°43 r°. Ces registres ont fourni par ailleurs trois autres mentions du début du siècle.
15 Sur le territoire des comtes de Périgord, on peut se référer aujourd’hui encore aux travaux de R. Avezou (Avezou 1925 ; id. 1926) ; également Laharie 1975 ; id. 1978. Plus récemment, et pour des considérations générales sur l’histoire du Périgord, voir Higounet-Nadal 1983 ; Lachaise, dir. 2000.
16 L’acte de pariage de 1240 entre la Cité et le Puy-Saint-Front suggère que la haute justice est déjà acensée à cette date contre vingt livres annuelles (Archives Départementales de la Dordogne (AD 24), AA 32-1 ; pour la transcription de l’acte, voir Villepelet 1908, pièce justificative II, 199-200.
17 Ces domaines ont été définis et réaffirmés par plusieurs actes. En 1287, un accord entre le comte et les maires et consuls de Périgueux fixe les limites de la juridiction consulaire. En 1317, le pariage entre le comte de Périgord et le chapitre Saint-Front règle le fonctionnement de la nouvelle juridiction ainsi créée. En 1322 enfin, lors du procès qui oppose le comte Archambaud IV à l’abbé de Chancelade, les limites de la juridiction comtale sont redéfinies (pour une transcription des actes évoqués, voir Villepelet 1908, pièces justificatives).
18 Villepelet 1908, 70.
19 Sur les donations de terres faites sous le règne de Jean le Bon au comte de Périgord, voir Avezou 1925.
20 Acte de prise de possession du 26 juillet 1400 (AN, KK 1223, f°1 à 19, publié dans Dessalles 1885, 97-137). Cette confiscation fait suite aux nombreux excès commis par les deux derniers comtes du Périgord Archambaud V et Archambaud VI.
21 Les données chiffrées présentées dans le cadre de cet article sont le résultat d’une investigation par sondage dans les archives départementales (dont certaines sont publiées en ligne). Par ailleurs, un dépouillement a été réalisé sur les registres suivants : registres de la sénéchaussée et du présidial de Périgueux (1529-1790), registres de la sénéchaussée et du présidial de Sarlat (1524-1790), registres de la sénéchaussée de Bergerac (1700-1790), registres de comptes de la ville de Périgueux (registres transcrits uniquement, de 1314 à 1489).
22 Les enquêtes sur les droits de justice privilégient en effet le recours au témoignage lorsque la partie saisie n’est pas en mesure de produire une preuve écrite. Ces témoignages doivent, pour être valables, faire état d’une possession immémoriale de ce droit. Mais celle-ci ne peut être prouvée elle-même que par les souvenirs d’exécutions qui ont eu lieu aux fourches. Autrement dit, c’est l’usage fonctionnel des fourches qui prouve que la justice a été appliquée, leur simple existence ne suffisant pas à prouver le droit de punir du détenteur. Une fois leur usage confirmé, les fourches sont bien, dans quelques cas, les garantes du droit de haute justice.
23 Sur les fourches comme espaces d’inhumation voir : Vivas 2014 ; id. 2015 ; id. 2016.
24 Bien que l’existence d’un sénéchal en Périgord soit attestée dès le xiiie s., les archives de cette juridiction ne remontent pas au-delà du xvie s. Les registres compilent des documents datant de 1529 à 1790.
25 Une sénéchaussée est attestée à Sarlat au début du xvie s. En 1552, lors de la création des présidiaux par Henri II, une de ces juridictions fut créée à Sarlat. Supprimé en 1560, le présidial fut rétabli en 1641. Les registres de la sénéchaussée et du présidial compilent des documents datant de 1524 à 1790.
26 Une sénéchaussée est attestée à Bergerac depuis le début du xvie s. Le présidial, créé en 1552, supprimé en 1560, fut rétabli en 1592 mais ne fonctionna pas. En raison de nombreuses pertes dues aux guerres de religion, au soulèvement des Croquants (1637) puis à la révolte du papier timbré (1675), l’ensemble du fonds ne débute qu’au début du xviiie s. Les registres de la sénéchaussée compilent des documents datés de 1700 à 1790.
27 Sur les 11 mentions de fourches patibulaires dans les actes judiciaires, neuf concernent une exécution par pendaison, une par décapitation, et une par le supplice de la roue.
28 Les textes font état d’une exposition qui dure soit 4 heures soit 24 heures.
29 Sur les fourches patibulaires de la juridiction consulaire de Périgueux situées à Écornebœuf, voir Vivas 2012.
30 Cette carte de répartition restitue les lieux affiliés aux fourches ainsi que leur détenteur à la date de leur première mention dans les sources écrites. Il faut bien sûr tenir compte de la période chronologique considérée : du xive au xviiie s., plusieurs événements modifient cette configuration. Cela peut être l’issue d’un conflit de juridiction, ou l’attribution ou la cession de droits de justice, qui impliquent un changement de détenteur ou de la structure elle-même. Par ailleurs, bien qu’on puisse affirmer que certaines fourches aient coexisté, rien ne dit que toutes aient traversé les siècles jusqu’à l’Époque moderne.
31 Il est fait référence lors d’un épisode de violence à de nombreux excès. Arrêt condamnant Geoffroy de Pons, 1309, AN X1A4 (OLIM IV), f°127 : […] multos alios excessus graviter commitendo.
32 Arrêt condamnant Geoffroy de Pons, 1309, AN X1A4 (OLIM IV), f° 127 : Cum denunciatum fuisset curie senescali Petragoricensis contra Gaufridum de Ponte, quod ipse, seu gentes sue, cum multitudine, tam equitum quam peditum, centum et plurium numero armatorum, more hostili, et contra pacis statuta, venerat in parrochia d’Ayvigas, et quemdam hominem, suspensum in furcis justiciariis dicte parrochie per gentes vicecomitis Turenne, dispendi fecit, et resuspendi in furcis patibularibus in honore castri de Caslucio dicti Gaufridi.
33 Arrêt condamnant le Vicomte de Turenne, 1309, AN X1A4 (OLIM IV), f°127 : […] quod vececomitis Turenne, seu gentes sue, cum multitudine armatorum cum armis prohibitis incedentes per terram nostram, et euntes ad furcas castri de Caslucio Gaufridi de Ponte, quemdam hominem suspensum in dictis furcis dispenderunt et secum asportaverunt.
34 Cas des fourches de Mensignac, 1351 (AN JJ82, f°47) et de Saint-Amand de Coly, 1358, (Bibliothèque Nationale de France (BnF), Coll. Périgord, t.78, f°153 r°).
35 Procès-verbal, 1332, éd. Moreau de Vormes 1775, pièce justificative XLII. Un autre document rapporte le prêt des infrastructures de la ville : les registres de comptes du consulat, aux années 1330-1331, mentionnent deux lettres faisant étant d’un prêt de la prison et des fourches, sans qu’on sache s’il s’agit de la même affaire (AD24, CC 50 E DEP 5020, f°6v°). Sur cette affaire et sur les fourches consulaires de Périgueux, voir Vivas 2012, 478-489.
36 Cette définition se réfère aux travaux de M. Bloch (Bloch 1939). Cette autorité peut être banale, fiscale ou judiciaire. En réalité, la notion même de territoire est soumise à de nombreuses discussions. À ce sujet, on peut se référer pour le Moyen Âge à Cursente & Mousnier 2005. Les conclusions de M. Mousnier, pages 95-103, font référence aux notions de limites, frontières, confins et territoires dans l’historiographie. Sur ce même sujet, la bibliographie est abondante : on peut consulter entre autres Guerreau 1996 ; Devroey & Lauwers 2007 ; Lauwers & Ripart 2007. Sur le décalage entre espace juridique et espace vécu, voir également Hautefeuille 2004.
37 Le risque de surinterprétation des données issues d’une science à laquelle on a demandé beaucoup, en l’absence de sources archéologiques, a été mis en évidence dans des études qui font référence en la matière (Higounet 1975 ; Zadora-Rio 2001). Dans notre cas, la microtoponymie, elle, paraît éviter les écueils de la surinterprétation, dans la mesure où elle indique à l’échelle d’un site les caractéristiques topographiques ou matérielles d’un espace vécu à un moment donné. Son utilisation, à titre d’indice topographique, conserve donc une certaine validité, en archéologie notamment (Zadora-Rio 2001, 5-6). Sur les apports de la microtoponymie en matière de lieux d’exécution, voir notamment les travaux de F. Mauclair 2014 ; id. 2015.
38 La carte moderne dite de Cassini indique la localisation des fourches patibulaires et des gibets. La commune de Lalinde est représentée sur la carte C71.
39 Ces trois caractéristiques reviennent régulièrement dans les publications : “Un lieu élevé et proche d’un chemin” pour F. Sabaté 2015, 5-6 ; “Hors des murs de la ville” et “fichés sur une colline” pour C. Voyer 2015, 41-42.
40 Sur les caractéristiques topographiques des fourches patibulaires, voir Sabaté 2015, Voyer 2015, Bubenicek 2015, Vivas 2014 ; id. 2015.
41 Nous n’avons en effet traité que des toponymes qui correspondaient à une mention de fourches patibulaires dans les sources écrites. Cependant, un recensement des toponymes en rapport avec la justice en Dordogne a donné 46 toponymes.
42 Une grande majorité des mentions médiévales ne précise pas en effet le lieu de l’exécution, si bien qu’on ne sait si les corps suspendus aux fourches ont également été exécutés sur les lieux ou ailleurs.
43 Pour l’Époque moderne, plus de 80 % des cas de notre corpus faisant état d’une sentence capitale situent l’exécution dans le centre urbain. Les autres ne mentionnent pas le lieu d’exécution.
44 E. Lecuppre-Desjardin faisait déjà ce constat en 2013, dans ses travaux sur la spatialité de la justice à la fin du Moyen Âge. Voir Lecuppre-Desjardin 2013.
45 Reynolds 2009 ; id. 2013.
46 Les registres des Sénéchaussées de Sarlat et de Bergerac, qui ont produit un grand nombre d’actes, permettent en effet d’établir un modèle semblable, entre infrastructures situées dans la ville (lieux de jugement, détention et d’exécution) et fourches patibulaires situées à ses marges.
47 Sur l’ensemble des registres de la sénéchaussée de Périgueux, seules trois sentences font état d’une peine qui est exécutée à l’extérieur de la ville.
48 Les pendaisons à des arbres sont surtout connues dans les sources iconographiques ou narratives. Cependant, nous avons relevé dans le cadre de notre travail deux mentions de cette pratique. Un acte du Parlement de Paris datant de 1269 indique que les habitants de Périgueux sont exonérés d’amende pour avoir acheté aux soldats du comte de Poitiers un malfaiteur qu’ils ont ensuite pendu à un arbre (AN X1A1 OLIM 1, f°170 v°). Le Petit Livre noir, registre consulaire de la ville de Périgueux, mentionne une pendaison à l’orme des vieilles au folio 46 : Aquest jorn fo exequtatz e pendutz Jauffres Lo Bretó, qui demorava [a] Albaròcha, per las gens del Rey ; e fo pendutz en l’olme de Las Vielhas. Par ailleurs, à Périgueux, l’utilisation de cet arbre en tant que support de la pendaison est attestée par un acte de 1383 : l’autorisation est donnée aux maires et aux consuls de recourir à l’Orme des Vieilles pour la pendaison de trois malfaiteurs (AD24, FF89, E DEP 5053).
49 Au sujet de la spatialisation de la justice au travers de rituels codifiés, voir Lecuppre-Desjardin 2013. Pour l’auteure, les manifestations de justice hors du cadre urbain, loin de refléter une justice anarchique, servent à “sanctifier” l’espace urbain, et même à définir son identité.
50 Maškovà 2015, 207-209.
51 Vivas 2014 ; id. 2016.
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